GAG : le joueur de cornemuse…

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1962 : Selim Sasson (RTB) rencontre Monsieur Léonard, de Mons @ Archives SONUMA

“Le temps, c’est comme une rivière : on ne touche jamais la même eau deux fois. Alors profitez de chaque instant de votre vie et écoutez mon histoire : je suis canadien et je suis joueur de cornemuse, c’est mon métier, et je peux vous en jouer des airs, des airs qui vous feront danser comme des airs qui vous feront pleurer.

Un jour, je suis appelé par un ami dans une province du Nord. Il est entrepreneur de pompes funèbres et me demande si je veux bien venir jouer à l’enterrement d’un pauvre vieux, un sans-abri. L’homme n’avait ni famille, ni ami et la cérémonie a lieu dans l’arrière-pays, en Nouvelle-Ecosse.

Je n’écoute que mon cœur et je pars le jour dit, dans une région que je ne connais pas bien et, bien entendu, je me perds et, bien entendu (je suis un homme, c’est normal), je ne demande pas mon chemin.

Je finis par arriver sur les lieux avec une bonne heure de retard. Manifestement tout est déjà fini, plus de corbillard, et les fossoyeurs sont déjà en train de manger leurs sandwiches sur le côté.

Je m’excuse auprès d’eux et je vais quand même près de la tombe du pauvre homme. Je m’incline auprès de la dalle qui est déjà en place et -l’émotion, sans doute- je prends ma cornemuse et je commence à jouer…

Et je joue, et je joue… Et les fossoyeurs déposent leurs sandwiches et me rejoignent, émus également par la mort de ce pauvre homme sans famille. Et je joue comme je n’ai jamais joué depuis. Et quand j’entame Amazing Grace, on se retrouve tous en train de pleurer et de se moucher bruyamment !

Toutes les choses ont une fin. Je finis de jouer, je remballe mon instrument et, comme je repars vers la voiture, j’entends un des gars qui dit : Je n’ai jamais connu ça, une telle émotion, pourtant ça fait plus de trente ans que j’installe des fosses septiques !


Rions un brin…