DEVOS : textes

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Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement.
Par exemple, le verbe ouïr.
Le verbe ouïr, au présent, ça fait: J’ois… j’ois…
Si au lieu de dire “j’entends”, je dis “j’ois”,
les gens vont penser que ce que j’entends est joyeux
alors que ce que j’entends peut être
particulièrement triste.
Il faudrait préciser: “Dieu, que ce que j’ois est triste !”
J’ois…
Tu ois…
Tu ois mon chien qui aboie le soir au fonds des bois ?
Il oit…
Oyons-nous ?
Vous oyez…
Ils oient.
C’est bête !
L’oie oit. Elle oit, l’oie !
Ce que nous oyons, l’oie l’oit-elle ?
Si au lieu de dire “l’oreille”,
on dit “l’ouïe”, alors :
Pour peu que l’oie appartienne à Louis :
– L’ouïe de l’oie de Louis a ouï.
– Ah oui?
Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ?
– Elle a ouï ce que toute oie oit…
– Et qu’oit toute oie ?
– Toute oie oit, quand mon chien aboie
le soir au fond des bois,
toute oie oit :
ouah ! ouah !
Qu’elle oit, l’oie !…
Au passé, ça fait :
J’ouïs…
J’ouïs !
Il n’y a vraiment pas de quoi !

DEVOS Raymond (1922-2006), Ouï-dire
(in A plus d’un titre, Paris, O. Orban, 1989)

Pour en savoir plus sur Raymond Devos, on peut visiter le Musée de la Fondation Raymond Devos à Saint-Rémy-lès-Chevreuse


Rions un brin…

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