FRANÇOIS, Bénédicte (née en 1966)

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Bénédicte François, une alchimie de la couleur

À l’heure où l’art conceptuel se perd dans les byzantinismes pseudo-intellectuels les plus abscons, où la veine néo-figurative cultive la redite et la banalité du quotidien, où l’hyperréalisme se perd sur les affligeants chemins du prosaïsme, où les représentations iconiques de l’art pop se confondent avec les vaines images publicitaires des Insta-influenceurs, l’art de Bénédicte François est comme une oasis où beauté plastique et harmonie rayonnent en permanence. Son activité a marqué le paysage artistique liégeois de ces trois dernières années et ne cesse de faire de nouveaux émules…

Véritable quête de l’art pour l’art, son œuvre renoue avec l’expression gestuelle et l’énergie de l’abstraction non-figurative — elle en est l’émanation et la synthèse —, tout en prolongeant l’histoire de ce courant par ses propres spécificités formelles et esthétiques. Si ses tableaux transcrivent sur deux dimensions la légèreté graphique des mobiles de Calder (leur donnant une touche « vintage »), on retrouve également dans son ADN artistique le chromatisme musical d’un Paul Klee, le dialogue de figures simples et épurées comme Masanari Murai ou Raoul Ubac l’ont imaginé ; elle cloisonne la couleur à la manière d’un Maurice Estève ou d’un Serge Poliakoff, sa géométrisation des formes s’inscrit dans la tradition d’un Piet Mondrian ou d’un Walter Dexel. Pourtant, son art est bien plus que cela, il a sa propre spécificité, une autonomie qui le rend reconnaissable entre tous. Il résulte par ailleurs d’une dynamique évolutive qui fait entrevoir un cheminement incessant. L’artiste refuse de s’enfermer dans une manière, elle est en quête continue de nouvelles recherches techniques. Sa quête du Beau se marque par une absence de tout signifiant. Son travail est un pur jeu formel, confirmé par le choix de ne pas donner de titres à ses tableaux afin d’éviter tout sens abscons ou toute orientation qui détournerait le spectateur du seul contenu esthétique.

© The Street Lodge

Dans ses tableaux, Bénédicte François propose une combinaison de courbes, de contrecourbes, de surfaces rondes ou ovales qui, bien que statiques d’apparence, semblent une mécanique du mouvement à l’état pur. Elles dégagent une énergie continue et semblent danser autour de leur centre de gravité.

À la fois vives et délicates, les formes qui en découlent sont systématiquement rehaussées par un échantillon limité de couleurs. À la teinte du fond (souvent blanche et/ou crème, plus rarement grise ou brun foncé), l’artiste associe trois ou quatre coloris différents (rarement plus). L’une de ces couleurs endosse souvent le rôle d’élément perturbateur, de pigment contestataire et frondeur. L’intrusion du vert vif (parfois de l’orange) dans le dialogue qu’entament le bleu foncé et le rouge sang (ou le bleu ciel et le rose) suscite une tension chromatique qui surprend de prime abord le spectateur. Ce dernier finit pourtant par admettre que ce qui eût pu relever de la combinaison criarde engendre au contraire une harmonie inédite, subtile et délicate. Cette manière de faire est une marque de fabrique de la plasticienne. On la retrouve œuvre après œuvre. Elle démontre à quel point Bénédicte François est une coloriste toute en finesse, une alchimiste des pigments.

Avec le temps, les courbes et les formes cloisonnées — dont certaines s’apparentent à des galets stylisés à l’extrême — ont fini par ne plus se contenter d’un fond uniforme. L’arrière-plan des toiles s’est complexifié au point de prendre le dessus sur les figures ludiques auxquelles Bénédicte François s’est adonnée depuis ses débuts. Cet arrière-fond a fini par gagner en densité, en strates préparatoires complexes, en aplats savants qui donnent à chaque tableau une dimension spatiale supplémentaire, un sentiment de profondeur, de pénétration, bien que la créatrice se défende de faire appel aux règles de la perspective classique. Pourtant, le regard s’enfonce dans une infinité d’abîmes imaginaires, il jouit de ce travail de la couleur pure qui tire sa force de sa seule vibration. La maîtrise totale des couleurs s’y exprime à travers une palette de teintes encore plus réduite. Les rares coloris finissent par fusionner avec la couleur dominante, absorbés dans leur éclat avec la puissance attractive d’un trou noir. Il en résulte un magma de textures d’une énergie débordante, une création d’une authenticité totale qui évoque les propriétés de la lave en fusion. La créatrice y explore l’infinie beauté des combinatoires chromatiques dans lesquelles elle se projette corps et âme. Par sa force et sa sensualité, son œuvre n’est ni masculine ni féminine, elle dépasse toute perception genrée. Elle est le fruit d’une véritable Artiste, avec un grand A, vouée à un bel avenir…

Stéphane DADO


Bénédicte François est née à Bastogne, en 1966. Après des études à HEC, à Liège, elle entame une carrière de script sur des films documentaires, notamment en Amérique latine.
Sa vie personnelle la mènera ensuite à Londres puis New York où elle vivra par intermittence près de trois ans. Elle découvrira les multiples galeries et musées de ces villes d’art qui éveillent un intérêt singulier pour la peinture.
De retour à Liège, Bénédicte se lance durant une vingtaine d’années dans une activité de conseillère opticienne avant de réaliser que la passion de la peinture qui l’habite profondément depuis tant d’années est un besoin vital, une vocation première. Depuis, elle a commencé à enchaîner les expositions à Liège, Lasnes, Bruxelles, au Grand-Duché de Luxembourg. Les sollicitations sont nombreuses, l’intérêt du public et des galeristes se fait croissant, de nombreuses expositions sont en préparation et la consacrent dans un véritable statut d’artiste.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : rédaction, édition et iconographie | auteur : Stéphane Dado | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © DR.


Voir encore en Wallonie-Bruxelles…

DOHY : Sans titre (2012, Artothèque, Lg)

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DOHY Monique, Sans titre
(eau-forte, 30 x 30 cm, 2012)

Et pourquoi pas emprunter cette oeuvre gratuitement
à l’Artothèque Chiroux de la Province de Liège ?

Monique Dohy © beauxartsdewavre.com

Monique DOHY est diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles section graphisme et image. Depuis, elle développe son travail de gravure, participe à de nombreuses expositions collectives ou personnelles ainsi qu’à des stages ou des formations (art thérapie, atelier vocal…). Monique Dohy enseigne la gravure depuis 1997 à l’Ecole d’art de Wavre et à l’Académie d’Anderlecht (d’après ESPERLUETE.BE)

Dans cette composition abstraite, Monique Dohy joue avec les traits comme autant de fissures ou de veines qui zèbrent l’espace. La technique de l’eau-forte semble hybridée avec celle de la pointe sèche, car certains traits sont plus épais et “flous” alors que d’autres sont fins et nets.

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Monique Dohy ; beauxartsdewavre.com | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

Hilma af Klint, prophétesse de l’abstraction

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Et si le père de l’art abstrait était en fait… une femme ? Dès 1906 et bien avant Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch ou Piet Mondrian, la suédoise Hilma af Klint créa une pléthore de peintures et dessins abstraits. 

Imaginez un manoir dressé sur une île verdoyante au milieu d’un immense lac suédois. Un paradis perdu où la nature est reine, et les enfants sont rois. C’est dans ce cadre enchanteur que Hilma af Klint passe ses jeunes étés et se passionne pour le monde naturel. Née en 1862 à côté de Stockholm d’un père officier de marine et mathématicien, elle est la quatrième d’une famille de cinq enfants. Elle n’a que 18 ans lorsque survient la mort de sa sœur cadette, âgée de 10 ans. Cet événement tragique marque les prémices de son mysticisme : la jeune fille participe alors à des séances de spiritisme, afin d’entrer en communication avec sa sœur défunte. Mais loin d’être anecdotique, cette sensibilité aux choses spirituelles ne fera que croître au cours de sa vie, et deviendra même l’inspiration première de son art…

Autoportrait © Moderna Museet (SV)

Car la jeune Hilma af Klint est douée pour la peinture. Ainsi est-elle une des rares femmes à intégrer l’Académie des Beaux-Arts de Stockholm, à l’âge de 20 ans. Son talent est indéniable, même si son œuvre n’a au départ rien de révolutionnaire : des dessins botaniques, des paysages, des illustrations pour des revues scientifiques, des portraits sur commande… Mais tandis qu’elle construit sagement sa réputation d’artiste, sans trop échapper aux conventions de l’époque, elle poursuit un chemin spirituel plus ambitieux. Ce faisant, elle pose, sans le savoir encore, les bases de sa révolution artistique.

Hilma af Klint s’intéresse à de nombreux courants ésotériques, tels que la théosophie, selon laquelle l’univers tout entier, de l’atome à la galaxie, ne fait qu’un. Elle devient d’ailleurs membre de la branche suédoise du mouvement, dès sa création en 1889. Elle s’intéresse également au rosicrucianisme, un ensemble de doctrines se réclamant de l’ordre secret de la Rose+Croix, popularisé à la fin du XIXe siècle. Ces mouvements rencontrent l’adhésion de nombreux artistes à l’époque, alors que des découvertes scientifiques majeures, comme l’atome ou la radioactivité, bousculent les idées établies en démontrant que notre monde est mû par des forces invisibles et imperceptibles. Ainsi que l’exprime Tracey Bashkoff, commissaire de l’exposition : “Les formes alternatives de spiritualité étaient populaires, et elles ont peut-être aidé af Klint à se libérer des limites de la convention artistique.” Ces croyances auront un impact déterminant sur l’œuvre de la jeune peintre.

Dans les années 1890, Hilma af Klint crée le groupe des Cinq avec quatre autres artistes femmes, qui partagent son engouement mystique. Une fois par semaine, elles entrent en communication avec des esprits. Chaque rendez-vous débute par une prière, suivie d’une étude de texte du Nouveau Testament et d’une séance de méditation. Puis, l’une des femmes du groupe est désignée comme médium et c’est à travers elle que commence l’échange avec les “guides spirituels”, sortes de voix de l’au-delà qui dictent des messages, notamment au travers de l’écriture et du dessin automatiques.

Le déroulement de ces sessions est consigné dans des carnets de notes, afin de ne rien perdre de ces missives mystiques. Créer sous la tutelle de forces supérieures est peut-être une façon, pour ces jeunes femmes, de légitimer leur production, alors largement sous-évaluée. Car, comme l’écrit Tracey Bashkoff, “si l’Académie de Stockholm fut une des premières écoles d’art en Europe à accepter des femmes, elle considérait toujours que ces dernières disposaient de talents limités. Le mouvement spiritualiste était en grande partie dirigé par des femmes et, dans certaines villes, il était associé à la croisade pour le droit de vote des femmes. Af Klint a probablement trouvé dans son groupe de séances hebdomadaires un soutien communautaire qui manquait ailleurs.”

Hilma af Klint, Série “Ten largest (groupe IV), nª7”, 1907, tempera sur papier © lemonde.fr

En 1906, Hilma af Klint se sent investie d’une mission, qui formera l’œuvre majeure de sa vie. Au cours d’une séance des Cinq, l’artiste perçoit un message déterminant d’un des guides spirituels du groupe, que les jeunes femmes appellent Amaliel. Ce dernier lui demande d’imaginer un temple et d’en habiller les murs d’une longue série d’œuvres : Peintures pour le Temple. Transportée, Hilma af Klint se lance dans une production effrénée de tableaux d’un genre inédit. L’artiste avait l’habitude des portraits et paysages à la rigueur académique : elle se surprend à créer des compositions de formes biomorphiques abstraites, habitée par les esprits supérieurs qui s’expriment à travers elle en guidant sa main sur la toile. Entre novembre 1906 et octobre 1908, la peintre créera 111 œuvres, soit environ une tous les cinq jours !

C’est alors que Hilma af Klint fait une rencontre qui bouleverse son élan créatif : celle du philosophe autrichien Rudolf Steiner, leader de la Société théosophique en Allemagne et futur créateur d’un autre courant ésotérique, l’anthroposophie (qui donnera naissance à la pédagogie alternative Steiner-Waldorf, toujours très en vogue). Hilma af Klint est émue de rencontrer cet éminent représentant de la théosophie, dans laquelle elle est alors très engagée. Elle se tourne vers lui en espérant un retour encourageant sur ses premières Peintures pour le Temple. Hélas, Rudolf Steiner remet en cause sa manière de peindre, en particulier son rôle supposé de médium artistique au travers duquel les esprits supérieurs s’exprimeraient. Hilma af Klint, déçue et épuisée par sa production intense, cesse alors de peindre de manière abstraite. Pendant quatre ans, elle s’occupe de sa mère malade, revient au portrait et approfondit ses recherches philosophico-religieuses. Il faut attendre 1912 pour qu’elle reprenne son grand œuvre. Elle cesse alors d’endosser le rôle de médium artistique que Rudolf Steiner avait questionné : ce ne sont plus les esprits qui guident sa main, c’est elle qui désormais interprète à sa manière leurs messages mystiques. Trois ans plus tard, elle pose son pinceau : l’ensemble de la série atteint 193 pièces !

C’est sur cet ensemble que se concentre l’exposition du Guggenheim [en 2019]. Et le résultat est spectaculaire ! Tout d’abord, l’architecture même du musée fait écho au design que les guides de Hilma af Klint auraient imaginé, d’après les notes de l’artiste : une structure s’articulant autour d’une spirale centrale. Ensuite, la vocation spirituelle de l’artiste est palpable, ainsi que son besoin de comprendre comment les formes et les choses s’entremêlent et s’harmonisent, malgré le chaos ambiant du monde. Selon les mots de Tracey Bashkoff : “Le mélange de formes florales, géométriques et biomorphiques avec des lettres et des mots inventés crée un vocabulaire complexe aux significations changeantes, avec lequel af Klint elle-même semble s’être débattue. Dans ses œuvres, […] deux globes vibrants semblent à la fois des œufs microscopiques et des systèmes solaires en intersection.” De la même manière que l’infiniment grand se mêle à l’infiniment petit, le chemin spirituel de l’artiste est absolument indissociable de son œuvre.

Hilma af Klint exigea que ses œuvres ne soient présentées au public que vingt ans après sa mort, comme si elle pressentait que son travail ne serait pas apprécié à sa juste valeur par ses contemporains. Sans doute trop éloigné des conventions de l’époque. Sans doute, aussi, parce qu’il était celui d’une femme… Dans un souci de pédagogie, elle renseigna dans des carnets tout ce qui lui semblait nécessaire à la compréhension de ses Peintures pour le Temple. Celles-ci ne seront finalement présentées qu’en 1986, soit quarante ans après sa disparition !

Aujourd’hui, alors que les minorités se font de plus en plus visibles, dans la société comme dans le monde de l’art, Tracey Bashkoff s’interroge sur la symbolique de cette première rétrospective américaine majeure : “Nous sommes à un moment historique où s’expriment un besoin et une volonté de réévaluer nos hypothèses passées et de célébrer les chemins de la diversité. La voie contemplative qu’offre le travail d’af Klint, et le long chemin qu’il a fallu parcourir pour le révéler, permettent cette remise en question, et j’estime qu’il s’agit là du legs le plus significatif de son œuvre. Je pense que son travail était vraiment destiné au public futur.” Ce que confirme le succès exceptionnel de l’exposition du Guggenheim. [d’après BEAUXARTS.COM]

  • image en tête de l’article : Exposition Hilma af Klint au Guggenheim © Ryan Dickey

[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © lemonde.fr ; Ryan Dickey


Plus d’arts visuels…

 

 

 

WUIDAR, Léon (né en 1938)

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Développant avec assiduité et quelques gouttes d’humour un art abstrait dit géométrique (pour le distinguer de son pôle lyrique), le peintre liégeois Léon WUIDAR produit depuis le milieu des années 1960 une œuvre aussi cohérente que surprenante à laquelle le MACS consacre, après le Museum Haus Konstruktiv à Zurich, une importante rétrospective en réunissant pour la première fois au sein d’une institution muséale en Belgique un vaste ensemble de tableaux, collages et carnets de dessins. Intitulée À perte de vue, l’exposition met en lumière, à travers un choix d’œuvres réalisées entre 1962 et aujourd’hui, l’évolution constante d’un artiste qui s’est imposé progressivement, en marge des modes ou des chapelles artistiques, comme l’un des artistes les plus libres et délicats de sa génération.

Né à Liège en 1938, Léon Wuidar commence à peindre en autodidacte dès 1955 en cherchant à s’orienter parmi les multiples voies que la peinture figurative présente encore à cette époque. Après une période de recherches tous azimuts, en quête de son identité artistique, il abandonne en 1963 la figuration au profit de l’abstraction, tout en ayant parfaitement conscience de ne pas appartenir à la génération de ses pionniers, mais bien décidé à en poursuivre l’aventure et surtout en perfectionner l’esthétique. Historiquement, son œuvre se distingue ainsi par la minutie qu’il ajoute à la facture relativement élémentaire des tableaux de ce registre que lui révèlent les reproductions de deux tableaux de Ben Nicholson découverts dans une revue en fouillant la charrette d’un bouquiniste. Quand il s’engage quinze ans plus tard, avec un tableau comme À perte de vue (1968), dans ce même style néo-plasticien, Léon Wuidar aura le projet en effet de le faire évoluer vers une peinture lisse et claire où la couleur, habitée par une certaine volupté, y soit épanouie : “Visiteur attentif des galeries, confiait-il à Ben Durant, je regardais ces tableaux abstraits avec cette réflexion récurrente : ce que je vois a quelque chose de primitif, à la fois par sa spontanéité, la simplicité des moyens et, dans le meilleur des cas, la fraîcheur des couleurs. J’imaginais une évolution de la peinture abstraite : la réalisation d’un travail plus profond, plus équilibré, que l’on aurait défini comme un art classique. J’avais évidemment à l’esprit l’évolution de l’art grec, on y voit fort bien les changements depuis les kouroi et les korai archaïques, jusqu’à l’équilibre de la période du IVe siècle.

Représentant un personnage devant un miroir déformant, le tableau Anamorphose (1964) apparaît avec le recul historique comme l’emblème de ce passage vers l’abstraction à travers un cadre pictural où la perspective linéaire classique n’est plus de rigueur. S’écartant du dogme moderniste et de sa froide objectivité, Léon Wuidar apporte ainsi à ses premières compositions géométriques une touche personnelle où affleurent les traits d’humour, les références culturelles, les motifs ornementaux ou encore les signes ambigus. Simples dans leur structure, mais complexes dans leur dédale, ses compositions invitent le public à parcourir un réseau de signes qu’il lui faut apprendre à lire à la façon dont le langage imagé des rébus et des idéogrammes se déchiffre. Cet intérêt pour les images codées ou chiffrées, voire cryptées, est manifeste à la lecture des carnets de dessins où d’ingénieuses trouvailles graphiques transparaissent dans ses recherches de motifs ornementaux, de typographies, de pictogrammes et de calligrammes. Sans parler d’ésotérisme, on soulignera néanmoins que le plaisir sémantique que procure en général le langage iconique de Léon Wuidar n’est pas éloigné du blasonnement tel qu’il se pratique dans l’héraldique médiévale. Comme les allégories d’autrefois, ces assemblages de signes se présentent à nous comme une sorte d’écriture figurative qu’on qualifiera volontiers de postmoderne. Dans les tableaux où les glyphes et les cartouches apparaissent comme des survivances d’anciennes civilisations, notamment égyptiennes ou précolombiennes, le trait est clairement cette union primitive et inextricable du dessin et de l’écriture, de la gravure et de l’architecture, de l’image et du mot.

Professeur de dessin depuis 1959, Léon Wuidar enseignera à partir du milieu des années 1970 les arts graphiques à l’Académie des Beaux-Arts de Liège en compagnie de Jacques Charlier. À cette époque où il demande également à son ami l’architecte Charles Vandenhove de lui dessiner sa maison à Esneux, la construction de ses tableaux gagne en solidité en développant un langage architectonique fondé sur une famille de signes que le peintre reprend régulièrement, comme le motif ornemental à chevrons ou le rectangle elliptique qui évoque le cartouche dans lequel les Égyptiens inscrivaient leurs hiéroglyphes. Au croisement de l’architecture et de l’écriture, cette esthétique du glyphe – ou du trait ciselé – préside aussi à la mise en œuvre de la première intégration que l’artiste réalise en 1977 sur la façade du restaurant universitaire du Sart Tilman à Liège. Sous la forme cette fois de compositions verticales, cet agencement séquentiel de signes apparaît encore dans une série de bas-reliefs en bois que Léon Wuidar réalise en 1985 et qui rappelle les caractères d’imprimerie en plomb utilisés autrefois par les typographes. Ce goût du peintre pour les métiers du livre se retrouve également dans les nombreux reliures et emboîtages qu’il commence à réaliser à cette même époque. Fruits d’une collaboration étroite avec les artisans, ces travaux débouchent parfois sur l’emploi de matériaux inattendus et sensuels comme l’ivoire végétal, l’ébène ou le celluloïd. Dans cette veine précieuse, l’artiste réalisera aussi quelques livres-objets qui témoignent encore d’un certain goût baroque pour le pli.

Développant à sa façon une poésie concrète, le peintre construit dès le milieu des années 1980 certains de ses tableaux à partir d’un jeu non seulement de lignes et de couleurs, mais encore de lettres ou de mots. Dans plusieurs compositions, ce seront aussi les figures qui s’inviteront clandestinement en perturbant ainsi le dogme d’une abstraction géométrique auquel le peintre n’aura jamais adhéré totalement. Par un effort d’imagination et un jeu de suggestion, il est ainsi possible de reconnaître dans nombre de ses tableaux, dépourvus à première vue de figuration, les signes de choses concrètes : la cime d’un sapin, un nez de clown, les lettres d’un mot. Pour d’autres compositions, l’abstraction procède de la seule stylisation du motif qui, réduit à un pictogramme, demeure clairement identifiable : un masque, un trou de serrure, une pipe, une chaise et une table de bistrot. Pour d’autres encore, les références visuelles dont certaines sont tirées de l’histoire de l’art, comme la toile New York Movie d’Edward Hopper dans Louvreuse, nécessitent d’être énoncées clairement pour les retrouver. Dans cet esprit, entre abstraction et surréalisme, Léon Wuidar rendra d’ailleurs hommage à René Magritte par un clin d’œil à sa célèbre “pipe” (La Trahison des images, 1928 – 1929).

La plume et l’encre occupent une place importante dans les procédés de composition, les projets d’intégration et les multiples travaux graphiques que Léon Wuidar réalise avec une remarquable précision. Éprouvante, la technique du dessin à main levée dont il s’empare à ses débuts est abandonnée ensuite pour donner lieu vers 1990 à des œuvres où intervient en plus du dessin le collage d’éléments trouvés, notamment des cartes postales et des papiers marbrés (à la cuve). Depuis des décennies, Léon Wuidar accumule d’ailleurs dans ses carnets de dessins des projets, des notes et des recherches graphiques, toujours de petite taille, dont la diversité ne retire rien à la cohérence esthétique de l’ensemble. Au fil des pages, s’enchaînent et se mélangent, telle une collection de timbres postes, les multiples facettes d’une œuvre qui se donne à voir dans toute l’étendue de sa curiosité et en formule la synthèse : publicités, motifs ornementaux, typographie, reliures, jeux de mots, et surtout diverses compositions pour de potentiels tableaux… à réaliser un jour. S’y dévoilent nombre de recherches graphiques où se déclinent en un alphabet visuel de tels motifs décoratifs, parfois associés même à des éléments naturalistes : l’étoile, la neige, l’éclair, le feu, le cœur, la Lune ou encore l’œil. Cette manière de concevoir le dessin comme une figuration proprement emblématique du monde rapproche aussi sa démarche de celle d’un autre peintre liégeois : Marcel Lempereur-Haut. Abstrait de la première heure, cet artiste discret fut l’auteur d’une œuvre géométrique, à partir des années 1920, où les jeux délicats de polygones ou de fractales renvoyaient, si on voulait, aux formes merveilleuses d’un nid d’abeilles ou d’un flocon de neige. Ancré dans son désir de poursuivre l’aventure de l’art moderne tout en s’en distanciant avec modestie et humour, Léon Wuidar a accepté ainsi que soit présenté en regard de son œuvre un tableau de ce premier abstrait wallon.

Tout au long de sa carrière, Léon Wuidar a exposé régulièrement ses œuvres. Depuis une décennie, sa présence sur la scène artistique prend une envergure de plus en plus internationale, comme en témoignent ses expositions personnelles à Bonn (2007), Lille (2009), Londres (2018) ou Zurich (2020). Par ailleurs, son travail figure également dans de nombreuses collections publiques en Belgique (Musée des Beaux-Arts, Bruxelles ; Bibliothèque Albertine, Bruxelles ; Musée d’Art Wallon, Liège ; Cabinet des Estampes, Liège ; Musée en plein air du Sart Tilman, Liège ; Centre de la gravure et de l’image imprimée, La Louvière ; Fondation Meeùs, Louvain-la-Neuve ; Musée de Mariemont, Morlanwelz ; Musée des Beaux-Arts, Verviers) et à l’étranger (Fernmeldetechnisches Zentralamt, Darmstadt, Allemagne ; Dorstener Maschinenfabrik, Dorsten, Allemagne ; Fondation IDAC, Mondriaanhuis, Amersfoort, Pays-Bas).


Contempler encore…

HUSQUINET : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)

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HUSQUINET Jean-Pierre,  Sans titre (issu de la série “Sept abstraits construits”)
(sérigraphie, 62 x 52 cm, 1987)

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Jean-Pierre Husquinet

Jean-Pierre HUSQUINET est né à Ougrée en 1957. Il fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. En 1980, il se spécialise dans la technique de la sérigraphie. Il est le fondateur et animateur des éditions Heads and Legs à Liège, éditions spécialisées dans la publication de sérigraphies d’art construit. Jean-Pierre Husquinet se livre dans les années 1990 à des expérimentations liant la pratique sculpturale et la musique. (d’après CENTREDELAGRAVURE.BE).

Sérigraphie issue d’un recueil collectif intitulé “Sept abstraits construits” rassemblant des estampes de Marcel-Louis Baugniet, Jo Delahaut, Jean-Pierre Husquinet, Jean-Pierre Maury, Victor Noël, Luc Peire et Léon Wuidar (imprimeur et éditeur : Heads & Legs, Liège). Lors de sa parution, en novembre 1987, le recueil complet fut présenté à la Galerie Excentric à Liège dans le cadre d’une exposition intitulée Constructivistes Belges. (d’après CENTREDELAGRAVURE.BE)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Jean-Pierre Husquinet | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

LOREA : L’Entre deux (2017, Artothèque, Lg)

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LOREA Pascale, L’Entre deux (eau-forte et linogravure, 50 x 70 cm, 2017)

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© loreapascale.wixsite.com

Née en 1964, Pascale LOREA est diplômée en gravure de l’ESAVL (Beaux-arts de Liège), elle est enseignante à l’Institut Marie-Thérèse à Liège. Répondant à des expositions personnelles et collectives, l’artiste fait partie du groupe de graveur(se)s Impression.

La composition abstraite en noir et blanc réalisée en gravure sur bois et métal est représentative des recherches menées en gravure par l’artiste. Imaginant des formes dont l’aspect évoque des matières organiques ou végétales, la graveuse associe des pleins et des vides, confronte la finesse d’un trait à la profondeur d’un noir et d’un trait blanc qui la traversent. S’articule alors un univers mystérieux d’où de multiples sujets imaginaires ou réels émergent.

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © loreapascale.wixsite.com | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

RANSONNET : Sans titre (2003, Artothèque, Lg)

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RANSONNET Jean-Pierre, Sans titre
(xylogravure, 42 x 32 cm, 2003)

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ransonnetjp
Jean-Pierre Ransonnet © mu-inthecity.com

Jean-Pierre RANSONNET, né à Lierneux en 1944, est un artiste belge. Il vit et travaille à Tilff, en Belgique. Formé à l’École supérieure des Arts Saint-Luc de Liège (1962-1968), Jean-Pierre Ransonnet séjourne en Italie en 1970 grâce à une bourse de la fondation Lambert Darchis. Il enseigne le dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Liège de 1986 à 2009.

Cette série de gravures sur bois de Jean-Pierre Ransonnet est une variation sur des formes plastiques abstraites, ou évoquant des sapins. L’artiste use de l’expressivité du bois gravé, laissant transparaître les veines du bois, matière même de son discours.

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : ©  Jean-Pierre Ransonnet ; mu-inthecity.com | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

GOUSSET : Blue Outremer (2012, Artothèque, Lg)

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GOUSSEY Roel, BLUE Outremer
(estampe, 28 x 53 cm, 2012)

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Roel Goussey © kasteelstraat1.be
Roel Goussey © kasteelstraat1.be

Roel GOUSSEY (né en 1947) est originaire de Flandre maritime, communément appelée Polders – le paysage s’y résume à une horizontale qui départage des gris lumineux, il s’est nourri de ces multiples visions et les a longuement observées dans leurs moindres nuances. Ces “arrière-pays” sont devenus au fil du temps des paysages mentaux que l’artiste restitue avec sensibilité.

Cette gravure est représentative du travail de variations colorées dans l’abstraction géométrique de Roel Goussey. Ses productions sont structurées autour de lignes horizontales et verticales, traduisant une perception de l’organisation du monde sensible, régit par l’émotion et la vibration.

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Roel Goussey ; kasteelstraat1.be | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

MAURY : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)

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MAURY Jean-Pierre, Sans titre
(série “Sept abstraits construits”)
(sérigraphie, 62 x 52 cm, 1987)

Et pourquoi pas emprunter cette oeuvre gratuitement
à l’Artothèque Chiroux de la Province de Liège ?

Jean-Pierre Maury © arteeshow.com

Après des études de journalisme et de sciences politiques, Jean-Pierre MAURY (né en 1948) entreprend une formation artistique à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles où il enseignera par la suite. Il poursuit depuis 1968 une recherche qui trouve sa place dans le développement de la mouvance construite. Après 1978, sa réflexion s’est exercée uniquement sur un élément plastique minimal : le croisement de deux lignes. Il fut cofondateur et coéditeur de la revue “MESURES art international” aux côtés de Jean-Pierre Husquinet, Jo Delahaut et Victor Noël. (d’après CENTREDELAGRAVURE.BE)

Sérigraphie issue d’un recueil collectif intitulé “Sept abstraits construits” rassemblant des estampes de Marcel-Louis Baugniet, Jo Delahaut, Jean-Pierre Husquinet, Jean-Pierre Maury, Victor Noël, Luc Peire et Léon Wuidar (imprimeur et éditeur : Heads & Legs, Liège). Lors de sa parution, en novembre 1987, le recueil complet fut présenté à la Galerie Excentric (Liège, BE) dans le cadre d’une exposition intitulée “Constructivistes Belges”. (d’après CENTREDELAGRAVURE.BE)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Jean-Pierre Maury ; arteeshow.com | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

FREUNDLICH, Otto : l’abstraction au service de la paix

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FREUNDLICH Otto, La Rosace II (1941) © Musée de Pontoise

Il a côtoyé toutes les avant-gardes, de l’expressionnisme à Abstraction-Création en passant par Dada. Otto Freundlich mérite sa place de pionnier de l’abstraction, aux côtés de František Kupka, Vassily Kandinsky et Piet Mondrian. À proximité du Bateau-Lavoir où il a séjourné, le musée de Montmartre organise une grande rétrospective sur ce peintre mésestimé, humaniste voguant entre la France et l’Allemagne, déporté et assassiné au camp de Sobibor en 1943.

Allemand à Paris entre deux guerres mondiales, Otto FREUNDLICH (1878–1943) porte décidément bien son nom, celui-ci signifiant “amical”. Son destin s’écrit dans la tragédie du siècle, s’ouvrant dans la Pologne annexée à l’Empire allemand en 1878 pour s’achever dans l’horreur de l’Holocauste, soixante-cinq ans plus tard. D’origine juive, Freundlich est protestant par son éducation. Ses parents voulant d’abord en faire un dentiste, il ne s’affirme que tardivement comme artiste, à Munich en 1904. Dans la cité bavaroise où la vie artistique bouillonne d’expositions et de styles nouveaux, Freundlich fait la connaissance de Paul Klee et de Vassily Kandinsky, futures têtes pensantes de l’expressionnisme. Comme eux, il s’intéresse à la théorie des correspondances entre peinture et musique.

L’ambition de Freundlich ? Peindre le rythme ! D’abord au moyen de la figuration. Il arrive à Paris en 1908 et loue un atelier à Montmartre, au Bateau-Lavoir, où il se lie avec son voisin, un certain Pablo Picasso. Désirant composer ses propres Demoiselles d’Avignon”, Freundlich va passer trois années à épurer ses figures pour les fondre dans la masse : “Composition” (1911) marque un saut dans l’abstraction, parallèle à ceux de Kupka, Kandinsky et Robert Delaunay au même moment.

Dans cette évolution, le passage par le vitrail s’avère déterminant : Freundlich l’expérimente dans les ateliers de restauration de la cathédrale de Chartres en 1914, juste avant la guerre. “La décomposition est plus mystérieuse que la composition”, professe-t-il alors. Cet assemblage de pièces de verre, cette découpe à même la lumière lui inspirent un style pictural qu’on pourrait qualifier de patchwork. Freundlich décompose, donc, par des croquis méticuleux ne laissant pas de place à l’imprévu.

Otto Freundlich, Composition, 1938–1941 (vitrail) © Musée de Pontoise

En 1914, l’homme s’engage côté Allemand, mais déchante vite. L’horreur de la guerre imprime en lui un pacifisme intransigeant. Marqué par la Révolution russe de 1917 puis par le mouvement spartakiste de 1918–1919, Freundlich revendique son socialisme. À Berlin, il fréquente Raoul Hausmann, Hannah Höch et Otto Dix, entre autres membres du club Dada. En 1919, il manque d’intégrer le Bauhaus, fondé par Walter Gropius à Weimar. Freundlich ne dénonce pas la guerre aussi radicalement que les Dadaïstes, mais veut la conjurer par l’abstraction à même, pour citer l’ouvrage manifeste de Kandinsky, de réinstaurer du Spirituel dans l’art. [lire la suite sur BEAUXARTS.COM]


Plus d’art visuel…

NEWMAN, Barnett (1905-1970)

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Barnett Newman: The Late Work, The Menil Collection, March 2015 © artbooks.yupnet.org

Né à Manhattan en janvier 1905, Barnett NEWMAN est le fils d’un couple d’immigrés polonais juifs qui lui inculquent une éducation religieuse. Après le lycée, il s’inscrit à l’Université de New York pour étudier la philosophie. Pendant ses études, il fréquente les galeries et les musées et peint des œuvres impressionnistes. Dès ses 25 ans, il devient, tout en continuant à peindre, critique d’art et commissaire d’expositions. Dans le contexte de crise mondiale des années 1930, Newman pense l’art par rapport aux événements politiques. « La peinture est finie, nous devrions tous l’abandonner » écrit-il dès le début de la Seconde Guerre Mondiale. Après Pearl Harbor, Hiroshima et la découverte des camps, l’impuissance de la peinture lui paraît plus évidente encore. 

Barnett Newman, The Stations of the Cross, Lema Sabachthani, Twelfth Station [detail], 1965 © art-critique.com

(…) Newman souhaitait que ses tableaux soient le lieu d’une communion du spectateur avec lui-même et avec les autres. « J’espère que ma peinture peut donner à chacun, comme elle l’a fait pour moi, la sensation de sa propre totalité, de sa propre existence séparée, de sa propre individualité, et en même temps de sa connexion avec les autres, qui existent aussi séparément » écrivait-il. Lui qui fut l’un des rares artistes de sa génération à refuser de participer au programme gouvernemental d’aide aux artistes (Work Progress Administration) estimant que cet argent était celui de l’isolationnisme donnait à l’abstraction un potentiel social, voire politique. Ainsi écrivait-il : « On m’a demandé ce que signifiait vraiment ma peinture par rapport à la société, par rapport au monde, par rapport à la conjoncture. J’ai répondu que si mon travail était correctement compris, ce serait la fin du capitalisme et du totalitarisme d’État. Mon travail, en termes d’impact social, signifie la possibilité d’une société ouverte, d’un monde ouvert et non d’un monde institutionnel fermé. » (lire l’article complet sur art-critique.com)


[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation par wallonica.org  | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : artbooks.yupnet.org ; art-critique.com


Plus d’arts visuels…

ANGELI : Monochrome Irrégulier ocre/jaune (1998, Artothèque, Lg)

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ANGELI Marc, Monochrome Irrégulier ocre/jaune (pochoir -tempéra, pigments et matériaux naturels, n.c., 1998)

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Marc Angeli © art-info.be

Né à Bruxelles en 1954, Marc ANGELI étudie la peinture et le dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. Il reçoit le prix Jules Raeymackers, (Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts, Bruxelles). Professeur de peinture à l’Ecole Supérieure des Arts Ville de Liège (1977-2014), il participe en outre à maintes expositions personnelles et collectives en Belgique et à l’étranger. Nombre d’œuvres de l’artiste ont été acquises par des collections publiques, institutionnelles et privées.

Depuis la fin des années 80, l’artiste poursuit une démarche picturale singulière, une peinture proche de son histoire utilisant des matériaux naturels qui résonnent en lui et révèlent son rapport nostalgique à la nature. Dans cette œuvre, pigments en poudre et couleurs minérales sont mélangés de manière artisanale et sensuelle à des éléments organiques : pollen, œuf, curcuma et miel. Par cette démarche sensible et l’exploration de techniques anciennes qui se réfèrent à l’histoire de la peinture, Marc Angeli nous donne à voir, à découvrir de nouvelles textures et vibrations surprenantes et inattendues. (Texte de Graziella VRUNA).

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Marc Angeli ; art-info.be | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

WUIDAR : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)

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WUIDAR Léon, Sans titre
(série “Sept abstraits construits”)
(sérigraphie, 62 x 52 cm, 1987)

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Léon Wuidar © Librairie Pax

Léon WUIDAR (né en 1938) est un artiste multiple : peintre, graveur, dessinateur, illustrateur de livres… Très attiré par l’architecture, persuadé de la complicité entre l’architecte et le plasticien, il réalise de nombreuses intégrations pour divers édifices publics (restaurant universitaire du Sart-Tilman, lambris émaillés au CHU à Liège et dans une crèche à Paris, grille en façade du Centre administratif du MET à Namur…). Si les compositions de Léon Wuidar reposent sur l’ordonnance des formes géométriques, des lignes et des couleurs, leur structure interne est stimulée par une dynamique empruntée aux jeux de mots (le cadavre exquis le passionne), aux jeux de formes (le Tangram chinois, les anciens almanachs sans textes), à la conception d’objets de tradition artisanale. (d’après MUSEEROPS.BE)

Sérigraphie issue d’un recueil collectif intitulé “Sept abstraits construits” rassemblant des estampes de Marcel-Louis Baugniet, Jo Delahaut, Jean-Pierre Husquinet, Jean-Pierre Maury, Victor Noël, Luc Peire et Léon Wuidar (imprimeur et éditeur : Heads & Legs, Liège). Lors de sa parution, en novembre 1987, le recueil complet fut présenté à la Galerie Excentric à Liège dans le cadre d’une exposition intitulée “Constructivistes Belges”. (d’après CENTREDELAGRAVURE.BE)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Léon Wuidar ; Librairie Pax | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

ROMAGNE : L’envolée (s.d., Artothèque, Lg)

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ROMAGNE Laurie-Anne, L’envolée
(photographie, gomme bichromatée, 21 x 29,7 cm, s.d.)

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Née en 1990 à Ploemeur en Bretagne, Laurie-Anne ROMAGNE réside actuellement à Liège. Elle a pratiqué la photographie d’abord de manière autodidacte, puis elle a quitté la France pour la Belgique, afin de réaliser trois années d’études de photographie à l’Ecole supérieure des Arts Saint-Luc à Liège.

Diplômée photographe, elle est aujourd’hui spécialisée dans la photographie d’auteur, et réalise des commandes photographiques diverses aussi bien pour des entreprises que pour des particuliers. Son travail est intimiste, elle nous emmène vers un univers poétique et introspectif. Éclectique, elle pratique le numérique, l’argentique, mais aussi la gomme bichromatée, technique d’impression inventée dans la seconde moitié du XIXe siècle à partir d’un mélange de gomme arabique, d’eau, de pigments et de bichromate de potassium. Composition d’image obtenue par la superposition successive de plusieurs couches colorées exposées, rincées et séchées plusieurs fois, ce procédé minutieux et répétitif, lent et artisanal, débouche sur des résultats à chaque fois uniques, impossibles à reproduire à l’identique, d’une matière granuleuse et d’apparence picturale.

Cette impression photographique est réalisée par la technique de la gomme bichromatée. Cette manière de faire, très délicate, permet un rendu pictural. Ainsi, la nuée d’oiseaux dans le ciel semble réalisée au crayon, tant le grain du papier se donne à voir.

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : portrait © Laurie-Anne Romagne ; logo St-Luc © RTN STUDIO | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

DELAHAUT : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)

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DELAHAUT Jo, Sans titre 
(sérigraphie, 60 x 50 cm, 1987)

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Jo Delahaut chez lui à Evere (ca 1990) © Jacques Evrard

Premier abstrait géométrique en Belgique après 1945, Jo DELAHAUT (1911-1992) rejoint aussi, par l’absolue contention formelle de son œuvre, la nouvelle peinture américaine des années soixante (courant hard edge). Après des cours de dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Liège (1928-1934), il est licencié en histoire de l’art de l’Université de Liège (1935) et docteur en 1939 (“Le néo-classicisme en Belgique”). En 1954, il signe avec Bury, Elno et Séaux le manifeste du Spatialisme : la couleur doit émerger du plan pour imprégner l’espace même de la vie. (d’après Brayer, Marie-Ange, in BALAT.KIKIRPA.BE)

Sérigraphie issue d’un recueil collectif intitulé “Sept abstraits construits” rassemblant des estampes de Marcel-Louis Baugniet, Jo Delahaut, Jean-Pierre Husquinet, Jean-Pierre Maury, Victor Noël, Luc Peire et Léon Wuidar (imprimeur et éditeur : Heads & Legs, Liège). Lors de sa parution, en novembre 1987, le recueil complet fut présenté à la Galerie Excentric à Liège dans le cadre d’une exposition intitulée “Constructivistes Belges”. Cette contribution de Jo Delahaut illustre bien le travail sur les formes et les couleurs de l’artiste, magnifié par les aplats impeccables permis par la sérigraphie. (d’après Centre de la Gravure et de l’Image imprimée)

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Jo Delahaut ; Jacques Evrard | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques