FAYARD : Sébastien Fayard va escalader un glacier (2014, Artothèque, Lg)

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FAYARD Sébastien, Sébastien Fayard va escalader un glacier
(photographie, 18 x 25 cm, 2014)

Et pourquoi pas emprunter cette oeuvre gratuitement
à l’Artothèque Chiroux de la Province de Liège ?

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Sébastien Fayard © lesoir.be

Sébastien FAYARD est un comédien et performeur français vivant à Bruxelles. Il a étudié le secrétariat, la comptabilité, le cinéma, la musique, la photographie et le théâtre. Il collabore avec différents metteurs en scène, chorégraphes et artistes plasticiens dont la compagnie System Failure avec qui il se produit régulièrement sur scène. Depuis quelques années, il mène différentes recherches photographiques et vidéographiques et poursuit la série  “Sébastien Fayard fait des trucs.” En parallèle, il décline ce projet en petits films dans une série appelée “Sébastien Fayard filme des navets” et sillonne les festivals de courts-métrages européens. (d’après SEBASTIENFAYARDFAITDESTRUCS.COM)

Sébastien Fayard livre ici une série en cours, inédite, de clichés qui détournent, c’est le cas de le dire, des clichés. Le procédé est simple mais inusable : prendre les choses au pied de la lettre, exploiter les ambiguïtés et les doubles sens des phrases toutes faites, des métaphores éculées, des formules journalistiques, des poncifs en vogue. Faisant ses trucs, il en défait pas mal d’autres – des attentes, des snobismes, des poses et des postures, des idées reçues, des présupposés logiques. Pour bien comprendre il faut se méprendre, et accepter surtout un paradoxal et étroit entrelacs entre stupidité et lucidité. (d’après YELLOWNOW.BE)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Sébastien Fayard ; lesoir.be | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

CHARLIER : Hommage à Pierre Dac (2017-2018)

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[LABOVERIE.COM, oeuvre du mois, août 2023] Les collections du musée des Beaux-Arts [de Liège, BE] possèdent de nombreuses œuvres de Jacques CHARLIER. En 2022, deux nouvelles acquisitions de l’artiste élargissent ainsi le panel proposé, illustrant l’éclectisme du répertoire de cet artiste inclassable. Un de ces deux achats est un hommage particulier rendu à l’inventeur de l’imaginaire Schmilblick et du  biglotron  : Pierre Dac (1893-1975).

Né à Liège en 1939, Jacques CHARLIER est un autodidacte dont l’intérêt pour l’art naît dès son plus jeune âge. À douze ans seulement, le petit Charlier prend une grande décision : devenir artiste.

Il débute sa carrière artistique dans les années 1960. En parallèle à son travail alimentaire au Service Technique Provincial (STP) de Liège, il développe peu à peu son propre langage artistique, combinant citations d’artistes d’avant-garde, critiques du monde de l’art et, dès lors, diversité de techniques et de styles (peinture, sculpture, texte, collage, photo, vidéo, dessin…). Cette  “ double identité ” le relie, dit-il, à Franz Kafka, dont l’univers alliant administration et art de l’écriture, le marque profondément.

À l’époque du Pop Art et du Nouveau Réalisme, il réalise les Paysages professionnels, documents photographiques collectés sur son lieu de travail, accompagnés d’un certificat signé de sa main et de celle du chef mécanographe, André Bertrand. Il  présente  ces documents issus de sa vie professionnelle au milieu artistique.

Après l’édition de la revue  Total’s, l’édition souterraine liégeoise, les Photographies de vernissage, ou encore les  photos-sketches, Jacques Charlier se lance, toujours en lien avec sa pratique artistique, dans des activités musicales.

Véritable touche-à-tout, il s’adonne à la caricature depuis 1969, ponctuée de citations d’artistes ou de tableaux, à coups de pinceaux, de crayons ou de flashs photographiques. À nouveau, le thème de prédilection est le microcosme de son milieu d’adoption, auquel il offre un reflet fait d’humour et d’ironie, illustrant ses dérives, celles du marketing et de la spéculation. Il se lie d’amitié avec d’autres artistes de son temps, les conceptuels Daniel Buren et Joseph Kosuth, ou encore Marcel Broodthaers.

En 2009, il marque le “ off” de la Biennale de Venise avec son exposition  Cent sexes d’artistes , dont les affiches seront finalement refusées par crainte de revendications en droits de reproduction [sic]. A nouveau, il démontre, s’il le fallait encore, sa connaissance de l’histoire de l’art et du monde qui l’entoure, sa capacité de mimétisme, sous forme de jeu et de dérision. La caricature, le second degré et les références pointues ont donc toujours fait partie de l’œuvre de Jacques Charlier. L’ensemble de toiles nouvellement acquises par le musée en est un bel exemple.

Pierre Dac, humoriste et comédien français, a très vite fait son entrée dans la vie de Jacques Charlier. Son humour absurde et celui de son acolyte Francis Blanche, résonnent sur les ondes de la radio du jeune adolescent et le transportent par grands éclats de rire. Cousin éloigné du dadaïsme, Pierre Dac touche de plein fouet le belge.  Le roi des loufoques  autoproclamé édite dès les années 1930 (et dans les années 1960) le journal  L’Os à moelle. Ce grand père du  Gorafi propose parmi ses pages une section de prime abord classique, les “ petites annonces”. La première donne le ton. “ Offre d’emplois  : On demande cheval sérieux connaissant bien Paris pour faire livraisons tout seul.” Derrière le sérieux apparent, se cache une plume hilarante… digne des futurs Nuls et bien avant les célèbres petites annonces d’Elie Semoun. Ces avis courts ont le meilleur effet sur la morosité et la gravité ambiantes.

Hommage à Pierre Dac, (2017-2018, 31 toiles de formats divers, acrylique sur toiles) © Musées de la Ville de Liège

Parmi le millier de ces punchlines , Charlier en sélectionne trente-et-une pour en faire une série, comme souvent dans sa pratique, qu’il illustre à l’acrylique sur toile. Chaque toile est doublement signée, “ texte P. Dac ” et illustration “ J. Charlier ”. Revenant à un dessin simple et schématisé dans cet univers kafkaïen, l’artiste s’inspire cette fois des réclames publicitaires et des pratiques de la bande dessinée. Un livre, un parapluie, un réveil… les motifs sont souvent seuls, perdus sur un fond monochrome, permettant de centrer l’attention sur eux, directement identifiables. L’art minimal figuratif pour un maximum de clarté, et de rires.

Parmi ces images, l’une attire l’attention, par la surcharge de sa composition et par son sujet. Entre livres, artefact de Buren, verre et bouteille renversée, stigmates d’une soirée arrosée (?), se dressent un urinoir et un hérisson à bouteilles duchampiens. Au mur, deux tableaux à la manière de Picasso et Mondrian. D’autres sont empilés et séparés par des bâtons colorés à la Cadere. Autant de clins d’œil à retrouver, tel un jeu d’énigmes et de références. Le balai posé contre le bar (Robert Filliou  l’aurait-il perdu ?) fait écho à la “ liquidation ” évoquée dans le texte de Dac : “Soldes prix intéressants articles ayant figuré dans grandes expositions internationales. Faire offre !” À nouveau l’esprit de Pierre Dac a frappé, mais accompagné de l’interprétation de Jacques Charlier, toujours critique, drôle et satirique sur ce milieu en perpétuelle évolution, le monde de l’art et son marché.

Cette installation est donc une rencontre entre deux hommes inventifs et critiques, l’un armé de ses pinceaux, l’autre de sa plume, pour le plus grand plaisir d’un fou-rire fulgurant.

Laura Dombret pour laboverie.com


[NADJAVILENNE.COM] Dès l’âge de douze ans, Charlier est sensibilisé, grâce à son père, à l’humour ravageur de Pierre Dac et de Francis Blanche. Faut dire qu’à l’époque, à Ersange, dans le fin fond du Grand Duché du Luxembourg, la radio était une bénédiction.

Pour Charlier, cette manière de donner du sens au non-sens va de pair avec sa constante tentative de désangoisser la réalité. Il découvre la littérature dès l’âge de 9 ans, au travers des contes extraordinaires d’Edgar Poe. De dix-sept à vingt ans, Kafka devient un frère d’arme, vu l’influence de sa profession administrative sur ses écrits. La porte du Service technique provincial de Liège ressemblant étrangement à celle des Assurances générales de Prague.

Plus tard après Teilhard de Chardin et Cioran, viendra son intérêt pour la sociologie et la philosophie qui le conduira à se passionner pour Baudrillard et Bourdieu.

© nadjavilenne.com

Mais périodiquement, en guise d’interlude, il revient toujours vers le grand maître soixante trois de son enfance. Son journal hilarant, ses sketchs, le font inlassablement mourir de rire. Pour lui, le Schmilblick fait bon ménage avec la broyeuse de chocolat de Duchamp, l’art des incohérents, Jules Levy et ses hydropathes, Alphonse Allais, et enfin Picabia son peintre préféré.

C’est ceux là qu’il considère comme sa famille humoristique d’adoption. C’est en s’appuyant sur leur mémoire, qu’il a construit patiemment l’aventure risquée des identités multiples artistiques. Pierre Dac a toute son affection admirative, car grâce à son génie, il a cautérisé ses blessures de guerre et conjuré la noirceur de la vie.

Charlier a longuement hésité avant d’oser imager les petites annonces de l’Os à moelle. Mais l’envie de remettre en lumière leur fulgurance, était plus forte. Comme l’a dit Claes Oldenburg, le rire élargit la vision. Pour Charlier, c’est plus qu’un réflexe, c’est un mode d’emploi.

Sergio Bonati pour nadjavilenne.com


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | source : laboverie.com ; nadjavilenne.com | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, l’oeuvre exposée à la Galerie Nadja Vilenne de Liège © nadjavilenne.com ; © laboverie.com.


Plus d’arts visuels en Wallonie-Bruxelles…

DESPROGES : textes

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[RTBF.BE, 18 avril 2023] Dès qu’il est question de Pierre Desproges, la réplique revient : “On peut rire de tout mais pas avec tout le monde.” Parfois mal interprétée, souvent par des personnes que l’humoriste aurait méprisées, elle cristallise néanmoins assez bien la pensée et l’humour de ce chroniqueur irrévérencieux, qui s’attaquait savamment et sans tabou à toutes les cibles possibles et imaginables.

Né à Pantin en 1939, est décédé d’un cancer à Paris le 18 avril 1988, Pierre Desproges s’est taillé au cours de sa courte vie une réputation d’humoriste cinglant aux répliques corrosives. D’abord à la télévision, avec l’émission de Jacques Martin Le Petit Rapporteur, qu’il a fini par abandonner, ses chroniques étant de plus en plus coupées au montage, puis sur les ondes radio. On se souvient notamment de son personnage de procureur fantasque dans le Tribunal des flagrants délires sur France Inter, débutant chacune de ses interventions par “Public chéri, mon amour !” et “Françaises, Français, Belges, Belges…

Revenant de manière régulière à la télévision, il s’est notamment illustré dans des sketches autour des élections présidentielles, mais aussi l’inoubliable émission La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède. Parodiant la forme des leçons éducatives et de savoir-vivre, il invitait le public à “rendre hommage à Victor Hugo sans bouger les oreilles“, à “plonger dans la généalogie pontificale” ou à “retrouver le fils caché de Tintin“. Etonnant, non ?

Au-delà de ses interventions radiophoniques et télévisuelles, il s’est également produit sur scène, d’abord accompagné, par Thierry Le Luron ou Évelyne Grandjean, puis en solo à partir de 1984, où il laissait libre cours à son humour noir, absurde mais aussi érudit. Son goût pour les bons mots s’est également épanoui sur le papier : de son vivant, il a publié une dizaine de livres, certains reprenant ses interventions radiophoniques, d’autres des textes inédits, comme son roman Des femmes qui tombent.

Celui qui déclarait “plus cancéreux que moi, tumeur” a finalement été emporté par un cancer du poumon il y a très exactement 35 ans, mais ses traits d’esprit continuent encore aujourd’hui d’alimenter le monde de l’humour francophone.

Adrien Corbeel, rtbf.be


Ce n’est pas parce que l’homme a soif d’amour qu’il doit se jeter sur la première gourde venue.

Je ne bois jamais à outrance, je ne sais même pas où c’est.

L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne.

Je n’ai jamais abusé de l’alcool, il a toujours été consentant.

Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant… S’il vous répond, vous êtes schizophrène.

5 fruits et légumes par jour, ils me font marrer… Moi, à la troisième pastèque, je cale.

Un jour j’irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien.

La médecine du travail est la preuve que le travail est bien une maladie !

Le lundi, je suis comme Robinson Crusoé, j’attends Vendredi.

Dieu a donné un cerveau et un sexe à l’homme mais pas assez de sang pour irriguer les deux à la fois.

La lampe torche. Le PQ aussi.

La pression, il vaut mieux la boire que la subir.

Jésus changeait l’eau en vin, et tu t’étonnes que 12 mecs le suivaient partout !

Si la violence ne résout pas ton problème, c’est que tu ne frappes pas assez fort.

Savez-vous seulement quelle différence il y a entre un psychotique et un névrosé ? Un psychotique, c’est quelqu’un qui croit dur comme fer que 2 et 2 font 5, et qui en est pleinement satisfait. Un névrosé, c’est quelqu’un qui sait pertinemment que 2 et 2 font 4, et ça le rend malade.

Le voisin est un animal nuisible assez proche de l’homme.

On reconnaît le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mère.

Pour lutter contre l’insomnie, faites un quart d’heure de yoga, mangez une pomme crue, avalez une infusion de passiflore (Passiflora incarnata), prenez un bain chaud à l’essence de serpolet (Thymus serpyllum), frictionnez-vous à l’huile essentielle de jasmin (Jasminus officinale) et orientez votre lit au nord. Quand vous aurez fini tout ça, il ne sera pas loin de 8 heures du matin.

Endive n.f. Sorte de chicorée domestique que l’on élève à l’ombre pour la forcer à blanchir. La caractéristique de l’endive est sa fadeur : l’endive est fade jusqu’à l’exubérance. (…)
L’endive, en tant que vivante apologie herbacée de la fadeur, est l’ennemie de l’homme qu’elle maintient au rang du quelconque, avec des frénésies mitigées, des rêves éteints sitôt rêvés, et même des pinces à vélo.

Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin.

Un gentleman, c’est quelqu’un qui sait jouer de la cornemuse et qui n’en joue pas.

Travailler n’a jamais tué personne mais pourquoi prendre le risque ?


Noël : nom donné par les chrétiens à l’ensemble des festivités commémoratives de l’anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, dit le Nazaréen, célèbre illusionniste palestinien de la première année du premier siècle pendant lui-même.

Chez le chrétien moyen, les festivités de Noël s’étalent du 24 décembre au soir au 25 décembre au crépuscule. Ces festivités sont : le dîner, la messe de minuit (facultative), le réveillon, le vomi du réveillon, la remise des cadeaux, le déjeuner de Noël, le vomi du déjeuner de Noël et la bise à la tante qui pique.

Le dîner : généralement frugal ; rillettes, pâté, coup de rouge, poulet froid, coup de rouge, coup de rouge. Il n’a d’autre fonction que de « caler » l’estomac chrétien afin de lui permettre d’attendre l’heure tardive du réveillon sans souffrir de la faim.

La messe de minuit : c’est une messe comme les autres, sauf qu’elle a lieu à vingt-deux heures, et que la nature exceptionnellement joviale de l’événement fêté apporte à la liturgie traditionnelle un je-ne-sais-quoi de guilleret qu’on ne retrouve pas dans la messe des morts.

Au cours de ce rituel, le prêtre, de son ample voix ponctuée de grands gestes vides de cormoran timide, exalte en d’eunuquiens aigus à faire vibrer le temple, la liesse béate et parfumée des bergers cruciphiles descendus des hauteurs du Golan pour s’éclater le surmoi dans la contemplation agricole d’un improbable dieu de paille vagissant dans le foin entre une viande rouge sur pied et un porte-misère borné, pour le rachat à long terme des âmes des employés de bureau adultères, des notaires luxurieux, des filles de ferme fouille-tiroir, des chefs de cabinet pédophiles, des collecteurs d’impôts impies, des tourneurs-fraiseurs parjures, des O.S. orgueilleux, des putains colériques, des éboueurs avares, des équarrisseurs grossiers, des préfets fourbes, des militaires indélicats, des manipulateurs-vérificateurs méchants, des informaticiens louches, j’en passe et de plus humains.

A la fin de l’office, il n’est pas rare que le prêtre larmoie sur la misère du monde, le non-respect des cessez-le-feu et la détresse des enfants affamés, singulièrement intolérable en cette nuit de l’Enfant.

Le réveillon : c’est le moment familial où la fête de Noël prend tout son sens. Il s’agit de saluer l’événement du Christ en ingurgitant, à dose limite avant éclatement, suffisamment de victuailles hypercaloriques pour épuiser en un soir le budget mensuel d’un ménage moyen.

D’après les chiffres de l’UNICEF, l’équivalent en riz complet de l’ensemble foie gras-pâté en croûte-bûche au beurre englouti par chaque chrétien au cours du réveillon permettrait de sauver de la faim pendant un an un enfant du Tiers Monde sur le point de crever le ventre caverneux, le squelette à fleur de peau, et le regard innommable de ses yeux brûlants levé vers rien sans que Dieu s’en émeuve, occupé qu’Il est à compter les siens éructant dans la graisse de Noël et flatulant dans la soie floue de leurs caleçons communs, sans que leur cœur jamais ne s’ouvre que pour roter.

La remise des cadeaux : après avoir vomi son réveillon, le chrétien s’endort l’âme en paix. Au matin, il mange du bicarbonate de soude et rote épanoui tandis que ses enfants gras cueillent sur un sapin mort des tanks et des poupées molles à tête revêche comme on fait maintenant.

Le déjeuner du réveillon : la panse ulcérée et le foie sur les genoux, le chrétien néanmoins se rempiffre à plein groin, se revautre en couinant de plaisir dans les saindoux compacts, les tripailles sculptées de son cousin cochon et les pâtisseries immondes, indécemment ouvragées en bois mort bouffi. Ô bûches de Noël, indécents mandrins innervés de pistache infamante et cloqués de multicolores gluances hyperglycémiques, plus douillettement couchées dans la crème que Jésus sur la paille, vous êtes le vrai symbole de Noël.

Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | contributeur : Patrick Thonart | sources : éditions Points | crédits illustrations : © rtbf.be.


Citez-en d’autres en Wallonie-Bruxelles :

JAUCOURT : “Pastiche” (L’Encyclopédie, 1751)

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PASTICHE, s. m. (Pein.)​​ tableau peint dans la maniere d’un grand artiste, & qu’on expose sous son nom. Les pastiches, en italien pastici, sont certains tableaux qu’on ne peut appeller ni originaux, ni copies, mais qui sont faits dans le goût, dans la maniere d’un autre peintre, avec un tel art que les plus habiles y sont quelquefois trompés. Mais d’abord il est certain que les faussaires en Peinture contrefont plus aisément les ouvrages qui ne demandent pas beaucoup d’invention, qu’ils ne peuvent contrefaire les ouvrages où toute l’imagination de l’artiste a eu lieu de se déployer. Les faiseurs de pastiches ne sauroient contrefaire l’ordonnance, ni le coloris, ni l’expression des grands maîtres. On imite la main d’un autre, mais on n’imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit, & l’on n’apprend point à penser comme un autre, ainsi qu’on peut apprendre à prononcer comme lui.

Pastiche de “American Gothic”, une oeuvre de Grant WOOD (1930)

Le peintre médiocre qui voudroit contrefaire une grande composition du Dominiquain ou de Rubens, ne sauroit nous en imposer plus que celui qui voudroit faire un pastiche sous le nom de Georgéon ou du Titien. Il faudroit avoir un génie presque égal à celui du peintre qu’on veut contrefaire, pour réussir à faire prendre notre ouvrage pour être de ce peintre. On ne sauroit donc contrefaire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c’est-à-dire leur maniere de coucher la couleur, & de tirer les traits, les airs de tête qu’ils répé-​​toient, & ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique. Il est plus facile d’imiter les défauts des hommes que leurs perfections. Par exemple, on reproche au Guide d’avoir fait ses têtes trop plates : elles manquent souvent de rondeur, parce que leurs parties ne se détachent point & ne s’élevent pas assez l’une de l’autre. Il suffit donc, pour lui ressembler en cela, de se négliger & de ne point se donner la peine de pratiquer ce que l’art enseigne à faire pour donner de la rondeur à ses têtes.

Jordane le Napolitain, que ses compatriotes appelloient ilfapresto ou dépêche-besogne, étoit, après Teniers, un des grands faiseurs de pastiches, qui jamais ait tendu des pieges aux curieux. Fier d’avoir contrefait avec succès quelques têtes du Guide, il entreprit de faire de grandes compositions dans le goût de cet aimable artiste, & dans le goût des autres éleves de Carache. Tous ses tableaux qui représentent différens événemens de l’histoire de Persée sont peut-être encore à Gènes. Le marquis Grillo, pour lequel il travailla, le paya mieux que les grands maîtres dont il se faisoit le singe, n’avoient été payés dans leur tems. On est surpris en voyant ces tableaux, mais c’est qu’un peintre qui ne manquoit pas de talens ait si mal employé ses veilles, & qu’un seigneur génois ait fait un si mauvais usage de son argent.

Il est bien plus aisé d’imiter les portraits & les paysages que l’ordonnance, parce qu’il ne s’agit que de contrefaire la main. La copie qu’André del Sarto fit du portrait de Léon X. peint par Raphaël, trompa Jules-Romain lui-même, quoique ce peintre en eût fait les habits.

Le Loir (Nicolas) copioit si bien à force d’étude les paysages du Poussin, qu’il est difficile de distinguer la copie d’avec l’original.

On rapporte que Bon Boullogne saisissoit à merveille la maniere du Guide. Il fit un excellent tableau dans le goût de ce maître, que monsieur, frere de Louis XIV, acheta sur la décision de Mignard pour un ouvrage du peintre italien ; cependant le véritable auteur ayant été découvert, Mignard déconcerté dit plaisamment pour s’excuser, « qu’il fasse toujours des Guides, & non pas des Boullognes ».

Pour découvrir l’artifice des pastiches, on n’a guere de meilleur moyen que de les comparer attentivement avec l’expression & l’ordonnance du peintre original, examiner le goût du dessein, celui du coloris & le caractere du pinceau. Il est rare qu’un artiste qui sort de son genre ne laisse échapper quelques traits qui le décelent.

Louis de Jaucourt (1704-1779)


PROJET ENCCRE : “C’est un véritable monument du siècle des Lumières qui s’ouvre au public. À l’occasion du tricentenaire de la naissance de d’Alembert, la célèbre Encyclopédie de Diderot, d’Alembert et Jaucourt (le troisième éditeur de l’ouvrage, qu’on oublie toujours de citer !) est désormais accessible en ligne sur le site de l’Académie des sciences dans la première édition critique jamais réalisée.”

Dans cette Édition Numérique Collaborative et CRitique de l’Encyclopédie (ENCCRE), chaque encyclopédiste est gratifié d’une notice complète. Voici celle de Louis de Jaucourt :

Louis, chevalier de JAUCOURT (circa 1704-1780)

Le chevalier de Jaucourt est une figure méconnue bien que centrale de l’Encyclopédie. Il en est le principal collaborateur, puisqu’il a donné plus de 17 000 articles et qu’il a porté les derniers volumes de textes, en rédigeant plus de la moitié des articles à une époque où, D’Alembert ayant démissionné de la direction, Diderot, considérablement occupé par le travail sur les Planches, ne pouvait pas diriger seul les derniers volumes. En fait, Jaucourt en a été l’infatigable éditeur et il a signé jusqu’au dernier article de l’ouvrage. C’est pourquoi les connaisseurs, dont le grand historien Jacques Proust, parlent de l’Encyclopédie de Diderot, d’Alembert et Jaucourt.

Homme de lettres et de sciences, érudit, apte à circuler entre les savoirs avec élan, voire hardiesse, Jaucourt apparaît aujourd’hui comme une figure exemplaire de l’aventure encyclopédique. Vraisemblablement né à Paris d’une famille huguenote contrainte à la conversion, Jaucourt étudie en Suisse, en Angleterre puis en Hollande avant de rentrer en France. Attiré par l’entreprise avant même qu’elle n’existe, comme en témoigne sa Vie de Mr Leibnitz (1734 et 1747), dans laquelle il appelle de ses vœux une refonte du projet encyclopédique leibnizien, Jaucourt ne pouvait que s’enthousiasmer, lors de la parution du premier volume de l’Encyclopédie, pour un tel ouvrage, alors devenu projet collectif.

C’est dans l’Avertissement du tome II de l’Encyclopédie que ce nouveau collaborateur est présenté :

M. le Chevalier de Jaucourt, que la douceur de son commerce & la variété de ses connoissances ont rendu cher à tous les gens de Lettres, & qui s’applique avec un succès distingué à la Physique & à l’Histoire Naturelle, nous a communiqué des articles nombreux, étendus, & faits avec tout le soin possible. On en trouvera plusieurs dans ce Volume, & nous avons eu soin de les désigner par le nom de leur Auteur. Ces articles sont les débris précieux d’un Ouvrage immense, qui a péri dans un naufrage, & dont il n’a pas voulu que les restes fussent inutiles à sa patrie. (Enc., II, p. j)

On doit à Jaucourt plusieurs milliers d’articles de géographie, dans lesquels il insère souvent la biographie d’une figure locale d’importance, donnant ainsi à l’Encyclopédie une nouvelle dimension biographique et historique. Mais, comme Diderot, il s’occupe de toutes sortes de domaines et de savoirs : jurisprudence, morale, histoire, économie, politique, belles-lettres, peinture, cuisine, description des métiers, ainsi qu’histoire naturelle ou médecine, art qu’il avait étudié auprès de Boerhaave, obtenant le titre de docteur sans jamais exercer. Sans doute la multiplicité de ses contributions a-t-elle amené l’Encyclopédie à se tourner de plus en plus vers les sciences expérimentales et morales.

Dès la parution du premier volume, Jaucourt offre ses services. La lettre du 10 septembre 1751 par laquelle Diderot le remercie de lui avoir transmis des articles montre combien l’apport de ce nouveau contributeur a paru important au principal directeur. Pour mesurer l’ampleur et la variété de l’écriture jaucourtienne, il faut entrer dans un réseau intertextuel complexe. Car Jaucourt n’a guère donné d’articles de son propre cru. En érudit de l’âge classique, soucieux à la fois de la rigueur et de l’ampleur des points de vue, il a recours aux grands auteurs et aux traités spécialisés, et il pratique l’extrait et la compilation de façon constante et intensive. Ses sources sont multiples, mais on note son attachement particulier à Voltaire, à Montesquieu et à Rousseau.

Issu d’une grande famille de la noblesse protestante, Jaucourt a été un soutien discret mais efficace de l’entreprise encyclopédique, et sa signature qui figure systématiquement, semble-t-il, à la fin de ses articles, avait aussi la fonction de rappeler à ses adversaires que l’Encyclopédie avait en Jaucourt un contributeur de haute lignée, familier de Montesquieu et auquel Voltaire portait une estime qu’il exprime plusieurs fois dans sa correspondance. Le dévouement de Jaucourt à l’Encyclopédie a été rare : il a même vendu sa maison pour payer ses copistes, et l’acheteur en a été Le Breton lui-même !

© museeprotestant.org

Homme des Lumières, sa hardiesse doit aussi beaucoup à ses convictions protestantes et à son appartenance à une communauté persécutée. C’est Jaucourt qui fait entendre dans l’Encyclopédie la dénonciation de l’esclavage (ESCLAVAGE, Enc., V, p. 934a-939a), de même qu’il produit l’un des premiers textes ouvertement abolitionnistes publiés en France, l’entrée Traite des nègres (Enc., XVI, p. 532b-533a). On lui doit aussi, entre autres, les fermes plaidoyers contre la guerre (Guerre, Droit naturel & Politique, Enc., VII, p. 995b-998a), la superstition (SUPERSTITION, Enc., XV, p. 669b-670a), ou l’Inquisition (INQUISITION, Enc., VIII, p. 773b-776a). Il faut d’ailleurs signaler que ce sont essentiellement les articles de Jaucourt qui, avec ceux de Diderot, ont été censurés par le libraire Le Breton […]. Au tome VIII, dans le dernier avertissement de l’Encyclopédie, Diderot rend à Jaucourt l’hommage qui lui est dû :

Jamais le sacrifice du repos, de l’intérêt & de la santé ne s’est fait plus entier & plus absolu. Les recherches les plus pénibles & les plus ingrates ne l’ont point rebuté. Il s’en est occupé sans relâche, satisfait de lui-même, s’il pouvoit en épargner aux autres le dégoût. Mais c’est à chaque feuille de cet Ouvrage à suppléer ce qui manque à notre éloge ; il n’en est aucune qui n’atteste & la variété de ses connoissances & l’étendue de ses secours. (Enc. , VIII, p. j)

Après l’Encyclopédie, Jaucourt poursuivit son entreprise historique commencée dans le Dictionnaire raisonné. Si l’on en croit D’Alembert, Jaucourt, en 1777, soit 2 ans avant sa mort survenue à Compiègne (Oise actuelle) le 3 février 1780 (registre de la paroisse Saint-Jacques de Compiègne où l’acte de sépulture précise qu’il a été inhumé le surlendemain dans le cimetière de la paroisse), âgé d’environ 74 ans (sic), travaillait encore à un « Dictionnaire historique » qui ne vit pas le jour.

Très symboliquement, c’est Jaucourt qui signe le tout dernier article du dictionnaire (ZZUÉNÉ) en le complétant d’une ultime citation, extraite de Bacon. On peut y voir un triple hommage : à la compilation, puisque le dernier mot de l’œuvre est emprunté ; à l’inspirateur lointain de l’Encyclopédie mis en avant par les éditeurs dès les textes préliminaires (l’Encyclopédie se referme sur elle-même !) ; enfin, par le contenu même de l’extrait, à l’idée des Lumières comme entreprise philosophique collective.

Repérer la répartition des différentes signatures de Jaucourt au cours des volumes permet de discerner des étapes distinctes dans sa participation à l’Encyclopédie… [lire la suite dans l’interface d’ENCCRE…]

Marie Leca-Tsiomis, François Pépin et Alain Cernuschi (2017)


Le PASS JAUCOURT, mais qu’est-ce donc ? L’opiniâtreté du chevalier de Jaucourt nous a inspirés et, à la lecture de sa biographie, nous avons réalisé combien l’édition d’un blog encyclo comme wallonica.org ne peut qu’être le travail, non seulement d’une équipe, mais d’un réseau d’équipes. Notre objectif est d’animer un archipel de centres d’éditions wallons et bruxellois et de partager avec eux la visibilité de notre plateforme. Notre proposition : avec le PASS JAUCOURT, vous (votre organisation) devenez un centre d’édition de wallonica.org et vous gérez l’édition de vos articles de A à Z, après une formation sur nos méthodes éditoriales et sous réserve de notre validation régulière. Pour obtenir un PASS JAUCOURT et devenir un de nos éditeurs, il vous suffit de nous contacter et que nous tombions d’accord.

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Savoir documenter…

POTTER : Hellzapoppin’ (1941)

Temps de lecture : 7 minutes >

Hellzapoppin’ (littéralement : l’enfer « Hell » s’éclate « Poppin’ ») est LE film dont les gags furent presque tous copiés par la suite. Pourquoi ?

“Quid de ce film culte ? Helzappopin est d’abord un grand succès de Broadway, c’est une pièce musicale, une revue qui tiendra l’affiche à New York et précédera les grands succès de Carrousel ou Oklahoma. Qui observe Hollywood peut savoir d’avance que tous les grands succès des scènes de Broadway doivent être adaptés au cinéma ; une firme de renom solide, mais dont l’aura n’équivaut pas à celui de la MGM, va s’en charger : l’Universal. Cette firme qui trouvait son originalité dans le cinéma fantastique et fut, sur ce chapitre, productrice de chefs-d’œuvre impérissables, de la Momie (la seule bonne version de ce thème réalisée en 1932 par Karl Freund) au Corbeau (version de 1935 réalisée par Louis Friedlander), avait aussi pris goût à illustrer toutes les formes de la comédie américaine, musicals et burlesques compris.

Lorsqu’en 1941, Henry Godman Potter tourne Hellzapoppin, le génial comique William C. Fields réalise un film pour cette firme. Le choix du metteur en scène, H. G. Potter, s’impose aisément. Ce cinéaste, boudé aujourd’hui par la critique et le public, est pourtant l’auteur d’un des meilleurs films jamais tournés d’où émane une nette impression d’inquiétante étrangeté (Un million clef en main, 1948). Il fait partie de ces nombreux artistes polyvalents qui hantent les studios de cinéma américains. Né en 1903, il fonde, à l’âge de vingt-quatre ans, avec Robert G. Haight, le premier festival de théâtre d’été aux États-Unis. C’est dans ce cadre que, de 1927 à 1933, il met en scène de nombreuses comédies musicales, toutes réglées au métronome et enlevées. Mais ce film sera tourné en deux fois. La première version, assez courte, due à H. G. Potter, ne suffit pas à calmer la faim canine de nonsense des commanditaires de ce film. Et c’est Edward Cline, le metteur en scène de Mae West, qui complètera l’affaire avec son sens aiguisé du rythme et son goût incurable, heureusement, pour l’absurde.

La sortie du film a lieu le jour de Noël 1941. L’idée très astucieuse qui marque la séance de projection est de faire figurer parmi les invités des sosies de personnalités célèbres du show-business ou de la politique, dont un homme qui ressemble au maire de New York comme une goutte d’eau ressemble à une autre, une fausse Garbo et des faux frères Marx.

Ole Olsen et Chic Johnson

Qui est qui ? Telle est la question que cette « première » met en scène de façon extravagante et qui sert de film rouge à ce film débridé. On n’en peut plus de rire devant les confusions des personnes et des objets, des sentiments et des intérêts, des passages incessants entre un espace scénique et un autre. Imaginez que ce film raconte comment deux personnages cocasses (joués par les comiques populaires d’alors, Ole Olsen et Chic Johnson) assistent à la projection d’un film au sein duquel ils se trouvent promus au rang d’acteurs principaux, dont la tâche est de perturber une représentation théâtrale engoncée, et, afin de sauver une belle histoire d’amour, histoire dont tout le monde se contrefiche, à dire vrai. Tout cela fait une jolie pagaille, tant les coordonnées mêmes de l’espace et du temps sont malmenées. Qui a vu ne serait-ce qu’une seule fois ce film déchaîné se souvient, au moins, de trois moments sidérants que je livre ici sous la forme d’échantillons détachés.

Un spectacle commence, dans l’assistance un homme porte un masque grotesque et effrayant ; avec insistance, il se penche sur ses voisines dont l’impassibilité est totale ; découragé, il ôte son masque, geste qui ne découvre que le plus insignifiant des faciès. C’est à ce moment-là que l’une des spectatrices pousse un cri d’effroi… Traversant tout le film, un livreur cherche en vain une certaine madame Jones afin de lui livrer une plante, qui grandira de façon impressionnante jusqu’à devenir un arbre de belle taille. Un projectionniste, enfin, s’embrouille dans les bobines du film, les deux protagonistes principaux se retrouvent parachutés dans un western, au plus chaud moment d’une de ces impérissables bagarres entre cow-boys et Indiens. À peine ont-ils réintégré le cadre de leur action, une vaste propriété américaine, qu’un Indien, échappé de ce western, erre, à cheval, dans un égarement total, devant la piscine de cette propriété.

Voilà quelques moments piquants de ce film qui fait aux trouvailles se succéder les gags. On y pressent du Tex Avery, du Roger Rabbit, quand on ne se souvient pas du nonsense, sans doute plus féroce, si typique des frères Marx. Une belle part de l’humour des Branquignols de Robert Dhéry (1949) vient aussi de là. Saturation, escamotage, fausse sortie, cadres qui se délitent, spectacle qui implose, tout se condense et se télescope comme dans l’étoffe du rêve. Ce ne sont plus seulement les objets, mais bien ce qui les contient et leur donne un cadre qui devient flottant, erratique, discordant par moments, évanouissant par d’autres. Pourtant, les corps de deux acteurs résistent à ce maelström. La silhouette insolite d’un faux prince russe et la présence charnelle, sensuelle et comique d’une Martha Raye déchaînée, nymphomane et volcanique, qui chante avec une énergie convaincante, sont les deux points corporels consistants, toujours aimantés l’un par l’autre sous la forme d’une alliance fatale entre attirance et répulsion en une poursuite accélérée.

En conséquence, ce film ravit dans un épuisement sans bornes. Cela impliquerait sans doute qu’il pût régresser dans une surenchère machinale de ses artifices s’il ne s’y trouvait un moment de grâce rayonnante, musicale et dansante. Le caractère endiablé de cette machine filmique qui, sans cesse, se désamorce et se réamorce, se dilapide et se renouvelle, a trouvé dans le jazz et la danse son envers et son maître. Car ce qui, aujourd’hui, demeure de plus intact et de plus neuf dans ce film est une incise, un impromptu. Avec le prétexte qu’un spectacle est en train de se monter – c’est, rappelons-le, la trame de l’ensemble –, on peut tourner bien des numéros simples ou sophistiqués. Le coup de génie est d’avoir fait appel à des musiciens de jazz d’une inventivité exceptionnelle. Leur joie de jouer est admirable. Arrivent Slim Gaillard, pianiste et guitariste, et Slam Stewart, contrebassiste ; d’autres les rejoindront. Ils jouent, tous, dans le film le rôle d’employés de maison, ce qui n’étonnera pas grand monde. Qui sont ces artistes non identifiés en détail dans le générique et non mentionnés dans le bonus ? Le premier, guitariste, pianiste, vibraphoniste, joueur de bongos, danseur, chanteur, compositeur et parolier, est un jazzman insolite et réjouissant. Dès l’âge de dix-huit ans, il se produit seul, jouant sur sa guitare en improvisant simultanément des numéros de danse avec claquettes (tap dance). Deux années plus tard, il fait la rencontre du second, le contrebassiste Slam Stewart – qui a la particularité de doubler ses solos de contrebasse en doublant vocalement, à l’octave supérieure, les lignes qu’il trace à l’archet et qui a enregistré avec Charlie Parker et Errol Garner. Leur duo, qui prend comme nom Slim and Slam, sera une réelle attraction et durera jusqu’en 1942.

Tant font, remuent et jacassent, pillent les conventions comme larrons en foire, détroussent les rythmes et les harmoniques convenus et ne perdent nulle occasion de jouer et de sauter du coq à l’âne, que rien ne leur semble trop hot ni trop pesant. La langue commune, ainsi dynamitée et épuisée, donne naissance à des trouvailles verbales qui crépitent et fulgurent au point qu’ici Slim Gaillard et son bienheureux compère inventent une langue forgée de toutes pièces en se référant parfois à des dialectes réels, mais ici démembrés, retroussés jusqu’à la moelle de leurs sonorités insolites. Cette glossolalie suffoquée est alors émaillée d’expressions sans signifiés explicites ou univoques, elles sont les balises qui jalonnent la langue gaillardesque : « Rootie Vootie », « Mac Vootie »…

Jazzman surréaliste, Slim Gaillard aime à débiter des syllabes au rythme d’une kalachnikov, à jouer du piano les paumes retournées vers le ciel – soit le plafond de la salle de spectacle – et se régale à swinguer intensément. Les rejoignant ici, Rex Stewart, le trompettiste de Duke Ellington, souffle des mesures très bluesy que l’usage de la sourdine plunger rend rauques et impérieuses, et tous improvisent, rejoints par les plus obscurs Elmer Fane à la clarinette, Jap Jones au trombone et C. P. Johnston aux toms. À l’agitation des acteurs succède l’inspiration des musiciens, le brouhaha ambiant s’éteint devant la naissance de la musique. Nous rions encore de joie devant ces danses. Et ce rire vient d’ailleurs, il n’est plus provoqué par la mécanique horlogère du comique de répétition ou de destruction si essentiel à ce film. Il s’agit là d’une jubilation devant la création, en phase avec le surgissement du rythme en son appel au corps.

Et ce n’est pas tout. Aux musiciens qui continuent à jouer un riff (courte phrase musicale répétée de façon obsédante) succèdent les danseurs de Lindy Hop : la troupe des Whitey’s Lindy Hoppers (William Downes et Micky Jones, Billy Ricker et Norma Miller, Al Minns et Willa Mae Ricker, Frankie Manning et Ann Johnson). Lindy Hop : ce terme ne veut strictement rien dire. Cette danse aurait vu le jour au cours d’une soirée de l’été 1927 où un journaliste demandant à un danseur noir, Shorty Georges, le nom de la danse qu’il venait d’exécuter avec exactitude, fantaisie et brio, s’entend répondre Le Lindy Hop, allusion au périple de l’aviateur Charles Lindberg volant au-dessus de l’Atlantique – Lindy Hops The Atlantic titraient alors les quotidiens.
Le Lindy Hop, que nous voyons dans ce film, est un compendium explosif et acrobatique de toutes les danses de couple nées dans les années 1930. On trouvera aussi des danses Lindy Hop dans le film des Marx Brothers dirigé par Sam Wood en 1937, Un jour aux courses.

Par ces moments rares et précieux de jazz et de danse, Hellzapoppin prend une autre dimension que celle de la fantaisie dévastatrice, dont ce film reste toutefois le modèle avec Une nuit à l’opéra des frères Marx et quelques courts métrages bien antérieurs de nos amis d’enfance Laurel et Hardy – ceux dirigés par Léo Mac Carrey ou Hal Roach.”

Olivier DOUVILLE

  • L’article complet d’Olivier DOUVILLE, Hellzapoppin ou un des chefs-d’œuvre du film burlesque est paru dans le JDPSYCHOLOGUES.FR;
  • L’illustration de l’article est extraite du film original.

POTTER, H.C. Hellzapoppin (film, 1941)POTTER H.C., Hellzapoppin (film, USA, 1941) en bref : “Pour les besoins d’un film, Ole et Chic imaginent une histoire d’amour. Un de leurs amis, Jeff, un auteur sans le sou, est follement épris de Kitty, la fille d’un milliardaire, mais celle-ci est promise à un autre, Woody, qu’elle n’aime pas. Jeff prépare un spectacle avec Ole et Chic. Ces derniers s’efforcent d’éloigner Woody par tous les moyens. Pendant ce temps, Jeff promet à Kitty qu’il l’épousera si son spectacle fait recette. Suite à un quiproquo, Ole et Chic se mettent à douter de la fidélité de la belle. Ils décident donc de saboter le spectacle de leur ami…” [Lire la fiche technique sur TELERAMA.FR]


Pour les amateurs d’acrobaties : une des scènes de danse les plus diaboliques et jubilatoires du film (Lindy Hop) a été “colorisée”. A vous les Whiteys Lindy Hoppers !


D’autres incontournables du savoir-regarder :

Plonk & Replonk

Temps de lecture : < 1 minute >

“Sous l’appellation Plonk & Replonk se cachent deux frères : les frères Froidevaux. Natifs du Jura suisse, ils se forment pour l’un dans une école d’art graphique, pour l’autre dans une école de commerce. Après une tentative infructueuse de reprise de l’affaire paternelle, ils s’essayent à la presse underground. En 1997, ils ont l’idée de détourner des cartes postales anciennes chinées aux puces de La-Chaux-de-Fonds. Chacun derrière son ordinateur, ils arrangent, traficotent, agrémentent, augmentent, légendent une série de cartes Belle Époque, qu’ils impriment et diffusent eux-mêmes. Elles vont rapidement faire leur succès et constituer leur style, leur marque de fabrique. On dit de Plonk & Replonk qu’ils incarnent le retour du surréalisme, du non-sens, du Dada, du farfelu. On les compare pour leur humour sarcastique à Pierre Desproges et pour leurs blagues détonantes aux Monty Python. Une chose est sûre : ils sont toujours drôles.” [PHILIPPE-REY.FR]


Quand on a touché le ​fond, quoi de mieux que d’essayer d’élever le débat et, ici, de goûter quelques unes des facéties -tant alpestres que graphiques- de l’équipe suisse des désormais éditeurs Plonk & Replonk. S’il en reste qui se demandent ce que peuvent produire aujourd’hui des rejetons Monty Pythonien élevés à la raclette, au fendant et à l’humour… helvète, ces quelques exemples sont pour eux. Les autres n’ont qu’à tourner l’alpage !


S’amuser encore ?

FAYARD : Sébastien Fayard va casser la croûte chez ses parents (2014, Artothèque, Lg)

Temps de lecture : 2 minutes >

FAYARD Sébastien, Sébastien Fayard va casser la croûte chez ses parents
(photographie, 18 x 25 cm, 2014)

Et pourquoi pas emprunter cette oeuvre gratuitement
à l’Artothèque Chiroux de la Province de Liège ?

fayardseb
Sébastien Fayard © lesoir.be

Sébastien FAYARD est un comédien et performeur français vivant à Bruxelles. Il a étudié le secrétariat, la comptabilité, le cinéma, la musique, la photographie et le théâtre. Il collabore avec différents metteurs en scène, chorégraphes et artistes plasticiens dont la compagnie System Failure avec qui il se produit régulièrement sur scène. Depuis quelques années, il mène différentes recherches photographiques et vidéographiques et poursuit la série  “Sébastien Fayard fait des trucs”. En parallèle, il décline ce projet en petits films dans une série appelée “Sébastien Fayard filme des navets” et sillonne les festivals de courts-métrages européens. (d’après SEBASTIENFAYARDFAITDESTRUCS.COM)

Sébastien Fayard livre ici une série en cours, inédite, de clichés qui détournent, c’est le cas de le dire, des clichés. Le procédé est simple mais inusable : prendre les choses au pied de la lettre, exploiter les ambiguïtés et les doubles sens des phrases toutes faites, des métaphores éculées, des formules journalistiques, des poncifs en vogue. Faisant ses trucs, il en défait pas mal d’autres – des attentes, des snobismes, des poses et des postures, des idées reçues, des présupposés logiques. Pour bien comprendre il faut se méprendre, et accepter surtout un paradoxal et étroit entrelacs entre stupidité et lucidité. (d’après YELLOWNOW.BE)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Sébastien Fayard ; lesoir.be | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

RADU : J’accuse (2020)

Temps de lecture : 2 minutes >

© Patrick Williot 2020

Je m’appelle Félix Radu. Je suis un jeune comédien et auteur.
J’écris depuis longtemps. Longtemps, à 24 ans, ça signifie pratiquement la moitié d’une vie, finalement. Au début, j’écrivais parce que j’étais tout seul. J’étais petit, timide, et avais pour unique ami mon carnet de poésie, « Les Contemplations » de Victor Hugo, et mon ombre (que j’épiais au soleil #Shakespeare, toi-même tu sais).
J’ai donc, par une admiration sans bornes pour le romantisme, commencé à tenir un stylo afin de parler d’amour. Je rédigeais, ici et là, des poèmes pour les filles dont j’étais amoureux. Je dois avouer qu’ils n’ont jamais vraiment eu le succès escompté. Peut-être surestimais-je la rime « Belle-Gazelle » qui était, à l’époque, mon plus grand classique…

Félix RADU sur son site personnel FELIXRADU.COM

J’accuse le temps d’excès de vitesse,
J’accuse la mort de faux et d’usage de faux,
J’accuse le silence de refus de coopérer,
J’accuse les départs d’abandons,
Et les chagrins de coups et blessures.
J’accuse l’amour et les séparations d’associations de malfaiteurs
Et l’habitude de violence conjugale
J’accuse la poésie de ne pas exister
Et la beauté pour ses absences répétées
J’accuse les sourires de vol à mains armés,
Et les yeux de voyeurisme pervers
J’accuse mon coeur de tapage nocturne
Et la mélancolie pour harcèlement.
J’accuse mon ombre d’atteinte à la vie privée.
J’accuse la tendresse de ne pas figurer dans la loi
J’accuse la bêtise pour injure envers l’humanité,
J’accuse la haine et la colère !
J’accuse l’univers pour non assistance à personne en danger
J’accuse mes parents pour homicide involontaire
Et plaide coupable pour les enfants qu’un jour j’aurai.
J’accuse la curiosité de détournement de mineur
J’accuse les religions pour outrage à l’absurde
J’accuse l’ivresse de pots de vin
Et la mémoire de trahison.
J’accuse l’histoire d’aujourd’hui pour plagiat sur celle d’hier,
J’accuse l’esprit pour évasion répétée,
Et l’art pour l’y aider.
J’accuse les hommes d’incohérence
Les larmes de tentative de noyade
Et la solitude d’isolement forcé

J’accuse la peur d’enlèvement
Et l’espoir pour cumul des fonctions.
J’accuse la révolte de ne pas aller voter
J’accuse les traditions de despotisme éperdu
J’accuse les poètes de mourir
Et leurs écrits d’être restés.

En portant ces accusations, j’ignore si je me mets sous le coup de l’opinion public. Et c’est involontairement que je m’y expose. Quant aux choses que j’accuse, je les connais très bien, je les ai des déjà vues, et ai pour elles la plus haute des rancunes et des haines. L’acte que j’accomplis ici n’est pas bien révolutionnaire, et n’empêchera pas le monde de tourner tel qu’il est. Mais, je rejoins cependant Zola sur ce point et c’est sur ces mots que je terminerai : Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en commentaires, et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.

Félix Radu (juillet 2020)


S’esbaudir encore (avec émotion souvent)…

GAG : Brexit

Temps de lecture : < 1 minute >

© The Economist




Rions un brin…

DEVOS : textes

Temps de lecture : 3 minutes >  

Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement.
Par exemple, le verbe ouïr.
Le verbe ouïr, au présent, ça fait: J’ois… j’ois…
Si au lieu de dire “j’entends”, je dis “j’ois”,
les gens vont penser que ce que j’entends est joyeux
alors que ce que j’entends peut être
particulièrement triste.
Il faudrait préciser: “Dieu, que ce que j’ois est triste !”
J’ois…
Tu ois…
Tu ois mon chien qui aboie le soir au fonds des bois ?
Il oit…
Oyons-nous ?
Vous oyez…
Ils oient.
C’est bête !
L’oie oit. Elle oit, l’oie !
Ce que nous oyons, l’oie l’oit-elle ?
Si au lieu de dire “l’oreille”,
on dit “l’ouïe”, alors :
Pour peu que l’oie appartienne à Louis :
– L’ouïe de l’oie de Louis a ouï.
– Ah oui?
Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ?
– Elle a ouï ce que toute oie oit…
– Et qu’oit toute oie ?
– Toute oie oit, quand mon chien aboie
le soir au fond des bois,
toute oie oit :
ouah ! ouah !
Qu’elle oit, l’oie !…
Au passé, ça fait :
J’ouïs…
J’ouïs !
Il n’y a vraiment pas de quoi !

DEVOS Raymond (1922-2006), Ouï-dire
(in A plus d’un titre, Paris, O. Orban, 1989)

Quand j’ai tort, j’ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts !

Il m’est arrivé de prêter l’oreille à un sourd. Il n’entendait pas mieux.

Qui prête à rire n’est jamais sûr d’être remboursé.

Si Dieu n’est pas marié, pourquoi parle-t-on de sa grande Clémence ?

Je suis adroit de la main gauche et je suis gauche de la main droite.

Etre raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou…

Dès que le silence se fait, les gens le meublent.

Une fois rien, c’est rien ; deux fois rien, ce n’est pas beaucoup, mais pour trois fois rien, on peut déjà s’acheter quelque chose, et pour pas cher.

On a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont pas tort !

Le flux et le reflux me font marée.

Toute la nuit, j’ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins.

Est-ce que c’est en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l’éviterons ?

Pour Dieu, l’imaginaire c’est une vue de l’esprit. La fiction ça le dépasse !

Une rengaine, c’est un air qui commence par vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir par les yeux.

On se prend souvent pour quelqu’un, alors qu’au fond, on est plusieurs.

La plupart des gens préfèrent glisser leur peau sous les draps plutôt que de la risquer sous les drapeaux.

La grippe, ça dure huit jours si on la soigne et une semaine si on ne fait rien.

Je crois à l’immortalité et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître.

Lorsqu’un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée.

Si tu étais plus belle, je me serais déjà lassé. Tandis que là, je ne m’y suis pas encore habitué

L’autre jour, au café, je commande un demi. J’en bois la moitié. Il ne m’en restait plus.

Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.

Est-ce l’œuf le père de la poule ou la poule la mère de l’œuf ?

Un jardinier qui sabote une pelouse est un assassin en herbe.

Le vrai xénophobe est celui qui déteste à ce point les étrangers que, lorsqu’il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter.

L’intellectuel dont la richesse est toute intérieure n’a rien à craindre du percepteur qui voudrait le taxer sur ses signes extérieurs de richesse.

C’est pour satisfaire les sens qu’on fait l’amour ; et c’est pour l’essence qu’on fait la guerre.

Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose.

Pour en savoir plus sur Raymond Devos, on peut visiter le Musée de la Fondation Raymond Devos à Saint-Rémy-lès-Chevreuse


Rions un brin…

Mort du dessinateur F’murrr, l’auteur du «Génie des alpages»

Temps de lecture : 4 minutes >

(c) Dargaud

“L’éditeur Dargaud a annoncé la disparition, à l’âge de 72 ans, du scénariste et dessinateur Richard Peyzaret, alias F’murrr.

Un jour, une thèse sera écrite sur l’importance des ovidés dans la philosophie et le rire français au milieu des années 70. Comment ces animaux, a priori pas les plus passionnants, sont devenus des révolutionnaires actifs de la pensée, en contradiction de leurs traits placides et suiveurs. Il y avait les moutons de Pétillon multipliant les artifices pour éviter les griffes de l’aigle Baron noir. Mais celles qui resteront le plus sont probablement les joyeuses et sceptiques brebis de F’murrrr, apparues au fil des albums du Génie des alpages, série culte de bande dessinée. Elles étaient toujours prêtes à débattre philo avec le chien du berger Athanase Percevalve, dans une succession de dialogues et de calembours confinant souvent à l’absurde et à la méta- voire pataphysique.

Qu’auraient-elles dit, aujourd’hui, à l’annonce par son éditeur Dargaud de la disparition de leur créateur Richard PEYZARET, à 72 ans, alias F’murrr ? Elles pourraient reprendre ce qu’elles remarquaient à propos de Robin des Pois, un de leur maître théorique, dans Robin des Pois à Sherwood «Peut-être tient-il à entretenir une sorte de distance théologique, une absence divine qui conserve ardente notre dévotion… Bref, il est pas là.» Et ce «il est pas là» agacé risque d’en rendre triste plus d’un à part elles dans le monde de la bande dessinée, tant l’artiste avait laissé une trace importante et fut une immense source d’inspiration. «Pour moi, il n’y a rien de plus drôle que le Génie des Alpages», nous avait dit en 2016 Larcenet«J’ai toujours été un fan absolu», regrette Jean-Christophe Menu, l’un des fondateurs de la maison d’édition L’Association par SMS, apprenant son décès, ajoutant : «Fuck.»

(c) Dargaud

F’murrr (dont on doit avouer depuis toujours se reprendre à plusieurs fois sur le bon nombre exact de «r», «trois et demi», disait-il) est né à Paris le 31 mars 1946 et avait étudié aux Arts appliqués dans l’atelier de Raymond Poïvet. Il y rencontre plusieurs futurs auteurs de bande dessinée et, notamment, Mandryka, qui l’amène jusqu’à Goscinny. Le célèbre scénariste dirige alors Pilote. Dans cette revue sont publiés les premiers gags du Génie des alpages, en 1973. Tout de suite, c’est drôle, différent, original, avec ce décor de montagne qui change selon les besoins du scénario et des différents sketchs et critiques de la société humaine à mettre en place. F’murrr ne respecte ni le dessin, parfois aléatoire jusqu’à prendre un rythme de croisière plus colorée, ni la construction habituelle des cases, variant les formes et les plaisirs.

Richard Peyzaret, alias F’Murrr, au Salon du livre de Paris, en 2008. (c) Georges Seguin
La vérité qui déborde

De cette époque effervescente pour le 9art, il est de toutes les aventures, passant par Fluide glacial, le Canard sauvage, Circus à suivre, Métal hurlant, toutes ces revues qui ont changé notre regard. Si le Génie des alpages reste un fil rouge, et sa série la plus connue, parfois il se lance dans d’autres histoires, comme Jehanne d’Arc, personnage bien plus paillarde que l’autre pucelle d’Orléans. Il aimait le Moyen Age, époque propice à la folie et aux apparitions. Notons aussi Spirella mangeuse d’écureuils, satire hommage et érotique à Spirou. «Je cultive l’absurde et le loufoque par goût personnel. Moins le sens est évident, plus je suis content. Je me méfie de tout ce qui est cadré et présenté comme une vérité monolithique : on ne peut approcher une vérité que par ce qui déborde», expliquait-il, dans une citation rapportée par Dargaud.

Parmi ses cibles, il avait une affection pour l’Europe, n’hésitant pas à jouer sur les clichés du fonctionnaire bruxellois voulant couper les pattes des moutons à longueur non réglementaire ou sur les quiproquos entre les nations. Avec, par exemple, les brebris répétant à longueur de journée à une touriste britannique : «Aoh, je suffolke.» C’est peut-être un jeu de mot pourri, mais comme les ovidés expliquaient à leur maître : «Un calembour c’est un jeu de langage et la langue c’est kultur ! Nous aussi, on a droit de faire l’Europe.»

(c) Dargaud

Avec F’murrr, le lecteur pouvait lutter contre le réel : c’était agréable, joyeux, parfois déconcertant surtout quand, justement, le gag ne tombait pas comme une évidence. Parfois, aussi, le réel était le plus fort. Lancé dans une série moqueuse sur l’invasion soviétique en Afghanistan, où apparaissent sur la couverture aussi un mouton et son berger, il renonça, «comprenant que cette affaire est tragique et qu’elle va durer», rappelle Dargaud.

Rire de tout, rire jusqu’au bout, oui, ce n’est pas toujours facile, quand, après Gotlib ou Fred, tout un genre graphique et une époque de la BD disparaissent peu à peu. On découvre pour cette nécro que F’murrr avait dessiné des étiquettes de clairette de Die pour une «cuvée du berger». En hommage, il serait temps d’en descendre quelques verres et de philosopher, ensuite, en haut de la montagne, hey ho, hey ho.”

Lire l’article original de Quentin GIRARD sur LIBERATION.FR (10 avril 2018)


Plus de BD…

comique

Temps de lecture : 3 minutes >

L’homme souffre si profondément qu’il a dû inventer le rire.

NIETZSCHE F., Fragments posthumes (1882-1884)

André COMTE-SPONVILLE, dans son Dictionnaire philosophique (Paris, PUF | Quadrige, 2001) définit le comique comme suit : “L’art de faire rire. On distingue plusieurs types de comique : la farce, qui fait rire de la bêtise ou bêtement ; les jeux de mots, qui font rire du langage ; le comique de caractère, qui fait rire de l’humanité ; le comique de situation, qui fait rire de ce qu’on comprend ; le comique de l’absurde, qui fait rire de l’incompréhensible ; le comique de répétition, qui fait rire du même ; l’ironie, qui fait rire des autres ; l’humour, qui fait rire de soi et de tout… Il y a aussi un comique involontaire, qui n’est plus un art mais un ridicule. Encore n’est-il drôle que par l’art de l’observateur : c’est retrouver l’humour (si l’on se reconnaît dans le ridicule qu’on perçoit), l’ironie (si l’on ne s’y reconnaît pas) et Molière.

Et l’humour : “Une forme de comique, mais qui fait rire surtout de ce qui n’est pas drôle. Par exemple, ce condamné à mort qu’évoque Freud, qu’on mène un lundi à l’échafaud : « Voilà une semaine qui commence bien ! », murmure-t-il. Ou Woody Allen : « Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez de trouver un plombier pendant le week-end ! » Ou encore Pierre Desproges annonçant sa maladie au public : « Plus cancéreux que moi, tu meurs ! » Cela suppose un travail, une élaboration, une création. Ce n’est pas le réel qui est drôle, mais ce qu’on en dit. Non son sens, mais son interprétation –ou son non-sens. Non le plaisir qu’il nous offre, mais celui que nous prenons à constater qu’il n’en propose aucun qui puisse nous satisfaire. Conduite de deuil : nous cherchons un sens ; nous constatons qu’il fait défaut ou se détruit ; nous rions de notre propre déconfiture. Et cela fait comme un triomphe pourtant de l’esprit.

L’humour se distingue de l’ironie par la réflexivité ou l’universalité. L’ironiste rit des autres. L’humoriste, de soi ou de tout. Il s’inclut dans le rire qu’il suscite. C’est pourquoi il nous fait du bien, en mettant l’ego à distance. L’ironie méprise, exclut, condamne ; l’humour pardonne ou comprend. L’ironie blesse ; l’humour soigne ou apaise.  « L’humour, disait Boris Vian, est la politesse du désespoir. » C’est qu’il évite d’en incommoder les autres. Il y a du tragique dans l’humour ; mais c’est un tragique qui refuse de se prendre au sérieux. Il travaille sur nos espérances, pour en marquer la limite ; sur nos déceptions, pour en rire ; sur nos angoisses, pour les surmonter. « Ce n’est pas que j’aie peur de la mort, explique par exemple Woody Allen, mais je préférerais être ailleurs quand cela se produira. » Défense dérisoire ? Sans doute. Mais qui s’avoue telle, et qui indique assez, contre la mort, qu’elles le sont toutes. Si les fidèles avaient le sens de l’humour, que resterait-il de la religion ?”


Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de déblaiement, ils préparent des salubrités futures. La source même du rire populaire et de tout comique, c’est cette pointe d’épingle qui crève le ballon du « je » gonflé d’importance. C’est Arlequin, c’est Chaplin, tous les soulageurs du « je ». Le comique est un rappel à l’humilité. Le « je » perds toujours son pantalon en public…

Romain Gary, La nuit sera calme (1974)


“Nous pensons connaître l’humour par l’expérience que nous en avons. Parce que nous en faisons parfois, parce que nous en rions, presque toujours. Cet humour qui nous semble si familier relève pourtant de mécanismes psychiques très complexes. Pour le Larousse, l’humour qui vient de l’ancien français humor, humeur, est la « forme d’esprit qui s’attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité. » Il est précisé que L’humour noir, ou humour cruel, grinçant, est celui « qui porte sur des situations tragiques et choisit de les présenter comiquement plutôt que d’en faire des sujets de désespoir. »

Des précisions concernant l’étymologie du mot sont utiles : « il y a un lien sémantique, évident en anglais qui ne connaît que le mot humour, entre humour et humeur. La bonne humeur est, pour les élisabéthains, une manière de gaieté, où le physiologique (théorie des humeurs) ne se distingue pas de l’esprit, et qui commande précisément l’alacrité mentale et la plaisanterie. Le mot s’établit en France au XVIIIe siècle, toujours référé à l’Angleterre, se distingue peu à peu du terme connexe, ironie, et acquiert droit de cité esthétique avec Lautréamont, Jarry et les surréalistes. Breton donne une Anthologie de l’humour noir. Significative cette confusion de l’humour avec un primat de la négativité… »

Lire la suite de l’article de LAUFER Laurie, ROUX Annie, Avant-propos. L’humour et le rire (Champ psy, 2015/1, n° 67)


En vrac :

GERVAIS : The Office (2001)

Temps de lecture : < 1 minute >

GERVAIS, Ricky The Office (série, 2001)
Gervais | The Office

GERVAIS Ricky, The Office (série, UK, 2001)

“A Wernham-Hogg, une petite entreprise de papeterie, il a été décidé de fermer la succursale de Slough, dirigée par David Brent, un homme odieux. Alors que la menace de licenciements économiques se précise, David minimise l’ampleur du drame, à sa façon. Mais les employés ne sont pas dupes. La routine de la vie de bureau cède lentement la place à la panique…”

D’autres incontournables du savoir-regarder :

GAG : ne pas confondre…

Temps de lecture : 2 minutes >

© Auguste Derrière

“Amenez vos Maures” (Othello) & “Bring out your deads” (Monty Python)
dimanche & T-shirt de poulpe
les poubelles & les moutons aussi
un gaz à effet de serre & Bambi a pété
mon Amiral & mon copain rouspète
gros facho & bon à rien
le système métrique & la société m’étouffe
javellisé & j’ai lu
l’idole des jeunes & Johnny casse la croute
un chapitre & un matou rigolo
c’est l’Amazone & c’est là que j’habite
un perroquet & mon Papa est d’accord
lesbienne androgyne & omoplate
le Gospel & mon bébé a un coup de soleil
le Petit Poucet & le gosse était constipé
fêtard & il est temps de rentrer
 courgette & mode d’emploi du lancer de javelot
Mercato & maman pratiquante
la douche & l’abbé noir
les ciseaux à bois & les chiens aussi
Mais où est donc mon Ricard ? & conjonctions de coordination
Saturne & je suis bourré
péniche & oune zizi portougaiche
un poussin & égale 2
expatriées & anciennes petites amies mal rangées
gaspacho & flatulence froide
immatriculé & j’ai subi une triple sodomie
théologie & café au boulot
détergent & il va étouffer
coûts totaux & arme blanche pour bègues
chien de fusil & Kanichlakov
les Chloristes & les Petits Chanteurs à la Javel La Croix
narcissique impuissant & égocentrique
où est Frère Tuck ? & je veux un crackers de Sherwood
nous n’irons plus au bois & un seul hêtre vous manque et tout est des peupliers
je tripote & j’ai trois amis
cette religieuse tremble à l’idée d’être pénétrée par l’extase divine & vibre, ô ma sœur !
balcon & soirée nulle
cramponner & douleur nasale
pudeur & j’ai perdu ma montre
vieux sommelier & Papy gustatif
Daddy cool & Papa ne sait pas nager…

S’esbaudir plus avant…

Nicole Ferroni en mission de radio

Temps de lecture : < 1 minute >

On lui a donné rendez-vous à l’hôtel Amour. Parce que quand elle fait escale à Paris, elle dort dans le IXe arrondissement, et qu’on y travaille. Mais nos inconscients respectifs ont possiblement joué un rôle. Une sentimentale, tout feu tout flamme, c’est l’idée qu’on s’est faite de Nicole Ferroni. Laquelle, bingo, arrive en pull gris à grand cœur rouge et tonitruant «I Love». Bientôt 35 ans et un prénom d’autrefois, elle en fait bien moins, a la ferveur des adolescents, le regard noir brillant, un débit de mitraillette.

Nicole Ferroni est comique de profession depuis 2011. Depuis six ans, elle sillonne la France avec succès et son one-woman-show l’Œuf, la Poule ou Nicole ?Mais pour nous, faute d’avoir pu aller la voir sur scène à Perpète-les-Alouettes, elle est cette voix dans la matinale de France Inter, où mercredi, trois minutes avant 9 heures, c’est Ferroni. Pipelette espiègle dans le ton, mais indignée dans le fond, voire castagneuse. L’impuissance lui est d’ailleurs insupportable, facteur de désespoir. Le 14 décembre, c’était à propos d’Alep, ses civils massacrés, la vie décomposée. «La guerre, ce n’est pas un truc de “loin, là-bas”. La guerre, ça peut avoir des allures d’un “ici et maintenant” qu’on prend et qu’on fracasse. C’est prendre un présent et le réduire en cendres.» Une chronique conclue gorge étranglée et larme à l’œil, pas du tout pro impavide, qui donnait envie de la consoler…

Lire la suite de l’article de Sabrina CHAMPENOIS
sur LIBERATION.FR (13 février 2017)

VAN DAMME : textes

Temps de lecture : 2 minutes >

V​AN DAMME, Jean-Claude (né en ​​1960 à Berchem-Sainte-Agathe)

Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien.

T’as pas besoin d’un flash quand tu photographies un lapin qui a déjà les yeux rouges.

Dans les magasins de lingerie, on ne voit pas de calendriers avec des photos de garage.

Selon les statistiques, il y a une personne sur cinq qui est déséquilibrée. S’il y a 4 personnes autour de toi et qu’elles te semblent normales, c’est pas bon.

Moi, Adam et Eve, j’y crois plus, tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme, ça peut pas être mauvais, c’est plein de pectine…

Si t’es perdu dans la forêt et que tu restes immobile pendant deux ans, il va pousser de la mousse sur un côté de tes jambes. C’est le Nord.

L’air est fait d’oxygène CO2.

Si tu tues un tueur, le nombre de tueurs dans le monde reste identique.

Quand t’es con, tu sais pas que t’es con puisque t’es con… alors que quand t’es pas con, tu sais que parfois t’es con.

Si tu téléphones à une voyante et qu’elle ne décroche pas avant que ça sonne, raccroche.

Le chômage existe parce qu’il y a du travail. S’il n’y avait plus de travail, il n’y aurait plus de chômage. Le problème est donc le travail.

Si tu dors et que tu rêves que tu dors, il faut que tu te réveilles deux fois pour te lever.

Je suis fasciné par l’air. Si on enlevait l’air du ciel, tous les oiseaux tomberaient par terre… Et les avions aussi… En même temps, l’air tu peux pas le toucher… ça existe et ça existe pas… Ça nourrit l’homme sans qu’il ait faim… It’s magic… L’air c’est beau, en même temps tu peux pas le voir, c’est doux et tu peux pas le toucher… L’air, c’est un peu comme mon cerveau…

Si tu as peur du noir mais que tu te sens mieux en fermant les yeux, c’est que tu as peur du jour.

La lumière crée de l’ombre et l’ombre est la conséquence de la lumière, mais, si la lumière disparaît, c’est l’ombre qui brille.

Si tu invites des gens qui ont tous le même groupe sanguin à une fête, mais que tu le leur dis pas, ils vont parler d’autre chose.

© Clémentine Mélois

Jean-Claude van Damme a également eu les honneurs de Clémentine Mélois, l’artiste française qui a “épilé l’Origine du monde” : une consécration…


S’amuser encore en Wallonie-Bruxelles…

Perles du BAC… et d’ailleurs

Temps de lecture : 4 minutes >

Désespoir (Williams)

  • Le génie de la Renaissance Italienne : Mickey l’ange
  • Comme souvent, le peuple s’en est pris à un bouc et mystère
  • Les Américains ont perdu la guerre du Nuocmam
  • Noé et son arche se sont échoués sur le mont Arafat
  • Il fut condamne après un procès en bonnet de forme
  • Le marché capitaliste est régulé par la loi du plus fort et de la demande
  • Staline fit déporter la classe des paysans enrichis : les goulags
  • Jean Moulin fut, lui aussi, victime de la barbie nazie
  • Le calendrier révolutionnaire commence en primaire
  • Vendémiaire correspond à la saison des vidanges
  • Les français sont de plus en plus intéressés par leur arbre gynécologique
  • Le Tsar a perdu le pouvoir malgré les occases
  • Le Vietnam est la capitale du Liban
  • Les escargots sont homosexuels
  • La génétique arrivera un jour a clowner les gens
  • L’hypopotamus est le siège du système neurovégétatif
  • L’oxydant chrétien
  • Un collectionneur de timbres est un pédophile
  • Louis XVI avait trahi la France. La preuve : il était protege par des Suisses
  • La tendance à aller vers le soleil s’appelle l’hélicotropisme
  • La médecine preventive soigne la maladie en amont ; la médecine curative en avalant
  • Le cachet de la poste faisant mal au foie
  • Le gouvernement de Vichy siégeait à Bordeaux
  • Les liquides sont incompréhensibles
  • En 1934, Citroën révolutionne la construction automobile en sortant la traction a vent
  • Les sacrifices humains étaient courants chez les pazteques
  • L’éther est un produit très volubile
  • La terre rote sur elle-même
  • On ne peut pas nationaliser tous les étrangers
  • Le général sudiste Bruce Lee
  • Lénine et Stallone
  • A la conference de Versailles, pour les Français : Clemenceau ; pour les Anglais : Boy George
  • D’après le calendrier hébraïque, on est en 5757 après Jesus-Christ
  • Les Romains ont sacrifié le Christ sans lui laisser le temps d’aller a l’église
  • Napoleon III était le neveu de son grand-père
  • Le chèvre est un fromage fait avec du lait de brebis
  • Les Allemands nous ont attaqués en traversant les Pyrénées à Grenoble
  • Le métré est la dix-millionième partie du quart de méridien terrestre, pour que ca tombe juste on a arrondi la terre
  • Le soleil a cessé de tourner autour de la terre le jour où on a menacé de le brûler
  • La force de Coriolis provoque des cyclones dans les lavabos
  • Le cerveau a deux hémisphères, l’un pour surveiller l’autre
  • Le cerveau a des capacités tellement étonnantes qu’aujourd’hui pratiquement tout le monde en a un
  • Quand il voit, l’œil ne sait pas ce qu’il voit. Il envoie une photo au cerveau qui lui explique
  • Toute bactérie a deux doigts : un pour marcher, l’autre pour manger
  • Les végétaux fixent l’oxygène grâce aux globules verts
  • La concurrence était tellement âpre qu’il n’y en avait que cinq dans les dix premiers
  • Un pilote qui passe le mur du son ne s’en rend pas compte : il n’entend plus rien
  • La datation au carbone 14 permet de savoir si quelqu’un est mort à la guerre
  • Un litre d’eau à 20° plus un litre d’eau à 20° égalent deux litres d’eau à 40°
  • Privé de frites, Parmentier inventa la pomme de terre
  • Déjà avant guerre, Mercedes fabriquait des Volkswagen
  • Les passagers de première classe ont moins d’accidents que les passagers de deuxième classe
  • Le chauffage au gaz revient moins cher mais disjoncte tout le temps
  • Castor a pris le pouvoir grace à une guérilla urbaine dans les campagnes
  • Depuis Archimède, les bateaux flottent
  • Les continents dérivent, peinards
  • L’indice de fécondité doit être égal à deux pour assurer le renouvellement des générations parce qu’il faut être deux pour faire un enfant. On peut s’y mettre à trois ou quatre mais deux suffisent
  • Trente personnes travaillent a l’usine, plus les ouvriers
  • Les riches bouffent le gâteau ; les pauvres se contentent des miettes. Plus le gateau est gros plus les miettes sont grosses
  • En 2020, il n’y aura plus assez d’argent pour les retraites à cause des vieux qui refusent de mourir
  • Moise appela Dieu qui sortit d’un nuage et lui dit : “Qu’est-ce que
    tu veux ?”
  • Un prévenu est quelqu’un qu’on a mis au courant
  • Un ver solitaire est un ver qui vit tout seul à la campagne
  • Tous les spermatozoïdes ont un fouet, mais seul le plus fort parvient à ses fins
  • Les ouvriers Japonais commencent leur journée de travail en hurlant des slogans comme : “japonais un jour, japonais toujours”
Et une pensée émue pour le corps médical…
  • Surtout marquez-moi bien la posologie sur la boîte, car je ne sais pas lire.
  • Mon mari prend une quantité gastronomique de médicaments.
  • J’ai un ongle de pied incarcéré.
  • Il fait tellement chaud dans votre pharmacie, qu’on se croirait dans un zona.
  • Depuis que j’ai la pré-ménopause, j’ai des mensualités tous les deux mois.
  • Mon fils est tombé de mobylette : il a le bras pleins d’esquimaux.
  • Je veux un remède de cheval, pour aller plus facilement à la selle.
  • Mon cardiologue va me poser un pince main cœur.
  • J’ai failli faire une conclusion intestinale.
  • On va me faire une césarienne, le bébé ne passe pas par voie orale.
  • On m’a fait une hyposuccion.
  • On m’a fait passer un ULM.
  • Je vais bientôt passer une colomboscopie.
  • Je vais me faire opérer d’un christ aux yeux verts.
  • A l’hôpital, ils m’ont fait un ketchup complet.
  • Mon mari sera prochainement opéré d’une hernie fiscale.
  • Je vous jure, mon médecin m’a parlé de douleurs interpostales !
  • J’ai mal dans le bas du dos. Je crois que j’ai attrapé un bungalow.
  • Mon mari a eu un problème respiratoire à l’anesthésie, on a du l’entuber.
  • Je voudrais un hémophile indien.
  • On m’a dit que vous aviez de la pommade à l’harmonica.
  • Je voudrais une paire de bas de conclusion.
  • Avez-vous la pilule du surlendemain ?
  • On parle beaucoup de la grippe à vierge.
  • J’ai vu ma gynécologue, elle ma fait un ” tutti-frutti “.
  • Que dois-je faire, mon fils fait une érection allergique ?
  • Je voudrais des pastilles pour la gorge. Depuis que mon mari est mort, je n’ai plus rien à sucer…

S’amuser encore…

5 trucs pour lui toucher la bite sans passer pour une salope

Temps de lecture : < 1 minute > Vous mourez d’envie de lui toucher la bite mais vous n’osez pas ? Pas de panique ! Madame Gorafi a pensé à tout pour que vous puissiez vous faire plaisir sans avoir l’air d’une salope !

  1. Allez-y franchement ! Puis prétendez que vous ne l’avez pas fait exprès. Par exemple, touchez-lui la bite puis dites « je suis désolée, ma main est obsédée ces derniers temps ! » ou « Oh excuse-moi, je savais pas que ta bite était ici ! ». Ça marche à tous les coups !…”

Lire la suite des bons conseils de madame Gorafi sur LEGORAFI.FR (3 mars 2016)

On veut de l’amour…