[JOSE-CORTI.FR] Le temps a rendu justice à celui qui, longtemps considéré comme un fou, fut l’immense poète, graveur et visionnaire que l’on sait, – éternel enfant, éternel “primitif” que son ardeur imaginative, son lyrisme, sa violence condamnèrent à n’avoir de renommée que posthume. Autodidacte, William BLAKE (1757-1827) dénonce la raison tyrannique des philosophes, s’enflamme pour la révolution. Ses admirations sont aussi significatives que ses refus. Il préfigure quelques-unes des lignes de force du romantisme et goûte certains de ses grands intercesseurs, Swedenborg, Shakespeare, Dürer. Une vie intérieure puissante, une simplicité mystérieuse et désarmante guide son bras. Dans Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, il proclame l’unité humaine, attaque la prudence et le calcul au nom de l’épanouissement de l’être réconciliant désir, sagesse et raison. L’amour comme la haine étant nécessaires à la vie, c’est le choc des contraires qui provoque le surgissement de la force créatrice et la progression de l’être individuel. Il oppose ainsi la raison à la vision intuitive, à laquelle va sa préférence. Gide : “L’astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l’astre Lautréamont. Lucifer radieux, ses rayons revêtent d’un éclat insolite les corps misérables et glorieux de l’homme et de la femme.
Un cheval qu’on fouette en chemin
Réclame au ciel du sang humain.
He who binds to himself a joy
Does the winged life destroy
He who kisses the joy as it flies
Lives in eternity’s sunrise…
“Celui qui veut s’attacher une joie / Brise la vie ailée qu’il voit / Celui qui l’embrasse quand elle passe / Commence chaque jour l’éternité…” (trad. Patrick Thonart)
The tree which moves some to tears of joy is in the eyes of others only a green thing that stands in the way.
“L’arbre qui fait ta joie jusqu’aux larmes, n’est pour d’autres qu’un objet vert dans le chemin” (trad. Patrick Thonart)
To see a world in a grain of sand
And heaven in a wild flower,
Hold infinity in the palm of your hand
And eternity in a hour.
“Voir un monde dans le grain de sable / Et le ciel dans une fleur sauvage, / Tenir l’infini dans la paume de la main / Et l’éternité dans une heure.” (trad. Patrick Thonart)
The man who never alters his opinions is like standing water, and breeds reptiles of the mind.
“L’homme qui ne change jamais d’opinion vit comme l’eau stagnante : il engendre des serpents de raison.” (trad. Patrick Thonart)
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