“Réédition d’un classique qui enchanta Roland Barthes, où poésie et impertinence cheminent d’un même pas. Les haïkistes nippons, dont Maurice Coyaud a rassemblé ici le plus large florilège, notaient volontiers leurs petits poèmes – trois vers, c’est tout – en marge du récit de leurs randonnées, comme autant de pauses, de points de suspension. Maurice Coyaud procède à leur manière. Son anthologie n’en est pas vraiment une et c’est tant mieux ; elle prend forme de promenade, de libre divagation à travers le Japon éternel. Écoutons ces voix qui nous disent que la poésie, même si elle n’est jamais que l’autre nom de l’indicible, ne loge pas au temple que l’on croit : elle suit les chemins vicinaux, dort dans les fossés et chausse les savates de tout le monde. Elle ne cherche rien (puisque chercher est l’un des meilleurs moyens de ne rien trouver), donnant secrètement raison au sage qui nous prévient narquoisement : Quand vous regardez, contentez-vous de regarder. Si vous réfléchissez, vous mettez déjà hors de la cible.”
Dans la jarre d’eau flotte
Une fourmi
Sans ombre
Seishi
Tout en larmes
Assis il raconte
Sa maman l’écoute
Hasuo
Il lèche la cuiller
Le gamin avec délices
Sorbet. L’été
Seishi
Une goutte de rosée
Une fourmi en devint
Folle
Seishi
Tout le monde dort
Rien entre
La lune et moi
Seifujo
L’escargot
Levant la tête
C’est moi tout craché
Shiki
Avec moi elle lutte
A qui fermera les yeux le premier
La grenouille
Issa
Chauve-souris
Cachée tu vis
Sous ton parapluie cassé
Buson
En ce monde, même
Des insectes, au chant, il y en a
Des calés, des piteux
Issa
J’ai tué l’araignée
Quelle solitude !
Nuit froide
Shiki
Verte grenouille
Tu viens de te faire repeindre
La carcasse ?
Akutagawa Ryûnosuke
Même mon ombre est
En excellente santé
Premier matin de printemps
Issa
Plus d’oiseaux
Sur le toit de cuivre rouge
Trop chaud
Kisu
L’escargot se glisse
Sous une feuille
Quelle chaleur !
Akutagawa Ryûnosuke
Le vent d’automne
Transperce les os
De l’épouvantail
Chôi
L’automne s’approfondit
Ils se vêtent de feuilles mortes
Les épouvantails
Otsuyû
L’automne est bien là
Ce qui me le fit comprendre
C’est l’éternuement
Buson
L’oiseau en cage
Les yeux envieux
Zieutant les papillons
Issa
D’autres incontournables du savoir-lire :
- CURVERS et al : Il était douze fois Liège (MARDAGA, 1980), nouvelles de CURVERS, THINES, COMPERE…
- TOLKIEN : Le Seigneur des anneaux : La fraternité de l’anneau (CHRISTIAN BOURGOIS, 2014, nouvelle traduction)
- BOURLARD : L’apparence du vivant (2022)
- VIENNE : La fête des mères (2020)
- VIENNE : L’ennui (nouvelle, 2021)
- RIFFLET : Les mondes du sacré (MOLS, 2009)
- WOHLLEBEN : La vie secrète des arbres (2017)
- LOGIST : La vie au lendemain de ma vie avec toi…
- VIENNE : Game over (2017)
- WOOLF : Romans, Essais (GALLIMARD, Quarto, 2014) : e.a. La promenade au phare
- KRAUSE : Chansons animales & cacophonie humaine