VERA : Veinte años (1935)

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Maria-Teresa VERA (1895-1967)

Veinte años est une habanera composée en 1935 par la célèbre chanteuse Maria-Teresa VERA sur des paroles de Guillermina ARAMBURU. Interprétée depuis par de très nombreux chanteurs (en général sur un rythme de boléro),  elle a accédé au statut de tube planétaire grâce à l’interprétation de Omara Portuondo dans le film Buena Vista Social Club…” [source : Fabrice Hatem]

Qué te importe que te amé [Que t’importe que je t’aime]
Si tù no me quieres ya, [Si tu ne m’aimes plus]
El amor que ya ha pasado [L’amour qui s’en est allé]
No se debe recordar. [Ne doit pas revenir]

Fui la ilusion de tu vida [Je fus l’illusion de ta vie]
Un dia lejano ya [Un jour déjà lointain]
Hoy represento al pasado [Je ne suis plus que le passé]
No me puedo recordar [Je ne peux pas m’y faire]
Hoy represento al pasado [Je ne suis plus que le passé]
No me puedo recordar. [Je ne peux pas m’y faire]

Si las cosas que uno quiere [Si les choses que l’on désire]
Se pudieran alcanzar [Pouvaient être atteintes]
Tu me quisieras lo mismo [Tu m’aimerais comme avant]
Que veinte años atras. [Comme il y a vingt ans]

Con que tristeza miramos [Avec quelle tristesse nous voyons]
Un amor que se nos va [Un amour qui s’éloigne]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]

Si las cosas que uno quiere [Si les choses que l’on désire]
Se pudieran alcanzar [Pouvaient être atteintes]
Tu me quisieras lo mismo [Tu m’aimerais comme avant]
Que veinte años atras. [Comme il y a vingt ans]

Con que tristeza miramos [Avec quelle tristesse nous voyons]
Un amor que se nos va [Un amour qui s’éloigne]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]

Et un joli hommage plus récent, “Isaac et Nora chantent Veinte años” (2019) :


Plus de musique…

GAG : Chuck Norris

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Un jour, Chuck Norris a eu 0/20 en latin ; depuis, c’est une langue morte.

Chuck Norris n’a pas de père. On ne nique pas la mère de Chuck Norris.

Une fois, Chuck Norris et Superman ont fait un bras de fer : le perdant devait mettre son slip par dessus son pantalon…

Chuck Norris a déjà compté jusqu’à l’infini… deux fois.

Chuck Norris n’utilise pas L’Oréal parce qu’il le vaut plus.

Chuck Norris peut dire Schwarzkopf en verlan.

Chuck Norris connaît la dernière décimale de Pi.

Chuck Norris a tué son ombre. On ne suit pas Chuck Norris.

Chuck Norris est capable de laisser un message avant le bip sonore.

La force de gravité, c’est ce qui fait que la terre tient sous Chuck Norris.

Quand Chuck Norris pisse face au vent, le vent préfère changer de direction.

Chuck Norris peut faire des tacles au babyfoot.

Quand Chuck Norris fait l’amour à sa femme, la voisine a aussi un orgasme.

Quand Chuck Norris dit : “Va voir là-bas si j’y suis !”, c’est qu’il y est.

Une fois, Chuck Norris a joué à “Je te tiens, tu me tiens par la barbichette” avec les frères Bogdanoff.

Un jour, Chuck Norris a perdu son alliance. Depuis, c’est le bordel dans la Terre du Milieu.

La barre de recherche de Google : c’est le seul endroit où tu peux taper Chuck Norris.

Chuck Norris ne porte pas de montre. Il décide de l’heure qu’il est.

Dieu a dit: “Que la lumière soit !” et Chuck Norris a répondu : “On dit s’il vous plait !”

On dit que les larmes de Chuck Norris peuvent guérir le #Coronavirus. Mais Chuck Norris ne pleure jamais.

Quand la tartine de Chuck Norris tombe, la confiture change de côté.

Le chat donne sa langue à Chuck Norris.

Chuck Norris fait pleurer les oignons.

Quand Chuck Norris s’est mis au judo, David Douillet s’est mis aux pièces jaunes.

Chuck Norris comprend Jean-Claude van Damme.

Chuck Norris a un jour avalé un paquet entier de somnifères. Il a cligné des yeux.

Il n’y a pas de théorie de l’évolution ; il y a juste une liste d’espèces que Chuck Norris autorise à survivre.

Des centaines de personnes portent un pyjama Superman. Superman porte un pyjama Chuck Norris.

Chuck Norris donne fréquemment du sang à la Croix-Rouge… mais jamais le sien.

Jésus Christ est né en 1940 avant Chuck Norris.

Chuck Norris ne se mouille pas : c’est l’eau qui se Chuck Norris.

Depuis le 11 septembre 2001, Chuck Norris ne lance plus d’avions en papier.

Avant, Monsieur Propre était videur et il n’a pas voulu laisser Chuck Norris entrer en boîte. Maintenant, il est femme de ménage.

Chuck Norris sait parler le Braille.

Chuck Norris a avoué qu’il ne faisait pas toutes les cascades dans ses films, mais qu’il faisait souvent appel à des cascadeurs pour les scènes où son personnage doit pleurer.

Quand Google ne trouve pas quelque chose, il demande à Chuck Norris.

Chuck Norris peut gagner une partie de Puissance 4, en trois coups.

Chuck Norris a déjà tabassé l’Homme invisible parce qu’il lui gâchait la vue.

Un jour, Chuck Norris a plongé dans la Mer Rouge. Moïse en a profité pour passer.

Chuck Norris ne ment jamais, c’est la vérité qui se trompe.

Chuck Norris ne s’est jamais rendu à l’école. Chuck Norris ne se rend jamais.

Chuck Norris a joué au roi du silence avec un muet… et il a gagné.

Chuck Norris peut cultiver un champ magnétique.

Chuck Norris a réussi à trouver la page 404.

Chuck Norris peut faire du feu en frottant deux glaçons.

Tous les soirs, les cauchemars font le même Chuck Norris.

Les Suisses ne sont pas neutres, ils attendent de savoir de quel côté Chuck Norris se situe.

Chuck Norris est la raison pour laquelle Charlie se cache.

Chuck Norris joue à la roulette russe avec un chargeur plein.

Chuck Norris peut faire travailler un fonctionnaire.

Parmi les accessoires du couteau suisse de Chuck Norris, il y a Mac Gyver.

Chuck Norris enfant n’envoyait pas de lettres au Père Noël. Il envoyait des ultimatums.

Un aigle peut lire un journal à 1400 mètres de distance. Chuck Norris peut tourner la page.

Un jour, Chuck Norris a fait la blague “j’ai volé ton nez” à Mickael Jackson.

Chuck Norris sera déclaré recordman du lancer de poids le jour où le poids retombera.

Chuck Norris peut taguer le mur du son.

Chuck Norris est mort depuis 10 ans, mais la Mort n’a pas encore trouvé le courage d’aller lui dire.

Chuck Norris n’a pas reçu son diplôme du bac. Les correcteurs comptent encore les points.

Chuck Norris a gagné un tournoi de poker avec des cartes Pokémon.

Chuck Norris a piraté le Pentagone. Avec un grille-pain.

Chuck Norris peut se souvenir du futur.

Si Chuck Norris avait été dans “Lost”, il aurait ramené l’île à la rame, jusqu’au Texas.

Selon certaines sources, il y aurait un spermatozoïde de Chuck Norris dans un lac écossais.

À son mariage, Chuck Norris avait Oncle Ben’s en personne pour lui jeter du riz.

Un jour, Chuck Norris a couru si vite qu’il a failli se rentrer dedans.

Les ennemis de Chuck Norris lui disent souvent d’aller au diable. Le Diable aimerait bien qu’ils arrêtent.

Chuck Norris peut claquer des doigts de pied.

Chuck Norris a retrouvé Ornicar.

Chuck Norris n’est pas égal à lui-même, il est meilleur.

Et l’illustration en tête d’article montre Chuck Norris photographié par Michel-Ange…


Rire encore…

BREL : Les Flamingants (1977)

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Jacques Brel en concert à l’Olympia (Paris, FR)

Les Flamingants, ou Les F… est une chanson de Jacques Brel de 1977, parue sur l’album Les Marquises (label : Barclay; la chanson est d’abord sortie en 45 tours (la face B proposait le titre Les Marquises). La musique est, au départ, une composition du pianiste brésilien João Donato et, quand Brel s’en empare pour écrire Les F…, elle a déjà été reprise par plusieurs musiciens, dont  Sergio Mendes (pour qui elle avait été composée) et Caetano Veloso.

Les Flamingants, chanson comique !

Messieurs les Flamingants
J’ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps
Que vous me faites frire
À vous souffler dans le cul
Pour devenir autobus
Vous voilà acrobates
Mais vraiment rien de plus

Nazis durant les guerres
Et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse
Du fusil au missel
Vos regards sont lointains
Votre humour est exsangue
Bien qu’il y ait des rues à Gand
Qui pissent dans les deux langues
Tu vois quand j’pense à vous
J’aime que rien ne se perde
Messieurs les Flamingants
Je vous emmerde

Vous salissez la Flandre
Mais la Flandre vous juge
Voyez la mer du nord
Elle s’est enfuie de Bruges
Cessez de me gonfler
Mes vieilles roubignoles
Avec votre art flamand italo-espagnol.
Vous êtes tellement tellement
Beaucoup trop lourds
Que quand les soirs d’orage
Des chinois cultivés
Me demandent d’où je suis,
Je réponds fatigué
Et les larmes aux dents :
“Ik ben van Luxembourg”
Et si aux jeunes femmes,
On ose un chant flamand,
Elle s’envolent en rêvant
Aux oiseaux roses et blancs

Et je vous interdis
D’espérer que jamais à Londres
Sous la pluie, on puisse
Vous croire anglais
Et je vous interdis
À New-York ou Milan
D’éructer, Messeigneurs,
Autrement qu’en flamand
Vous n’aurez pas l’air cons
Vraiment pas cons du tout
Et moi je m’interdis
De dire que je m’en fous
Et je vous interdis
D’obliger nos enfants
Qui ne vous ont rien fait
À aboyer flamand
Et si mes frères se taisent
Et bien tant pis pour elles
Je chante, persiste et signe :
Je m’appelle Jacques Brel


En écouter d’autres…

BALDWIN : textes

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James Baldwin (1924-1987)

Je vais vous dire : quand j’ai quitté ce pays [NDLR : les USA] en  1948, je suis parti pour une seule raison, une seule – peu importait où j’allais. J’aurais pu aller à Hong Kong, j’aurais pu aller à Tombouctou. J’ai atterri à Paris, dans les rues de Paris, avec quarante dollars en poche et la théorie que rien de pire ne pouvait m’arriver là que ce qui m’était déjà arrivé ici.

Vous parlez de parvenir tout seul à être un auteur, mais alors il faudrait pouvoir couper toutes les antennes qui vous permettent de vivre, parce que dès que vous tournez le dos à cette société, vous risquez de mourir. Vous risquez de mourir. Et il est très difficile de s’asseoir devant une machine à écrire et de se concentrer sur ce travail si vous avez peur du monde qui vous entoure. Les années que j’ai passées à Paris m’ont apporté une chose : elle m’ont libéré de cette terreur sociale là qui n’était pas le fruit de mon imagination, une paranoïa, mais un danger social bien réel et visible sur le visage de tout flic, de tout patron, de tout le monde.

[…] Je ne sais pas ce qu’ils ont dans la tête la plupart des Blancs dans ce pays. Je peux seulement le déduire de l’état de leurs institutions. J’ignore si les chrétiens blancs haïssent les Noirs ou non, mais je sais que nous avons une Église chrétienne qui est blanche et une Église chrétienne qui est noire. Je sais, comme l’a dit un jour Malcolm X, que l’heure où la ségrégation est à son comble dans la vie américaine, c’est le dimanche à midi. Ça en dit long sur une nation chrétienne. Ça veut dire que je ne peux pas faire confiance à la plupart des chrétiens blancs, et, à coup sûr, que je ne peux pas faire confiance à l’Église chrétienne. Je ne sais pas si les syndicats ouvriers et leurs dirigeants me détestent vraiment – ça n’a aucune importance-, mais je sais que je ne suis pas dans leur syndicat. Je ne sais pas si le lobby de l’immobilier a quelque chose contre les Noirs, mais je sais que le lobby de l’immobilier me maintient dans un ghetto. Je ne sais pas si l’Éducation nationale déteste les Noirs, mais je vois les manuels scolaires qu’elle donne à lire à mes enfants et les écoles où nous devons aller. Ça, ce sont les faits.

Et vous attendez de moi un acte de foi, que je risque ma personne, ma femme, ma sœur, mes enfants au nom d’un idéalisme dont vous me certifiez qu’il existe en Amérique et que je n’ai jamais vu.

James Baldwin interviewé dans le Dick Cavett Show en 1968,
extrait de BALDWIN J. & PECK R., I am not your negro
(Paris, Robert Laffont – Velvet Films, 2017)


James Baldwin naît en 1924. Écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de théâtre et d’essais, il habite successivement à Paris, Londres, et Istanbul, avant de revenir aux États-Unis. Il y enseigne la littérature. Son œuvre la plus connue est son premier roman semi-autobiographique intitulé La Conversion (Go Tell It on the Mountain), paru en 1953. Il passe la fin de sa vie en France, où il meurt en 1983.

I am not your negro est un film de Raoul PECK sorti en 2018.

Ce que les Blancs doivent faire, c’est essayer de trouver au fond d’eux-mêmes pourquoi, tout d’abord, il leur a été nécessaire d’avoir un “nègre”, parce que je ne suis pas un “nègre”. Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu’il vous en faut un…


En citer d’autres…

CRUSADERS : Street Life (feat. Randy Crawford)

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Crusaders feat. Randy Crawford, Street Life (MCA, 1979)

On est en 1979. Les Crusaders ne savent pas encore qu’ils viennent de créer l’album de leur carrière qui se vendra le plus. Ce succès est dû entre autre à une rencontre : celle de Joe Sample, pianiste et claviériste du groupe avec une certaine Randy Crawford, une chanteuse soul de l’Etat de Géorgie aux USA. En 1976 alors que cette dernière signe un contrat chez Warner pour son premier album Everything Change, elle demande à Joe de jouer les parties de piano sur son disque, dont elle aime le côté subtil à la fois jazz mais également ancré dans la musique populaire afro-américaine. De là naît une amitié autant personnelle qu’artistique !

Dans les prémices de l’écriture de l’opus Street Life, Joe Sample pense immédiatement à Randy pour interpréter vocalement le titre éponyme. De ses propres aveux même, il dit qu’il a composé la chanson pour elle. Après eu avoir l’accord des autres membres du groupe, la chanson apparaît sur leur LP de l’époque en lui donnant son nom ! Et quelle chanson ! Son introduction d’une minute et trente secondes laisse la part belle au saxophone de Wilton Felder dans un registre smooth jazz, avant que la voix de Randy Crawford presque a capella ne transporte l’auditeur dans un univers à vous donner des frissons (cette introduction vocale sera d’ailleurs maintes fois échantillonnée dans la house !). S’en suit alors un mid-tempo enivrant où alternent avec bonheur les parties chantées, les solos de saxophone de Wilton ou de claviers de Joe le tout ryhtmé par la batterie de Stix Hooper. Enfin Roland Bautista, guitariste d’Earth Wind & Fire, a participé également à l’enregistrement. Plus de onze minutes de pur bonheur ! Ce titre à l’époque était tellement fédérateur que l’on pouvait l’entendre aussi bien, dans un club glauque d’un quartier mal famé que dans une garden party de la haute société. Il attirera également l’oreille des réalisateurs puisqu’on le retrouve en 1981 sur la B.O du film Sharky’s Machine avec Burt Reynolds puis en 1997 sur Jackie Brown de Quentin Tarantino dans des versions alternatives.

Mais même si Street Life balaie tout sur son passage l’intérêt de ce disque ne dépend pas que de ce titre ! En effet le deuxième morceau My Lady a été samplé par NTM sur leur plus gros tube La Fièvre avec comme d’habitude la présence  du saxophone de Wilton Felder qui propose le thème instrumental principal de cette composition. Une vraie réussite également ! La troisième pépite de l’opus est surement à chercher du côté de Carnival Of The Night, un jazz-funk  qui met en avant le duel basse / saxophone avec un talent certain ! Les percussions de Paulinho Da Costa sont aussi particulièrement présentes sur ce titre avec un petit côté brésilien discret mais évident. Si certains titres comme Rodéo Drive ou Night Faces plus tranquilles laissent entrevoir l’esprit smooth jazz que le groupe continuera d’entretenir partiellement dans les 80’s, ils ont le mérite de laisser une place au talent de chaque musicien de cette entité !

Cet album permettra en tous cas au groupe de connaitre un succès international, en se classant dans les charts du monde entier (classé en 18ème position dans les charts pop américains) et de faire une tournée américaine et japonaise triomphale, où Randy Crawford d’ailleurs accompagnait le combo sur toutes les dates. Depuis cette époque Joe et Randy ont eu régulièrement l’occasion de collaborer sur scène dans les festivals du monde entier ou même sur disque où le talent du pianiste et de la vocaliste font toujours des merveilles ! C’est aussi ça la magie de Street Life !”

Lire l’article original sur le webzine FONKADELICA.COM (16.07.2012)…




D’autres incontournables du savoir-écouter :

BERNSTEIN : Tomi Ungerer. L’esprit frappeur (2012)

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© Corner of the Cave Media

Une adaptation et un documentaire autour du grand dessinateur alsacien, auteur d’œuvres pour enfants, et d’autres pour adultes.

Jean de la Lune est un dessin animé adapté d’un conte d’Ungerer. S’ennuyant sur la Lune, un enfant décide de venir visiter la Terre pour s’y faire des copains. En guise de bienvenue, il est pourchassé par les armées de l’autoproclamé président du monde. À la façon d’une fable voltairienne, la visite est prétexte à brosser un tableau critique de l’humanité, particulièrement du désir de puissance et de pouvoir, de la peur de l’étranger.  Si le trait du réalisateur Stephan Schesch est plus arrondi et enfantin que celui d’Ungerer, on retrouve dans ce film tout l’esprit de l’Alsacien : le regard adulte sur l’enfance, le mélange de tendresse et de causticité, la fibre subversive, l’aspiration humaniste.

L’esprit frappeur d’Ungerer, c’est justement le sujet du documentaire que lui consacre Brad Bernstein. Sous son regard attentif, Ungerer retrace son incroyable bio, depuis son enfance en Alsace occupée par les nazis jusqu’à son présent entre l’Irlande et Strasbourg, en passant par la longue période new-yorkaise au cœur des sixties et seventies de la contre-culture.

S’y déploient toutes les facettes ungeriennes : les livres pour enfants qui ne prennent pas les gosses pour des demeurés, les dessins politiques subversifs, la veine érotique… Une des originalités d’Ungerer, qui lui a valu ennuis et censure aux États-Unis, c’est précisément d’avoir fait des dessins enfantins ET des dessins érotiques. À ceux qui furent (ou sont) choqués de la coexistence de ces deux veines chez un même artiste, ce dernier répond avec humour et pertinence que sexe et enfance sont liés puisque c’est en faisant l’amour qu’on fait des enfants.

Brad Bernstein nous fait prendre conscience de l’ampleur d’une œuvre tout en nous présentant un homme désormais âgé mais toujours alerte, vif, aiguisé, éminemment sympathique, qui consacre ses dernières années à promouvoir l’identité alsacienne (qui n’est ni française ni allemande).

Bien que ses livres soient des best-sellers mondiaux, Tomi Ungerer ne semble pas si connu que ça en France. Ces deux films remettent la lumière sur un très grand monsieur…”

Lire l’article de Serge KAGANSKI sur LESINROCKS.COM (18.12.2012)…


© L’école des loisirs

“Jean-Thomas Ungerer, dit Tomi (1931-2019), naît à Strasbourg le 28 novembre dans une famille bourgeoise et protestante, de Théodore, ingénieur, fabricant d’horloges astronomiques, artiste et historien, et d’Alice, née Essler. La famille compte déjà deux filles, Édith (1922-1991) et Geneviève (née en 1923) et un fils, Bernard (né en 1924)…”

Lire la biographie de Tomi UNGERER sur MUSEES.STRASBOURG.EU…


TOMIUNGERER.COM est le site officiel de Tomi Ungerer. Il est richement illustré : dessins, collages, objets, affiches, etc. (mais en anglais)…


Savoir-regarder encore…

BRADBURY : Sauvage (2019)

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Il fut un temps où écrire “Femmes qui courent avec les loups” était une nécessité, car elles étaient nombreuses, celles qui avaient oublié leur héritage de sang et de puissance, leur connaissance intime de la rivière sous la rivière. Du coup, la psychanalyste et conteuse Clarissa Pincola Estés s’était fendue en 1996 d’un ouvrage fort utile, compilant 20 ans de recherche dans près de 500 pages, truffées de contes intrigants pour les femmes de l’époque, de légendes nées de la forêt ou du désert qu’elle connaît bien (elle est Mestiza Latina : métisse née d’un couple amérindien / hispano-mexicain), d’histoires collectées dans le monde entier et de rappels flamboyants à cette nature instinctive de la Femme que bien des couches de civilisation et d’oppression, voire… d’autocensure, ont hélas recouverte.

Il y a eu un avant, il y a eu un après

Après l’après (qui restait encore un temps où l’engagement pour la libération de la femme était d’actualité), il y a eu des jeunes auteures, fortes du combat de leurs mères (quelquefois accompagné par leurs pères, d’ailleurs), qui avaient intégré dans leur écriture cette puissance de la femme, où celle-ci n’était plus une question à débattre et illustrer mais, déjà, un ressort naturel de la narration. Sauvage (Paris, Gallmeister, 2019) est un de ces livres rafraîchissants, postérieurs (ou étrangers) à ces combats, un roman d’après-guerre… des sexes.

Rafraîchissant‘ est par contre le pire terme pour évoquer ce roman initiatique, irrésistible de suspense et de densité sombre : “À dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.” (source : Gallmeister)

Pour en savoir plus, lire tu dois…


© Brooke Taylor

Comme l’écrit son éditeur Gallmeister : “Jamey Bradbury est née en 1979 dans le Midwest et vit en Alaska depuis quinze ans. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.


En lire d’autres ?

PÄRT : Für Alina

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PÄRT, Arvo (né en 1935) Für Alina par Jeroen van VEEN
PÄRT Arvo, Für Alina par Jeroen van Veen © Brilliant

“Arvo Pärt naît le 11 septembre 1935 à Paide en Estonie, petite ville près de la capitale, Tallinn. En 1944, l’URSS occupe le pays. Elle y maintiendra son emprise plus d’un demi-siècle. Les compositeurs estoniens devront donc suivre les mêmes injonctions esthétiques autoritaires que les Russes.

Pärt entre au Conservatoire de Tallinn en 1954 où, à côté des cours de compositions de Heino Eller, on lui enseigne jusqu’aux sciences de l’athéisme. Il apprend seul la technique des douze sons, mal vue par le pouvoir soviétique (pour son formalisme bourgeois) dans un livre d’exercice d’Eimert et Krenek. Il travaille comme ingénieur du son à la radio, écrit ses premières musiques de film et ne cessera d’ailleurs jamais d’en composer (en témoignent des bandes originales récentes mais aussi des partitions préexistantes, ainsi Für Alina utilisé par Gus van Sant dans son Gerry en 2003 ou Fratres pour There will be blood en 2007). Ces musiques de film notamment, quand il quitte le Conservatoire en 1963, ont déjà fait de lui un compositeur professionnel depuis longtemps. Il était d’ailleurs salué, dès l’année précédente, aux côtés de seulement cinq autres compositeurs, lors du Festival moscovite de surveillance des œuvres créatives des jeunes compositeurs de l’Union pour sa cantate pour enfants Meie Aed (Notre jardin) et son oratorio Maailma samm, bien que son Nekrolog, par ailleurs, ait déplu par son emploi des douze sons (c’est la première œuvre sérielle estonienne). La mainmise esthétique du pouvoir n’est cependant plus si pesante depuis 1957 où le deuxième Congrès des compositeurs de l’Union, à Moscou, a vu le rejet du conformisme de la décennie précédente. Des programmes d’échange avec l’Ouest étaient alors imaginés et Schoenberg n’était plus absolument proscrit à partir de 1958 bien que l’année suivante, Chostakovitch mettait en garde les jeunes compositeurs polonais contre les “séductions du modernisme expérimental“. Durant les années soixante, Pärt peut ainsi tenter quelques nouvelles expériences sérielles (et être joué), dans ses deux premières symphonies notamment. Il se détourne bientôt lui-même du rigorisme des douze sons, et tente ensuite des collages. Si son Credo fera finalement scandale en 1968 ce sera moins pour son atonalisme partiel que pour sa profession de foi évidente.

Suit une sévère période de doute, aggravée de problèmes de santé : une crise existentielle et créative majeure. Le musicien s’impose lui-même des ascèses religieuses de silence contemplatif. Il se plonge dans l’étude des musiques françaises et franco-flamandes des XIVe, XVe et XVIe siècles. Il rejoint l’Église orthodoxe russe, prend Nora en seconde noce (1972). La santé s’améliore et l’année 1976 voit une renaissance nette : le nouveau style postmoderne, en rupture complète, est inventé (la même année que la création d’Einstein on the Beach de Glass et des premières œuvres postmodernes de Krzysztof Penderecki et Gorecki). Le musicien appelle ce style tintinnabuli (“petites cloches” en latin). Cette année et la suivante, singulièrement fécondes, engendrent les œuvres restées les plus célèbres : après le fondateur Für Alina viennent notamment les fameux Cantus in Memoriam Benjamin BrittenFratresSarah Was Ninety Years Old ou Tabula rasa.

Le nouveau style est d’abord autant rejeté par les avant-gardes de l’Ouest, pour sa tonalité naïve, que par le pouvoir soviétique, pour son mysticisme sous-jacent. En 1980, grâce à un programme d’ouverture qui délivre des visas aux juifs d’URSS (pour éventuellement rejoindre Israël), madame Pärt étant juive, le couple prend le train pour Vienne. Un représentant des éditions Universal les attend sur le quai (c’est une surprise). Le ménage devient autrichien et profitant d’une bourse d’échange allemande, s’installe définitivement à Berlin en 1981.

Les années suivantes jusqu’à nos jours verront le développement du nouveau style. Les années quatre-vingt, tout d’abord, privilégient les œuvres religieuses vocales. Pärt s’aventure hors du seul latin et met en musique des liturgies en allemand, anglais, russe. Sa célébrité s’assoie particulièrement dans le monde anglo-saxon (américain et anglais). À soixante-et-un ans, il est élu à l’American Academy of Arts and Letters. En mai 2003, il reçoit le Contemporary Music Award durant la cérémonie des Classical Brit Awards au Royal Albert Hall à Londres. Le 11 Septembre 2010, à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire, le Festival Arvo Pärt a lieu dans diverses villes estoniennes, renvoyant enfin la gloire planétaire à son pays d’origine…” [lire la suite sur BRAHMS.IRCAM.FR…]

Pour en savoir plus, visitez le site du Centre Arvo Pärt, ARVOPART.EE…


D’autres incontournables du savoir-écouter :

MOZART : Deh, vieni alla finestra (Don Giovanni, 1787)

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Ruggero Raimondi dans le Don Giovanni de Joseph Losey (1979)

MOZART Wolfgang Amadeus, Don Giovanni. Il dissoluto punito ossia il Don Giovanni (opéra en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte, créé le 29 octobre 1787, à Prague) – extrait de l’acte deux, scène un, Canzonetta (Don Giovanni) :

Deh, vieni alla finestra, o mio tesoro,
Deh, vieni a consolar il pianto mio.
Se neghi a me di dar qualche ristoro,
Davanti agli occhi tuoi morir vogl’io !

Tu ch’hai la bocca dolce più del miele,
Tu che il zucchero porti in mezzo al core!
Non esser, gioia mia, con me crudele!
Lasciati almen veder, mio bell’amore!



Vous cherchez…

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Un essai ?

En d’autres termes : “un ouvrage à travers lequel l’auteur expose ses idées, ses réflexions ainsi que ses opinions personnelles sur un ou plusieurs sujets donnés. Il n’a pas vocation à traiter du sujet dans sa totalité, comme c’est le cas dans le traité.” [DECITRE.FR] Dans ce cas, visitez notre Galerie des essais

une MONOGRAPHIE ?

C’est à dire une “Étude exhaustive portant sur un sujet précis et limité ou sur un personnage” [CNTRL.FR]. Peut-être trouverez-vous votre bonheur dans notre Galerie des monographies

Un recueil de nouvelles ?

Pour faire simple, un “ouvrage ou publication rassemblant des documents de même nature ou appartenant au même genre, écrits, reproduits ou imprimés” [CNTRL.FR], en l’espèce des poèmes. Jetez un coup d’œil sur notre Galerie des recueils de nouvelles

Un recueil de poésie ?

Donc, un “ouvrage ou publication rassemblant des documents de même nature ou appartenant au même genre, écrits, reproduits ou imprimés” [CNTRL.FR], en l’espèce des poèmes. Jetez un coup d’œil sur notre Galerie des recueils de poésie

NIHOUL : Caitlin (2019)

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ISBN 9791094689226

NIHOUL Arnaud, Caitlin (Bruxelles, Genèse, 2019)

Lecteur gourmand, Arnaud NIHOUL a renoué, la trentaine passée, avec le plaisir d’imaginer des histoires pour les faire partager, magie découverte dans son adolescence. Architecte de profession, il consacre son temps libre à l’écriture. Après quelque quinze nouvelles, dont plusieurs primées, et dix romans conservés dans ses tiroirs, il a enfin sauté le pas de la publication pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Avec Caitlin, ce passionné des mots nous donne à découvrir toute la palette de son talent. De la campagne namuroise, Arnaud Nihoul ne cesse de regarder vers les îles bretonnes et écossaises, où il se retire souvent pour imaginer ses prochains romans.

En 2017, Caitlin a reçu le Prix CléA qui couronne le meilleur manuscrit de l’année en Belgique et, en 2019, le prix Saga du meilleur premier roman belge.

Dans le petit port de l’île de Laggan à l’ouest de l’Écosse, débarque une jeune fille seule, la valise à la main. Trois adolescents, Ian, Morgan et Murray s’approchent pour l’aider, intrigués et fascinés à la fois. Caitlin est entrée dans leur vie. Vingt-trois ans plus tard, Ian revient sur l’île à la demande de Morgan pour enquêter sur la disparition de la jeune femme. Entre un château relevé de ses ruines et un phare isolé, Ian va arpenter l’île à la recherche de son amour de jeunesse et affronter la faille qui la coupe en deux, comme celle qui s’est creusée dans l’amitié entre les trois hommes. Il devra composer avec Mairead, l’énigmatique assistante de Morgan, et Iona, l’enfant solitaire et rebelle. Chacune détient une parcelle de vérité, mais quelle est-elle ?

Ce premier roman d’Arnaud Nihoul traduit son amour de l’Ecosse et de la nature sauvage mais aussi, assurément, de l’espèce humaine. Ses personnages sont crédibles et attachants parce que brossés avec tendresse, humains dans leurs faiblesses. Cette empathie accroît l’intérêt du lecteur pour le déroulement de l’intrigue. A cela s’ajoute une écriture fluide, belle sans affectation, faisant de ce roman un véritable page turner pouvant séduire un large public. Ce premier essai est un essai transformé et on attend avec impatience le prochain opus d’Arnaud Nihoul.

Paysage d’Ecosse © Philippe Vienne

Je repris ma marche sans me presser, cherchant à apprivoiser mon passé pour le relier à ma vie présente. Au détour de la route, je tombai sur une scène familière : un troupeau de moutons dispersés autour du chemin. J’avais trouvé un moyen de rétablir le contact.

Lentement, je m’approchai des premières bêtes. J’arrachai une poignée d’herbes tendres, mis un genou au sol et tendis le bras vers le mouton le plus proche. Hésitant, il s’avança vers moi, jusqu’à mordre dans la touffe que je lui présentais. Je glissai doucement mes doigts dans sa toison. Il se cabra sans reculer, semblant prendre plaisir à la caresse.

Lorsqu’il eut fini de manger, il ne s’écarta pas et je plongeai mes deux mains dans la laine humide de son dos, jusqu’à ce qu’il décide de rejoindre les autres. J’approchai alors les doigts de mon visage et respirai avec délice l’odeur animale qui les imprégnait […].

Philippe VIENNE


À côté de son métier d’architecte, Arnaud Nihoul consacre son temps libre à l’écriture. Régulièrement, il quitte sa campagne namuroise et gagne une retraite dans les îles bretonnes ou écossaises pour imaginer ses prochains romans. Après une quinzaine de nouvelles dont plusieurs primées et dix romans conservés dans ses tiroirs, Arnaud Nihoul a enfin osé sauter le pas de la publication pour notre plus grand bonheur. Avec Caitlin, ce passionné des mots nous donne à découvrir toute la palette de son talent [lire la suite…]


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SAINT-EXUPERY (trad. Guy FONTAINE) : Li p’tit prince (2012)

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SAINT-EXUPERY Antoine de -, Li p’tit prince (Neckarsteinach, Tintenfass, 2012, traduit en wallon liégeois par Guy FONTAINE)


[extrait du chapitre XXI]

“[…] C’è-st-adon qu’atouma li r’nå.

  • Bondjoû, dèrit li r’nå.
  • Bondjoû, rèsponda li p’tit prince come on bin aclèvé qu’il èst. Mins, il aveût bèl a loukî tot avå, i vèyéve rin.
  • Dji so la, dèrit l’vwès, dizos l’mèlêye.
  • Quî èstez-v’ ? dèrit li p’tit prince. Vos-èstez tot nozé…
  • Dji so li r’nå, d’hati.
  • Vinez don djouwer avou mi, li fa li p’tit prince. Dji so si pèneûs…
  • Dji n’ såreû dèdja, dèrit li rnå, dji n’ so nin aprivwèzé.
  • Ah ! Mande èscuse, fa li p’tit prince.

Mins, après aveûr tûzé pus lon on moumint, i dèrit co :

  • Qu’èst-ce qui çoula vout dîre “aprivwèzer” ?
  • Vos n’èstez nin di d’chal, fa li r’nå, quî cwèrez-v’ don ?
  • Dji cwîre lès-omes, dèrit li p’tit prince. Qu’èst-ce qui çoula vout dîre “aprivwèzer” ?
  • Lès-omes, dèrit li r’nå, il ont dès fiziks èt i tchèssèt. C’èst fwèrt djinnant. Il aclèvèt dès poyes ossu èt çoula m’ahåye bin pus. Cwèrez-v’ ossu dès poyes ?
  • Nonna, dèrit li p’tit prince. Dji cwîre dès camarådes. Qu’èst-ce qui çoula vout dîre “aprivwèzer” ?
  • C’è-st-ine sôrt qu’on-z-a par trop’ roûvi, dérit li r’nå. Ça vout dîre “si loyî onk a l’ôte”.
  • Si loyî onk a l’ôte ?
  • Assûré, dèrit li r’nå. Vos n’èstez co por mi qu’on p’tit gamin come ènn’ a co cint mèye ôtes. Ét dji n’a nin dandjî d’ vos. Ét vos n’avez nin pus dandjî d’ mi. Dji n’ so por vos qu’on r’nå come ènn’ a co traze èt traze mèye. Mins si vos m’aprivwèzez, nos-årans dandjî onk di l’ôte. Vos sèrez por mi come li seûl å monde. Ét dji sèrè por vos come li seûl å monde…
  • Dj’atake a comprinde, dèrit li p’tit prince. I-n-a ‘ne fleûr… dj’ô bin qu’èle m’a-st-aprivwèzé.
  • I s’ pout, dèrit li r’nå. On veût totes sôrts d’afères so l’tère.
  • Oh ! Ci n’èst nin so l’tère, dèrit li p’tit prince.

Li r’nå avizéve bin si d’mander qwè :

  • So ‘ne ôte planète ?
  • Awè.
  • A-t-i dès tchèsseûs so cisse planète-la ?
  • Nèni.
  • Vola ‘ne bone novèle ! Ét dès poyes ?
  • Nèni.
  • Rin po fé plêzîr, sospira li r’nå.

Mins, i riv’na a si-îdèye.

  • Mi vèye, c’è-st-on djoû tot fî parèy qui l’ôte. Dji tchèsse lès poyes, lès-omes mi k’tchèssèt. Totes lès poyes si ravizèt, èt tot lès-omes si ravizèt ossu. C’èst todi l’ minme djeû. Mins si vos m’aprivwèzez, mi vèye sèrè come pline di solo. Dji rik’noherè l’ brut d’on pas qui sèrè difèrint d’ tos lès-ôtes. Lès-ôtes mi font rintrer d’zos tère. Li vosse mi houkrè foû di m’ trô, come li musike dès-ôbådes. Èt adon, loukiz ! Vos vèyez, låvå, lès tchamps d’ frûmint ? Dji n’ magne nin dè pan. Li frumint, por mi, ci n’èst rin. Lès tchamps d’ frumint ni m’ fèt rapinser a rin. Èt çoula, c’èst bin trisse. Mins, vos-avez lès dj’vès coleûr d’ôr. Adon, ci sèrè mèrvèye qwand vos m’årez aprivwèzé. Li frumint, qu’èst come di l’ôr, mi frè sov’ni d’vos. Èt dj’ årè bon d’ôre li brut dè vint gruziner d’vins lès frumints.

Li r’nå s’ têha èt r’louka tot on tins li p’tit prince.

  • S’i v’ plêt… aprivwèzez-m’ ! Dèrit-i.
  • Dji vou bin, rèsponda li p’tit prince, mins dji n’a nin tot plin dè tins. Dj’a dès camarådes a d’hovri èt co tant dès-afêres a-z-aprinde.
  • On n’ kinohe bin qui çou qu’on aprivwèzêye, dèrit li r’nå. Lès-omes ni prindèt pus l’ tins dè rin k’nohe. Il atchèt tot, tot fêt ‘mon lès martchands. Mins come i-n-a nou martchand d’ camarådes, lès-omes n’ont pus nou copleû. Si vos ‘nnè volez onk, aprivwèzez-m’.
  • Qui fåt-i fé, diha li p’tit prince ?
  • I v’ fårè tot plin dèl paciyince, rèsponda li r’nå. Po-z-ataker, vos v’s-alez asîre on pô lon d’ mi, come çoula, so l’ wazon. Dji v’ riloukrè d’in-oûy èt vis n’ dîrez nin. Tot djåzant, on s’pôreût må comprinde. Mins tos lès djoûs, vos v’ pôrez asîre on pô pus près…

Li lèd’dimin, li p’tit prince riv’na.

  • Åreût mî valou dè riv’ni a l’ minme eûre, dèrit li r’nå. Si vos v’nez, dihans-gn’, so l’ côp d’ qwatre eûres après nône, vès lès treûs-eûres, dj’atakrè di m’ rafiyî. Pus’ l’ôrlodje va-t-èle toûrner, pus’ sèrè-djdju tot binåhe, a qwatre eûres, dji sèrè so dès tchôdès cindes èt dji m’ tourmètrè, dji pôrè inso k’nohe li pri dè boneûr ! Mins si vos v’nez tot l’ minme qwand, dji n’ sårè nin quéle eûre dji m’ gålioter l’ coûr.. i fåt dès règues, dès-acostumances.
  • Qu’èst-ce qui c’èst dès-acostumances ? dèrit li p’tit prince.
  • Èco ‘ne sacwè qu’on-z-a par trop’ roûvi, dèrit li r’nå. C’èst çou qui fêt qu’on djoû n’èst nin come lès-ôtes, qui lès-eûres ni sont nin lès minmes. Par ègzèmpie, mès tchèsseûs : li djûdi, i dansèt avou lès crapôdes dè viyèdje. Adon, li djûdi è-st-on tot bê djoû por mi. Dji m’ va porminer avå lès cinses èt lès polis sins nol imbaras… Lès tchèsseûs îrît-i fé leûs treûs pas tot l’ minme quwand, qui lès djoûs sèrît turtos lès minmes, èt dji n’ sèreû måy påhûle.

Insi, li p’tit prince a-t-i aprivwèzé li r’nå. Èt qwand foûrit l’ moumoint d’ènn’ aler :

  • Ah ! dèrit li r’nå… dji m’ va plorer.
  • Vos n’avez qu’a ‘nnè prinde a vos minme, dèrit li p’tit prince, dji n’ vis volève nou må, mins vos-avez pîlé po-z-esse aprivwèzé.
  • Bin sûr, dèrit li r’nå.
  • Mins vos-alez plorer ! dèrit li p’tit prince.
  • Bin sûr, dèrit li r’nå.”

ISBN 978-3-937467-51-1

“Vendu à plus de 130 millions d’exemplaires dans le monde, Le Petit Prince, de l’écrivain français Antoine de St-Exupéry, est traduit en plus de 220 langues et dialectes [et en morse !]. Il n’existait pas encore de traduction en wallon liégeois. C’est désormais chose faite, grâce à Guy Fontaine, bien connu des fidèles de Liège-Matin, et grand passionné du wallon sous toutes ses formes.

“L’idée de cette traduction en wallon liégeois vient d’un éditeur allemand” explique Guy Fontaine. “Il avait racheté chez Gallimard les droits pour les adaptations et les traductions dans les langues régionales. Il existait déjà une version du Petit Prince en wallon de Charleroi, en picard borain, et il aurait voulu une version en liégeois. Je m’y suis collé!”

Particularité pour le traducteur : rester le plus fidèle possible à l’original de Saint-Exupéry: “Le traducteur doit être vraiment en retrait total. C’est l’œuvre originale qui importe” poursuit Guy Fontaine. “Donc il y a un peu une frustration parce qu’on a tendance à vouloir adapter et donner un côté plus wallon à la chose mais le texte est très beau, donc on y trouve son compte”.

Une histoire universelle et qui, peut-être, grâce au wallon, trouvera de nouveaux lecteurs…” [lire la suite de l’article de A. DELAUNOIS sur RTBF.BE…]


Guy Fontaine est né en 1945. C’est de 1978 à 1994, à la radio de la RTBF, que le billet wallon hebdomadaire qu’il diffuse le rend le plus célèbre : billets transformés de 1994 à 2001, en sketchs avec Gabrielle Davroy. En 2001, ses 1.000 Mots wallons sont publiés. Depuis, il est devenu… évêque orthodoxe à Liège.


Dessine-moi… un Petit Prince

[LEXPRESS.FR, 7 septembre 2011] Bande dessinée, film, expo, le héros de Saint-Exupery se réinvente toujours. L’écrivain Marie Desplechin évoque ce qui fait l’essence du livre, qui s’adresse à l’enfant que nous avons été.

“Au titre de chef-d’oeuvre du XXe siècle, qui aurait misé un kopeck sur Le Petit Prince, fantaisie enfantine écrite et illustrée par l’auteur, publiée pour la première fois aux Etats-Unis en 1943 ? Bon, Martin Heidegger, d’accord. Il écrit, en 1949, pour l’édition allemande : “Ce n’est pas un livre pour enfants, c’est le message d’un grand poète qui soulage toute solitude et par lequel nous sommes amenés à la compréhension des grands mystères de ce monde. C’est le livre préféré du professeur Martin Heidegger.” Martin Heidegger n’est peut-être pas le type le plus sympathique de la période, il n’est pas non plus le dernier des neuneus. Son “livre préféré” est aujourd’hui n° 2 au classement international des lectures et des ventes, toutes catégories confondues. Soit n° 1 parmi les œuvres de fiction (on range usuellement la Bible parmi les “non-fictions”). Un livre traduit en 220 langues. Et qui compte à ce jour 145 millions d’exemplaires vendus.

Sans gâcher le plaisir qu’on a à voir Martin Heidegger encenser Le Petit Prince, on aimerait faire tourner les tables pour avoir avec lui une petite controverse posthume. Comment, alors que le livre leur est explicitement destiné, peut-il affirmer qu’il ne s’agit pas d’un livre pour enfants ? Qu’y a-t-il de si chétif, de si étranger, dans l’enfance, qu’elle doive être tenue à l’écart du “message d’un grand poète qui soulage de toute solitude” ? Drôle d’hommage que celui du professeur quand il dénie à l’auteur la gloire d’avoir écrit le livre qu’il voulait écrire. Prétendant une chose (avoir écrit un livre pour les enfants), il en aurait fait une autre […]”

Marie Desplechin


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : citation, partage, compilation | source : Editions Tintenfass ; LEXPRESS.FR | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : Editions Tintenfass / RTBF / RTC Liège | remerciements à Eric Rozenberg


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MOZART (arr. Arcadi Volodos) : Marche turque

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© Yuja Wang

“Yuja WANG (née en 1987) est une pianiste chinoise reconnue mondialement pour sa virtuosité technique et son jeu spontané et audacieux. Au-delà de sa technique, elle est également appréciée pour son répertoire éclectique de piano solo et de musique de chambre qui s’étend du 18ème siècle jusqu’au 20ème siècle.

Fille de musicien, Yuja Wang est initiée à la musique très jeune. Elle commence à apprendre le piano à l’âge de six ans avec Luo Zhengmin. Elle étudie ensuite auprès des professeurs Ling Yuan et Zhou Guangren au Conservatoire central de musique de Pékin, des professeurs Hung KuanChen et TemaBlackstone au MountRoyal College Conservatory à Calgary au Canada, et de Gary Graffman au Curtis Institute of Music de Philadelphie.

Elle donne ses premiers concerts en 2003 et se produit en concert ensuite avec de nombreux grands orchestres tels que les orchestres symphoniques de NewYork, de Chicago, de San Francisco, de Houston, et notamment l’Orchestre Philharmonique de Chine. En 2009, elle est parmi les rares musiciens invités pour le concert du YouTube Symphony Orchestra au Carnegie Hall, initiative musicale mondiale et prestigieuse. Elle signe la même année un contrat avec Deutsche Grammophon et produit son premier disque, lequel est très bien reçu. Depuis, la carrière de Yuja Wang s’étend mondialement, et elle est programmée dans les plus grandes salles de concerts européennes, américaines et orientales. Elle se produit aux côtés des plus grands chefs d’orchestre, tels que Claudio Abbado, Daniel Barenboim, Gustavo Dudamel, Daniele Gatti, Charles Dutoit, Valery Gergiev, Mikko Franck, Manfred Honeck, Pietari Inkinen, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Kurt Masur, Antonio Pappano, Yuri Temirkanov et Michael Tilson Thomas.”

En savoir plus sur FRANCEMUSIQUE.FR ou sur le site de l’artiste sino-américaine YUJAWANG.COM


MOZART W.A., Sonate pour piano n° 11 en La, K. 331/300 (3e mvmt “Alla Turca”), arrangée par Arcadi VOLODOS (né en 1972) et interprétée par Yuja WANG dont des admirateurs ont également compilé quelques finales “musclés” :


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PEREC : textes

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PEREC Georges (1936-1982)

PEREC Georges, W ou le souvenir d’enfance (Paris, Gallimard, 1975, extr.)

 … je sais que ce que je dis est blanc, est neutre, est signe une fois pour toutes d’un anéantissement une fois pour toutes.

C’est cela que je dis, c’est cela que j’écris et c’est cela seulement qui se trouve dans les mots que je trace, et dans les lignes que ces mots dessinent, et dans les blancs que laisse apparaître l’intervalle entre ces lignes […], je ne retrouverai jamais, dans mon ressassement même, que l’ultime reflet d’une parole absente à l’écriture, le scandale de leur silence et de mon silence : je n’écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n’écris pas pour dire que je n’ai rien à dire. J’écris : j’écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j’ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leur corps ; j’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture : leur souvenir est mort à l’écriture ; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie.

Et lisez PEREC encore, dans Je me souviens


Citez-en d’autres :

BLANCHARD Pascal et al. : Sexe, race & colonie | La domination des corps du XVe siècle à nos jours (2018)

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ISBN 978-2-348-03600-2

“Reposant sur plus de mille peintures, illustrations, photographies et objets répartis sur six siècles d’histoire au creuset de tous les empires coloniaux, depuis les conquistadors, en passant par les systèmes esclavagistes, notamment aux États-Unis, et jusqu’aux décolonisations, ce livre s’attache à une histoire complexe et taboue. Une histoire dont les traces sont toujours visibles de nos jours, dans les enjeux post-coloniaux, les questions migratoires ou le métissage des identités.
C’est le récit d’une fascination et d’une violence multiforme. C’est aussi la révélation de l’incroyable production d’images qui ont fabriqué le regard exotique et les fantasmes de l’Occident. Projet inédit tant par son ambition éditoriale, que par sa volonté de rassembler les meilleurs spécialistes internationaux, l’objectif de Sexe, race & colonies est de dresser un panorama complet de ce passé oublié et ignoré, en suivant pas à pas ce long récit de la domination des corps.” (source : association de libraires INITIALES.ORG)

BLANCHARD Pascal et al., Sexe, race et colonies : la domination des corps du XVe siècle à nous jours (Paris, La Découverte, 2018)

Montrer. Voila l’ambition de cet ouvrage, de cette somme iconographique vertigineuse autant que méconnue, ou mal vue. Car on a tous en tête des représentations érotisées de corps indigènes. Elles sont furtives, elles font partie de l’imaginaire historique colonial. Mais mesure-t-on véritablement ce qu’elles portent, ce qu’elles signifient, la violence qu’elles légitiment toutes, à des niveaux différents certes, mais qui toutes cultivent l’idée originelle du colon qui voudrait que le corps du colonisé soit “naturellement offert”, pour citer les auteurs de ce livre colossal et indispensable. N’est-ce pas ainsi que nombre d’intellectuels européens ont envisagé le sulfureux érotisme oriental ? Ou comment la vahiné polynésienne a constitué jusqu’à récemment un modèle de beauté féminine ?

Ainsi, encore aujourd’hui, il fallait montrer. Pour tous ceux qui pourraient douter du fait que la domination des empires sur les peuples conquis s’est exercée premièrement à un niveau sexuel. Pas de manière secondaire ou marginale, mais massivement et prioritairement à un niveau sexuel. Si depuis sa sortie, cet ouvrage a essuyé critiques et doutes, c’est bien parce que la frontière est ténue entre la monstration et l’exhibition, surtout quand on parle de sexe. Est-ce que les auteurs sont parvenus ici à faire oeuvre de mémoire sans verser dans l’exhibitionnisme? C’est notre opinion. Et c’est notamment l’ampleur du travail et la qualité de l’appareil critique qui font toute la différence.

Car ce livre est énorme, il a la forme de son ambition, et retrace en quatre grandes parties, Fascinations (1420-1830), Dominations (1830-192o), Décolonisations (1920-1970), Métissages (depuis 1970), l’évolution, si tant est qu’il y en ait eu-une, de la représentation des peuples des colonies par les colons. Certaines images sont dures, insoutenables certes, mais leur publication est indispensable. Comment en effet penser aujourd’hui un phénomène de prise de conscience comme #MeToo et oublier que des systèmes de domination, réelle et symbolique, ont des racines solidement ancrées dans nos imaginaires ?

Grégoire Courtois (Libraire Obliques à Auxerre, FR)


Le cas Gauguin ?

Dans un film sur Gauguin, le réalisateur Edouard Deluc passe sous silence la nature des relations sexuelles de l’artiste à Tahiti. Et révèle la difficulté des Français à penser la violence dans leurs anciennes colonies.

L’image est si sauvagement excitante. Une Tahitienne danse seins nus, lascive, devant un grand feu, tandis que résonne le chant envoûtant de la tribu. Cette femme aux formes pleines, c’est Tehura. Dans son film Gauguin – Voyage de Tahiti, le réalisateur Edouard Deluc nous raconte comment elle a hypnotisé le peintre français et inspiré quelques-unes de ses plus belles toiles. On les voit tous deux enlacés sur un cheval, jouant sur une plage, et fatalement faisant l’amour à la lumière des bougies.

Ce film pourrait être un biopic convenu de plus consacré aux maîtres de la peinture, mais des ellipses opportunes dans le scénario en font une œuvre au mieux incroyablement maladroite, au pire parfaitement abjecte. Car, ce que cette histoire ne dit à aucun moment c’est que Tehura (qui s’appelait aussi Teha’amana) avait seulement 13 ans lorsque Gauguin (alors âgé de 43 ans) la prit pour « épouse » en 1891.

GAUGUIN Paul, Manao Tupapau (1892)

Et malgré ce que pourrait laisser croire le biopic, elle ne fut pas la seule à partager la vie de l’artiste dans l’île : il y eut aussi la jeune prostituée métisse Titi, ainsi que Pau’ura et Vaeoho (toutes deux 14 ans). Enfin, dernier « oubli », le maître était atteint de syphilis, maladie sexuelle potentiellement mortelle, qu’il distribua généreusement à Tahiti. Dans le film, Gauguin se voit seulement diagnostiquer un méchant diabète… on en pleurerait de rire si ce n’était aussi grave…”

Lire la suite de l’article de Léo PAJON, La pédophilie est moins grave sous les topiques, sur JEUNEAFRIQUE.COM (21 septembre 2017)


Le cas Malko Linge, dit SAS ?
ISBN 2842672968

«Bicuzi Kihubo avait la cervelle d’une antilope, mais une allure de star. Ses grands yeux marron illuminaient un visage doux, encadré par les tresses traditionnelles, ses seins moulés par un tee-shirt orange pointaient comme de lourds obus ; quand à sa chute de reins, elle aurait transformé le plus saint des prélats en sodomite polymorphe… Ses hanches étroites et ses longues jambes achevaient de faire de Bicuzi une bombe sexuelle à pattes.» Les connaisseurs auront sûrement reconnu dans ce portrait d’Africaine torride, le style particulier de Gérard de Villiers, passé maître du roman d’espionnage à forte connotation érotique à travers la série des SAS. Les scènes de sexe, tout autant que la vraisemblance d’intrigues construites à partir d’infos recueillies sur le terrain, expliquent le succès et la fortune de l’auteur, mort en 2013 après avoir vendu plus de 150 millions de livres.

Romans de gare machistes qui confinent les personnages féminins à des objets sexuels culbutés dans tous les sens par Son Altesse Sérénissime le prince Malko Linge, héros de la série ? Peut-être. Mais à relire les descriptions de certaines de ces ‘bombes sexuelles sur pattes’, pin-up systématiquement moulées dans une ‘microjupe’, difficile de ne pas y voir une illustration de la permanence des clichés qui s’attachent singulièrement aux femmes noires et qu’on retrouve dans l’immense somme consacrée à la Domination des corps du XVe siècle à nos jours publiée jeudi sous la direction de l’historien Pascal Blanchard. L’ouvrage Sexe, race et colonies ne se limite certes pas aux femmes noires et dresse un panorama exhaustif de l’image du corps de l’Autre, de l’Afrique coloniale (Maghreb inclus) jusqu’à l’Asie et au monde amérindien.”

Lire la suite de l’article de Maria MALAGARDIS, Les femmes noires comme incarnation forcée du corps de l’Autre, sur LIBERATION.FR (21 septembre 2018)…


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, compilation et iconographie | sources : éditions La Découverte ; jeuneafrique.com ; liberation.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : ©  La Découverte ; © DR.


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GODEAUX : Le prisonnier, Regards cinématographiques sur une série culte (2018)

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A l’occasion des 50 ans de sa 1ère diffusion sur le continent et pour mieux comprendre la naissance de LA série culte britannique (une mythologie moderne ?), il convient de ne pas manquer : Le Prisonnier – Regards cinématographiques sur une série culte de Bernard GODEAUX. L’auteur est né à Liège en 1958 ; il a enseigné l’histoire du cinéma et a donné plusieurs cours et séminaires sur les séries et feuilletons télévisés dès 1994…

Le fait même d’évoquer l’oeuvre, de la rediffuser, de l’étudier, de lire des articles qui lui sont consacrés contribuent sans aucun doute à son émergence et à sa reconnaissance au sein d’un public de plus en plus large. Ainsi, cette thèse, intitulée lors de sa première édition, Le Prisonnier, Une théorie de l’hybridati0n du feuilleton TV sérialisé a pu circuler modestement au départ des défuntes Editions de la librairie 8ème Art fondées par le couple Oswald à Paris. Un bref article dans le journal Le Monde en 1993 lui avait donné une courte visibilité. Pour cette réédition, nous avons opté pour le maintien des grandes lignes du texte, n’apportant que quelques modifications mineures à la recherche menée voici 25 ans. Le risque d’une redondance inutile nous a convaincu dans le choix finalement posé. Nous avons néanmoins retenu un titre moins aride, pour ne pas dire plus avenant : Le Prisonnier, Regards cinématographiques sur une série culte. La démonstration proposée – et que l’on découvrira au fil de la lecture – ne cache pas l’utilisation nécessaire d’outils sémiologiques dont certains sont issus de la recherche cinématographique. Incontestablement, ils demandent une attention soutenue de la part du lecteur qui, nous l’espérons, se trouvera récompensé par sa patience.

GODEAUX Bernard, Le Prisonnier, Regards cinématographiques sur une série culte (réédition à compte d’auteur, 2018) est disponible dans notre boutique | L’illustration de couverture montre la place du “village” de Portmeirion.

Le Prisonnier est une série d’espionnage-science-fiction allégorique et psychologique britannique. Constituée d’une saison et 17 épisodes de 48 minutes. Elle fut créée par George Markstein et Patrick McGoohan en 1967.

Le 29 septembre 1967, débarque sur le réseau anglais ITV une série OVNI appelée Le Prisonnier. Cette série est un cas dans l’histoire de la télévision qui n’a aucun équivalent : révolutionnaire, profondément allégorique, incroyablement visionnaire, à la croisée de l’espionnage, du drame psychologique, de l’allégorie, et de la science-fiction, elle a réussi l’exploit de s’imposer parmi les plus grandes séries jamais réalisées à ce jour alors qu’elle ne comporte que 17 épisodes.

L’histoire : un agent secret britannique (dont on ignore le nom) démissionne brutalement, pour des raisons inconnues, de son service. À peine est-il rentré chez lui préparer ses valises en vue d’un voyage, qu’il est gazé et envoyé au Village, lieu idyllique et édénique en apparence qui est en fait une prison dont il est impossible de s’échapper. Notre homme, parmi tous les autres prisonniers, est estampillé comme étant « Numéro 6 » (tout le monde au Village s’appelle par numéros). Le dirigeant du Village est le Numéro 2 mais il change à chaque épisode. L’identité du Numéro 1, le véritable chef, ne sera dévoilée qu’à la toute fin de la série. Le but des dirigeants est d’extorquer à leur prisonnier les raisons de sa démission ainsi que de l’intégrer au Village pour qu’il y demeure un citoyen comme les autres. Mais contrairement aux autres prisonniers qui ont abandonné tout espoir de fuir pour se consacrer à une vie agréable et reposante (la captivité étant luxueuse), il cherchera par tous les moyens à s’échapper de ce lieu beaucoup plus dangereux qu’il n’y paraît.

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Savoir regarder…

AUDIARD : textes

Temps de lecture : 3 minutes >

Paul Michel AUDIARD, dit Michel Audiard, est un dialoguiste et réalisateur français (1920-1985), père du dialoguiste et réalisateur français Jacques Audiard. Quelques répliques qui marquent :

Faut pas parler aux cons, ça les instruit.

Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule.

“Moi, les dingues, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle… Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile…”

Un gentleman, c’est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste.

“Les ordres sont les suivants : on courtise, on séduit, on enlève et en cas d’urgence on épouse.” (Les barbouzes) 

Si on mettait un point rouge sur la tête de tout les cons, le monde ressemblerait à un champ de coquelicots !

“Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent.” (100.000 dollars au soleil)

On peut toujours trouver plus con que soi mais y il en a qui doivent chercher plus longtemps que d’autres.

“La tête dure et la fesse molle, le contraire de ce que j’aime.” (Comment réussir quand on est con et pleurnichard)

Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière.

“Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord, mais ça vole.” (Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages)

Celui a dit que souffrir ça fait grandir, c’est le même connard que celui qui a dit que marcher dans la merde ça porte bonheur.

Quand tu te sens en situation d’échec, souviens-toi que le grand chêne, lui aussi, a été un gland !

“La Justice, c’est comme la Sainte Vierge : si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe.” (Pile ou face)

Il n’y a pas que les aigles qui atteignent les sommets, les escargots aussi, mais ils en bavent…

“Le jour où on mettra les cons sur orbite, toi t’auras pas fini de tourner.” (Le Pacha)

On n’emmène pas de saucisses quand on va à Francfort.

Si vous aviez le choix entre la fortune de Bettencourt et la paix dans le monde, de quelle couleur serait votre Ferrari ?

Dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c’est faciliter la réussite des médiocres !

Dur de faire confiance à l’être humain, même les aveugles préfèrent se faire guider par des chiens.

Dans chaque cambrioleur, il y a un préfet de police qui sommeille !

On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient pas faire pousser des radis.

“Deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche.” (Un taxi pour Tobrouk)

Il n’a pas inventé la poudre, mais il ne devait pas être loin quand ça a pété.

La banque est un endroit où on vous prête de l’argent si vous arrivez à prouver que vous n’en avez pas besoin.

“Le flinguer, comme ça, de sang froid, sans être tout à fait de l’assassinat, y’aurait quand même comme un cousinage.” (Ne nous fâchons pas)

– Attention ! J’ai le glaive vengeur et le bras séculier ! L’aigle va fondre sur la vieille buse !…
– Un peu chouette comme métaphore, non ?
– C’est pas une métaphore, c’est une périphrase.
– Fais pas chier!…
– Ça, c’est une métaphore.

Le lundi, je suis comme Robinson Crusoé : j’attends Vendredi.


Citons encore…

SYMUL : Bouleau (2013, Artothèque, Lg)

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Le Centre d’Art Contemporain du Luxembourg Belge écrit : “Les photographies de Jean-Jacques Symul dépassent les anecdotes locales pour devenir des évocations intemporelles, elles ne sont plus l’indice d’un site donné, mais l’évocation de tous les lieux possibles et la condensation lente des souvenirs qu’ils peuvent faire naître.

Jean-Jacques SYMUL est né à Liège en 1952. Dès 1984, il enseigne la photographie à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville. Il a bénéficié de plusieurs expositions personnelles et figure dans diverses collections publiques… Il vit aujourd’hui à Xhoris, sur la commune belge de Ferrières.

  • Cette œuvre est empruntable gratuitement (60 jours par emprunt) à l’Artothèque de la province de Liège (BE) ;
  • L’illustration de l’article est de Jean-Jacques Symul : Bouleau (2013) © Jean-Jacques Symul.

Egalement à l’Artothèque de la Province de Liège (BE) :

LEVINAS : textes

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Par-delà l’incommunicable émotion de cette Passion où tout fut consommé, que doit-on et que peut-on transmettre vingt ans après sous forme d’enseignement ? Rappeler à nouveau le difficile destin juif et le raidissement de notre nuque ? Exiger une justice sans passion ni prescription et se méfier d’une humanité dont les institutions et les techniques seules conditionnent le progrès ? Certes. Mais on peut, peut-être, tirer de l’expérience concentrationnaire et de cette clandestinité juive qui lui conférait l’ubiquité, trois vérités transmissibles et nécessaires aux hommes nouveaux.
Pour vivre humainement, les hommes ont besoin d’infiniment moins de choses que les magnifiques civilisations où ils vivent – voilà la première vérité. On peut se passer de repas et de repos, de sourires et d’effets personnels, de décence et du droit de tourner la clef de sa chambre, de tableaux et d’amis, de paysages et d’exemption de service pour cause de maladie, d’introspection et de confession quotidiennes. Il ne faut ni empires, ni pourpre, ni cathédrales, ni académies, ni amphithéâtres, ni chars, ni coursiers – c’était déjà notre vieille expérience de juifs. L’usure rapide de toutes les formes entre 1939 et 1945 rappelait plus que tous les autres symptômes la fragilité de notre assimilation. Dans ce monde en guerre, oublieux des lois mêmes de la guerre, la relativité de tout ce qui nous semblait indispensable depuis notre entrée dans la cité apparut brusquement. Nous sommes revenus au désert, à un espace sans paysage ou à un espace tout juste fait – comme le tombeau – pour nous contenir ; nous sommes revenus à l’espace-réceptacle. Le ghetto est cela aussi et non seulement séparation d’avec le monde.
Mais, deuxième vérité, et elle aussi rejoint une antique certitude et un antique espoir – aux heures décisives où la caducité de tant de valeurs se révèle, toute la dignité humaine consiste à croire à leur retour. Le suprême devoir quand “tout est permis” consiste à déjà se sentir responsables à l’égard de ces valeurs de paix. Ne pas conclure, dans l’univers en guerre, que les vertus guerrières sont seules certaines ; ne pas se complaire dans la situation tragique aux vertus viriles de la mort et du meurtre désespéré, ne vivre dangereusement que pour écarter les dangers et pour revenir à l’ombre de sa vigne et de son figuier.
Mais – troisième vérité – il nous faut désormais dans l’inévitable reprise de la civilisation et de l’assimilation enseigner aux générations nouvelles la force nécessaire pour être fort dans l’isolement et tout ce qu’une fragile conscience est alors appelée à contenir. Il nous faut – en rappelant la mémoire de ceux qui, non-juifs et juifs, surent, sans même se connaître ni se voir, se comporter en plein chaos comme si le monde n’avait pas été désintégré, en rappelant la Résistance des maquis, c’est-à-dire précisément celle qui n’avait d’autres sources que ses propres certitudes et son intimité – il faut, à travers de tels souvenirs, ouvrir vers les textes juifs un accès nouveau et restituer à la vie intérieure un nouveau privilège. La vie intérieure, on a presque honte de prononcer, devant tant de réalismes et d’objectivismes, ce mot dérisoire.
Quand les temples sont debouts, quand les drapeaux flottent sur les palais et que les magistrats ceignent leur écharpe – les tempêtes sous les crânes ne menacent d’aucun naufrage. Ce ne sont peut-être que les remous que provoquent, autour des âmes bien ancrées dans leur havre, les brises du monde. La vraie vie intérieure n’est pas une pensée  pieuse ou révolutionnaire qui nous vient dans un monde bien assis, mais l’obligation d’abriter toute l’humanité de l’homme dans la cabane, ouverte à tous les vents, de la conscience. Et certes, il est fou de rechercher la tempête pour elle-même, comme si “dans la tempête résidait le repos” (Lermontov). Mais que l’humanité installée puisse à tout moment s’exposer à la situation dangereuse où sa morale tienne toute entière dans un “for intérieur”, où sa dignité reste à la merci des murmures d’une voix subjective et ne se reflète ni ne se confirme plus dans aucun ordre objectif – voilà le risque dont dépend l’honneur de l’homme…

extrait de Noms propres (1976)

Ce qui est caressé n’est pas touché à proprement parler. Ce n’est pas le velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact que cherche la caresse. C’est cette recherche de la caresse qui en constitue l’essence, par le fait que la caresse ne sait pas ce qu’elle cherche. Ce “ne pas savoir”, ce désordonné fondamental en est l’essentiel. Elle est comme un jeu absolument sans projet ni plan, non pas avec ce qui peut devenir nôtre et nous, mais avec quelque chose d’autre, toujours autre, toujours inaccessible, toujours à venir. Et la caresse est l’attente de cet avenir pur sans contenu.

 extrait de Ethique et infini (1982)


Biographie succincte : Emmanuel LEVINAS est né en janvier 1906 à Kaunas, en Lituanie. Études secondaires en Lituanie et Russie. Etudes de philosophie à Strasbourg de 1923 à 1930. Séjour à Fribourg en 1928-1929 auprès de Husserl et de Heidegger. Naturalisé français en 1930. Professeur de philosophie, directeur de l’Ecole normale israélite orientale. Professeur de philosophie à l’Université de Poitiers (1964), de Paris-Nanterre (1967), puis à la Sorbonne (1973). Emmanuel Levinas décède le 25 décembre 1995 à Paris (FR). Quelques extraits choisis de son oeuvre ici…

    • Illustration de l’en-tête © Bracha Ettinger

Citons, citons, il en restera toujours quelque chose en Wallonie…

BIZET : Au fond du temple saint (Les pêcheurs de perle, 1863)

Temps de lecture : 2 minutes >
BIZET, Georges, Les pêcheurs de perle (opéra en trois actes sur un livret d’Eugène CORMON et Michel CARRE, créé le 30 septembre 1863 au Théâtre-Lyrique de Paris, FR)
Acte premier. Duo de Nadir (ténor) et Zurga (baryton) :
Au fond du temple saint
Parée de fleurs et d’or,
Une femme apparaît !
Je crois la voir encore !
Une femme apparaît !
Je crois la voir encore !
La foule prosternée
La regarde, étonnée,
Et murmure tous bas :
Voyez, c’est la déesse !
Qui dans l’ombre se dresse
Et vers nous tend les bras !
Son voile se soulève !
Ô vision ! Ô rêve !
La foule est à genoux !
Oui, c’est elle !
C’est la déesse
Plus charmante et plus belle !
Oui, c’est elle !
C’est la déesse
Qui descend parmi nous !
Son voile se soulève et la foule est à genoux !
Mais à travers la foule
Elle s’ouvre un passage !
Son long voile déjà
Nous cache son visage !
Mon regard, hélas !
La cherche en vain !
Elle fuit !
Elle fuit !
Oui, c’est elle ! C’est la déesse !
En ce jour qui vient nous unir,
Et fidèle à ma promesse,
Comme un frère, je veux te chérir !
C’est elle, c’est la déesse
Qui vient en ce jour nous unir !
Oui, partageons le même sort,
Soyons unis jusqu’à la mort !


HANSEN : Au secours ! Un ours est en train de me manger ! (WOMBAT, 2013)

Temps de lecture : 2 minutes >
ISBN 978-2-919186-36-5

Vous pensez que vous avez des problèmes ? Moi, je suis en train de me faire dévorer par un ours ! Oh, mais désolé, toutes mes excuses, écoutons donc vos problèmes ! Mmm-hmm ? Alors comme ça, votre patron est méchant avec vous ? Et votre voiture vous cause des soucis ? Et vous vous inquiétez pour l’environnement ? Tiens donc ! Votre environnement vient juste de me bouffer un pied ! Je pisse mon sang sur votre environnement. Je peux donc à présent affirmer sans crainte d’être contredit que MES PROBLÈMES SONT PIRES QUE LES VÔTRES. Alors fermez-la avec vos problèmes, OK ?

HANSEN Mykle, Au secours ! Un ours est en train de me manger ! (traduit de l’américain par Thierry Beauchamp, Nouvelles Editions Wombat, coll. Les Insensés, 2013)

“Manager tyrannique, Marv Pushkin embarque son équipe de publicitaires pour un week-end de chasse en Alaska. Alors qu’il est en train de changer une roue de son 4 x 4, un ours l’attaque. Coincé sous la voiture, la jambe broyée par le châssis, Marv se fait grignoter le pied par Monsieur l’Ours. Une situation pour le moins inconfortable, qui plongerait plus d’un citadin dans le désespoir. Mais, grâce aux puissants analgésiques dont il ne se sépare jamais, Marv est résolu à tenir le coup en attendant les secours. S’engage alors un délirant monologue où il s’attache à démontrer la supériorité de l’Homo Sapiens sur le Plantigrade, et plus largement de la Civilisation sur la Nature, n’en déplaise aux écolos chevelus et autres thuriféraires de ce ringard de Thoreau. Car Marv Pushkin déteste la nature, sa femme geignarde et ses lopettes de subordonnés. En revanche, il adore son Range Rover aux sièges rabattables en cuir d’Oxford, ses vêtements de marque, ses drogues aux propriétés chimiques merveilleuses, sa maîtresse Marcia du service clients, et surtout lui-même. L’être supérieur qu’est Marv Pushkin parviendra-t-il à se tirer de ce mauvais pas – et à repartir du bon pied ? L’Ours deviendra-t-il l’avenir de l’Homme ?” (source : Nouvelles Editions Wombat)

“Mykle Hansen vit à Portland, dans l’Oregon (US). Auteur de plusieurs recueils de nouvelles (Monster CocksThe Bored, Bored PrincessRampaging Fuckers of Everything on the Crazy Shitting Planet of the Vomit Atmosphere…), publiés sous l’égide du bien nommé mouvement « Bizarro », il signe ici un premier roman résolument anti-Nature Writing. Lors de sa tournée promotionnelle aux États-Unis, Mykle concluait ses lectures en combattant un ours à mains nues. Il perdait souvent…” (source : idem)


Lire encore…

DEVOS : textes

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Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement.
Par exemple, le verbe ouïr.
Le verbe ouïr, au présent, ça fait: J’ois… j’ois…
Si au lieu de dire “j’entends”, je dis “j’ois”,
les gens vont penser que ce que j’entends est joyeux
alors que ce que j’entends peut être
particulièrement triste.
Il faudrait préciser: “Dieu, que ce que j’ois est triste !”
J’ois…
Tu ois…
Tu ois mon chien qui aboie le soir au fonds des bois ?
Il oit…
Oyons-nous ?
Vous oyez…
Ils oient.
C’est bête !
L’oie oit. Elle oit, l’oie !
Ce que nous oyons, l’oie l’oit-elle ?
Si au lieu de dire “l’oreille”,
on dit “l’ouïe”, alors :
Pour peu que l’oie appartienne à Louis :
– L’ouïe de l’oie de Louis a ouï.
– Ah oui?
Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ?
– Elle a ouï ce que toute oie oit…
– Et qu’oit toute oie ?
– Toute oie oit, quand mon chien aboie
le soir au fond des bois,
toute oie oit :
ouah ! ouah !
Qu’elle oit, l’oie !…
Au passé, ça fait :
J’ouïs…
J’ouïs !
Il n’y a vraiment pas de quoi !

DEVOS Raymond (1922-2006), Ouï-dire
(in A plus d’un titre, Paris, O. Orban, 1989)

Quand j’ai tort, j’ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts !

Il m’est arrivé de prêter l’oreille à un sourd. Il n’entendait pas mieux.

Qui prête à rire n’est jamais sûr d’être remboursé.

Si Dieu n’est pas marié, pourquoi parle-t-on de sa grande Clémence ?

Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche de la main droite.

Etre raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou…

Dès que le silence se fait, les gens le meublent.

Une fois rien, c’est rien ; deux fois rien, ce n’est pas beaucoup, mais pour trois fois rien, on peut déjà s’acheter quelque chose, et pour pas cher.

On a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont pas tort !

Le flux et le reflux me font marée.

Toute la nuit, j’ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins.

Est-ce que c’est en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l’éviterons ?

Pour Dieu, l’imaginaire c’est une vue de l’esprit. La fiction ça le dépasse !

Une rengaine, c’est un air qui commence par vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir par les yeux.

On se prend souvent pour quelqu’un, alors qu’au fond, on est plusieurs.

La plupart des gens préfèrent glisser leur peau sous les draps plutôt que de la risquer sous les drapeaux.

La grippe, ça dure huit jours si on la soigne et une semaine si on ne fait rien.

Je crois à l’immortalité et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître.

Lorsqu’un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée.

Si tu étais plus belle, je me serais déjà lassé. Tandis que là, je ne m’y suis pas encore habitué

L’autre jour, au café, je commande un demi. J’en bois la moitié. Il ne m’en restait plus.

Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.

Est-ce l’œuf le père de la poule ou la poule la mère de l’œuf ?

Un jardinier qui sabote une pelouse est un assassin en herbe.

Le vrai xénophobe est celui qui déteste à ce point les étrangers que, lorsqu’il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter.

L’intellectuel dont la richesse est toute intérieure n’a rien à craindre du percepteur qui voudrait le taxer sur ses signes extérieurs de richesse.

C’est pour satisfaire les sens qu’on fait l’amour ; et c’est pour l’essence qu’on fait la guerre.

Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose.

Pour en savoir plus sur Raymond Devos, on peut visiter le Musée de la Fondation Raymond Devos à Saint-Rémy-lès-Chevreuse


Rions un brin…

Tarte aux pommes, à la frangipane et aux spéculoos (recette)

Temps de lecture : < 1 minute >
© wallonica.org
Ingrédients pour 8 personnes (petits mangeurs…)
  • 2 œufs
  • 125 g d’amandes en poudre
  • 2 c. à s. de farine
  • 160 g de beurre salé
  • 250 g de spéculoos
  • 100 g de sucre fin
  • 1 c. à s. de sucre impalpable
  • 600 g de pommes Cox
Préparation

(temps de préparation : 20 min. + 40 min. de cuisson)

  1. Préchauffez le four à 180°C.
  2. Mélangez 110 g de beurre mou, le sucre fin, les amandes en poudre, la farine et les oeufs, jusqu’à obtention d’une crème frangipane homogène.
  3. Réduisez les spéculoos en miettes au robot. Malaxez-les avec 50 g de beurre fondu, jusqu’à ce que l’ensemble soit homogène. Tassez-le dans le fond d’un grand moule à tarte recouvert de papier cuisson. Recouvrez avec la crème frangipane, puis disposez les pommes taillées en tranches épaisses par-dessus.
  4. Cuisez 30 min au four. Saupoudrez de sucre impalpable et poursuivez la cuisson encore 10 min.
  5. Servez tiède. Pour les gourmands, ajoutez une boule de glace vanille ou un peu de crème fouettée.
  6. Conseil culinaire : le temps de cuisson peut dépendre de la qualité des pommes. Elles doivent être moelleuses sans pour autant tomber en compote. À surveiller, donc…

Encore manger…

FERRE : textes

Temps de lecture : 3 minutes >
Léo Ferré en 1959 © Hubert Grooteclaes

La mémoire et la mer

(extrait de l’album Amour, Anarchie, Barclay, 1970 ; texte et musique de Léo FERRE, arrangements de Jean-Michel DEFAYE)

La marée, je l’ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur,
De mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse
Je suis le fantôme de Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ô l’ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d’aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu’on dirait l’Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu’on pressent
Quand on pressent l’entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D’où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l’arc copain où je m’aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l’anathème
Comme l’ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S’en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C’est fini, la mer, c’est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d’infini…
Quand la mer bergère m’appelle…


“De toutes les chansons écrites par Léo FERRE (1916-1993) – et elles sont fort nombreuses – la chanson  La Mémoire et la mer constitue une véritable pièce d’anthologie. […] Un texte que son auteur a lui-même qualifié « d’éminemment personnel et que personne n’aurait dû comprendre » et qui, pourtant, a connu un étonnant succès. Léo découvre le « fantôme de Jersey » lors d’une escapade sur l’île Du Guesclin, où il résida. Le fantôme  de Jersey est un phénomène naturel, une espèce de ligne brumeuse que l’on aperçoit au lointain quand on se trouve sur l’île Du Guesclin, et qui laisse croire à une émanation fantomatique de l’île anglo-normande qu’est Jersey. Léo Ferré y plante donc le décor d’une simple partie de pêche où est capturé un bar, dont les écailles sont rendues brillantes par la magie de l’éclat lunaire…”

Source : J’ai la mémoire qui chante…



Savoir en écouter plus…

RICHEPIN : textes

Temps de lecture : 2 minutes >

Première gelée

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

Ainsi qu’un dur baron précédé de sergents,
Il fait, pour l’annoncer, courir le long des rues
La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues.
On entend haleter le souffle des gamins
Qui se sauvent, collant leurs lèvres à leurs mains,
Et tapent fortement du pied la terre sèche.
Le chien, sans rien flairer, file ainsi qu’une flèche.
Les messieurs en chapeau, raides et boutonnés,
Font le dos rond, et dans leur col plongent leur nez.
Les femmes, comme des coureurs dans la carrière,
Ont la gorge en avant, les coudes en arrière,
Les reins cambrés. Leur pas, d’un mouvement coquin,
Fait onduler sur leur croupe leur troussequin.

Oh ! comme c’est joli, la première gelée !
La vitre, par le froid du dehors flagellée,
Étincelle, au dedans, de cristaux délicats,
Et papillote sous la nacre des micas
Dont le dessin fleurit en volutes d’acanthe.
Les arbres sont vêtus d’une faille craquante.
Le ciel a la pâleur fine des vieux argents.

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

Voici venir l’Hiver dans son manteau de glace.
Place au Roi qui s’avance en grondant, place, place !
Et la bise, à grands coups de fouet sur les mollets,
Fait courir le gamin. Le vent dans les collets
Des messieurs boutonnés fourre des cents d’épingles.
Les chiens au bout du dos semblent traîner des tringles.
Et les femmes, sentant des petits doigts fripons
Grimper sournoisement sous leurs derniers jupons,
Se cognent les genoux pour mieux serrer les cuisses.
Les maisons dans le ciel fument comme des Suisses.
Près des chenets joyeux les messieurs en chapeau
Vont s’asseoir ; la chaleur leur détendra la peau.
Les femmes, relevant leurs jupes à mi-jambe,
Pour garantir leur teint de la bûche qui flambe
Étendront leurs deux mains longues aux doigts rosés,
Qu’un tendre amant fera mollir sous les baisers.
Heureux ceux-là qu’attend la bonne chambre chaude !
Mais le gamin qui court, mais le vieux chien qui rôde,
Mais les gueux, les petits, le tas des indigents…

Voici venir l’Hiver, tueur des pauvres gens.

SAND : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Charpentier Auguste, George Sand, vers 1837 © Musée de la vie romantique, Paris (FR)

J’ai beaucoup souffert de ma chasteté. J’ai eu des rêves très énervants. Le sang m’a monté à la tête cent fois. Je me suis souvent assise seule à l’écart avec une âme pleine d’amour et des genoux tremblants de volupté… Quand toutes les cordes de mon être mises à nu vibrèrent sous ta main, mon attachement devint si fort et si profond que je ne pus imaginer d’autre but de ma vie que de vivre avec toi… Mon corps est encore tout disloqué d’une autre fatigue terrible mais délicieuse dont je porte les stigmates en mille endroits.

Lettre de George Sand à Me de Bourges (extrait)


En citer d’autres…

WOHLLEBEN : La vie secrète des arbres (2017)

Temps de lecture : 2 minutes >
ISBN 9782352045939

Si vous lisez ce livre, je crois que les forêts deviendront des endroits magiques pour vous aussi.

Tim Flannery, auteur de Sauver le climat

Un livre passionnant et fascinant… Wohlleben est un merveilleux conteur, à la fois scientifique et écologique.

David George Haskell, auteur d’Un an dans la vie d’une forêt

L’éditeur LES ARENES écrit : “Dans ce livre plein de grâce, acclamé dans le monde entier, le forestier Peter WOHLLEBEN nous apprend comment s’organise la société des arbres. Les forêts ressemblent à des communautés humaines. Les parents vivent avec leurs enfants, et les aident à grandir. Les arbres répondent avec ingéniosité aux dangers. Leur système radiculaire, semblable à un réseau internet végétal, leur permet de partager des nutriments avec les arbres malades mais aussi de communiquer entre eux. Et leurs racines peuvent perdurer plus de dix mille ans…

Prodigieux conteur, Wohlleben s’appuie sur les dernières connaissances scientifiques et multiplie les anecdotes fascinantes pour nous faire partager sa passion des arbres. Une fois que vous aurez découvert les secrets de ces géants terrestres, par bien des côtés plus résistants et plus inventifs que les humains, votre promenade dans les bois ne sera plus jamais la même.

Peter Wohlleben a passé plus de vingt ans comme forestier en Allemagne. Il dirige maintenant une forêt écologique. Son livre a été numéro un des ventes en Allemagne avec plus de 650 000 exemplaires vendus et est devenu un étonnant best-seller aux États-Unis. Il est traduit en 32 langues.”

WOHLLEBEN Peter, La vie secrète des arbres (Paris, Les Arènes, 2017 : traduit de l’allemand par Corinne Tresca).


D’autres évoquent les approximations, les interprétations et les erreurs, comme la très sérieuse Section 2, Forêts et filière bois, de l’Académie d’agriculture de France :

“Les mots ont été pesés un à un avant la publication, le 11 septembre dernier, d’une note de lecture par la très sérieuse section 2 « Forêts et filière bois » de l’Académie d’agriculture de France, qui regroupe d’éminents spécialistes du monde de la forêt et du bois.

En substance, l’Académie reconnaît que Peter Wohlleben a fait preuve dans son ouvrage de « beaucoup de passion et d’un sens développé de la pédagogie» et que son livre soulève «de multiples questions pertinentes sur la vie des arbres au sein des forêts».

Mais la critique pointe juste après : « Nombre de réponses qu’il apporte prêtent malheureusement le flanc à la critique: sources absentes ou non vérifiables, extrapolations non justifiées, interprétations abusives et même erreurs manifestes. » En conséquence, l’Académie d’agriculture estime que le livre de Peter Wohlleben, qui a « toute sa valeur comme expression de la subjectivité militante d’une personne, ne peut être considéré comme un ouvrage de vulgarisation scientifique… »

En lire plus sur FRANSYLVA-PACA.FR (l’article est tiré d’une publication de Forêts de France, n°609 de décembre 2017)


Plus de lecture…

AZNAVOUR : textes

Temps de lecture : < 1 minute >

Parce que t’as les yeux bleus
Que tes cheveux s’amusent à défier le soleil
Par leur éclat de feu

Parce que tu as vingt ans
Que tu croques la vie comme en un fruit vermeil
Que l’on cueille en riant

Tu te crois tout permis et n’en fait qu’à ta tête
Désolée un instant prête à recommencer
Tu joues avec mon cœur comme un enfant gâté
Qui réclame un joujou pour le réduire en miettes

Parce que j’ai trop d’amour
Tu viens voler mes nuits du fond de mon sommeil
Et fais pleurer mes jours

Mais prends garde, chérie, je ne réponds de rien
Si ma raison s’égare et si je perds patience
Je peux d’un trait rayer nos cœurs d’une existence
Dont tu es le seul but et l’unique lien

Parce que je n’ai que toi
Le cœur est mon seul maître et maître de mon cœur
L’amour nous fait la loi

Parce que tu vis en moi
Et que rien ne remplace les instants de bonheur
Que je prends dans tes bras

Je ne me soucierai ni de Dieu, ni des hommes
Je suis prêt à mourir si tu mourrais un jour
Car la mort n’est qu’un jeu comparée à l’amour
Et la vie n’est plus rien sans l’amour qu’elle nous donne

Parce que je suis au seuil
D’un amour éternel je voudrais que mon cœur
Ne portât pas le deuil

Parce que
Parce que
Parce que

Paroles de Charles Aznavour, Gabriel Edmond& Gaby Wagenheim (1955)


En citer d’autres…

CASTRO : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Fidel CASTRO (1926-2016) à La Havane en 1979 (c) Getty Images

Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés ; avec le pouvoir, ils survivent rarement.


Citer encore…

HUXLEY : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Fritz LANG, Metropolis (1927)

La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage ou, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude.

HUXLEY Aldous : Le meilleur des mondes (1932)

Fritz LANG, Metropolis (1927)

Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.

DEBORD Guy, La Société du spectacle (1967)


En citer d’autres…

CORRADINI Antonio (1668–1752) : voiles

Temps de lecture : < 1 minute >
CORRADINI Antonio, La pudeur (détail du monument funéraire pour Cécilia Gaetani, Naples, chapelle Sansevero, 1752)
CORRADINI Antonio, La pudeur (monument funéraire pour Cécilia Gaetani, Naples, chapelle Sansevero, 1752)
CORRADINI Antonio, La femme voilée / La foi (?) (Paris, Le Louvre)
CORRADINI Antonio, La pureté (Venise, Ca’Rezzonico, musée du XVIIIe siècle vénitien,1717-1725)

Plus de formes…

VARGAS : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
TYTGAT Edgard (1879-1957)

Je me demande qui déraille […]. Eux, ou moi ? J’aime les femmes avec leur visage et leur permission. Eux s’empiffrent de morceaux anonymes qu’ils se payent pour dix balles. Je leur en veux. Je les emmerde.

VARGAS F., Sans feu ni lieu (Paris, Viviane Hamy, 1997)


A lire également : VARGAS : « J’ai croisé l’araignée et elle est restée dans ma tête »


En citer plus ?

REGNIER : textes

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REGNIER Mathurin (1573-1613)

J’ai vescu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loy naturelle,
Et si m’estonne fort pourquoi
La mort osa songer à moi
Qui ne songeay jamais à elle.

Les oeuvres complètes de Mathurin REGNIER, poète satirique français, sont disponibles en fac-simile dans la Gallica, sur le site GALLICA.BNF.FR : REGNIER M., Oeuvres complètes précédées de L’histoire de la satire en France par Monsieur Viollet-le-Duc (Paris, Jannet, 1853).


Pour citer encore…