[FRANCETVINFO, 8 mars 2018] #JournéeDesDroitsDesFemmes : Les Passantes, une chanson dans laquelle Georges Brassens disait son amour des femmes il y a plus de quarante ans (sur un texte d’Antoine POL), a désormais un clip officiel tout neuf. Réalisée à l’occasion de la Journée de la femme, cette vidéo à la fois poétique, émouvante et souriante, est une ode à la femme signée de la jeune réalisatrice belge Charlotte Abramow.
Réinjecter de la modernité dans un texte du patrimoine
C’est Universal qui a invité la jeune photographe et vidéaste belge à s’emparer de ce poème écrit par Antoine POL et mis en chanson par Georges Brassens en 1972. Charlotte Abramow, 24 ans, déjà aux manettes des deux premiers clips délicieux de la prometteuse chanteuse Angèle (La loi de Murphy et Je veux tes yeux), réussit un nouveau sans-faute.
“Je veux dédier ce poème / A toutes les femmes qu’on aime / Pendant quelques instants secrets / A celles qu’on connaît à peine / Qu’un destin différent entraîne / Et qu’on ne retrouve jamais“, chante Georges Brassens dans Les Passantes. Avec ses visuels très pop et colorés, Charlotte Abramow commence par réinjecter de la modernité à cette chanson du patrimoine.
Elle s’attèle ensuite, par petites touches drôles et poétiques, à aller plus loin en donnant à voir les femmes dans tous leurs états et toute leur diversité. Elle montre ainsi une succession de vulves stylisées, les rides, les règles, la cellulite, une façon de dégommer quelques diktats et autres tabous en montrant ce que la société refuse de voir du corps des femmes.
Une ode à la liberté et à la diversité des femmes
“J’ai imaginé cette vidéo comme un poème visuel. Une ode à la femme, à leur liberté et à leur diversité. A tous types de corps, tous types de métier. Montrer qu’il ne doit pas y avoir de barrière pour la femme, un être humain avant tout.“, explique Charlotte Abramow.
A chaque couplet, ses images répondent, souvent de façon métaphorique – une jeune femme se débat dans une boîte lorsque Brassens évoque les femmes déjà prises et vivant des heures grises, alors qu’une femme aux cheveux blancs danse magnifiquement lorsqu’il est question des soirs de lassitude où les fantômes du souvenir peuplent la solitude.
On y croise des chanteuses, boxeuses, actrices, photographes, journalistes, jeunes ou âgées, grandes ou petites, fluettes ou fortes, noires ou blanches, rousses ou brunes. Toutes sont belles, fortes, dignes et touchantes. Espérons que le regard de Charlotte Abramow résonne au-delà de la Journée de la femme.
Laure NARLIAN
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secretsA celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamaisA celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouitMais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanouiA la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le cheminQu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa mainA la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnavalQui voulut rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre balA celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différentVous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérantA ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuilA celles qui s’en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d’un stupide orgueilChères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demainPour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du cheminMais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevusAux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revusAlors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenirOn pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir.
Antoine POL (1888-1971),
Les passantes (in Des Émotions poétiques, 1918)
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, compilation et iconographie | sources : francetvinfo.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © non identifié.
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