[THECONVERSATION.COM, 9 janvier 2025] On associe souvent des expressions à la mode ou des pratiques comme le verlan à la jeunesse. Mais n’est-ce pas un abus de langage d’évoquer un parler “jeune” ? Y a-t-il vraiment un vocabulaire ou un usage de la syntaxe qui permettraient d’identifier des façons de s’exprimer propres aux jeunes ?
“Gadjo”, “despee”, “tchop” : ces mots sont associés, dans les discours médiatiques, à un “parler jeune”. Nombreux sont les articles qui s’arrêtent sur ce vocabulaire pour le rendre accessible aux autres générations ou encore les dictionnaires destinés aux parents qui semblent ne plus comprendre leurs ados.
Alors, ce parler jeune existe-t-il vraiment en tant que tel ? Pourrait-il être résumé à un lexique qui lui serait propre ? Plusieurs études ont été menées en linguistique sur ces pratiques langagières, mais celles-ci ne constituent pas un champ homogène, notamment parce qu’elles concernent des situations sociolinguistiques diverses.
Si nous voulons considérer l’existence d’un parler jeune, il faudrait a minima le penser au pluriel. Il n’y a pas deux personnes pour parler de la même façon et une même personne ne parle pas constamment de la même manière. Tous les individus possèdent plusieurs répertoires ou plusieurs styles, les jeunes ne font pas exception.
Définir la jeunesse : des critères biologiques ou sociologiques ?
Avant de voir s’il existe des éléments constitutifs d’un répertoire commun aux jeunes, une question se pose : qui sont ces jeunes ? Pour reprendre Bourdieu, l’âge n’est qu’une donnée biologique manipulée autour de laquelle des catégories peuvent être construites.
La catégorie “jeune” a pu être définie selon des critères d’indépendance par les démographes : fin des études, entrée dans la vie active, départ du domicile familial… Mais ces critères ne sont plus tout à fait valables aujourd’hui. La catégorie “jeunes” est largement interrogée et interrogeable.
Dans les discours médiatiques et les études linguistiques, il s’agit en réalité surtout de jeunes issus de milieux urbains, milieux multiculturels et plurilingues. Les jeunes sont souvent des adolescents. L’adolescence correspondrait à une période d’écart maximum à un français “standard”, à un français valorisé, notamment, à l’école.
Mais y aurait-il même des traits langagiers qui nous permettraient d’identifier des façons de parler propres aux personnes regroupées dans cette catégorie ? On peut s’appuyer, pour aborder cette question, sur le corpus MPF (Multicultural Paris French), un ensemble d’enregistrements (au total 83 heures) réalisés auprès de 187 locuteurs “jeunes” habitant la région parisienne.
Lexique, syntaxe, accent : des particularismes chez les jeunes ?
L’analyse des pratiques langagières de ces jeunes met en lumière plusieurs traits récurrents. Au niveau lexical, on relève des procédés comme l’apocope, ou perte d’une syllabe, dans “mytho” pour “mythomane” par exemple. On retrouve aussi le verlan, avec des mots comme “chanmé”, qui correspond à l’inversion des syllabes de “méchant”, ou encore “despee” qui cumule emprunt à l’anglais “speed” et verlanisation. À côté d’autres emprunts plus anciens, comme “kiffer” emprunté à l’arabe kiff (aimer) bien entré dans le français avec l’ajout de la terminaison “-er”, nous identifions “gadjo” emprunté au romani (“garçon”) ou “chouf”, emprunté à l’arabe et signifiant “regarde”.
Sur le plan syntaxique, peu de choses sont relevées, car il s’agit en réalité du niveau du système langagier qui est le moins souple. Si certains relèvent par exemple l’omission du “ne” dans les structures négatives (“je lui répondrai pas”), celle-ci n’est en réalité pas spécifique aux jeunes. Ce phénomène reflète davantage les usages du français parlé plus ordinaire.
Du côté de l’”accent” (regroupant la mélodie ou encore la prononciation de certaines voyelles ou consonnes), certains traits ont pu être identifiés comme l’avant-dernière syllabe qui se fait plus longue, le contour emphatique ou encore l’affrication forte des /t/ comme dans “confitchure”. Toutefois, des études montrent également que ces traits ne sont pas propres aux jeunes (c’est le cas de l’affrication ou encore du contour emphatique, nous utilisons ce dernier pour mettre en relief un élément et nous le retrouvons lorsqu’un locuteur est engagé dans l’interaction).
L’affrication, nouveau phénomène de langage (TV5 Monde, février 2024)
Hormis le débit qui pourrait être spécifique aux façons de parler jeunes (les jeunes parleraient plus vite, utiliseraient plus de mots à la minute), il faut noter que les particularismes relèvent de l’exploitation de procédés qui n’ont rien de novateur. Le verlan se retrouvait chez Renaud (“laisse béton“), les emprunts qu’on ne voit plus avec abricot emprunté, par le portugais ou l’italien, de l’arabe al-barqûq, parking emprunté à l’anglais ou encore schlinguer emprunté à l’allemand et que nous retrouvons notamment chez Hugo, dans les Misérables :
C’est très mauvais de ne pas dormir. Ça vous fait schlinguer du couloir, ou, comme on dit dans le grand monde, puer de la gueule.
Victor Hugo
Il en va de même pour les structures où le que semble omis, “je crois c’est les années soixante“. Celles-ci sont pointées du doigt et attribuées aux jeunes. Toutefois, elles aussi sont employées par des moins jeunes, comme chez ce locuteur de 40 ans “je pense ça leur fait plaisir” et nous les retrouvons dans le Roman de Renart datant de la fin du XIIe siècle : “Ne cuit devant un an vos faille” (“je ne crois pas il vous en manque avant un an“).
Effet de loupe : des façons de parler rendues visibles par les réseaux
Si les procédés n’ont rien de novateur, alors d’où vient cette impression de “parlers jeunes” ? Celle-ci repose sur un “effet loupe” ou un effet de concentration, selon la sociolinguiste Françoise Gadet. Ces parlers jeunes seraient perçus par la multiplication des particularismes : emploi du verlan, d’emprunts, du contour emphatique, etc.
L’effet loupe est lui-même renforcé par les médias ou par les discours qui mettent en avant ces phénomènes sur les réseaux sociaux. Et si l’on a l’impression que “pour cette génération, c’est plus marqué qu’avant“, c’est probablement parce que ces façons de parler sont désormais plus facilement observables. Les communications médiées par les réseaux rendent les productions linguistiques visibles à grande échelle. Ces “effets de mode” linguistiques ne sont toutefois pas exclusifs à la jeunesse actuelle. Chaque génération a ses préférences, mais rien ne disparaît tout à fait : un terme comme “daron” bien qu’ancien, traverse les époques.
1983 : Comment parlent les lycéens ? (Archive INA, 2019)
Finalement, les jeunes exploitent le système de la langue française pour l’enrichir et répondre à différents besoins. Les mots créés ne sont pas de simples équivalents de ce qui pouvait exister, mais s’en distinguent bien. Selon Emmanuelle Guerin, un “clash” (emprunt à l’anglais) prend un sens plus spécifique que choc puisqu’il évoque une confrontation verbale : “Ils menaient le clash avec la prof.” Lorsqu’il y a créations, celles-ci enrichissent le répertoire linguistique en répondant à des besoins d’identification à des groupes (ces phénomènes se retrouvent souvent dans des interactions où la connivence prime) ou d’expression.
Il n’existe donc pas un parler jeune, mais des façons de parler par des personnes catégorisées comme “jeunes”. On qualifie des façons de parler “jeune” par la présence (et surtout la concentration) de certains éléments linguistiques, ce qu’on peut retrouver chez des moins jeunes, par exemple, chez Stéphane âgé de 36 ans : “Je sais pas qui vous êtes tu vois ce que je veux dire je leur ai fait comme ça (.) genre je parfois il y a des jeunes ils ont la haine sur nous hein […] Non mais c’était eux les nejeus en vrai.“
Si certains mots utilisés par les jeunes semblent échapper aux moins jeunes, rappelons que tout le monde (y compris vous et moi) emploie parfois des termes qui peuvent être incompréhensibles pour notre entourage, notamment ceux issus de notre milieu professionnel. Il n’y a rien d’alarmant dans ces “parlers jeunes” : chaque génération a ses modes d’expression, et les quelques mots jugés incompréhensibles par les médias ne reflètent pas l’étendue des répertoires concernés.
[RTBF.BE, 25 février 2012] La Mama Roma, cabaret vedette des nuits liégeoises, a fermé ses portes. L’aventure aura duré près de 40 ans. Vendredi soir, une page de la vie nocturne liégeoise s’est tournée avec la fermeture de la Mama Roma. Ce cabaret situé dans le Carré et spécialisé dans les spectacles de transformistes a fait les belles heures de la Cité ardente. Il a permis de supprimer les ghettos en rapprochant les communautés gays et hétéros. Son propriétaire a décidé de fermer l’établissement. Le rideau est tombé sur ce lieu mythique que fut la Mama Roma. Costumes extravagants, talons vertigineux, faux cils à rallonge, strass et paillettes… Les travestis ont égayé les nuits liégeoises.
Valentine Deluxe se souvient avoir commencé comme aspirante-bigoudi. “L’aspirant-bigoudi, c’est le stagiaire. On doit faire une formation en bigoudi-perruque, avec une option hauts-talons. C’est la base du métier évidemment.” Vendredi soir, pour Laszlo, une page se tournait. “Une très lourde page… C’est dommage que ça ferme mais que voulez-vous, c’est comme ça. On ne peut rien faire d’autre. C’est une institution qui disparaît.” The Show must go on… le spectacle continue mais avec une troupe itinérante.
Patricia Scheffer et Vincent Brichet
ÉTAIT-CE BIEN EN 1978 ?
Programme du Trocadero (1986)
“Avez-vous remarqué comme il est difficile parfois de déterminer avec précision le début d’un événement ou le départ d’une aventure? L’histoire de l’aviation ou du cinéma n’a pas débuté un jour X à une heure X parce que, subitement, un avion a volé 15 mètres ou que 3 spectateurs ont vu des images animées tressauter devant leur yeux apeurés. Non, bien sûr. Avant d’en arriver là, il aura fallu une somme de hasards, de recherches, de désespoirs, de signes avant-coureurs difficiles parfois à déceler pour dire : Enfin, la grande aventure commence !
Il en est de même pour le Mama Roma Show (dans des proportions bien réduites, restons les pieds sur terre !). Dire que tout a commencé en 1978 est un peu simpliste. Il y avait déjà 15 ans que Louis faisait tordre de rire des salles entières dans des scènes comiques. Henri faisait déjà du théâtre (savez-vous qu’il est diplômé du Conservatoire d’Art Dramatique ?) et il réalisait déjà — mal ! — des petits costumes à 5 sous.
Mais ce fut effectivement en avril 78 que leur réunion put présager du futur Mama Roma Show. C’étaient des débuts héroïques ! Il fallait entasser tout un matériel hétéroclite dans une 2 CV, monter dare-dare quelque chose qui ressemblait à une scène, brancher 2 ou 3 loupiotes qui devaient servir de projecteurs, pour se faire entendre par une sono dont même Pathé-Marconi en 1870 n’aurait pas voulu. Mais l’enthousiasme était là !
Bien vite, Michel courut au secours du groupe nouveau-né pour former une équipe technique capable de régler tous ces problèmes avec l’aide de Hans-Dieter, seul homme en Belgique, probablement, à pouvoir s’appeler habilleuse.
Ils furent nombreux les restaurants, les dancings où les spectateurs purent s’esbaudir – ah! le divin mot – du spectacle du Mama Roma Show. Et encore, s’il n’y avait eu que de petits Belges qui purent profiter de l’occasion. En 1979, trois villes américaines découvraient le rire Mama Roma. A New York, San Francisco et Los Angeles, ces Américains qui ont déjà tout-vu-tout-entendu ont craqué devant les petits Belges. Mais, même les contrats les plus attirants n’ont pas pu les éloigner d’un public liégeois qui ne soupçonnait pas encore leurs capacités.
Ensuite, l’Espagne. Au pays des travestis plus-femme-que-femme, il y eut bien des yeux écarquillés à leur descente d’avion en voyant les poils ornant des poitrines larges, mais, le choc passé, ce fut le délire à Séville et Torremolinos. Parlez-en à Louis et Henri, ils passeront des nuits entières à vous raconter leurs aventures hispanoaméricaines.
Pendant ce temps, à l’Eden de Liège…
Quand ils étaient en Belgique, ils se faisaient entourer sur scène épisodiquement de Dominique, Jean-Pierre, Marc, Dany, Alain, Philippe et bien d’autres, quand un remplacement au pied levé permit à Hans-Dieter de sauter la barrière. Il était sur scène, lui qui travaillait toujours dans l’ombre, les projecteurs étaient enfin sa récompense.
Il fut suivi quelques mois plus tard par Margot (qui connaît son vrai prénom ? Patrick ?) qui, bien avant son âge, était entrée dans la légende des gargottes de Liège. Ah ! brave Margot, grande buveuse devant l’Éternel, mais avec un coeur grand comme ça, toujours prête à dégrafer son corsage (Brassens a bien dû trouver son inspiration quelque part !).
Pour le spectacle du Trocadéro en 86, le groupe s’élargira encore avec l’aide des Green Mummy’s, groupe à la personnalité bien marquée, et qui réalisera toutes les chorégraphies du Mama Roma Show.
Euryal…
Plus rien ne fait reculer les ambitions du Mama Roma Show. Il faut dire qu’il y eut 5 créations au Théâtre du Trocadéro (deux heures et demie d’éclats de rire à chaque fois), que le théâtre du Vaudeville à Charleroi les a accueillis à 8 reprises, le Casino de Chaudfontaine 6 fois (pour le bal des Hautes Études Commerciales, le bal de la Chambre des Entrepreneurs, de la Chambre des Agents Immobiliers de Belgique, etc.), le Casino de Middelkerke, qu’ils ont participé au Triathlon du Coeur en 85, qu’ils ont fêté le 40e anniversaire de la Libération de Verviers avec le Kiwanis, qu’ils se sont partagé le succès avec Paul Louka au festival Écoute, c’est du belge organisé par le Cirque Divers, qu’ils ont fait mourir de rire les journalistes sportifs invités lors du 30e anniversaire de Télé-Coo (ah! les têtes de Roger Laboureur, Guy Lemaire et les autres), sans compter toutes les salles, petites et grandes, de Visé, Hasselt, Rochefort, Verviers, Durbuy, etc., qui n’ont pu garder leur sérieux en les voyant.
Si le succès ne s’est jamais démenti en Belgique, c’est pourtant en Allemagne que le groupe a rencontré le meilleur accueil. A Cologne et à Dusseldorf pour les Hautes Instances de la Mode, c’est debout que le public les applaudit. A toutes les occasions, on les réclame. A Troisdorf, c’est l’inauguration du cinéma Hollywood, à Siegburg une foire en plein air où ils passent en vedettes, à Aix-la-Chapelle le lancement du carnaval 1986. Après avoir tant bourlingué, l’enthousiasme est resté le même, les projets sont nombreux, les espoirs encore plus fous (et permis). Si des spectacles à Panama, Mexico et Paris ne sont pas encore réalité, ils ne sont plus du domaine du rêve, les contacts sont établis et les “petits Liégeois” du Mama Roma Show ne sont pas au bout de leur chemin. Ils ont encore dans la tête des milliers de facéties à vous faire découvrir pour votre plaisir … et le leur.
MAMA ROMA SHOW: KEKSEKSA 1 ?
Comment voulez-vous donner une définition de vous-même en restant objectif ? Comment voulez-vous donner une définition de quelque chose que des milliers de spectateurs ont vu avec des yeux chaque fois différents, dans des lieux différents, à des occasions différentes? Car le Mama Roma Show est un spectacle tellement souple qu’il peut s’adapter à toutes espèces de manifestations. Les sketches courts et rapides se succèdent dans un rythme d’enfer, permettant des durées variables de 20 à 120 minutes, en une ou plusieurs parties. Un spectacle souple qui peut se produire dans de petites et de grandes salles, parfait pour assurer des diners-spectacles en restaurants, pour animer des soirées dansantes dans les bals ou les discothèques, et même pourquoi pas, en privé. Comment voulez-vous donner une définition d’un spectacle toujours en évolution ? Si le personnel de scène reste le même (il serait impossible de se passer d’un des composants du groupe), les sketches s’affinent sans cesse et se renouvellent régulièrement laissant libre cours à l’imagination et l’improvisation.
L’improvisation ! Bien sûr toute relative, mais il faut voir Louis improviser suivant son humeur et les réactions du public, une Flamande bon pied bon oeil toute droite sortie de ses préoccupations agricoles. Une composition à chaque fois différente mais n’ayant qu’un but : vous faire rire. Le rire est d’ailleurs le maître-mot du Mama Roma Show. Impossible de résister, inutile de se pincer pour avoir mal, la rate va se dilater. Du début à la fin du spectacle, c’est une série de coups de poing pacifiques et drôles qui peut vous entraîner jusqu’à l’épuisement si vous vouliez résister. Le rire, le propre de l’homme-femme. Car le Mama Roma Show est aussi un spectacle de travestis. Non pas comme les travestis ambigus, pailletés et emplumés que l’on connaît généralement. C’est un spectacle de travestis disons non conventionnels, ne dédaignant pas les beaux costumes et la belle mise en scène, mais dont le principal attrait est de ne jamais se prendre au sérieux. C’est un festival d’auto-dérision qui prend le spectateur à contre-pied et le plonge dans une connivence directe, et qui établit un contact sensible entre la scène et la salle. D’ailleurs, si les fous rires sont nombreux dans la salle, il en est de même sur scène.
MAMA ROMA SHOW : KEKSEKSA 2 ?
L’artiste s’amuse autant que le spectateur, c’est peut-être là la clé du succès du Mama Roma Show.
La Grosse Bertha…
Comment définir un spectacle pareil, puisque le rire est indéfinissable ? Ce qui fait rire une personne peut faire pleurer une autre. Mais le Mama Roma Show est construit à plusieurs niveaux. Du rire franc et généreux au 1er degré, du rire subtil au 2e degré, et pour le 3e degré un clin d’oeil toutes les dix secondes. Certains psychologues et politiciens (l’un n’étant pas nécessairement l’autre) y ont vu des choses qui nous avaient totalement échappé. Le côté visuel du comique est très appuyé, ce qui permet au Mama Roma Show d’être une attraction de niveau international, tant au point de vue de la qualité que de la compréhension du comique. Le Mama Roma Show, il faut l’avoir vu, c’est un spectacle d’ambiance, vif, endiablé, et par-dessus tout d’une drôlerie irrésistible.
Le rire, simple et bonne chose de la vie, est aussi nécessaire que le pain et le vin. Simple, voire ! Le spectateur qui pleure de joie ne pensera jamais aux heures de répétitions et de préparation d’un sketch. Si certains sont prêts en quelques heures (l’étincelle jaillit parfois rapidement, tellement évidente), d’autres nécessitent des costumes compliqués, des répétitions, des essais, des changements, puis des représentations en public qui lui permettent d’évoluer et de trouver enfin sa ligne forte. Le spectateur ne pensera jamais aux efforts consentis pour son plaisir, aux désespoirs qui nous atteignent parfois quand on ne réussit pas d’emblée à trouver le bon truc, aux heures de maquillage, aux recherches et aux problèmes techniques, il ne verra que son bonheur.
Il est vrai que tout ce qui se passe derrière le rideau n’a aucune importance. C’est le résultat final que le spectateur gardera en mémoire. Quand nous vous voyons, vous le public, partir après une représentation le rire aux lèvres, l’oeil humide de bonheur, nous pensons : “En voilà encore qui, ce soir, vont bien dormir, heureux et contents.” Et c’est cela qui nous permet de nous coucher. Heureux et contents…”
Cliquez ici…
Pour lire la suite, téléchargez le PDF OCR du programme (bien illustré) du spectacle de 1986 au Trocadero de Liège, sur notre DOCUMENTA… Vous y trouverez la distribution complète du show avec Louis, Hans-Dieter, Patrick, Philippe, Eugène, Henri et pire encore…
[ICELANDAIR.COM, 4 décembre 2024] Pays de passionnés de lecture, l’Islande imprime plus de livres par habitant que tout autre pays au monde, avec plus de 50% des Islandais lisant plus de huit livres par an. Il n’est donc pas surprenant que l’une des traditions de Noël les plus appréciées d’Islande tourne autour de la lecture. Le Jólabókaflóð, dont la traduction la plus proche serait “déluge de livres de Noël”, est une célébration littéraire de Noël qui commence par l’impression d’un catalogue à la mi-novembre et se termine par le don, la distribution et la lecture de nouveaux livres la veille de Noël.
Pendant la 2ème Guerre mondiale, lorsque les cadeaux étaient rares et chers au moment de Noël, le papier était l’un des rares produits de luxe non rationnés. Ainsi, non seulement l’impression de livres était à la fois abordable et accessible, mais les livres constituaient l’un des rares cadeaux que les familles pouvaient s’échanger pendant la période des fêtes.
Lorsque la guerre a pris fin et que d’autres produits de luxe sont redevenus disponibles, la tradition qui était devenue si appréciée s’est poursuivie et reste un incontournable du calendrier de Noël islandais. Les célébrations annuelles du Jólabókaflóð commencent par la publication et la distribution du Bókatíðindi, un catalogue des nouvelles publications de l’Association des éditeurs islandais, distribué gratuitement à l’automne dans tous les foyers d’Islande. Les Islandais choisissent ensuite des livres pour leur famille et leurs amis, échangent les titres qu’ils ont choisis la veille de Noël et passent le reste de la soirée à les lire (…)
[CAMPINGCARISLANDE.FR, 20 février 2024] Imaginez-vous assis près d’un feu douillet la veille de Noël, entouré de votre famille et de vos amis, attendant avec impatience d’échanger des cadeaux. Mais au lieu des jouets, gadgets ou chaussettes habituels, vous recevez un livre joliment emballé. C’est la tradition islandaise du Jolabokaflod, où les livres occupent une place centrale pendant la période des fêtes. Cette tradition unique fait partie intégrante de la culture islandaise depuis des décennies. Il est chaque année très attendu par les petits et les grands. Aujourd’hui, les Islandais célèbrent Jolabokaflod en échangeant des livres la veille de Noël et en passant la nuit à lire au coin du feu avec une tasse de chocolat chaud. Dans cet article, nous explorerons l’histoire et la signification de Jolabokaflod. Vous découvrirez comment c’est devenu une tradition littéraire appréciée en Islande.
Qu’est-ce que Jolabokaflod ?
Jolabokaflod implique l’échange de livres en cadeau la veille de Noël. La tradition du Jolabokaflod est suivie d’une soirée de lecture et de dégustation de friandises festives telles que du chocolat chaud et des chocolats islandais traditionnels. Aujourd’hui, Jolabokaflod est un événement très attendu en Islande , avec la sortie de nouveaux livres programmée pour coïncider avec la période des fêtes. Il célèbre la lecture et la culture littéraire et fait désormais partie intégrante des célébrations de Noël islandaises.
Comment prononcez-vous Jolabokaflod ?
Jolabokaflod, la tradition islandaise d’échange de livres de Noël, porte un nom unique qui peut être difficile à prononcer pour ceux qui ne connaissent pas la langue. Même si la prononciation peut sembler intimidante, elle est relativement simple une fois que vous connaissez les astuces. Le principal conseil pour prononcer Jolabokaflod est de faire en sorte que le J initial ressemble davantage à un son “I”. À partir de là, les syllabes doivent être espacées au fur et à mesure. On dirait presque que vous dites “une joyeuse inondation de livres“, mais pas tout à fait. Vous pouvez écouter la prononciation sur YouTube ou d’autres ressources pour mieux comprendre. Avec un peu de pratique, vous pourrez bientôt impressionner vos amis islandais avec votre prononciation correcte de Jolabokaflod.
Quelle est l’histoire derrière Jolabokaflod ?
L’histoire de Jolabokaflod est enracinée dans l’amour de l’Islande pour la littérature et ses traditions de Noël uniques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le papier était l’un des rares articles non rationnés en Islande, permettant ainsi la poursuite de l’impression de livres et de journaux. En conséquence, les Islandais offraient habituellement des livres en cadeau pendant la période des fêtes.
Le terme Jolabokaflod se traduit par “inondation de livres de Noël“. Il fait référence à la période précédant Noël, lorsque les éditeurs inondent le marché de nouvelles sorties de livres. Dans les semaines précédant le réveillon de Noël, les librairies et les bibliothèques de tout le pays sont remplies de gens qui parcourent et achètent des livres pour offrir à leurs proches.
Après le traditionnel repas de fête du réveillon de Noël, les familles échangent des livres et passent le reste de la soirée à lire au coin du feu. Cette tradition chaleureuse est devenue un élément essentiel des célébrations de Noël islandaises. C’est un témoignage de l’amour du pays pour la littérature et de l’importance de la narration dans leur culture.
Quand est Jolabokaflod ?
Jolabokaflod est célébré chaque année la veille de Noël en Islande, le 24 décembre . Cette date est le principal jour de célébration des fêtes du pays et marque le début de la saison de Noël. Les familles se réunissent généralement pour un repas de fête la veille de Noël et échangent des cadeaux peu de temps après. Vient ensuite l’échange de livres, qui sont ouverts et lus ensemble pour le reste de la soirée. C’est une tradition chaleureuse et intime, où de nombreuses familles passent la soirée à lire au coin du feu ou aux chandelles.
Les semaines précédant le réveillon de Noël sont également passionnantes en Islande , avec des librairies et des bibliothèques faisant le plein de nouveautés et de classiques en prévision des fêtes de fin d’année. La tradition du Jolabokaflod est devenue une partie importante de la culture islandaise, et l’anticipation et l’enthousiasme qui y ont conduit sont perceptibles partout.
L’Islande et sa tradition du livre de Noël
Les livres islandais la veille de Noël font désormais partie intégrante de la culture islandaise. Cette nation nordique a l’une des consommations de livres par habitant les plus élevées au monde, et il n’est pas surprenant de savoir pourquoi. Le pays a produit de nombreux auteurs de renommée mondiale, comme Halldór Laxness, qui a remporté le prix Nobel de littérature en 1955.
Pour les Islandais, les livres ont toujours été un moyen d’échapper aux rigueurs de l’hiver et de passer les longues et sombres nuits. C’est une tradition qui a résisté à l’épreuve du temps et qui reste aujourd’hui un élément essentiel de la culture islandaise […].
Décoration et préparation du Jolabokaflod
En préparation de Jolabokaflod, les familles décorent leurs maisons avec des décorations festives et se préparent à l’arrivée des livres. Des bougies sont allumées dans chaque pièce pour créer une atmosphère chaleureuse et de la musique de Noël joue en fond sonore. L’impatience grandit alors que les membres de la famille attendent avec impatience l’échange de livres.
Quand vient le temps d’échanger des cadeaux, tout le monde se rassemble autour du sapin et ouvre ses cadeaux à tour de rôle. Chaque livre est soigneusement déballé et admiré avant d’être lu à haute voix par son destinataire. Une fois tous les livres ouverts, tout le monde déguste un chocolat chaud ou un café tout en lisant ensemble ses nouveaux livres […].
[THECONVERSATION.COM, 8 décembre 2024] Les cadeaux de Noël sont-ils une invention de la société de consommation ? Dans la Grèce antique déjà, les enfants recevaient des jouets en fin d’année. Petit voyage historique.
Le retour des fêtes de Noël amène beaucoup d’entre nous à se lancer à la recherche de jouets à offrir aux enfants, les nôtres, ou ceux de nos proches et amis. Nous avons souvent entendu dire que, “dans le temps”, certains ne recevaient à Noël qu’une orange. Alors, les jouets à Noël, ce serait tout récent, et réservé aux plus riches ?
Pour répondre à cette question, il faut la décomposer en plusieurs points. Depuis quand offre-t-on des jouets en fin d’année, et à quel moment, pour quelles fêtes ? Qui donnait les jouets avant qu’on ne crée le Père Noël ? Et pourquoi – et comment – celui-ci est-il devenu le principal distributeur de cadeaux ?
Si nous voulons y voir plus clair, il faut revenir plus de deux millénaires en arrière, et refaire le parcours de l’offrande de jouets, de la Grèce antique à nos jours.
Dès l’Antiquité, des jouets en fin d’année
Lorsqu’on était enfant à Athènes, au Ve siècle avant J.-C., on pouvait recevoir des jouets en fin d’année, c’est-à-dire en février dans le calendrier de l’époque. Les jouets étaient offerts à l’occasion de deux fêtes, les Anthestéries (fête de Dionysos) et les Diasies (fête de Zeus), en souvenir de ces dieux ayant reçu des jouets dans leur enfance. Dès cette époque, il s’agissait de jouets du commerce comme l’atteste Aristophane, dans Les Nuées, pièce jouée en 423 avant J.-C.
Les petits Romains en recevaient au mois de décembre dans une journée des Saturnales appelée les Sigillaria. On jouait aux noix, ancêtres de nos billes, pendant cette période. Pour les étrennes, ce sont des cadeaux d’argent qui accompagnent les vœux pour la nouvelle année, fête sociale et non familiale.
Le christianisme antique n’est pas à l’origine du don de jouets aux enfants lors de la fête de la Nativité dont la date n’est fixée qu’au IVe siècle, période où le 25 décembre reste en concurrence avec le 6 janvier, l’Épiphanie. Le caractère sacré de ces fêtes s’accommoderait mal de la frivolité des joujoux. Pour que l’enfant devienne important, il faudra de longs siècles d’humanisation de la “Sainte Famille” qui réduira l’écart entre le sacré et le profane. En témoigne l’émergence d’un culte de Saint Joseph, devenant au XVe siècle un père “moderne”, lavant les langes de son fils et faisant la cuisine.
À la Renaissance, les fêtes de fin d’année font une plus grande place aux enfants, lors de la fête des Saints Innocents (28 décembre), celle de Saint Nicolas (6 décembre), et lors des étrennes.
Des jouets aux étrennes
C’est au XVIe siècle que semble se mettre en place un élément fondamental : des donateurs sacrés, extérieurs à la famille, offrent des jouets aux enfants, et les parents s’effacent derrière eux. Il faut bien comprendre l’importance de ce fait : en s’effaçant, les parents déchargent les enfants du fardeau de la reconnaissance, ils procèdent à un don “pur”, qui n’attend rien en échange.
N’allons pas croire que le phénomène se généralise et existe partout au XVIe siècle, il vient juste de poindre, et les donateurs sacrés sont loin de concurrencer les parents qui font leurs cadeaux essentiellement aux étrennes. Mais commençons d’abord par Saint Nicolas et l’Enfant Jésus.
Dès la première moitié du XVIe siècle, des témoignages nous apprennent que Saint Nicolas apportait jouets et friandises aux enfants, et même Martin Luther, qui s’oppose au culte des saints, note dans ses dépenses de décembre 1535 l’achat de cadeaux pour ses enfants et ses domestiques le jour de la fête de Saint Nicolas. Même en pays protestant, comme la Hollande, le culte de ce saint persiste et quatre tableaux de Jan Steen et Richard Brackenburg, situés entre 1665 et 1685 témoignent d’une fête familiale où nous trouvons déjà une parte des rituels de Noël : famille réunie, chaussures dans la cheminée par où arrivent les jouets.
D’autres pays protestants, comme l’Allemagne et la Suisse, et une région comme l’Alsace, font de l’Enfant Jésus le donateur. Des archives à Strasbourg le montrent dès 1570, dans un sermon de Johannes Flinner, et la ville supprime la Saint-Nicolas tout en gardant le marché des 5-6 décembre avant d’établir le marché de Noël, le Christkindelmarkt, sur la place de la cathédrale.
Le pasteur Joseph Conrad Dannhauer évoque ces cadeaux aux enfants comme “une belle poupée et des choses semblables“, et il atteste la présence du sapin “on y suspend des poupées et des sucreries“, s’indignant du fait que les prières des enfants sont remplies de demandes très matérielles. La fête familiale plus profane que religieuse n’est pas loin !
Mais dans la France catholique des XVIIe et XVIIIe siècle, ce sont les étrennes qui sont le moment privilégié d’offrandes de cadeaux au bénéfice de la famille et des enfants. Les comptes royaux l’attestent, comme ceux de Maris de Médicis en 1556, et le témoignage d’Héroard sur les étrennes reçues par le petit Louis XIII.
La coutume existait aussi dans la petite bourgeoisie, et à Paris, à la fin de l’année, des baraques sur les trottoirs offrent à la convoitise des enfants de petits jouets et des sucreries. Ainsi, le don de jouets aux étrennes va de pair avec le commerce de jouets, et celui-ci augmente en suivant la progression de la sensibilité à l’enfance.
Au XVIIIe siècle, la production de jouets monte en puissance, atteignant des millions d’objets par an dans les années 1770-1780 comme nous l’avons montré à partir des archives. À partir de 1760, les “Annonces, Affiches et Avis divers de la Ville de Paris” nous font connaître les meilleures boutiques de jouets de la capitale. Un passage de L’Ami des Enfants d’Arnauld Berquin nous montre, la veille du Jour de l’An, une table couverte de jouets et brillamment éclairée, ce qui est proche de la mise en scène allemande des étrennes décrite par E.T.A. Hoffmann en 1816 dans Casse-Noisette et le roi des rats. Ainsi se met en place une ritualisation familiale de la fête des étrennes en faveur des enfants qui préfigure la future fête de Noël.
Au XIXe siècle, de nombreux donateurs
Le don de jouets aux enfants reste majoritairement situé aux étrennes, même si Saint Nicolas est présent dans le nord et nord-est de la France mais de nouveaux donateurs apparaissent, liés à des cultures populaires, comme la Befana, sorcière qui vient à l’Épiphanie, et les Trois Rois Mages à la même date en Sardaigne et en Espagne.
Des personnifications profanes apparaissent, peu documentées par des travaux sérieux : le Père Janvier pour les étrennes, le Bonhomme Noël ou Père Noël en France, le Father Christmas anglais et le Weihnachtsmann allemand, qui surgissent avant le Père Noël américain issu de Santa Claus.
Décoration de Noël
C’est un petit homme grassouillet, doté d’une houppelande rouge à revers de fourrure blanche, habitant le pôle Nord, très humain, serein, rassurant, joyeux, porteur de valeurs positives, familières, universelles, qui invitent à la fête toutes les couches sociales. Son image s’impose fin XIXe siècle en Angleterre, au début du XXe siècle en France et va l’emporter sur les anciens donateurs car elle permet un syncrétisme efficace.
Sa réussite ne se comprend que parce qu’elle s’appuie sur l’évolution de la place de l’enfant dans la famille et dans la société, et sur la croissance de l’industrie du jouet confortée par la révolution commerciale des Grands Magasins. Ainsi, les étrennes sont devenues une fête commerciale des jouets, depuis le marché du Pont-Neuf (1815-1835) jusqu’à l’apparition des rayons spécialisés de jouets dans les Grands Magasins à partir de 1880.
C’est dans ces années 1880-1885 que Noël s’impose vraiment comme fête où l’on offre des jouets aux enfants, même si les commerçants visent une période plus large, incluant Noël et les étrennes. Les affiches, les catalogues des Grands Magasins diffusés à des centaines de milliers d’exemplaires, les mises en scène de Noël dans leurs vitrines, tout cela pénètre la culture enfantine, contribuant à faire l’éducation des jeunes consommateurs. Il y a là une démocratisation du modèle bourgeois de consommation, proposé comme un nouvel art de vivre, une “shopping culture”.
La consommation de jouets s’intègre dans la mise en scène de la fête religieuse transformée en mythe, mais cette fête commerciale ne remplace pas la fête familiale, elle y contribue, car sans le système du commerce, le système du don ne pourrait se développer.
Pour que le don de jouets aux enfants soit devenu le cœur du Noël moderne, il a fallu une transformation de notre imaginaire, qu’on doit en grande partie au romantisme allemand relayé en France par Baudelaire et Victor Hugo. Quand Jean Valjean offre à Cosette la plus belle poupée de la baraque de jouets, c’est le plaisir de l’enfant qui est au centre de ce Noël.
“L’Amoureux est la sixième lame du Tarot de Marseille. Il représente un jeune homme entre une femme âgée et une jeune femme avec au dessus de lui un chérubin qui va tirer une flèche vers son cœur. Le symbole du chérubin est l’ouverture du cœur, le jeune homme découvre l’amour et l’univers des sentiments. L’Amoureux symbolise l’expression de ses sentiments. Le consultant apprend à connaître ce qu’il ressent et le partage avec son entourage. L’Amoureux exprime ce qu’il ressent et cela est bien accueilli par ses proches. L’Amoureux attire et développe des relations. L’Amoureux est une image de la rencontre et de l’échange affectif avec des personnes qui sont ou qui deviennent des proches. Il est question d’une intimité et d’une douceur de vivre. Avec L’Amoureux les situations sont agréables et les relations sont faites de tendresse. On aime et on se sent aimé. De plus L’Amoureux exprime la capacité de faire les choix du cœur. Dans sa face sombre, L’Amoureux est une image de souffrance et de désamour. Les sentiments deviennent douloureux. C’est aussi la difficulté de faire un choix. Le consultant reste dans l’hésitation et se retrouve bloqué. C’est une incertitude et un balancement entre des options sans parvenir à une décision.” [d’après ELLE.FR]
Lame droite : Grande passion, née le jour = union, mariage.
A côté – LE BATELEUR (droite) Hésitations sur décisions à prendre.
A côté – LE CHARIOT : Les projets seront anéantis, cause départ. Révélation d’infidélité. Trahison.
Lame renversée : Gros rhume. Fièvre.
A côté – LE BATELEUR (renversé) : Rupture pour cause indécision.
1. L’Amoureux ou le choix et l’engagement (Tarot de Marseille, Christiane Laborde)
L’arcane six du tarot de Marseille représente un jeune homme, surmonté d’un Cupidon ailé armé d’une flèche, face à deux jeunes femmes qui sollicitent, toutes les deux, son attention. La scène peut évoquer un épisode de la mythologie gréco-romaine connu sous le nom du choix d’Hercule. Une fois son éducation terminée, le jeune héros rencontre, à un croisement de routes, deux jeunes femmes, nommées Plaisir et Vertu. Plaisir incarne la recherche du plaisir des sens et de l’amour, source de satisfactions immédiates mais éphémères, et Vertu, la quête austère d’une gloire future. Hercule choisit de suivre Vertu et réalise les exploits qui assureront sa notoriété pour la postérité. Il fait ainsi un choix déterminant qui engage sa vie et sa destinée, ce qui correspond au message transmis par l’arcane de L’Amoureux. Certains tarots nomment parfois cet arcane Les Amants, représentés par un couple également surmonté d’un Cupidon. Mais que l’arcane mette en scène un jeune homme face à deux jeunes femmes ou un couple d’amoureux, l’arcane VI concerne toujours les relations amoureuses, d’autant que Cupidon est le fils de Vénus, la déesse de l’Amour.
L’enfant Bateleur est désormais devenu adolescent (même costume bariolé et même blondeur). Une fois son éducation achevée, il s’ouvre à la découverte de l’amour et choisit d’y consacrer sa vie.
Le nombre six
Étymologiquement, six et sexe ont la même racine. L’arcane six de L’Amoureux concerne le domaine de la vie amoureuse et inclut la sexualité, ce qui signifie que la voie du tarot n’est pas une voie d’ascétisme. Le message de l’arcane va cependant au-delà d’une simple incitation au plaisir des sens, car le nombre six est aussi le nombre dédié à l’harmonie, la beauté et l’amour.
Le nombre six est celui du sceau de Salomon. Il représente une étoile à six branches, constituée par l’imbrication de deux triangles inversés, dont l’un a la pointe orientée vers le haut et l’autre vers le bas. Cette figure géométrique, dont les représentations les plus anciennes datent de quatre mille ans avant notre ère, symbolise l’harmonisation des principes opposés obtenue par le dépassement des oppositions qui la constituent, particulièrement celles du masculin et du féminin. Une énergie nouvelle peut alors naître de leur complémentarité, comme l’union de l’eau et du feu libère l’énergie de la vapeur.
Interprétation symbolique de L’Amoureux
La connotation amoureuse de l’arcane six laisse penser que l’amour ouvre une voie vers un état de conscience supérieur. Lorsqu’il est sublimé, il devient un chemin vers le divin (y compris dans son aspect sexuel). C’est le message de l’amour courtois chanté par les troubadours du Moyen-Age et par les poètes de la Renaissance. Ils décrivent l’amour entre un homme et une femme comme le premier degré de la voie qui conduit à l’amour divin. C’est aussi le message transmis par le tantra, pratique initiatique sacrée à la fois physique et spirituelle. Cette conception de l’amour sert de terreau au message de L’Amoureux.
Invitation de L’Amoureux
Comme Pétrarque et Laure, Dante et Béatrice et, avant eux, les amants courtois de la fin’amor, L’ Amoureux du tarot est invité à s’engager, corps et âme, dans la voie de l’amour et à lui consacrer sa vie. Cet élan amoureux doit cependant être dépouillé de sa dimension possessive pour tendre vers une conception plus élevée de l’amour, seule capable de combler le besoin d’élévation et de fusion avec le divin qui s’exprime à travers lui.
Car l’expérience amoureuse rapproche l’être du mystère de la création. Elle ne se limite pas aux relations sexuelles, mais se caractérise par une ouverture du coeur. Elle invite à rechercher la beauté dans toutes les relations humaines et toutes les créatures vivantes – végétales et animales-, mais aussi dans les arts, la culture et tout ce qui élève l’âme et permet de cultiver l’harmonie, en soi et autour de soi.
Prière Navajo
Maintenant va de l’avant comme quelqu’un qui a la longue vie,
Va de l’avant comme quelqu’un qui est heureux,
Va avec le bonheur et la longue vie,
Va mystérieusement.
Pour les Indiens Navajos, marcher dans la beauté, principalement celle de la Nature, est un chemin spirituel, en harmonie avec l’Univers.
L’arcane affirme le libre arbitre de L’Amoureux qui, pour la première fois, choisit, en conscience, l’orientation qu’il veut donner à sa vie en s’engageant dans la voie de l’amour.
Ombre de L’Amoureux
L’amour conditionnel, la possessivité, la jalousie ou encore le chantage et la manipulation sont les manifestations de l’aspect négatif de L’Amoureux.
L’arcane peut suggérer l’immaturité affective (L’Amoureux est encore un adolescent). Cette absence de confiance en soi peut aussi révéler la peur d’aimer, par crainte de souffrir et empêcher de vivre des relations basées sur l’acceptation et le respect de l’autre, particulièrement dans la relation amoureuse.
L’Amoureux peut encore mettre en lumière les doutes qui empêchent de faire des choix engageant sa vie. Car tout choix entraîne un renoncement, et il ne peut exister de choix sans renoncement librement accepté – sous peine de frustration.
L’Amoureux et nous
L’Amoureux nous encourage à prendre nos décisions en conscience, dans l’ouverture du coeur, sans subir les influences de nos vies passées, de notre famille et de la société. Il nous invite à être libres et à vivre intensément en saisissant toutes les opportunités de manifester les élans de notre coeur. De nos choix dépend notre progression.
Dans un tirage
Sens général. L’Amoureux est l’arcane du choix et de l’engagement. Lorsqu’il se présente dans un tirage, c’est pour indiquer que la personne se trouve devant la nécessité de prendre une décision qui engage sa vie. Il peut s’agir d’une relation amoureuse, ou plus largement d’une situation où elle est invitée à suivre l’élan de son coeur et à rechercher ce qui peut lui procurer le plus de plaisir et de satisfaction.
Plan personnel. L’arcane de L’Amoureux invite à cultiver l’harmonie en soi, autour de soi et avec les autres, particulièrement dans ses relations amoureuses ce qui n’est possible que lorsgu’on a pacifié les conflits qui existent en soi. Pour aimer et accepter l’autre dans toute sa complexité, il faut d’abord s’aimer et s’accepter soi-même.
Plan spirituel. L’Amoureux invite à s’engager dans la voie de l’ouverture du coeur comme dans une voie spirituelle menant à la fusion avec les énergies supérieures de l’Amour et de la Beauté.
2. L’Amoureux ou Le choix de l’amour (Intuiti)
Le jeune Werther découvre son amour pour Lottie quand il est encore dans son carrosse, avant même qu’il ne la rencontre pour la première fois. Même si l’on pouvait conclure à une intervention divine, en réalité, c’est le jeune homme qui décide de tomber amoureux : il croit que la seule voie pour vivre sa liberté passe par Lottie. C’est bien de cela qu’il s’agit : choisir la bonne voie, celle qui nous rendra heureux en fin de compte, même s’il nous faut renoncer aux autres choix, même si le chemin choisi semble le plus risqué ou le plus difficile. Découvrir ce que nous aimons réellement peut sembler dangereux, cela nous mène souvent à des carrefours périlleux, avec, d’une part, les choix faciles ou sans danger et, d’autre part, le courage nécessaire pour renoncer à la conformité et emprunter notre vraie voie.
C’est le moment du choix : “Qu’est-ce que j’aime le plus ? Qu’est-ce qui me retient ? Qu’est-ce qui me fait ressentir si fort que c’est là le chemin à emprunter ?“
Vous aimerez cette carte si vous avez dépassé ce conflit, si vous avez déjà déterminé ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, et que vous en êtes sorti indemne. A contrario, cette carte est angoissante pour ceux qui ont peur de devoir faire ce genre de choix : “Dois-je quitter mon job qui me fait tant souffrir ? Mais que vont dire les gens ? Que vont penser mes parents ?” L’Amoureux nous pousse vers ce que nous aimons mais nous invite aussi à réfléchir : “Est-ce que j’aime réellement ce que je fais ? Et si j’aime ça, pourquoi suis-je si fatigué ? Qu’est-ce qui me manque ?“
L’HISTORIETTE. Un beau matin, elle laisse tomber son sac sur le sol et part en courant. Elle quitte sa maison, son travail et ses amis. Sur la route, elle rencontre un cheval et continue à galoper jusqu’au moment où elle quitte le sol. Son coeur bat bien trop vite pour qu’elle s’arrête. Ce n’est pas qu’elle vole dans les airs : simplement, elle retrouve sa vraie nature.
LA RECOMMANDATION : “Faites-le à votre manière ou ne le faites pas !“
3. L’Amoureux (Jodorowsky)
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EXTRAIT : “Union. Vie émotionnelle. Le nom de cette carte n’est pas, comme on l’a parfois dit, Les Amoureux mais L’Amoureux au singulier. Pourtant nous y voyons plusieurs personnages : quatre de forme humaine (les trois personnes et l’ange) et, si on le veut bien, deux entités qui sont la terre et le soleil. Parmi eux, qui est L’Amoureux ? Le personnage central, souvent interprété comme un garçon ? Le personnage de gauche, dans lequel certains lecteurs voient un travesti ? Ou encore l’ange, ce petit Cupidon qui pointe sa flèche depuis le ciel ? Ces questions se posent car l’Arcane VI est probablement, avec La Maison Dieu, l’une des cartes les plus ambiguës du Tarot, et une de celles qui ont été le plus mal comprises. Le VI représente, dans la numérologie du Tarot, le premier pas dans le carré Ciel. C’est le moment où l’on cesse d’imaginer ce qui nous plairait pour commencer à faire ce que l’on aime.
La tonalité majeure de cette carte concerne le plaisir, la vie émotionnelle. C’est la raison même pour laquelle elle est si complexe, si riche de significations contradictoires. Elle ouvre le champ à d’innombrables projections, on peut lui attribuer mille interprétations qui seront toutes justes à un moment donné. Que se passe-t-il au sein de ce trio ? Est-ce une querelle, un marchandage, un choix, une union ? Les deux personnages de gauche se regardent pendant que celui de droite regarde dans le vide. L’humanité entière peut être comprise à travers cette carte. Les relations de ses protagonistes sont extrêmement ambivalentes.
La position des mains des personnages est particulièrement intéressante à observer. Cinq mains dans des positions diverses symbolisent la complexité des relations en jeu. Le premier personnage, à gauche de la carte, pose sa main droite sur l’épaule du deuxième, dans un geste de protection ou de domination, pour le pousser ou le retenir. Sa main gauche touche le bas du costume du garçonnet. On peut interpréter le mouvement de son index tendu comme un désir de glisser vers le sexe, ou au contraire un interdit à le faire. Le garçon a sa main droite (à notre gauche) appuyée contre sa ceinture. On note au passage que celle-ci, jaune à trois bandes, est la même que celle de la femme de gauche. Si l’on admet la ceinture comme symbole de la volonté, ce détail unit les deux personnages. Mais à qui appartient la main, à notre droite, qui touche le ventre de la jeune femme ? Le garçon et elle-même ont un vêtement à manches bleu foncé, si bien le mouvement de ce bras est ambigu. Ils font en quelque sorte « bras commun». Si le garçon touche le ventre de la jeune fille au niveau du sexe, la direction de son regard va cependant vers la gauche. La carte aura une signification bien différente si l’on considère que c’est son bras à elle qui protège ou indique son ventre alors que le garçon garde sa main dans le dos…
La femme de droite porte une coiffe composée de quatre fleurs à cinq pétales. Elle pourrait représenter une belle conscience poétique et néanmoins solide. Le coeur violet des fleurs concentre la sagesse de l’amour, voire la capacité de se sacrifier. La femme de gauche porte une couronne de feuilles vertes, active (la bande rouge), et si l’on accepte qu’il s’agit de laurier, on peut dire qu’elle a une mentalité de triomphatrice ou de dominatrice.
On peut spéculer à l’infini sur les relations des trois personnages : un garçon qui présente sa fiancée à sa mère ; une femme qui découvre son mari avec une maîtresse; un homme tenu de faire un choix entre deux femmes ou, comme le veut l’interprétation traditionnelle, entre le vice et la vertu ; une maquerelle offrant prostituée à un passant ; une jeune fille qui demande à sa mère la permission d’épouser le garçon qu’elle a choisi ; une mère amoureuse de l’amant de sa fille ; une mère préférant l’un de ses deux enfants à l’autre…
Les interprétations sont inépuisables. Toutes nous conduisent à dire que L’Amoureux est une carte relationnelle qui représente le début de la vie sociale. C’est le premier Arcane où il y a plusieurs personnages présentés au même niveau. Les disciples du Pape étaient plus petits que lui et de dos). C’est une carte d’union et de désunion, de choix sociaux et émotionnels. Plusieurs indices présents dans la carte orientent vers la notion d’union. D’une part, le chiffre 6 dans l’alphabet hébreu est associé à la lettre Vav, le clou, qui représente l’union. D’autre part, on remarque entre les jambes des personnages des taches de couleur (bleu ciel puis rouge) qui représentent, elles aussi, une continuité, une union entre eux. Sur un plan symbolique, on pourrait dire que les trois personnages représentent trois des instances de l’être humain : l’intellect, le centre émotionnel et le centre sexuel qui s’unissent pour ne faire qu’un.
La terre est labourée sous les pieds des personnages. Cela signifie que, pour arriver au VI, il faut avoir fait un travail préalable, psychologique, culturel et spirituel. C’est ainsi que l’on en arrive à réaliser ce que l’on aime, ce que l’on veut. Les chaussures rouges du personnage central sont les mêmes que celles du Mat et de l’Empereur : on peut les considérer comme trois degrés d’un même être. On note aussi que, entre ce personnage et sa voisine du côté droit, la terre s’arrête, il n’y a que la tache rouge. On peut alors voir en eux une représentation de l’animus et l’anima, deux aspects masculin et féminin d’une seule personne.
L’orthographe AMOVREUX avec le ‘V’ à la place du ‘U’ crée un lien visuel et sonore avec le mot Dieu de LA MAISON DIEV. On pourrait dire que le soleil, qui verse ses rayons sur la scène, représente le grand Amoureux cosmique, la divinité comme source d’amour universel qui nous conduit à l’amour conscient et inconditionnel. Le petit Éros lui sert de messager et nous suggère, étant représenté sous les traits d’un enfant, que cet amour se renouvelle constamment.
Dans une lecture
Cette carte ambiguë nous incite à nous questionner sur notre état émotionnel : comment va notre vie affective ? Sommes-nous en paix ou en conflit ? Faisons-nous ce que nous aimons ? Quelle place l’amour a-t-il dans notre vie ? La situation qui nous occuppe a-t-elle des racines dans notre passé, et lesquelles ? On peut s’interroger sur la place qui nous a été attribuée au sein de la famille, travailler à identifier les projections que nous reportons sur notre entourage actuel. L’Amoureux sera, au choix, un des personnages de la carte, dont les relations pourront être commentées par le (la) consultant(e). Quelle que soit la question, il sera utile de rappeler que L’Amoureux central demeure le grand soleil blanc qui irradie, illuminant tous les vivants sans discrimination.
Et si L’Amoureux parlait …
Je suis le soleil de l’Arcane, le soleil blanc : presque invisible mais éclairant tous les personnages. Je suis cette étoile : la joie d’exister, et la joie que l’autre existe. Je vis dans l’extase. Tout me donne du bonheur : la Nature, l’univers entier, l’existence de l’autre sous toutes ses formes – cet autre qui n’est autre que moi.
Je suis la conscience qui brille comme une étoile de lumière vivante au centre de votre coeur. Je me renouvelle à chaque instant, à tout moment je suis en train de naître. À chaque battement de votre coeur, je vous unis avec l’univers entier. C’est de moi que partent les liens infinis qui vous unissent à toute création. Ah, le plaisir d’aimer ! Ah, le plaisir de m’unir ! Ah, le plaisir de faire ce que j’aime ! Messager de la permanente impermanence, je renais à chaque seconde. Je suis comme un archer nouveau-né qui lance des flèches vers tout ce que ses sens peuvent capter.
Je ne suis pas la gentillesse, je ne suis pas l’ambition du bien-être ou du triomphe. Je suis l’amour inconditionnel. Je vous apprendrai à vivre dans l’émerveillement, la reconnaissance, la joie.
Lorsque je pénètre en vous, comme dans les personnages de l’Arcane, je communique l’amour divin à la moindre de vos cellules. Je souffle sur votre mental comme un ouragan chaleureux qui élimine du langage la critique, l’agression, la comparaison, le mépris, et toutes les gammes de l’orgueil qui séparent le spectateur de l’acteur. Je m’insinue dans votre énergie sexuelle pour adoucir toute brutalité, tout esprit de conquête, de possession. Je confère au plaisir la délicatesse sublime d’un ange qui éclate. Lorsque je me dissous dans votre corps, c’est pour le détacher de la dictature des miroirs et des modèles, du regard des autres, de la douleur des comparaisons. Je lui permets de vivre sa propre vie, d’assumer sa lumière et sa beauté. Dans le coeur où j’habite, je chasse les illusions de l’enfant mal-aimé. Comme la cloche d’une cathédrale, je répands dans le sang la vibration pénétrante de l’amour, dénuée de toute rancune, de toute demande émotionnelle travestie en haine, et de toute jalousie, qui n’est que l’ombre de l’abandon. Je vous initie au désir de ne rien obtenir qui ne soit aussi pour les autres. L’île du moi se transforme en archipel.
Tout concourt à augmenter ma joie, même ce que vous interprétez comme des circonstances négatives : le deuil, la difficulté, la petitesse, les obstacles. J’aime les choses et les êtres tels qu’ils sont, avec leurs infinies possibilités de développement. À chaque instant, je les vois et je suis prêt à participer à leur épanouissement, mais aussi à accepter qu’ils demeurent tels quels.
Vie sociale, Joie • Aimer ce que l’on fait • Faire ce que l’on aime • Nouvelle union • Choix à faire • Plaisir • Beauté • Amitié • Couple à trois • Tomber amoureux(se) • Conflit émotionnel • Séparation • Dispute • Terrain incestueux • La fratrie • Idéal et réalité • Premiers pas dans la joie de vivre • Amour conscient • Amour inconditionnel • La voie de la Beauté…
4. Les Amoureux (Vision Quest)
“L’ESSENCE : DÉVOUEMENT – Amour à tous les niveaux, dans toutes les dimensions, aussi bien platonique qu’érotique – Profonde fusion – Dissolution – Retour – Compagnon et Compagne spirituelle – Ami et amie du coeur..
LE MESSAGE INTÉRIEUR : Pour pouvoir vous dévouer véritablement, vous devez être fort, et non pas faible ! Souvent les personnes pensent que c’est uniquement la faiblesse qui se dévoue. Mais c’est exactement le contraire. On doit avoir la force de se dévouer à l’amour sans rien attendre en retour, sans même savoir si l’amour va nous répondre… Ceci ne peut se produire que s’il existe une grande confiance universelle. Votre force d’amour est le cadeau le plus important
de votre vie. Ne la laissez pas s’affaiblir, même si elle est accompagnée de douleur. Le feu de l’amour est le chas de l’ aiguille par lequel chacun de nous doit passer dans sa vie. Si nous refusons cette chance, nous restons inassouvis..
LA MANIFESTATION EXTÉRIEURE : Décidez-vous pour la force de l’amour en vous. Cette force ne coule pas seulement vers une personne. Il existe plusieurs aspects de l’amour. Ne vous limitez pas vous-même, mais permettez au flux de votre vie et de votre force d’amour de couler. Le moment est opportun pour s’accorder la présence d’un ou d’une partenaire. Apprenez à différencier quels sont les énergies et souhaits du coeur que vous donnez et recevez. L’amour spirituel et l’harmonie intérieure peuvent être d’ordre sexuel pour s’accomplir, mais pas obligatoirement. Notre sexualité est un cadeau formidable de la nature.
D’une part, pour le maintien de tous les êtres vivants, et, d’autre part, elle est un chemin merveilleux pour apprendre le dévouement et la fusion les plus intimes qui existent avec la force divine.“
5. L’Amoureux (tarot maçonnique)
“Pour aller à la conquête de son unité, l’individu est amené à faire un choix : sortant de l’école du centaure Chiron, il se trouve à la croisée des deux triangles qui forment le sceau de Salomon.
A la jonction du jour et de la nuit, le personnage est au centre de deux attirances ; d’un côté la passivité, la vie affective, et de l’autre la rigueur de l’ascèse nécessaire à la recherche de la lumière. C’est aussi le choix entre la voie de l’intuition (mystique) et celle de l’étude (gnostique).
La flèche du sagittaire est, dans les “Upanishad” le symbole de l’intuition fulgurante ; celle décochée par Eros est animée par les sentiments d’amour, de désir, de générosité. L’arc est le symbole des tensions d’où jaillissent nos désirs liés à l’inconscience enfoui dans l’oeuf primal.
L’énergie qui anime l’être humain est doublement marquée par la rencontre d’un courant vertical (dynamisme de l’esprit) et horizontal (sentiment, “affectus”). Dans l’image, l’être est double, divisé même entre deux figures : l’une ondoyante et attirante, l’autre rigide comme une colonne.
Le niveau, outil du maçon opératif, permet le contrôle de l’équilibre nécessaire à ce stade du Travail du Compagnon.”
6. Les amoureux de la forêt (Forêt enchantée)
“Les Amoureux de la forêt sont placés à Beltane, l” mai, la fête des rites de printemps et le portail vers l’été. Dans cette position, ils équilibrent les suites d’Arcs et de Flèches et les éléments feu et air, et représentent l’échange délibéré d’énergie qui engendre la conscience féconde.
DESCRIPTION : Un homme et une femme se tiennent côte à côte, vêtus du vert et du brun de la Forêt enchantée. Ce sont Robin des Bois et Lady Marian, les Amoureux de la forêt, réincarnés maintes fois sous toutes sortes de noms. Entre eux se trouve un poteau enrubanné de mai, généré par leur échange d’énergie et symbolisé ici par un bouleau. Des guirlandes vertes montent autour de lui en spirale vers le ciel, représentant les énergies ascendantes de la Terre qui rencontrent les énergies descendantes du ciel. Les Amoureux de la forêt créent une étincelle de vie qui génère une troisième force ou énergie. Les pieds-de-veau sont en fleur au moment de Beltane. Ils symbolisent l’union masculine et féminine à cette époque de l’année, ainsi que les énergies génératrices conférant plénitude et harmonie à ce moment du cycle de l’année.
SIGNIFICATION : Les Amoureux de la forêt représentent en même temps l’équilibre dans les relations et l’union sexuelle. Nous sommes tous des fragments holographiques de l’univers, renfermant en nous à un quelconque degré l’ensemble de la création et des archétypes de l’Arcane majeur. À mesure que nous pénétrons dans la grande forêt de la vie, nous cherchons la richesse et l’harmonie émotionnelles sur le plan le plus profond. À partir de là, l’amour fleurit, nous enlaçant encore plus étroitement dans une existence où les différences disparaissent et les scories de la cupidité et de la possessivité sont brûlées dans les feux de la vie.
Le véritable amour vient de l’union de deux énergies polaires pour créer une troisième force ou conscience. C’est un échange d’énergie et de passion, pas la domination de l’une ou de l’autre mais un transfert délibéré de volonté et de respect. Pour être complets, nous devons apprendre à accepter et à montrer de l’amitié à tous les aspects de notre personnalité, masculin et féminin, clair et obscur, processus qui permet une circulation naturelle en nous du cycle des saisons. Si nous n’accueillons pas tous les archétypes, ils se sentent reniés et mal à l’aise, comme des fantômes frappant à la fenêtre, cherchant à se faire connaître.
À mesure de notre progression, nous trouvons l’équilibre de notre personnalité à travers nos relations. Certains hommes créatifs et sensibles sont équilibrés par une « chasseresse » forte. Certaines femmes attentives et artistes sont équilibrées
par un aspect masculin très motivé. Le genre physique peut varier, mais la polarité fonctionnera ou échouera.
Pour aimer réellement, nous devons être complets, accepter tous les aspects de notre personnalité et accepter cette même complétude chez autrui. La polarité varie d’un jour à un autre, d’un moment à un autre, mais l’individu réellement complet possède tous les éléments fragmentés de sa personnalité et est capable de les affronter chez les autres. La joie de l’union est entière et facile. L’amour est sa propre récompense.
POINTS ESSENTIELS DE LA LECTURE : Sur un plan personnel, l’amour est un don universel au coeur généreux, et la personne en quête trouvera l’équilibre grâce à l’harmonie et à la guérison intérieures. La polarité est l’élément clé du flux et du reflux naturels de l’engagement émotionnel. Les Amoureux de la forêt représentent la force spirituelle positive de l’énergie émotionnelle créative et du désir universel d’harmonie. Les habitants de la Forêt verdoyante révèrent et respectent les rites de l’amour en tant que force assurant le déroulement du cycle de la création et la stabilité émotionnelle. Amenez toujours avec vous la lumière de l’amour et laissez-la éclairer les recoins les plus sombres de votre monde et vous soutenir dans toutes vos actions.
Racines et branches Union bénie | Amitié | Rites de printemps | Equilibre polaire des âmes | Désir | Cerf blanc arthurien | Amour éternel | Voeu sacré“
7. Nemetona (tarot celtique)
“Si les temples des Celtes (cercles de pierres au plus profond de la forêt) s’appelaient nemeton, Nemetona ne peut qu’être la mère du bois, la déesse-arbre vêtue de feuilles et d’écorce. À cette image de sérénité et de paix, de secret et de fraîcheur, il vient toutefois s’en ajouter une autre, bien moins pacifique, qui présente aussi Nemetona comme une divinité guerrière, une sorte de Victoire, compagne du dieu Mars. Guerre et paix, tendresse et passion, harmonie et rivalité : tels sont du reste les traits caractéristiques de la déesse mère celtique, déesse du combat et de l’ amour, de la fertilité et de la lutte. On retrouve d’ ailleurs la même ambivalence dans le sentiment amoureux, considéré comme une entité abstraite indépendante, intense, violent, très doux et toujours tourmenté. Le panthéon celtique compte deux divinités de l’ amour : le jeune Oengus, fils du Dagda, épris d’une femme changée en cygne ; et la belle Ainè, vénérée encore aujourd’hui au solstice d’été, quand elle apparaît au sommet des collines aux jeunes filles amoureuses.
LA CARTE : Comme l’amour sentimental, spirituel ou physique, dont les trois visages nous tourmentent et nous charment, Nemetona, qui préside au repos et à la guerre, à la tendresse et à la passion, revêt ici une apparence triple. Le caractère lié à la végétation ressort non seulement de la coiffure et de l’habit faits respectivement de feuilles et d’écorce, mais aussi du teint verdâtre et du vert franc et brillant des iris. L’expression différente de chacun des trois visages souligne de son côté l’idée du changement et de l’incertitude propre à cette carte : celui du milieu est énergique et combatif, tandis que les deux autres sont soucieux et mélancoliques.
SIGNIFICATION ÉSOTÉRIQUE : Rien de ce qui vit dans l’univers n’est rigoureusement fixe : tout est sujet à changer, en se balançant souvent de part et d’autre et en naviguant vers son contraire. Il n’existe pas de vérité unique : chaque vérité a plusieurs facettes, plusieurs aspects, car l’absolu se cache derrière le relatif. L’amour est la seule énergie capable de concilier les contraires, par la force de cohésion de l’âme : dans l’amour, les contraires se rejoignent ; les doutes s’aplanissent et la fluctuation qui nous fait souvent perdre notre chemin se transforme en joyeuse certitude.
MOTS CLEFS : amour, rencontre, doute, choix, art, agriculture.
A L’ENDROIT : rencontre de l’âme soeur, amour, projets de mariage ; fidélité, dévouement, choix décisif ; amitié, altruisme ; art, beauté, affinité ; fécondité physique et intellectuelle ; réussite aux examens, épreuves surmontées ; récoltes agricoles ; alliances utiles ; santé recouvrée grâce à une alimentation saine ; parents, prétendants, enfants, animaux domestiques.
A L’ENVERS : hésitations, doutes, insatisfaction, frustration ; tromperies, tentations, rencontres mettant l’avenir en péril ; conflits, désirs inassouvis, instabilité, obstacles ; échec à une épreuve ; sexualité débridée ou inhibée, séparation, célibat, fiançailles repoussées ; sacrifice, froideur, égoïsme ; projets hasardeux, affaires en suspens ; dépression, risque de maladie ou d’accident, stérilité, malaises, troubles intestinaux, affections des reins, du sein et de la gorge.
LE TEMPS : mercredi, septembre.
SIGNE DU ZODIAQUE : Gémeaux, Taureau, Balance.
LE CONSEIL : laissez la force de l’ amour rythmer vos journées et guider vos choix : grâce à elle, toutes les décisions que vous prendrez contribueront à répandre la lumière en vous et tout autour de vous.“
8. Les Amoureux (Johannes Fiebig, ill. Dali)
Dali Pinxit
PARADIS ET OMBRE – Beaucoup se souviennent de l’histoire de l’Expulsion du Paradis telle qu’elle est décrite dans la Bible et dans d’autres récits. L’histoire du Retour au Paradis, de la Vie éternelle qui commence le jour du Jugement dernier, est en revanche méconnue et appartient pourtant à la tradition occidentale. Ce jour du Jugement dernier est aujourd’hui !
Nous aspirons à l’amour, mais en secret nous avons peutêtre peur de pouvoir aimer et/ou d’être aimé. Notre bonheur en amour dépend beaucoup des objectifs et représentations que nous lions au mot amour. Tant que nous sommes à la recherche de notre moitié, nous courons le risque de nous réduire de moitié. Ou bien nous recherchons un maximum de ressemblance personnelle : réfléchissez dans quelle mesure cette idée vous porte.
Si vous cherchez quelqu’un avec qui vous êtes d’accord à tout point de vue, qui vous connaît exactement et vous comprend, une seule personne remplit ces conditions : vous-même. Plus les différences sont marquées, plus les points communs sont enrichissants ! À partir du moment où nous sommes capables d’aimer les différences, un nouveau paradis s’ouvre alors à nous ! Sur ce chemin, ombres et nuages noirs doivent être transpercés. Seul l’amour basé sur l’individualité et l’originalité de l’individu arrive au nouveau paradis et atteint le paroxysme (comme la silhouette de l’ange sur l’image) dans des moments de bonheur suprême qui outrepassent la portée de chaque homme.
CONSEILS PRATIQUES -Le petit ange de la carte incarne aussi l’enfant des deux amoureux. Cela peut être pris au sens propre comme au sens figuré. Tout type de relation, y compris la relation avec soi-même ou la relation avec des partenaires commerciaux, porte au sens figuré un enfant : des résultats productifs – preuve vivante d’une collaboration collégiale – porteurs de vie et d’avenir.
RÉFÉRENCES ARTISTIQUES – Neptune et Amphitrite (1516), Gemaldegalerie, Berlin, par Jan Gossaert, nommé Mabuse, né à Maubeuge (Hainaut) entre 1470 et 1480, mort à Bréda en 1532.
[ENCOREUNGATEAU.COM] En matière d’imposture, je crois qu’on ne peut pas mieux faire que la tarte brésilienne ! Premièrement ce n’est pas une tarte et deuxièmement elle n’est pas brésilienne ! Mais alors, qu’est ce que la tarte brésilienne ? Et pourquoi appelle-t-on une brioche belge tarte brésilienne ? C’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui.
La tarte brésilienne est à peu près aussi brésilienne que moi, c’est dire ! Il s’agit en fait d’une pâtisserie originaire de Belgique et qui se compose d’une brioche garnie de crème pâtissière recouverte de chantilly et de pralin. Elle ne tient donc pas son nom de ses origines mais de sa composition. En pâtisserie, on appelle brésilienne un mélange de noisettes et d’amandes concassées et caramélisées, plus communément connu sous le nom de pralin…
Recette belge comme son nom ne l’indique pas ! La brésilienne c’est des noisettes grillées caramélisées. Cela ressemble un peu au pralin français qui, lui, contient des noisettes et des amandes. La tarte est une pâte levée (vous pouvez utiliser une pâte brisée prête à l’emploi de chez madame GrandeSurface), de la crème pâtissière, de la chantilly et recouverte de brésilienne.
N.B. Prévoir un moule de 24cm avec un bord haut (3,5cm)
Brésilienne :
100 g noisettes,
30 gr sucre,
12 cl d’eau,
1 pincée de sel,
arôme vanille.
Pour préparer la brésilienne : grillez les noisettes quelques minutes à la poêle. Frottez-les dans un essuie de cuisine pour enlever les peaux. Portez à ébullition 30gr de sucre, 12cl d’eau, 1 pincée de sel et l’arôme de vanille. Quand il est doré, mélangez les noisettes dedans et débarrassez le mélange sur une plaque. Laissez refroidir. Concassez-les avec un grand couteau.
Crème pâtissière (elle doit refroidir !) :
50 cl lait demi écrémé,
1 gousse de vanille,
4 jaunes d’œufs,
90 gr sucre en poudre,
40 gr maizena.
Pour préparer la crème pâtissière : Chauffez le lait dans une casserole avec la gousse de vanille fendue en 2 et grattée. Dans 1 saladier, mélangez les œufs et le sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Incorporez la maizena. Quand le lait frémit, retirez la gousse et versez-le sur les oeufs/sucre en mélangeant bien puis reversez le tout dans la casserole. Laissez épaissir sans cesser de mélanger. Laissez refroidir. Puis déposer un film plastique au contact et mettez au frigo.
La pâte levée :
20 gr de levure fraîche de boulanger,
60 gr de lait demi-écrémé,
1 pincée de sucre,
300 gr de farine T45 Farine T45 ? Appelée farine blanche, cette farine est la plus utilisée en cuisine et est totalement débarrassée du son. Elle est particulièrement employée pour les pâtisseries fines comme les crêpes ou les financiers. Attention tout de même à sa consommation car son indice glycémique est très élevé.
140 gr de beurre doux,
1 œuf,
40 gr de sucre en poudre.
Pour préparer la pâte levée : délayez la levure dans le lait tiède avec une pincée de sucre. Sur le plan de travail, faites un puits avec la farine. Ajoutez le beurre en dés. Sablez du bout des doigts. Versez le mélange lait, levure, œufs et sucre. Amalgamez avec les mains. Pétrissez 10 minutes. Formez une boule. Laissez reposer 1 heure dans un endroit tiède.
Chantilly :
20 cl de crème liquide entière bien froide,
200 gr de mascarpone,
40 gr sucre glace.
Pour préparer la chantilly : Fouettez la crème fraîche avec le mascarpone et ajoutez le sucre en 2 fois. Gardez au frigo.
Tous les composants étant ainsi préparés, sur votre plan de travail fariné, abaissez la pâte au rouleau et déposez-la dans le moule à tarte. Piquez le fond avec une fourchette et laissez lever 15 minutes.
Cuisez la pâte à blanc (à savoir : mettez un papier sulfurisé avec des fruits secs sur la pâte pour faire poids) pendant 20 minutes dans un four chauffé à 180° jusqu’à ce que les bords soient dorés. Enlevez le papier sulfurisé et les fruits secs. Laissez tiédir. Mettez ensuite la crème pâtissière à la spatule. Puis la chantilly. Puis la brésilienne…
[THECONVERSATION.COM, 27 octobre 2021] Halloween, fête automnale des morts, des fantômes et des sortilèges, connaît un destin troublé : de retour dans la “vieille Europe” au milieu des années 1990 et promue dans l’Hexagone par des instigateurs zélés – parc d’attraction et chaîne de fast-food à l’appui – cette fête suscite l’engouement ou le dédain. Regain festif et païen pour les uns, cheval de Troie de “l’impérialisme culturel américain” pour les autres, cette célébration paganiste ne laisse pas indifférent. L’Église catholique [italienne], émue de “l’influence néfaste” de la bacchanale, a même créé Holyween (soirée de prières en réaction), afin de donner un coup de balai aux histoires de sorcières.
Le premier intérêt d’Halloween, c’est la pluralité d’analyses auxquelles ce “néo-rite païen” donne lieu. Halloween marque le retour de “vieilles lunes” et de fêtes oubliées, ou qui étaient simplement en sommeil… attendant qu’on les exhume en quelque sorte. Ses origines sont tout à la fois celtiques et mexicaines. A l’origine, la même volonté de célébrer les morts, et de manifester aussi sa peur conjuratoire, avant d’entrer dans l’hiver et le cycle des nuits courtes, période anxiogène s’il en est.
La mort comme continuation de la vie
Les conquistadors espagnols découvrant le Mexique furent impressionnés par un rituel aztèque pratiqué de très longue date et qui leur paraissait sacrilège. Car, à l’inverse des Espagnols qui voyaient la mort comme la fin de la vie, les Aztèques la considéraient comme sa continuation. Ils gardaient des crânes comme des trophées et les exhibaient durant ces fêtes pour symboliser la renaissance et pour honorer les morts qui revenaient selon eux en visite à cette époque de l’année. Ne parvenant pas à éliminer ce rite, les Espagnols en fixèrent la date en même temps que celle d’une fête chrétienne : la Toussaint.
C’est le Jour des Morts, “el Dia de los Muertos“. C’est une fête joyeuse, moment où les âmes de ceux qui sont partis viennent rendre visite aux vivants. Cette fête dure deux jours, les 1er et 2 novembre.
A cette occasion, les Mexicains édifient des autels en souvenir de ceux qu’ils aimaient et déposent des offrandes sur leurs tombes. Et nombre de lieux publics sont décorés avec des représentations ironiques de la mort, des squelettes dansant et chantant comme des vivants, avatars exotiques et mouvants des danses macabres médiévales. Ces processions lancinantes ont été immortalisées (si l’on peut dire) par l’ouverture impressionnante du James Bond 007 Spectre en 2016.
C’est sur une base mythique et festive similaire que s’est développée l’Halloween européenne. Il était encore question de célébrer les défunts en parodiant la mort sous la forme de courges. Le rite est à tous égards païen, et il est compréhensible qu’il ne pût être en odeur de sainteté : on célèbre bruyamment les morts et les sorcières, on joue à faire (se) peur, on se grime de manière effrayante.
Outre-Atlantique, cette fête est célébrée depuis longtemps, puisqu’importée par les premiers immigrants au XVIIe siècle. Tous les 31 octobre, les enfants grimés en sorcières, fantômes et revenants déambulent en petits groupes dans les rues de leurs quartiers. Ils sonnent aux portes des maisons et exigent des friandises, au cri de “treat or trick“, “une faveur ou un sort“. En échange de menus présents, ces enfants, dont les masques effrayants symbolisent des âmes en peine, garantissent la tranquillité aux foyers visités. Halloween bénéficie d’un emblème fort, ces citrouilles évidées, édentées et emplies de bougies, qui exposées aux fenêtres et dans les vitrines, donnent à la soirée son côté inquiétant, irréel et morbide.
Un rite d’inversion
D’un point de vue anthropologique, Halloween exprime des angoisses à l’œuvre dans toutes les sociétés, même les plus rationnelles en apparence : la peur de la mort et l’exorcisation de celle-ci via des pratiques ritualisées, durant une parenthèse festive conjuratoire : ainsi, les masques représentent des revenants et des fantômes, à un moment de l’année où l’hiver et la nuit s’installent pour quelques longs mois. Dans l’esprit, il s’agit de s’accommoder la sphère des morts, de pactiser avec ceux-ci, via offrandes et travestissements. Et le rite théâtralise ces peurs, il leur donne un tour parodique qui en une parenthèse impartie, constitue une soupape.
Même dans sa forme contemporaine, Halloween continue à être essentiellement un rite d’inversion, puisqu’il s’agit de la nuit où tout est renversé, inversé, à commencer par les rapports d’autorité. Et les parents y jouent le rôle de dupes, encourageant leurs enfants à quêter et manger des friandises, allant là à l’encontre des principes de politesse et de modération inculqués en temps ordinaire.
Faire des enfants les acteurs principaux d’Halloween est très américain : ceci aboutit à une version ludique, néo-païenne et scénarisée, parenthèse carnavalesque dédramatisant le rapport ambigu que cette société entretient à la mort et à l’au-delà. Elle n’est revenue sur le Vieux Continent qu’assez récemment, au tournant des siècles. Il semble qu’il y ait plusieurs raisons à ce retour en grâce (in)attendu.
Une fête “marketée”
Halloween se soutient depuis quelques années d’une promotion médiatique et publicitaire conséquente, en partie portée par des firmes américaines, sur fond de menus, cadeaux, animations et soirées spéciales. Et pour les commerçants, à l’affût de journées spéciales favorisant la décoration thématique et les promotions, Halloween constitue un moment idéal, entre la fin de l’été et la période des fêtes de fin d’année.
Et Dieu dans tout ça ? Avec Halloween, il est question de rites, de mythes, de morts, de surnaturel après tout. Le sacré auréole cette fête de son nimbe pâle. Et il est important de constater que cette journée jouxte deux autres fêtes des morts et du souvenir, puisqu’elle s’est immiscée entre la Toussaint et le 11 Novembre ; pour lentement se substituer à celles-ci en les phagocytant dans l’esprit des jeunes générations. Pour les jeunes enfants, spontanément, Halloween, c’est “la fête des morts“.
L’émergence d’Halloween confirme qu’un calendrier économique et/ou néo-païen se substitue aux fêtes religieuses et républicaines traditionnelles, ou se fait une place à côté d’elles. Plus largement, ceci entérine la mondialisation de nombre de fêtes, alors qu’on fête ici de plus en plus le Nouvel An chinois, et que Noël connaît un réel succès dans nombre de pays asiatiques.
De petits carnavals païens
Déplorer (pour les conservateurs) ce déplacement du religieux vers la sphère plus vaste du sacré, ou son renoncement en un “néo-paganisme“, ne sert pas à grand-chose. Les évolutions de la notion de fête, de sacré, de rites sont des questions autrement plus intéressantes. Notre société productiviste, qui n’a plus le temps de s’arrêter quelques jours pour festoyer, a inventé de nouveaux types de liens courts, ludiques, mièvres et kitsch (la Saint-Valentin). Tous ces néo-rites païens ne durent qu’une soirée. Les rites traditionnels exigeaient du temps, un temps spécifique, long et lent. Ainsi, le Carnaval, et sa semaine de célébrations et de festivités. Halloween ou le beaujolais sont de petits carnavals automnaux permettant à peu de frais (une soirée) une trouée de liesse, de partage et de rire dans un début d’hiver morose et froid.
Mais le grotesque et le morbide revendiqués d’Halloween, épousant la fascination de l’époque pour zombies et morts-vivants (cf. le succès de Walking Dead et le revival des films d’épouvante) recouvrent un travestissement plus profond.
Le temps d’une soirée, les générations se mêlent et jouent ensemble, faisant semblant d’éprouver de l’effroi, tout en exprimant dans ce “jeu profond” quelque chose d’obscur, mêlant rire et angoisse, peur et joie ; quelque chose de précisément anthropologique, interrogeant les structures profondes, et les systèmes symboliques permettant de les lire en filigrane.
[d’après JOURSHEUREUX.FR] Les spéculoos, ces délicieux biscuits épicés ont une histoire qui remonte à plusieurs siècles en Europe. Découvrons ensemble l’origine de ces petits trésors croustillants, leurs différences avec les Speculaas néerlandais, leur mode de fabrication et leurs valeurs nutritionnelles.
L’histoire des spéculoos
Les origines des spéculoos remontent à plusieurs siècles en Europe, mais leur popularité s’est particulièrement développée au cours du xxe siècle en Belgique. À l’origine, les spéculoos étaient conçus comme une alternative abordable aux speculaas néerlandais, qui étaient plus riches en épices (les spéculoos étaient moins épicés en raison du coût élevé des épices importées en Belgique). L’un des aspects les plus intriguants de l’histoire des spéculoos est leur forme traditionnelle. Ces biscuits étaient souvent moulés en forme de moulins à vent, de personnages de la nativité ou d’animaux, en particulier pendant la période de Noël. Aujourd’hui, la plupart des spéculoos sont fabriqués sous forme de rectangles simples, mais la tradition des moules en forme perdure.
Speculaas, spéculoos : quelle différence ?
Les speculaas et les spéculoos, deux types de biscuits belges, présentent des similitudes tout en ayant quelques différences. Les speculaas, originaires des Pays-Bas, sont préparés avec un mélange d’épices traditionnel incluant de la cannelle, de la muscade, du clou de girofle et du gingembre, et ont une texture plus croquante. Ils sont souvent façonnés en formes spécifiques, telles que des moulins à vent ou des figures folkloriques néerlandaises.
En revanche, les spéculoos, d’origine belge, utilisent des épices similaires mais ont tendance à être plus moelleux. Ils sont généralement présentés sous forme de biscuits rectangulaires ornés de motifs géométriques. Le nom “speculaas” est prédominant aux Pays-Bas, tandis que “spéculoos” est plus couramment utilisé en Belgique et dans les pays francophones pour désigner ces biscuits aux saveurs épicées et sucrées.
Spéculos, spéculoos, spéculaus ?
L’orthographe traditionnelle du mot est “spéculoos“, correspondant au nom flamand du biscuit et largement adoptée en Belgique. La prestigieuse maison Dandoy, établie en 1829 à Bruxelles, préserve cette orthographe. Le plus grand producteur belge de spéculoos, la biscuiterie Lotus, suit également cette tradition orthographique. Le Petit Larousse mentionne à la fois “spéculoos” et “spéculos” pour refléter les variantes. En France, l’orthographe “spéculos” est une variante apparue suite à la réforme orthographique de 1990, mais elle demeure peu courante et est généralement signalée en fin d’article dans le Petit Larousse. Enfin, l’orthographe “spéculaus” est une version francisée, bien qu’elle n’ait pas réussi à devenir majoritaire dans l’usage francophone. Le dictionnaire Petit Robert propose également les deux orthographes, tandis que la maison Dandoy utilise parfois l’orthographe “spéculaus” sur son enseigne lumineuse à Bruxelles, ajoutant ainsi une touche de diversité à ce délicieux biscuit.
Comment sont fabriqués les spéculoos ?
Les spéculoos sont des biscuits délicieusement épicés fabriqués à partir d’ingrédients simples mais savoureux. Pour les préparer, on commence par mélanger du beurre ramolli avec du sucre brun pour créer une base crémeuse. Ensuite, on incorpore un mélange d’épices spécifiques, généralement composé de cannelle, de gingembre, de clous de girofle, de noix de muscade, de poivre blanc et de cardamome, afin de donner aux biscuits leur saveur caractéristique. On ajoute ensuite de la farine (froment), éventuellement de la fécule de maïs et de la poudre d’amande pour former une pâte. Après avoir reposé au réfrigérateur, la pâte est étalée et découpée en formes de biscuits. Ces biscuits sont ensuite cuits au four jusqu’à ce qu’ils soient légèrement dorés autour des bords, puis laissés à refroidir sur une grille. Le refroidissement permet aux spéculoos de durcir et de prendre leur texture croustillante.
Valeurs nutritionnelles des spéculoos
Les spéculoos sont des biscuits délicieusement croquants et épicés qui, bien que délicieux, sont également relativement riches en calories et en sucres : calories par portion (2 biscuits) : 80 à 100 calories ; glucides : 10 à 15 grammes ; matières grasses : 3 à 5 grammes ; protéines : 1 à 2 grammes ; fibres alimentaires : moins d’un gramme. Ces valeurs peuvent légèrement varier en fonction de la marque et de la recette spécifique des biscuits. Il est recommandé de les consommer avec modération dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
Allergènes contenus dans les spéculoos
Les spéculoos peuvent contenir plusieurs allergènes courants, dont le gluten issu de la farine de blé, le lait sous forme de beurre, les œufs, les fruits à coque comme les noix ou les amandes, et parfois des traces de soja.
d’après joursheureux.fr
Spéculoos (la meilleure recette)
N.B. La pâte doit se faire le jour avant et se cuit… le lendemain de la veille.
Ingrédients (pour 40 spéculoos)
500g de farine
500g de farine fermentante
1 paquet de levure chimique
700g de cassonade brune
2 cuillères à café d’épices à spéculoos (ou 4 épices)
1 pincée de sel
3 œufs
400g de margarine
1/2 tasse d’eau tiède
2 cuillères à café d’arôme d’amande amère
Préparation
Préparation de la pâte (la veille)
Mélangez au robot tout ce qui est sec : les 2 farines, la levure, la cassonade, les épices et le sel.
Faites fondre le beurre (il ne doit pas être chaud).
Ajoutez le beurre, les œufs, l’eau et l’arôme d’amande amère.
Laissez reposer au moins une nuit en couvrant la pâte d’un film plastique. Elle va développer ses arômes.
Cuisson
Le lendemain, faites chauffer le four à 190 degrés.
Sur la plaque recouverte d’un papier cuisson, disposez les pâtons (55-60 g). Prélevez une cuillère à soupe de pâte, roulez-la dans vos mains pour former une boulette ronde ou allongée et applatissez la légèrement.
Cuisez au four 15 minutes exactement.
Décollez-les avec précaution et laissez-les refroidir sur une grille.
Notez que les spéculoos se conservent très bien dans une boîte hermétique.
Les “gougères aux épinards et au cantal” sont de petites bouchées à base de pâte à choux, d’épinards et de cantal (vous l’aviez deviné). Pour le cuisinier wallon, elles ont ceci de particulier que le fromage est mélangé à la pâte à choux encore tiède, avant la cuisson. C’est une spécialité bourguignonne (Auxerre) très appréciée pour l’apéritif ou en entrée avec une salade. Si l’origine bourguignonne est difficile à prouver, la mention de goiere est déjà attestée à la fin du XIVe siècle, dans le sens de ‘tarte au fromage’. On trouve des gougères dans toutes les bonnes boulangeries de Bourgogne, voire au-delà…
Dans le dessin animé de 2000, Kuzco, l’empereur mégalo, un des personnages les plus savoureux (l’ineffable Kronk) sert un plat de gougères aux épinards qui s’avèrent tout aussi savoureuses. Ci-dessous, la recette est partagée par une contributrice du réseau wallonica, qui espère également “ne pas pourrir le groove de l’empereur.”
Ingrédients
50 gr de beurre
17 cl d’eau
100 gr de farine
3 œufs
100 gr de fromage à pâte dure (cantal ou comté, gruyère, parmesan…)
75 gr de pousses d’épinards
noix de muscade, sel, poivre
Préparation
Préchauffez le four à 180 degrés.
Hachez les épinards et rapez le fromage.
Pour faire la pâte à choux : porter l’eau à ébullition avec le beurre coupé en morceaux. Retirez du feu, ajoutez la farine d’un coup et mélangez vivement. Remettez ensuite sur le feu et laissez sécher la pâte 2 minutes (une fine croûte se forme au fond de la casserole).
Versez la pâte dans un saladier pour la faire refroidir 5 minutes.
Ajoutez les œufs un à un vivement.
Ajoutez les épinards, le fromage, le sel, le poivre et la noix de muscade (toujours bon avec les épinards !).
A l’aide de 2 cuillères, formez des petits choux.
Déposez-les sur la plaque du four garnie d’une feuille de cuisson.
Faites cuire 25 à 30 minutes.
Il est très important de ne pas ouvrir le four pendant la cuisson sinon les choux ne lèvent pas !
[DOCTONAT.COM] C’est une boisson fermentée des feuilles de la plante Camellia sinensis, le théier. Il s’agit donc d’un thé (vert, noir, blanc, Oolong…) qui est fermenté, auquel est ajouté des sucres, des levures acétiques et des bactéries et que l’on fait fermenter pendant une semaine. Ainsi, il est appelé “champignon du thé” ou “mère”. Il produit de l’alcool qui aide les bactéries à produire des principes actifs. Les feuilles sont retirées de la préparation. Il est possible aussi d’en produire à partir de la plante rooibos. Il semble avoir des propriétés antioxydantes équivalentes, cependant il a été très peu étudié.
Le processus de fermentation produit une variété de composés antioxydants qui permettraient une détoxification, grâce à la saccharolactone, sa principale substance active. Elle est reconnue pour favoriser la longévité. Il contient plus d’antioxydants que les autres formes de thé, mais les études comparatives ne sont pas suffisamment nombreuses pour connaître ses effets par rapport aux catéchines et à la vitamine C.
Les organismes essentiels, qui composent la “mère” ou “champignon” du kombucha (jusqu’à 163 souches de levures ont été détectées), produisent des acides acétique, lactique et gluconique. Les bactéries acétiques ont, pendant des siècles, permis de produire des aliments et des boissons fermentées tels que le vinaigre, le kéfir (d’eau) et la bière lambic (de fermentation spontanée). Après fermentation, certains composants de cette boisson se dégradent : les catéchines (18 à 48%), les théaflavines et les théarubigines (5 à 11% après 18 jours de fermentation). Les polyphénols du thé vert et ceux, produits dans le processus de fabrication du thé noir, sont encore présents dans cette boisson. De l’alcool est produit lors de la fermentation, sa teneur en alcool est généralement inférieure à 1%.
Bien que le kombucha peut présenter de nombreux bienfaits pour la santé, une préparation inappropriée peut provoquer une toxicité et entraîner la mort. Des normes d’hygiène non respectées et une période de fermentation trop longue peuvent contribuer à sa toxicité. Cependant, il semble être sans danger pour la consommation humaine lorsqu’il est correctement traité et consommé avec modération.
Lorsqu’il n’est pas consommé directement après fermentation, il est pasteurisé ou des conservateurs sont ajoutés, afin d’éviter une croissance microbienne excessive.
Les bienfaits supposés du kombucha sur la santé humaine ont été établis à partir d’études in vitro, ainsi qu’à partir d’études réalisées sur des aliments fermentés, ainsi que sur le thé et leurs principes actifs. A ce jour, une seule étude sur l’être humain existe, et elle est en cours de réalisation.
Les avantages pour la santé, démontrés par les études in vitro et in vivo, sont nombreux :
activité antimicrobienne ;
amélioration des fonctions hépatiques et gastro-intestinales ;
stimulation immunitaire, détoxification ;
propriétés antioxydantes et antitumorales ;
stimulation immunitaire ;
inhibition du développement et de la progression de certains cancers, des maladies cardiovasculaires, du diabète et des maladies neurodégénératives ;
fonction normale du système nerveux central.
Des composants isolés du kombucha montrent aussi des bienfaits intéressants. Ainsi, les bactéries lactiques Pediococcus pentosaceus et Pediococcus acidilactici, présentent des propriétés probiotiques qui pourraient être utiles à l’industrie agro-alimentaire. Les levures Coriolus versicolor et Lentinus edodes pourraient avoir un bénéfice protecteur avec une action immunomodulatrice potentiellement bénéfique dans les allergies.
Le micro-écosystème de cette boisson a montré pouvoir survivre à des conditions de vie correspondant à celles de la planète Mars, pendant 18 mois ! Dans une étude, il a été utilisé pour produire du levain, servant à fabriquer le pain. La durée de conservation du pain a été prolongée de 5 à 10 jours, à température ambiante.
Comment le kombucha s’est-il créé ?
[REVOLUTIONFERMENTATION.COM] Pour faire du kombucha, il faut du thé, du sucre et une mère de kombucha. Et pour faire une mère de kombucha, il faut… du kombucha ! Alors, d’où vient le premier kombucha ? Le kombucha n’a pas été créé par l’être humain. Sa naissance est un phénomène naturel. Comme dans le cas de l’œuf ou la poule, on ne peut pas identifier l’apparition du premier kombucha. Toutefois, on est capable de deviner ce qui s’est passé!
En effet, le monde qui nous entoure est peuplé de microorganismes à l’affût de milieux à coloniser pour se développer. Le premier kombucha est né par hasard, dans une tasse de thé sucré oubliée sur le rebord d’une fenêtre. Des bactéries et des levures se seraient installées dans la tasse de thé sucré et se seraient multipliées. Elles auraient ainsi créé une pellicule gélatineuse, auraient mangé le sucre et acidifié le thé. À l’époque, la fermentation, c’était de la magie !
Devant cette transformation, les personnes de l’époque auraient goûté au thé fermenté, et l’auraient tellement apprécié qu’ils auraient ajouté un peu de thé sucré pour l’allonger. Ce thé se serait transformé à son tour en kombucha. La pellicule gélatineuse capable de faire du kombucha aurait ainsi été entretenue et baptisée mère de kombucha (ou encore champignon de kombucha). La mère se serait ensuite transmise à travers les époques, jusqu’à nous parvenir aujourd’hui.
Quand et où le kombucha est-il né ?
Pour que du kombucha puisse se créer spontanément, il faut du thé, du sucre et des microorganismes. Comme le kombucha est un phénomène naturel, on peut essayer de déduire son origine en recherchant quand et où les ingrédients du kombucha se sont rencontrés pour la première fois.
Microorganismes : ils sont aussi vieux que la vie elle-même. Les microorganismes sont présents partout sur terre depuis plusieurs milliards d’années.
Sucre : les premières traces de cultures sucrières remontent à 6000 ans en Asie du Sud-Est. Le sucre est arrivé 500 ans plus tard en Chine.
Thé : la consommation de thé a vraisemblablement débuté dans la région du sud-est de la Chine il y a près de 5000 ans.
En conclusion, il est donc très probable que le premier kombucha soit apparu spontanément, il y a près de 5000 ans dans le sud-est de la Chine. Cependant, nous n’avons aucun moyen de le savoir avec certitude.
Légendes du kombucha
Plusieurs légendes et mythes se partagent l’origine du kombucha. Si l’hypothèse présentée plus haut est la plus probable, voici trois légendes à propos de la naissance du kombucha.
L’élixir de longévité du kombucha en Chine
Qin-Shi-Huang
La première légende du kombucha remonte à 200 ans avant Jésus-Christ, en Chine. L’Empereur Quin Shui Huang était en quête d’immortalité. Il lança un décret ordonnant que ses sujets trouvent la clé de la vie éternelle. Un des élixirs testés aurait été le lingzhi ou thé de champignon. Sachant que la mère de kombucha est souvent appelée “champignon”, beaucoup d’amateurs de kombucha croient que cet élixir de longévité fait référence au kombucha.
Le kombucha pour soigner l’Empereur du Japon
Une autre légende date de l’an 415 de notre ère, où un docteur du Royaume de Sylla (Corée) aurait été invité à soigner l’Empereur japonais Ingyō. Ce docteur aurait utilisé un thé fermenté pour guérir l’empereur malade. Le nom du docteur était Komu-ha. On y aurait ajouté le suffixe cha (thé, en japonais), et l’histoire nous aurait donné kombu-cha, ou thé du docteur Komu.
La fourmi, le moine et l’Empereur
Une autre légende, originaire de Russie, cette fois-ci, raconte qu’un empereur malade fit appel à un moine doté de pouvoirs de guérison. Le moine promis de traiter la maladie de l’empereur avec une simple… fourmi ! Il déposa la fourmi dans le thé de l’empereur, et lui conseilla d’attendre que la méduse grandisse. Le thé sous la méduse (une mère de kombucha ?) pourrait alors le guérir.
Si aucune de ces trois légendes ne peut être prouvée, on voit un lien très fort entre le kombucha et la santé. La boisson de l’époque devait être consommée sous sa forme très vinaigrée et concentrée en probiotiques.
Le kombucha en Russie
C’est en Russie, que le kombucha est pour la première fois mentionné dans une étude scientifique en 1913, par la chercheuse A.A. Bachinskaya. Cette biologiste russe étudiait des cultures provenant de plusieurs parties de la Russie. Elle décrivait également dans son article les caractéristiques de la mère de kombucha. Le kombucha était alors consommé par une grande partie de la population comme tonique pour la santé. On l’appelait Чайный гриб, soit champignon de thé ou affectueusement грибок ou petit champignon. Les Russes consommaient plusieurs sortes de breuvages fermentés, qui étaient appelés kvass. Le kombucha était aussi appelé kvass de thé.
La même année, le professeur allemand G. Lindau a publié un article sur la consommation du kombucha en Russie. Cet article s’intéressait particulièrement aux bienfaits santé du kombucha. Dans son article, Lindau mentionne que le kombucha est aussi appelé champignon japonais. Comme quoi le kombucha pourrait certainement venir d’Asie !
Le kombucha a continué à être très populaire en Russie jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Avec le sucre et le thé fortement rationnés, la consommation de kombucha a diminué considérablement.
Dans les années 50, les Italiens ont vécu une histoire d’amour intense avec le kombucha ! Le kombucha s’est répandu dans la population, entouré de divers protocoles et de superstitions. C’était un peu comme une chaîne de lettres ! Pour bénéficier de ses bienfaits, il fallait séparer la mère de kombucha en 4 et en donner 3 parties à ses amis proches avec des instructions claires pour la nourrir. On ne pouvait pas vendre ou jeter sa mère de kombucha, ou alors elle perdrait toutes ses propriétés magiques. Le malheur s’abattait alors sur nous, mais aussi sur tous ceux à qui on avait donné une mère de kombucha ! Le kombucha s’est répandu comme une traînée de poudre dans toutes les sphères de la population. Les autorités ont tenté de mettre fin à la mode du kombucha quand des Italiens se sont mis à voler de l’eau bénite dans les églises. Ils l’ajoutaient à leurs kombuchas, pour en fortifier les bienfaits !
Les années 60 du kombucha
Quelques années plus tard, Rudolf Sklenar, un docteur allemand, découvre la boisson en Russie, et en ramène chez lui pour l’étudier. Il prescrit alors le kombucha pour soigner différents maux : rhumatismes, problèmes intestinaux, goutte… Il publie en 1964 le résultat de ses recherches. C’est à partir des années 60 que de nombreux livres paraissent sur le kombucha, et que les mères commencent à se partager à travers le monde. Le kombucha conquiert l’Europe et se fait adopter aux États-Unis, particulièrement dans les communautés alternatives et hippies.
Le kombucha est alors présenté comme une boisson miraculeuse, capable de prévenir le cancer et même de guérir le sida. Si beaucoup de ses bienfaits miraculeux se sont avérés sans fondements avec les années, plusieurs études ont témoigné des bienfaits santé du kombucha. Comme d’autres aliments fermentés, il contient de bonnes bactéries probiotiques et soutient le système digestif.
L’expansion commerciale du kombucha
C’est en 1995 que la première compagnie de kombucha commercial, GT kombucha, voit le jour aux États-Unis. Au début des années 2000, les compagnies commerciales de kombucha se multiplient partout à travers le monde. On en trouve aujourd’hui sur tous les continents.
Le kombucha a également évolué. La saveur du kombucha n’est plus juste nature et très acide. On boit encore du kombucha pour ses bénéfices santé (faible teneur en sucre, probiotiques, ingrédients naturels), mais aussi comme une alternative à l’alcool, au café et aux boissons gazeuses. Le kombucha est faible en sucre, en caféine et en alcool. Il s’est donc taillé une place de choix dans nos verres ! On trouve désormais du kombucha à toutes sortes de saveurs, du kombucha alcoolisé, du kombucha sans sucre, du kombucha local, et bien plus encore !
En 2019, la taille du marché mondial du kombucha s’élevait à 1,84 milliard USD. Quand on aime le kombucha, difficile de s’en passer ! Plusieurs se sont tournés vers la production du kombucha à la maison, pour en avoir toujours sous la main. Incroyable de penser qu’une colonie de microorganismes a traversé les âges pour parvenir à nos verres !
Placer les sachets de thé dans la jarre. Verser 11 d’eau bouillante, laisser infuser 15 minutes, puis retirer les sachets de thé. Ajouter le sucre et remuer jusqu’à dissolution. Laissez le thé devenir tiède.
Ajout de la mère de kombucha
Ajouter la mère de kombucha avec sa culture liquide. Couvrir le récipient avec le tissu et fixer avec l’élastique. Mettre la jarre dans un endroit bien aéré, à l’abri de la lumière directe du soleil.
Fermentation du kombucha
Laisser fermenter pendant 2 à 3 semaines à température ambiante. Le kombucha est prêt quand son niveau de sucre et d’acidité sont à votre goût. N’utilisez jamais de cuillère en métal dans votre kombucha, mais toujours une cuillère en bois !
Aromatisation (éventuellement)
Retirer la mère de kombucha et 500ml (2 tasses) de kombucha nature. Mettre de côté pour démarrer votre prochaine recette. Ajouter du jus de fruits, de la tisane, du sirop, des fruits hachés ou tout ce que vous voulez pour aromatiser votre kombucha. Consultez des recettes de kombucha pour des saveurs inspirantes.
Embouteillage
Verser le kombucha dans des bouteilles résistantes à la pression. Conserver les bouteilles à température ambiante. Après 3 jours, ouvrir et refermer une bouteille pour tester sa pression. Prolonger la fermentation de quelques jours de plus pour un kombucha plus pétillant. Quand c’est assez pétillant (attention à la pression !), mettre au réfrigérateur.
Notes
Et voilà! Votre kombucha est maintenant prêt à être consommé. Il se conserve au réfrigérateur sans réelle limite de temps. Pour préparer votre prochaine boisson kombucha : lavez la mère sous l’eau courante tiède et recommencez tout le processus.
Dans une sauteuse, faites revenir la viande (avec un peu d’huile d’olive) pour la faire rissoler et la séparer avec une cuillère puisqu’elle aura tendance à faire de gros grumeaux. Quand elle a coloré (elle va prendre du goût), la retirer.
Dans la même poêle, faire fondre le beurre puis ajouter l’oignon émincé et le céleri coupé en petits morceaux. Faites les suer.
Puis, ajoutez la viande, le laurier, la sauge ciselée, salez et versez la crème.
Mélangez et laisser mijoter à feux doux une quarantaine de minutes. La viande doit bien s’imprégner et la sauce ne doit pas trop sécher (ajoutez plus de crème ou de lait si nécessaire).
Cuire les pâtes dans de l’eau salée.
Ajoutez du parmesan dans la sauce.
Mélangez les pâtes dans la sauce.
Servir bien chaud en ajoutant du poivre et du parmesan dans l’assiette.
[LIBERATION.FR, 29 décembre 2017] Le médiéviste, maître de conférences à l’université de Paris-Nanterre, analyse la lente évolution du découpage des mois et des années en Occident, savant mélange de cultures romaine et catholique.
Caler le rythme de nos jours sur celui des planètes : c’est l’utilité première de notre calendrier. Avec ses 365 jours et ses années bissextiles, il permet de respecter scrupuleusement le temps que met la Terre à tourner autour du Soleil. Transposition de la mécanique des planètes, le calendrier transcrit aussi une partie de notre héritage culturel. Les noms des mois et des jours font écho à l’empire romain, qui célébrait Mars le mardi, Jupiter le jeudi, Jules César en juillet et Auguste en août. Les saints qui patronnent chaque journée, la numérotation des années après Jésus-Christ, ou encore le dimanche chômé sont, quant à eux, les marques d’une appropriation chrétienne.
Si c’est bien le cours des planètes qui règle nos jours et nos nuits, la façon de mesurer le temps est loin d’être immuable. L’historien Bruno DUMEZIL, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre, explique comment notre calendrier a pris forme au milieu de mille façons de voir passer le temps.
Notre calendrier est-il vraiment né dans l’Antiquité romaine ?
Beaucoup de choses ont été fixées à cette époque, à tel point que l’on pourrait dire qu’en termes de civilisation, nous sommes encore dans l’Empire romain. Pour être plus précis, notre calendrier est gréco-romain : lorsqu’il a instauré le calendrier julien en 48 avant Jésus-Christ, Jules César a fait appel à des savants d’Alexandrie, issus du monde grec. Le calendrier romain s’est donc inspiré de son ancêtre grec, qui utilisait lui-même des méthodes de calcul égyptiennes.
Les modifications de César ont un intérêt scientifique : en instaurant une année de 365 jours au lieu de 355, et en prévoyant une année bissextile tous les quatre ans, son calendrier se rapproche des 365,25 jours que met la Terre à tourner autour du Soleil. Mais c’est aussi une réforme politique qui lui permet de fixer les jours fériés. Cela avait pour effet d’interrompre les procès et de retarder le début des procédures administratives ou des batailles. C’était un outil de pouvoir.
César invente donc le calendrier politique ?
Non, il existait avant ! Dans la Guerre du Péloponnèse, l’historien Thucydide explique qu’il ne pourra dater les événements relatés qu’en fonction des saisons, chaque cité combattante ayant voulu garder son propre calendrier pour marquer l’opposition avec ses rivales. Cette logique se poursuit à travers le temps : plus tard, au VIe siècle, le roi des Ostrogoths tente de faire adopter son calendrier au roi des Burgondes en lui offrant une horloge.
Il faut donc imaginer qu’à l’ombre du calendrier julien, la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Age sont marqués par une diversité de calendriers
Plusieurs calendriers cohabitent, et cela est parfois difficile à gérer. Dans une même ville, la cathédrale et le pouvoir politique n’ont pas le même calendrier. Le rythme du temps varie aussi en fonction des métiers. C’est le cas des métiers judiciaires : les tribunaux ferment pendant les moissons, les vendanges, ou les anniversaires des membres de la famille impériale. Du point de vue religieux, les calendriers chrétien et judaïque cohabitent. Mais, au sein même des communautés chrétiennes, les temps forts de l’année varient en fonction des saints que l’on célèbre. Enfin, n’oublions pas les calendriers agricoles, qui rythment l’année en fonction des saisons et des travaux des champs, et qui ont leurs propres fêtes comme celles de la Saint-Jean.
Face à tout cela, à Rome, l’empereur fait preuve d’un grand pragmatisme. Ainsi, il tolère que les Juifs ne comparaissent pas au tribunal les jours de shabbat. De même, les fêtes païennes sont tolérées. Mais c’est l’intérêt économique qui prime : si des intempéries mettent les moissons en péril, toutes les fêtes sont suspendues pour sauver les récoltes.
Au milieu de tous ces calendriers, c’est donc surtout le catholicisme qui impose ses repères temporels en s’appropriant le calendrier julien. Comment s’enclenche cette évolution ?
Cela commence avec l’empereur Constantin (310-337). Premier à se convertir au catholicisme, il entraîne la cohabitation des temps romain et chrétien dans le calendrier. Au IVe siècle, les empereurs reconnaissent les jours de fête chrétiens et les intègrent au calendrier. L’enjeu était notamment de placer le jour de repos hebdomadaire : cela devait-il être le jeudi, jour de Jupiter, ou le dimanche, jour du Christ ? Rapidement, le dimanche l’emporte dans la loi romaine, mais il faut attendre que l’un des arrière-petits-fils de Clovis impose le changement en 595 pour qu’il s’applique vraiment.
Rome essaie aussi d’imposer son mode de calcul de la date de Pâques, ce qui est difficile car il s’agit d’un événement du calendrier lunaire à intégrer au calendrier solaire. De plus, les contraintes sont nombreuses : elle doit avoir lieu un dimanche, à une période où les jours rallongent, et pas le même jour que la pâque juive. Outre la rivalité avec le calendrier judaïque, il s’agit pour Rome d’imposer son autorité dans le monde chrétien. L’Irlande, convertie au Ve siècle, parvient à conserver un mode de calcul différent jusqu’en 664. Cependant, certains particularismes perdurent. Dans la péninsule Ibérique, le royaume suève de Galice refuse les noms des jours du calendrier chrétien, puisqu’ils font référence à des dieux païens : mardi est le jour de Mars, mercredi celui de Mercure… On décide de numéroter les jours, ce qui explique leur dénomination actuelle en portugais : segunda-feira (lundi), terça-feira (mardi), etc.
Le choix de faire débuter la numérotation des années avec ‘l’incarnation’ (la naissance de Jésus-Christ) est-il aussi le fruit de longues négociations ?
L’idée apparaît chez un clerc grec du VIe siècle, mais il faut attendre le siècle suivant pour qu’un grand historien du monde anglo-saxon, Bède le Vénérable, l’impose en datant tous les événements qu’il relate selon ce principe. Auparavant, la date de la création du monde (début du calendrier juif) a pu être utilisée par les chrétiens. Mais cette date étant très lointaine, elle multiplie les risques d’erreurs de calcul. Au VIe siècle, Grégoire de Tours l’a utilisée pour relater l’histoire de Clovis : certains épisodes de la vie de ce roi sont donc un peu incertains.
Les systèmes de comptage des années sont donc multiples, et les auteurs de l’époque privilégient une datation relative, en prenant pour point de départ l’entrée en fonction d’un empereur, d’un roi ou d’un abbé. Un même document est daté selon plusieurs personnages, au risque de l’erreur : le moine qui chronique la fondation de l’abbaye de Cluny se trompe dans l’une des deux dates qu’il indique. On ignore donc si cette grande abbaye fut fondée en 909 ou en 910.
Le 1er janvier n’est pas un événement religieux. Pourquoi cette date s’est-elle imposée ?
Dans l’Empire romain, ce jour marquait la prise de fonction des consuls et la fête du dieu Janus, où il était d’usage de s’offrir des cadeaux. Au début du Moyen Age, plusieurs évêques expliquent dans leurs sermons qu’il s’agit de rites païens : or, si les gens s’offrent bel et bien des étrennes, la fête a probablement perdu son sens religieux. Certains proposent de changer d’année à Pâques, mais c’est finalement le premier janvier qui reste la date de référence.
Les ruptures au sein du catholicisme – les schismes orthodoxe et protestant – sont-ils importantes pour comprendre la diversité des calendriers ?
La réforme grégorienne du Xe siècle, puis la prise de Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient, par les Croisés en 1204 entraînent une rupture : les orthodoxes refusent dès lors toute décision venue de Rome. En 1582, ils n’adopteront donc pas le calendrier grégorien mis en place par le pape Grégoire XIII, d’où le décalage des calendriers. De même, lors de la réforme protestante, les luthériens refusent le calendrier grégorien pour marquer leur opposition à Rome. Mais cela n’est que temporaire. Pourtant, ce changement a aussi des fondements scientifiques : le calendrier julien partait du principe que la Terre tourne autour du Soleil en 365,25 jours, alors que ce temps est plus long de quelques minutes. Au fil des années, cela avait créé un décalage de dix jours excédentaires. Grégoire XIII les a donc supprimés en octobre 1582, et il a revu le système des années bissextiles pour éviter que ce décalage se reproduise.
Comment expliquer que notre calendrier grégorien se soit diffusé dans le monde entier ?
Parmi les facteurs d’explication, on peut citer le concile de Trente (1545-1563) qui visait à unifier les pratiques chez les catholiques dans un contexte de guerre de religion, ou la colonisation. Cette diffusion se fait aussi en Europe même : jusqu’au XIXe siècle, les habitants vivaient dans un univers local, sur une trentaine de kilomètres autour de chez eux, où les particularismes locaux du calendrier avaient du sens. Mais à cette période, le monde s’étend et fait naître le besoin d’un temps absolu. Et puis, n’oublions pas l’argument scientifique : ce calendrier est celui qui suit au mieux l’année solaire. C’est sans doute la raison principale.
L’hégémonie de ce calendrier a le mérite de simplifier la datation des événements. Est-ce une facilité pour les historiens ?
Aujourd’hui, l’histoire s’exerce de moins en moins à travers la fascination de la date exacte, comme lorsque nous apprenions que Charles Martel a arrêté les Arabes à Poitiers en 732… ce qui n’est pas si sûr. L’importance est plutôt de situer les événements les uns par rapport aux autres, ce qui donne du sens à la logique de datation relative du Moyen Age. Cela permet à l’historien de mieux saisir le temps vécu par les personnes de l’époque : l’an mil n’avait pas beaucoup de sens, car peu de gens savaient que l’on changeait de millénaire ! En revanche, se trouver dans la quatrième année de tel règne avait une signification. Ainsi, plutôt que de dire que nous passons à 2018, il peut être plus intéressant de penser que nous sommes “dans la première année du règne de Macron.“
Une interview de Thibaut Sardier, liberation.fr
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | sources : d’après liberation.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, calendrier des travaux agricoles correspondant aux 12 mois de l’année (vers 1400).
[RADIOFRANCE.FR/FRANCECULTURE, 16 juillet 2024] “Yeux verts, yeux de vipère !” Si ce jeu de mots date de 1830, la mauvaise réputation des yeux verts, elle, est attestée depuis la Rome antique. Comment l’idée fausse selon laquelle le vert porterait malheur s’est-elle forgée ?
Synonyme de nature perverse, d’esprit faux et de débauche, les yeux verts sont les yeux des traîtres, des prostituées, de Judas, voire du Diable en personne. Les elfes, les fées, les trolls, les korrigans, les farfadets ou les lutins, ces personnages effrayants sont, depuis le Moyen Âge, presque toujours verts, de même que leur lointain descendant le Martien. “Dans les images comme dans la réalité, [la] tonalité verdâtre est toujours inquiétante, sinon mortifère“, écrit l’historien Michel Pastoureau. “C’est la couleur de la moisissure, de la maladie, de la putréfaction et surtout des chairs décomposées. Par là même, c’est aussi celle des cadavres et (…) des revenants.“
Pourquoi la couleur verte a-t-elle été bannie des théâtres ?
Le vert qui fait peur est un vert aqueux, visqueux, désaturé. La reine Victoria, par exemple, l’avait en horreur et elle l’a chassée de tous les palais royaux anglais, notamment de Buckingham Palace. C’est surtout au théâtre que les superstitions sur le vert sont les plus tenaces : cette couleur est bannie de la scène. Les comédiens la proscrivent aussi bien sur les costumes que dans les décors ou dans la salle. Les chroniques flamandes au Moyen Âge rapportent en effet que plusieurs acteurs seraient morts après avoir joué le rôle de Judas, traditionnellement vêtu de vert. Teindre un costume en vert vif a longtemps été un exercice difficile : il fallait utiliser une matière colorante très toxique appelée le verdet, qu’on obtenait à partir de l’oxydation du cuivre. Cette couleur était certes éclatante mais très dangereuse, car ses vapeurs pouvait entraîner l’asphyxie et la mort. Les réticences des acteurs sont compréhensibles !
Outre la teinture, l’éclairage a contribué également à éloigner le vert de la scène : contrairement au rouge ou au jaune, les tissus verts se voient mal, ce qui n’était, on l’imagine bien, pas du goût des comédiens et encore moins des comédiennes qui s’estimaient trop peu mises en valeur.
Maudit au théâtre, le vert l’est aussi à bord des bateaux car la couleur passe pour attirer l’orage et la foudre. C’est sans doute la raison pour laquelle il est absent du code international des signaux maritimes. Cela expliquerait aussi pourquoi, en 1637, un étrange édit de Colbert demande aux officiers de marine de détruire tous les navires à coque verte.
Dans le domaine des croyances, le vert est en réalité une couleur ambivalente. Des enquêtes d’opinion réalisées dans plusieurs pays européens révèlent que si le vert est détesté par 20 % des sondés (au motif qu’il porterait malheur), il est aussi la couleur préférée par 20 % d’entre eux, car pour certains le vert protège des esprits malfaisants.
En Allemagne et en Autriche, les portes des étables ont longtemps été peintes en vert pour éloigner la foudre, les sorciers et les esprits malins. Aujourd’hui encore, en Irlande et au Danemark, beaucoup croient que les imperméables et les parapluies verts protègent mieux de la pluie que les autres, comme si le vert protégeait de l’averse.
Parfois préjugé et superstitions se rencontrent. Les deux sont à combattre, mais, dans le doute, n’essayons pas d’ouvrir un parapluie à l’intérieur !
[RADIOFRANCE.FR/FRANCECULTURE, 28 décembre 2017] À l’heure qu’il est, on va réveiller les mots endormis, fatigués ou désuets, mais qui n’ont pas quitté le dictionnaire et se révèlent pleins de ressources.
EAN 9782234084315
Laure de Chantal et Xavier Mauduit publient chez Stock Crapoussin & Niguedouille, la belle histoire des mots endormis. Des mots qu’ils ont choisis parce qu’ils leur ont claqué à l’oreille, par leur sonorité mais aussi le sel dont ils se sont chargés au gré de leurs périples et de leurs occurrences dans la langue littéraire ou populaire. “Écouter le doux frou-frou de la langue française, c’est écouter le récit des civilisations“, résument-ils. Car “avant d’atterrir dans notre bouche, les mots ont fait le tour du monde.“
Dans le Dictionnaire de l’Académie française, septième édition, il y a environ vingt-mille mots d’origine étrangère sur un total de trente-deux mille. Toute langue est donc un carnaval perpétuel de mots migrants… Ainsi notre zizanie – un sport national – elle vient du fin fond de l’histoire, qui commence à Sumer avec l’invention de l’écriture, outil éminemment stratégique destiné à enregistrer les comptes des récoltes – le zizon est la mesure du blé – ainsi que du bétail. Dans l’Antiquité, ce sont de lourds enjeux, qui justifient des expéditions guerrières et des annexions. C’est ainsi que “les mots sèment aux quatre vents des accents exotiques sur les dictionnaires“, et qu’ils “sont immortels.“.
Mais revenons à nos moutons : crapoussin, vous avez dû voir ça se précipiter sous le sapin de Noël pour déballer fiévreusement les cadeaux. Mais la connotation n’a pas toujours été si charmante, qui mêle la posture de la grenouille à la grâce ébouriffée du poussin. Son sens premier, dès le XVIIIe siècle, désignait “un petit homme trapu et contrefait“, une sorte de crapaud bloqué à un stade infantile de son développement : “chétif, replet, bedonnant…” Et c’est ainsi qu’il apparaît dans Le Père Goriot ou dans L’Assommoir.
Quant à niguedouille, le mot “incarne la franchise, l’humour moqueur et la liberté de notre langue“, car “il chante la fête au village, où l’on danse le rigaudon“. Non, les niguedouilles ne sont pas nés des amours entre un nigaud et une andouille, mais ils fleurent bon la marmite médiévale. Les académiciens lui ouvrent la porte cochère de leur dictionnaire dans sa huitième édition comme synonyme de bêta : aux innocents les mains pleines ! Les éditorialistes l’intronisent pour se moquer des grands sans les nommer, ce qui est bien commode en période de censure de la presse, d’autant que la rime est riche avec patrouille et bredouille, voire avec “la gidouille, le gros ventre du Père Ubu dans la pièce de Jarry.“
Pour les auteurs, tous ces mots ont “la langue bien pendue” et “les essayer, c’est les adopter.” Alors, de coquecigrue pour baliverne à pimpesouée la délicate et précieuse, pour faire un tabac au réveillon de la St Sylvestre, procurez-vous et surtout offrez le bouquin !
L’argot, réservoir de mots biscornus et imagés
On dit qu’il se perd, mais c’est parce qu’il se transforme en permanence, faisant feu de tout bois, même les mots endormis et hors d’usage, comme daron, que Littré donne pour vieilli, mais qui a repris du service chez les jeunes.
Parfois, c’est l’inverse : l’argot refile quelques jolis mots au dictionnaire de l’Académie. Comme cambrioler, ou patibulaire qui désignait au Moyen Âge le gibet en argot, et qui a dérivé jusqu’à définir la mine d’un individu promis à l’échafaud.
EAN 9782321011163
L’argot des Coquillards, qui fleurissait la langue de Villon, nous a légué à travers le temps des termes passés dans le langage courant, comme la louche, pour la main ou encore picoler. Aurore Vincenti en a rassemblé un plein bouquet dans Les mots du bitume, publié par Le Robert. De Rabelais aux rappeurs, les mots de la rue témoignent d’une vigoureuse créativité. Daron, par exemple, serait une sorte de mot-valise formé de l’ancien français dam, qui signifiait seigneur et de baron, l’ensemble connotant le pouvoir et l’autorité. Le père, mais aussi le patron. Et ça marche également au féminin. Pénave est un équivalent de jacter, parler et peut se conjuguer, il vient du romani, la langue des Tsiganes : je pénave comme un rabouin, c’est-à-dire comme un bohémien… Ambiancer – on vous le souhaite pour le réveillon – qui signifie à la fois “mettre de l’animation, séduire, chauffer” vient du français d’Afrique et du nouchi, la langue hybride parlée en Côte d’Ivoire par la jeunesse urbanisée, “un joyeux mélange de langues africaines, comme le baoulé ou le dioula, et d’anglais“. Ambiancer peut avoir également une connotation érotique et il a débarqué par chez nous dans les années 2000…
Au début, il n’y avait rien.
Le premier jour, Dieu créa Liège et tout s’illumina ;
Le second jour, il créa D’ju d’là* et tout se mit à vivre ;
Le troisième jour, il créa Tchantchès* et on entendit rire ;
Le quatrième jour, il créa Nanesse* et on entendit braire ;
Le cinquième jour, il créa le péket et les fêtes s’animèrent ;
Le sixième jour, il créa le reste, la terre, les étoiles, les animaux…
Juste pour le bon plaisir du peuple de Liège ;
Et le dimanche comme de bien entendu, il est allé se reposer en bord de Meuse avec Tchantchès et sa Nanesse tout en buvant un frisse pèkèt* ;
Durant la conversation, il se dit : bel après-midi, mais, pour la matinée c’est trop calme.
Et… Il créa la Batte*.
Voilà pourquoi nous sommes fiers d’être Liégeois !
[auteur anonyme]
Quelques explications :
D’ju d’là : quartier d’Outremeuse situé – comme son nom l’indique – ‘de l’autre côté’ de la Meuse, par rapport au centre-ville ;
Tchantchès & Nanesse : couple légendaire de Liégeois, réputés pour leurs disputes (voir ci-dessous) ;
Pèket : nom wallon donné au genièvre, la boisson typique du Pays de Liège ;
La Batte : marché dominical qui se tient sur les rives de la Meuse à Liège.
TCHANTCHÈS & NANESSE
[d’après PROVINCEDELIEGE.BE] Connaissez-vous le couple le plus célèbre des marionnettes liégeoises ? C’est un personnage légendaire. L’apparition de Tchantchès remonterait au 25 août 760. Selon la légende, il serait né entre deux pavés du quartier d’Outremeuse. Comme le petit bonhomme n’apprécie pas l’eau, son père lui fait goûter, avec succès, un biscuit trempé dans le pèkèt, (alcool liégeois aux baies de genévrier). Son sevrage se fait par la suite, avec un hareng saur, une pratique courante à l’époque, ce qui lui donne une soif ardente, pour la vie ! Notre héros hérite d’un physique peu gracieux. Durant son baptême, son nez s’allonge d’une façon démesurée après que la sage-femme le cogne accidentellement sur les fonts baptismaux ! Plus tard, atteint de la rougeole, on lui fait boire de l’eau ferrugineuse destinée à le guérir. C’est ainsi qu’il avale un fer à cheval de travers. Ce corps étranger l’empêche, depuis, de bouger la tête de bas en haut. Devenu adulte, Tchantchès participe à de nombreuses aventures avec ses fidèles compagnons, Roland le preux chevalier, l’archevêque Turpin et bien sûr l’empereur Charlemagne. La mort de Roland à la bataille de Roncevaux rend Tchantchès inconsolable. Tchantchès nous quitte définitivement, emporté par la grippe espagnole à l’âge de 40 ans. Il repose à proximité de la place de l’Yser, au pied du monument qui lui est dédié.
…et des marionnettes attachantes. La marionnette de Tchantchès foule les scènes des théâtres liégeois dès la fin du XIXe siècle. La plupart des montreurs s’identifient fortement à Tchantchès qui devient leur avatar ; ils réalisent souvent la marionnette à leur effigie. Tantôt blagueur voire critique vis-à-vis des puissants, tantôt peureux ou bagarreur, la palette de ses différents traits de caractère est immense. Il n’existe pas qu’un Tchantchès mais une multitude !
Quant à l’origine de Nanesse, elle reste mystérieuse : elle se situerait vers le début du XXe siècle. Peut-être a-t-elle été créée pour donner à Tchantchès une compagne et ajouter un peu de piquant à la vie de ce pauvre bougre ? Sa personnalité varie peu, contrairement à celle de son compagnon : c’est une femme de caractère, botteresse de profession, n’hésitant pas à mettre son homme au pas lorsqu’il a tendance à étancher sa soif plus que de raison.
Lors des spectacles, elle rythme le récit en intervenant à certains moments clés, en général pour ramener Tchantchès à la maison… Le couple n’est pas marié, les deux tourtereaux sont des applaqués, comme on dit à Liège. En effet, Nanesse refuse de convoler en justes noces car “le mariage est fait pour les sots.” Son apparence et son langage contraste avec celui des princesses du répertoire, souvent passives et peu hardies. Si l’arme secrète et fatale de Tchantchès est un côp d’tiésse épwèzoné (un coup de tête empoisonné), Nanesse n’est pas en reste avec ses coups de poêle à boûkètes (crêpes liégeoises à la farine de sarrasin) ! Figures emblématiques du folklore liégeois, ces deux personnalités authentiques et attachantes, perpétuent joyeusement la légende auprès de tous les petits (et grands) enfants.
[NATIONALGEOGRAPHIC.FR] Qui est Krampus, la créature légendaire qui punit les enfants ? Le Père Noël n’a qu’à bien se tenir : une terrifiante bête de Noël nommée Krampus a envahi la pop-culture pour châtier les enfants qui n’ont pas été sages.
Père fouettard, nous vous présentons Krampus : cette terrifiante créature mi-chèvre, mi-démon, qui frappe littéralement les enfants pour les forcer à être sages. Krampus n’est pas fait de l’étoffe des rêves : il est doté de cornes, d’épais cheveux noirs et de crocs, porte une lourde chaîne, des cloches qu’il fait tinter avec force et d’un fouet qu’il fait claquer sur la peau des enfants qui n’ont pas été sages. Quand il les attrape, il entraîne les vilains garnements dans le bas monde.
Mais quelles sont les origines de ce “diable de Noël” ?
Krampus, dont le nom est dérivé du mot allemand Krampen, qui signifie griffes, est le fils de Hel dans la mythologie nordique. Ce monstre légendaire a les mêmes caractéristiques que d’autres créatures démoniaques et effrayantes de la mythologique grecque, comme les satyres et les faunes.
Ce légendaire personnage fait partie de la tradition de Noël depuis des siècles en Allemagne, où les fêtes de fin d’année commencent début de décembre.
Krampus est le pendant maléfique de Saint Nicolas, qui récompense les enfants avec des bonbons. D’après le folklore germanique, Krampus arrive dans les villes la veille du 6 décembre, la Krampusnacht. Le 6 décembre est le jour de Saint Nicolas, le Nicolaustag. Les enfants allemands se précipitent au matin pour voir si les chaussures ou les bottes qu’ils ont laissées sur le pas de leur porte contiennent des cadeaux (en récompense de leur bon comportement) ou une baguette (en punition pour leur mauvais comportement).
D’autres manières plus modernes de célébrer le 6 décembre peuvent être observées en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Slovénie et en République tchèque, où des hommes ivres se déguisent en Krampus et tels des diables envahissent les rues pour le Krampuslauf, (littéralement la pluie de Krampus) tandis que les gens courent partout pour les fuir.
Pourquoi effrayer les enfants avec de si monstrueuses créatures païennes ? Peut-être est-ce là un moyen pour les hommes d’exprimer leur côté animal. De telles impulsions peuvent être le moyen d’exprimer une “double personnalité”, une ambivalence humaine, selon António Carneiro, interrogé par le magazine National Geographic en début d’année au sujet de la résurgence des traditions païennes. Ceux qui se déguisent en monstres “deviennent des êtres mystérieux“, explique-t-il.
VOUS PRÉFÉRERIEZ DES MORCEAUX DE CHARBON ?
Krampus et la peur qu’il suscitait ont disparu pendant plusieurs années – l’église catholique a longtemps interdit les célébrations pouvant créer la panique et durant la deuxième guerre mondiale, les fascistes avaient interdit cette tradition qu’ils associaient aux sociaux-démocrates.
Mais Krampus n’est jamais loin et il fait son grand retour, porté par tous ceux qui abhorrent Noël et qui souhaitent célébrer la saison des fêtes de manière non-traditionnelle. Aux États Unis, on commence à organiser des fêtes pour célébrer Krampus. Même les séries s’y mettent : un épisode d’American Dad a été consacré à ce personnage fallacieux (Minstrel Krumpus), mettant en lumière le mouvement des célébrations anti-Noël.
En Autriche “la personnalité hostile” de Krampus est en passe de devenir un objet commercial : chocolats, figurines et cornes en plastique sont chaque année proposées au grand public. La commercialisation à outrance de l’image de ce monstre commence déjà à être critiquée dans le pays.
[TERREDEFROMAGES.BE] Le fromage de Herve, fait l’admiration des amateurs depuis le Moyen-Age. Ses formes carrées, sa couleur orangée, son arôme typique caractérisent un fromage authentique, inséparable de la région qui l’a enfanté : le Pays de Herve.
Traditionnellement, il se dégustait par les anciens avec un peu de sirop de Liège et une tasse de café. C’est un grand fromage de fin de repas qu’accompagneront avec bonheur un vin chaleureux, un Porto vintage ou une bière brune d’abbaye. Les amateurs l’apprécient également avec un bon Gewurztraminer.
Anecdote déconseillée aux âmes sensibles : les anciens conservaient leur fromage de Herve dans une réserve et ne le mangeaient que “avou les crèstîs” [avec les paroissiens], c’est-à-dire une fois le fromage couvert d’une couche d’asticots, qu’ils grattaient d’abord au couteau, faut-il le préciser ?
Certains grands chefs coqs démontrent aussi que le fromage de Herve ne se limite pas au plateau de fromages mais l’intègrent dans des préparations subtiles tels que des salades, sauces, crèmes brûlées et autres mets gastronomiques. Ce cube de 100, 200 ou 400g fait merveille dans des recettes. Là où d’autres fromages s’éteignent, le Herve apporte ses saveurs subtiles aussi à des recettes simples de tous les jours : risotto, tartiflette, sauce, croque-monsieur…
Le Herve fait partie de la famille des fromages à pâte molle et à croûte lavée. Cela implique un travail régulier d’affinage puisque chaque fromage est lavé et retourné plusieurs fois par semaine. La main de l’homme est donc indispensable à la maturation longue et méthodique du fromage qui acquiert au fil des semaines une croûte orangée et légèrement grasse ainsi que son goût et son odeur si typiques. Il existe 3 types de Herve : le doux, le piquant (plus salé et affiné plus longtemps) et le Remoudou, une ancienne recette au lait entier (plus riche et aux arômes plus complexes)…
Le fromage de Herve a reçu le label européen AOP (Appellation d’Origine Protégée) en 1996.
Histoire du fromage de Herve AOP
Grâce à plusieurs sources dont le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris puis de Jean de Meung (1230 à 1280) et une étude du professeur Remacle de l’ULiège, nous savons que la tradition du fromage de Herve est vieille de plus de 8 siècles.
Au XVIème siècle, la région du plateau de Herve fut interdite d’exportation de blé suite à un édit de l’empereur Charles Quint. Les nombreux paysans dans cette région, ne pouvant plus exporter leurs céréales, se sont reconvertis en transformant leurs terres agricoles en prairies pour l’élevage de vaches laitières. Restreints sur les moyens de communication, les paysans devaient trouver un produit dont le temps de mûrissement était assez long afin d’en permettre le transport vers des régions parfois très éloignées.
On fit donc du Herve qui, à partir de ce moment, servi aussi de monnaie. On constate avec certitude que, dans les villages, des maisons sont vendues contre paiement par une rente de produits faite de beurre et de fromage de Herve. Au XVIIème siècle, le Herve était un cadeau princier, offert, entre autres, aux officiers occupants pour gagner leurs bonnes grâces. Cela démontre l’existence, la qualité et la valeur commerciale de ces fromages anciens.
Au XVIIIe siècle, notre ambitieux fromage quitte ses frontières. Le Herve était vendu en Alsace, en Lorraine et même en Bourgogne où les marchands descendaient avec des charrettes remplies de fromages et remontaient chargées de marchandises et de vins qui étaient revendus sur les marchés de la région. Malgré les taxes, droits de passage et autres impôts, les marchands vendirent de plus en plus de fromages de Herve.
Au XIXe siècle, commence la fabrication du Herve Remoudou à partir de lait crémeux : “on n’moudève nin les vaches fou” [On ne trayait pas les vaches à fond] lors de la première traite. Cette pratique permettait de cacher à l’œil vigilant du fisc la quantité réelle de lait tiré et ainsi d’éluder des taxes ! Une première traite ne tirait du pis de la vache qu’une partie du lait. Une seconde personne venait discrètement retraire (“rimoude” en wallon liégeois). De cette deuxième traite, on obtenait un lait riche et crémeux. Voilà d’où est né le nom Remoudou, de la même manière d’ailleurs qu’a été créé le Reblochon français fabriqué ancestralement avec du lait de re-traite (“blocher” signifiant traire en dialecte de la région). Plusieurs tentatives de produire le fromage de Herve dans d’autres régions semblent avoir échoué. Le climat, la nature particulière des herbages, une microflore spécifique et le savoir-faire des fabricants sont des atouts irremplaçables liés au terroir. De plus, le Herve doit sa saveur inimitable à la présence d’une bactérie particulière au Pays de Herve : le brévibacterium linens.
Cette remarquable tradition s’est perpétuée de génération en génération jusqu’à nos jours. Dans les années autour de 1960, les producteurs de Herve étaient au nombre de 500. L’évolution de l’agriculture, la taille des exploitations, les revenus du lait, la pénibilité de ce travail quotidien de production et d’affinage dans des caves basses et humides dévolu à la fermière, les normes ont petit à petit eu raison de la production du Herve dans les fermes. Le modèle de production en ferme et revente à des affineurs assurant la distribution des célèbres fromages avait vécu…
On doit à la liégeoise Catherine Francotte un poème présent dans notre POETICA : Ode au fromage de Herve
J’ose à peine t’ôter ton habit à rayures
Poisseux, il te colle à la peau, se fissure…
Te toucher me répugne, tes remugles obsédants
Reculent les plaisirs que tu donnes aux amants.
Mais quand tu t’offres nu à ma bouche bouffonne
J’oublie ma répulsion et d’un coup je t’affonne.
Enlevez les croûtes des 6 tranches de pain et coupez les tranches en deux ;
Placez les tranches sur un plat allant au four et arrosez-les de 30g de beurre fondu. Colorez-les au four sans excès ;
Faites ramollir 30g de beurre et grattez légèrement la croûte d’un demi-fromage de Herve. Mettez-le dans un saladier avec une cuillère à soupe de moutarde ;
Pétrissez le tout pour en faire une crème que vous étalez sur la moitié des tranches colorées.
Posez sur le fromage une demi-tranche de Jambon d’Ardenne et recouvrez de l’autre moité du pain ;
Replacez le tout sur le plat et enfournez à nouveau quelques minutes pour faire chauffer le fromage et le pain ;
Servez aussitôt avec, par exemple, une salade verte.
[d’après BRUSSELSLIFE.BE, 14 juin 2015] Là où le reste du monde fait valser ses tartines un peu séchées dans un grille-pain ou les imbibent de lait et d’œuf avant de les perdre quelques minutes dans une poêle bien beurrée, les Bruxellois les transforment en bodding !
Il y a quelques années, le bodding était, comme les frites et les ballekes, une véritable institution bruxelloise. Aujourd’hui, pour dénicher ces restes de pains et de viennoiseries recuits après avoir été accommodés de rhum, d’eau, de cassonade, de sucre de gros calibre et de raisins, vous devrez pousser la porte des boulangeries traditionnelles de la capitale. On vous fait découvrir l’origine du bodding, la recette traditionnelle bruxelloise et certaines déclinaisons gourmandes à déguster !
Le bodding, wadesda ?
Bodding. Non, il ne s’agit pas de Paul Olaf Bodding (1865-1938), missionnaire chrétien aux Indes et éminent folkloriste-linguiste norvégien, ni de feu Robin Gibb (1949-2012) des Bee Gees surnommé “Bodding” dans son enfance… Le bodding dont on parle ici est l’une des spécialités culinaires bruxelloises, plus précisément un dessert. C’est une version du pudding réalisée avec des restes de boulangerie : du pain, des couques, etc. On y ajoute ensuite des œufs, du sucre candi, des raisins secs et du rhum dans sa variante brusseleir ! On obtient au final un cake avec la texture du fudge et le goût du pudding.
Aussi orthographié “bodink”, “bodding” serait une contraction du mot flamand “brood” [pain] et du mot anglais “pudding“, son origine remonterait au Moyen Âge. Il est aussi connu sous les noms de pain de chien ou gâteau du pauvre. En ligne, on nous apprend que le pudding au pain est également populaire dans les contrées anglo-saxonnes comme le Canada (principalement au Québec), les États-Unis et le Royaume-Uni. Le Mexique possède également un plat qui lui est proche avec le capirotada, consommé durant le Carême.
Véritable madeleine de Proust pour de nombreux Bruxellois, le bodding garnissait les tables du déjeuner et du goûter d’autrefois. Préparation facile et anti-gaspi par excellence, s’il a presque disparu des étalages des boulangeries (il n’est encore présent que dans certaines boulangeries traditionnelles), le bodding revient en force avec la tendance zéro déchet !
Si sa recette est aisée car à base de récup’, il n’en reste pas moins un gâteau bien calorique. Dessert ou gourmandise (appelez-le comme vous voulez), bodding classique ou agrémenté, servi avec du café (une “jat’café” comme on dit à Bruxelles), du thé ou du chocolat chaud, c’est un pur délice !
La recette du bodding à la bruxelloise
Totalement dans l’air du temps, la recette traditionnelle du bodding est facile à réaliser et permet de réutiliser les restes de pain et de couques que vous n’avez pas encore mangé. Il existe sans doute autant de recettes de bodding que de familles bruxelloises. Le principe reste toutefois le même… La recette bruxelloise classique est à base de raisins secs et de rhum. A vous d’adapter les grandes lignes qui suivent selon vos goûts et vos envies ! Elle est en tout cas parfaite pour cuisiner avec vos ketjes.
Rassemblez tous vos restes de pains et couques : pains blanc, pains gris, cramiques, pistolets, croissants… tout le monde est le bienvenu ! Coupez le tout en petits morceaux avant d’arroser de lait et de café. Laissez tremper pendant une heure et demie. En même temps, faites tremper les raisins secs dans le rhum avec deux cuillères à soupe d’eau durant autant de temps. Après une heure et demie, égouttez le mélange de reste, de lait et de café. Ajoutez les œufs et les deux sucres aux raisins et au rhum. Mélangez. Incorporez le mélange aux restes et malaxez bien le tout. Versez la préparation dans un moule et cuire entre 90 et 120 minutes dans un four préchauffé à 150 degrés. Pour être réussi, votre bodding doit rester un petit peu mou et humide au cœur. Smakelijk !
Vous pouvez sinon accommoder votre bodding de bon chocolat belge à la place des raisins secs ou de pommes, au choix.
Où acheter du bodding à Bruxelles ?
On trouve encore du bodding sur quelques marchés et dans certaines boulangeries traditionnelles. Du côté de Koekelberg, Stockel et Jette, la belle portion revient à 2,95 € et quand on vous parle de belle portion : on vous promet d’être rassasié ! A Auderghem, on propose le bodding entier (900 gr) à 4 € ou le demi à 2 €.
[SUDINFO.BE, 21 mars 2023] L’avisance : le repas du pèlerin. Il existe sans doute de nombreuses manières de vexer un vrai Namurois. La plus efficace consiste sans doute à assimiler la véritable avisance namuroise à un vulgaire pain-saucisse.
Pour ne plus confondre ce joyau du patrimoine culinaire namurois avec un vague produit industriel, on vous explique tout. Pour comprendre toute la complexité de ce met à mi-chemin entre la pâtisserie et la boucherie, il faut remonter au Moyen-Age. À l’époque, les catholiques pratiquants formaient la majorité de la population. Pour ces croyants, il était important d’effectuer, au moins une fois dans sa vie, un pèlerinage. En Europe, le plus célèbre est sans doute celui de Saint-Jacques de Compostelle, dans le Nord de l’Espagne. Dans le même temps, la plupart des fidèles étaient de condition modeste. Il s’agissait donc d’éviter à tout prix le gaspillage alimentaire. Des recettes permettant d’accommoder les restes de repas sont apparues un peu partout en Europe. On citera, par exemple le Pan Forte florentin préparé avec tous les restes de pâtisserie. Historiquement, l’avisance était un repas de voyage, préparé avec un reste de viande placé dans une crêpe de pâte à pain et cuite avec celle-ci. Elle était alors mangée froide, sur le pouce, notamment à l’occasion de longs pèlerinages.
Aujourd’hui, cette spécialité culinaire de la ville de Namur prend la forme d’un chausson de pâte enroulée, fourré à la viande. Elle est aujourd’hui servie chaude, en entrée, généralement accompagnée de crudités. Doit-on encore le préciser, il s’agit d’un plat traditionnel qui ne doit pas être confondu avec les productions industrielles à base de minerai de viande nommé pain-saucisse. Sa recette contemporaine, défendue par la confrérie gastronomique appelée La Commanderie des Coteaux de Meuse, se compose d’un rectangle de pâte feuilletée au travers duquel on dépose un boudin de farce composé de haché de porc coupé finement et épicée (chair à saucisse). La crêpe de pâte étant ensuite roulée autour de la viande et soudée. Le tout est recouvert de dorure à l’œuf et cuit au four durant une vingtaine de minutes. Elle est proposée en cuisine de rue, lors de festivités populaires comme les fêtes de Wallonie. Mais on pourra aussi la trouver en entrée souvent accompagnée de moutarde douce. Il faut noter aussi que la confrérie gastronomique qui en fait la promotion peut vous indiquer un choix de vins adéquats et issus du terroir local puisque la Commanderie des Coteaux de Meuse produit du vin sur les hauteurs de Wépion.
V.M.
[GASTRONOMIE-WALLONNE.BE] Avisance de Namur. L’avisance est typique de la région namuroise aux fêtes de Wallonie. Cette recette de notre site a été présentée par Gérald Watelet dans l’émission Un gars, un chef le 27 sept 2013.
L’AVISANCE : HISTORIQUE
C’est un fourreau de pâte feuilletée, fourré de haché, servi chaud. Elle est surtout connue lors des fêtes de Wallonie de Namur, où on la trouve dans les bonnes échoppes. Elle mérite d’être servie en entrée lors d’un repas accompagnée de crudités. Son origine remonte dans le temps lointain où les Namurois se rendaient en pèlerinage à Notre -Dame de Halle. La route étant longue et le déplacement se faisant à pied, chacun se munissait de provisions de bouche et notamment, une crêpe enroulée autour de restes de viande. Les pèlerins disaient qu’ils avisaient, c’est à dire qu’ils prenaient leurs précautions. Cette crêpe est devenue au fil du temps, l’avisance.
La réussite dépend de la qualité de la pâte et de la qualité de la (chair à) saucisse. Nous donnons la recette avec de la pâte feuilletée, par souci de simplification, car on dispose actuellement de pâte feuilletée prête à l’emploi, mais à l’origine, on utilisait de la pâte à pain.
AVISANCE : recette n°1
Préparation : 10 min – Cuisson: 20 min Ingrédients : pour 4 personnes
4 feuilles de pâte feuilletée de 15 cm,
4 saucisses,
1 oeuf (pour dorer).
Préparation : Ultrasimple. Roulez chaque saucisse dans une feuille de pâte. Placez les avisances sur une platine à tarte. Dorez chaque avisance avec un peu de lait ou de jaune d’œuf. Mettez au four préchauffé à 220°C durant 20 minutes.
Variante : Vous pouvez retirer la peau des saucisses avant de les enrouler dans la pâte. Dans ce cas, mettez la saucisse au frigo bien froid ; la chair se défait plus facilement quand elle est bien refroidie !
Préparation : Abaisser légèrement la pâte feuilletée. Mettre à la poche à douille un trait de chair à saucisse. Tartiner de moutarde. Dorer les bords. Plier et souder. Découper et cuire au four 200°C +/- 20 minutes.
Autre façon de lire la recette :
L’AVISANCE di NAMEUR
Prinde on rèstangue di pausse feuyetée, au bure, d’one sipècheû di 3 mm èt di doze cm di laudje sus vingt cm di long, î mète 40 grs di atchî di pourcia bin r’lèvé. È fé one roulade à mète cûre o for, à 250° à peu près 20 munutes. On pou lèyî l’avisance au frigo 3 à 4 djoûs ou bin l’èdjaler. Au momint di sièrvu, rèstchaufer 10 munutes au for à 220°. Todi li sièrvu tchôde.
“L’arcane Le Mat est la vingt-deuxième lame du Tarot de Marseille (ou la lame zéro !). Elle représente un personnage marchand avec son baluchon, son bâton et son chien. C’est le chemin de l’être humain qui emmène avec lui son histoire dans son baluchon et est accompagné de ses instincts, le chien. L’arcane Le Mat symbolise le destin du consultant qui doit avancer dans sa vie, poussé ou retenu par son chien, ses instincts, mais qui n’a pas d’autre choix que de suivre sa route personnelle. Le Mat représente la démarche du consultant, la voie qu’il a prise et qui le mène vers son avenir. C’est le voyageur autant que l’aventurier. Le Mat est une image de liberté et de libération des contraintes. Avec Le Mat le consultant retrouve un espace et un esprit libre, il se dégage des conventions et suit sa voie originale. Le Mat représente la capacité de prendre des risques dans la vie et d’avancer vers des terrains inconnus. Le Mat va de l’avant même s’il ne sait pas où cela va le mener. Il écoute son intuition pour se guider et avancer. Dans sa face sombre, Le Mat ne sait pas où il va et est en train de se perdre. Il n’est pas raisonnable et peut aller à sa perte. Il fuit plutôt que d’affronter les situations. Le Mat n’écoute personne, ne sait pas s’arrêter et reste fixé sur ses idées folles.” [d’après ELLE.FR]
Le Mat (Tarot de Marseille)
Lame droite : Transformation de la situation.
à côté – le Chariot : Grande nouvelle venant de loin ou nouvelle du passé qu’on a enterrée.
à côté – l’Hermite : Un secret sera découvert avec paroles médisantes.
à côté – la Mort / l’Etoile / la Lune : Signe de danger ou de mort.
à côté – le Soleil : Evénement inattendu et imprévu apportant réconfort, soutien et clarté.
Lame renversée : Extravagance – Folie – Insécurité – Il est tombé ou arrêté dans sa marche.
Le Fou ou le Papillon (Intuiti)
DESCRIPTION : Le vrai fou n’est pas celui qui va faire face au danger sans crainte aucune mais plutôt celui qui, en connaissance de cause, va sauter par au-dessus de l’abîme avec le sourire. Dans ses yeux, vous voyez déjà l’énergie qui prépare le grand saut : une étincelle ardente – souvent confondue avec la folie – qui pourtant est bien plus que ça. C’est l’ardeur de vivre, la confiance dans votre propre idées, une foi aveugle envers vos rêves. C’est ce que Shakespeare évoquait quand il écrivait qu’un fou, un poète et un amant ont quelque chose en commun. Dans cet état d’esprit, nous percevons de nos actions non pas les moyens mais déjà leur fin, tout le reste cesse d’exister, y compris les responsabilités, les peurs, les chemins qu’il faudrait emprunter ou le reste du monde : il n’y a que le présent, libre de tout danger caché. Nous nous trouvons dans un état de conscience augmentée qui ouvre la porte à l’infini et à l’absolu. Nous devenons des acrobates de la vie, libérés, nous pouvons être qui nous voulons, comme dans un jeu de rôle, et nous restons incandescents, en feu et encore en feu, que ce soit au ciel ou au fond de l’abîme. C’est le voyage dans l’infini.
La question est donc : “Quel est mon rapport à la diversité ? Est-ce que je la ressens comme un plus ou un moins, quelque chose de superficiel ? Dois-je apprendre à me débarrasser de la moitié des choses qui me sont inutiles aujourd’hui ? Est-ce que trop de couleur dans ma vie est un réel plus ou me donne la migraine ?”
Vous aimerez cette carte si vous aimer passer d’un pied à l’autre, acquérir des compétences dans des domaines différents et vous ennuyer dès que vous avez fini d’apprendre. Le contraire est vrai pour tous ceux qui voient dans cette attitude de la superficialité ou un manque de cohérence.
Cet archétype invite à tenter autant d’expériences que possible, à ne jamais rester immobile. Il suggère également de ne pas exagérer : s’il est bon de suivre sa passion même s’il elle vous amène à “papillonner”, elle ne doit pas servir d’excuse pour faire n’importe quoi !
L’HISTORIETTE : Qu’il soit ou non concentré sur son futur, il est perdu dans ses pensées, il éclate de rire ou il est parfaitement maîtrisé, sa vie est habitée par ses rêves. Qu’il agite sa cape ou qu’il porte couronne, qu’il galope dans la lumière ou sombre dans le vide, son âme est habitée par ses rêves. Si changent les villes et les saisons, s’il crie ou marche à l’envers, s’il mange ou boit du poison, s’il est dans les bras de sa mère ou de son père, ou bien qu’il tienne son propre enfant dans les bras, son esprit est habité par ses rêves. Et, qu’il marche dans le monde ou non, son esprit est habité par ses rêves. C’est qu’il est toujours avec un pied au bord de l’abîme et le regard dans les étoiles, sans crainte. Il est son propre rêve. Le plus convoité et celui qu’il craint le plus.
LA RECOMMANDATION : “Prenez du plaisir. Soyez fou !“
Le Mat : liberté, grand apport d’énergie (Jodorowsky)
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EXTRAIT : “Le Mat a un nom, mais il n’a pas de numéro. Seul Arcane majeur à ne pas être défini numériquement, il représente l’énergie originelle sans limites, la liberté totale, la folie, le désordre, le chaos, encore la poussée créatrice fondamentale. Dans les jeux de cartes traditionnels, il a donné naissance à des personnages comme le Joker ou l’Excuse, qui peuvent représenter toutes les autres cartes à volonté, sans s’identifier à aucune. La phrase-clé du Mat pourrait être: “Tous les chemins sont mon chemin.”
Cette carte donne une impression d’énergie : on y voit un personnage marcher résolument avec des chaussures rouges, enfonçant dans la terre un bâton rouge. Où va-t-il ? Droit devant lui ? C’est possible, mais on pourrait également imaginer qu’il tourne en cercles autour de son bâton, sans fin. Le Mat fait figure d’éternel voyageur qui chemine dans le monde, sans appartenance ni nationalité. C’est peut-être aussi un pèlerin qui se rend dans un lieu saint. Ou encore, au sens réducteur que beaucoup de commentateurs lui ont donné, un fou qui marche sans finalité vers sa destruction. Si l’on choisit l’interprétation la plus élevée, on verra le Mat comme un être détaché de tout besoin, de tout complexe, de tout jugement, en marge de tout interdit, ayant renoncé à toute demande : un illuminé, un dieu, un géant puisant dans le flux de l’énergie une force libératrice incommensurable.
Sa besace couleur chair est éclairée de l’intérieur par lumière jaune. Le bâton qui lui sert à la porter est bleu ciel et termine en une sorte de cuiller : c’est un axe réceptif qui porte la lumière de la Conscience, l’essentiel, le substrat utile de l’expérience. Dans la main qui tient ce bâton se cache une petite feuille verte, signe d’éternité. Le Mat est aussi un personnage musical, puisque son costume est orné de grelots. On pourrait imaginer qu’il joue la musique des sphères, l’harmonie cosmique. Dans plusieurs éléments de costume, on retrouve des symboles de la trinité créatrice : son bâton porte un petit triangle composé de trois points, un des grelots, blanc, est un cercle divisé par trois traits… On peut y discerner à volonté la trinité chrétienne ou les trois premières séphiroths, l’Arbre de Vie de la Kabbale, ou encore les trois processus fondamentaux de l’existence : création, conservation et dissolution. Le mouvement du Mat est donc guidé par le principe divin ou créateur. Le chemin devient bleu ciel à mesure qu’il le foule : il avance sur une terre pure et réceptive qu’il sacralise à mesure de son cheminement.
A la ceinture du Mat, on trouve encore quatre grelots jaunes qui pourraient correspondre aux quatre centres de l’être humain symbolisés par les Couleurs des Arcanes mineurs du Tarot : l’Épée (centre intellectuel), la Coupe (émotionnel), le Bâton (sexuel et créatif) et les Deniers (corporel). Le Mat produit un apport d’énergie lumineux dans ces quatre centres, qui sont également symbolisés dans les quatre mondes de la Kabbale : Atzliluth, le monde divin ; Briah, le monde de la création ; Yetzirah, le monde de la formation et Assiah, le monde de la matière et de l’action.
L’animal qui le suit, peut-être un chien ou un singe (deux animaux qui imitent l’homme), appuie ses pattes à la base de sa colonne vertébrale, au niveau du périnée, à cet endroit où la tradition hindoue situe le centre nerveux qui concentre les influences de la Terre (chakra mûlâdhâra). Si Le Mat était un aveugle, il serait guidé par son animal, mais ici, c’est lui qui marche devant, tel le Soi visionnaire guidant l’ego. Le moi infantile est dompté ; nul besoin de le séduire pour dominer son agressivité. Il est parvenu à un degré de maturité suffisant pour comprendre qu’il doit suivre l’être essentiel et non lui imposer son caprice. C’est la raison pour laquelle l’animal, devenu réceptif, est représenté en bleu ciel. Désormais ami du Mat, il collabore avec lui et le pousse en avant. La moitié de son corps se trouve hors du cadre de la carte : le fait qu’il marche derrière Le Mat nous permet de penser qu’il représente aussi le passé. Un passé qui ne freine pas l’avancée de l’énergie vers le futur.
Le costume du Mat est rouge et vert : il porte essentiellement en lui la vie animale et la végétale. Mais ses manches bleu ciel indiquent que son action, symbolisée par ses bras, est spiritualisée, et son bonnet jaune porte la lumière de l’intelligence. Sur ce bonnet, on note la présence de deux demi-lunes. L’une, jaune clair et encastrée dans un cercle orange, est tournée vers le ciel. L’autre, située sur la boule rouge qui termine la pointe arrière du bonnet, est tournée vers le bas. La lune rouge représente le don total de l’action, et la lune rouge représente la réception totale de la Conscience.
“L’ESSENCE : LIBERTÉ – Humour – Innocence – liberté de l’esprit- Joie de vivre – Amour de la vie – Capacité à aimer – Libre de tout désir de possession -Sans ego – En harmonie avec soi-même et la vie..
LE MESSAGE INTÉRIEUR : Le Clown représente le signe joyeux d’une personne qui aspire à la liberté intérieure. Il symbolise votre candeur et votre humour intérieur. II a reconnu que chaque liaison – aussi luxurieuse et profitable soit-elle – et donc pour l’ego si importante à atteindre, ne mène finalement qu’à la confusion. Le clown est libre de vivre sa vérité et libre également d’être la personne qu’il est vraiment. Il a définitivement ôté son masque. Il n’a plus besoin de ce dernier puisqu’il sait qu’il n’a plus rien à perdre. Le clown s’est détaché avant tout sur le plan mental de toutes les contraintes sociales. Le chemin spirituel sur lequel il attire votre attention, s’applique au fait d’ÊTRE et non d’avoir, de posséder ou d’être prisonnier. Il s’adresse à la délectation, au jeu, à la joie de vivre et à la capacité à s’identifier à rien de sérieux.
LA MANIFESTATION EXTÉRIEURE : Le clown fait presque toujours partie des cérémonies religieuses et de la danse des Indiens. C’est un danseur qui plaisante sur les autres sans méchanceté et avec beaucoup d’humour. Il porte quelquefois au bas de son dos une queue de coyote qu’il agite de façon provocatrice dans la foule. Ou alors il joue avec son masque, saute autour des danseurs tel un jeu, leur tire les cheveux et les imite. Une étincelle d’humour, une étincelle d’allégresse est toujours l’un des éléments les plus importants au cours de chacune de ces danses divines. Le Clown attire l’attention du public par son jeu et son innocence sous une forme très importante de l’équilibre dans la vie. Car en effet. chaque énergie a son pôle contraire. Si nous prenons une chose trop au sérieux, nous devenons trop fanatiques. Si nous abordons des choses avec peu de concentration et trop peu de centre, celles-ci ne reçoivent pas assez d’attention pour se développer. Savourez tout ce qui s’offre à vous sans attendre le jour suivant pour avoir plus et toujours plus. Redécouvrez l’élément en vous qui est joueur et créatif. Vous n’avez pas besoin d’avoir tout tout de suite ou de posséder tout ce dont votre cœur se réjouit. Exercez-vous plutôt à ressentir la pure joie d’un plaisir qui ne connaît pas d’emprise et que l’emprise ne dirige pas. Libérez-vous des pensées angoissantes auxquelles vous vous cramponnez. Laissez aussi la légèreté du Clown transgresser les limites de votre vie extérieure que vous vous êtes fixées vous-même. Apprenez à rire de vous-même ! Apprenez à danser avec le Clown en vous. Comprenez que la véritable sagesse et l’humour du Clown dépassent toute connaissance qui relève de l’enseignement.“
Le Mat (tarot maçonnique)
“Le Tarot se referme sur lui-même. Cette fermeture n’est pas un blocage. Comme le cercle elle symbolise l’infini. Cet arcane du début ou de fin, peut encore intervenir à tout moment. N’ayant pas de repère chiffré, pas de coordonnées, il se situe en dehors de toutes les références qui résultent de notre éducation et sont base de notre façon d’exister. Cette carte représente la déambulation du personnage d’un univers à l’autre ; univers de perceptions et de sensations différentes. Si on le juge en fonction des critères de notre société c’est le marginal : le Fou. Folie ou Sagesse ? Il n’y a là qu’une différence de point de vue. Sur la carte, les titres et références sont situés hors du cadre. Le mouvement des formes de cette lame indique un déplacement dans le temps (la spirale) et dans l’espace (les rectangles). Ce mouvement poursuivi par la pensée devient une “mise en abîme.” La lettre Schin, renforce cette notion de déplacement, de mouvement spatial.”
Le Vagabond (Forêt enchantée)
“Le Vagabond se tient au cœur du cycle humain, dans le cercle le plus intérieur de la Roue, en suspens entre le commencement et la fin, attendant d’être guidé de l’autre côté de l’abîme de la prise de conscience dans le domaine de la connaissance archétypale.
DESCRIPTION : En équilibre sur le bord d’un escarpement de calcaire blanc, le Vagabond se prépare à passer de l’autre côté de l’abîme et à entrer dans la Forêt enchantée. Devant lui se dessine un léger arc-en-ciel qu’il doit emprunter. Ce saut par-dessus le vide est entrepris les bras ouverts et avec une grande confiance : les ailes de l’imagination et de l’honnêteté porteront le personnage jusqu’à l’herbe luxuriante d’un nouveau chemin.
Vêtu d’écorce, de mousse verte délicate et de feuillage symbolisant l’essence protectrice et curative de la nature, le Vagabond n’est ni homme ni femme, les deux genres se combinent dans son corps androgyne. Ses pieds nus effleurent l’herbe du bord de l’escarpement. De l’autre côté de l’abîme, les arbres à l’ombre immense attendent pour accueillir ce nouvel arrivant dans la Forêt enchantée. Un visage est à peine visible parmi les frondaisons enchevêtrées – c’est peut-être l’esprit du bois.
SIGNIFICATION : En ce moment, les fardeaux du passé sont laissés de côté – soit pour que le Vagabond les reprenne et les emporte avec lui, soit pour qu’il les abandonne derrière lui s’ils sont trop pesants. La Roue de l’année entame son grand cycle, apportant toute une nouvelle gamme de possibilités et de défis. Le Vagabond est prêt à sauter dans l’inconnu – il ne lui faut que la foi.
Le Vagabond représente la sagesse ou le courage de lâcher prise, de faire un pas dans le vide de ce qui est possible. Quelque chose en vous a peut-être déjà amorcé ce saut inconscient, instinctif, à travers l’abîme ; vous savez que le moment d’avancer est venu. Parfois, la peur de la perte ou de l’échec vous fera douter de la validité du changement. Vous voudrez attendre ou hésiterez au moment critique, car la sécurité est confortable, néanmoins, mais la vitesse de la Grande roue a propulsé déjà le véritable cœur du Vagabond dans l’avenir, l’incitant à sauter à travers le vide avec courage et joie. Maintenant, le personnage doit laisser tomber les fardeaux portés pendant si longtemps et se fier aux ailes de l’imagination.
Le Vagabond est en même temps une fin et un commencement. Un voyage est déjà revenu à son point de départ et, à mesure que vous distillez votre expérience de vie dans la mémoire sacrée et laissez de côté le passé et ses fardeaux, l’avenir attend patiemment que vous fassiez le premier pas.
Rappelez-vous que votre sagesse, votre force, vos expériences et vos savoir-faire personnels ne vous aideront pas maintenant. L’esprit honnête de la curiosité humaine vous conduit au-delà de vous-même, dans une nouvelle vie. Cette énergie inconsciente crée un pont arc-en-ciel qui monte et soutient vos pas. Il vous fera passer au-dessus du vide lorsque vous avancez, confiant et plein d’énergie, dans l’inconnu.
POINTS ESSENTIELS DE LA LECTURE : Vous êtes arrivé à un moment décisif de votre vie. Ce peut être l’impression que la chance a tourné ou que quelque chose va prendre place. D’une certaine manière, c’est déjà arrivé. Votre esprit doit avancer et le désir de sauter dans l’inconnu vous attire. Cela signifie abandonner les fardeaux anciens. Le moment est venu d’être clair et de ne pas laisser la peur de l’échec ou la déception envers l’univers vous empêcher d’avancer. Laissez-vous porter par votre imagination dans une nouvelle série de possibilités. Avancez avec espoir et faites bon accueil aux aspects inédits et excitants de l’univers.
Racines et branches Foi aveugle • Tableau blanc • Enfant intérieur • Saut dans l’inconnu • Suivre votre cœur • Quête de la connaissance ou de la vérité • Pulsion primale • Vision de l’illumination qui vous fait avancer”
Cuchulainn (tarot celtique)
“Bien qu’il soit le fils naturel ou adoptif de Lug, Cuchulainn n’est pas exactement un dieu. Il s’agit plutôt d’une figure héroïque, un guerrier semi-divin doué d’une habileté, d’une force et d’une fureur peu communes : une sorte d’Achille celtique à I’existence glorieuse mais brève, car voué à une fin tragique. Cuchulainn le sait pour en avoir été averti par des signes prémonitoires et par des visions (la corneille Badb, émanation de la sorcière Morrigan, ses armes qui tombent par terre, les lavandières en train de rincer ses vêtements souillés de sang), mais il se prépare quand même à combattre l’inéluctable, afin d’accomplir héroïquement son destin.
Le programme héroïque de Cuchulainn commence dès l’enfance, quand il étrangle le chien du forgeron Culann et se met à son service pour faire amende honorable. Entraîné à l’art du combat tout d’abord par son ami, puis par les guerrières Skatha et Aifa (qui devient sa maîtresse), Cuchulainn développe jusqu’à l’invraisemblable la folle fureur qui l’anime à la bataille, en l’obligeant à frapper aveuglément quiconque, ami ou ennemi, se trouve à sa portée: il se forme alors sur son front une bosse de la taille d’un poing, d’où s’écoule un jet de sang noir du sommet du crâne vers le haut, comme le mât d’un grand navire.
LA CARTE : Il a les traits déformés par la fureur et le regard d’un fou, les cheveux dressés sur la tête et rouges comme le feu ou le sang. Son manteau, rouge lui aussi, s’ouvre pour découvrir les lourdes écailles de la cotte. La fureur de Cuchulainn correspond à la furie du berserkr, le guerrier qui, consumé par l’ardeur du combat, se dépersonnalise et se change en bête féroce. Armé d’un bouclier, d’une cuirasse et d’une épée, le héros se prépare ici à l’assaut, peut-être le dernier, avec ses trois chiens (son nom même signifie chien de Culann) en guise de paladins..
SIGNIFICATION ÉSOTÉRIQUE : La fureur de Cuchulainn est celle du fou qui a su s’affranchir des règles pour déguster entièrement sa coupe de sage folie. Fils de Lug, le dieu habile en tout qui ouvre le jeu, il représente dans un certain sens son complément, à savoir la partie instinctuelle, irrationnelle de notre esprit qui s’avère indissociable de la partie logique et rationnelle.
Ce n’est pas un hasard si l’amour, la créativité et la vaticination relèvent de cette sorte de maladie nécessaire pour faire bouger les roues de la civilisation. Sans l’étincelle créatrice de la folie, il n’y aurait jamais eu ces progrès, ces envolées qui ont rendu certaines cultures du passé magnifiques et immortelles.
L’initié qui travaille la réalisation de l’androgyne qui est en lui sait parfaitement que pour remplir le verre, il faut commencer par le vider. Il convient en d’autres termes de se débarrasser de toute velléité, de toute ambition pour affronter, nu, son propre destin, exactement comme Cuchulainn, mystérieusement dépouillé de son armure qui tombe en morceaux à ses pieds, affronte le duel ultime avec un courage inébranlable.
MOTS CLEFS : fureur, affranchissement des règles, bizarrerie, inéluctabilité, destin.
A L’ENDROIT : fureur, force, héroïsme, acceptation héroïque du destin ; nouveaux projets, changements imprévus ; détermination, énergie, situation positive à saisir au vol, choix à effectuer ; enthousiasme, extravagance, impulsivité, indépendance, idées brillantes, intuition. prévoyance, insouciance, innocence ; arrivée d’un hôte, nouvelle aventure amoureuse ; inconnu, voyages, entreprises positives ; héritage ; guérison prochaine ; passage, lutte couronnée de succès.
A L’ENVERS : lutte vaine, colère, douleur, vide, chaos ; fuite, abandon, dépression ; catastrophe naturelle, bouleversement du destin, fausse route ; blocage, lenteur, apathie, hésitation, immaturité ; manies, excentricité, ostentation, coup de tête, crise existentielle, incohérence, excès, désordre ; matérialisme, amoralité, légèreté, indiscrétion ; entreprise déconseillée, besoin de reconsidérer un projet, optimisme excessif, utopie ; problèmes insolubles, projets stériles ; déception, mensonge, tromperie, envie, arrogance ; vengeance, violence, guerre, espionnage ; jalousie, trahison, violente rupture d’une relation, angoisse pour la famille ; solitude volontaire, indécision à l’égard d’un lien définitif ; voyages risqués, entreprises ratées ; stress, folie, crises de dépression, toxicomanie, alcoolisme, malaises physiques, intoxication ; dangers généralisés.
LE TEMPS : mardi, novembre.
SIGNE DU ZODIAQUE : Scorpion, Verseau.
LE CONSEIL : sortez des schémas préconstitués, oubliez les conditionnements et remettez-vous en piste comme un homme neuf ; c’est seulement après avoir vidé la coupe que vous pourrez la remplir à nouveau.“
[RTBF.BE, 8 mai 2018] Marie-Thérèse Dinant (73 ans), Simone Leclere (82 ans), et Germaine Meunier (90 ans) vivent encore à deux pas du lavoir de la Petite Chairière, à Vresse-sur-Semois. Elles y ont toutes trois fait leur lessive jusque dans les années 60. De leur maison, elles amènent alors le linge en brouette jusqu’à cette cabane de pierres. “C’est la fontaine du village en fait,explique Marie-Thérèse, avec un abreuvoir extérieur où les gens venaient faire boire leurs bêtes, et d’où l’eau coule ensuite vers le lavoir, à l’intérieur.” C’est une petite pièce, avec trois bacs en pierre qui se suivent dans la longueur : un bac de lavage, et deux bacs de rinçage… Il n’y a pas de porte, encore moins de chauffage, c’est plutôt spartiate.
“En hiver, il fallait amener de l’eau chaude pour les mains, parce que l’eau était glacée, se souvient Simone en nous montrant ses mains usées, et parfois il gelait quand on pendait le linge, alors il était tout dur quand on allait le chercher.” Marie-Thérèse et Simone sont encore capables de reproduire les gestes qu’elles faisaient autrefois. “On se mettait à genoux, ici, le long du bac, sur une planche en bois pour que ce soit un petit peu plus confortable. On lavait le linge, puis on le mettait dans le bac de rinçage. On plaçait un drap dans le fond du bac pour ne pas ramasser les saletés, et on rinçait à grande eau. Ensuite, il fallait tordre tout ça. Si c’était un grand drap, on s’y mettait à deux.“
Un vrai lieu de vie
Mais, à l’époque, on ne lave pas tout le linge au lavoir. Le blanc est d’abord passé dans une lessiveuse à champignon, l’ancêtre de nos machines à laver. Les parents de Marie-Thérèse Dinant en ont reçu une en cadeau de mariage, au début des années 40. Elle la décrit comme une bassine en tôle, avec une cheminée en son centre, coiffée d’une sorte de champignon troué, comme sur un arrosoir. “Dans le fond, on mettait de l’eau et du savon, puis on mettait le linge autour du cylindre, et on faisait chauffer. En chauffant, l’eau montait dans le tuyau, sortait par le champignon et arrosait tout le linge. On mettait ça sur le feu une bonne heure. Ensuite, on amenait la bassine au lavoir pour le rinçage. On savonnait les tâches qui restaient avec une brosse à chiendent, puis on jetait le linge dans le bac de rinçage.“
La tâche était ardue mais Germaine Meunier, la doyenne de 90 ans, garde un bon souvenir de ce temps-là : “C’était gai d’aller à la fontaine, parce qu’il y avait d’autres personnes, on se parlait, on se donnait des nouvelles. Je me souviens de Suzanne, elle prenait toujours la meilleure place !“C’est un vrai lieu de vie en somme, un endroit de rencontre au centre du village, presqu’exclusivement réservé aux femmes. D’après Marie-Thérèse Dinant, les hommes ne venaient presque jamais, si ce n’est pour conduire la brouette pleine de linge. “Ils avaient leur travail, aux champs, à la ferme. Mais je ne sais pas si les femmes auraient aimé que les hommes viennent, c’était leur quartier !“
Du bleu pour du linge plus blanc
Les femmes avaient sans doute leurs secrets… Et elles avaient aussi leurs trucs, leurs techniques pour un linge impeccable : ajouter des petites boules de bleu indigo ou étaler le linge dans l’herbe, sur la rosée du matin. Enfin, dans les années 50, Marie-Thérèse et sa mère connaissent leur première machine électrique mais c’est toujours assez basique. “C’était une machine en bois, avec un mouvement de rotation. Il fallait ajouter de l’eau chaude et du savon, on laissait tourner une heure puis on enlevait le linge et on le rinçait au lavoir comme pour la lessiveuse.“
Pour le rinçage et l’essorage, les dames de Vresse-sur-Semois devront attendre les années 60. Elles bénéficieront alors enfin de l’assistance des machines à laver automatiques venues d’Allemagne ou des Etats-Unis. Jusque là, il fallait une journée entière uniquement pour faire la lessive, sans compter le repassage. Autant dire que ça a changé leur vie. “Maman me disait : ‘J’embrasserais bien ma machine’. C’était un soulagement, et puis, ensuite, avec l’aspirateur, le mixeur, etc. Ça a vraiment libéré la femme !” Ca n’empêche pas Germaine Meunier d’être nostalgique : “Je regrette cette période-là, oui, parce que maintenant, je suis seule avec ma machine !” C’est à peine si elle n’envie pas leurs grands-mères qui, elles, lavaient encore directement leur linge dans la Semois…
Autrefois, faire la lessive se disait faire la buée ou faire la bue, termes à l’origine de l’étymologie de buanderie et de buerie. Dès le XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois l’an, après les fêtes de Pâques. Puis, les lessives sont devenues plus fréquentes. Au début du XIXe siècle, on parle des grandes lessives ou grandes buées qui s’effectuaient au printemps et à l’automne. Après un long et dur travail de préparation et de coulées du linge dans les buanderies, le linge était rincé au lavoir.
Les grandes lessives d’autrefois s’effectuaient généralement aux époques où il y avait peu de travaux aux champs. Au XIXe siècle, les lessives prenaient plusieurs formes :
les grandes lessives ou grandes buées (bugado du celte bugat, lessive) étaient des opérations d’envergure, qui avaient lieu une fois à l’automne et une fois au printemps. On comprend pourquoi les trousseaux de l’époque était aussi volumineux. Dans les familles aisées, une grande buée pouvait compter, en moyenne, 70 draps, autant de chemises, et des dizaines de torchons et de mouchoirs. C’était l’occasion de s’entraider entre voisines ;
les petites lessives ou petites buées avaient lieu une fois par semaine, généralement le lundi, pour des petites quantités de linge, essentiellement des vêtements. Le linge était lavé chez soi puis on venait le rincer au lavoir.
Les familles plus aisées faisaient appel aux lavandières, des laveuses professionnelles, qui allaient au lavoir tous les jours. En fonction du volume de linge à laver, les grandes buées duraient plusieurs jours, généralement trois appelés Purgatoire, Enfer et Paradis :
au premier jour, nommé Purgatoire, avait lieu le triage puis le trempage. Dans un cuvier, on disposait le linge en couches. Une fois rempli, le cuvier était rempli d’eau froide. Le linge y trempait toute la nuit pour éliminer un maximum de crasse ;
le deuxième jour, nommé Enfer, on vidait l’eau de trempage, puis on procédait au coulage en arrosant régulièrement le cuvier avec de l’eau de plus en plus chaude, puis bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions), l’eau s’écoulant par la bonde au fond du cuvier. Ce jour était appelé l’Enfer à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et touillé de temps à autre à l’aide d’un grand pieu solide ;
le troisième jour, nommé Paradis, le linge refroidi était conduit au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d’extraire le maximum d’eau de lessive), rincé et essoré. Quand ce travail était terminé, le linge était alors ramené au foyer pour y être séché. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d’où le nom de Paradis donné à cette journée.
Ces grandes lessives d’autrefois donnaient lieu à de grandes fêtes, avec repas festifs, souvent préparés par les grands-mères…
Pour en savoir plus (e.a. les techniques de lavage), visitez espritdepays.com
[LAICITE.BE, 05 juillet 2023] Les constats sont nombreux qui justifient la nécessité de généraliser une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) de qualité auprès de tous les jeunes et les enfants. Aujourd’hui pourtant, on observe encore de grandes résistances face à l’Evras.
L’éducation relationnelle, affective et sexuelle est, depuis toujours, un sujet sensible, qu’il s’agisse de celle qui se fait à l’école ou dans les familles, de manière formelle ou informelle. Entre celles et ceux qui trouvent qu’on en dit trop, pas assez, pas correctement, ou encore pas au bon âge… des débats animés agitent les nombreux acteurs concernés. L’éducation sexuelle, qui existe depuis plus de 50 ans en Belgique, répond pourtant à des préoccupations sociales essentielles et à un enjeu de santé publique. La législature actuelle a vu la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région wallonne et la Cocof vouloir garantir l’accès à l’Evras pour toutes et tous les élèves grâce à un Accord de coopération qui les engage. Le Conseil d’État vient de se prononcer positivement sur le projet. Tous les signaux sont donc au vert. Posons dès lors enfin les premiers jalons de la généralisation de l’Evras en milieu scolaire !
Historiquement, en Belgique, l’éducation sexuelle a été instituée pour répondre aux besoins de prévention liés aux infections sexuellement transmissibles (IST) ainsi qu’aux grossesses non-désirées. Au cours des années, les questions liées à la santé sexuelle et aux relations amoureuses ont évolué. L’éducation sexuelle s’est elle aussi adaptée afin de correspondre à ces changements importants de paradigmes, comme la dépénalisation partielle de l’avortement dans les années 90, la légalisation du mariage pour les homosexuels et homosexuelles en 2003. Aujourd’hui, d’autres enjeux sont enfin pris en considération : ceux du sexisme (60 % des jeunes Belges subissent des pressions pour se conformer à l’image stéréotypée de l’homme ou de la femme), des violences sexuelles (un ou une Belge sur deux a déjà été exposé à une forme de violence sexuelle), ou encore de l’inceste, de la pornographie, du harcèlement, des stéréotypes de genre, etc. Ces chiffres montrent que les jeunes sont, dans une grande majorité, susceptibles d’être un jour victimes de ces violences, et ce risque est d’autant plus important pour celles et ceux qui appartiennent à des minorités sexuelles ou de genre. Les jeunes bisexuel (le) s et homosexuel (le) s sont par exemple deux à dix fois plus souvent concerné(e) s par les violences intrafamiliales et 1/3 des jeunes transgenres évitent d’exprimer leur expression de genre (vêtement, coiffure, apparence, etc.) par peur des conséquences négatives.
Pour faire des choix libres et responsables
Ces différents constats, loin d’être exhaustifs, justifient déjà pleinement la nécessité de généraliser une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras) de qualité auprès de tou (te) s les jeunes et les enfants. Cette Evras vise à les outiller pour qu’ils ou elles puissent facilement faire des choix responsables qui respectent leur intégrité, leur bien-être et celui des autres. Comme à son origine, l’Evras constitue une politique de prévention destinée à améliorer la santé publique, mais en élargissant ses domaines de compétences au-delà de la sphère de la santé purement physique. C’est d’ailleurs toute la révolution de l’Evras : une approche globale et positive du relationnel, de l’affectif et de la sexualité.
En permettant aux enfants et aux jeunes d’accéder à cette éducation au sein de leur parcours scolaire, l’Evras assure par ailleurs une mission d’égalité des chances : l’ensemble des enfants et des jeunes peut ainsi obtenir des réponses adaptées aux questions qu’ils et elles se posent. Comme sur les autres sujets, cette mission de l’école ne se substitue en aucun cas à l’éducation des parents : elle permet de compléter les informations données au sein des familles, d’offrir un espace de parole bienveillant aux enfants et aux jeunes et, dans certains cas, de dépasser les tabous qui survivent dans certaines familles, qu’ils soient d’origine générationnelle, religieuse, culturelle, etc.
Dans tous les cas, les thématiques abordées lors des animations Evras et la manière dont elles sont présentées doivent toujours être adaptées aux jeunes qui y prennent part : non seulement parce que les animateurs et animatrices professionnel (le) s adaptent leurs propos à l’âge des élèves à qui ils et elles s’adressent, mais surtout parce qu’ils et elles partent du questionnement des élèves pour construire les animations. Ainsi, celles-ci ne devancent jamais les questions qui ont émergé au sein du groupe ; même si certains sujets sont systématiquement abordés à titre de prévention, comme le harcèlement, les infections sexuellement transmissibles ou encore la contraception. Ces réponses vont d’ailleurs toutes dans le sens du bien-être physique et psycho-social des jeunes et, surtout, suivent les recommandations de référentiels nationaux et internationaux reconnus (notamment ceux de l’OMS, d’Amnesty International ou encore de Child Focus).
Aujourd’hui pourtant, on observe encore de grandes résistances face à l’Evras. Les objectifs d’autonomisation des jeunes, de réduction des inégalités et d’amélioration de la santé publique en matière de sexualité, qui en constituent le cœur, doivent pourtant nous rassembler autour de sa défense : parce qu’elle permet à toutes et tous d’opérer des choix libres et éclairés dans leur vie relationnelle, affective et sexuelle, dans le respect de soi et des autres. Parce qu’elle permet aux jeunes de s’outiller contre certaines violences, et aux animateurs et animatrices de repérer des situations problématiques. Mais aussi parce que la généralisation de l’Evras, telle que pensée aujourd’hui en Belgique, est une mission de protection de la santé et du bien-être de l’enfance ; une mission nécessaire et essentielle.
Signataires : FAPEO (Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel), CODE (Coordination des ONG pour les Droits de l’Enfant), Solidaris, Mutualité chrétienne, Child Focus, Susann Wolff, professeure de psychologie clinique à l’UCL et à l’ULB, Eveline Jacques, psychothérapeute, Amnesty, Prisme, Centre d’Action Laïque (CAL), CHEFF, Sofélia, Fédération des Centres de Planning et de Consultations (FCPC), Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial (FCPPF), Fédération Laïque des Centres de Planning Familial (FLCPF), O’YES
Cette carte blanche a été publiée sur lalibre.be le 30.06.2023…
[REFLUX-GASTRO-OESOPHAGIEN.COM] Le miel peut-il être considéré comme un remède naturel efficace contre le reflux gastrique ? Peut-il atténuer les symptômes du reflux gastrique et de brûlures d’estomac ? Avant de répondre plus précisément à ces deux questions, voyons pourquoi le miel est souvent considéré comme un alicament, c’est-à-dire un aliment dont la composition implique un effet actif sur la santé.
Quels sont les bienfaits du miel ?
Un peu plus de 4000 études scientifiques ont été réalisées sur le miel et le moins qu’on puisse dire est que ses vertus thérapeutiques sont nombreuses.
En effet, le miel est capable d’agir contre une soixantaine de germes impliqués dans les infections qui touchent différentes sphères de l’organisme (ORL, stomacale, intestinale, cutanée, etc.). En plus de disposer de propriétés antifongiques et antivirales, il agit aussi efficacement contre les infections à E. Coli, Staphyloccocus aureus, Helicobacter pylori (cause principale de l’ulcère à l’estomac et de la gastrite) et Salmonella.
Sa teneur élevée en antioxydants aide l’organisme à lutter contre les radicaux libres impliqués dans le vieillissement cellulaire et le développement de nombreuses pathologies. Bref, le miel est donc un alicament vivant hautement actif. À lui seul, il peut avoir un effet thérapeutique contre de nombreuses maladies dans le domaine des infections ORL, des infections gastro-intestinales et des infections cutanées.
Reflux gastrique et miel : Un remède naturel ?
Le miel agit de plusieurs manières pour atténuer les symptômes du reflux gastrique et de brûlures d’estomac. Un article publié dans le Indian Journal of Medical Research a mis en avant ses principaux bienfaits. Vu son pouvoir antioxydant et anti-radicalaire (piégeur de radicaux libres), le miel participe notamment à restaurer les niveaux de glutathion, l’un des antioxydants les plus importants de l’organisme.
Le reflux est en partie causé par les radicaux libres qui endommagent les cellules du tractus digestif. Le miel aide donc à prévenir les dommages générés par les radicaux libres. Il contribue aussi à réduire l’inflammation dans l’œsophage et peut être utilisé en complément dans le traitement de l’œsophagite par reflux avec un traitement conventionnel. Enfin, sa texture lui permet de bien recouvrir la muqueuse de l’œsophage et de l’estomac, minimisant ainsi les éventuelles remontées acides et brûlures d’estomac.
Si les conclusions de cet article sont encourageantes, d’autres recherches sont encore nécessaires afin de pouvoir évaluer la véritable efficacité du miel dans le traitement du reflux acide.
Reflux gastrique et miel : Comment choisir son miel ?
Tous les miels ne se valent pas, car leur composition dépend de l’origine du miel et des fleurs butinées par les abeilles. De manière générale, la qualité des miels en vente dans les commerces laisse grandement à désirer. Selon des tests réalisés en 2015, près d’un tiers des miels vendus en Europe seraient frelatés et donc frauduleux.
Ces miels proviennent souvent de pays hors UE (Chine, Ukraine…) dont la traçabilité est faible. Comme ils ne sont pas soumis aux critères européens qui imposent que l’appellation « Miel » ne s’applique que pour du miel pur, il faut donc s’en méfier. Concrètement, les miels qui comportent la mention « Mélange de miels UE et hors UE » ou dont le prix est trop bon marché (moins de 10€/kilo) sont à éviter.
Attention, le prix n’est cependant pas une garantie ultime de qualité, car certains fraudeurs achètent de « faux miels » étrangers à très bas prix pour les revendre ensuite à prix élevés sous une nouvelle étiquette. D’où l’importance de bien vérifier l’origine du miel.
Et le miel bio ?
Le miel bio vendu en grande surface n’est pas nécessairement un gage de parfaite qualité. Oui, le miel bio garantit une production sans traitement chimique et respectueuse de la faune et de la flore. Par contre, entre la mise en pot du producteur et le moment où l’on achète ce même miel en grande surface, il y a toute une série d’étapes qui dégradent complètement le miel. Il est chauffé, pasteurisé, redéfigé, remélangé et peut parfois même rester très longtemps en stock quelque part. Ces étapes détruisent en grande partie les enzymes et antioxydants que le miel contient quand il est cru, ce qui réduit fortement l’efficacité de ses multiples propriétés.
Les miels vendus en grande surface sont souvent pasteurisés. Cela veut dire qu’ils sont chauffés à une température de 71°C pendant quelques minutes puis rapidement refroidis. Ce processus facilite la mise en pot du miel et prolonge sa durée de conservation. La pasteurisation retarde également sa cristallisation en stabilisant son état liquide pendant 9 à 10 mois. Notons que la cristallisation ne dégrade en rien son goût ni ses qualités nutritives. Un miel reste fluide ou cristallise en fonction de sa teneur en fructose et en glucose. Plus il est riche en glucose, plus il durcit. Quel type de miel est alors le plus conseillé pour traiter le reflux gastrique ? En cas de reflux gastrique ou de brûlure d’estomac, le miel cru et bio de préférence est la meilleure alternative, car c’est sous cette forme qu’il apporte le maximum de ses bienfaits.
Qu’est-ce que le miel cru ?
Le miel cru est un miel non chauffé, non pasteurisé, non transformé. Il est plus alcalin pour le corps et donc pour notre système digestif. De plus, il contient notamment de l’amylase, une enzyme concentrée dans le pollen des fleurs et qui aide à prédigérer les aliments contenant de l’amidon comme les céréales, les bananes, les carottes, etc.
L’aspect du miel cru peut présenter de fins cristaux et même contenir des morceaux de propolis. Après plusieurs mois, le miel cru peut cristalliser sans pour autant affecter son goût et ses qualités nutritionnelles.
Afin de conserver toutes les propriétés de ce miel plus fragile que le miel pasteurisé, il doit idéalement être conservé à environ 10 °C, voire au réfrigérateur, hors lumière et moins de 15 mois, car il est plus susceptible de fermenter.[…]
Quels sont les miels les plus adaptés pour le reflux gastrique ?
Voici la liste des miels les plus adaptés quand on souffre de reflux gastrique. Cette liste a été élaborée sur base d’informations fournies par des professionnels de la santé et des apiculteurs. Comme le reflux gastrique peut être impliqué dans diverses sphères (stomacale, intestinale et ORL), celles-ci sont donc reprises ci-dessous :
Affections de la sphère stomacale : miel de pissenlit, miel d’acacia, miel de mélisse et miel de Manuka
Troubles de la sphère intestinale : miel d’acacia
Affections de la sphère ORL : miel de thym
Helicobacter pylori et Ulcères de l’estomac : miel de Manuka […]
Le cas du miel de Manuka
Le miel de Manuka est un miel monofloral produit à partir d’un arbuste cousin de l’arbre à thé (tea tree) qui pousse quasi exclusivement en Nouvelle-Zélande et Australie. Cette variété australienne et néo-zélandaise contiendrait jusqu’à mille fois plus de méthylglyoxal (le principe actif antibactérien) que toutes les autres variétés de miels classiques. Son efficacité sur l’Helicobacter pylori et les ulcères de l’estomac a d’ailleurs été démontrée. De nombreuses études, y compris cliniques, ont montré que ce miel permet également de réduire la durée de cicatrisation, de réduire le nombre de récidives, etc.
Les nombreuses études scientifiques (financées par la Nouvelle-Zélande) ont permis de confirmer et vérifier scientifiquement tous les bienfaits de ce miel. Résultat, la demande pour ce miel est supérieure à l’offre. Par conséquent, le miel de Manuka se vend 2 à 4 fois plus cher qu’un miel local de qualité.
Mais est-ce vraiment justifié ? Les apiculteurs locaux européens ne remettent pas en cause les résultats des études effectuées sur ce miel de qualité, mais ils estiment que si les mêmes études avaient été réalisées avec des miels locaux (miel de thym, miel d’acacia, miel de lavande, etc.), les résultats obtenus seraient sans doute identiques. Pour vérifier cette information, il faudrait que les pays producteurs de miels locaux investissent autant que la Nouvelle-Zélande en recherche pour leurs miels.
Contre le reflux gastrique, le miel seul ne suffit pas
Le miel peut certes avoir un effet bénéfique sur le reflux gastrique, mais il n’en viendra certainement pas à bout à lui seul. Ce n’est malheureusement pas une ou plusieurs cuillères de miel par jour qui feront la différence.
Une vision plus globale de l’alimentation doit être prise en considération, car une alimentation adaptée peut faire de véritables miracles quand on souffre de reflux gastrique. Il existe une multitude d’aliments particulièrement conseillés pour lutter contre le reflux. Tout comme il existe un grand nombre d’aliments déconseillés contre le reflux. Encore faut-il les connaître et savoir comment les consommer.
De plus, en fonction du type de reflux dont on souffre, ces aliments peuvent varier, tout comme la façon dont ils sont consommés. Par exemple, une personne sujette au reflux laryngo-pharyngé (reflux qui remonte jusqu’à la gorge) n’adoptera pas le même régime alimentaire qu’une personne souffrant de reflux gastrique « classique ».
De nombreuses études scientifiques ont permis d’identifier les facteurs à l’origine du reflux gastrique. L’alimentation en fait partie, tout comme le fait de ne pas respecter certaines recommandations de base, adopter de mauvaises postures, être en surpoids, être stressé, etc.
Le reflux n’apparaît pas par hasard. Il s’installe progressivement pour différentes raisons propres à chacun. Il est donc important de savoir identifier les causes de l’apparition du reflux pour ensuite les TRAITER NATURELLEMENT. […]
“L’arcane Le Pape est la cinquième lame du Tarot de Marseille. Elle représente un personnage assis avec une tiare qui tient une crosse et bénit deux enfants près de lui. C’est une autorité morale qui enseigne les règles de vie à ces disciples. L’arcane Le Pape symbolise l’enseignant, le guide, le conseiller. C’est celui qui guide et conseille les autres. Le consultant est en position de conseiller ou bien il va chercher conseil. Le Pape est une figure d’autorité et de hiérarchie. Il s’agit d’un maître bienveillant qui sait donner de bons conseils. Le Pape est aussi une image du père qui élève ses enfants et qui leur apporte une bonne éducation. Le Pape est un symbole de la vie de famille où les règles de conduite sont établies entre les membres. Le Pape met les limites et donne des autorisations. Il est rassurant et traditionnel. Dans sa face sombre, Le Pape est une éducation trop stricte et rigide. Ce sont des règles morales trop serrées qui entravent le consultant. Ce sont de mauvais conseils et un problème avec les hiérarchies.” [d’après ELLE.FR]
Le Pape (Tarot de Marseille)
Lame droite : Gains d’argent. Passion d’amour.
A côté – L’EMPEREUR : Il y aura orage – grande pluie – inondation.
A côté – LE SOLEIL : Attention jaunisse.
Lame renversée : Connaissances nouvelles.
A côté – LE SEPT DE DENIERS: Au bal ou au cinéma, dispute.
Le Hiérophante (le Pontife) ou l’arc-en-ciel connecteur (Intuiti)
DESCRIPTION : Nous sommes au seuil du Divin. Nous laissons le monde matériel derrière nous, forts de la découverte d’une nouvelle dimension : idéale, abstraite, chargée de sens profond et de spiritualité. Comment avons-nous fait cette découverte ? Un maître nous a montré le chemin, il a construit un pont entre les deux mondes, un arc-en-ciel avec un trésor à son extrémité. Tout comme dans le mythe de la caverne chez Platon, un d’entre nous revient dans l’ombre après avoir vu le soleil, pour nous le révéler.
Ce qui suit la révélation est aussi indescriptible que difficilement perceptible : même si le monde que nous percevons autour de nous reste inchangé, notre regard ne sera plus jamais le même.
Nous avons découvert la foi et l’idéal. Nous n’allons plus nous satisfaire de l’accidentel, nous n’allons agir au quotidien qu’à condition de pouvoir donner à nos actes un sens plus essentiel. La question, c’est : “Qu’est-ce que je cherche vraiment ? Qu’est-ce que je crois ? En quoi ai-je envie de croire ?”
Cette arcane est très populaire auprès des idéalistes et auprès de ceux qui ont besoin de plus, dans la vie, que du simple monde matériel. Des revenus réguliers, une maison, un boulot stable ne seront rien, sans une dimension spirituelle qui les justifie. Ceux qui préfèrent la matière ne seront pas de grands amateurs de cette arcane. Ici, l’archétype suggère qu’il faut traverser les apparences pour découvrir un idéal, une passion qui anime. La carte a également valeur d’avertissement : il n’est pas bon d’être trop idéaliste, de vivre “trop perché” et d’oublier qu’il est quelquefois bien nécessaire de rester les pieds sur terre.
L’HISTORIETTE : Elle les accompagne dans une réalité à laquelle ils ont toujours aspiré. Pour ça, il suffit de marcher sur la scène, de traverser la porte cachée derrière le rideau rouge et d’entrer dans la cinquième dimension : un endroit fait sur-mesure pour chacun, individuellement. Ceux qui osent traverser la scène et ouvrir la porte seront heureux, pour toujours. Et même si tout cela arrive vraiment, chacun finira sur la même scène car la cinquième dimension n’est rien d’autre qu’un rideau rouge qui peut vous ouvrir les yeux.
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EXTRAIT : “Médiateur, pont, idéal. Le Pape porte le numéro cinq. Ce chiffre évolue depuis une assise complète dans la réalité (le 4) pour se donner un but au-delà de sa situation. Le Pape fait un pas de plus que L’Empereur, il établit un pont qui permet d’aller vers cet idéal. Dans son action d’enseignant ou de pontife, il est réceptif vers le haut, le Ciel, et actif vers le bas, la Terre. Ce qu’il reçoit d’en haut, il le transmet au-dessous de lui, à ses disciples. De même, il transmet les prières de ses élèves à la divinité, unissant ainsi le Ciel avec la Terre. On pourrait dire qu’il représente le point de rencontre des contraires, le centre de la croix entre haut et bas, gauche et droite. Il est donc un lieu de circulation parmi ces différents pôles, qui peuvent communiquer à travers lui.
Vu positivement, Le Pape est un maître, un initiateur, un guide qui nous indique un but dans la vie. Le dossier de son trône a des barreaux comme une échelle, on peut dire qu’il unit degré par degré le corps avec l’esprit. Sa crosse à trois étages nous indique qu’il a dominé le monde de la matière, celui du sexe, des émotions, et son intellect, pour en faire une unité. De même sa tiare à quatre étages représente les quatre instances de l’être (corps, sexe, cœur et cerveau) qui culminent en un point unique au sommet, petit cercle orange qui touche le cadre de la carte : l’unité intérieure.
Comme La Papesse, Le Pape a vocation à incarner l’unité divine et à l’enseigner autant que faire se peut. Au niveau de la gorge, le fermoir vert de sa cape représente un point dans un cercle, symbole de l’être individuel renfermant en son centre vivant un être essentiel. C’est depuis ce principe impersonnel qu’il reçoit et transmet son enseignement. On peut aussi y voir l’immense travail de concentration que Le Pape a dû accomplir pour devenir ce qu’il est.
Chacune de ses mains porte une croix, signe du fait qu’il agit de manière sacrée et désintéressée. Sa main gauche, qui tient la crosse, est de couleur bleu ciel, comme celle de L’Hermite. On peut y voir le signe d’une extrême réceptivité spirituelle dans l’action et, si l’on interprète que cette couleur est un gant, une référence à la tradition religieuse chrétienne où la main gantée du cardinal ne lui appartenait plus, mais devenait pur outil de la volonté divine. La main droite est couleur chair, elle rappelle le rôle d’union du Pape, médiateur des contraires. Unissant l’index et le majeur (l’intellect et le cœur), il bénit le monde de l’incarnation.
Ses cheveux blancs sont empreints de pureté, mais les deux barrettes rouges nous signalent qu’il s’agit d’une pureté active. Une partie de sa barbe est également blanche, mais autour de la bouche elle prend la couleur bleu ciel, comme pour indiquer que la parole du Pape est reçue (le bleu est une couleur réceptive. On pourrait y voir aussi la marque d’un inexorable non-dit : maître ou enseignant, prêtre ou prophète, Le Pape ne peut pas tout transmettre, il garde une part de secret et d’indicible dans ce qu’il enseigne.
Deux disciples ou acolytes l’accompagnent. On note que c’est la première carte de la série décimale où l’on trouve plus d’un être humain. Jusqu’ici, les personnages étaient seuls ou accompagnés par des animaux, symboles de leurs forces instinctives ou spirituelles. Mais Le Pape n’existerait pas sans les disciples qui ajoutent foi à son enseignement. Ces deux acolytes représentent deux positions distinctes. On peut noter que le mouvement tournant de leur tonsure s’inverse de l’un à l’autre : le disciple de gauche, la main levée comme pour demander, l’autre main abaissée, a une tonsure qui va dans le sens des aiguilles d’une montre. Le Pape ne regarde pas dans sa direction. Peut-être parce que ce disciple est dans l’erreur : le mouvement de sa tonsure indiquerait alors l’involution, le retour en arrière, par rapport à l’évolution du disciple de droite. Peut-être aussi parce qu’il représente ce que l’on a appelé, dans la tradition alchimique, la “Voie sèche”, celle de l’étude et de l’effort.
Le disciple de droite, au contraire, reçoit directement l’enseignement du Pape par la crosse qui touche le sommet de son crâne, il incarne la “Voie humide”, celle de la réception immédiate, de l’illumination et de la révélation. Sa tonsure va dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et il tient dans sa main un curieux objet, poignard ou bilboquet, dont on peut à l’infini varier les interprétations. A-t-il une attitude ludique ? S’apprête-t-il à assassiner le maître ? Est-ce un fils, mû par le complexe d’Œdipe, qui s’apprête à châtrer le père? (la nudité est suggérée par la tache couleur chair qui lui fait face)…
Ces interprétations nous conduisent à étudier les aspects négatifs du Pape : du Tartuffe au gourou avide de richesses en passant par le père abusif, l’enseignant injuste, l’hypocrite, le pervers… Le Pape, comme tous les Arcanes, a sa face sombre. On peut se questionner sur les formes vagues et mystérieuses qui se déploient sous sa ceinture, mettre en cause sa sexualité, son goût du pouvoir.
Mais on peut aussi dire qu’il transmet la foi, qu’il a reçue, à l’humanité. Contrairement à la Papesse, Le Pape agit dans le monde. On pourrait dire qu’il s’appuie sur le temple, dont la porte est fermée, pour sortir en public et communiquer son expérience de Dieu à la foule […]
Sagesse – Idéal – Communication – Enseignement – Verticalité – Projet – Médiateur – Foi – Guide – Exemple – Marier – Pouvoir spirituel – Sainteté…”
Le Chaman (Vision Quest)
“L’ESSENCE : Transcendance – Intuition – Profond savoir des forces de la vie – Vue lucide dans les cycles de vie – Dons surnaturels – Visions dépassant le monde et les sens naturels.
LE MESSAGE INTÉRIEUR : Le Chaman en vous est capable d’associer sa force d’intuition avec le savoir des Anciens et des sages. Au cours de votre méditation, ressentez ce qui vous agite et ce à quoi vous aspirez réellement à l’intérieur de vous. Ne perdez pas votre temps à essayer de réaliser vos souhaits superficiels, ils ne pourront jamais apaiser l’aspiration spirituelle qui vous habite. Là n’est pas leur tâche. Portez votre centre intérieur sur L’ESSENTIEL. Et l’essentiel dans votre vie est toujours votre propre être. Sans la connaissance de votre propre être et de votre propre existence, votre cœur reste vide et inassouvi. Sans la connaissance de votre propre être et de votre réveil intérieur vis-à-vis de cet être, vous ressemblez à un ivrogne qui titube dans les ruelles de l’absurdité ! Rappelez-vous de vous-même ! Prenez le temps et l’espace pour explorer votre intérieur. Vous n’ avez pas besoin pour cela de faire un seul pas à l’extérieur.
LA MANIFESTATION EXTÉRIEURE : Beaucoup de ce qui pour vous n’est plus une vérité peut disparaître et quitter également votre vie extérieure. Soyez reconnaissant. Vous devez certes passer par la douleur de la dés-illusion, mais ceci représente en réalité votre libération. Si vous voulez aussi vous ‘réveiller’ extérieurement vers votre vie réelle, aucune technique de conversation, aussi spirituelle soit-elle, ne peut vous aider. Pour vous, le moment est venu de faire face à vous-même. Le Chaman ne vous invite toujours qu’à votre force spirituelle. Il vous rappelle votre origine, ce qui n’ a pas de nom, le mystère de votre vie, la force qui a tout créé et celle que vous rejoindrez à la fin de cette vie. Concentrez-vous sur la meilleure façon de passer ce temps !“
Le Pape – Le Sacerdoce (tarot maçonnique)
Sacralisation de l’outil
“A cette cinquième planche correspond géométriquement le tracé du pentagone et de l’étoile qui lui est inscrite. Cette figure est en relation avec le nombre d’or que Léonard de Vinci appelait “proportion de divine et extrême raison”. Il s’agit d’un rapport d’harmonie qui permet la construction de la spirale logarithmique en unissant le point et l’infini. Ce rapport existe entre le côté et la corde du pentagone dans lequel Pythagore, avant Léonard, plaçait la figure de l’homme. Le Pape est, par analogie, l’intermédiaire entre la terre et le ciel. Sa triple couronne symbolise l’association des trois règnes : matériel, sensible et spirituel. Cette conscience de l’harmonie est celle que donne la connaissance des Arts et des Sciences découverts par le nouveau compagnon dans cette cinquième étape. Le chef spirituel bénit et sacralise les outils, c’est-à-dire les moyens de l’action, moyens hérités de la Tradition.“
L’Ancêtre (Forêt enchantée)
“Placé au point de passage entre l’hiver qui s’achève et le printemps qui arrive, l’Ancêtre se tient à Imbolc, le premier février. Il est associé à la nouvelle lune et aux éléments air et et terre.
DESCRIPTION : Le personnage cornu de l’Ancêtre est vêtu de peaux de renne et de feuilles toujours vertes. Il se tient à l’entrée de la Forêt enchantée, encadré par des bouleaux argentés d’une blancheur d’os. Ces arbres poussaient à l’époque glaciaire et sont parmi les premiers à se régénérer au printemps. Les rennes erraient jadis sur les vastes étendues boisées, remplacées maintenant par nos chênaies, empruntant toujours les mêmes sentiers. Les chasseurs de l’époque glaciaire suivaient leurs traces année après année à la poursuite de leur principale source de nourriture, gui marquait le temps par sa migration régulière et prévisible. Lorsque les rennes avaient remonté vers le nord avec la fonte des glaces, le cerf blanc, aperçu dans la forêt, les avait remplacés. Les traces de l’Ancêtre conduisaient aussi dans la Forêt enchantée. Le matin est clair et givré, les premières lueurs de l’aube apparaissent sur l’horizon où la nouvelle lune est accompagnée de l’étoile du matin, symboles d’une nouvelle journée et d’une âme éveillée une fois de plus.
SIGNIFICATION : L’Ancêtre vous accueille lorsque vous suivez le chemin conduisant dans la forêt. Créature mythique mi-animale, mi-humain, il tient le bâton de sagesse et le tambour appelant tous ceux capables de l’entendre à se réunir et à regarder se lever le soleil. L’Ancêtre est béni par la terre et par le savoir divin se déversant des étoiles. Le portail formé par les bouleaux argentés encadrant le chemin marque le début d’un nouvel engagement et le point à partir duquel le retour devient impossible. Les arbres vous rappellent de suivre le chemin et de réaliser que vous entreprenez un voyage qui a un début et une fin. Le chemin est marqué de traces vous incitant à avancer. La nouvelle lune représente tant une fin qu’un commencement, car Vénus, l’étoile brillante du matin, amorce la nouvelle aube de l’espoir. L’Ancêtre est lié à la partie la plus ancienne de notre âme, la plus étroitement apparentée aux archétypes représentant la nature. Il est le gardien du cœur sacré de la terre et vous appelle en battant le tambour au rythme des pulsations de celle-ci. II est la partie de vous qui entend instinctivement le tambour et ressent le premier désir d’emprunter le chemin. Il est la force impérieuse et la patience de la nature, la poursuite impressionnante et incessante du cycle faisant venir le printemps et la chaleur, mettant fin à l’hibernation et éveillant la richesse de la vie. L’Ancêtre se tient devant le portail de la nature s’enfonçant dans la forêt. C’est un autre commencement. Une fois que vous avez passé le portail, vous devez vous efforcer de rester sur le chemin et de poursuivre le voyage jusgu’à sa fin.
POINTS ESSENTIELS DE LA LECTURE : Vous avez entamé un nouveau cycle. Votre instinct a considéré nécessaire de vous conduire au portail et à un nouveau chemin. Au début, vous étiez peut-être hésitant ou inquiet, mais un changement s’est produit, que vous le réalisiez ou non. Vous craigniez les habitants inconnus de la forêt, mais votre Ancêtre intérieur vous guide et vous rassure à mesure que vous réapprenez vos leçons et accueillez de nouvelles expériences sur le chemin. Fiez-vous à votre voix intérieure. Écoutez votre nature instinctive et curieuse. Votre Ancêtre intérieur est fort, patient et sage. Laissez-le vous conduire dans la forêt avec un regard nouveau et un cœur joyeux.
Racines et branches Mémoire ancienne – Guide sur la voie – Esprit de la nature dans le subconscient humain – Appel de la nature”
Esus (tarot celtique)
“Des trois divinités celtiques mentionnées par l’historien Lucain, Esus est le plus inquiétant. Car si on l’assimile d’une part à Mercure en tant que protecteur des marchands, il apparaît de l’ autre comme une sorte de Mars belliqueux, assoiffé de sacrifices sanglants parmi lesquels la pendaison aux branches d’un arbre (de manière que le sang s’écoule vers le bas) semble remporter sa faveur. Le nom même du dieu a des connotations contradictoires. Certains spécialistes le rattachent au terme breton eusuz “terrible” ; d’autres, au mot étrusque erus “seigneur, maître” ou au grec eus “bon” ; d’autres encore le font dériver de l’indo-européen is “désirer”, au sens de « celui qui réalise les désirs ». Dans le mythe irlandais et gallois, il renvoie aux bardes tels que Amergin et Taliesin, chargés de transmettre par le chant poétique les qualités de leurs dieux et les exploits épiques de leurs héros.
LA CARTE : Le mystérieux dieu-maître, identifié ici au roi irlandais au bras d’argent, est occupé à tailler l’arbre sacrificiel au-dessus duquel brille l’étoile polaire. Il porte une tunique marron, couleur de la sagesse et du bon conseil, mais les croissants de Lune représentés sur le torque qui orne son cou se réfèrent à l’origine prophétique et intuitive de son savoir. Il est accompagné des trois grues ainsi que du légendaire monstre celtique, le taureau à trois cornes.
SIGNIFICATION ÉSOTÉRIQUE : Saint ou sanguinaire, juste ou mauvais, chaque homme renferme dans son cœur un maître à écouter et à contenter ; convenablement taillé et soigné, l’arbre intérieur commencera à donner des fruits : les pensées, les paroles, les actions, à savoir les trois plans symbolisés par les trois cornes du Taureau, manifestent pleinement toute leur puissance fécondante.
MOTS CLEFS : tradition, enseignement, conseil, jugement.
A L’ENDROIT : respect de la tradition et du passé ; bienveillance, protection, appui offert et acquis, soulagement d’une souffrance ; évolution, solution intuitive d’un problème ; besoin de discrétion, diplomatie, sagesse ; réponse affirmative à n’importe quel doute, assurances, sentiments fidèles, relations sereines ; études poussées, vocation religieuse, actions mûrement réfléchies ; santé recouvrée, guérison de maladies chroniques ; une personne mûre et disponible, un parent protecteur mais exigeant, un guide, un confesseur, un juge infaillible.
A L’ENVERS : actions viles, manque de foi, rancune, médisance, intrigues ; obstacles , engagement insuffisant, paresse, intolérance, susceptibilité ; une aide qui fait défaut ; mauvaises propositions, fanatisme, renoncement ; graves incompréhensions au sein du couple ; arrêt dans la carrière ; troubles nerveux et affections des voies respiratoires ; un ennemi caché.
LE TEMPS : jeudi, printemps, été.
SIGNE DU ZODIAQUE : Sagittaire.
LE CONSEIL : si vous avez perdu votre chemin, regardez derrière vous : le passé est le meilleur des maîtres.“
On a souvent tendance à attribuer la naissance des grands magasins à Paris ou à Londres. Mais trente ans avant la naissance d’Harrods à Londres et cinquante ans avant celle du Bon Marché à Paris, la famille ORBAN ouvrait, à Liège, le premier magasin multi-spécialiste où l’on pouvait trouver, en gros ou en détail, un impressionnant éventail de produits de tous ordres, de la parfumerie aux papiers peints.
Michel-Joseph Orban, de Heyd
C’est donc, à nouveau, un Belge qui peut être considéré comme l’inventeur des grands magasins. Il se nomme Michel-Joseph Orban et est né, le 12 septembre 1752, dans le petit village de Heyd, dans l’actuelle entité de Durbuy. Ses origines sont donc modestes. Toute sa jeunesse durant, il va aider son père dans le travail des champs. C’est aussi sur les bords de l’Ourthe qu’il va rencontrer et épouser une certaine Jeanne Fawe, femme de chambre au service d’une famille noble de l’endroit. Il a, à l’époque, 25 ans.
Peu après, il subit la mort de ses parents. Avec onze louis en héritage, ils décident, sa femme et lui, de quitter Heyd pour tenter l’aventure à Liège. Le jeune ménage va ainsi s’installer dans une petite maison du Pont d’île où Jeanne, qui avait appris à coiffer ses maîtresses va ouvrir un salon de coiffure très vite fréquenté par la petite bourgeoisie liégeoise.
Puisque la clientèle vient à elle, Michel-Joseph Orban a l’idée d’associer au salon de sa femme un commerce de parfumerie et d’accessoires pour la coiffure. Les belles Liégeoises avaient ainsi la possibilité de repartir chez elles avec tout ce qui était nécessaire pour rester belles. Le succès du commerce fut d’autant plus rapide que notre homme n’hésitait pas à faire de réguliers aller-retour vers Paris afin de ramener en bord de Meuse tout ce qui se faisait de plus chic en bord de Seine.
C’est à cette époque que Michel-Joseph Orban se rend compte de l’intérêt que portent les dames parisiennes pour les teintures de cheveux. Toutes veulent avoir la même couleur que les cheveux de la reine Marie-Antoinette. Mais les meilleurs fabricants de cosmétique ne parviennent pas à reconstituer ce teint. Orban va le trouver presque par hasard, en se promenant en bord de Meuse et en y découvrant une substance coulant le long des parois intérieures de vieux saules creux. Il va ainsi faire un début de fortune en commercialisant, tant à Liège qu’à Paris, la pommade à la Reine.
Un succès sans précédent
Plus que jamais, Orban est conscient de l’importance qu’a Paris dans le développement des modes. Même à l’étranger. Il va donc se spécialiser dans l’importation de produits de là-bas : de l’épicerie aux tissus, en passant par les lampes à huile ou les produits pharmaceutiques. Dans son catalogue, on découvre ainsi la présence d’essence de perles, d’eau de Luce, souveraine pour ranimer les faiblesses, de poudre impériale pour blanchir la peau ou du célèbre vinaigre des Quatre Voleurs, bien utile pour se préserver des mauvais airs, des maladies épidémiques et pestilentielles.
Contrairement à ce que l’on peut penser, la Révolution liégeoise de 1789 va faire sa fortune. Non seulement, l’annexion à la France de la Principauté va lui permettre de diminuer ses frais de douane. Mais en plus, la mise en circulation des assignats va considérablement l’enrichir. Tout simplement parce que, à Liège et en province, ce “papier-chiotte” comme on l’appelle à l’époque se négocie à 5 centimes, tandis qu’à Paris il vaut entre 30 et 40 centimes. Fin commerçant, Orban achète donc à Paris des articles qu’il envoie à Liège où son épouse les échange contre des assignats, à nouveau transformés à Paris en marchandises. Un article ainsi acheté à 30 centimes à Paris est donc revendu à Liège six fois plus cher.
Fortune faite, Orban va commencer à acquérir des biens immobiliers et à développer de nouveaux commerces. Il va ainsi se lancer dans la fabrication de chicorée qu’il commercialisera dès le début du XVIIIe siècle, dans toute la France. Le 29 frimaire de l’an VIII (soit le 19 décembre 1799), il achète aussi une vaste propriété sur la place aux Chevaux (l’actuelle place de la République française). Dès 1802, avec son fils unique Henri-Joseph, il va y créer un nouveau type de commerce. Une sorte de capharnaüm, où l’on trouve les produits les plus divers qui soient : des articles de tables, de la parfumerie, des papiers peints, des tissus, de l’alcool, du matériel de dessin, de la bijouterie, des produits du terroir…
Les Orban ont ainsi créé le premier grand magasin, trente-deux ans avant Harrods à Londres, cinquante ans avant le Bon Marché parisien, soixante-trois ans avant La Samaritaine, nonante et un ans avant les Galeries Lafayette !
Waterloo va cependant faire peur aux Orban. Ils ont craint que la chute de l’Empire ait des répercussions sur le pouvoir d’achat des Liégeois. Ils décidèrent alors de diversifier leurs activités et, plutôt que d’étendre leur grand magasin, de profiter de la chute des valeurs foncières pour acquérir, à bas prix, de multiples terrains au cœur de la Cité ardente qu’ils s’empressèrent d’urbaniser. C’est à eux que l’on doit, en grande partie, le Liège d’aujourd’hui, comme l’explique Olivier Hamal dans l’ouvrage qu’il a consacré au passage Lemonnier. Mais c’est une autre histoire…
Le 3 février 1821, Michel-Joseph Orban fit une autre acquisition, celle d’un château à Sainte-Ode où son épouse avait jadis été domestique. C’est là qu’il se retira, revenant néanmoins régulièrement à Liège pour suivre l’évolution de ses affaires. Las, au cours d’un de ces déplacements, il contracta le choléra. Un jour plus tard, le 12 novembre 1833, il devait perdre la vie. Sans avoir connu l’immense empire industriel, immobilier et financier qu’avait entre temps développé son fils. Ni le mariage de sa petite-fille Claire avec un jeune avocat libéral qui se fit connaître bien plus tard, dans la politique nationale, sous le nom de Walthère Frère-Orban.
En 1885 s’ouvre le Grand Bazar à Anvers
C’est en 1885 que s’ouvre le premier Grand Bazar du Bon Marché à Anvers, l’un des tout premiers jalons de l’histoire de GIB puis Carrefour. En 1860, soit vingt-cinq ans plus tôt, s’était déjà ouvert sur le même modèle le Bon Marché, premier grand magasin belge, à l’entrée libre et aux prix affichés.
Ce Bon Marché a été ouvert par un certain François Vaxelaire, jeune Lorrain qui avait décidé à 16 ans de tenter sa chance à Paris, où il avait découvert le concept du grand magasin avec La Belle Jardinière.
A vingt ans, en 1860, bien décidé à ne pas rester commis toute sa vie, il était à Bruxelles et s’était fait embaucher Au Bon Marché, dans un petit magasin de tissu du bas de la rue Neuve, à l’emplacement de l’actuel City 2.
Dès 1861, ses patrons souhaitant quitter l’affaire lui confient la direction de l’établissement. Cinq ans plus tard, le jeune homme la rachète. C’est au départ de ce petit commerce de confection pour hommes qu’il crée donc le premier grand magasin de Belgique. Le succès est au rendez-vous. En effet, ce “grand magasin” vend de tout, alors que Bruxelles est une ville faite de petits commerces spécialisés. En outre, le magasin est libre d’accès : on peut entrer et sortir sans rien acheter, une révolution à l’époque.
Autre nouveauté : les prix sont fixes et affichés, alors qu’il était d’usage de négocier chez les petits commerçants. Les prix sont bas, qui plus est, les grands magasins tablant sur le volume pour gagner de l’argent.
François Vaxelaire rachète petit à petit tout le pâté de maisons. La concurrence émerge, avec l’apparition des Grands Magasins de la Bourse, les Galeries Anspach et surtout L’Innovation en 1897, créée rue Neuve à Bruxelles par les quatre frères Bernheim, en provenance de Mulhouse.
L’entreprise de François Vaxelaire connaît une remarquable expansion, à Bruxelles d’abord, à Charleroi, Liège et Anvers, puis en France ensuite. Au décès de François Vaxelaire en 1920, ses fils Raymond et Georges prennent le relais, développant les activités en Belgique et au Congo Belge à travers la société Les Grands Magasins Au Bon Marché. Ils développent également les magasins à prix uniques par le biais de la S.A. Prisunic-Uniprix, fondée en 1933.
Cette enseigne entend concurrencer Priba, filiale de L’Innovation lancée sur le modèle de Sarma qui a ouvert la voie en 1928. Les filiales du Bon Marché et de l’Innovation fusionnent dès 1934.
Pendant ce temps à Anvers
À la même époque, en 1926, un certain Maurice Cauwe, ingénieur commercial fraîchement diplômé de l’École de commerce Solvay, est embauché à l’Innovation, où il exerce diverses fonctions, de la réception des marchandises à l’inspection des succursales, en passant par la direction du personnel.
En 1932, il quitte la société pour devenir directeur administratif d’une vieille entreprise anversoise qui connaît quelques difficultés: les Galeries du Bon Marché, ce grand magasin créé en 1885 sous le nom de Grand Bazar du Bon Marché.
L’enseigne possède alors trois points de vente à Anvers, Gand et Hasselt. Maurice Cauwe contribue à leur redressement. Mobilisé en 1940, il réussit à revenir à Anvers le 1er juin 1940 où, seul dirigeant sur place, il reprend les rênes de l’entreprise. En 1941, il est nommé administrateur de la société qui s’appelle désormais Le Grand Bazar d’Anvers.
Le 17 mars 1960, il fonde la S.A. Supermarchés GB, dont il devient l’administrateur délégué, et ouvre ses deux premiers magasins à Bruxelles. Un an plus tard, en 1961, une autre société voit le jour sous sa houlette, la S.A. Super Bazars, avec l’ouverture d’un premier hypermarché à Bruges.
La grande fusion
François Vaxelaire, petit-fils du premier, et gérant de l’entreprise Le Bon Marché, est également partie prenante dans la nouvelle société, dont il assure la présidence du conseil d’administration. Maurice Cauwe, quant à lui, en est l’administrateur délégué.
En 1968, l’entreprise Supermarchés GB devient GB Entreprises suite à la fusion avec la S.A. Le Grand Bazar d’Anvers. Le groupe absorbe également l’année suivante la S.A. Super Bazars.
En 1969, l’Innovation et le Bon Marché, qui détient presque la totalité des titres de la S.A. des Magasins Prisunic, Uniprix et Priba, fusionnent, créant Inno-BM.
En 1974, alors que le groupe américain Sears, notamment, cherche à s’implanter en Belgique, GB Entreprises fusionne enfin avec Inno-BM. Le groupe GB-Inno-BM est né et devient GIB en 1988, regroupant également les enseignes Quick, Auto5 et Brico, entre autres. Dans les années nonante, le groupe en perte de vitesse se restructure. C’est le 25 juillet 2000 que le Français Carrefour annonce le rachat du Groupe GB.
Quelques mois plus tard, les magasins Inno sont vendus à la chaîne allemande Kaufhof, division du groupe Metro, numéro trois mondial de la distribution. Une page de l’histoire économique et financière de la Belgique était tournée.
[RADIOFRANCE.FR, 11 mars 2021] Ne dites plus “belle journée” ou “belle soirée” ou “belle semaine”. Ou tout autre formule en “beau/belle”…
J’ai commis un terrible impair, une grosse bourde. Mardi soir, j’ai reçu un message d’ordre professionnel extrêmement sympathique (ce n’est pas ironique), celui-ci me souhaitant en guise de conclusion : “une bonne soirée”. Et là, dans un élan d’exaltation, sûrement dû à l’heure tardive, j’ai signé ma réponse d’un “belle soirée”.
Ça peut vous paraître anodin, vous vous attendiez peut-être à pire : insulte, familiarités ou autre… mais cette manie qui, j’osais le croire, s’effacerait avec le temps, s’accroche coûte que coûte à nos formules de politesse et voilà que certains, dont je me désole de faire partie, continuent et même s’entêtent à ne pas souhaiter du bon, mais du beau.
Belle journée, belle soirée, belle semaine, belle année… et pourquoi pas, belle réunion. Il y a quelques années (je ne sais pas s’il y a des études qui datent précisément la naissance puis l’usage étendu de ces tournures), je les avais vues apparaître au détour de quelques messages, pour ensuite contaminer les médias, la vie de bureau et la vie tout court… mais c’est vite devenu beaucoup, beaucoup trop beau pour être vrai.
Où est passé le bon ?
Je dois le dire : ces tournures m’ont d’abord enchantée : enfin, un peu de beauté dans tous nos échanges secs et attendus. Et puis, je les ai tellement lues ou entendues, que j’ai commencé à désirer l’inverse : souhaitez-moi du moche, bon dieu. Ou alors, ne me souhaitez rien. Ou alors, juste du bien, c’est déjà pas mal du bien… non ?
Ce n’est pas que j’ai un problème avec le beau, mais je me demande : où est passé le bon ? Sans même parler de bien, avec un grand B, ou de bonheur avec un B tout aussi grand, mais simplement le “bon”, ce qui, par exemple, a bon goût, ce qui nous fait du bien, ou ce qui nous met bien.
Car souhaiter une bonne journée, ce n’est pas quelque chose d’ambitieux ni de prétentieux… et c’est déjà pas mal, mieux que moyen, moins bien que génial, mais suffisant pour que tout le monde soit content… Mais une belle journée, c’est autre chose. On met la barre très haut là. On est dans le domaine de l’esthétique, dans le champ de ceux qui désirent “sublimer” l’existence ou le poulet basquaise. Et c’est bien le paradoxe de la “belle journée” : alors qu’on veut seulement passer une journée normale, on se retrouve à culpabiliser de ne pas avoir pensé à la rendre belle.
Du souhait à l’ordre
Que cherche-t-on à dire avec ces tournures ? Pas forcément à sous-entendre que la vie de son interlocuteur est vilaine, tout comme on ne souhaite pas une bonne journée à quelqu’un pour sous-entendre qu’elle va sûrement être nulle. Malgré tout, je reste convaincue que celui qui clame ses “belle journée” ne le fait pas par hasard ni par gentillesse.
Déjà, disons-le, il le fait pour se démarquer, avec lui, on voit loin, on voit haut, on voit beau. Plotin, un philosophe de l’Antiquité tardive disait ceci : “est laid tout ce qui n’est pas dominé par une forme et par une raison”. On en déduira donc facilement avec lui que ce qui est beau, à l’inverse, est dominé par une forme et une raison.
Et c’est ça le problème : tous ces diseurs de “belle journée” ne sont pas seulement de gentilles personnes qui me souhaitent du beau, ce sont surtout de petits mesquins qui sont là à me révéler que ce que j’attends d’une journée, à savoir qu’elle soit juste OK, reste bien en deçà de ce qu’ils attendent, eux, de la leur… à savoir des journées joliment dessinées, structurées et raisonnées…
Et voilà que leur “belle journée” ne sonne plus jamais à mes oreilles comme un souhait, mais comme un ordre, du genre : mais t’attends quoi pour mettre de l’ordre dans ta vie ?
[CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE] MASSON, Arthur (Rièzes-lez-Chimay 22/02/1896, Namur 28/07/1970). Professeur à l’Athénée et à l’École normale de Nivelles (1922-1946), Arthur Masson commence à écrire les aventures de Toine Culot, personnage qui devient très populaire, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Mêlant des événements vécus et imaginés, Masson décrit des gens simples, de la vallée du Viroin, en faisant souvent appel à des expressions wallonnes au suc intraduisible. Toine dans la Tourmente évoque explicitement le sort que son auteur partage avec une centaine d’otages lorsque, en décembre 1942, il est emprisonné à la citadelle de Huy, à la suite de l’assassinat d’un rexiste. Après la Libération, sa prose, pleine d’une drôlerie populaire, piquante et de bon goût, se retrouve sous la forme de feuilleton dans La Libre Belgique. La saga de Toine Culot est la partie immergée de l’œuvre de Masson qui hésite longtemps entre la poésie et le conte. Auteur d’un livre par an entre 1946 et 1970, Arthur Masson remporte un très grand succès de librairie en 1967 avec Un Gamin terrible.
Paul Delforge
Dans son Arthur Masson ou le partage du plaisir (Charleroi : Institut Jules Destrée, 1999), Robert D. Bronchart compile la biographie suivante (ci-dessous, en extraits) , en citant Ménandre d’entrée de jeu :
Un homme de bien dans le bonheur est un bien public.
“L’HOMME. Son portrait, nul ne pouvait mieux le réaliser que Marcel Lobet, qui l’a bien connu. Ceux qui l’ont fréquenté ont apprécié la probité de sa personnalité autant que la générosité de sa littérature. Il était jovial, bienveillant, accueillant, spirituel mais modeste ; il s’attardait volontiers à dialoguer avec des amis sur des thèmes sérieux. Il vivait une sobriété faite de contemplation, de contentement et de dévouement aux siens. J’ai voulu rappeler ici l’itinéraire de sa vie pour que le lecteur se familiarise mieux avec l’homme. Je me suis inspiré de l’ouvrage de Marcel Lobet, que l’on consultera pour une information plus complète.
Sa biographie en bref
1896
22 février, naissance d’Arthur Masson en Thiérache, à Rièzes-lez-Chimay, 44, rue Bertrand (aujourd’hui rue Arthur Masson).
28 février, baptême à l’église de Baileux.
1903
La famille s’installe à Oignies, au 181 de la rue Grande.
1908
Les Masson quittent Oignies pour Heer-Agimont. Arthur termine ses études primaires, à l’école communale d’Agimont.
1909
Le père occupe un poste de douanier à Seloignes, tandis qu’Arthur commence ses humanités au Collège Saint-Joseph, à Chimay.
1910
La famille se fixe à Forges-lez-Chimay.
1818
Arthur entreprend des études de Philosophie et Lettres à l’Université de Louvain.
1921
Du 3 octobre au 20 décembre, il enseigne à l’Athénée royal de Chimay.
Du 21 décembre 1921 au 30 septembre 1922, il fait son service militaire.
1922
10 novembre, il obtient son doctorat en Philologie romane.
Du 31 octobre 1922 à 1946, il est professeur à l’Athénée royal de Nivelles.
1923
24 mars, il épouse Anna Fremy, à Ixelles, et habite au 32, rue Antoine Labarre.
1924
17 mai, Anna Fremy lui donne un premier enfant, Anne-Marie, à Ixelles.
1926
30 septembre, le couple s’installe à Nivelles, 59 avenue de Burlet.
1928
11 octobre, Arthur et Anna ont un deuxième enfant, Pierre, né à Ixelles.
1er novembre 1928 à 1946, Arthur est professeur de français à l’Ecole normale moyenne de Nivelles.
1930
La famille déménage du 59 au 39 de l’avenue de Burlet.
1932
17 août, Anna donne naissance, à Nivelles, à son troisième enfant, Bernadette.
1935
Arthur compose de nombreux poèmes. L’un d’eux, à la gloire du roi Albert, obtient le Prix Albert Ier et est publié à Paris. C’est L’adieu des petites gens.
1935
9 août, décès de sa mère, Juliette Bajomez.
1942
16 décembre, Arthur Masson est arrêté par les Allemands, à la suite de l’assassinat d’ un rexiste.
1943
17 février, il est libéré.
1946
28 octobre, la famille Masson s’installe au bord de la Meuse namuroise, à Tailfer-Lustin, dans la villa des Acremonts.
1er décembre, Arthur est mis à la retraite, pour des raisons de santé.
1947
12 avril , il devient membre d’honneur des Rèlîs Namurwès, cercle littéraire fondé en 1909.
1948
Il reçoit, pour l’ensemble de son œuvre, le prix triennal Georges Garnir, décerné par l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises.
1955
8 novembre, décès de son épouse, Anna Fremy.
1956
Juillet, il s’installe au quatrième étage de la Résidence Ardennes, 11 avenue de Smet de Nayer, avec sa fille aînée Anne-Marie.
1959
Mai, il se rend à Rome, où il assiste à un salut de béatification, dans la basilique Saint-Pierre. Il est reçu en audience par le pape Jean XXIII.
1960
Frappé d’un infarctus, il est retardé dans le travail de rédaction de son roman Ulysse au volant.
1961
Il est victime d ‘un second accident cardiaque.
1964
31 mai, on procède à la mise en place d’ une plaque commémorative, devant sa maison natale, à Rièzes.
1970
28 juillet, Arthur Masson meurt inopinément à Namur, à deux heures du matin.
30 juillet, funérailles célébrées en l’église Saint-Nicolas. Arthur Masson est enterré au cimetière de Dave, face à «sa» Meuse qu’il a tant aimée.
Commentaires, anecdotes et documents
a. Mazée : ses parents
Ses parents sont tous deux originaires de Mazée, à une trentaine de kilomètres de Rièzes. Sa mère s’appelait Juliette Bajomez. Son père, Jules-Gillain Masson, était douanier, son grand-père paternel maçon (sic !), l’autre cultivateur. Mazée est une paisible localité située à proximité de la frontière française. Le Viroin, affluent de la Meuse, baigne cette jolie vallée, inspirant le nom évocateur de Viroinval. Le village, encadré par la forêt de Thiérache, la Calestienne ou Famenne méridionale, et le plateau ardennais, s’étend autour de l’ancienne ferme-château, construite en 1629 par Jean de Condé. Celle-ci fut ensuite la propriété de l’abbaye Saint-Jean de Florennes avant d’être revendue en 1795 comme bien national. L’église, érigée en 1875, est dédiée à Notre-Dame de la Nativité.
De nombreuses traces de sondage et différents puits, encore visibles aujourd’hui, attestent que, autrefois, dans cette contrée, on exploitait les minerais de fer et de plomb. D’autre part, d’anciens écrits nous apprennent que le mazéage est la première opération que l’on fait subir à la fonte, avant l’affinage, pour la débarrasser du silicium. Ainsi s’expliquerait l’origine du nom du village. Comme dans toutes les régions limitrophes, le passage de la frontière créait parfois des relations difficiles entre les douaniers et la population locale. Pour les ouvriers qui travaillaient aux Forges de Vireux, le péquet et le vin étaient à l’honneur mais, au passage de la douane, ils étaient
l’objet de fortes taxes d’accises. Un petit sentier partant de la douane française, sillonnait à flanc de coteau et évitait le poste frontière de Najauge. Les fraudeurs connaissaient bien ce passage, mais les douaniers aussi, et le père d’Arthur Masson en était !
b. Rièzes-lez-Chimay : sa naissance 1896
Ce petit village étale sa solitude autour de l’église. Propriété des Princes de Chimay, Rièzes s’érigea en Commune en 1851. Accueillant, au milieu d’une nature environnante un peu sauvage, ce village est situé dans une zone argilo-schisteuse, retenant l’eau en surface et formant dès lors de vastes marécages appelés là-bas rièzes. Le paysage ayant une influence sur l’activité économique, les mines de fer et les forêts orientèrent la région de Rièzes vers la métallurgie et la saboterie. Autrefois, on fondait le minerai de fer à Boulon, Nimelette et Forge-Jean-Petit : des vestiges d’anciennes forges y subsistent encore. Quant au métier de sabotier, ce n’est qu’après la guerre 1940-1945 qu’il disparut petit à petit avec l’évolution de l’art de se chausser.
Une stèle sur le pont de l’Eau Noire rappelle que, durant les années de guerre des maquisards menèrent une vie courageuse et aventureuse dans les forêts qui encerclent Rièzes. Les prénoms y étaient déjà si caractéristiques et peu courants qu’il n’était pas habituel, comme on le faisait ailleurs. d’affubler les habitants d’un surnom, à la manière des Trignollais dans la Toinade.
c. Tournai : son service militaire 1921-1922
Le 21 décembre 1921, Arthur Masson entre au 3ème Régiment de Chasseurs à pied, à Tournai. Il y terminera son service le 30 septembre 1922. Un détail cocasse : il rate son examen de caporal ! Et pourtant, pendant son service militaire, il obtiendra le diplôme de docteur en Philologie romane à l’Université catholique de Louvain !
d. Huy : son incarcération 1942
Le 16 décembre, Arthur Masson était arrêté par les Allemands et incarcéré à la citadelle de Huy, à la suite de l’assassinat d’un rexiste. J’ai retrouvé, dans les archives de l’auteur, une copie de son ordre de détention , daté du 15 décembre 1942. Il émane de la Kreiscommandantur, c’est-à-dire du bureau de district, agissant sur ordre du commandant militaire pour la Belgique et le nord de la France. Il est transmis par le chef d’ administration du bureau de campagne supérieur.
Parmi ses compagnons de captivité, figurent G. Bohy – G. Charlier – P. Cornil – M. Deveze – L. Homme! – J. Nerincks – J. Marx – M. Delforge – J. Pholien (futur ministre) – le général de gendarmerie Dethise – des professeurs – des députés – des magistrats – des avocats.
e. Rièzes : son testament spirituel 1964
Le 31 mai 1964, eut lieu la séance d’inauguration de la mise en place d’ une plaque commémorative, apposée à la façade de la maison natale de l’écrivain, à Rièzes. Arthur Masson, qui avait l’émotion souriante mais réelle, y prononça un discours de remerciement, une sorte de testament spirituel, laissé à la postérité grâce à un enregistrement conservé au Musée de la Parole, à la Bibliothèque royale Albert Ier, à Bruxelles.
Il y a quelque soixante ans, sur les petits bancs du catéchisme, au brave curé qui me posait la question : “Qui vous a mis au monde ?”, je répondais comme il se doit: “Dieu et mes père et mère.” Et j’apportais à réciter ces mots d’autant plus de gravité que je ne les comprenais pas.
Aujourd’hui, pourvu de notions plus claires que j’ai payées au prix d’une bienheureuse innocence, si l’on me demandait: “Qui vous a fait ce que vous êtes ?”, je répondrais : “Dieu, mes père et mère, bien sûr, et mes éducateurs aussi, mais surtout mon pays natal.”
Car c’est chez moi une conviction de plus en plus ferme qu’un enfant puise, dans la terre qui l’a vu naître, dans l’air qu’il y respire, dans les images et les exemples qui s’offrent à ses yeux en ses primes années, tous les éléments qui donneront à son cœur et à sa vie une tournure définitive.
Je ne sais pas ce que je vaux et ne m’interroge guère sur ce point car j’y apporte chaque fois, je le crains fort, une indulgence très tendancieuse. Mais s’il est en moi quelque bien, je le dois à une chance que, de plus en plus, je tiens pour inestimable et c’est la chance d’être né au pays des Rièzes et des Sarts, en cette modeste maison que votre aimable initiative, mes chers concitoyens, honore aujourd’hui d’une inscription commémorative que je n’aurais jamais osé espérer et dont je suis aussi confus que reconnaissant.
Le cher Docteur André m’a prié d’évoquer pour vous quelques souvenirs de l’enfance que j’ai vécue ici. J’ai accepté d’enthousiasme parce qu’un romancier est d’abord un monsieur qui raconte des histoires, et surtout parce que vous tous qui m’entourez en ce moment êtes mes amis. Comment vous prouver mieux ma gratitude qu’en vous livrant quelques confidences qui, avec l’évocation de communs souvenirs, sont le propre de la vraie amitié ? Voici donc une confidence.
Jusqu ‘à leur dernier souffle, mes parents ont regretté leur départ de Rièzes et ils justifiaient ce regret. Ils disaient en substance : Le pays était beau. La vie y était tranquille. Et les gens, simples et gentils, se montraient accueillants, serviables et gais. Surtout, ils usaient d’un langage charmant, une sorte de français dialectal toujours poli et qui charmait l’oreille et le cœur par sa douceur, sa réserve, son originalité.
La seconde confidence, c’est que, une fois parti d’ici, je n’ai rencontré que rarement, ailleurs, l’exacte équivalence de cette douceur de vivre et de cette sérénité presque biblique. Plus d’une fois même, en certains endroits éloignés d’ici, ma sensibilité d’enfant fut déconcertée, je pourrais dire meurtrie, par les contrastes que je rencontrais à chaque pas. Mon âme avait pris ici un pli d’éternité et tout ce qui ne ressemblait pas à ce qui avait enchanté mon enfance faisait de moi un exilé.
Comme tout homme, au long des années, j’ai connu des jours heureux, mais aussi des heures dures ou mélancoliques. Et chaque fois, ma tristesse, invinciblement, me ramenait à l’évocation saisissante de netteté, d’une petite maison de pierre bâtie dans une rangée de quelques autres demeures identiques. Elle était précédée d’une pelouse qui la séparait d’une route plate filant entre des haies vers une petite église, humble mais proprette, où conduisait une allée de tilleuls. Elle rassemblait autour d’elle, cette église, le presbytère, l’école des sœurs, celle de l’instituteur et un cimetière discret, recueilli et comme noyé dans sa verdure, où nichaient des oiseaux. Je revoyais aussi, à l’ombre d’un haut sapin, le vieux puits à manivelle protégé par un coffrage de planches…
Et ici, quittant les confidences, j’en viens aux souvenirs et aux histoires, car le vieux puits a la sienne. Sa mystérieuse profondeur m’intriguait et m’attirait tellement et si dangereusement que mes parents, pour m’en éloigner, en étaient venus à m’assurer qu’il était hanté par un monstre terrifiant, mi-homme, mi-bête, qu’ils appelaient Croque-Mitaine et de qui la spécialité, chacun sait ça, est de dévorer les petits enfants qui ne sont pas sages. Alors, à mon père douanier et détenteur d’un énorme revolver d’ordonnance et même d’une espèce de fusil chassepot, je disais: “Le Croque-Mitaine, pourquoi que tu ne le tues pas ?” Mon père me faisait chaque fois une réponse évasive d’où je conclus bientôt qu’il avait tout bonnement peur des armes à feu. Mais je lui en voulais, moi, à cet ogre aquatique, et l’idée de vengeance me travaillait. J’aurais voulu lui lancer des pierres sur les cornes, mais c’était impossible parce que, le jour où j’avais fait mes premiers pas, on avait cadenassé le portillon du puits.
Puisque je ne peux pas tuer le Croque-Mitaine, me dis-je, je peux tout de même le faire enrager. Alors… alors, je l’avoue sans vergogne, sans orgueil non plus, je recours à un procédé que le petit Jésus lui-même eut sans doute employé à l’âge candide où j’en étais alors. Je pris donc l’habitude d’aller derrière le puits et de faire subrepticement sur les planches mal jointes du coffrage ce que notre national Manneken-Pis, au titre de fonctionnaire ornemental et avec une tranquille et touchante impudeur, fait sans arrêt. Ce qui m’étonnait et me dépitait le plus, c’était de ne pas entendre le Croque-Mitaine hurler de fureur. Le jeu ne dura guère, d’ailleurs, car une bonne vieille dame, Madame Collard, belle-mère du douanier voisin, prétendit que, depuis tout un temps, elle trouvait un goût déplaisant à sa tasse de café. C’était là, j’en suis sûr, un ingénieux mensonge mais, si je haïssais le Croque-Mitaine, je respectais la bonne vieille et j’eus la générosité de ne pas empoisonner ses derniers plaisirs.
La morale de l’histoire est bien triste et c’est que, devant ce 1896 implacable, j’ai perdu tous mes droits à croire au Croque-Mitaine et surtout de lui infliger des vexations.
Autre souvenir? il est loin, je vous en préviens, d’être aussi drôle, car l’affaire aurait pu finir en tragédie. Peut-être en est-il quelques-uns, parmi les plus âgés de mes auditeurs, de qui la mémoire l’a enregistré. Ma mère vaquait à son ménage dans la pièce avant du rez-de-chaussée. Mon père, je m’en souviens fort bien, sciait du bois clans une remise. Elle est toujours là. Ma mère me dit: “Va me chercher quelques échalotes dans le petit panier qui se trouve dans l’armoire de la seconde pièce.” Tout fier de me rendre utile, me voilà devant l’armoire. Mais, au moment de l’ouvrir, je vois, allongée et immobile tout contre le mur, une bête longue, d’un gris noirâtre et dont la tête plate ne me revenait pas du tout. Tranquillement, je vais trouver mon père : “Papa, prête-moi ton courbet. il y a un grand ver comme ça près de l’armoire et je vais le tuer.” En même temps, j’ouvrais mes petits bras pour donner à mon auteur une idée des dimensions du grand ver. Intrigué, vaguement inquiet aussi, le père me dit: “Viens me montrer ça…” Ce qui se passa ensuite, je ne l’ai pas compris tout de suite, mais je me sentis soulevé du sol par un papa que je crus subitement fou et je me retrouvai assis au beau milieu de la pièce avant avec cette injonction : “Ne bouge pas de là !” Le grand ver, c’était une vipère. Faut-il vous dire qu’elle paya de sa vie son audace… Comment avait-elle réussi sa violation de domicile ? C’est simple : dans le mur de la seconde pièce était pratiquée, au ras du sol, une ouverture servant à l’écoulement des eaux de nettoyage. Dans le pays, cela s’appelle une sève. Le dictionnaire Larousse, lui, vous offre le choix entre deux noms, à savoir un souillard ou, beaucoup plus poétiquement, une chantepleure. Et c’était par là que la vilaine bête était entrée, cherchant sans doute l’ombre et la fraîcheur, car cet été-là était chaud. Le tableau qui suivit, vous l’imaginez fort bien. Les jambes fauchées par l’émotion, le cœur battant et le corps inondé de sueur, mon père réclama une goutte et puis une seconde et puis beaucoup d’autres, qu’il but avec les voisins et voisines accourus pour entendre le récit de l’équipée. Il paraît que, pour finir, il y introduisit des variantes assez bafouillantes et que la vipère prit des proportions de serpent équatorial. Ma mère, elle, qui cultivait une dévotion particulière à Saint-Antoine, brûla toute une boîte de bougies devant la statuette du bon saint de Padoue. Quant à moi, nimbé d’une inconsciente auréole éteinte depuis longtemps, je passai aux yeux du village, et même du canton, pour un enfant miraculé. Le fait est que, si je m’étais mêlé de m’expliquer moi-même avec mon grand ver, je ne serais pas ici, aujourd’hui, pour vous raconter le match. Et, s’il a horrifié les plus émotifs de mes auditeurs, voici qui les ramènera sur les rives de la gaieté.
Il y avait à Rièzes, dans ce temps-là, un vieux bonhomme qui vivait seul dans une masure branlante, non loin de l’église. C’était ce que l’on appelle un doux innocent, un chimérique inoffensif, allergique au moindre travail, mais tout compte fait pas trop malheureux, car les gens du village, charitables de nature, le préservaient de la faim et du froid. Un pain par-ci, quelques œufs par-là ou un morceau de lard et, aux premiers frimas, une vieille chemise, une culotte rapiécée, suffisaient à son bonheur. Son nom, je ne l’ai jamais su, pour la bonne raison qu’il portait un surnom. C’était Le Pwè. Seulement, si les gens étaient charitables, ils étaient tout aussi farceurs. Et l’on voit d’ici ce que pouvait donner la conjuration du syndicat des joyeux drilles formé par les douaniers, l’instituteur, Monsieur Bernard et les sabotiers, loustics par définition. Il me faudrait des heures pour vous raconter tout le parti qu’ils tirèrent du pittoresque Pwè et qui atteignit par moments les dimensions de l’épopée burlesque.
Un jour, un gaillard de la bande lui offrit un vieux frac de cérémonie et un chapeau melon, d’ailleurs beaucoup trop vaste pour son crâne de sous-développé. Et du coup, l’idée leur vint de le nommer bourgmestre de la commune, ce qu ‘il trouva tout naturel. Et tous ces lurons procédèrent à l’investiture, au cours d’une cérémonie soigneusement montée. On le ceignit d’une écharpe approximativement tricolore qu’il appela tout de suite “ma ventrière”. Après quoi, on lui passa autour du cou un ruban rouge au bout duquel pendillait une grande médaille gagnée par quelque étalon ou quelque bœuf gras. Et l’instituteur lui adressa un discours si émouvant qu’à la fin, paraît-il, ils pleuraient tous les deux. Dans un café voisin, on trinqua à la santé du nouveau maïeur avec surabondance et recommandation lui fut faite de veiller avec fermeté sur les intérêts de la commune car, soulignait-on, le maïeur en titre, que l’on venait de destituer avec la même simplicité protocolaire, les avait fort négligés. Et pour commencer, on signala spécialement à son attention le garde champêtre qui, je crois bien, s’appelait officiellement J. B. Poucet, mais Titisse pour le Pwè, lequel, pour des raisons obscures, ne l’aimait pas. On lui dit donc, au Pwè : “Ce Titisse, à présent que te v’là maïeur, tu dois le dresser. Il n’en fait qu’à sa tête et abuse de ses pouvoirs. Faut que ça change et qu’il marche droit.”
Or, quelques jours plus tard, c’était la ducasse du village et la tradition comportait une procession religieuse. Par tradition aussi, le garde champêtre, en tenue de gala et le torse bombé, se plantait au moment du départ derrière le baldaquin et mettait, si l’on peut dire, sabre au clair car ce fameux sabre n’était qu ‘une sorte de yatagan. “Ecoute, maïeur, dit l’un des farceurs, le Titisse, il n’est pas à sa place derrière le baldaquin. C’est toi qu’on doit voir là et personne d’autre !” Mon Pwè fut tout de suite convaincu. Et le dimanche suivant, tout juste au moment où la procession allait s’ébranler, on vit jaillir de l’école proche un maïeur en grande tenue lui aussi, avec son frac qui lui battait les talons, son chapeau melon qui l’aveuglait, sa ventrière nouée à la diable, sa médaille qui brimbalait et… ses pieds nus dans des sabots garnis de paille. Avant d’être revenu de son étonnement, Titisse, qui ne savait rien du complot, se voyait bousculé avec cette injonction grasseyante: “Eh, r’tire-toi d’là, eh, l’baldaquin, c’est pou l’maïeur !” On dut se mettre à plusieurs pour renfourner le pauvre Pwè dans l’école où l’on finit par le calmer, non par des piqûres, vous pensez bien, mais par l’infaillible panacée des villages proches de la frontière gauloise.
Et cette procession-là fut l’une des plus joyeuses de l’histoire de l’Eglise. Il paraît que le Saint-Sacrement lui-même riait parce que le bon curé Lambert qui le portait était secoué par la gaieté. Le jour même, après enquête, il voulut chapitrer les auteurs du complot. Il n’arriva jamais au bout de sa mercuriale car, au beau milieu, il fut pris d’une crise de fou rire. On l’aimait beaucoup. On l’aima un peu plus.
Mesdames, Messieurs, permettez-moi de m’en tenir à ces quelques souvenirs et d’en revenir aux confidences. Lorsqu’il m ‘arrive de méditer sur la tournure que prit ma vie et de me demander comment j’en vins à écrire et pourquoi mon œuvre toute entière porte un coloris d’optimisme et souvent de tendresse, la réponse est toujours la même et ne fera que répéter ma déclaration liminaire…
Sans doute, j’ai vécu en beaucoup d’endroits. C’est le sort des enfants de la gabelle, et mes études et ma carrière, et même la retraite, m’ont valu pas mal de déménagements et de souvenirs divers. Mais c’est mon Rièzes natal qui m’a marqué de l’empreinte la plus profonde. Né ailleurs, je n’aurais pas écrit, je le crois, avec l’accent que proclame ce mémorial. Peut-être même n’aurais-je pas écrit du tout.
C’est que, mieux encore que sa jovialité, votre terroir possédait alors quelque chose de subtil et d’envoûtant que j’appellerai sa poésie. Elle était faite, cette poésie, de toutes les humilités bénéfiques et sanctifiantes d’une terre pauvrement nourricière, mais dont tiraient quand même bon parti les braves gens qui ne rêvaient rien d’autre qu’une existence sereinement agreste, passée toute entière en leurs modestes demeures, devant un horizon de prés et de bois, parmi ceux-là qu’ils voyaient naître et mourir et qui leur étaient confraternels. On y était bûcheron, cultivateur, menuisier, transporteur, charron, forgeron, garde forestier, cordonnier et, deux fois sur trois, sabotier. Ah, ce beau, ce merveilleux métier de sabotier! On ne peut guère l’évoquer sans un serrement de cœur. Sa disparition fut un malheur. Elle dépeupla le pays, en modifia l’aspect, le priva de son parfum. Dès l’automne, la fumée des saboteries annonçait de loin le village, comme celle de l’encens révèle un sanctuaire. Et ces petits ateliers, construits souvent de clayonnages et d ‘argile, c’était le refuge d’aimables conciles où chaque passant s’arrêtait pour commenter, assis dans les copeaux, les nouvelles du jour, conter la dernière farce, respirer la joie de vivre. Les sabotiers nourrissaient les gens, les fixaient au sol, les préservaient de l’exode vers ces centres empoussiérés dont les fallacieux avantages se paient par une vie étriquée et fiévreuse et par des regrets et des nostalgies à la longue mortels.
Les deux guerres sans doute ont tourné des pages sur lesquelles il est vain de nous lamenter. Tout a changé, surtout depuis vingt ans, à un rythme si brutal que l’homme ne peut y opposer qu’un seul frein, et c’est sa volonté de vivre avec les ressources de sa région natale qui, toujours et malgré tout, portera en elle les ineffables récompenses de la fidélité. Souvent, nous courons beaucoup trop loin pour découvrir le bonheur, pour nous extasier aussi devant des horizons dont une savante organisation commerciale nous vante les beautés. Et nous en oublions d’admirer ce qui entoure notre clocher, d’apprécier le privilège d’être près de Dieu, le maître de notre foyer, de pouvoir élever des enfants dans la saine liberté des champs et des bois. Mais à l’âge où la sagesse lucide ne se laisse plus prendre aux duperies des apparences, on en vient toujours à faire siens ces quelques vers d’un poète oublié qui exprimait ainsi le testament de son expérience :
Frère , un seul pays est vraiment beau .
C’est celui qui nous voit naître, aimer, souffrir, vivre,
Et qui , lorsque la mort clémente nous délivre,
Offre à notre dépouille un maternel tombeau.
Je crains d’avoir abusé un peu de votre indulgente attention. C’est que, vieillissant, j’attrape peut-être le défaut des vieux curés : je prêche trop longuement. Je ne puis toutefois terminer sans m’acquitter d’un devoir de très sincère gratitude envers tous ceux à qui je dois l’hommage de cette touchante manifestation.
Mes amis, lorsqu’on est jeune, on se laisse facilement éblouir par des choses dont l’optique plus objective de l’âge mûr estompe les prestiges. On admire la beauté, l’intelligence, la science, la richesse, la réussite, le luxe, la notoriété. Au crépuscule de la vie, ce que l’on recherche et que l’on aime, c’est le cœur des gens. Votre présence ici me prouve que le cœur des gens de ma terre natale n’a pas changé. Il est resté bon, cordial, accueillant. A deux mains frémissantes de fraternelle reconnaissance, je vous offre le mien avec tout ce que mon enfance vécue parmi vous y puisa de meilleur.
Arthur Masson
Toine Culot, obèse ardennais (résumé par Arthur Masson)
Né un dimanche d’avril de l’an de grâce 1888, en un beau village ardennais. Toine pèse déjà ce jour-là onze livres è co ène rawette. Son père, c’est le Choumaque, cordonnier de son état. Sa maman, c’est la grosse Phanie. Choyé par ce couple de braves gens et par toute la parenté, Toine grandit vite, mais grossit d’autant. Son enfance est tissue de minuscules aventures que les siens, un peu pusillanimes, dramatisent beaucoup. Son écolage primaire terminé, Toine tâte du métier de forgeron. Il quitte bientôt l’enclume pour l’encoche du sabotier, s’éprend – un peu par suggestion – d’une bringue dédaigneuse, et s’estropie à cause d’une distraction dont la belle est la cause. Le pied écrasé de Toine lui guérit le cœur. D’ailleurs, lâchant la sabotetie, le voilà au service du châtelain-maïeur du village, le bon Duverger des Sprives. Là, Toine, d’abord très heureux, est happé par l’engrenage de la politique. L’équipée ne lui vaut que désillusions. Il se croit revenu de tout, vidé et racorni. Bien décidé à vivre en égoïste, à mépriser les hommes et même les femmes, et à ne plus croire en grand’chose, il fait la connaissance d’une jeune et aimable Flamande venue passer quelques jours au château auprès de sa vieille tante Mieke, la servante au grand cœur. C’est le coup de foudre. Après des transes pathétiques, Toine épouse son Hilda. Cette belle union fructifie généreusement. En quelques années, Toine et Hilda sont devenus les très heureux parents de quatre petites filles ravissantes. Les deux cadettes sont jumelles.
Le bon maïeur décédé, Toine quitte le château et s’installe dans ses propres terres comme horticulteur-pépiniériste. Le conseil lui en est venu de son cousin T. Déome, augure débonnaire mais malin de la tribu des Culot. Ce gros homme pittoresque, sensible et farceur, à la fois secrétaire communal, marchand de graines et chantre-amateur, pense pour toute la famille et, même, impose souvent d’autorité les initiatives qu’il juge opportunes. N’ayant pas d’enfants, il a reporté sur la nichée du gros Toine tout le trésor d’une bourrue, mais riche tendresse, qui ne va pas sans rosserie. Couvé par cette affection tutélaire, choyé par sa femme, Toine voit la vie lui sourire, ce qui ne l’empêche pas de se croire le moins chanceux des hommes et de traverser l’existence en geignant. La vérité est que, gras et vite las, il prend ses courbatures pour des douleurs, ses inquiétudes pour des, maladies et ses
sueurs pour des symptômes fort alarmants.
Les filles de Toine sont à présent des jeunesses très accortes et rieuses. Mais lui se croit cardiaque Il décide de consulter un jeune médecin, nouvellement installé dans le pays, et surnommé Tchouf-tchouf, à cause de sa motocyclette. Tchouf-tchouf se moque de Toine et de ses alarmes et lui donne le conseil de travailler un peu plus. Furieux, le gros, fouissant dans son jardin, donne un coup de bêche tellement rageur qu’il défonce, en s’y engloutissant, la cachette dans laquelle, depuis la Révolution, moisissait l’effigie d’un Saint indigène, le Bienheureux Caboulet.
C’est là pour le jeune docteur Tchouf-tchouf, féru d’archéologie, l’occasion de revenir fréquemment dans la maison du gros. Mais à présent, plus et mieux qu’à Saint-Caboulet, le docteur s’intéresse à l’aînée de Toine, la belle Godelieve. Les deux jeunes gens s’aiment beaucoup, mais gardent tous deux un silence timide·. C’est l’illustre Pestiaux, droguiste, touche-à-tout, trublion, et, par surcroît, bête noire de T. Déome, qui se charge de la déclaration dans un discours qui serait une gaffe historique si le dieu des amoureux n’en tirait un idyllique dénouement. Les deux jeunes gens vont s’épouser…
Toine, Maïeur de Trignolles (extraits)
I. Mondanités
En se donnant ces petites peines, tout le monde peut arriver à acquérir l’aspect d’un gentleman.
La Baronne Staffe, Usages du monde (édition complètement refondue)
Trois jours avant le mariage de sa fille aînée, Godelieve, avec le docteur Eugène Dognies, dit Tchouf-tchouf, Monsieur Toine Culot invita son cousin T. Déome à assister à ce qu’il appelait « la revue générale de l’équipement ».
T. Déome se rendit à l’invite et vit un Taine éblouissant. Pour harmoniser sa toilette avec celle des amis de son beau-fils, tous jeunes gens très distingués, le gros, généreux jusqu’à la prodigalité, s’était nippé comme un ambassadeur.
Aux yeux de T. Déome qui n’en revenait pas, il apparut chapé d’une redingote de tissu peigné, à revers de soie. Le pli de son beau pantalon à rayures vieil-argent tombait droit sur des souliers vernis. Une cravate blanche s’étalait sous le double menton du gros, qui, tenant d’une main une paire de gants couleur crème, avait passé trois doigts de l’autre main entre les boutons de son gilet. T. Déome, assis sur une chaise basse, émit finalement :
– T’as l’air d’in dentisse ambulant !
Habitué à ces appréciations rugueuses, Toine, qui réservait d’ailleurs une surprise à son cousin, dit à sa femme :
– Hilda, m’tchapia, si vous plaît…
En riant, Hilda sortit d’une armoire une boîte cylindrique en carton blanc, qu’elle ouvrit avec précaution. Ensuite, délicatement, elle couronna son Toine d’un haut de forme plus noir et plus miroitant qu’une loutre sortant de l’eau. D’abord, T. Déome mit une main en abat-jour au-dessus de ses yeux, puis, d’ébahissement, laissa tomber sa pipe sur ses genoux. Il se leva de sa chaise, fit le tour de Toine, se dressa sur la pointe des pieds pour regarder de plus près l’étonnante coiffure, recula, fit mettre le gros en pleine lumière, et, brusquement, se rassit pour rire à son aise, jusqu’à la suffocation. Immobile, la tête droite, Toine le regardait gravement. Il finit par ronchonner, mi-figue, mi-raisin :
– Dji l’saveùs bé d’avance qu’y s’foutreùt co d’mi. C’est del djalouserie, è ré d’ aute.
T. Déome riait trop pour pouvoir répondre. Son rire était tellement large et tumultueux, si loin de ressembler au jaune ricanement d’un jaloux, que Hilda, la pimpante épouse de Toine, gagnée par le plaisir du drôle, se mit à rire aussi, et de bon cœur.
Les quatre filles de Toine, qui s’affairaient dans les chambres de l’étage aux préparatifs interminables de la noce, entendirent les échos de la scène joyeuse et descendirent l’une après l’autre. La mère de Toine, à travers le mur qui séparait les deux logis, entendit rire aussi. Le Choumaque, sourd, n’entendit rien, mais il vit l’air de Phanie, et la suivit chez son fils.
Toute de suite, cela fit autour de Toine un cercle de huit spectateurs. Tous riaient, sauf lui et sa mère, car elle n’avait jamais admis que l’on se moquât de son fils, qu’elle trouvait beau, bien portant, intelligent et distingué. Et aussitôt, elle voulut remettre les choses au point.
– Laisse-les rire, hé m’fi ! Tu peux t’ossi bé mette in tchapia-buse qu’in aute. T’est prope, è d’ailleurs, fas les moyés d’fai ça.
– Oï ! approuva T. Déome, il a les moyés, mais y n’a né l’tiesse qu’y faut.
Puis il ajouta : – Y n’li manque pus qu’ène pwaire di bottes, ène escorie [un fouet] è des moustatches au cosmétique pou z’awè l’air d’un directeur di cirque !
Toine trouva cette opinion vraiment injurieuse et se fâcha pour de bon. Il se mit à gesticuler et à dire en substance à T. Déome, qui crevait de rire, qu’il préférait de beaucoup les directeurs de cirque à certains marchands de graines qui, coiffés d’un haut de forme ou d’un bonnet de coton, chaussés de sabots ou de souliers vernis, n’auraient jamais que l’air de ce qu’ils étaient, à savoir de paysans mal dégrossis et d’herbivores endimanchés.
– Bé respondu m’fi, dit Phanie toute fiérote de voir tant d’esprit à son fils. Mi dji prétinds qu’tu n’as jamais sti si bia.
Et, résumant toute son admiration, elle conclut :
– T’as l’air d’in maïeur !
Ce mot ramena brusquement T. Déome au sérieux.
– A propos d’maïeur, commença-t-il…
Mais il n’acheva pas. Une pétarade de motocyclette s’arrêtait net devant la maison de Toine, et le fiancé de Godelieve, aussitôt, s’encadrait dans la porte, vêtu de son éternel veston de cuir, boucles au vent, souriant d’un air heureux et un peu timide. Suivant son habitude, il dit “bonjour” trois fois. Toine qui, depuis quelques mois, se permettait avec le docteur une familiarité d’ailleurs plausible, répondit :
– Mons-sieur Ugenne, salut !
Et, majestueusement, il se découvrit et fit un large salut de son haut de forme. Catastrophe ! Ensemble les six femmes poussèrent un cri désespéré.
* * *
La veille, Mathilde, une des jumelles, avait fixé au plafond de la pièce, au moyen d’une punaise, un de ces gluants engins que l’on appelle des attrape-mouches. Elle avait déroulé à peu près vingt centimètres du ruban, se réservant de dérouler le reste au fur et à mesure des nécessités. Mais chacun sait que cette invention insecticide, en dehors de son prix modique et de la traîtrise de ses contacts, possède comme caractère spécifique celui de se dérouler lentement, mais sûrement, sans autre sollicitation que celle de la pesanteur du godet de carton qui contient la réserve de glu et de ruban.
Vingt-quatre heures après le placement, l’engin fixé par Mathilde avait déjà, sans faire plus de bruit qu’un escargot qui évacue sa coquille, dévidé les trois quarts de ses entrailles hors du godet.
Et Toine, saluant son futur gendre, venait de coller au ruban la soie miroitante de son huit reflets, avec une grâce si vigoureuse, que l’attrape-mouches, cernant aussitôt le chapeau, s’y était fixé et que Toine, qui n’avait rien vu, achevant son geste largement cérémonieux, arrachait la punaise au plafond et des cris désolés aux femmes, et sentait tout à coup sur son nez et sa joue le contact froid de la glu, tandis qu’une mouche, captive, et vivante encore, libérée par les heurts et les secousses, venait se coller sur la paupière du gros, soudain congestionné, furieux et malheureux.
T. Déome s’enfuit au jardin, pour rire à son aise. Le docteur le suivit…
***
– Voyons, dit le fiancé à celui qui était devenu son grand ami, vous trouverez bien le moyen, je vous en supplie, de l’empêcher de s’affubler de ce machin-là ! Il est trop cocasse. Et il répéta : Oui, cocasse… cocasse…
– Ce ne sera pas facile, objecta le gros. Il y tient, à sa buse. Mais enfin, j’essaierai…
Puis ils parlèrent d’autre chose. T. Déome s’était montré joliment généreux pour le nouveau couple. Une fois le mariage décidé, il avait fait cadeau, aux jeunes gens, d’une belle partie de son grand verger, à condition que le docteur y fît bâtir sa maison, idée que le fiancé avait trouvée séduisante. T. Déome s’était chargé des plans, de la direction et de la surveillance de l’entreprise. Aussitôt, on avait abattu un large pan de haies. Des terrassiers avaient creusé le fossé des fondations, tandis que de lourds tombereaux amenaient la pierre, la brique, le bois, le fer, et tout le reste, sur le chantier.
Quand T. Déome prenait une besogne à cœur, ça marchait toujours rondement. En moins de trois mois, le gros œuvre de la maison du médecin était mené à bien. Sans désemparer, les ouvriers spécialisés avaient relayé maçons, couvreurs et plafonneurs. A présent, il ne restait plus qu’à essuyer les plâtres, passer une dernière couche de peinture sur quelques boiseries et, dans quinze jours, quand les jeunes mariés reviendraient de leur voyage de noce, ils pourraient entrer dans une maison dûment meublée où un bon feu, entretenu par le ménage T. Déome, aurait créé un climat chaudement accueillant, ce qui est à la fois poétique et utilitaire. […]
un peu de bicarbonate de soude alimentaire à ajouter à la cuisson du chou pour le rendre plus digeste
Préparation
Rincer le chou, enlever les grosses côtes et le couper en fines lanières
Faire bouillir de l’eau salée dans une grande casserole, à l’ébullition y faire blanchir les lamelles de chou pendant +ou- 4 min ; éventuellement en plusieurs fois selon la quantité de chou
Laisser égoutter le chou blanchi, ensuite presser le tout
Pendant ce temps, dans une grande cocotte, verser 1 c à s d’huile, laisser prendre couleur au lard que vous avez coupé en dés
Réserver le lard, ajouter 2 c à s d’huile et faite dorer les plates côtes, réserver aussi sur le côté
Ajouter à nouveau 1 c à s d’huile et faire blondir les oignons coupés en fines tranches ; quand ils sont transparents, rajouter le lard, le laurier, le chou pressé et haché, les pommes de terre et les navets découpés en dés, mélanger, disposer les plates côtes au dessus, couvrir de bouillon et après l/4h de cuisson, vérifier l’assaisonnement
Laisser mijoter pendant 1h 1/2 en mélangeant de temps en temps, rajouter du bouillon si nécessaire pour que la potée n’accroche pas
A Liège, on la prépare la veille et le jour J , on la laisse à nouveau mijoter à feu très doux : plus elle mijote, plus elle est digeste
Servir avec des saucisses. Bon appétit !
[RTBF.BE, 17 février 2021] Pourquoi mange-t-on du chou frisé à Liège le Mardi gras ? Bien que cette tradition se perde de plus en plus en terres liégeoises, fut un temps où celle-ci était presque sacrée […].
Ce mardi […], c’était Mardi gras. Manger une potée de chou frisé à cette occasion du côté de Liège est plutôt chose courante, “po n’nin èsse magnî dès mohètes“, autrement dit, pour ne pas être mangé des mouchettes. Egalement appelé “chou kale“, le chou frisé se distingue du chou vert et s’érige comme une variété “sans tête“, riche en vitamines et en calcium. Mais d’où vient cette tradition ?
Les origines de la coutume
RTC [RTC Télé Liège : télévision locale] avance notamment plusieurs explications. La plus probable d’entre elles se rapporte tout simplement à la date de récolte du chou frisé, à l’approche du mois de mars. Avec le retour progressif des jours plus doux, les insectes nuisibles, dont les mouches font, eux aussi, à nouveau peu à peu surface. Et pour éviter qu’elles ne se ruent sur le chou, les Liégeois veillaient à le consommer avant même leur arrivée.
Manger de la potée au chou la veille du Carême afin d’être en forme, d’emmagasiner un maximum de vitamines et d’éviter les maladies est une autre explication avancée. Dans ce cas, ce sont les vertus alimentaires du chou frisé qui sont mises en avant. De cette manière, on évite aussi… la mort, pour ne pas se retrouver mangé à son tour par des mouchettes. C’est la tradition qui le veut…
“Nos ancêtres savaient, par tradition, que le chou et plus particulièrement le chou frisé possédait aussi certaines qualités médicinales et aussi beaucoup de vitamines de toutes sortes. Donc, la veille du mercredi des cendres, chez les croyants et les personnes les moins aisées, on se faisait une grosse marmite de chou frisé dans laquelle on ajoutait des pommes de terre et du lard bien gras. On pouvait ainsi espérer tenir jusqu’à la fin de l’hiver“, expliquait Maurice Remi, membre de la Confrérie Lès Magneuûs d’Crolêye Djote di Warou, en 2014 pour la RTBF.
Avant d’expliquer quelles sont les principales règles qui régissent le jeu de billard, il nous paraît utile de dire quelques mots sur le billard lui-même, sur ses accessoires et leur entretien qui est d’une grosse importance. Quoique construit en bois excessivement sec et d’une fabrication soignée -nous parlons ici du billard sérieux- cet instrument est d’une grande fragilité, en raison même de sa construction délicate. Les bandes, le drap tendu à l’extrême, le bois lui-même, sont sujets aux variations de la température, plus qu’on ne peut se l’imaginer.
Les bandes et le drap, sous l’action répétée du roulement, se relâchent ; le bois malgré sa sécheresse et sa vieillesse n’est pas exempt lui non plus de crevasses ou de gondolements, résultats d’une température inégale. Jusqu’à la table elle-même, qui peut perdre sa rectitude et qu’il faut surveiller. Ces accidents, qui se produisent plus souvent qu’on ne le croit, sautent rapidement à l’œil et surtout à l’oreille du joueur qui s’intéresse à l’instrument sur lequel il joue. A l’œil il verra parfaitement que les billes ne roulent plus avec facilité, et surtout plus droit, à l’oreille il se rendra compte du bruit sec produit par le choc de la même bille contre la bande qui ne “rend” plus, pour se servir du terme cher au billard. Ce qu’il faut faire pour prévenir ou remédier à ces inconvénients, nous le dirons dans un chapitre plus loin.
Les billes
C’est d’ivoire qu’elles sont, ou plus exactement qu’elles doivent être faites. Elles peuvent ainsi se choquer à l’infini sans dommage très appréciable, et cela surtout par ce qu’il est extrêmement rare qu’elles se rencontrent au même point. Pourtant, si l’existence rude qu’elles mènent, où même les sauts à terre pardessus les bandes, ne les détériorent pas outre mesure, tout comme le billard ou les queues, les billes sont délicates et n’aiment guère les changements de température. Comme le métal, elles se dilatent à la chaleur et se contractent au froid. Résultats : fissures, rides et partant roulement imparfait. Les soins journaliers qu’on leur apportera, prolongeront dans de notables proportions leur existence qui, malgré tout cela, n’est pas excessivement fragile.
Les queues
C’est encore le bois qui entre dans leur construction ; la chaleur et l’humidité naturellement lui sont préjudiciables. Inutile d’insister sur le rôle joué par l’humidité. Les queues sous son influence perdront leur rectitude : elles glisseront plus difficilement dans les doigts ; par la chaleur, le talon se décollera sans aucune raison ; le bois se fendillera. Ce sont autant de choses à éviter. Jusqu’au procédé lui-même, cette pauvre petite rondelle de cuir, terminant la queue, qui n’échappe pas aux éléments destructifs. Lui, n’en connait qu’une seule, le dessèchement produit par l’usage de la craie, et par suite l’aplatissement, et le décollement. Son entretien sera simple, et nous l’expliquerons.
Pourtant avant d’en arriver aux soins à donner au billard et à ses accessoires, nous voulons ajouter quelques mots sur les queues, puisque nous en sommes encore à ce chapitre. Le poids et la longueur de ces instruments sont chose appréciable. Suivant le jeu du billardier qui affectionnera le coup dur, les bandes ou les rétrogrades, le poids de la queue variera. Ainsi par exemple le jeu par les bandes, qui demande le maximum de vitesse, permettant d’éviter les fâcheux contres, veut une queue ne pesant pas plus de 600 grammes. C’est le poids de trois billes françaises. Les coups fouettés à longue distance exigent aussi une queue d’un poids moyen ; on choisira donc celle de 600 grammes. La série qui s’obtiendra avec une régularité déconcertante pour… l’adversaire, les rétrogrades dépourvus de lourdeur, seront joués avec une queue de 540 grammes ; le diamètre de 13 mm. 5 conviendra parfaitement. Le coup dur demandera le poids maximum : 630 grammes, 1 m. 40 de long et 14 mm. de diamètre. Cette queue de 630 grammes doit être, pour atteindre ce poids levé, construite en bois lourd. Le talon sera par exemple en ébène et le reste en alisier. Certains fabricants emploient le plomb pour alourdir l’objet, ou un bois lourd, mais pas suffisamment dur. On se rend compte des résultats obtenus avec de pareils engins.
Il est évident que ces queues de poids et de diamètre différents ne se rencontreront guère au café. Pourtant il n’est pas rare de rencontrer des amateurs, habitués d’un endroit où le billard est excellent, avoir leur instrument particulier. Il sera utile d’en vérifier le diamètre et le poids ; ils comprendront ainsi plus facilement pourquoi certains coulés deviennent plutôt… cintrés.
L’entretien
Pour le billard, exigeons avant toute chose, la propreté. La poussière, les taches sont ennemis mortels du drap. La brosse sera utile après chaque partie pour chasser la poussière que les joueurs et la craie ont déposée sur le drap. Ne jamais s’asseoir par une raison quelconque sur l’un des bords du billard, les bandes en souffriraient. Veiller au niveau de la table et enfin, recommandation suprême, si vous possédez un billard chez vous, ne le transformez pas en table de débarras même s’il est recouvert de la housse protectrice. Outre la déformation du drap qui sera rapide, il se produira une modification du niveau de la table ou encore de ces taches qui, en raison de la coloration du tapis, prennent si rapidement cette teinte jaunâtre qui n’ajoute rien à l’esthétique du billard. Le massé trop répété produira lui aussi des inégalités dans le drap, les soins de propreté y remédieront ; quant aux accrocs, le stoppage seul en viendra à bout. Ce sont là les soins de toute première nécessité qu’il faudra assurer quotidiennement.
Eux seuls ne suffiront pas ; il faudra donc, de temps à autre, se livrer à une petite exploration qui nécessitera certains travaux comme :
Resserrer les vis, qui se fatiguent, se desserrent, et compromettent l’élasticité des bandes ;
S’assurer du niveau de la table ;
Dévisser les bandes, enlever le drap qui les entoure ;
Déclouer le drap, le battre, le brosser et arrêter à temps une petite déchirure qui ne demande toujours qu’à croître et embellir ;
S’assurer de la tension du tapis sans laquelle le parfait roulement des billes est impossible.
Les billes, quoique d’ivoire, ne subissent pas sans inconvénient, nous l’avons dit, les changements de température. Après chaque partie, elles devront avant tout être replacées dans leur boîte, que l’on mettra dans un endroit sec simplement, mais non chaud, ce qui n’est pas la même chose. Les billes, à rouler sur le tapis, récoltent un tas de petites poussières qui, mêlées à la craie forment des parcelles adhérant à l’ivoire et en modifient la circonférence. Un linge humide, ou mieux encore, humecté d’alcool, suffira à les nettoyer. Un autre linge fin et sec fera disparaître toute trace d’humidité. Ne jamais se servir d’eau et de savon. La rouge sera nettoyée au linge humide, sans alcool, pour lui conserver sa teinte plutôt fragile. Après un usage très prolongé, à force d’être heurtées, les billes se modifieront. Un nouveau façonnage les rendra à leur forme primitive.
Les queues sont d’une fragilité extrême. Il faut prendre grand soin de leur existence. Par exemple ne pas les mettre au râtelier accroché à un mur humide ou placé à proximité d’un poêle quelconque ou d’une bouche de chaleur. Ne jamais les laisser dans la position horizontale et par conséquent sur le billard après une partie, comme c’est généralement l’habitude. Les placer verticalement au râtelier, le gros bout en bas ; dans le cas contraire, le procédé se déformerait et l’équilibre de l’instrument en souffrirait.
Le cuir du procédé doit être assez épais, mais rester souple en même temps. Seule son élasticité permet d’attaquer la bille avec sûreté. L’usage de la craie, qui permet l’adhérence à la bille, n’est pas sans inconvénient sur l’existence du procédé. Le frottement répété aide à la pénétration de ladite craie dans le cuir, le dessèche et le désagrège. Il s’aplatit, et se décolle subitement. Son entretien est simple ; il suffit de le frotter assez fréquemment avec un morceau de papier de verre fin, qui se chargera d’arracher toutes les petites particules qui y auront adhéré.
Ne terminons pas cet exposé sans signaler l’inconvénient que présente le billard mal éclairé. Son installation dans la salle ne devra pas être faite seulement pour permettre les libres mouvements des joueurs, mais aussi pour qu’il ne soit placé par moitié à contre jour. Quant à l’éclairage, deux lampes sont nécessaires : l’une au-dessus de la mouche de la rouge, l’autre au-dessus des mouches de départ. Ce système d’éclairage qui peut être réduit à un bec si le billard est petit, sera placé à environ 0,80 m du tapis, afin d’éclairer normalement mais sans inconvénient aussi pour le… chef des joueurs.
II. Les différentes façons de jouer au billard – La partie libre. – Au cadre de 0,45 à un et deux coups – Par trois bandes – Par la rouge
Le jeu de billard, sans remonter à la nuit des temps, ne fut pas toujours réglementé comme il l’est actuellement. Ses dimensions n’étaient pas non plus celles de nos jours. Louis XIV jouait sur un billard qui mesurait quelque 12 mètres de tour et si l’on se souvient qu’au cours d’une partie jouée sur un
billard de match, un amateur fit en 24 heures trente-trois kilomètres autour
des quatre bandes, on voit d’ici ce que les gens de l’époque du Roi-Soleil auraient pu faire comme entraînement au sport pédestre, dans les mêmes circonstances. Plus tard, on codifia ce jeu. Les articles en étaient innombrables et compliqués. Aujourd’hui, tout ceci est fort simplifié ; le carambolage est facile à comprendre, les parties au cadre et par la bande ne le sont pas moins. Le résultat de ceci c’est qu’à l’heure actuelle, les Français jouent sur à peu près 80.000 billards, encore que la bicyclette, l’automobile et autres, lui aient fait perdre en une quinzaine d’année près de 20.000 unités. Pourtant les imitateurs des Sauret, Mingot, Cure, Rérolle, Slosson, Faroux, Vignaux, Willie Hoppe, Schaefer, Roudil, Conti, Ranson, Fouquet et autres rois du billard sont toujours nombreux et le resteront longtemps encore.
Depuis que ce jeu est réglementé, il est passé, afin d’en augmenter la diversité, par plusieurs phases que les professionnels pratiquent spécialement selon leurs goûts ou leurs aptitudes particulières. Le joueur amateur, sans prétendre atteindre leur dextérité, pourra s’adonner à l’une ou à l’autre des façons de jouer qui s’intitulent :
la partie libre ;
la partie au cadre de 45 à un coup ;
la partie au cadre de 45 à deux coups ;
la partie par trois bandes ;
la partie par la rouge.
La partie libre
C’est la partie jouée dans les quatre coins de la France, celle qui ne nécessite aucune des combinaisons dont s’embarrassent les autres, celle enfin qui laisse le plus large cours à la fantaisie des joueurs. C’est peut-être aussi la plus intéressante en raison de la diversité des coups. Il suffit de pratiquer quelque peu le carambolage en partie libre, pour se rendre compte du charme qui se dégage de ce jeu. Tout se combine, les coups par les bandes, se succèdent sans interruption. La série y est facile et intéressante. Pourtant malgré la diversité du jeu, et peut-être même pour cela, sa pratique est souvent plus malaisée qu’une des quelconques parties au cadre par exemple. Ce qui n’a pas empêché Dumans de faire 2.000 points en 80 minutes sur un billard de 3 m. 10 avec 3 remises sur mouche.
Dans la partie libre, ne pas “queuter” ou pousser deux billes à la fois si elles sont proches, et ne pas jouer avec la rouge sont les deux seules restrictions apportées à cette façon de jouer. Nos meilleurs joueurs à la partie libre furent Vigneaux, Rérolle et Faroux.
Au cadre de 45 à un coup
On a surnommé cette façon de jouer, au cadre de 45 en raison de quatre traits tirés parallèlement aux bandes à la distance de 0,45 m. On a ainsi formé quatre rectangles et quatre carrés dans lesquels le joueur ne peut exécuter un carambolage sans faire sortir l’une des billes adverses qui peuvent pourtant rentrer dans le cadre. Quand deux billes adverses se trouvent placées dans le même cadre, le joueur annonce “Dedans”. Tous les carambolages, sous réserve du règlement, sont permis dans le grand rectangle intérieur limité par les quatre traits du cadre. Cette façon de jouer, innovée il y a plus de quinze ans, nous vient d’Amérique. Difficile à jouer au début, elle ne permettait pas, même aux grands spécialistes, une moyenne supérieure à une dizaine de points. Par la suite, l’américain Sutton est parvenu à la formidable moyenne de 100 points dans une partie de 500. Au début, on joua tout d’abord au cadre de 0,35 m. C’est ainsi que le français Rérolle a exécuté une série de 175 points.
Au cadre de 45 à deux coups
C’est cette partie que l’on joue généralement dans les académies de billard. Elle jouit d’une vogue considérable auprès des maîtres du billard professionnel. Le cadre est tracé comme précédemment sur un billard mesurant 3 m. 10 ; le joueur peut exécuter son carambolage dans le cadre avant d’en faire sortir une bille. Si les deux billes adverses sont réunies dans le cadre, le joueur annonce “Rentrée”. Il fera son carambolage, sa bille seule sortant du cadre. Le point exécuté, il annoncera “Dedans”. La bille s’arrêtant sur l’un des traits est considérée comme sortie. Dans ce cas, le joueur prononce “A cheval”. Ces indications n’ont d’autre portée que de renseigner le joueur adverse sur la situation du jeu. Dans cette partie au cadre de 45 à deux coups, pour augmenter la difficulté, car la virtuosité des professionnels l’a rendue trop facile, on a imaginé d’ajouter, aux extrémités des quatre traits, un triangle isocèle, dont le sommet est dirigé vers le centre du billard. Lorsque les billes sont parvenues dans l’un de ces huit triangles, on applique alors les règles du cadre de 45 à un coup.
Au cadre de 45, Vigneaux a pu faire 50 points en 4 minutes 45, et 150 en 16 minutes 33. Adorjan en 1911 a fait une série de 441 points, c’était un professionnel. L’amateur français Faroux a dépassé les 300 points. Les grands joueurs actuels, les Hoppe, les Schaefer, les Conti, les Horemans dépassent couramment les séries de 200 et 300. Le record de la moyenne en tournoi appartient à Conti avec 59-70. Celui de la plus forte série appartient à Schaefer avec 436. Mais officieusement le belge Horemans a réussi la formidable série de 818 points.
Le champion du monde actuel est Willie Roppe qui en 1922 à repris à Schaefer le titre que celui-ci lui avait ravi l’année précédente. La partie au cadre de 0,45 m à 2 coups, est la partie classique des championnats nationaux et internationaux, amateurs comme professionnels. Nous avons parlé tout à l’heure des professionnels, les anciens : Vignaux, Cure, Barutel, Willie Hoppe, Slosson, Sutton, les nouveaux : Schaefer, Conti, Roremans, Ranson, Fouquet, Grange, Derbier. Parmi les amateurs il faut citer le français Rerolle qui fut le premier champion du monde amateur et le belge Bos qui fut le dernier et entre eux les français Naves, Maure, Faroux, Mocquot, Roudil et les belges Van Duppen, Collette et P. Sels.
La partie par la bande
Là, comme dans la partie libre, on ne tracera aucun cadre. Toutefois, un carambolage de bille à bille est un coup nul, la bille devant, avant de faire le point, rencontrer une bande quelconque. La pratique en est assez malaisée. Pour jouer honorablement la partie par la bande, il faut connaître complètement le billard dont on se sert. L’élasticité des bandes, la notion des distances entrent en jeu dans cette façon de procéder. En principe, il faut combiner son jeu pour amener rapidement la série. Le grand joueur Vigneaux a ainsi réussi une série de 118 points qui est maintenant dépassée.
La partie par trois bandes
Les grands joueurs s’apercevant que la pratique jointe à la maîtrise, avait tôt
fait de rendre simple, en matière de billard, la chose qui paraissait la plus compliquée, se sont évertués à accumuler difficultés sur difficultés. Jouer au cadre, à un ou deux coups, jouer par la bande, tout cela était trop facile. On n’a trouvé rien de mieux que de jouer par trois bandes, en sorte qu’avant de faire le carambolage, la bille doit toucher 3 points précis.
Calcul de la résistance des bandes, notion exacte des dimensions du billard entrent ici en ligne de compte, peut-être encore plus que la façon de jouer. Pour arriver à quelque dextérité, il faut du matin au soir, ne pas quitter le tapis vert et l’essayer sur toutes ses faces. C’est un travail de géant auquel s’attelleront peut-être les professionnels de billard, mais que les amateurs n’envisageront jamais. Pensez donc que le français Faroux fit ainsi 15 carambolages sans quitter la queue et que l’espagnol Marva n’a pu dépasser les dix-huit. Le bon amateur qui joue la partie libre arrivera sans peine au même résultat avec, en moins, un travail menant rapidement à la congestion et en plus, le plaisir et la diversité, du jeu.
La partie par la rouge
C’est une partie extrêmement intéressante qui ajoute quelques difficultés à la partie libre, mais difficultés qui n’ont rien d’excessif. La bille rouge doit être simplement touchée la première, soit avant, soit après le contact avec une bande. C’est un excellent entraînement qui prépare au jeu, moins courant pour le billardier amateur, qu’est celui au cadre de 45. Cassignol fut un de nos meilleurs joueurs à la rouge. Il dépassa les 66 points en série.
Toutes ces façons de jouer sont indistinctement employées dans les matches ou championnats. Depuis que le billard de par sa pratique de plus en plus répandue est devenu un jeu sportif, on s’est appliqué non seulement à établir un code destiné à en régir le jeu, mais aussi une réglementation très serrée des championnats. C’est la Fédération française du billard fondée en 1902 qui s’est chargée de ce soin. Elle a réuni sous son égide bon nombre de sociétés et a divisé en deux catégories les joueurs dits amateurs et professionnels. Toute personne rétribuée par une Académie de billard, ou tirant des ressources de l’enseignement, ou prenant part à un match avec enjeux, ou encore rémunérée pour donner une séance, est considérée comme professionnelle. Tels sont les termes exacts du règlement de la Fédération. Les autres sont amateurs. Ceux-ci comme ceux-là peuvent participer aux compétitions suivantes qu’organise la F.F.B. :
Challenges interclubs et handicaps des Consuls de l’U. V. F. ;
Championnat et handicap des Consuls de l’U. V. F. ;
Championnat de France ;
Championnat de Paris ;
Championnat de Belgique ;
Championnat du Monde amateur ;
Championnat d’arrondissement ;
Concours de moyennes entre professeurs.
Ces diverses manifestations du billard ont énormément contribué à la renaissance de ce jeu, qui n’a jamais connue une telle vitalité.
III. Quelques conseils aux débutants – Bonnes et mauvaises positions des mains – Comment attaquer la bille – Façon d’ajuster
Quand il jouera au billard, le débutant, après quelques séances, aura assez rapidement acquis la sûreté du coup de main. C’est à ce moment qu’il devra chercher à se rendre compte du trajet qu’accomplira la bille qu’il attaque. Connaissant à l’avance la course qu’elle devra effectuer avant de toucher les
antres billes, l’esprit d’improvisation aidant, il lui sera facile de l’envoyer à peu près exactement là où il voudra. La pratique fera le reste. Le bras comme la main donneront, communiqueront une sorte de vie à ces sphères inertes qui atteindront sûrement le but visé.
Fig. 1-2-3
Pour jouer correctement, l’élève prendra la position qui lui semblera la plus commode. Généralement le pied gauche est en avant, le droit arrière et le corps légèrement effacé. La main gauche, celle sur laquelle viendra s’appuyer la queue, sera allongée complètement sur le billard (fig. 1) ou posée comme figure 2. Le point essentiel, c’est que glissant sur la main ou glissant entre l’index et le pouce, la queue puisse sans accrochage être dirigée sur la bille à attaquer. Le rôle de la main droite est de pousser. Elle devra le faire librement, non pas avec tout le bras, mais avec le poignet, comme le fait un joueur de violon avec son archet.
La main droite pour conserver toute son indépendance, devra “soutenir” et non tenir le talon de la queue. Pour cela le pouce et l’index suffiront amplement (fig. 3). La figure 4 montre le débutant serrant fortement la main, le coude levé. Le bras entre ainsi en action, le corps même y participe. L’élasticité du coup sera nulle, et la bille mal dirigée, trop
d’éléments entrant en action. Le débutant ne s’attachera jamais assez à la position des mains, surtout à celle de la droite. Elle seule fait le joueur, car il ne suffit pas de comprendre un coup difficile et de savoir le trajet que suivra la bille, il faut savoir avant tout, imprimer le mouvement à cette bille.
Fig. 4-5-6
Pour jouer, il suffira donc d’envoyer sa bille frapper d’abord une quelconque
des deux autres. Ayant visé la bille à frapper, reporter les yeux sur la bille à attaquer. C’est une faute commune aux débutants d’abandonner leur propre bille des yeux pour regarder celle qui doit être choquée. Celle-ci doit être simplement “sous l’œil” si l’on peut s’exprimer ainsi. Dans le cas où il n’est pas possible, même en s’allongeant complètement sur le billard, de jouer dans la position normale, on peut jouer derrière le dos, ce que l’on dénomme “la hussard” et plus communément encore “à l’officier” (fig. 6). On peut aussi, si la position des billes au milieu du billard y oblige, effectuer le carambolage, en poussant avec le gros bout de la queue (fig. 9).
Fig. 7-8-9
La position des billes souvent, empêche tout carambolage par l’une des trois façons de se tenir que nous avons indiquées. Dans ce cas, en tenant la queue plus ou moins verticale (fig. 7, 8), le gros bout dans la main droite, les doigts de la main gauche debout sur le tapis, le pouce relevé pour maintenir la direction de la queue et en donnant un coup sec, on exécute ainsi le massé.
Il n ‘est pas permis de queuter, c’est-.à-dire de pousser sa bille plutôt que de lui donner un choc, quand elle est très rapprochée d’une autre. On ne doit pas non plus frapper deux fois sa bille pour lui imprimer le mouvement.
Comment attaquer la bille
Il y a plusieurs façons de pousser les billes ou de les “prendre” pour employer le terme consacré. Nous indiquons (fig. 10), les points sur lesquels on peut frapper. Au centre (1), c’est prendre sa bille plein. A droite (2) demi-plein à droite. Dans le bas (5), prendre sa bille en bas ou dessous. En haut (8), prendre en tête ou en haut. En bas (4) prendre dessous à droite. En haut (7) en tête a droite. Les autres points prennent les mêmes significations, mais à gauche. En règle générale, le débutant malgré tous les meilleurs conseils prendra sa bille plein au centre ce qui l’empêchera de rouler, ou en bas dessous, et alors il risquera de crever le tapis. Il devra s’évertuer à voir rouler sa bille en la prenant en tête. Les points que nous indiquons sur notre figure 10 sont les principaux à attaquer. Suivant les besoins on peut prendre des intermédiaires que nous ne marquons pas, pour laisser le plus de clarté possible et ne pas embrouiller l’élève.
Façon d’ajuster
Fig. 10-11-12-13
La bille lancée vient frapper la bille ajustée. Celle-ci sera prise tout comme l’autre sur des points précis. Ils ont pour objet d’envoyer cette seconde bille dans une direction voulue, ou d’imprimer par le choc sur la droite, sur la gauche, plein, etc. une autre direction à la première bille frappée. La bille ajustée peut être atteinte (fig 11) au centre (1) c’est-à-dire plein. Le centre de la bille jouée venant toucher à l’autre (2) ce sera demi-plein à droite. Le centre encore venant contre (3) c’est trois-quarts à droite. On prendra fin si la circonférence de la bille jouée vient toucher une toute petite partie de la bille ajustée.
Nous avons indiqué les parties que le centre de la bille jouée viendra attaquer si elle est jouée plein. Jouée demi, trois-quarts plein, etc. les points atteints sur l’autre bille pourront être les mêmes, la direction, prise par les billes après le choc, seule se modifie. La figure 12 montre la façon d’ajuster plein. On frappe plein et l’on vise trois-quarts plein (fig. 13). En ce qui concerne l’effet, c’est-à-dire de toucher une petite partie de la bille ajustée avec la circonférence de la bille jouée, on pourra, comme l’indique le pointillé de la figure 14, se figurer une bille imaginaire qu’on viendra frapper plein.
Au début ce moyen sera utile à l’élève, que la perspective de toucher fin fera passer, à cinq centimètres du but. En principe, une bille jouée plein sur une autre plein également n’aura pour effet que d’assommer les deux billes, c’est-à-dire de laisser la première sur place et de ne pas, ou presque pas imprimer de mouvement à la seconde. Une bille prise sur le côté gauche par exemple en heurtant la seconde bille continuera à poursuivre son mouvement sur ]a gauche. Celle qui a été atteinte la première, dans ce cas, sera chassée dans le sens opposé.
Quoique les règles du jeu de billard soient établies sur des bases bien définies, le joueur doit à l’occasion faire preuve d’esprit d’improvisation ; l’œil, qui calcule les points à frapper et les bandes à toucher, trace à l’avance le chemin que devront parcourir les billes. Il n’ est donc pas interdit, bien au contraire, d’essayer de jouer suivant sa compréhension personnelle du jeu. Les principes fondamentaux ne sont pas modifiables, mais la façon de les utiliser n’est évidemment pas comprise de la même façon par tous les joueurs dont la technique est très variée. Il entre dans la façon de jouer une question de tempérament et de moyens physiques indiscutable. D’ailleurs, un peu d’attention permettra au débutant de se rendre facilement compte des divers mouvements imprimés aux billes suivant qu’elles ont été frappées ou ajustées dans un sens ou dans l’autre. Terminons ce chapitre en l’avertissant qu’il ne doit pas trop s’émotionner des manques de touche du début. L’habitude l’obligera à maintenir correctement la queue dans la main droite, le coude pas trop relevé, l’œil suivant, par-dessus, la ligne indiquée par la queue.
IV. Les coups par les bandes
Fig. 14-15-16-17
Ce sont les coups les plus usités dans le carambolage que pratiquera l’amateur billardier. Nous donnerons un exemple, avec la façon de prendre ses billes et les directions qu’elles prendront. Nous choisirons un cas simple (fig. 15). Le pointillé, là, comme dans toutes les autres figures indique le chemin parcouru par la bille frappée.
En dehors de l’exemple que nous donnons ci-dessous, tous les autres sont indiqués, pour grouper le plus possible les billes, le coup étant terminé. Il est intéressant pour le joueur de ne pas voir simplement le coup à réussir, mais ceux à suivre. Le débutant, pour commencer, cherchera malgré lui à effectuer tout d’abord son point sans se préoccuper de ce qui peut suivre. La pratique aidant, il comprendra toute l’importance , qu’il aura à modifier son jeu.
Revenons à la figure 15. Le carambolage doit être fait sur la bille en haut et un peu en arrière. La bille jouée ou la bille 1 devra partir sur la gauche ; la bille touchée ou n° 2, touchée à gauche également, enverra dans cette même direction la 1. Celle-ci touchera une bande qui se trouve à proximité et l’effet de la première attaque se faisant toujours sentir elle continuera sur la gauche pour venir caramboler la 3. Les billes placées en sens inverse nécessiteraient l’effet à droite naturellement.
Le Carambolage par deux bandes
Prendre légèrement en bas et à droite, effet contraire. La bille 1 touche trois-quarts, vient à la bande et atteint la 2 directement mais plus souvent par la bande sur le côté (fig. 16).
Le Carambolage par 3 bandes
C’est à peu près la paire de lunettes, toujours pour employer le style imagé du joueur de billard. Joué direct, il sera réussi sûrement, mais il ne laissera rien derrière. La bille 1 prise sur la gauche frappe au même endroit la 2 qui choque la 3. Cette dernière descend et revient se rencontrer dans le coin à droite avec la 1 (fig.17).
Le Carambolage par 4 et 6 bandes
Dans la figure 18, la bille 1 prise en tête avec peu d’effet à gauche, attaque la 2 et suit le pointillé pour choquer sur la gauche ; la 2 a pris un chemin parallèle et revient dans le voisinage de la 1 et de la 2.
Les 6 bandes (fig. 19) sont obtenues par un coup sec, ce qui ne signifie pas fort, presque en tête et à droite. La 1 viendra terminer doucement sur la 3 en
même temps que la 2 qui n’effectuera le trajet que par deux bandes.
V. Les Coulés
Le coulé ou à suivre consiste, ayant les trois billes sur une ligne à peu près identique, à atteindre la bille du milieu pour la déplacer, sans que la 1 change de direction pour venir choquer la 3. Dans un tel cas prendre la bille en tète et au milieu, toucher la 2 aux deux-tiers un peu à droite. Celle-ci s’en va pendant que la 1 continuant son chemin atteint la 3.
Ce coup difficile pour le débutant, ne s’obtient pas seulement parce que les billes sont touchées exactement à l’endroit voulu mais surtout par le coup de queue, donné d’une façon allongée qui laisse croire que le procédé accompagne pendant quelques centimètres la bille qui vient d’être frappée.
Le Demi-coulé
Fig. 18-19-20-21
Le cas se présente (fig. 20) d’un demi-coulé, c’est-à-dire que la bille 1 doit renvoyer la 2 pour couler le long de la bande. On attaquera en tête légèrement à gauche, la 2 e~t atteinte trois-quarts plein. Coup assez sec, obligeant la 1 à suivre la ligne directe qui l’enverra sur la 3. Dans ce demi-coulé, les trois billes retournent à la bande opposée pour se grouper.
Le Coulé sur bande
La 1 est prise en tête avec beaucoup d’effet, la 2 choquée vient à la bande et redescend immédiatement. Le chemin est libre, la 1 touche la bande, et en raison de l’effet à droite arrive sur la rouge (fig. 21). Celle-ci se trouve, renvoyée à la bande sur le côté et rejoint la 2.
Coulé fouetté
Ce coup ressemble beaucoup à l’exemple que nous citons au début. Attaquée en tête, d’un coup allongé, la 1 déplace la 2 et serpente le long de la bande pour choquer la 3 (fig. 22). Celle-ci viendra rejoindre la 2 à la bande du-haut.
VI. Coups à revenir ou rétros
Fig. 22-23-24-25
Ce coup est l’orgueil du joueur de billard. Comme beaucoup d’autres à grands effets, c’est surtout la pratique du coup de queue qui le rend possible.
Nous en donnerons toutefois une explication destinée à éviter les premiers tâtonnements au débutant.
Le coup à revenir est le contraire du coulé. Dans ce dernier il s’agit, on le sait, de déplacer la 2 pour continuer le chemin. Ici, la bille à jouer étant au milieu, il s’agira de déplacer la 2, mais au lieu de continuer, revenir sur son
chemin pour atteindre la 3. Le rétro peut se pratiquer sur des billes rapprochées, et également à longue distance. Il a l’immense avantage de grouper les billes et de laisser un beau jeu.
Fig. 26-27-28-29
Malheureusement celui qui le manque donne l’avantage à son adversaire, ce
qui est également à considérer. Le célèbre Mangin disait pour faire un beau rétro, lâchez le coup délibérément. C’est vrai en effet. Il s’agit de donner le coup sec en rappelant vivement à soi, la queue, aussitôt la bille frappée.
On attaquera dessous et on lâchera le coup en se figurant qu’on veut traverser les deux billes. L’effet à revenir se produira très certainement.
Le rétro direct
C’est celui que nous indiquions comme exemple, la bille à jouer étant au milieu des deux autres (fig. 23). La 1 est prise plein et en dessous ; un coup sec sur la 2, touchée presque plein, un peu à gauche. Les billes reviennent se grouper.
Le Rétro par la bande
Dans la figure 24, prendre dessous à gauche. La 1 après avoir choqué la 2 revient sur la 3. Celle-ci ne· bouge pas et la 2 après être remontée à la bande opposée revient sous l’effet du choc reprendre sa place près des deux autres.
VII. Coups directs
Lorsqu’il s’agit de caramboler directement sans l’action des bandes, la bille doit être attaquée net. L’effet comme dans la figure 25 est de rigueur. La bille touchée remonte à la bande pour revenir près de la rouge sur laquelle la 1 est venue mourir.
Coups de finesse
Dans le cas représenté (fig. 26), il faut toucher la bille 2 très fin. Nous avons dit comment on doit agir dans un tel cas. La bille 1 prise à droite en tête, bat les deux bandes et en raison de l’effet contraire revient sur la bille 3. La bille 2 est venue à la bande de côté, pour descendre rejoindre les deux autres.
VIII. Les Coups durs
Par la bande
C’est un coup, qui procède un peu du coulé en ce qui concerne le coup de queue. Ici (fig. 27) ce coup dur par la bande est fort simple et facilement exécutable. La bille 1, attaquée en bas à droite, revient après son choc contre la bille 2 collée à la bande. L’effet contraire la ramène sur la gauche à la bande opposée.
Dans le deuxième coup par la bande (fig. 28), la bille 1 prise en tête à droite
avec un peu de mollesse dans la main droite, est projetée par le coup dur de
la bille 2 sur la bille 3 qui reste presque immobile. Les trois billes reviennent groupées.
Le Contre à distance
Celui-ci n’est pas aussi commode en raison de l’éloignement des billes (fig. 29). Attaquer sec et en tête la 1 qui en choquant la 2, reçoit un mouvement de rotation la dirigeant vers la 3 carambolée directement ou par la bande en raison de sa position collée presque au coin.
Le coup du serpent
Fig. 30-31-32-33
Nous en donnons deux exemples ici. Il existe une théorie exacte en ce qui concerne ces coups vraiment extraordinaires, mais, ce n’est pas nous avancer que déclarer la pratique supérieure à la théorie en ces deux cas. Nous les expliquerons clairement, l’amateur, s’il a des loisirs, pourra les essayer ensuite.
Dans le coup du serpent simple (fig. 30) les billes sont toutes trois collées à la bande. La bille 1, celle du joueur est prise sans aucun effet, en tête. Attaquée vigoureusement elle arrivera sur la bille 2 qui sera touchée trois-quarts plein. Si ce travail a été exécuté correctement la 1 suivra le trajet indiqué par le pointillé pour caramboler la 3.
Cet autre coup du serpent (fig. 31) est plus compliqué, car il s’agit en l’occurrence de venir heurter un objet au milieu du billard. Ce sera souvent une sonnette pendue au bec d’éclairage, que la bille fera légèrement tinter en passant. Ce sera le coup du serpent à sonnettes.
La bille 1 est attaquée énergiquement en tête avec effet à gauche. La 2 visée presque plein fera effectuer à la 1 le chemin tortueux que nous indiquons. C’est là que la queue de 600 grammes sera utile.
IX. Les rencontres
Par contre
La rencontre (fig. 32) se fait par contre, c’est-à-dire qu’attaquée à droite avec légèreté, mais aussi avec rapidité, la 1 va toucher la bande du haut. Au départ elle a légèrement heurté la 2 qui a envoyé la 3 dans le coin. La 1, à son contact à la bande et en raison de l’effet, est revenu caramboler la 3. Dans ce coup la 1 et la 3 doivent arriver ensemble.
II s’agit donc de ne jouer ni trop fort, ni pas assez ; suivant que la 3 arrivera la première ou la dernière, on réglera le coup de queue. En principe ne pas jouer trop plein.
La rencontre
Ici elle a lieu en plein billard (fig. 33). Le coup est à risquer. La 1 après son son choc contre la 2, sera envoyée vers le centre du billard. La 2 ayant envoyé la 3 contre la bande, redescendra pour rencontrer la 1, à moins que celle-ci ne soit déjà passée.
Rencontre par effet
Dans la figure 34, il faudra attaquer la 1 à gauche et en tête. On jouera ainsi le coup arrêté, car après le choc avec la 2 elle s’immobilisera presque complètement, déviant très peu sur la gauche. La 2 collée contre la 3 enverra celle-ci contre la bande en même temps qu’elle s’écartera. La 3 redescendra et se rencontrera avec la 1. Le procédé accompagnera légèrement la bille à l’attaque.
X. Les Bricoles
Fig. 34-35-36-37
Par une bande
Nous ne dirons pas, en raison du terme qui désigne ce coup, que c’est du bricolage, au contraire, car le coup est difficulteux. Il faut en effet opérer le carambolage après avoir touché une ou deux bandes. On essaye ce coup quand il y a impossibilité de faire autrement en raison de la place occupée par les billes (fig. 35).
Là il faudra avoir dans l’œil exactement le point de la bande à toucher pour qu’elle renvoie directement la 1 entre les deux autres. C’est un véritable problème géométrique.
Par 5 bandes
La 1 est attaquée en tête à gauche . La 2 est effleurée. Les quatre autres bandes sont touchées mathématiquement avant de venir caramboler la 3. Les deux autres billes restent dans leur coin et sont naturellement rejointes par la 1 (fig. 36).
XI. Le Massé
Encore un coup qui demande une longue pratique. Dans la crainte de déchirer le tapis, le débutant emploie ce coup avec crainte. En prenant l’une des positions indiquées au début (fig. 7, 8), on frappe la bille au sommet, vigoureusement, mais en retenant, la force s’exerçant tout entière sur la bille en évitant le tapis. Ce coup de massé a pour objet de chasser la bille attaquée.
Par la bande
En figure 37, l’attaque sera presque verticale. La bille 1 touchera, ou plutôt enveloppera la 2 qu’elle obligera à se retirer pour passer, suivre la bande et caramboler la bille 3.
Demi-massé par la bande
Dans un cas comme celui qui nous occupe (fig. 38) la bille 1 doit être massée à droite. En heurtant la 2, elle l’envoie vers la 3 qu’elle-même carambole en venant à la bande comme nous l’indiquons.
Dans tout massé, le plus important est de déterminer le point de la bille à frapper. La pratique jointe à la sûreté de main contribueront à cet apprentissage.
XII. La Série.
Fig. 38-39-40
C’est ce que tout joueur doit essayer de réussir. Chaque coup, étant joué de façon à rassembler les billes, doit invariablement amener une série.
Cependant la véritable ne s’exécute réellement que contre les bandes. Au milieu ou dans une partie quelconque du billard, on réunira toujours plus difficilement ses trois billes. Aussi. les efforts du billardier tendent-ils à se grouper près des bandes.
Dans notre premier exemple (fig. 39), le premier coup joué en finesse, la rouge s’éloigne vers la bande, la 2 laisse la place à la 1 qui se trouve sous la rouge. Un effet à retour sur la rouge, et la 1 carambole pour replacer les billes dans la première position. Il ne reste plus qu’à continuer, mais toujours très doux, cela se comprend. L’essentiel dans la série quelle qu’elle soit est de ne point faire rouler les billes, mais plutôt de les déplacer.
Au second exemple (fig. 40), attaquer avec finesse masquerait le jeu par la suite. Prendre trois-quarts sur la rouge pour arriver à la position suivante, où le massé remplacera la finesse à nouveau impossible. On reviendra à la position du début et l’on continuera en ayant soin de conserver la bille à jouer toujours derrière la rouge.
L’élève ne parviendra à la série, qu’après avoir en mains les coups fondamentaux, et quand il possédera à fond le massé et le coup d’effet à revenir.
La Poularde Valentine Thonart est l’une des plus grandes recettes de la cuisine belge. Elle a été créée dans les années 60 par (Charles-)Auguste Thonart, surnommé Coq et propriétaire de l’Hôtel de la Vallée à Lorcé-Chevron (Stoumont, BE), célèbre rendez-vous des gourmets au bord de l’Amblève. Il avait baptisé sa création du nom de sa mère Valentine, qui avait été la première et remarquable cuisinière de l’hôtel-restaurant en 1914, avant de lui céder la place, bien plus tard. Elle a disparu en 1955. Charles-Auguste Thonart, disparu lui aussi aujourd’hui (comme son restaurant), l’avait fait enregistrer par l’Académie Culinaire de France (la recette).
Quand elle cède la toque à son fils, la cuisine de Valentine Thonart (née Hendrick) a déjà connu bien des aventures : la légende familiale veut que Valentine ait d’abord tenu un café à l’emplacement de ce qui allait devenir l’Hôtel de la Vallée. Les différents mouvements de troupes et la destruction du pont voisin pendant la guerre de 40-45 n’en ont pas eu raison : des “dommages de guerre” sonnants et trébuchants (dédommagements pour les dégâts occasionnés par le conflit) permettent l’agrandissement du café qui devient un hôtel-restaurant, ce qui restera pour beaucoup l’Hôtel Thonart, à Lorcé (pour faire la différence avec l’Hôtel de Portugal, à Spa, qu’une autre Thonart gérait d’une main de fer dans la cité thermale).
Le café de Valentine
La vallée de l’Amblève
Le café de Valentine
Dans le jardin de Valentine
Le pont sur l’Amblève
La gare de Lorcé-Chevron
La vallée de l’Amblève
La grande salle prend des couleurs…
Bons baisers de Lorcé
A table ou au jardin
Fiançailles de Robert & Yvonne THONART
A table chez Valentine
Le restaurant de Valentine
On se modernise
Les secrets de la Poularde Valentine Thonart (une préparation à base de poularde de haute qualité et de homard) ont été livrés il y a des années au Guide des Connaisseurs par le chef de l’époque, Roger Verhougstraete, qui a préparé des milliers de Poulardes Valentine Thonart.
Préparation
Pour quatre personnes, découpez en six morceaux, une poularde de 1 kilo 600 vidée.
Faites chauffer du beurre dans une casserole. Laissez colorer les morceaux de poularde pendant cinq minutes des deux côtés.
Retirez la volaille et dans le même beurre saisissez deux homards vivants de 400 grammes chacun, coupés en deux dans le sens de la longueur.
Remettez les morceaux de volaille dans la casserole et ajoutez une bonne cuillère à soupe d’échalotes hachées.
Flambez le tout à l’armagnac.
Assaisonnez de sel et de poivre du moulin.
Ajoutez un bouquet garni, la chair en dés de quatre tomates fraîches, épluchées et épépinées, 250 grammes de champignons de Paris coupés en dés et sautés préalablement, et versez sur le tout une bouteille de champagne brut.
Laissez cuire à couvert à feu doux pendant 25 minutes.
Ajoutez 1/2 litre de crème fraîche épaisse et quatre fonds d’artichauts cuits coupés en dés (frais en saison ou en conserve), et laissez réduire à découvert de moitié.
Enlevez à l’aide d’une écumoire les morceaux de volaille et de homard et gardez-les au chaud. Terminez la sauce avec une pincée d’estragon, dont on doit seulement deviner la présence, rectifiez l’assaisonnement, ajoutez une larme d’armagnac éventuellement, et une pointe de poivre de Cayenne, car la préparation doit être haute en goût et bien relevée.
Dressez les morceaux de poularde et de homard dans une casserole en argent, saucez le tout et éparpillez en garniture une truffe coupée en fine julienne.
Le service se fait en deux fois : d’abord un suprême de poularde et une queue de homard, ensuite un morceau de cuisse et une pince du homard.
La recette est également reprise dans les ouvrages de Philippe NONCLERCQ : Quand la Wallonie se met à table (Liège : Noir Dessin Productions)
[LAMEUSE.SUDINFO.BE, 17 mai 2022] “Tous les mardis, Marc Carnevale partage avec nous son Café Liégeois. Le patron des Sabots d’Hélène dans le Carré (Liège) nous propose ses histoires ancrées dans le patrimoine de la Cité ardente.” C’est ainsi que Vincent Arena, journaliste Culture à La Meuse, présente la chronique hebdomadaire du “spittant” liégeois.
Le hasard fait bien les choses : en fouillant sur l’Internet, Marc a découvert la recette de la Poularde Valentine Thonart sur wallonica.org et a demandé à son ami Eddy Deketelaere, le chef de l’Ecailler (Liège) de tester la recette : une poularde façon Valentine que ni Eddy, ni Marc ni moi-même n’avions jamais goûtée. Chose faite ce mardi 10 mai 2022 à l’Ecailler. L’expérience a été concluante et le maître des lieux a décidé d’ajouter le plat à sa carte, pourtant déjà généreusement pourvue.
Dormir en un bloc de 8 heures n’a pas toujours été la norme. Grâce à la découverte fortuite d’un historien, on sait qu’avant la révolution industrielle, le sommeil était entrecoupé d’une pause vers minuit.
Vous vous réveillez parfois la nuit ? Pas d’inquiétude : ce serait “normal” non pas d’un point de vue physiologique mais historique, selon l’historien américain Roger Ekirch. “Les gens allaient au lit vers 21h ou 22h, se réveillaient après minuit, pour une heure environ, et ensuite se recouchaient”, détaille le chercheur rattaché à l’Université Virginia Tech.
Que faisait-on durant cette pause ? “Quasi tout ce qu’on peut imaginer”, résume-t-il. Rester au lit, prier, s’occuper des tâches domestiques, entretenir le feu, prendre soin du bétail, s’occuper d’un enfant malade. “Plusieurs médecins étaient d’avis que c’était un moment de premier choix pour avoir des relations sexuelles”, observe l’historien. Pendant longtemps, on a pourtant dormi à plusieurs, jusqu’à toute une famille, dans le même lit. Autre temps, autres mœurs.
Découverte fortuite
On médite aussi sur le contenu des rêves encore frais, qui sont perçus comme un chemin d’accès à la connaissance de soi ; c’est d’ailleurs après la disparition du sommeil biphasique que se développera la psychanalyse.
Comme beaucoup de découvertes, celle-ci s’est faite par hasard, à Londres dans les années 1990. Roger Elkirch cherchait des actes juridiques dans les archives nationales à Londres. L’historien tombe alors sur des références à un “premier sommeil” et à un “deuxième sommeil”. “Ce qui m’a étonné, c’était la façon familière dont les gens faisaient référence à cette façon de dormir, comme si cela leur était tout à fait normal”, situe l’auteur de La grande transformation du sommeil.
Depuis la nuit des temps ?
En tout, il trouvera 2000 références similaires dans des écrits juridiques et de fiction, et pas des moindres : chez Érasme, chez le philosophe Plutarque, l’historien Tite-Live et dans l‘Odyssée d’Homère. Le tout dans différentes langues : “premier somme”, “primo sonno“, ou encore “morning sleep”.
Ces mentions, sous nos yeux depuis des siècles, avaient été selon lui ignorées ou mal interprétées : on prenait les termes de “premier somme” comme la phase initiale de l’endormissement, un synonyme de “sommeil léger“. Lorsque le bloc continu de huit heures est devenu la norme, on oublia aussi le souvenir du sommeil biphasique, qui fut pourtant la norme en Occident pendant une éternité, et jusqu’à il y a pas si longtemps.
Le rôle clé de l’éclairage artificiel
Au XIXe siècle, ce schéma en deux cycles évolue à cause de la révolution industrielle, période de fort progrès économique, qui a deux effets majeurs. L’apparition de l’éclairage artificiel augmente la durée de luminosité quotidienne, d’abord avec l’apparition des lampes à gaz puis de l’électricité. À Paris, les premiers réverbères sont installés en 1820 ; on en compte 56 000 en 1860. L’horloge biologique va donc s’adapter.
La deuxième conséquence de cette période, c’est que les mentalités vont changer. “La conséquence culturelle est que les valeurs associées à la révolution industrielle mettent en avant l’importance de l’efficacité, de la ponctualité, explique Roger Ekirch. La société devient beaucoup plus soucieuse du temps.”
Petit à petit, on s’affranchit des conseils des médecins, qui recommandaient jusque là un sommeil en deux segments. L’avènement des loisirs, du moins dans un cadre citadin et privilégié, retarde le coucher et allonge le premier somme. La nuit, période de criminalité, devient moins obscure alors que la police se professionnalise. Plus besoin de se réveiller pour parer à un risque d’intrusion de prédateurs, réflexe datant de la préhistoire selon des anthropologues. “Pardonnez-moi de rappeler que cette transformation ne s’est pas faite du jour au lendemain ! ironise l’historien. Ce fut lent, irrégulier, mais vers la fin du XIXe siècle, c’était devenu la nouvelle normalité.”
Biphasique ou continu : qu’est-ce qu’un sommeil “naturel” ?
Le sommeil biphasique persiste pourtant dans des cultures non occidentales moins exposées à la lumière artificielle, selon des enquêtes de la fin du XIXe siècle : chez des Marrons du Suriname ou dans une communauté de fermiers Tivs du Nigeria.
Dans les années 1990, une étude est menée aux États-Unis, sous l’égide du chercheur Thomas Wehr du National Institute of Mental Health : une quinzaine de sujets sont privés d’éclairage naturel pour observer l’évolution de leur sommeil. Celui-ci devient biphasique au bout de 3 semaines. “J’ai entendu parler de ça pour la première fois en lisant le New York Times, en décembre 1995, se souvient l’historien. Il se trouve que j’étais en train de surfer sur Internet à minuit ! Et j’étais époustouflé de lire ces recherches plusieurs années avant, qui semblaient recouper les miennes.”
Le même constat est obtenu en 2017 en étudiant le sommeil des habitants d’un village agraire sans électricité de Madagascar. D’autres études récentes observent en revanche un sommeil continu dans des cultures pré-industrielles, en Afrique et en Amérique du Sud.
Conclusion : difficile de dire s’il y a aujourd’hui un sommeil “normal”, ce qui pourrait rassurer les insomniaques, nombreux à contacter Roger Ekirch avec inquiétude, de son propre aveu : “D’un point de vue historique, ils ne vivent probablement pas un trouble du sommeil, mais plutôt une résurgence très forte de cette forme de sommeil ancestrale qui a longtemps dominé dans le monde occidental.”
On trouve notre époque vulgaire, et il est vrai que même certains dirigeants politiques ont adopté un ton vulgaire comme signe de ralliement. Mais la vulgarité est-elle si moderne ?
C’est Madame de Staël qui invente le mot en 1802, “trouvant qu’il n’existait pas encore assez de termes pour proscrire à jamais toutes les formes qui supposent peu d’élégance dans les images et peu de délicatesse dans l’expression”, écrit-elle dans De la littérature. Mais pour Bertrand Buffon, qui consacre au sujet un ouvrage très documenté […] sous le titre Vulgarité et modernité, “son retour en force est concomitant du triomphe de l’idéologie néolibérale, qui pousse à leur dernière extrémité certains traits de la modernité – individualisme, utilitarisme, consumérisme – et soumet un à un les différents pans de la vie sociale à la logique du marché.”
Le néologisme vulgaire“vient du latin vulgus qui signifie le commun des hommes, la foule”. Dans ses premiers usages, il n’avait pas forcément de connotation péjorative. Ainsi, Barbey d’Aurevilly qualifie la gaieté de “qualité vulgaire et toujours bienvenue en France”. Mais, aussi étonnant que ça puisse nous paraître aujourd’hui, le même jugeait comme Brunetière Victor Hugo vulgaire, estimant qu’il “peint gros en toutes choses, et les sentiments fins lui sont inconnus”. Quant à Brunetière il est encore plus explicite, affirmant qu’ “il y a toujours eu dans toutes ses œuvres un fonds, non seulement de banalité, mais de vulgarité”. Même anathème pour Zola, auquel il reproche “la vulgarité délibérée des sujets”.
La critique n’étant pas une science exacte, celui qu’on considère de nos jours comme l’anti-modèle de la critique littéraire en rajoutait une couche au début du XXe siècle, encore : Gustave Lanson jugeait Victor Hugo “peuple”, de par “une certaine grossièreté de tempérament, par l’épaisse jovialité et par la colère brutale”, et du fait d’une “nature vulgaire et forte, où l’égoïsme intempérant domine”. Du taux de testostérone appliqué au jugement esthétique… Mais le mot est lâché : égoïsme, il consonne avec individualisme, matérialisme, nivellement par le bas. Et renvoie – du coup – à notre société actuelle. Emerson parle de “la vulgarité grossière de l’égoïsme sans pitié”.
“L’étalage indiscret de soi est un trait typique de la vulgarité contemporaine“
Pour Bertrand Buffon, “l’étalage indiscret de soi est un trait typique de la vulgarité contemporaine.” L’insignifiance de la personne érigée en modèle “alternatif”. Selon lui, “l’idée de norme a changé de sens, désignant, non plus ce qui est excellent, et donc rare, mais ce qui est le plus fréquent”. Les modèles classiques de moralité – le héros, le sage, le saint – sont remisés au cabinet de curiosités et la vulgarité se porte haut sur les plateaux de télévision comme un signe d’émancipation affiché à l’égard des conventions.
C’est qu’il s’est passé quelque chose, avant l’ère consumériste, et dont celle-ci a su tirer profit. Le terrain a été en quelque sorte préparé par une “transvaluation des valeurs” amorcée déjà par nos moralistes du Grand Siècle. Les faux-semblants d’une morale conventionnelle, hypocrite et superficielle, guidée par l’intérêt personnel, sont dénoncés par La Rochefoucauld ou La Bruyère : je cite (Les Caractères) “Le peuple n’a guère d’esprit et les Grands n’ont point d’âme : celui-là a un bon fonds, et n’a point de dehors ; ceux-ci n’ont que des dehors et qu’une simple superficie. Faut-il opter ? Je ne balance pas : je veux être peuple.” Renan enfonce le clou : “Bien agir parce qu’on en peut retirer quelque avantage, quelle vulgarité !” Et Nietzsche : “Je déteste cette vulgarité qui dit : “Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent” ; qui veut fonder tous les rapports humains sur une réciprocité des services rendus, en sorte que chaque action apparaît comme une espèce de paiement en retour d’un bienfait.”
La morale bourgeoise
La dernière livraison de la revue Esquisse(s) [n°14, printemps 2019] est consacrée au thème de la crudité. Langage, publicité, pornographie, un monde de “tentations sans goût” nous submerge. Sur le mode “retournement du stigmate”, musique et paroles du rap exploitent le filon. Mathias Vicherat pose la question : “Pourquoi la crudité du rap serait-elle seulement vulgaire ?” Les rappeurs semblent suivre à la lettre le conseil donné par John Fante aux écrivains : “vivre leur vie dans toute sa crudité, la prendre à bras le corps, l’attaquer à poings nus”.
Si le rap “a souvent le sexe comme objet et la femme comme sujet (et vice versa), il est assez fréquent que le langage fleuri, mâtiné d’une langue verte et de néologismes, se trouve l’Etat et les institutions en général comme cible de choix. La crudité, la vulgarité seraient à la hauteur des injustices subies, des violences et aussi d’une forme de désillusion” résume l’auteur. “La haine, c’est ce qui rend nos propos vulgaires” chante le groupe Sniper. “Parfois il faut parler cru pour être cru”, tente l’ancien énarque, auteur […] d’une Analyse textuelle du rap français.“J’ai traité les phrases comme de vraies dames / Tiré les plus belles pour les mettre en vitrine comme à Amsterdam” (IAM). La “poétique de l’obscène” – rappelle-t-il – n’est pas l’apanage des hommes. Les femmes rappeuses ne sont pas en reste.
Chère lectrice, cher lecteur, je commencerai par te donner une bonne nouvelle : “Non, tu n’es pas une fake news (ou, désormais, en bon français : tu n’es pas une infox) !” Sur ce, comment puis-je l’affirmer ? Comment puis-je être certain que cette information sur un phénomène du monde qui m’est extérieur est bel et bien réelle ? Comment valider ma perception du phénomène “il y a un.e internaute qui lit mon article” auquel mes sens sont confrontés ? Comment puis-je m’avancer avec conviction sur ce sujet, sans craindre de voir l’un d’entre vous se lever et demander à vérifier d’où je tiens cette certitude, que nous avons devant nous un “lecteur curieux” en bonne et due forme ?
Ouverture en Si majeur
Eh bien, ce n’est pas très compliqué. Tout d’abord : peut-être nous connaissons-nous déjà dans la vie réelle (pas dans le métavers) et je t’ai serré la main ou fais la bise, j’ai physiquement identifié ta présence et, dans la mesure où je n’ai vécu, dans les secondes qui suivirent, aucune tempête hormonale me signalant qu’il fallait fuir immédiatement, mon corps a libéré les phéromones de la reconnaissance de l’autre, dont je ne doute pas que tes organes sensoriels aient à leur tour détecté la présence. Ton cerveau a pu régler immédiatement le taux d’adrénaline dans ton sang. Peut-être avons-nous même pu nous asseoir autour d’une table et déguster une bière spéciale car… nous avions soif. Peut-être même t’ai-je entendu commenter cet article, que tu avais lu en avant-première. Tu es un phénomène réel, cher lecteur, car mon cerveau te reconnaît comme tel.
Ensuite, tu n’es pas une infox non plus et j’en ai eu la preuve quand, à cause de toi, j’ai dû interroger mes monstres intérieurs, mes instances de délibération psychologique, mon Olympe personnel (celui où je me vis comme un personnage mythique, tout comme dans mes rêves), alors que tu t’attendais à ce que (parmi d’autres blogueurs) je publie sur cette question qui nous taraude tous depuis sa formulation par Montaigne : “Comment vivre à propos ?” Ma psyché a alors dû aligner
une répugnance naturelle à m’aligner sur un groupe (ici, les blogueurs qui s’expriment sur un auteur, sans faire autorité),
la douce vanité que tisonnait l’impatience que je sentais chez toi, lecteur, et
ma sentimentalité face à la perspective de tes yeux ébahis devant mes commentaires éclairés.
Là, ce sont nos deux personnalités qui ont interagi : preuve est faite de ton existence, parce que c’est toi, parce que c’est moi. Tu es un être humain réel, cher lecteur, car ma psyché te reconnaît comme tel.
Enfin, tu es là, virtuellement face à moi, lectrice, comme le veut ce grand rituel qu’est notre relation éditoriale en ligne. Nous jouons ensemble un jeu de rôle qui nous réunit régulièrement et dans lequel ton rôle est défini clairement. Dans la relation éditeur-lecteur sans laquelle wallonica.org n’a pas de sens, ton rôle doit être assuré, par toi ou par ta voisine. C’est là notre contrat virtuel et je vis avec la certitude que, à chaque publication, un lecteur ou une lectrice lira mon article. Cette certitude est fondée sur notre relation, sur notre discours à son propos, qui prévoit des rôles définis, des scénarios interactifs qui se répètent, qui raconte des légendes dorées sur cette interaction, qui met en avant une batterie de dispositifs qui deviennent, article après article, nos outils de partage en ligne et sur les statistiques de visite de cette page web. Tu es donc là parce qu’il est prévu -par principe- que tu y sois. Tu es une idée réelle, chère lectrice, car ma raison te reconnaît comme telle.
Donc, qu’il s’agisse de mon corps, de ma psyché ou de mes idées, à chaque niveau de mon fonctionnement, de ma délibération, j’acquiers la conviction que tu es là, bien réel.le face à moi ou, du moins, quelque part dans le monde réel (que n’appliquons-nous les mêmes filtres lorsque nous traitons les actualités et les informations quotidiennes dont le sociologue Gérald Bronner affirmait que, au cours des deux dernières années, nous en avons créé autant que pendant la totalité de l’histoire de l’humanité jusque-là !).
Pour conclure ce point, je rappellerai que, traditionnellement, on exige d’une information cinq qualités essentielles : la fiabilité, la pertinence, l’actualité, l’originalité et l’accessibilité… C’est la première de ces cinq qualités que nous validons lorsque nous nous posons la question : info ou infox ?
Dans la même veine : cette question, je peux la poser à propos de… moi-même. Qui me dit que je ne suis pas une infox, pour les autres ou… pour moi-même ? Comment vérifier, avec tout le sens critique que j’aurais exercé pour lire une info complotiste sur FaceBook, comment vérifier que je suis un phénomène fiable pour moi et pour les autres ? Plus précisément, comment vérifier que l’image que j’ai de moi correspond à mon activité réelle (Diel), à ce que je fais réellement dans le monde où je vis avec vous, mes lectrices, mes lecteurs ? Pour mémoire, selon Montaigne, voilà bien les termes dans lesquels nous devons travailler car : “Notre bel et grand chef-d’œuvre, c’est vivre à propos.” C’est-à-dire : sans décalage entre nous et le monde.
Ma proposition est donc de présenter brièvement une clef de lecture de nous-mêmes, un test critique que chaque lecteur ou lectrice de ces lignes pourrait effectuer afin d’éclaircir un des éléments déterminants du fonctionnement de sa raison au quotidien : soi-même.
Tant qu’à prendre des selfies, autant qu’ils soient les plus fiables possibles et tant qu’à exercer notre sens critique, pourquoi pas commencer par nous-mêmes… ?
Aussi, commençons par le commencement : Copernic, Galilée et Newton n’ont pas été les derniers penseurs à transformer fondamentalement notre vision du monde. A son époque, pendant le siècle des Lumières, Kant a remis une question philosophique sur le tapis qui n’est pas anodine ici, à savoir : “Que puis-je connaître ?” (rappelez-vous : nous travaillons sur comment se connaître soi-même).
Kant est un imbuvable, un pas-rigolo, un illisible (il l’a dit lui-même et s’en est excusé à la fin de sa vie) mais nous ne pouvons rester insensibles à sa définition des Lumières, je cite :
La philosophie des Lumières représente la sortie de l’être humain de son état […] de mineur aux facultés limitées. Cette minorité réside dans son incapacité à utiliser son entendement de façon libre et indépendante, sans prendre l’avis de qui que ce soit. Il est seul responsable de cette minorité dès lors que la cause de celle-ci ne réside pas dans un entendement déficient, mais dans un manque d’esprit de décision et du courage de se servir de cet entendement sans s’en référer à autrui. Sapere aude ! (“aie le courage de faire usage de ton propre entendement !”) doit être la devise de la philosophie des Lumières.
Le message est clair : si tu veux grandir, pense librement et par toi-même. C’est sympa ! Mais comment faire, quels sont mes outils et comment les maîtriser ?
Premiers outils : nos cerveaux…
Pourquoi parler du cerveau d’abord ? En fait, pour interagir avec le monde, nos outils de base sont multiples et nous pensons les connaître mais les neurologues sont aujourd’hui en train de bousculer pas mal de nos certitudes à propos de cet outil majeur qu’est notre cerveau. Le cerveau – et toute la vie de notre corps qu’il organise – est d’ailleurs longtemps resté notre soldat inconnu : seul aux premières lignes, il agit pour notre compte sans que nous nous en rendions compte. Je m’explique…
Kant – et les penseurs qui ensuite ont sorti la divinité du champ de leur travail – estiment que nous ne pouvons concevoir de la réalité que des phénomènes, c’est-à-dire les informations que nous ramènent nos sens(des goûts, des images, des textures, des odeurs, des sons…) et ce, à propos de faits que nous avons pu percevoir. A ces phénomènes, se limite la totalité du périmètre que nous pouvons explorer avec notre raison, explique Kant à son époque. Tout le reste est littérature…
Et le langage utilisé par notre cerveau (ou nos cerveaux si l’on tient compte des autres parties du corps qui sont quelquefois plus riches en neurones), ce langage est trop technique pour notre entendement : impulsions électriques, signaux hormonaux, transformations protéiques et j’en passe. De là peut-être, cette difficulté que nous avons à être bien conscients de l’action de notre cerveau, des modifications en nous qui relèvent seulement de son autorité ou de son activité…
Un exemple ? Qui ne s’est jamais injustement mis en colère après un coup de frein trop brutal ? Était-ce le Code de la route qui justifiait cette colère ? Non. La personne qui l’a subie méritait-elle les noms d’oiseaux qui ont été proférés ? Non. Simplement, un excellent réflexe physiologique s’est traduit dans un coup de frein qui a été déclenché par la peur d’une collision, provoquée par la vue d’un piéton dans la trajectoire du véhicule et l’adrénaline libérée devait trouver un exutoire dans un cri de colère proportionné, faute de quoi elle serait restée dans le sang et aurait généré du stress…
Un autre exemple ? Lequel d’entre nous n’a jamais grondé, giflé voire fessé son enfant juste après lui avoir sauvé la vie, en lui évitant d’être écrasé : on le rattrape par le bras, on le tire sur le trottoir, la voiture passe en trombe et on engueule le petit avec rage pour lui signifier combien on l’aime. On préfère dire que c’est un réflexe, non ?
Nombreuses sont les situations concrètes où nous fonctionnons ainsi, sur la seule base du physiologique, et c’est tant mieux, car nos cerveaux n’ont qu’unobjectif : veiller à notre adaptation permanenteau milieu dans lequel nous vivons, ceci afin de maintenir la vie dans cet organisme magnifique qui est notre corps.
Partant, il serait recommandé d’identifier au mieux la contribution de nos cerveaux et de notre corps, avant de se perdre dans la justification morale ou intellectuelle de certains de nos actes.
Couche n°2 : la conscience…
Ici, tout se corse. Pendant des millénaires, notre conscience, notre âme, notre soi, notre ego, ont été les stars de la pensée, qu’elle soit religieuse, scientifique ou philosophique. De Jehovah à Freud, le succès a été intégral et permanent au fil des siècles. A l’Homme (ou à la Femme, plus récemment), on assimilait la conscience qu’il ou elle avait de son expérience.
La question du choix entre le Bien et le Mal y était débattue et l’ego était un grand parlement intérieur, en tension entre, en bas, la matière répugnante du corps et, en haut, la pureté des idées nées de l’imagination ou générées par l’intellect.
Or, voilà-t-y pas que nos amis neurologues shootent dans la fourmilière et nous font une proposition vertigineuse, aujourd’hui documentée et commentée dans les revues scientifiques les plus sérieuses : la conscience ne serait qu’un artefact du cerveau, une sorte d’hologramme généré par nos neurones, rien que pour nous-mêmes !
Plus précisément : trois régions du cerveau ont été identifiées, dont la mission commune est de nous donner l’illusion de notre libre-arbitre, l’illusion d’être une personne donnée qui vit des expériences données. Ici, plus question d’une belle conscience autonome, garante de notre dignité et flottant dans les airs ou ancrée dans notre cœur.
Et c’est évidemment encore un coup du cerveau, qui fait son boulot : “si je suis convaincu que j’existe individuellement, je vais tout faire pour ma propre survie.”
Pour illustrer ceci simplement, prenons l’exemple d’un pianiste qui lit une note sur une partition, enfonce une touche du piano et entend la corde vibrer. Il a l’impression de faire une expérience musicale unique alors que ce sont précisément les trois zones du cerveau dont je parlais qui ont œuvré à créer cette impression. Elles ont rassemblé en un seul événement conscient, le stimulus visuel de la note lue, l’action du doigt sur l’ivoire et la perception de la note jouée. L’illusion est parfaite alors que ce sont des sensdistincts du cerveau qui ont été activés, à des moments différents etsans corrélation entre euxa priori. C’est vertigineux, je vous le disais : ma conscience, n’est en fait pas consciente.
Je pense qu’on n’a pas encore conscience non plus, des implications d’une telle découverte et je serais curieux de pouvoir en parler un jour avec Steven Laureys.
Reste que, factice ou pas, la conscience que j’ai de moi-même accueille la deuxième couche du modèle que je vous propose : la psyché. Qu’ils soient illusoires ou non, ma psyché, ma personnalité psychologique, ma mémoire traumatique, ma vanité, mes complexes, mon besoin de reconnaissance, mes accusations envers le monde, mes habitudes de positionnement dans les groupes, ma volonté d’être sublime… bref, mes passions, mes affects conditionnent mon interaction avec le monde.
J’en veux pour preuve toutes les fois où je suis rentré dans un local où je devais animer une réunion, donner une conférence ou dispenser une formation : à l’instant-même où je rentrais dans la pièce, il était évident que j’aurais une confrontation avec celui-là, celui-là et celui-là. Je n’ai pas toujours eu du bide mais j’ai commencé grand… en taille, très tôt. Le seul fait de ma stature physique provoquait systématiquement une volonté de mise en concurrence chez les participants les plus arrogants de virilité. Il me revenait alors d’établir ma position d’animateur sans qu’elle ne vienne contrarier le statut des mâles alpha présents ou… de m’affirmer moi-même en mâle alpha quand les mâles en question étaient beaucoup moins baraqués que moi…
Ici, pas de grands idéaux pédagogiques, pas de réflexes physiologiques mais simplement un positionnement affectif, un moment où chacun se vit comme un héros mythique et sublime, dans une confrontation authentiquement héroïque.
J’ai le sentiment que le débat intérieur, à ce moment-là, utilise le même langage que les rêves où, également, chacun se vit comme un personnage mythologique, hors de tout détail accidentel ou quotidien. Regardez la colère d’un informaticien quand un ordinateur ne fait pas ce qu’il veut : elle est homérique et n’est possible que si, l’espace d’un instant, l’informaticien en question a eu l’illusion d’être un dieu tout-puissant, créateur de ce dispositif qui a l’arrogance satanique de lui résister. Encore un coup de la psyché vexée !
Combien de fois -il faut le reconnaître- n’avons-nous pas discuté, disputé, débattu ou polémiqué sur des sujets qui n’en étaient pas mieux éclairés, car force nous était d’abord d’avoir raison devant témoins de la résistance de l’autre, simplement parce qu’il ressemblait trop à notre contrôleur des impôts ou à une collègue carriériste ! C’est un exemple. Passion, quand tu nous tiens… nous, nous ne savons pas nous tenir. On pourra énumérer longuement ces situations où la psyché tient les rênes de nos motivations, alors que nous prétendons agir en vertu de principes sublimes ou d’idées supérieures. Dans ces cas regrettables, les sensations captées par notre cerveau n’ont même pas encore fait leur chemin jusqu’à notre raison que déjà nous réagissons… affectivement.
Il ne s’agit pas ici, par contre, de condamner notre psyché, qui se débat en toute bonne foi dans un seul objectif : obtenir et maintenir la satisfaction que nous pouvons ressentir lorsque nos désirs sont réalisables et notre réalité désirable. Bref, quand l’image que nous avons de nous-même correspond à notre activité réelle. C’est une joie profonde qui en résulte.
Juste à côté, mais en version brouillée : les idées…
A ce stade, résumons-nous : un cerveau hyperconnecté qui nous permet de percevoir et d’agir sur le monde, une psyché mythologisante qui nous positionne affectivement face à ses phénomènes. Il nous manque encore le troisième étage du modèle : les idées, les discours, autrement dit les formes symboliques.
C’est le philosophe Ernst Cassirer qui a concentré ses recherches sur notre formidable faculté de créer des formes symboliques : le Bien, le Mal, Dieu, le Beau, le Vrai, le Juste, le Grand Architecte, le Carré de l’hypoténuse, Du-beau-du-bon-Dubonnet, la Théorie des cordes, “Demain j’enlève le bas”, “Le Chinois est petit et fourbe”, “This parrot is dead”, la Force tranquille, Superman, le Grand remplacement, “Je ne sais pas chanter”, “Mais c’est la Tradition qui veut que…”, “On a toujours fait comme ça”, “les Luxembourgeois sont tellement riches…” Autant de formes symboliques, de discours qui ne relèvent ni de notre physiologie, ni de notre psychologie ; autant de convictions, de systèmes de pensée, de vérités qui, certes, prêtent au débat mais ne peuvent constituer une explicationexclusive et finale du monde qui nous entoure (s’il y en avait une, ça se saurait !).
Cassirer ne s’est pas arrêté à un émerveillement bien naturel face à cette faculté généreusement distribuée à l’ensemble des êtres humains : créer des formes symboliques. Il a également averti ses lecteurs d’un dangerinhérent à cette faculté : la forme symbolique, l’idée, le discours, a la fâcheuse tendance à devenir totalitaire. En d’autres termes, chacun d’entre nous, lorsqu’il découvre une vérité qui lui convient (ce que l’on appelle une vérité, donc) s’efforce de l’étendre à la totalité de sa compréhension du monde, voire à l’imposer à son entourage (que celui qui n’a jamais observé ce phénomène chez un adolescent vienne me trouver, j’ai des choses à lui raconter…).
Qui plus est, les fictions et les dogmes qui nous servent d’œillères ne sont pas toujours le fait de la société ou de notre entourage : nous sommes assez grands pour générer nous-mêmes des auto-fictions, des discours qui justifient nos imperfections ou qui perpétuent des scénarios de défense, au-delà du nécessaire.
Il reste donc également important d’identifier les dogmes et les discours qui entravent notre liberté de penser, afin de rendre à chacune de nos idées sa juste place : rien d’autre qu’une opportunité de pensée, sans plus. A défaut, nous risquons de la travestir en vérité absolue, à laquelle il faudrait se conformer !
Mais quel langage utilise-t-on pour échanger sur ces formes symboliques, qu’il s’agisse de réfléchir seul ou de débattre avec des tiers, qu’il s’agisse de fictions personnelles ou de discours littéraires, poétiques, scientifiques, mathématiques, religieux ou philosophiques ?
Il semblerait bien qu’il s’agisse là de la langue commune, telle qu’elle est régie par la grammaire et l’orthographe, codifiée par nos académies. On ne s’étendra pas ici sur les différents procédés de langage, sur la différence entre signifiant et signifié, sur l’usage poétique des mots, sur la différence entre vocabulaire et terminologie. Ce qui m’importe, c’est simplement d’insister sur deux choses, à propos des formes symboliques :
d’abord, le discours –voulu raisonnable- que l’on tient à propos du monde ou d’un quelconque de ses phénomènes, n’est pas le phénomène lui-même. C’est Lao-Tseu qui disait : “Le Tao que l’on peut dire, n’est pas le Tao pour toujours.» Pour faire bref : c’est impunément que l’on peut discourir sur n’importe quel aspect de notre réalité car notre discours n’est pas la chose elle-même (sinon, il serait impossible de parler d’un éléphant lorsqu’on est assis dans une 2CV, par simple manque de place).
Ensuite : impunément peut-être pas, car notre formidable faculté de créer des formes symboliques pour représenter le monde (qu’il soit intérieur ou extérieur) sert un objectif particulier bien honorable : celui de nous permettre de construire une image du monde harmonieuse, à défaut de laquelle il sera difficile de se lever demain matin.
Mystère et boules de gomme
Nous voici donc avec un modèle de lecture de nous-mêmes à trois étages : le physiologique, le psychologique et les formes symboliques (ou les discours). Jusque-là, nous avons travaillé à les décrire, à reconnaître leur langage et à identifier leur objectif, c’est-à-dire, leur raison d’être :
l’adaptationà l’environnement, pour le cerveau ;
la satisfaction née de l’équilibre entre désirs intérieurs et possibilités extérieures, pour la psyché, et
l’harmoniedans la vision du monde pour les discours, pour la raison.
Tout cela est bel et bon, mais où est le problème, me direz-vous ? Mystère ! Ou plutôt, justement, lemystère et la tradition qu’il véhicule. Je vous l’ai proposé : à moins d’être croyant, gnostique ou un dangereux gourou, la tradition est à prendre comme un discours, une opportunité de pensée : ce qui n’en fait pas une vérité ! Notre tradition occidentale agence nos trois étages de manière rigoureuse : le corps, notre prison d’organes, est au rez-de-chaussée de la maison ; notre conscience, nécessairement plus élevée que nos seuls boyaux, fait “bel étage” et les idées, sublimes, dominent un étage plus haut, elles rayonnent au départ d’un magnifique penthouse sur la terre entière !
raison, splendeur, esprit, idéaux, lumière infinie et vie éternelle en haut ;
corps, limitations, affects, déchéance et mort, en bas.
C’est du Platon, du Jehovah, du Jean-Sébastien Bach ou du Louis XIV ! Et c’est cette même tradition idéaliste qui positionne le mystère dans des zones transcendantes, dans un au-delà que notre raison ne peut cerner et dont nous ne possédons pas le langage, sauf “initiation”, bref : le mystère est ineffable tant il est supérieur, bien au-delà de notre entendement.
Face à cette “mystique du télésiège”, qui, depuis des lustres, entrelarde notre culture judéo-chrétienne de besoins d’élévation sublime, il existe une alternative, qui est la vision immanente du monde.
L’immanence, c’est la négation de tout au-delà : tout est déjà là, devant nous, au rez-de-chaussée, qui fait sens, qui est magnifiquement organisé et vivant, qui est prêt à recevoir notre expérience mais seulement dans la limite de nos capacités sensorielles et de notre entendement.
Et c’est bel et bien cette limite qui fournit la signification que nous pourrions donner au mot mystère : “au-delà de cette limite, nos mots ne sont plus valables.” Souvenez-vous de Lao-Tseu quand il évoque l’ordre universel des choses et le silence qu’il impose. Contrairement aux définitions des dictionnaires qui nous expliquent que le “Mystère est une chose obscure, secrète, réservée à des initiés”, le mystère serait cet ordre des choses que nous pouvons appréhender mais pas commenter.
Pas de mots pour décrire le mystère : non pas parce qu’il est par essence un territoire supérieur interdit, réservé aux seuls dieux ou aux initiés, pas du tout, mais parce que, tout simplement, notre entendement a ses limites, tout comme le langage rationnel qu’il utilise.
Nous pouvons donc expérimenter le mystère mais, c’est notre condition d’être humain que d’être incapables de le décrire avec nos mots. J’en veux pour exemple la sagesse de la langue quand, face à un trop-plein de beauté (un paysage alpin, la mer qu’on voit danser, la peau délicate d’un cou ou une toile de Rothko), nous disons : “cela m’a laissé sans mots“, “je ne trouve pas les mots pour le dire“, “je suis resté bouche-bée…”
Au temps pour le mystère. Le questionner aura permis de dégager deux grosses tendances dans notre culture (et, donc, dans notre manière de penser) : d’une part, l’appel vers l’idéal du genre “mystérieux mystère de la magie de la Sainte Trinité” et, d’autre part, la jouissance pragmatique du “merveilleux mystère de la nature, que c’est tellement beau qu’on ne sait pas comment le dire avec des mots.” Dans les deux cas, le mystère a du sens, on le pressent, mais, dans les deux cas, le mystère est ineffable, que ce soit par interdit (première tendance) ou par simple incapacité de notre raison (seconde tendance).
Dans les deux cas, chacun d’entre nous peut se poser la “question du mystère” : quand, seul avec moi-même, je veux accéder à la connaissance, percer le mystère et goûter au sens de la vie, est-ce que je regarde au-delà des idées ou au cœur de mes sensations ?
Merveille de notre qualité d’humains, nous pratiquons les deux mouvements : de l’expérience au monde des idées, du monde des idées à l’expérience ; en d’autres termes, de l’action à la fiction, et de la fiction à l’action.
Pour mieux vous expliquer, j’appelle à la barre deux penseurs qui y ont pensé avant moi : Emmanuel Kant et Friedrich Nietzsche.
Avec son Sapere Aude (“Ose utiliser ton entendement”), Kant représente le mouvement qui va de l’action à la fiction. Ce n’est pas pour rien qu’il vivait au Siècle des Lumières, siècle qui a substitué aux pouvoirs combinés du Roi et de l’Eglise, l’hégémonie de la Raison. Pour reprendre la métaphore, dans la maison de Kant, l’ascenseur s’arrête bel et bien à nos trois étages (cerveau, psyché et formes symboliques) mais le liftier invite ceux qui cherchent la connaissance à monter vers la Raison, dont j’affirme qu’elle est également une forme symbolique, un discours, pas une réalité essentielle. Pour Kant, le mouvement va de l’expérience à la Raison.
Dans la maison de Nietzsche par contre, le liftier propose le trajet inverse, fort de la parole de son maître qui invite à l’Amor Fati (“Aime ce qui t’arrive“). Pour le philosophe, il importe de se libérer des discours communs, des idées totalitaires et ankylosantes, ces crédos que ruminent nos frères bovidés, et de devenir ce que nous sommes intimement, dans toute la puissance et la profondeur de ce que nous pouvons être (ceci incluant nos monstres !).
Il nous veut un peu comme un samouraï qui, par belle ou par laide, s’entraînerait tous les jours pour être prêt à affronter sans peur… quoi qu’il lui arrive pratiquement. Cela implique pour lui le sérieux, l’hygiène de vie et l’attention au monde : trois disciplines qui ne sont pas des valeurs en soi, mais des bonnes pratiques.
Le mouvement préconisé va donc des idées, des fictions, vers l’action, vers l’expérience, vers le faire, comme le chante l’éternel Montaigne, grand apôtre de l’expérience juste. Je le cite :
Quand je danse, je danse ; et quand je dors, je dors. Et quand je me promène seul dans un beau jardin, si mes pensées se sont occupées d’autre chose pendant quelque temps, je les ramène à la promenade, au jardin, à la douceur de cette solitude, et à moi. La Nature nous a prouvé son affection maternelle en s’arrangeant pour que les actions auxquelles nos besoins nous contraignent nous soient aussi une source de plaisir. Et elle nous y convie, non seulement par la raison, mais aussi par le désir. C’est donc une mauvaise chose que d’enfreindre ses règles.
Un modèle pour humains modèles
Le mot est lâché : la règle ! A tout propos philosophique, une conclusion éthique ? Quelle règle de vie est proposée ici ? Nous visons la connaissance (cliquez curieux !), nous cherchons la lumière dans le Mystère ; nous avons un cerveau, une psyché, des idées ; nous pouvons aller de l’un à l’autre et de l’autre à l’un. Soit. Mais encore ?
Souvenez-vous : nous nous étions donné comme objectif de bien nous outiller pour vérifier si nous étions une infox à nous-mêmes, ou non. Dans les films, cela s’appelle une introspection si un des deux acteurs est allongé sur un divan et une méditation quand l’acteur principal se balade en robe safran, avec les yeux un peu bridés sous un crâne poli.
Pour Nietzsche, ce n’est pas être moral que de viser systématiquement la conformité avec des dogmes qui présideraient à notre vie, qui précéderaient notre expérience et qui se justifieraient par des valeurs essentielles, stockées quelque part dans le Cloud de nos traditions ou de nos légendes personnelles.
Vous me direz : “Être conforme, c’est immoral, peut-être, môssieur le censeur ?“
Je répondsoui, si la norme que l’on suit se veut exclusive, définitive et n’accepte pas de révision (souvenez-vous : les formes symboliques deviennent facilement totalitaires. Méfiance, donc) ; la respecter serait trahir ma conviction que la vie est complexe et que la morale ne se dicte pas ;
oui encore, si la norme suivie me brime intimement, qu’elle fait fi de ma personne et de mes aspirations sincères, qu’elle m’est imposée par la force, la manipulation ou la domination ; la respecter serait ne pas me respecter (souvenez-vous : ma psyché a des aspirations, qui peuvent être légitimes) ;
oui enfin, si la norme suivie limite l’expression de ma vitalité, de ma puissance physique (souvenez-vous : mon cerveau travaille au service de ma survie).
En un mot comme en cent : la Grande Santé n’est décidément pas conforme et viser la conformité à un idéal est définitivement une négation de sa propre puissance !
Aussi, faute de disposer d’un catéchisme (tant mieux), je vous propose donc une règle du jeu, des bonnes pratiques, plus précisément une clef de détermination qui n’a qu’un seul but : ne pas mélanger les genres.
Par exemple : ne pas déduire d’un mauvais état de santé des opinions trop sombres, que l’on n’a pas sincèrement. Ne pas expliquer à ses enfants que le monde est moche, alors qu’on est simplement dans un mauvais jour. Ne pas expliquer à ses enfants que le monde est super, alors qu’on est simplement dans un bon jour. Ne pas accepter d’être brimé par quelqu’un parce que c’est toujours comme ça. Ne pas demander quelqu’un en mariage avec sept Triple Karmeliet derrière le col. Accepter d’écouter l’autre même s’il fait trop chaud dans la pièce. Ne pas tirer de conclusion sur la nature essentielle de la femme après une altercation houleuse avec une contractuelle qui posait un pv sur le pare-brise…
Ces exemples sont accidentels, quotidiens, et n’ont qu’une vertu : chacun peut a priori s’y reconnaître. Reste que la même clef de lecture peut probablement s’avérer utile pour des questions plus fondamentales, qui n’ont pas leur place ici, parce qu’elles nous appartiennent à chacun, individuellement.
Allons-y avec un peu plus de légèreté, même si la clef proposée peut être le point de départ d’un travail plus approfondi. On va faire comme avant de tirer les lames du tarot : chacun doit choisir un problème qui le tracasse. Vous êtes prêts ? On y va ?
Est-ce que la question que je me pose est essentielle et influence effectivement le sens de ma vie ?
Oui ? Je cherche une solution au problème sans état d’âme ou je laisse passer la pensée inconfortable et je l’oublie (personne n’a jamais dit qu’il fallait croire tout ce que l’on pense) ;
Sinon, je passe à la question 2.
Est-ce que le déplaisir que je ressens peut-être lié à mon corps (digestion difficile, flatulences, chaleur, vêtements mouillés, posture inconfortable maintenue trop longtemps…)
Oui ? Je prends d’abord un verre de bicarbonate de soude ou un godet de Liqueur du Suédois. Je reviens ensuite à la question 1.
Sinon, je passe à la question 3.
Est-ce que la manière dont je vis le problème est influencées par mes légendes personnelles, ma mémoire traumatique ou peut-elle être influencée par un positionnement psychologique que je crois nécessaire face à ses protagonistes ?
Oui ? Je fais la part des choses et je me reformule le problème. Re-oui ? J’en parle à mon psy en donnant la situation comme exemple.
Sinon, je passe à la question 4.
Est-ce qu’en cherchant une solution au problème je fais appel à des évidences, des certitudes, des principes, des arguments d’autorité, des traditions, des routines de pensée ou des autofictions qui déforment mon analyse ?
Oui ? Je pars au Népal, j’attends quelques années et, une fois apaisé, je me repose la même question avec l’esprit plus clair.
Sinon, je passe à la question 5.
Est-ce que, si je localise lucidement l’étage auquel se situe le nœud de mon problème, cette analyse me procurera une vision du monde plus apaisée ?
Non ? Je recommence le cycle à la question 2.
Oui ? Je passe à la question 6.
Est-ce qu’une solution apportée au problème limiterait mes frustrations et me rendrait suffisamment confiance en mes capacités et en la bienveillance de mes frères humains ?
Oui ? J’analyse, seul ou avec mon psy, l’exagération qui génère ma frustration et je travaille dessus avant de conclure quoi que ce soit à propos de moi ou des autres humains.
Sinon, bonne nouvelle mais pas suffisant pour sauter la question 7.
Est-ce que mon hygiène physique est suffisante pour que mon état de santé ne colonise pas la clarté de ma pensée ?
Oui ? Je renonce au restaurant de ce soir et je rentre manger une biscotte à la maison avant de prendre toute autre décision.
Sinon, je m’en réjouis avec vous : rendez-vous à table !
J’insiste ici : ces questionnements ne sont évidemment valables qu’en cas d’expérience désagréable ou inconfortable, de manies suspectes, de regrets ou de remords, voire plus généralement de situations insatisfaisantes. Si votre situation est satisfaisante et que vous ne ressentez aucune souffrance : eh bien, arrêtez de vous torturer et vivez la Grande Santé !
Peut-on alors entendre raison ? Voire raison garder ?
Nous voici arrivés au terme de la promenade. Je voudrais, avant de conclure, me dédouaner d’une chose : il ne s’agissait pas ici de faire le procès de la raison mais bien de l’illusion de raison, voire des prétentions à la raison. Combien de fois n’entend-on pas habiller deraison un simple argument d’autorité, brandir avec véhémence des principes, des appels à la tradition ou les éternels “on a toujours fait comme ça”, alors que l’écoute et le débat pouvaient apporter des tierces solutions qui rendaient les lendemains partagés possibles et généreux !
Et que le ton badin du ‘fake questionnaire’ ne vous trompe pas : je pense sincèrement que nous sommes souvent en défaut d’identifier lucidement les vrais moteurs de nos motivations. Je pense également qu’identifier les instances qui président à nos prises de décision et bien ressentir leur poids dans ce qui fait pencher la balance, est un exercice plus exigeant qu’il n’y paraît. Je pense enfin que nous vivons dans un monde de représentations toxiques où nous devenons individuellement le dernier bastion de la raison et du sens : raison de plus pour explorer notre vie avec tous les outils disponibles et assainir (autant que faire se peut) ce que nous savons de nous-mêmes.