LIEGE : La création du monde (c’est Tchantchès qui la raconte…)

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Au début, il n’y avait rien.
Le premier jour, Dieu créa Liège et tout s’illumina ;
Le second jour, il créa D’ju d’là* et tout se mit à vivre ;
Le troisième jour, il créa Tchantchès* et on entendit rire ;
Le quatrième jour, il créa Nanesse* et on entendit braire ;
Le cinquième jour, il créa le péket et les fêtes s’animèrent ;
Le sixième jour, il créa le reste, la terre, les étoiles, les animaux…
Juste pour le bon plaisir du peuple de Liège ;
Et le dimanche comme de bien entendu, il est allé se reposer en bord de Meuse avec Tchantchès et sa Nanesse tout en buvant un frisse pèkèt* ;
Durant la conversation, il se dit : bel après-midi, mais, pour la matinée c’est trop calme.
Et… Il créa la Batte*.
Voilà pourquoi nous sommes fiers d’être Liégeois !

[auteur anonyme]

Quelques explications :

      • D’ju d’là : quartier d’Outremeuse situé – comme son nom l’indique – ‘de l’autre côté’ de la Meuse, par rapport au centre-ville ;
      • Tchantchès & Nanesse : couple légendaire de Liégeois, réputés pour leurs disputes (voir ci-dessous) ;
      • Pèket : nom wallon donné au genièvre, la boisson typique du Pays de Liège ;
      • La Batte : marché dominical qui se tient sur les rives de la Meuse à Liège.

TCHANTCHÈS & NANESSE

[d’après PROVINCEDELIEGE.BE] Connaissez-vous le couple le plus célèbre des marionnettes liégeoises ? C’est un personnage légendaire. L’apparition de Tchantchès remonterait au 25 août 760. Selon la légende, il serait né entre deux pavés du quartier d’Outremeuse. Comme le petit bonhomme n’apprécie pas l’eau, son père lui fait goûter, avec succès, un biscuit trempé dans le pèkèt, (alcool liégeois aux baies de genévrier). Son sevrage se fait par la suite, avec un hareng saur, une pratique courante à l’époque, ce qui lui donne une soif ardente, pour la vie ! Notre héros hérite d’un physique peu gracieux. Durant son baptême, son nez s’allonge d’une façon démesurée après que la sage-femme le cogne accidentellement sur les fonts baptismaux ! Plus tard, atteint de la rougeole, on lui fait boire de l’eau ferrugineuse destinée à le guérir. C’est ainsi qu’il avale un fer à cheval de travers. Ce corps étranger l’empêche, depuis, de bouger la tête de bas en haut. Devenu adulte, Tchantchès participe à de nombreuses aventures avec ses fidèles compagnons, Roland le preux chevalier, l’archevêque Turpin et bien sûr l’empereur Charlemagne. La mort de Roland à la bataille de Roncevaux rend Tchantchès inconsolable. Tchantchès nous quitte définitivement, emporté par la grippe espagnole à l’âge de 40 ans. Il repose à proximité de la place de l’Yser, au pied du monument qui lui est dédié.

…et des marionnettes attachantes. La marionnette de Tchantchès foule les scènes des théâtres liégeois dès la fin du XIXe siècle. La plupart des montreurs s’identifient fortement à Tchantchès qui devient leur avatar ; ils réalisent souvent la marionnette à leur effigie. Tantôt blagueur voire critique vis-à-vis des puissants, tantôt peureux ou bagarreur, la palette de ses différents traits de caractère est immense. Il n’existe pas qu’un Tchantchès mais une multitude !

Quant à l’origine de Nanesse, elle reste mystérieuse : elle se situerait vers le début du XXe siècle. Peut-être a-t-elle été créée pour donner à Tchantchès une compagne et ajouter un peu de piquant à la vie de ce pauvre bougre ? Sa personnalité varie peu, contrairement à celle de son compagnon : c’est une femme de caractère, botteresse de profession, n’hésitant pas à mettre son homme au pas lorsqu’il a tendance à étancher sa soif plus que de raison.

Lors des spectacles, elle rythme le récit en intervenant à certains moments clés, en général pour ramener Tchantchès à la maison… Le couple n’est pas marié, les deux tourtereaux sont des applaqués, comme on dit à Liège. En effet, Nanesse refuse de convoler en justes noces car “le mariage est fait pour les sots.” Son apparence et son langage contraste avec celui des princesses du répertoire, souvent passives et peu hardies. Si l’arme secrète et fatale de Tchantchès est un côp d’tiésse épwèzoné (un coup de tête empoisonné), Nanesse n’est pas en reste avec ses coups de poêle à boûkètes (crêpes liégeoises à la farine de sarrasin) ! Figures emblématiques du folklore liégeois, ces deux personnalités authentiques et attachantes, perpétuent joyeusement la légende auprès de tous les petits (et grands) enfants.

J.D.

Et la tradition continue…

[2023] Bouli Lanners, récemment primé aux césars, se lance dans le monde des marionnettes, et en famille. Sa femme, Elise Ancion, est la fille de feu Jacques Ancion, marionnettiste-sculpteur du célèbre théâtre Al Botroûle. Un théâtre qui renaîtra de ses cendres sous un nouveau nom, mais avec les mêmes marionnettes, qui sont en pleine rénovation. Pour en savoir plus, lisez notre article : AL BOTROÛLE : Bouli Lanners fait revivre des marionnettes et leur théâtre… et ils ne d’ailleurs sont pas les seuls à vivre cette tradition, comme le montre ce reportage de 1959 :


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Vivre son quotidien en Wallonie-Bruxelles…

CASALS : Le chant des oiseaux, un hymne à la paix

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[RADIOFRANCE.FR/FRANCEMUSIQUE, 29 décembre 2023] Une chronique à la découverte d’un chant de noël catalan qui signifiait beaucoup pour le violoncelliste puisqu’il en réalisa une transcription qu’il joua toute sa vie, comme un symbole de la Catalogne, de la liberté et de la paix.

C’est un air anonyme que l’on chante depuis des siècles en Catalogne. Un chant de noël qui résonne depuis le moyen-âge et qui au cœur de l’hiver nous donne l’espoir qu’un jour le printemps reviendra. Les paroles de cet air sont dites par des oiseaux. C’est un aigle, un moineau, une linotte et une mésange qui chantent tour à tour le retour du ‘Sauveur’ et avec lui de la paix et de la joie.

Le chant des oiseaux, El cant dels ocells a connu de nombreuses variations au cours des siècles. Au XIXe siècle, le compositeur Pep Ventura entendait dans ce chant mélancolique sur le mode mineur, l’occasion de composer une sardane dansante et pleine de vie que l’on pourrait jouer sur un tenora, un hautbois traditionnel catalan. Mais à l’opposé du thème joué par le tenora, des pépiements des flûtes et les motifs rythmiques imaginés par Pep Ventura, il est une autre version plus récente, plus épurée, pour un seul instrument et que l’on connait peut-être mieux. Un autre chant des oiseaux est possible, il suffit de ralentir le tempo, de revenir à une forme plus épurée, avec, pour commencer, un piano qui gazouille… A la question posée par les trilles du piano répond un violoncelle. Le violoncelle de Casals.

Pablo ou plutôt Pau Casals connaissait cet air depuis l’enfance. Avant que son père ne lui fabrique un violoncelle artisanal, avant de découvrir chez un libraire de Barcelone les Suites pour violoncelle de Bach qu’il ressuscitera, avant qu’il ne devienne le plus célèbre des musiciens de Catalogne, sa maman dont il était très proche lui chantait cette berceuse, dans son berceau.

Un Chant des oiseaux qu’il joua pendant toute sa carrière, à la fin de ses concerts. La version que l’on entend avec le pianiste Mieczyslaw Horszowski a été enregistrée le lundi 13 novembre 1961 à la Maison Blanche. Il faut imaginer Casals face au couple Kennedy et des artistes, politiciens, compositeurs triés sur le volet et qui découvre le jeu d’un musicien qui s’était pendant des années murés dans le silence de la ville de Prades en Catalogne française.

Pourquoi a-t-il joué ce morceau devant le président des Etats-Unis et devant le conseil des nations unies lors de ses différentes visites à l’ONU. Car ce chant lui rappelle sa chère Catalogne, quand elle était libre, avant la guerre d’Espagne, avant la dictature de Franco. Pour Casals, cet air est celui d’une paix fragile et que les oiseaux ne cessent de chanter comme le rappelle le violoncelliste en 1971 lors de son dernier discours donné à l’ONU…


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Savoir écouter en Wallonie-Bruxelles…

Qui est Krampus, la créature légendaire qui punit les enfants ?

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[NATIONALGEOGRAPHIC.FR] Qui est Krampus, la créature légendaire qui punit les enfants ? Le Père Noël n’a qu’à bien se tenir : une terrifiante bête de Noël nommée Krampus a envahi la pop-culture pour châtier les enfants qui n’ont pas été sages.

Krampus © Culture Re-View

Père fouettard, nous vous présentons Krampus : cette terrifiante créature mi-chèvre, mi-démon, qui frappe littéralement les enfants pour les forcer à être sages. Krampus n’est pas fait de l’étoffe des rêves : il est doté de cornes, d’épais cheveux noirs et de crocs, porte une lourde chaîne, des cloches qu’il fait tinter avec force et d’un fouet qu’il fait claquer sur la peau des enfants qui n’ont pas été sages. Quand il les attrape, il entraîne les vilains garnements dans le bas monde.

Mais quelles sont les origines de ce “diable de Noël” ?

Krampus, dont le nom est dérivé du mot allemand Krampen, qui signifie griffes, est le fils de Hel dans la mythologie nordique. Ce monstre légendaire a les mêmes caractéristiques que d’autres créatures démoniaques et effrayantes de la mythologique grecque, comme les satyres et les faunes.

Ce légendaire personnage fait partie de la tradition de Noël depuis des siècles en Allemagne, où les fêtes de fin d’année commencent début de décembre.

Krampus est le pendant maléfique de Saint Nicolas, qui récompense les enfants avec des bonbons. D’après le folklore germanique, Krampus arrive dans les villes la veille du 6 décembre, la Krampusnacht. Le 6 décembre est le jour de Saint Nicolas, le Nicolaustag. Les enfants allemands se précipitent au matin pour voir si les chaussures ou les bottes qu’ils ont laissées sur le pas de leur porte contiennent des cadeaux (en récompense de leur bon comportement) ou une baguette (en punition pour leur mauvais comportement).

D’autres manières plus modernes de célébrer le 6 décembre peuvent être observées en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Slovénie et en République tchèque, où des hommes ivres se déguisent en Krampus et tels des diables envahissent les rues pour le Krampuslauf, (littéralement la pluie de Krampus) tandis que les gens courent partout pour les fuir.

Krampuslauf © The Atlantic

Pourquoi effrayer les enfants avec de si monstrueuses créatures païennes ? Peut-être est-ce là un moyen pour les hommes d’exprimer leur côté animal. De telles impulsions peuvent être le moyen d’exprimer une “double personnalité”, une ambivalence humaine, selon António Carneiro, interrogé par le magazine National Geographic en début d’année au sujet de la résurgence des traditions païennes. Ceux qui se déguisent en monstres “deviennent des êtres mystérieux“, explique-t-il.

VOUS PRÉFÉRERIEZ DES MORCEAUX DE CHARBON ?

Krampus et la peur qu’il suscitait ont disparu pendant plusieurs années – l’église catholique a longtemps interdit les célébrations pouvant créer la panique et durant la deuxième guerre mondiale, les fascistes avaient interdit cette tradition qu’ils associaient aux sociaux-démocrates.

Mais Krampus n’est jamais loin et il fait son grand retour, porté par tous ceux qui abhorrent Noël et qui souhaitent célébrer la saison des fêtes de manière non-traditionnelle. Aux États Unis, on commence à organiser des fêtes pour célébrer Krampus. Même les séries s’y mettent : un épisode d’American Dad a été consacré à ce personnage fallacieux (Minstrel Krumpus), mettant en lumière le mouvement des célébrations anti-Noël.

Bonjour de Krampus © DR

En Autriche “la personnalité hostile” de Krampus est en passe de devenir un objet commercial : chocolats, figurines et cornes en plastique sont chaque année proposées au grand public. La commercialisation à outrance de l’image de ce monstre commence déjà à être critiquée dans le pays.

Il semble que le Père Noël ait de la concurrence.

Tanya Basu


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Plus de savoir-vivre au quotidien en Wallonie-Bruxelles…

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se bodding !

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[d’après BRUSSELSLIFE.BE, 14 juin 2015] Là où le reste du monde fait valser ses tartines un peu séchées dans un grille-pain ou les imbibent de lait et d’œuf avant de les perdre quelques minutes dans une poêle bien beurrée, les Bruxellois les transforment en bodding !

Il y a quelques années, le bodding était, comme les frites et les ballekes, une véritable institution bruxelloise. Aujourd’hui, pour dénicher ces restes de pains et de viennoiseries recuits après avoir été accommodés de rhum, d’eau, de cassonade, de sucre de gros calibre et de raisins, vous devrez pousser la porte des boulangeries traditionnelles de la capitale. On vous fait découvrir l’origine du bodding, la recette traditionnelle bruxelloise et certaines déclinaisons gourmandes à déguster !

Le bodding, wadesda ?

Bodding. Non, il ne s’agit pas de Paul Olaf Bodding (1865-1938), missionnaire chrétien aux Indes et éminent folkloriste-linguiste norvégien, ni de feu Robin Gibb (1949-2012) des Bee Gees surnommé “Bodding” dans son enfance… Le bodding dont on parle ici est l’une des spécialités culinaires bruxelloises, plus précisément un dessert. C’est une version du pudding réalisée avec des restes de boulangerie : du pain, des couques, etc. On y ajoute ensuite des œufs, du sucre candi, des raisins secs et du rhum dans sa variante brusseleir ! On obtient au final un cake avec la texture du fudge et le goût du pudding.

Aussi orthographié “bodink”, “bodding” serait une contraction du mot flamand “brood” [pain] et du mot anglais “pudding“, son origine remonterait au Moyen Âge. Il est aussi connu sous les noms de pain de chien ou gâteau du pauvre. En ligne, on nous apprend que le pudding au pain est également populaire dans les contrées anglo-saxonnes comme le Canada (principalement au Québec), les États-Unis et le Royaume-Uni. Le Mexique possède également un plat qui lui est proche avec le capirotada, consommé durant le Carême.

Véritable madeleine de Proust pour de nombreux Bruxellois, le bodding garnissait les tables du déjeuner et du goûter d’autrefois. Préparation facile et anti-gaspi par excellence, s’il a presque disparu des étalages des boulangeries (il n’est encore présent que dans certaines boulangeries traditionnelles), le bodding revient en force avec la tendance zéro déchet !

Si sa recette est aisée car à base de récup’, il n’en reste pas moins un gâteau bien calorique. Dessert ou gourmandise (appelez-le comme vous voulez), bodding classique ou agrémenté, servi avec du café (une “jat’café” comme on dit à Bruxelles), du thé ou du chocolat chaud, c’est un pur délice !

La recette du bodding à la bruxelloise

Totalement dans l’air du temps, la recette traditionnelle du bodding est facile à réaliser et permet de réutiliser les restes de pain et de couques que vous n’avez pas encore mangé. Il existe sans doute autant de recettes de bodding que de familles bruxelloises. Le principe reste toutefois le même… La recette bruxelloise classique est à base de raisins secs et de rhum. A vous d’adapter les grandes lignes qui suivent selon vos goûts et vos envies ! Elle est en tout cas parfaite pour cuisiner avec vos ketjes.

© lanacion.ar
Ingrédients
      • 1 kg de reste de pain et couques
      • 10 cl de lait tiède
      • 20 cl (une tasse) de café fort
      • 150 g de raisins secs
      • 4 œufs
      • 6 cuillères à soupe de cassonade
      • 6 cuillères à soupe de sucre semoule
      • 1 cuillère à soupe de rhum brun
Préparation

Rassemblez tous vos restes de pains et couques : pains blanc, pains gris, cramiques, pistolets, croissants… tout le monde est le bienvenu ! Coupez le tout en petits morceaux avant d’arroser de lait et de café. Laissez tremper pendant une heure et demie. En même temps, faites tremper les raisins secs dans le rhum avec deux cuillères à soupe d’eau durant autant de temps. Après une heure et demie, égouttez le mélange de reste, de lait et de café. Ajoutez les œufs et les deux sucres aux raisins et au rhum. Mélangez. Incorporez le mélange aux restes et malaxez bien le tout. Versez la préparation dans un moule et cuire entre 90 et 120 minutes dans un four préchauffé à 150 degrés. Pour être réussi, votre bodding doit rester un petit peu mou et humide au cœur. Smakelijk !

Vous pouvez sinon accommoder votre bodding de bon chocolat belge à la place des raisins secs ou de pommes, au choix.

Où acheter du bodding à Bruxelles ?

On trouve encore du bodding sur quelques marchés et dans certaines boulangeries traditionnelles. Du côté de Koekelberg, Stockel et Jette, la belle portion revient à 2,95 € et quand on vous parle de belle portion : on vous promet d’être rassasié ! A Auderghem, on propose le bodding entier (900 gr) à 4 € ou le demi à 2 €.

F.SOL. & M.DEK.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | source : brusselslife.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations :  © La cuisine de Ponpon ; © lanacion.ar.


Passer à table en Wallonie-Bruxelles…

Avisance (spécialité namuroise)

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[SUDINFO.BE, 21 mars 2023] L’avisance : le repas du pèlerin. Il existe sans doute de nombreuses manières de vexer un vrai Namurois. La plus efficace consiste sans doute à assimiler la véritable avisance namuroise à un vulgaire pain-saucisse.

Pour ne plus confondre ce joyau du patrimoine culinaire namurois avec un vague produit industriel, on vous explique tout. Pour comprendre toute la complexité de ce met à mi-chemin entre la pâtisserie et la boucherie, il faut remonter au Moyen-Age. À l’époque, les catholiques pratiquants formaient la majorité de la population. Pour ces croyants, il était important d’effectuer, au moins une fois dans sa vie, un pèlerinage. En Europe, le plus célèbre est sans doute celui de Saint-Jacques de Compostelle, dans le Nord de l’Espagne. Dans le même temps, la plupart des fidèles étaient de condition modeste. Il s’agissait donc d’éviter à tout prix le gaspillage alimentaire. Des recettes permettant d’accommoder les restes de repas sont apparues un peu partout en Europe. On citera, par exemple le Pan Forte florentin préparé avec tous les restes de pâtisserie. Historiquement, l’avisance était un repas de voyage, préparé avec un reste de viande placé dans une crêpe de pâte à pain et cuite avec celle-ci. Elle était alors mangée froide, sur le pouce, notamment à l’occasion de longs pèlerinages.

Une marque des pèlerins de St-Jacques-de-Compostelle (Namur) © DR

Aujourd’hui, cette spécialité culinaire de la ville de Namur prend la forme d’un chausson de pâte enroulée, fourré à la viande. Elle est aujourd’hui servie chaude, en entrée, généralement accompagnée de crudités. Doit-on encore le préciser, il s’agit d’un plat traditionnel qui ne doit pas être confondu avec les productions industrielles à base de minerai de viande nommé pain-saucisse. Sa recette contemporaine, défendue par la confrérie gastronomique appelée La Commanderie des Coteaux de Meuse, se compose d’un rectangle de pâte feuilletée au travers duquel on dépose un boudin de farce composé de haché de porc coupé finement et épicée (chair à saucisse). La crêpe de pâte étant ensuite roulée autour de la viande et soudée. Le tout est recouvert de dorure à l’œuf et cuit au four durant une vingtaine de minutes. Elle est proposée en cuisine de rue, lors de festivités populaires comme les fêtes de Wallonie. Mais on pourra aussi la trouver en entrée souvent accompagnée de moutarde douce. Il faut noter aussi que la confrérie gastronomique qui en fait la promotion peut vous indiquer un choix de vins adéquats et issus du terroir local puisque la Commanderie des Coteaux de Meuse produit du vin sur les hauteurs de Wépion.

V.M.


[GASTRONOMIE-WALLONNE.BE] Avisance de Namur. L’avisance est typique de la région namuroise aux fêtes de Wallonie. Cette recette de notre site a été présentée par Gérald Watelet dans l’émission Un gars, un chef le 27 sept 2013.

L’AVISANCE : HISTORIQUE

C’est un fourreau de pâte feuilletée, fourré de haché, servi chaud. Elle est surtout connue lors des fêtes de Wallonie de Namur, où on la trouve dans les bonnes échoppes. Elle mérite d’être servie en entrée lors d’un repas accompagnée de crudités. Son origine remonte dans le temps lointain où les Namurois se rendaient en pèlerinage à Notre -Dame de Halle. La route étant longue et le déplacement se faisant à pied, chacun se munissait de provisions de bouche et notamment, une crêpe enroulée autour de restes de viande. Les pèlerins disaient qu’ils avisaient, c’est à dire qu’ils prenaient leurs précautions. Cette crêpe est devenue au fil du temps, l’avisance.

La réussite dépend de la qualité de la pâte et de la qualité de la (chair à) saucisse. Nous donnons la recette avec de la pâte feuilletée, par souci de simplification, car on dispose actuellement de pâte feuilletée prête à l’emploi, mais à l’origine, on utilisait de la pâte à pain.

AVISANCE : recette n°1

Préparation : 10 min – Cuisson: 20 min
Ingrédients : pour 4 personnes

      • 4 feuilles de pâte feuilletée de 15 cm,
      • 4 saucisses,
      • 1 oeuf (pour dorer).

Préparation : Ultrasimple. Roulez chaque saucisse dans une feuille de pâte. Placez les avisances sur une platine à tarte. Dorez chaque avisance avec un peu de lait ou de jaune d’œuf. Mettez au four préchauffé à 220°C durant 20 minutes.

Variante : Vous pouvez retirer la peau des saucisses avant de les enrouler dans la pâte. Dans ce cas, mettez la saucisse au frigo bien froid ; la chair se défait plus facilement quand elle est bien refroidie !

Suggestion : Servez chaud.

Namur : une avisance record de 126 m de long (2022) © Mathieu Golinvaux

AVISANCE : autre méthode

Ingrédients :

      • Pâte feuilletée (rectangulaire),
      • Chair à saucisse,
      • Moutarde,
      • Dorure (à l’œuf).

Préparation : Abaisser légèrement la pâte feuilletée. Mettre à la poche à douille un trait de chair à saucisse. Tartiner de moutarde. Dorer les bords. Plier et souder. Découper et cuire au four 200°C +/- 20 minutes.

Autre façon de lire la recette :

L’AVISANCE di NAMEUR
Prinde on rèstangue di pausse feuyetée, au bure, d’one sipècheû di 3 mm èt di doze cm di laudje sus vingt cm di long, î mète 40 grs di atchî di pourcia bin r’lèvé. È fé one roulade à mète cûre o for, à 250° à peu près 20 munutes. On pou lèyî l’avisance au frigo 3 à 4 djoûs ou bin l’èdjaler. Au momint di sièrvu, rèstchaufer 10 munutes au for à 220°. Todi li sièrvu tchôde.

d’après la Confrérie des Coteaux de Meuse


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | source : sudinfo.be ; gastronomie-wallonne.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © lesoir.be ; © EdA Mathieu Golinvaux.


Passons à table en Wallonie-Bruxelles…

MÉMOIRE VIVE : Les femmes au lavoir

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[RTBF.BE, 8 mai 2018] Marie-Thérèse Dinant (73 ans), Simone Leclere (82 ans), et Germaine Meunier (90 ans) vivent encore à deux pas du lavoir de la Petite Chairière, à Vresse-sur-Semois. Elles y ont toutes trois fait leur lessive jusque dans les années 60. De leur maison, elles amènent alors le linge en brouette jusqu’à cette cabane de pierres. “C’est la fontaine du village en fait,explique Marie-Thérèse, avec un abreuvoir extérieur où les gens venaient faire boire leurs bêtes, et d’où l’eau coule ensuite vers le lavoir, à l’intérieur.” C’est une petite pièce, avec trois bacs en pierre qui se suivent dans la longueur : un bac de lavage, et deux bacs de rinçage… Il n’y a pas de porte, encore moins de chauffage, c’est plutôt spartiate.

En hiver, il fallait amener de l’eau chaude pour les mains, parce que l’eau était glacée, se souvient Simone en nous montrant ses mains usées, et parfois il gelait quand on pendait le linge, alors il était tout dur quand on allait le chercher.” Marie-Thérèse et Simone sont encore capables de reproduire les gestes qu’elles faisaient autrefois. “On se mettait à genoux, ici, le long du bac, sur une planche en bois pour que ce soit un petit peu plus confortable. On lavait le linge, puis on le mettait dans le bac de rinçage. On plaçait un drap dans le fond du bac pour ne pas ramasser les saletés, et on rinçait à grande eau. Ensuite, il fallait tordre tout ça. Si c’était un grand drap, on s’y mettait à deux.

Un vrai lieu de vie

Mais, à l’époque, on ne lave pas tout le linge au lavoir. Le blanc est d’abord passé dans une lessiveuse à champignon, l’ancêtre de nos machines à laver. Les parents de Marie-Thérèse Dinant en ont reçu une en cadeau de mariage, au début des années 40. Elle la décrit comme une bassine en tôle, avec une cheminée en son centre, coiffée d’une sorte de champignon troué, comme sur un arrosoir. “Dans le fond, on mettait de l’eau et du savon, puis on mettait le linge autour du cylindre, et on faisait chauffer. En chauffant, l’eau montait dans le tuyau, sortait par le champignon et arrosait tout le linge. On mettait ça sur le feu une bonne heure. Ensuite, on amenait la bassine au lavoir pour le rinçage. On savonnait les tâches qui restaient avec une brosse à chiendent, puis on jetait le linge dans le bac de rinçage.

Sur la droite, le lavoir de la Petite Chairière, vers 1912, avec l’abreuvoir à l’extérieur © Tous droits réservés

La tâche était ardue mais Germaine Meunier, la doyenne de 90 ans, garde un bon souvenir de ce temps-là : “C’était gai d’aller à la fontaine, parce qu’il y avait d’autres personnes, on se parlait, on se donnait des nouvelles. Je me souviens de Suzanne, elle prenait toujours la meilleure place !“C’est un vrai lieu de vie en somme, un endroit de rencontre au centre du village, presqu’exclusivement réservé aux femmes. D’après Marie-Thérèse Dinant, les hommes ne venaient presque jamais, si ce n’est pour conduire la brouette pleine de linge. “Ils avaient leur travail, aux champs, à la ferme. Mais je ne sais pas si les femmes auraient aimé que les hommes viennent, c’était leur quartier !

Du bleu pour du linge plus blanc

Les femmes avaient sans doute leurs secrets… Et elles avaient aussi leurs trucs, leurs techniques pour un linge impeccable : ajouter des petites boules de bleu indigo ou étaler le linge dans l’herbe, sur la rosée du matin. Enfin, dans les années 50, Marie-Thérèse et sa mère connaissent leur première machine électrique mais c’est toujours assez basique. “C’était une machine en bois, avec un mouvement de rotation. Il fallait ajouter de l’eau chaude et du savon, on laissait tourner une heure puis on enlevait le linge et on le rinçait au lavoir comme pour la lessiveuse.

Pour le rinçage et l’essorage, les dames de Vresse-sur-Semois devront attendre les années 60. Elles bénéficieront alors enfin de l’assistance des machines à laver automatiques venues d’Allemagne ou des Etats-Unis. Jusque là, il fallait une journée entière uniquement pour faire la lessive, sans compter le repassage. Autant dire que ça a changé leur vie. “Maman me disait : ‘J’embrasserais bien ma machine’. C’était un soulagement, et puis, ensuite, avec l’aspirateur, le mixeur, etc. Ça a vraiment libéré la femme !” Ca n’empêche pas Germaine Meunier d’être nostalgique : “Je regrette cette période-là, oui, parce que maintenant, je suis seule avec ma machine !” C’est à peine si elle n’envie pas leurs grands-mères qui, elles, lavaient encore directement leur linge dans la Semois…

Daphné Van Ossel, rtbf.be


LA GRANDE BUÉE… en Dordogne

Autrefois, faire la lessive se disait faire la buée ou faire la bue, termes à l’origine de l’étymologie de buanderie et de buerie. Dès le XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois l’an, après les fêtes de Pâques. Puis, les lessives sont devenues plus fréquentes. Au début du XIXe siècle, on parle des grandes lessives ou grandes buées qui s’effectuaient au printemps et à l’automne. Après un long et dur travail de préparation et de coulées du linge dans les buanderies, le linge était rincé au lavoir.

Les grandes lessives d’autrefois s’effectuaient généralement aux époques où il y avait peu de travaux aux champs. Au XIXe siècle, les lessives prenaient plusieurs formes :

    • les grandes lessives ou grandes buées (bugado du celte bugat, lessive) étaient des opérations d’envergure, qui avaient lieu une fois à l’automne et une fois au printemps. On comprend pourquoi les trousseaux de l’époque était aussi volumineux. Dans les familles aisées, une grande buée pouvait compter, en moyenne, 70 draps, autant de chemises, et des dizaines de torchons et de mouchoirs. C’était l’occasion de s’entraider entre voisines ;
    • les petites lessives ou petites buées avaient lieu une fois par semaine, généralement le lundi, pour des petites quantités de linge, essentiellement des vêtements. Le linge était lavé chez soi puis on venait le rincer au lavoir.
MATHE Jules-Hervé (1914) © Tous droits réservés

Les familles plus aisées faisaient appel aux lavandières, des laveuses professionnelles, qui allaient au lavoir tous les jours. En fonction du volume de linge à laver, les grandes buées duraient plusieurs jours, généralement trois appelés Purgatoire, Enfer et Paradis :

    • au premier jour, nommé Purgatoire, avait lieu le triage puis le trempage. Dans un cuvier, on disposait le linge en couches. Une fois rempli, le cuvier était rempli d’eau froide. Le linge y trempait toute la nuit pour éliminer un maximum de crasse ;
    • le deuxième jour, nommé Enfer, on vidait l’eau de trempage, puis on procédait au coulage en arrosant régulièrement le cuvier avec de l’eau de plus en plus chaude, puis bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions), l’eau s’écoulant par la bonde au fond du cuvier. Ce jour était appelé l’Enfer à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et touillé de temps à autre à l’aide d’un grand pieu solide ;
    • le troisième jour, nommé Paradis, le linge refroidi était conduit au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d’extraire le maximum d’eau de lessive), rincé et essoré. Quand ce travail était terminé, le linge était alors ramené au foyer pour y être séché. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d’où le nom de Paradis donné à cette journée.

Ces grandes lessives d’autrefois donnaient lieu à de grandes fêtes, avec repas festifs, souvent préparés par les grands-mères…

Pour en savoir plus (e.a. les techniques de lavage), visitez espritdepays.com


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | source : rtbf.be ; espritdepays.com | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, le lavoir de Torgny © JoelleC ; © Tous droits réservés.


Vivre le quotidien en Wallonie-Bruxelles…

LEGENDE : La gatte d’or du château de Logne (Ferrières)

Temps de lecture : 4 minutes >

Sur les rives de l’Ourthe, le château de LOGNE occupe un piton rocheux surplombant la rivière. L’emplacement est, comme il se doit pour une forteresse, choisi afin d’offrir un site dominant les alentours et difficilement accessible. En ce temps-là, les châteaux forts faisaient la guerre, pas du tourisme.

En 1521, Charles-Quint, excédé par les meurtres et les rapines de la famille de La Marck, celle du Sanglier des Ardennes, fit raser le château.

Mais bien plus tôt, en l’an 1100, Waleran, duc de Luxembourg habitait les lieux et régnait sur la région. A quelques lieues de là, son vassal le seigneur de Bierloz avait la charge de sécuriser le domaine car le brigandage était fréquent. De Bierloz remplissait sa mission de police avec une certaine aisance, il avait par contre, beaucoup plus de difficultés à surveiller et protéger sa fille Marthe. Marthe de Bierloz était d’une beauté fascinante. Son teint légèrement bistré, sa noire et abondante chevelure, ses grands yeux bruns d’où jaillissaient des éclairs, sa taille haute et fine, son port de reine, tout contribuait au prestige d’une merveille devant laquelle on se sentait pris d’une vive admiration.

Ainsi, les prétendants étaient-ils nombreux à s’attarder aux environs de Bierloz. Les palefrois des chevaliers en visite de courtoisie se croisaient sans cesse sur les chemins, jusque dans la cour du château de Bierloz. La mignonne ne prêtait guère d’attention à ces nobles guerriers, elle n’était pas intéressée par la gloire ou la fortune. C’est Alard qu’elle aimait, un simple page aux yeux bleus et à chevelure blonde. Le page était lui aussi transi d’amour pour la belle et savait que malgré la différence de rang, il deviendrait bientôt l’époux de Marthe. Le seigneur de Bierloz, brave homme, donnerait son consentement à cette union, ainsi qu’à n’en point douter, Waleran le maître du page également.

Waleran était bien le seul homme de toute la région à ignorer la beauté et la personnalité de Marthe. En fait, il ne connaissait pas la jeune femme, tout simplement.

La visite au château, jour maudit

En un jour maudit, le seigneur de Bierloz eut la très mauvaise idée d’envoyer sa fille au château de Logne pour y porter au duc un magnifique coq de bruyère chassé le matin même. Et bien sûr, le duc fut beaucoup plus séduit par la beauté de Marthe que par la chair du coq de bruyère. Le duc en perdit tout sens du devoir, offrit tant et tant d’or et de bijoux à la jeunette que celle-ci à son tour se laissa séduire. Son cœur fut plus sensible au vil attrait de la richesse qu’à l’amour éperdu que lui portait Alard, elle offrit son cœur et son corps au duc.

Le page en mourut de chagrin peu de temps après. Frappé par le déshonneur de la famille, le père de Marthe le suivit de peu. Marthe, elle, restait indifférente au deuil ainsi qu’au mépris et à la réprobation générale. Elle caressait ses bracelets, ses colliers, ses chaines d’or qu’elle amassait sans retenue.

Tant et si bien que, devant une telle avidité, le duc lui-même se détourna de la Belle et finit par enfermer sa concubine dans les souterrains du château. Un jour, on la trouva morte. Son corps était enlacé, emballé peut-on dire, par toutes les richesses qu’elle avait amassées. Les colliers, les chainettes entravaient ses jambes, elle était comme étouffée par ses joyaux. A la Noël suivante, dans les fossés du château, on aperçut une chèvre blanche qui errait. L’animal était couvert de bijoux resplendissants, les témoins reconnurent les parures de Marthe.

© Domaine de Palogne

Depuis lors, toutes les nuits de Noël, les paysans du voisinage se pressent aux alentours du château, espérant apercevoir et détrousser la chèvre. Ils se défient les uns les autres, soulevant de lourdes pierres, sondant les puits, explorant les creux des rochers. Beaucoup au cours de siècles aperçurent la chèvre, mais nul n’est encore arrivé à s’en emparer.

[d’après MEDIARDENNE.NET : adaptation libre selon la version
de Hubert Stiernet pour une édition de l’agence Havas en 1929]

  • Gatte : Désigne une chèvre en langue wallonne ;
  • Palefroi : Alors que le destrier est la monture réservée à la guerre ou à la chasse, le palefroi est le cheval de parade ou de promenade. Le cheval du dimanche, en quelque sorte ;
  • Page : Jeune homme généralement d’origine noble, attaché au service d’un seigneur ;
  • Coq de bruyère : Le tétras lyre était une espèce fréquente en Haute Ardenne jusqu’au début du XXème siècle. Il était un gibier de choix. Aujourd’hui, il est totalement protégé et ne subsiste plus que très difficilement dans les Hautes Fagnes.
  • L’illustration de l’article est © Steve Lemoine

Pendant ce temps, dans le Namurois…

On dit qu’une chèvre d’or vit dans les ruines du château de Fagnolles (Philippeville) et que seul les amoureux peuvent la voir aux douze coups de minuit la nuit de noël. Au village, Jean, un pauvre artisan est amoureux de Catherine, fille d’un gentilhomme. Les deux amoureux se voient en cachette car les parents de Catherine refusent le mariage. Un soir, les deux jeunes décident de capturer la gâte d’or. Ainsi, Jean possédera assez d’argent et demandera sa mie en épousailles. Minuit approche… Ils avancent dans les ruines sombres. Jamais on ne reverra les amoureux. Certaines nuits, lorsque la lune brille et que minuit sonne, la chèvre apparait dans les ruines accompagnée de deux ombres blanches enlacées.

N.B. Gâte signifie chèvre en wallon. En Entre-Sambre-et-Meuse, la gâte s’écrit avec 1 seul t car on ne double pas les lettres en wallon.

[d’après LEGENDAIRESANSFRONTIERE.COM]


D’autres légendes et symboles…

Le Bitu Magnifique (1959)

Temps de lecture : 4 minutes >

Le Bitu Magnifique, c’est à la fois le chanteur et le recueil de chants. C’est l’éternel student, jovial, superbe, aux portes de la Vie, épris d’idéal, qui sait l’essentiel et tourne en dérision le superflu. C’est aussi le recueil, héritage du folklore des générations de studiosi à l’Alma Mater, créé au sein de celle-ci ou amené par eux depuis leur ville, leur village, enrichi par les traditions d’autres langues et d’autres terroirs. Le Bitu Magnifique, c’est toi, carissime commilito, lorsque tu fais résonner tavernes et ruelles des échos de ces chants qui cinglent la joue du bourgeois et la fesse de la putain !” [BITU.ORG]

Ami du raffinement et de la dentelle, passe ton chemin : la transcription qui suit ne fera ton bonheur qu’à partir de la 7ème bière ! Encore faut-il que tu sois garçon, universitaire ou en passe de l’être, prompt au pet comme au rot et que la galanterie française te soit aussi naturelle qu’un chapeau à plumes sur un gorille ougandais. Toute allergie à la guindaille, au bizutage machiste ou aux combats de catch dans le vomi devrait te faire tourner le dos sans effort…

Pour ceux auront été interpellés par l’approche de Ernst Cassirer, ce philosophe allemand contemporain de Heidegger, qui avançait que l’homme -et la femme- étaient, par nécessité, créateurs de formes symboliques ; pour ceux qui s’intéressent justement à ces formes symboliques lorsqu’elles sont créées par des groupes et des communautés comme références de leur culture partagée et, partant, comme outil de contrôle de l’appartenance au dit groupe (gestes de reconnaissance, chansons à connaître par cœur, pratiques hebdomadaires et plus encore) ; pour tout ceux qui, comme Achille Chavée (1906-1969), sont des “vieux peaux-rouges qui ne marcheront jamais dans une file indienne” et qui, du coup, regardent d’un œil méfiant tout système fermé où l’allégeance à un code partagé est obligatoire ; pour tous ceux-là donc, le phénomène “Bitu” qu’il soit “petit” ou “magnifique” est d’un intérêt exotique certain.

La liste est longue des chansonniers estudiantins belges qui, édités par les confréries de chaque université, ont fini dans le caniveau après une guindaille sans matin. Le site CHANSONS-PAILLARDES.NET fait remonter l’édition de ces chansonniers au début du XVIIIe : l’éditeur Uriel Bandant (sic) aurait commis Le recueil du Cosmopolite dès 1735. Suivront, parmi d’autres, des ouvrages de haute tenue comme Le Parnasse libertin en 1772, La Gaudriole, chansonnier joyeux, facétieux et grivois chez les Frères Garnier (1849), Le panier aux ordures (Bruxelles, 1880), le Chansonnier des Etudiants Belges (publié par la Stùdentenverbindùng Lovania avec 800 chants, mélodie et paroles, 1901), La Chanson Estudiantine (Liège-Universitaire, 1909), Les Fleurs du mâle (ULB, 1922)… et en veux-tu en voilà. Qu’il s’agisse de ‘chansons de salle de garde’, de ‘chansons d’internat’ ou de ‘chansonniers de guindaille’, les grands éditeurs ne se sont pas toujours penchés sur le sujet et vous ne trouverez pas le Petit Bitu en Pléiade, avec une jaquette imperméable.

D’où l’intérêt de conserver sur nos serveurs des éditions anciennes de ces joyeux recueils, accessoires incontournables de fêtes paillardes dont on pourra débattre de l’intérêt. C’est le cas pour cette version de 1959 du Bitu Magnifique que nous transcrivons pour vous (et qui sera disponible en PDF dans la documenta) : il a été retrouvé en quasi décomposition dans la table de nuit d’un proche. A vous le plaisir de chercher dans le texte pourquoi on arrivait plus à refermer le cercueil de Saint-Nicolas…


TRANSCRIPTION EN COURS…


© Elio Nardellotto

Recueil de cantiques bachiques, à peine érotiques, agrémenté d’illustrations hardies (1959)

Ce chansonnier, édité par des étudiants, leur est strictement réservé et ne peut être mis dans le commerce.

Avertissement

Ce recueil ne doit pas entrer
Au sein des paisibles familles,
Il n’est pas fait pour pénétrer
Chez les jeunes filles ;

Ce n’est pas qu’il soit immoral,
Mais il est souvent assez leste ;
Il est gai, c’est le principal,
Qu’importe le reste.

Notre idée en faisant ceci,
Ce fut tout bonnement d’écrire
Et de perpétuer aussi
Des chants qui font rire.

Aux francs compagnons, dédié
Peut-être par des mains profanes,
Ce livre sera manié
Jusqu’à ses arcanes.

Il n’aura pas un bon accueil
Chez l’adolescent trop pudique,
Mais son avis, il s’en bat l’œil :
Allez la musique.

GEORGES


CHANSONS PATRIOTIQUES

LE CHANT DES ETUDIANTS WALLONS

CHANSON LIÉGEOISE
Refrain

Car nous restons
De gais Wallons,
Dignes de nos aïeux, Nom de Dieu!
Car nous sommes comme eux, Nom de Dieu !
Disciples de Bacchus
Et du roi Gambrinus

Que jusque tout au bord
On remplisse nos verres,
Qu’on les remplisse encore
De la même manière,
Car nous sommes les plus forts
Buveurs de blonde bière.

Nous ne craignons pas ceux
Qui dans la nuit nous guettent :
Les Flamands et les gueux
A la taille d’athlètes,
Ni même que les cieux,
Nous tombent sur la tête.

Nous assistons aux cours
Parfois, avec courage,
Nous bloquons certains jours,
Sans trop de surmenage,
Mais nous buvons toujours
Avec la même rage,

Et quand nous fermerons l’œil,
Le soir de la bataille,
Pour fêter notre deuil
Qu’on fasse une guindaille,
Et pour notre cercueil,
Qu’on prenne une futaille.

Et quand nous paraîtrons
Devant le grand saint Pierre,
Sans peur, nous lui dirons :
« Autrefois, sur la terre,
Grand saint, nous n’aimions
Que les femmes et la bière.

*

VALEUREUX LIÉGEOIS
Refrain

Valeureux Liégeois,
Fidèles à ma voix
Volez à la victoire.
Et la liberté
De notre cité
Vous couvrira de gloire.

César vainqueur de l’univers
Te décerna le titre de brave
Des Romains tu brisas les fers
Jamais tu ne vécus esclave.

Célébrons par nos accords
Les droits sacrés d’une si belle cause
Et rions des vains efforts
Que l’ennemi nous oppose.


S’amuser encore…

BRUXELLES : Le corbeau et le renard (en brusseleir)

Temps de lecture : 3 minutes >

La question linguistique prend parfois des tournures jubilatoires qui ne serviront pas, cette fois, les effets de manche de politiciens en mal d’auditoire. Ainsi les différentes versions de la fable de Jean de la Fontaine (1621-1695), Le corbeau et le renard (1668), en version brusseleir : chaque Bruxellois qui se respecte a sa version ou, plutôt, celle de son quartier ou de sa commune. Qui récite la vraie fable du Toffe knul et du renard ? Où est l’authenticité ici ? Peut-être encore dans le plaisir d’en débattre…

Le journaliste Daniel Couvreur, dans Le Soir (13 juin 1992) contribue à l’étude de la question : “Tenè-tenè, ce stouffer de Tichke se prend pour Esope et trempe sa plume en stoumelinks dans la Fontaine. Un chinûse stüet de 40 fables. Depuis qu’il est chargé de cours à l’Académie du brusselse sproek, Tichke tient le dikke nèk. C’est devenu un èkte littereir. Après son lexique, ses gauloiseries, sa grammaire, ses dialogues et son dictionnaire, il a pondu un stoemp de fables à faire rougir Manneken-Pis. Jean de Lafontaine en brusseleir, les collectionneurs le cherchaient vainement chez un voddemann au Vieux marché, le dimanche matin. Et encore, te faut pas jouer avec les ballekes de Tichke, pasque ces klüterae n’étaient pas de l’otentique. Tich-ke vous le dira, mènneke ! Tous ces vieux boukskes, c’était du wallon et du bruxellois au mixer. Du petit nègre quoi ! Il était temps de rectifier la vérité et d’arrêter de broubeler. Le parler bruxellois, Monsieur, ça ne se frouchel pas. On ne fait pas du kipkap avec une langue indigène. “Indogène”, précise Louise, la tendre pauske de Tichke. C’est une langue indogène pure…

Un fidèle de wallonica, Bruxellois d’adoption, nous transmet la version suivante :

Maître corbeau sur un arbre perché
Tenait dans son bec un ettekeis
Maître renard dei da geroeken aa
Kwam afgeluupe op zen puute en zaa:
A bonjour monsieur le corbeau
Comme tu es joli, comme tu es beau.
Regardez-moi ce plumage non d’un milliard
T’es precees ne panache van ne corbillard
Et quelles couleurs, o la la!
Da komt zeiker ooit de Sarma !
Le corbeau en entendant cela
Devint tout à fait gaga.
Et prenant pour sinceres les belles paroles
On voyait son nez begost te krolle
En hij mokt hem nen dikke nek
Comme s’il avait bouffé un kilo de spek
Ne nek si gros, sacrebleu,
Que son col cassait presque en deux!
Le renard voyant ce ballekeskop
Gaf hem nog mier zakken op.
Sans mentir, si ta voix ressemble a ton veston
Je voudrais entendre une petite audition.
Et croyez-moi, je dis pas ça pour rire,
Tu ferais mieux de chanter le pays du sourire.
Le corbeau ouvrit son bec grand ouvert
Et evidemment son ettekeis tomba par terre.
Le renard pakte hem seffens in zijn puutte
En sloeg hem in zijn kluute
Appreneer, onnuusele snul,
Que les flatteurs sont juste bons
Vou heule smool te vulle.
Le corbeau jura, mais un peu trop tard,
Na edde ma nemie senne kastar
Als ge aven ettekeis wilt havan,
Wel dan moede ave smool toe have.

Anonyme

Une autre version fait foi, en l’occurrence celle de Virgile, un collaborateur du magazine Pourquoi Pas ? Virgile au service de La Fontaine, on a vu pire : “Les anciens s’en souviendront avec émotion et nostalgie […] Un pei digne de Toone, la célébrité en moins. Car qui se souvient encore de Léon Crabbé (1891-1970) ? Si Léon Crabbé ne dit rien, son pseudonyme, Virgile, éveille déjà un lointain souvenir. Avec les Éditions Racine, George Lebouc, grand spécialiste du parler bruxellois, a fait sortir Virgile du purgatoire en publiant successivement ses “Fables complètes” (2001), ses “Dialogues de la semaine” (2002-2003) et ses “Parodies” (2004) et son théâtre : “Le Cidke“, “Horaceke“, “Carmenneke“, “Boubourochke” et “Cyranotje de Bergerakske“.” [d’après LALIBRE.BE]

Impossible de ne pas partager ladite fabulette racontée par un autre pei de là-bas, dis. J’ai nommé Eddy Merckx :

Reste que, pour la comparaison, la fable originale de Jean de la Fontaine est toujours la bienvenue. La voici :

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
Et bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie,
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Jean de la Fontaine (1668)

  • L’image en tête d’article est de Gustave Doré, qui a illustré les Fables en 1867.

Citer encore…

Saints de glace

Temps de lecture : 5 minutes >

Les Saints de glace correspondent, selon une croyance populaire qui remonte au Moyen-Age, à une période de 3 jours en mai, durant laquelle le risque de froid et de gelées est particulièrement important : le jardinier doit donc s’en méfier. Les 3 saints catholiques incriminés sont : Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai). Inutile de chercher leurs noms sur votre calendrier, il a été remanié en 1960 par Rome et, aujourd’hui, ils sont remplacés par Sainte Estelle, Saint Achille et Sainte Rolande. Mais qu’importe le ‘saint’ du jour : les jardiniers continuent à se méfier de ces 3 dates-là !

Avis à la population

Croyances, traditions, balivernes ou sagesse de bonne femme : faut-il vraiment se méfier des Saints de Glace au jardin ? En pratique, les statistiques météo montrent que le risque de gelées n’est pas plus important durant ces 3 jours-là que durant les jours qui précèdent ou ceux qui suivent. C’est en fait toute la période de la première quinzaine de mai (et jusqu’à fin mai en montagne ou dans les régions septentrionales) qui est à craindre : en mai, on peut observer des descentes d’air froid sur l’Europe occidentale, et lorsque celles-ci coïncident avec une période anticyclonique se traduisant par un ciel dégagé, notamment la nuit, les températures nocturnes peuvent très vite chuter et entraîner des gelées (un peu comme au moment de la lune rousse), alors même que les journées sont douces grâce à l’ensoleillement. Il est donc conseillé au jardinier d’attendre, pour mettre en place les plantes les plus frileuses, que les Saints de glace soient passés (donc, raisonnablement, la 2e quinzaine de mai). A défaut, il faudra prendre la précaution de protéger les cultures sensibles au gel (notamment au potager) sous un voile d’hivernage ou un tunnel !


© V. Sauvage
Les Saints de glace : on nous a menti !

Mais qui sont-ils, où sont-ils, pourquoi cette attente de leur passage de la part de tout botaniste ou autres jardiniers amateurs ? Basé sur une vieille croyance (reposant sur des observations dans les champs et les vignes), cette mini-vague de froid peut être expliquée par le fait qu’aux environs des 11-12-13 mai, la terre traverse un disque de poussières diffuses dans le système solaire, provenant de résidus de la formation de planètes. Durant quelques heures, cette poussière représente un obstacle aux rayons du soleil. Tous les ans, la question revient comme un leitmotiv : elle fait chaque fois référence aux Saints de glace et aux variations climatiques de cette période.

Il faut d’abord savoir que comme les Mousquetaires, les 3 saints en question étaient en fait 4 :

    1. Saint Mamert († 474) fut évêque de Vienne, en Dauphiné (FR) ; il est fêté le 11 mai. Le dicton du jour sera alors “Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace.” Il avait institué les ‘rogations’ : il avait ordonné que, durant les trois jours précédant l’Ascension, les hommes fassent des prières contre les calamités.
    2. Saint Pancrace fut martyr à Rome en 304. Fêté le 12 mai, ma grand-mère disait alors “Saint Pancrace, Gervais et Boniface apportent souvent la glace.
    3. Saint Servais, attendu le 13 mai, fut évêque de Tongres vers 384. Et ce jour-là vous pourrez vous exclamer : “Avant Saint Servais : point d’été, après Saint Servais : plus de gelée.” Ou encore “Quand il pleut à la Saint Servais, pour le blé, signe mauvais.” Saint Gervais est souvent cité à la place de saint Servais, ce pourquoi les anciens reprennent en cœur “Saint Gervais quand il est beau, tire saint Médard de l’eau.
    4. En dernier, le 25 mai arrive saint Urbain (fêté désormais le 19 décembre). On associe souvent saint Urbain (pape du IIIe siècle, de 222 à 230) et sainte Sophie. On a coutume de dire “Quand la saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré.” Ou encore “Mamert, Pancrace, Servais sont les trois saints de glace, mais saint Urbain les tient tous dans sa main.

Les 11, 12 et 13 mai sont donc des dates de mauvaise réputation pour toutes les mains vertes qui ne jardinent jamais avant le passage de ces journées de retour tardif des gelées, capables de réduire à zéro le travail des téméraires qui auraient osé planter avant cette échéance.

Ne cherchez pas sur les calendriers la trilogie de ces saints que sont saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais : ils ont été remplacés par sainte Estelle, saint Achille et sainte Rolande. Cette substitution fut décidée après le dernier concile romain afin de ‘nettoyer’ le calendrier de tous les personnages donnant lieu à des pratiques rituelles peu conforme avec la liturgie et considérées comme entachées de fond païen. Ainsi nos ‘braves saints de glace’ furent rayés au même titre que les guérisseurs, retrouveurs d’objets perdus ou annonceurs du temps.

Bien sûr ils étaient tous les ans implorés par les agriculteurs et les viticulteurs croyants ou superstitieux, qui, à cette occasion, participaient à des processions religieuses qui n’étaient pas forcément dénuées d’arrière-pensées… pragmatiques. Reste que, si nous en recherchons les origines lointaines, très lointaines même, des gens d’alors avaient constaté qu’une brutale chute de la température nocturne (ou plutôt matinale) arrivait tous les ans aux alentours de ces trois journées. Cet élément climatologique, particulièrement désastreux pour les plantations qui pourraient se trouver alors en début de germination, les incitait à laisser passer l’événement avant d’entreprendre les grands travaux de printemps, et pour les jardiniers et maraîchers, avant de planter, repiquer, semer, mettre en terre en toute quiétude. Alors, pour vos géraniums et tomates, patientez encore un peu…”

d’après Eric Harald Schwartz-Baton


ISBN 2070382532

L’expression “Les Saints de glace” a été habilement dévoyée par le traducteur d’un roman policier de Richard Matheson (paru en 1953), pour donner un équivalent percutant au titre anglais “Someone is Bleeding“. Traduttore, traditore ?

Ce n’est donc pas au film de Georges Lautner (co-écrit avec Matheson), Les seins de glace (sorti en 1974), que l’on doit le jeu de mots, ni au service publicitaire qui jouait alors l’association libre avec le physique de l’actrice Mireille Darc (1938-2017).

Mireille Darc dans “Les seins de glace” de Georges Lautner © Jacques Dejean

Vivons mieux…

GOMZE : Barcarolle vervîtwesse

Temps de lecture : 4 minutes >

Corneil GOMZÉ (Verviers, 28 février 1829 – Verviers, 24 août 1900) est l’auteur de la Barcarolle vervîtwesse (la Barcarolle verviétoise), écrite en l’honneur de Rodolphe Closset. Né en 1850 à Verviers, Closset était marchand de laines ainsi qu’un brillant homme de lettres, cheville ouvrière et président de la Société Polyglotte. Ce serait le 20 janvier 1872 que Corneille Gomzé lui aurait dédié la Barcarolle lors d’un souper de cette association. Gomzé a par ailleurs inventé une plume baptisée ‘la plume vapeur‘ (sic), destinée à la calligraphie et au tracé d’arabesques. Il a écrit plusieurs ouvrages mettant en valeur les potentiels de son invention.

La Barcarolle, quant à elle, est considérée (et pratiquée) comme l’hymne verviétois (Verviers, BE) et si elle a bien été écrite en wallon du coin par Corneil Gomzé, ce dernier n’en est pas le compositeur. Au pays de Vieuxtemps, de Lekeu -de la blanque dôreye (tarte au riz)- et d’une tribu complète de jazzmen wallons, c’est un certain Albert ERNOTTE qui l’a mise en musique et a choisi un air vénitien pour donner à la Cité lainière son chant emblématique…

Corneil Gomzé

Homme engagé, Corneil Gomzé, “était calligraphe et grand voyageur à l’étranger. Il prend part en 1848 aux activités du club républicain La Société des droits et des devoirs de l’homme. II anime en 1865-1866 le cercle La Réforme par l’action qui organise les premiers meetings ouvriers verviétois. Il contribue aux premiers pas des Francs-ouvriers, future section verviétoise de l’Association internationale des travailleurs. Il trouve notamment le titre de leur journal, Le Mirabeau. Corneil Gomzé est l’auteur de nombreux poèmes wallons réunis après sa mort dans une brochure, Avaû les Champs, et du texte de la Barcarolle vervîtwesse…” [LEMAITRON.FR]

Correspondant de Victor Hugo, Corneil Gomzé fut un des premiers écrivains en wallon verviétois. Sa tombe fut érigée dans le cimetière de Verviers, à l’initiative du cercle littéraire L’Élan wallon créé en 1893, à une époque où quatre autres sociétés wallonnes virent le jour à Verviers entre 1890 (Les Wallons) et 1903 (Lu Steûle wallonne).

Oh ! Por mi, dju so fir
Quand sj’so-st-à l’étrandjir
D’aveur sutu hossi
En on trô come à Vervî !

[Oh! Pour moi, je suis fier
Quand je suis à l’étranger
D’avoir été bercé
Dans un trou comme Verviers !] …

Il est aussi amusant de découvrir que le pianiste verviétois, Jean-François MALJEAN, a baptisé un de ses albums : Apormidjusofir !

Cet album de 2012 propose des artistes invités précieux comme : Jacques Stotzem, Didier Laloy, Robert Jeanne, Olivier Bodson, Rhonny Ventat, René Thomas, Silvano Macaluso, Jean-François Hustin, Krystell Mandy, Philippe De Cock, Angelo Crisci, Domenico Ferlisi-Greco, Alain Rinallo et Frédéric Malempré. Le disque est produit par Hans Kusters Music, réalisé et arrangé par Jean-François Maljean & Silvano Macaluso aux studios ESSEM Music.

Le site du musicien est en anglais, vu le succès rencontré par sa musique en Asie et, plus particulièrement en Chine depuis qu’il a composé Chime Of The Dawn Bells, une chanson sortie en février 2020 pour soutenir la population de Wuhan frappée par le Covid-19 (le clip a dépassé les 100 millions de vues sur le YouTube chinois) : JEANFRANCOIS-MALJEAN.COM

La Barcarolle vervîtwesse
Oh ! Por mi, dju so fir
Quand sj’so-st-à l’étrandjir
D’aveur sutu hossi
En on trô come à Vervî !
Oh ! Pour moi, je suis fier,
Quand je suis à l’étranger,
D’avoir été bercé
Dans un trou comme Verviers !
1. So noste air qu’on rosinêye
Tos lès djous qu’on s’atavelêye,
Dj’à sèyî bèle cupagnêye,
Du mete ci refrain-voci :
Sur cet air que l’on fredonne,
Chaque fois que l’on s’attable,
J’ai essayé, belle compagnie,
De mettre le refrain que voici :
2. Nos n’avans rin èl makète.
Vèrvî c’noh quu l’plokète.
Mais, foûs d’one pê d’bèrbisète,
Quu n’faît-i donc nin moussi ?
Nous n’avons rien dans la tête.
Verviers ne connaît que les ploquettes*.
Mais d’un seul pis de brebis,
Que n’avons nous baratté** ?
3. Inte lès bruts du nos fabriques,
-Tchèstês pleins du mécaniques
Hoûtez donc quêne bèle musique…
C’est Vieuxtemps qui d’jowe ainsi !
Entre les bruits des fabriques
-Châteaux pleins de mécaniques-
Ecoutez donc quelle belle musique…
C’est Vieuxtemps qui joue ainsi !
4. Totes lès fleurs du nosse valêye,
-Sêpes ou dobes, bèles ou djolêyes,-
Qu’a printimps on veût florêyes,
A l’djeûne n’ont rin catchi
Toutes les fleurs de notre vallée,
-Simples ou doubles, belles ou jolies-
Qu’au printemps on voit fleurir,
Au matin n’ont rien caché.
5. A mitant d’on grand carnadje,
-Qwans lès canons fint ravadje-Djardon, came on vrai savadje,
Sabréve a brès’ rutrossîs.
Au milieu d’un grand carnage,
-Quand les canons faisaient ravage-
Jardon, comme un vrai sauvage,
Sabrait à bras raccourcis.
6. Nos polans bin lèver l’tièsse,
Câ lu Liberté qu’on c’tchèsse,
A s’grand martyr so nosse plèce :
Adjunians nos d’vant Chapuis !
Nous pouvons bien relever la tête,
Car la liberté qu’on chasse,
A son grand martyr sur notre place :
Agenouillons-nous devant Chapuis !
7. Nos avans, sins qu’on n’i pinse,
On tereû quu l’providince
A covrou d’one bone sumince ;
Biolley n’est nin co roûvi !
Nous avons, sans qu’on y pense,
Un terreau que la Providence
A couvert d’une bonne semence ;
Biolley n’est pas oublié !
8. N’acontans nin lès marotes
Qui tchafetet hâr ou bin hot’.
Lu drapa dèl Polyglotte
Nu pout nin èsse mi tchûzi
N’accomptons pas les commères
Qui jacassent à hue ou à dia.
Le drapeau de la Polyglotte
Ne peut pas être mon choix.

* ploquettes : déchets de laine.
** baratter : battre le beurre dans une baratte.

Texte : Corneil Gomzé – Musique : Albert Ernotte
Traduction : Marianne Rathmès et Christine Pagnoulle


Plus de musique ?

HERD, Henri dit Constant-le-Marin (1884-1965)

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Constant-le-Marin et sa ceinture d’or © thyssens.com

Henri HERD naît à Liège, rue Porte-aux-Oies, en Outremeuse, le 2 août 1884. Son père, Guillaume, est d’origine prussienne, tout comme sa mère Helena Treffer. Mais, même si entre eux ils parlent plus volontiers allemand, leurs onze enfants s’expriment aussi en wallon et en français. Le couple Herd exploite un café populaire en Outremeuse.

En 1901, à l’âge de 17 ans, Henri entame sa formation à la lutte dans une petite salle de la rue Pierreuse, à Liège. Deux ans plus tard, il est déjà en finale des championnats amateurs de la Cité Ardente, battu seulement par son coach, Jules Depireux. L’année suivante, il prend part, avec des centaines d’autres, à un tournoi dont il sort vainqueur dans la catégorie des poids lourds.

C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de Liège, en 1905, qu’Henri Herd participe à son premier tournoi en tant que professionnel. Il opte alors pour le pseudonyme de Constant-le-Marin, en l’honneur de son idole Constant Lavaux dit “Constant-le-Boucher”, lutteur florennois. Son surnom “le marin” traduit son ambition de faire le tour du monde grâce à la lutte. Il sera assez vite exaucé : sa réputation et son succès vont croissant. Troisième (ou quatrième) au championnat d’Europe, en 1906, et deuxième en 1907, il devient champion du monde, en 1910, à Buenos Aires. Au terme d’un combat épique de quatre heures, il s’empare de la ceinture d’or d’un kilo devant un public de 35 000 spectateurs, après avoir vaincu le Français Paul Pons, surnommé “le Colosse” et premier champion du monde professionnel.

Champion à nouveau en 1913, Henri Herd poursuit sa route vers la gloire et autour du monde, comme il l’espérait, remportant de nombreux tournois en Amérique du Sud et du Nord, aussi prestigieux que bien rémunérés. Ainsi, à Montréal : L’arèna (sic) Westmount est le site du plus important match de lutte jamais présenté à Montréal, un combat à saveur internationale entre le Belge Constant Le Marin et le Polonais Stanislaus Zbyszko. Constant Le Marin et Stanislaus Zbyszko se partagent une bourse record (à Montréal) de 10 000 $.” (Le Devoir, 26 mai 1913)

Lorsque l’Allemagne envahit la Belgique en août 1914, bien qu’exempté de service militaire par un tirage au sort favorable, Constant se présente à l’armée comme volontaire. Promu au grade de maréchal des logis, il participe à la campagne du Corps expéditionnaire belge des Autos-Canons Mitrailleuses (ACM) sur le Front de l’Est, en compagnie du poète Marcel Thiry et de son frère Oscar ainsi que de Julien Lahaut, futur leader communiste.

Les autos blindées sont envoyées ensuite en Galicie (région de l’empire autrichien, aujourd’hui partagée entre la Pologne et l’Ukraine) où elles vont principalement affronter les forces autrichiennes. Selon Marcel Thiry, Constant-le-Marin, en raison de son titre mondial, jouissait d’une énorme popularité auprès des soldats russes, il leur avait appris à pousser en français son cri de guerre : “On va leur couper la tête !”  

Combattant toujours avec la même hargne, il sera gravement blessé en juillet 1917, lors d’une attaque que rapporte Thiry : “Constant le Marin (…) commande à présent une blindée à coupole fermée, que les Russes ont fournie pour remplacer son auto-mitrailleuse perdue en septembre à Svitselniki. Voulant attaquer presque à bout portant, et malgré la grêle de projectiles qui tambourinent sur son blindage, il entreprend d’arracher les barbelés avec l’étrave de sa machine, pour aller écraser de son feu les mitrailleuses. Mais le lourd engin, presque aveugle quand tous les volets sont obturés au maximum, s’embarrasse dans l’écheveau d’acier. Des fusils antitanks ont dû être amenés par les ennemis ; voici que le blindage perce, les balles ricochent à l’intérieur de la petite forteresse sur les parois des tourelles qui deviennent un enfer. Le chauffeur Godefroid s’affaisse, mortellement atteint ; le servant Guillot est blessé (…) Constant lui-même gravement frappé de trois balles. (…) le grand corps gémissant du champion du monde de lutte sera ramené, avec les plus grandes peines.”

Suite à ces blessures, Constant sera rapatrié, en compagnie d’Oscar Thiry et d’autres. Il recevra neuf citations et sera décoré à cinq reprises, dont quatre fois de la Croix de Saint-Georges. Comme ses compagnons d’armes, Constant-le-Marin aura combattu pour trois états différents : la Belgique du roi Albert, la Russie du tsar Nicolas II, puis aux côtés de l’Armée rouge de Lénine.

Malgré ses sérieuses blessures, Henri Herd reprend, après la guerre, son entraînement et sa carrière de lutteur, utilisant une méthode de revalidation toute personnelle mais visiblement efficace. En effet, il est encore champion du monde, en 1921 (à Paris) et en 1924 (à Buenos Aires). Auréolé de ces exploits, il parcourt à nouveau le monde, profitant de combats rémunérateurs.

Constant-le-Marin par Jacques Ochs

Mais il semble que ce ne soit pas sa seule récompense, comme l’évoque le Pourquoi Pas ?, “(Constant) ne dédaigne pas, en franc Liégeois qu’il est, de humer, çà et là, les roses bien pommées qui ne manquent pas de sertir le laurier, ornement sympathique mais un peu bien sévère. Les roses sud-américaines ont un parfum chaud et poivré qui n’a rien de répugnant, et le bon Constant eut, au pays des Incas, de belles soirées et de belles nuits.”

Enfant d’Outremeuse, c’est néanmoins à Cointe qu’il s’établit, à partir de 1925. Gravement endommagée par les bombardements en 1944, sa villa sera reconstruite après la guerre et existe toujours au 34 de l’avenue de la Laiterie. Constant-le-Marin s’entraîne dans le parc de Cointe où beaucoup de gens viennent admirer ses démonstrations de force. On le croise également s’y promener régulièrement avec son chien, Tom. La légende veut qu’un jour il ait déraciné à mains nues un arbre que les jardiniers du parc ne parvenaient pas à arracher !

Ancienne villa de Henri Herd © Philippe Vienne

Durant les années précédant la Seconde Guerre, Raymond Gilon rapporte que Henri Herd avait coutume, en été, d’aller camper au bord de l’Ourthe à Sainval (Tilff), avec un ami lutteur. Là, ils s’amusaient à faire chavirer les barques des filles, qu’ils secouraient aussitôt. Ses sorties régulières à l’Eden étaient également célèbres : “Constant le marin entrait dans la salle de danse de l’Eden, foulant le tapis rouge lentement, presque majestueusement, s’assurant d’un regard circulaire que toute l’assemblée l’admirait. Il se dirigeait vers sa table du bord de piste réservée depuis le début de la soirée avec son seau à glace et la bouteille de champagne.”

Lorsqu’éclate la Seconde Guerre, Henri Herd se porte à nouveau volontaire mais est refusé par l’armée en raison de son âge. Quittant alors la Belgique pour la France, en 1940, il s’occupe d’un centre pour réfugiés à Paris. Il descend ensuite à Bordeaux où il attrape le dernier navire en partance pour l’Argentine, une fois encore, mais dans un autre contexte. De retour à Liège en 1946, il ouvre, en Outremeuse, un établissement nommé le Café des Lutteurs dont le sous-sol était aménagé en gymnase et où plusieurs générations de jeunes Liégeois viendront s’initier à la lutte gréco-romaine et, plus tard, au catch.

årvô Constant-le-Marin © provincedeliege.be

Henri Herd décède à Liège, le 4 novembre 1965, à l’âge de 81 ans, et est enterré dans le caveau familial au cimetière de Robermont. En Outremeuse, rue Porte-aux-Oies, un årvô (passage voûté) porte une plaque commémorative. Et, depuis 2014 (centenaire de la Première Guerre Mondiale), un géant à l’effigie de Constant-le-Marin participe aux fêtes du 15-Août en Outremeuse. Sorti en 2015, le film d’animation Cafard, du réalisateur Jan Bultheel, s’inspire largement et librement de la vie de Constant-le-Marin.

Philippe VIENNE

Interview de Constant-le-Marin en 1959

Bibliographie
  • GILON R., Les carnets de la mobilisation (38-40), Liège, 1990, pp 150-151
  • PORTUGAELS L., Constant-le-Marin et les autos-canons de 1914-1918, dans La Libre, 29 novembre 2004
  • SCHURGERS P., Cointe, au fil du temps…, Liège, 2006
  • THIRY M., Le tour du monde en guerre des autos-canons belges, 1975
  • THYSSENS H., Cécile Brusson, sur thyssens.com
  • Pourquoi Pas ? du 19 janvier 1934
  • Le Devoir du 26 mai 1913

[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : rédaction | commanditaire : wallonica.org | auteur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © thyssens.com ; Pourquoi Pas ? ; Philippe Vienne ; provincedeliege.be


Plus de muscles ?

 

 

lacquemant

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© rtbf.be

“La foire d’octobre de Liège bat son plein. Sur le champ de foire, il y en a pour tous les goûts. Si vous n’êtes pas friands d’attractions vous vous rabattrez certainement sur la nourriture. Parmi les différents mets proposé peut-être que vous craquerez pour une spécialité liégeoise bien connue : le lacquemant.

Le lacquemant, une star de la Foire de Liège.

Certains les aiment mous, d’autres les préfèrent plus croquants ou encore avec beaucoup de sirop. Dans tous les cas le lacquemant est l’une des stars de la foire de Liège. Les forains les vendent comme des petits pains.

Le lacquemant, plus d’un siècle d’histoire.

Le lacquemant plaît aux Liégeois. Aujourd’hui présenté comme une spécialité culinaire de la région le lacquemant a pourtant été créé à Anvers… il y a plus d’un siècle. Le lacquemant a été créé en 1903 par Désiré Smidts, aussi connu sous le nom de Désiré de Lille. Il crée la recette de la gaufrette alors qu’il travaille pour Berthe Lacquemant à Anvers. Désiré Smidts donne à sa création le nom de son employeuse. Lorsqu’il revient à Liège, Désiré Smidts invente un sirop pour son Lacquemant. La gaufrette du lacquemant s’inspire de la gaufre fourrée lilloise. Celle-ci s’accompagne du sirop qui fait le goût si spécial du lacquemant. Une recette qui est toujours bien gardée aujourd’hui.

Le lacquemant, plusieurs déclinaisons

Avec le temps la recette a évolué et chaque forain propose des variations diverses. L’orthographe de la pâtisserie varie également avec plusieurs versions qui cohabitent entre les différents stands. Mais une seule orthographe a été retenue par le dictionnaire Larousse en 2009. Dans tous les cas -qu’il s’écrive avec un cq ou avec un k– ce n’est pas ça qui fait le goût du lacquemant. Un mets sucré qui peut s’apprécier chaud ou froid et qui a une saveur toute particulière en octobre…”

Lire la suite de l’article de Pierre DEVILLERS sur RTC.BE (article du 25 octobre 2019)


C’est un secret public mais la combinaison des ingrédients est la suivante :

      • sirop de candi ;
      • sucre semoule ;
      • beurre ;
      • eau ;
      • fleur d’oranger ;
      • cannelle.

C’est ce mélange entre la fleur d’oranger et la cannelle qui donne le bon goût au lacquemant. Certains ajoutent également un peu de miel…


Encore faim ?

VERA : Veinte años (1935)

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https://gladyspalmera.com/coleccion/el-diario-de-gladys/kabiosile-maria-teresa-vera/
Maria-Teresa VERA (1895-1967)

Veinte años est une habanera composée en 1935 par la célèbre chanteuse Maria-Teresa VERA sur des paroles de Guillermina ARAMBURU. Interprétée depuis par de très nombreux chanteurs (en général sur un rythme de boléro),  elle a accédé au statut de tube planétaire grâce à l’interprétation de Omara Portuondo dans le film Buena Vista Social Club…” [source : Fabrice Hatem]

Qué te importe que te amé [Que t’importe que je t’aime]
Si tù no me quieres ya, [Si tu ne m’aimes plus]
El amor que ya ha pasado [L’amour qui s’en est allé]
No se debe recordar. [Ne doit pas revenir]

Fui la ilusion de tu vida [Je fus l’illusion de ta vie]
Un dia lejano ya [Un jour déjà lointain]
Hoy represento al pasado [Je ne suis plus que le passé]
No me puedo recordar [Je ne peux pas m’y faire]
Hoy represento al pasado [Je ne suis plus que le passé]
No me puedo recordar. [Je ne peux pas m’y faire]

Si las cosas que uno quiere [Si les choses que l’on désire]
Se pudieran alcanzar [Pouvaient être atteintes]
Tu me quisieras lo mismo [Tu m’aimerais comme avant]
Que veinte años atras. [Comme il y a vingt ans]

Con que tristeza miramos [Avec quelle tristesse nous voyons]
Un amor que se nos va [Un amour qui s’éloigne]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]

Si las cosas que uno quiere [Si les choses que l’on désire]
Se pudieran alcanzar [Pouvaient être atteintes]
Tu me quisieras lo mismo [Tu m’aimerais comme avant]
Que veinte años atras. [Comme il y a vingt ans]

Con que tristeza miramos [Avec quelle tristesse nous voyons]
Un amor que se nos va [Un amour qui s’éloigne]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]
Es un pedazo del alma [C’est un morceau de l’âme]
Que se arranca sin piedad. [Qui s’arrache sans pitié.]

Et un joli hommage plus récent, “Isaac et Nora chantent Veinte años” (2019) :


Plus de musique…

Musée Tchantchès (Liège, BE)

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Tchantchès, Nanesse et Charlemagne

“C’est à l’initiative de l’a.s.b.l. République Libre d’Outre-Meuse que fut créé le Musée Tchantchès. Cette dénomination se justifie facilement, non seulement parce que le musée est situé sur le territoire où est né le citoyen le plus connu de la Cité Ardente, mais aussi parce que ce musée conserve et retrace les traditions de ce quartier de Liège, celui d’Outre-Meuse, toujours resté très populaire. Alors quoi de plus logique que lui attribuer le nom de son héros ? C’est en 1947 que fut inauguré le premier musée Tchantchès. A cette époque, il était situé au 35 de la rue Grande Bêche. Bien entendu de ce temps là, il n ‘y avait guère de choses à y exposer sinon les premiers costumes offerts à Tchantchès et les étendards des sociétés folkloriques du quartier dont le nombre, hélas, diminuait d’année en année. En 1954, le musée qui entre-temps s’était enrichi, déménageait au 33 de la rue Grande Bêche où il devait rester jusqu’en 1959, date à laquelle le ..Gouvernement » de la République Libre d’Outre-Meuse décida de l’installer dans l’arrière cour du 56 de la rue Surlet où il se trouve toujours actuellement. Ce local jugé trop vaste à l’époque allait bientôt devenir trop petit, car dès 1960, il allait accueillir le Théâtre Royal Ancien Impérial et ses 129 marionnettes de la tradition liégeoise. En effet, le Directeur de ce dernier théâtre de marionnettes du quartier , Denis BISSCHEROUX, trop âgé et malade, avait dû renoncer à son exploitation. Faisant jouer un contrat qui le liait avec les .’Amis de la Marionnette Liégeoise » , il confia à Paul DEHOUSSE, alors Secrétaire Général de la République Libre d’Outre-Meuse et Secrétaire des ‘Amis », les 129 marionnettes de sa » Joue « . Le transfert des marionnettes de la rue Roture à la rue Surlet ne se fit pas sans drame car Henri CHALANT, le Président de la République Libre d’Outre-Meuse à l’époque, Paul DEHOUSSE et Louis STAPPERS, se firent copieusement insulter des termes » ..voleur, tu nous prends nos marionnettes! « , par les habitants de Roture. Pendant ce temps, Henri LIBERT, qui deviendra plus tard Ministre du Folklore de la République Libre d’Outre-Meuse, et un de ses amis démontaient le castelet pour le remonter rue Surlet. Depuis le 15 janvier 1967, les spectacles de marionnettes ont repris au musée et la tradition est perpétuée par les montreurs du Théâtre Royal Ancien Impérial. Soulignons que l’on constate un très net regain de l’engouement pour les spectacles de marionnettes du dimanche matin (d’Octobre à fin Avril), puisque de 12 personnes au départ, le spectacle se donne devant 100 personnes de moyenne et depuis quelques années il y a aussi les » Mercredis de la Marionnette » chaque mercredi après-midi (d’octobre à fin Avril) …”

Lire la suite sur le site du Musée Tchantchès…

D’autres initiatives…

Origine du poisson d’avril : 1er avril et facéties

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Le Poisson d’avril, tout le monde le sait, n’est autre chose qu’une attrape, un piège innocent (et bienséant, cela va sans dire) que l’on tend à quelque personne amie, parente ou familière, le premier jour du mois d’avril. Donner un poisson d’avril à quelqu’un, c’est lui faire faire une démarche inutile, lui annoncer une nouvelle qu’on invente, l’envoyer au-devant de quelqu’un qui ne vient pas, en un mot, se divertir un peu à ses dépens, et éprouver sa patience.

Une première origine est donnée par des ouvrages tels que l’Origine des proverbes, le Dictionnaire de Trévoux au mot Avril, ou encore le Spectateur anglais : l’expression ‘poisson d’avril’ serait, selon ces sources, liée à la corruption de la passion de Jésus-Christ qui arriva le 3 avril : Jésus étant renvoyé d’un tribunal à l’autre, et contraint de faire diverses courses par manière d’insulte et de dérision, on aurait pris de là la froide coutume de faire courir et de renvoyer, d’un endroit à l’autre, ceux dont on voulait se moquer. En effet, dans les premiers temps du christianisme, le clergé, afin de graver plus puissamment dans l’esprit des populations le sentiment et le souvenir des mystères de la religion catholique, eut recours à des représentations scéniques. Lors des grandes fêtes de l’année, le peuple venait écouter pieusement ces pièces religieuses, qui n’étaient pour lui qu’un commentaire vivant de l’évangile du jour. Rien de profane ne se mêlait alors à ces jeux, et ce ne fut que plus tard, au XIIIe siècle, que des éléments de cette nature vinrent s’ajouter à ces cérémonies religieuses et en modifier à la longue le caractère sacré. Dans les premiers jours d’avril avaient lieu ces représentations de la Passion, et l’assistance écoutant avec terreur, voyait le Christ, raillé et renvoyé de Caïphe à Pilate et de Pilate à Caïphe. Plus tard, l’habitude rendit la terreur moins grande, et quelques railleurs impies, en revenant le soir de l’église, s’amusèrent à répéter la scène du matin aux dépens de leurs amis ou de leurs voisins. De là, l’origine avancée de ce jeu du premier avril, et le nom de passion passant de bouche en bouche et n’étant plus guère compris, devenant le mot poisson.

Une deuxième origine fut proposée : le mois d’avril étant peu favorable à la pêche, plus d’un gourmand se serait vu, à cette époque, privé d’un plat délicat sur lequel son palais avait compté. Mais cette explication, pour suffisante qu’elle soit à justifier l’expression Manger du poisson d’avril, semble n’avoir aucun rapport avec les facéties du 1er avril.

On donne également une troisième origine, beaucoup plus récente, de cette expression : un prince de Lorraine que Louis XIII faisait garder à vue dans le château de Nancy, aurait trompé ses gardes et se serait sauvé en traversant la rivière de Meurthe, le premier jour d’avril. Certes le duc Nicolas François, frère de Charles IV, duc de Lorraine, quitta son évêché de Toul et le chapeau de cardinal par politique d’État, avant d’épouser à Lunéville, au mois de mars 1635, la princesse Claude, sa cousine germaine, fille de Henri II. Puis, s’étant retiré à Nancy et ayant eu vent qu’on voulait le conduire à la cour de France, il trompa ses gardes. Mais en réalité, le prince ne passa point la rivière de Meurthe à la nage, et sortit par une des portes de la ville, déguisé en paysan, portant une hotte pleine de fumier, de même que la princesse. Il aurait simplement délibérément choisi la date du 1er avril pour s’échapper et tromper les Français. Une jeune paysanne des environs de Nancy, qui fournissait journellement du laitage à la cour, reconnut la princesse malgré son déguisement et, l’ayant dit à quelques soldats de la garde, ceux-ci se figurèrent que cette fille voulait leur donner à tous le poisson d’avril, en les faisant courir mal à propos ; ce qui donna au prince et à la princesse le temps de gagner leurs chevaux pour se réfugier à Bruxelles, auprès du cardinal Infant. Cette évasion fit dire au peuple que le roi avait donné à garder un poisson d’avril, mais l’usage était connu au XIVe siècle, à en juger par les manuscrits du pasteur Paul Ferry relatifs à l’histoire de Metz et dans lesquels il cite déjà l’expression.

Une quatrième opinion fait remonter l’origine de la coutume au changement opéré sous Charles IX, quand l’année, qui jusqu’alors avait commencé le jour de Pâques, dut s’ouvrir le 1er janvier. Les étrennes du premier de l’an furent donc offertes trois mois plus tôt, et il ne resta dès lors pour l’ancien premier jour de l’an que des félicitations pures et simples, auxquelles les mauvais plaisants ajoutèrent des cadeaux ridicules ou des messages trompeurs…”

Lire la suite de l’article sur  FRANCE-PITTORESQUE.COM (31 mars 2017)


Pour s’amuser encore…