Transcription de
MORET J., Notice sur Jean Del Cour, sculpteur liégeois,
avec 20 reproductions de ses œuvres maîtresses
(Liège : imprimerie Bénard, 1900)
Hamoir, patrie de Jean Del Cour
Au bord de la charmante et pittoresque rivière de l’Ourthe, au fond d’un des plus larges vallons qu’elle arrose, au milieu de terres arables, de vertes prairies, de bois touffus couronnant les montagnes qui l’encerclent, est assise Hamoir, patrie du sculpteur Jean Del Cour (1627-1707).
Xhignesse, un petit hameau situé à un quart de lieue plus bas, sur la rive droite, était jadis le centre paroissial. Son intéressante église romane démontre la haute antiquité de cette paroisse qui, outre Xhignesse et Hamoir, comprenait encore Hamoir-Lassus, Sy et Filot. Son territoire appartenait au Comté de Logne et au pays de Stavelot, tandis qu’au spirituel elle ressortissait à l’évêché de Liège.
Au XVIIe siècle, Hamoir, quoique ne comprenant que 70 à 80 habitations, ne manquait pas d’activité. Grâce à sa situation géographique sur la route d’Allemagne vers la capitale de la principauté, non loin de Stavelot, de Liège
et de Huy, ce bourg desservi par la navigation, avait son commerce, ses forges, ses carrières, ses extractions de minerais. Il était, enfin, le siège de la Haute Cour de Justice de Xhignesse et Hamoir.
C’est à Hamoir que naquit, en 1627, Jean Del Cour. Mais si cette jolie localité des rivages de l’Ourthe peut s’enorgueillir d’avoir été le berceau du plus grand sculpteur belge au XVIIe siècle, l’illustre cité de Liège peut également le revendiquer comme l’un de ses fils glorieux. Elle fut sa patrie d’élection ; l’artiste y parcourut toute sa longue et laborieuse carrière.
La famille Del Cour ; son état de fortune
Jean Del Cour était le descendant de deux anciennes familles du pays. On retrouve, dans les archives ; la trace de ses ancêtres jusqu’au commencement du XVIe siècle.
Il eut pour père Gilson le scrinier (menuisier), dit Del Cour; nom que sa famille reçut du quartier de Hamoir, où elle était établie. Sa mère s’appelait Gertrude de Verdon, nom également tiré d’un certain emplacement de Xhignesse. Après Jean, naquirent Jean-Gilles qui devint peintre, Marie, Dieudonnée et Nicolas qui reçut la prêtrise en 1668.
La petite fortune des parents Del Cour consistait surtout en biens-fonds et leur assurait une honnête aisance. Ils s’appliquèrent cependant, avec ténacité, au travail : Gilson, à son métier de menuisier et à la culture de ses terres ; Gertrude, à la direction de sa maison et à un trafic de détail.
Ils acquirent ainsi les ressources nécessaires pour donner à leurs enfants une éducation supérieure. Eux-mêmes leur enseignèrent la probité, l’énergie, l’activité et ces leçons excellentes ne furent pas perdues. C’est au foyer familial que Jean Del Cour puisa, sans nul doute, ces principes de vie simple et austère, ces vertus de modestie et d’activité, qui, non moins que son talent, font l’honneur de sa carrière artistique.
On peut suivre, pour ainsi dire, d’une étape à l’autre, par les actes publics, la progression de la fortune des parents Del Cour, malgré les sacrifices qu’ils durent s’imposer pour l’instruction artistique de leurs fils. Un dénombrement des biens des habitants de Hamoir dressé en 1664, par ordre du prince-abbé de Stavelot, nous renseigne sur la situation de Gilson Del Cour, à la fin de sa vie : ses biens, cens et rentes sont estimés à 6.035 florins, somme assez considérable pour l’époque.
C’était le résultat de toute une vie de labeur, d’ordre et d’économie. Aussi son intelligence, son énergie de caractère, son honorabilité, en même temps que son état de fortune, l’avaient désigné vers 1659, au choix du souverain, pour remplir les fonctions d’échevin à la Cour de Justice. Cette haute fonction couronnait dignement toute une existence d’honneur et de travail, à laquelle la mort vint soudainement mettre un terme. Il fut frappé de mort subite à Durbuy, le jour de St-Jacques 1664; le lendemain, il était enterré dans l’église de Xhignesse.
La jeunesse de Jean Del Cour ; ses études à Huy
L’histoire se montre fort parcimonieuse de détails sur la jeunesse et la carrière de Jean Del Cour. De ses biographes, le peintre Abry, seul, l’a connu ; les deux autres, Saumery et le chanoine Hamal, ont vécu au XVIIIe siècle et n’ont pu guère recueillir que des souvenirs de la tradition. Nous allons réunir ici leurs minces données, en y ajoutant quelques découvertes personnelles, faites dans les archives ou ailleurs.
Jean Del Cour fut envoyé à Huy pour y faire ses études primaires et ses humanités. Il fit au Collège des Pères Augustins des progrès remarquables qui permettaient d’augurer que ses études achevées, il pourrait prétendre à quelque charge importante dans cette société liégeoise du XVIIe siècle, si féconde en jurisconsultes distingués et en savants éminents. Un manuscrit latin sur les bas-reliefs de la colonne Trajane, conservé à l’Université de Liège, que Del Cour copia, en 1681, nous prouve que la langue latine lui était familière.
Son apprentissage à Liège
Mais il eut bientôt d’autres aspirations. Les aspects si variés de la belle et pittoresque nature de la contrée natale avaient éveillé dans sa jeune âme, le goût du beau. Jean sentit naître en lui, à l’âge de l’adolescence, la vocation artistique ; à quinze ans, sa décision est prise : il sera sculpteur.
Il quitte alors le Collège et se rend à Liège, où il se met sous la direction des deux maîtres les plus réputés dans la capitale de la principauté : le peintre Gérard Douffet, l’un des premiers disciples de Rubens, et le moine sculpteur de la Chartreuse, Arnold Henrard qui avait été en Italie, élève de Duquesnoy. Douffet enseigna au jeune Del Cour, le dessin ; le frère Robert lui apprit à pétrir la glaise et à manier l’ébauchoir.
Il n’est pas aisé de découvrir dans l’art de Del Cour ce qu’il doit à ses maîtres liégeois. On a conservé bien peu d’œuvres de ces artistes. Nous ne connaissons de Gérard Douffet que l’Invention de la sainte Croix et la Glorification de saint François d’Assise qui se trouvent à la Pinacothèque de Munich. L’église St-Antoine à Liège possède une copie du second tableau. Il ne nous reste du frère Robert que les statues de Constantin et de sainte Hélène en l’église Ste-Croix, et à la Cathédrale St-Paul, une petite Vierge, dans laquelle se retrouve le type de la sainte Suzanne de Duquesnoy. C’est bien peu pour établir une comparaison avec les œuvres de leur disciple Del Cour.
Tout ce qu’on peut dire, c’est que Douffet, dont l’influence fut prépondérante sur la génération nouvelle des artistes du XVIIe siècle, et imprima à la peinture liégeoise d’alors, ce caractère personnel qui la distingue des autres écoles, dut inspirer au jeune sculpteur un amour sincère de la nature.
D’autre part, le frère Robert lui communiqua son admiration pour la statuaire antique et pour les œuvres de la Renaissance, dont il se montra un imitateur fervent.
Ainsi s’expliquent, chez Del Cour, ces deux recherches de la nature et de la beauté classique, qui d’ordinaire s’unissent si harmonieusement dans ses œuvres. Ce qui est certain, c’est que le disciple reçut de ses deux maîtres, à l’âge si fragile de la jeunesse, le complément des leçons familiales, à savoir la gravité et la dignité de la vie, qui marquèrent également son existence.
L’apprentissage de Del Cour dura six ans. Ses progrès dans l’art étaient tels que, bientôt, ses maîtres n’eurent plus rien à lui apprendre. Au reste, les événements lamentables, provoqués par les nouvelles dissensions des Chiroux et des Grignoux, qui se disputaient le pouvoir dans la Cité depuis 1630, précipitèrent son départ. Son maître Gérard Douffet est sur la liste des proscrits en 1648 ; Del Cour le suivit sans doute dans son exil. Il rentra dans sa famille, pour faire ses adieux et ses préparatifs de départ. L’heure était venue pour le jeune sculpteur d’accomplir le pèlerinage obligé de tous les artistes de l’époque sur la terre classique de l’art ; d’aller sous le beau ciel d’Italie, à la recherche de maîtres plus habiles et d’y étudier la beauté sous ses formes les plus nobles.
Jean Del Cour en Italie
Encore une fois, nous ne connaissons rien du séjour de Jean Del Cour en Italie. Les biographes sont à ce sujet d’un laconisme regrettable. Et cependant un artiste, qui demeure neuf ans au delà des Alpes, n’y reste pas inactif : si Del Cour y travailla pour le compte d’autrui, il dut également y produire des œuvres qui lui sont propres.
Le jeune Liégeois s’en alla donc, d’une ville à l’autre, fixant son attention sur les glorieuses reliques du passé. Rien n’échappe à sa curiosité : statues, bas-reliefs, médailles, pierres gravées, tout devient pour lui un sujet d’étude et une source féconde d’utiles enseignements.
Les monuments de l’antiquité, dont ses maîtres liégeois lui avaient parlé avec enthousiasme, firent sur sa jeune âme d’artiste la plus profonde impression et affinèrent le goût naturel du beau qui s’était éveillé en lui dès son adolescence. Mais Rome, la ville merveilleuse de l’art, et le Bernin, dont la gloire resplendissait au delà des frontières, l’attirèrent bientôt.
Del Cour chez le chevalier Bernin ; la Sculpture romaine au XVIIe siècle ; retour au pays.
Del Cour ne tarda pas à se faire recevoir dans l’atelier de l’illustre sculpteur à qui les papes, les patriciens et les plus hauts dignitaires de la Cour romaine confiaient l’exécution des travaux les plus magnifiques, celui que ses admirateurs ont appelé le Michel-Ange du XVIIe siècle et ses adversaires l’homme le plus néfaste qui existât pour l’art. La critique moderne, plus équitable dans ses jugements, regarde le chevalier Jean-Laurent Bernin comme l’artiste le plus grand, le plus représentatif d’une époque nouvelle. Son temps était épris d’originalité excessive, de pittoresque grandiose, d’aspirations surhumaines, de sentiments raffinés, de passions effrénées. Qui, mieux que le Bernin, traduisit toute cette tendance ? Il accomplit pour la sculpture l’œuvre rédemptrice que les Carrache avaient tentée en peinture ; il fut l’ouvrier qui adapta le mieux la plastique aux exigences d’un siècle avide de recherches, ardent de vouloir et d’audace et qu’à cause de cela on a eu le tort d’appeler époque de décadence.
Et c’est ce maître génial, dernier rayon de la Renaissance italienne, qui compléta à Rome l’éducation artistique de Jean Del Cour, qui imprima sa marque indélébile sur le talent de son disciple, mais dont l’exagération, malheureusement trop fréquente, n’eut jamais de prise sur le sculpteur wallon, à l’âme fougueuse, calme et pondérée à la fois. Le sage équilibre de la race wallonne, à laquelle il appartenait, sauva l’élève des erreurs du maître.
Le chevalier Bernin ne fut pas longtemps sans remarquer ce jeune homme, de manières distinguées, sérieux de caractère, actif et laborieux, habile déjà à manier le ciseau. Il l’admit bientôt dans son intimité, le fit travailler sous ses yeux, ce qu’il faisait pour tous les élèves de mérite, lui prodiguant ses conseils et lui dévoilant tous les secrets de son art.
Del Cour devint un aide précieux pour le grand sculpteur. Sous sa haute direction, il travailla, avec beaucoup d’autres artistes dont l’histoire conserve les noms, aux importants travaux que le Bernin exécuta à cette époque. Des recherches dans les archives romaines feraient probablement découvrir la part qui revient à Del Cour dans leur élaboration. Le maître italien essaya de le retenir auprès de lui, lui promettant une brillante destinée à la Cour papale. Ce fut en vain.
Le jeune sculpteur wallon avait au cœur l’amour indéracinable de la patrie. Il avait résolu de se fixer à Liège et d’y vivre de son art. Il revint au pays en 1657 et, dans le voyage de retour, il traversa la France, visitant les villes les
plus considérables du royaume, afin d’y rencontrer les ouvrages dignes d’admiration ou les maîtres dont l’enseignement lui serait utile.
Liège pendant la seconde moitié du XVIIe siècle
L’horizon politique de la capitale de la principauté, si sombre à la fin du règne de Ferdinand de Bavière, s’était un peu rasséréné sous son successeur. Les dissensions civiles avaient été étouffées par la force ; un calme relatif avait succédé aux sanglantes agitations provoquées par la lutte des factions. La tranquillité devait durer vingt ans. L’ambition de Louis XIV amena sur notre pays, durant le dernier quart du XVIIe siècle, des misères extrêmes ; c’est en particulier sur le sol liégeois que la lutte entre la France et les puissances alliées se porta.
Le XVIIe siècle fut, pour le pays de Liège, une époque de calamités profondes ; et cependant bien peu furent aussi fécondes en grands hommes. Les artistes, peintres, sculpteurs et graveurs, s’y comptent en grand nombre et, sans avoir trouvé à Liège de brillantes destinées, ils y vécurent honorablement, grâce aux travaux que leur commandèrent les églises, les couvents ou des mécènes généreux.
On doit donc admirer cette résolution du jeune sculpteur Del Cour, qui reste inébranlablement attaché à sa patrie, et qui s’établit dans une cité appauvrie où le succès et le profit seraient plutôt médiocres, alors que devant lui, s’offrait une brillante situation à l’étranger.
Voyage de Del Cour à Paris
Le Bernin devait encore le tenter quelques années plus tard. Il était venu en France, en 1665, sur l’invitation du ministre Colbert, élaborer de nouveaux plans pour le Louvre. Del Cour fit expressément le voyage de Paris, pour aller saluer son vieux maître. Celui-ci revit avec plaisir son ancien disciple et le pressa de nouveau de l’accompagner en Italie. Ses instances furent inutiles, comme aussi la tentative que fit vraisemblablement un compatriote, l’illustre médailleur Varin qui, établi à la Cour de France, depuis 1628, y était arrivé à une fortune brillante.
Il eut alors l’occasion d’admirer le talent des deux artistes rivaux, dans l’exécution du buste de Louis XIV, et de profiter de leurs leçons. Peut-être, en juxtaposant les œuvres, trouverait-on, dans le buste du chancelier Lambert de Liverlo, que Del Cour modela vers 1673, quelque souvenir du maître italien et de Varin.
Vingt ans plus tard, Del Cour dont le talent s’était affirmé en des œuvres puissantes, fut invité par Vauban, à s’établir à Paris pour modeler la statue de Louis XIV, qui 0devait couronner le monument de la place des Victoires. L’artiste refusa de nouveau de quitter sa patrie, alléguant son grand âge et ses infirmités.
Jean Del Cour s’établit définitivement à Liège
Après son voyage à Paris, Jean Del Cour revint donc à Liège, qu’il ne devait plus quitter. La mort de son père, décédé inopinément à Durbuy le 25 juillet 1664, lui imposait des charges nombreuses. Sa mère était vieille, et il devenait désormais le chef de la famille, auquel on aurait recours dans les circonstances graves.
Le 9 juin 1667, il prend en location, dans le paisible quartier de l’Isle, une importante demeure, située rue Soeurs-de-Hasque, à l’enseigne du St-Esprit, appartenant au jurisconsulte Christophe Van der Maesen ; il l’occupa jusqu’à la fin de sa vie.
Vers 1676, après son second voyage d’Italie, son frère Gilles, devenu peintre distingué, s’y établit lui-même. Les deux Del Cour n’eurent plus, dès lors, qu’un seul atelier et un même foyer.
Evénements de la famille
On comprend cette décision. La mort avait frappé autour d’eux. Leur frère Nicolas, devenu prêtre sur le tard, était mort prématurément en 1672 ; leur mère était elle-même décédée un an plus tard et leurs sœurs étaient entrées
en religion. Ils se reconstituèrent un foyer en vivant ensemble, jusqu’à ce que la mort vint les séparer.
Le peintre Jean Gilles Del Cour mourut subitement le 19 août 1695 et Jean Del Cour le 3 avril 1707. Tous deux furent enterrés auprès de leur mère qui, décédée dans la maison du sculpteur le 23 juillet 1673, avait reçu la sépulture dans l’église de St-Martin-en-Isle.
La tombe des parents Del Cour
Détail qui intéressera certainement les lecteurs : nous avons découvert, dans la vieille église de Xhignesse ; où Jean Del Cour reçut le baptême, la pierre tombale de ses parents et de son frère Nicolas. Dans le pavé de la chapelle de gauche se trouve encastrée une grande dalle de pierre portant avec les armoiries des Del Cour et des Verdon l’inscription suivante :
TOMBEAU
D’HONORABLE GILSON DEL COUR
ESCHEVIN DE HAMOIR
LEQUELLE TRESPASSAT LE 25 JULLET 1664
DE GERTRUD DE VERDON SON ESPEUSE
LAQUELLE TRESPASSAT LE 23 JULLET 1673
EST ENTERRÉE DANS LÉGLISE PAROCHIALLE
DE ST-MARTIN A LIEGE
ET DE VENERABLE MRE NICOLAS LEURS FILS
QUI TRESPASSAT LE PREMIER JANVIER 1672
PRIE DIEU POUR LEURS AMES.
Dispositions testamentaires de l’artiste
Jean Del Cour fut donc le dernier survivant de la famille. Il écrivit, le 25 octobre 1702, ses dispositions testamentaires. Il laissait à ses cousines, Catherine et Jeanne Verlaine, l’usufruit de ses biens. Ceux-ci, après la mort de ses héritières, serviraient à la construction d’une chapelle à Hamoir, sous le titre de Notre-Dame de Lorette. Del Cour demandait qu’elle fût édifiée “sur le pré Jouga, dessur la crestalle”, au dessus de la fontaine, étant, disait-il, la “scituation fort ressemblante à celle de Notre Dame de Lorette dans la marque d’Ancône en Italie.”
Chapelle de Hamoir – la Maison de l’Office
Par suite de malencontreuses circonstances, l’édification de la chapelle fut retardée de plusieurs années. La bâtisse commencée en 1737 ne fut achevée qu’en 1739. La consécration en fut faite, le 23 septembre de la même année,
par Mgr Jacquet, suffragant de Liège. La chapelle fondée par Jean Del Cour demeura debout jusqu’en 1869. La population de Hamoir s’était accrue notablement durant le XIXe siècle, et les nécessités spirituelles du nouveau centre paroissial exigeaient sa démolition pour faire place à un temple plus spacieux.
Ainsi disparut tout ce qui avait rapport à Jean Del Cour dans son lieu natal : et la chapelle qui avait été bâtie de ses deniers, et la maison familiale qu’il avait laissée pour servir de demeure au prêtre chargé de desservir la chapelle et de donner l’instruction à la jeunesse. Cette habitation s’appela plus tard à cause de cela la Maison de l’Office. Elle fut vendue par le Gouvernement français.
Le nom de Del Cour tombe dans l’oubli à Hamoir et à Liège — Glorification de l’artiste
Le peuple de Hamoir oublia jusqu’au nom de Del Cour. Dans cette jolie localité des bords de l’Ourthe, rien ne rappelle le génial artiste, qui est son unique illustration et qui, lui, ne renia jamais son lieu d’origine. Jean Del Cour aimait à l’ajouter à la signature latine de son nom et de sa profession : Joannes Del Cour, sculptor ex Hamoir.
Quelque modeste monument, élevé à sa mémoire, par ses compatriotes, témoignera-t-il enfin de leur reconnaissance à l’artiste qui rendit leur localité célèbre à jamais et qui montra un judicieux souci de son avenir et de ses intérêts ?
Pourvoir à l’édifice d’une église et à l’instruction de l’enfance, c’était certes faire œuvre utile, et au développement matériel de la localité, et au perfectionnement intellectuel et moral de ses futurs habitants. Jean Del Cour couronnait ainsi sa brillante carrière, par un acte de clairvoyance et de sagesse en faveur de ses concitoyens et par une véritable action de grâces au Divin Auteur de son talent.
Sa vie modeste et sans ambition, active et laborieuse, dévouée à sa famille et à tous ceux qui l’entouraient, élèves et praticiens ; la consécration du produit de sa fortune au bien de ses compatriotes, honorent autant Del Cour que ses œuvres les plus remarquables.
La double auréole de la vertu et du talent illumine son front. L’humilité de son existence et, reconnaissons-le, l’indifférence de la Cité pour ses savants et ses artistes, alors qu’elle porte tous ses efforts et ses soucis vers les progrès de l’industrie et du commerce, furent cause que le nom de Del Cour tomba dans l’oubli et que sa renommée s’obscurcit.
Le moment est venu de faire œuvre de justice. Que l’illustre cité de Liège, si féconde en grands hommes, dans toutes les sphères des connaissances humaines, ceigne enfin l’un de ses fils les plus méritants du laurier immortel de la gloire et inscrive son nom dans les fastes de l’Histoire.
Le talent du sculpteur Del Cour
Caractériser le talent de Del Cour en quelques lignes est chose difficile. Il se manifesta, en effet, sous des aspects si divers, qu’il faudrait, pour en parler comme il le mérite, passer en revue la plupart des œuvres de l’artiste. C’est évidemment impossible dans une notice aussi brève que celle-ci, où nous n’avons d’autre but que vulgariser la connaissance du sculpteur liégeois.
En attendant un travail de plus longue haleine, nous nous contenterons de noter ici les propriétés distinctes qui marquent le talent de Del Cour en rappelant ses œuvres. De la sorte, nous en ferons une revue succincte, que nous avons, à dessein, laissée de côté dans la biographie de l’artiste. Nous compléterons ces notes rapides par la nomenclature des œuvres encore existantes que des renseignements d’histoire, d’archives ou des comparaisons critiques nous permettent de lui attribuer avec raison.
La grâce et l’élégance de ses œuvres
Jean Del Cour, dit-on, fut l’interprète de la grâce et de l’élégance. A considérer cette Vierge noble et douce, idéalement belle, de la Fontaine de Vinâve-d’Ile, cette mère tendrement protectrice de son enfant, dans laquelle l’artiste a saisi la nature sur le vif, nous sommes en présence d’un type exquis, suave, qui restera toujours vivant et qui appartient bien à Del Cour.
Le charme est plus prenant dans les Trois Grâces qui ornent le perron de la Fontaine du Marché. Dans leur superbe beauté à peine voilée, dans l’élégance gracieuse de leur mouvement harmonieusement cadencé, tout en remplissant noblement leur office de cariatides, soutenant la pomme de pin, symbole de l’union civique, elles semblent trois sylphides aériennes qui continuent, dans l’espace, les rondes populaires de nos joyeux cramignons, où se révèlent la grâce et l’élégance natives de notre jeunesse wallonne.
Et si de là, nous passons aux Anges nombreux dont Del Cour peupla nos autels, surtout à ceux de Hasselt qui en sont comme les types achevés, nous avons devant nous des êtres surhumains, d’un charme juvénile et troublant, vraie création de notre artiste.
Ces œuvres suffiraient, à elles seules, à consacrer et à immortaliser son talent, à nous faire savourer la suave poésie dont son âme wallonne était pleine, à nous faire constater l’étude approfondie des maîtres italiens, d’un Raphaël, d’un Corrège, que certainement il avait faite durant son séjour en Italie.
L’énergie et la vigueur de son ciseau
Que Del Cour soit le merveilleux interprète de la grâce, cela ne peut être mis en doute. Mais borner à cela notre jugement sur l’artiste serait une erreur et une injustice. Ce qui fait la grandeur de son talent, c’est, avant tout, l’énergie, la vigueur, la robustesse.
Ces qualités essentielles se retrouvent même dans ses œuvres gracieuses ; mais elles se manifestent davantage dans certaines statues de sainteté. Beaucoup seraient à citer ; bornons-nous à indiquer le saint Joseph à l’attitude tragique de l’église St- Antoine, le saint Jacques au geste triomphant et victorieux, et le saint Hubert aux traits extatiques de l’église St- Jacques, le saint Bernard au port noble et décidé d’orateur sacré à Hasselt.
Partout, on peut admirer des lignes souples et harmonieuses, un équilibre plein de justesse, une simplicité noble, une énergie cachée, une sobriété qui révèlent le coup de ciseau du statuaire aux idées larges, puissantes, vraies, sincères ; on se sent en présence d’un maître plein de virilité.
C’est que Del Cour fut sculpteur, dans la véritable et complète acception du mot. Il possède le tempérament et la méthode de son art ; il en observe fidèlement et toujours les lois immuables.
Sa virtuosité dans la draperie
Ajoutez à cela qu’il fut un virtuose consommé. Pas de plus habile que lui pour jeter une draperie, pour la fouiller, la creuser, l’onduler, la mouvoir, la faire claquer au vent, créant des jeux extraordinaires d’ombres et de lumières. On a voulu lui en faire un grief, mais au vrai, c’est une force de plus à son actif, car malgré tout, il reste naturel, jusque dans le caprice. Qu’on ne croie pas d’ailleurs qu’il n’ait fait que de l’art agité ; il est calme, quand le sujet le commande. Le saint Jean- Baptiste prêchant dans le désert à la Cathédrale de Liège, la sainte Scolastique à St-Jacques, saint Bernard à Hasselt et bien d’autres, sont revêtus de draperies larges, tranquilles. Il n’y a pas à le nier ; Del Cour fut logique dans ses travaux : il eut le sens exact et juste de l’adaptation de la forme au sujet à traiter.
Mais là où la fantaisie lui est permise, alors qu’il semble s’abandonner à toute sa fougue, il est toujours maître de lui-même et ses draperies les plus mouvementées demeurent soumises aux règles de la sculpture. Elles participent à la vie du corps qu’elles enveloppent et lui communiquent quelque chose de leur chaleur et de leur mouvement.
Sans doute, une vision trop rapprochée donne une vive impression à l’œil ébloui ; mais qu’on n’oublie pas que ces images furent faites pour être placées haut, dans les transepts et les nefs de nos églises. Il fallait à la piété chrétienne, à l’époque où vivait Del Cour, des figures de saints vivantes, impressionnantes, afin de marquer le contraste avec les murs nus et froids des temples protestants. L’art devait exprimer les sentiments sublimes des héros du catholicisme, pour en pénétrer les âmes et les attacher à la Religion qui les avait produits.
Sa modération et sa noblesse ; influence de Del Cour sur la sculpture liégeoise
Del Cour ne pouvait travailler autrement qu’il a fait ; sous peine d’être rétrograde, il devait être l’interprète des tendances et des exigences de son temps. Qui lui en ferait un reproche, ne comprendrait rien à cette loi qui régit l’art et qui en fait l’expression ordinaire du milieu social où il naît, où il vit, où il se développe. Reconnaissons-le : l’art à cette époque ne sut pas toujours garder une sage mesure ; le Bernin et surtout ses disciples décadents exercèrent, par leur exagération dans le mouvement et la sensiblerie dans l’expression, une influence néfaste sur la sculpture italienne.
Il n’en fut pas de même pour Del Cour, élève, lui aussi, du Bernin. Il resta dans de justes limites de mouvement et d’expression. Il se montra toujours noble, digne, plein de grandeur. C’est un honneur à lui rendre, que ses exemples influencèrent heureusement les sculpteurs liégeois, ses contemporains et ses successeurs ; ceux-ci accentuèrent le charme, l’élégance, la préciosité, mais ils furent fidèles au caractère de noblesse et de grandeur imprimé par Del Cour à toutes ses œuvres.
Origine de ses qualités
Et si nous cherchons l’origine des qualités essentielles de son art, nous ne pouvons les trouver que dans la race à laquelle il appartient. C’est là qu’elles plongent leurs racines. Artiste wallon, le grand statuaire liégeois manifeste un art fougueux, imprévu, spontané, généreux, alerte, enthousiaste, mais qui est avant tout intellectuel, vigoureux, mesuré.
Ampleur de son talent
Nous voudrions pouvoir décrire toute l’ampleur de son talent. Il eut un faible pour les représentations de l’enfance sous les traits angéliques.
Il portraitura de grands personnages dans tout le faste de leur costume, le chancelier Lambert de Liverlo, l’évêque d’Allamont, la jeune comtesse de Hinnisdael.
Dans maintes statues, nous reconnaissons de vrais portraits de moines, de religieuses, de gens d’église ou autres, qui lui servirent sûrement de modèles. Et comment dépeindre la véritable beauté classique de certaines de ses figures ? Il profita largement des magnifiques exemples de la renaissance italienne et s’assimila parfaitement la pureté, la noblesse de ses créations.
Il parvint à idéaliser souverainement les traits de l’Homme-Dieu. Son Christ au tombeau de la Cathédrale l’un des plus beaux du genre, son Crucifix du Musée archéologique, sont des modèles de grandeur divine, qu’on surpassera difficilement.
Son étude de la nature
Jean Del Cour ne fut si excellent artiste qu’en étudiant la nature sur le vif, lui faisant rendre tout ce qu’elle pouvait donner, l’élevant par la force de son génie, à la hauteur de l’idéal, que sa claire et solide intelligence, servie par une extraordinaire habileté, avait entrevu dans ses rêves de beauté, la revêtant enfin de grandeur, de noblesse, de grâce, de charme et de tendresse.
Excellence de son Art
Telle est l’excellence du talent de Del Cour que, selon nous, il faut le regarder comme le digne continuateur de nos célèbres imagiers d’autrefois qui portèrent au loin, jusque dans la capitale des rois de France, le renom de la sculpture liégeoise. Son nom glorieux mérite de figurer à côté de ceux de Jean de Liège, Jean Pépin de Huy, ses illustres devanciers.
Et parmi les maîtres modernes, sans le faire monter au rang d’un Michel-Ange, on peut affirmer à bon droit qu’il égale en talent et en maîtrise les artistes italiens et français, dont la célébrité est consacrée depuis longtemps. S’il eut vécu à Rome, en France, ou même en Flandre, Jean Del Cour n’eût pas attendu une glorification si tardive.
Il est plus que temps que la Cité de Liège rende justice au sculpteur qui l’adopta pour sa seconde patrie ; qu’elle proclame son génie et le salue comme l’une de ses plus belles et plus pures gloires artistiques.
Nomenclature des œuvres de Jean Del Cour
Les œuvres que nous citons ici sont celles qui nous restent et qui ont été identifiées grâce aux indications laissées par les biographes de l’artiste, aux découvertes dans les archives, ou par leur comparaison avec des œuvres authentiques.
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- A Liège
- La Fontaine de St-Jean-Baptiste, rue Hors-Château. Il y avait là une ancienne fontaine, surmontée par un amas de rochers. En 1667, le Conseil de la Cité la fit réédifier. Nous ne savons quel changement fut apporté à l’architecture du monument : ce qui est certain, c’est que Del Cour l’adorna d’une porte-relief en bronze, représentant le baptême du Christ et de trois dauphins sculptés dans la pierre ; il couronna le tout d’un St- Jean-Baptiste colossal en bronze. (PL IX.)
- La Fontaine du Perron ou des Trois Grâces, sur le Marché, fut reconstruite par Del Cour à partir de 1693. Il surmonta le perron des figures, en marbre blanc, des trois Grâces, soutenant la pomme de pin. La corniche placée au-dessus des arcades était décorée de six bustes en marbre blanc, représentant des Vertus. En 17 17, afin de les garantir contre les intempéries de l’air, qui les menaçaient de la ruine, on les rentra à l’Hôtel de Ville, où ils ornent aujourd’hui le dessus des portes de la salle des Pas-Perdus. (Pl. XX.)
- La Fontaine de la Vierge, en Vinâve-d’Ile (1695-1696). La Vierge en bronze fut fondue, dit-on, avec le métal d’un ancien perron qui existait auparavant sur cette fontaine et avec les débris de cuivre du balcon de l’antique Violette ou Maison de Ville, incendiée lors du bombardement de la cité par le général français le marquis de Boufflers, en 1691. (Pl. V.)
- La Fontaine de la maison Wodon-Mercken, en Féronstrée, nos 121- 123, ancien hôtel seigneurial ; la cour fut ornée par Del Cour, sur la fin du XVIIe siècle, d’une fontaine. Le bas-relief, représentant le Christ conversant avec la Samaritaine, est en stuc ; la fontaine fut surmontée, vers le milieu du XVIIIe siècle, d’une copie en chêne de la Vierge du Vinâve-d’Ile. (Pl. XIV.)
- Églises.
- A Saint-Paul se conserve, attaché au-dessus de la porte intérieure de l’entrée principale, le grand crucifix de bronze, posé autrefois sur le Pont des Arches, d’où il fut enlevé à la Révolution. Le modèle fut exécuté par Del Cour en 1663 et la fonte en fut faite par Perpète Wespin, de Dinant. Le Christ au tombeau, placé aujourd’hui dans la chapelle supérieure, à droite du chœur, provient du mausolée que Walthère de Liverlo et Marie d’Ogier s’étaient fait élever en 1696, dans l’église du couvent des Sépulchrines, dit des Bons-Enfants. (Pl. III.)
Dans la même chapelle, saint Jean-Baptiste prêchant au désert, et les Anges adorateurs, statues en bois. Le saint Jean-Baptiste appartenait à l’ancienne église de St-Jean-Baptiste. (Pl. IV.) Les anges proviennent de l’ancienne abbaye de Ste-Claire.
Dans le choeur, se voit un aigle-lutrin en cuivre dont le modèle fut donné par Del Cour.
Dans la première chapelle de gauche, derrière la chaire de vérité, à l’autel se trouve un bas-relief en marbre blanc représentant les Adieux de saint Pierre et de saint Paul, avant de marcher au martyre.
Le pendant de ce bas-relief, le Christ donnant les clefs à saint Pierre, se trouve au Musée diocésain, dans les cloîtres de St-Paul ; ces deux bas-reliefs proviennent de l’ancienne Collégiale St-Pierre. - Au Musée diocésain on peut voir encore une tête d’ange et deux petits bas-reliefs de Del Cour. La statue de Vierge, qu’on lui attribue, n’est pas de sa main, mais sort probablement de son atelier.
- A St- Jacques. Dans le porche, sous la tour, se voient quelques-unes des statues que Del Cour exécuta pour le transept de cette église : Saint Jacques le Mineur (Pl. XV.) ; Saint Hubert ; Saint Benoît ; Sainte Scolastique (Pl. XVI.) ; Saint Roch.
- Le Musée des Beaux-Arts, (salle des moulages), conserve le saint Henri, qui provient également de St- Jacques.
- A St-Denis. Aigle-lutrin dans le chœur ; un petit crucifix en ivoire, dans la salle du Conseil de fabrique.
- A Ste-Catherine. La statue de la martyre. (Fin du XVIIe siècle.)
- Aux Rédemptoristes, autrefois l’église des Carmes déchaussés. Au dessus de la porte d’entrée, les lions qui supportent l’écusson avec les armoiries de la maison de Bavière.
- A St-Antoine. Dans le chœur, saint Joseph et saint Bonaventure. Dans les bas côtés, le Christ Rédempteur ; (Pl. VI.) La Vierge (1693) (Pl. VIL) ; L’Ange gardien ; Saint Sébastien ; Saint Roch ; Saint François d’Assise ; Saint Antoine de Padoue ; La chaire de vérité et plusieurs socles de statues, avec têtes d’anges.
- A St-Servais. Deux anges adorateurs à l’autel de la Vierge ; un petit Christ en bois.
- A St-Martin. Dans la chapelle du Sacrement, les bas-reliefs en marbre blanc, que le chanoine de Gymnich commanda à Del Cour ; Le grand Christ ; un crucifix en buis dans le chœur.
- A St-Pholien. Un petit saint Roch ; Sainte Barbe.
- A St-Nicolas (Outremeuse). Deux anges soutenant une couronne à l’autel de l’antique madone, et le grand Christ du fond de l’église.
- A Saint-Paul se conserve, attaché au-dessus de la porte intérieure de l’entrée principale, le grand crucifix de bronze, posé autrefois sur le Pont des Arches, d’où il fut enlevé à la Révolution. Le modèle fut exécuté par Del Cour en 1663 et la fonte en fut faite par Perpète Wespin, de Dinant. Le Christ au tombeau, placé aujourd’hui dans la chapelle supérieure, à droite du chœur, provient du mausolée que Walthère de Liverlo et Marie d’Ogier s’étaient fait élever en 1696, dans l’église du couvent des Sépulchrines, dit des Bons-Enfants. (Pl. III.)
- A Liège
Les maquettes d’un grand nombre de ces statues sont conservées au Musée diocésain, au Musée des Beaux-Arts et au Musée archéologique. Celui-ci possède également un beau Christ de Del Cour (Pl. II) ; ainsi que le buste de Lambert de Liverlo, chancelier du prince-évêque de Liège (Pl. XVII) et un coq qui a dû servir d’enseigne. L’Hôtel d’Ansembourg possède également quelques dessins de l’artiste ; qui proviennent de la collection Hamal.
En dehors de Liège, les seules œuvres connues aujourd’hui sont :
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- A Amay. La Vierge assise du maître-autel ; Deux anges adorateurs et les symboles de la Foi et de l’Espérance, également au maître-autel ; un calvaire avec deux anges.
- A Huy. Dans l’Eglise St-Mengold, la pierre tombale en marbre blanc des Martini (1687) sous le jubé. (Pl. XVIII.)
- A Xhignesse. Deux anges et une porte de tabernacle.
- A Dolhain. Deux anges adorateurs.
- A Spa. Le médaillon de la Confrérie du saint Sacrement (1669).
- A Tongres. En l’église de l’hôpital, le mausolée de la comtesse de Hinnisdael (1097-1098). (Pl. XIX.)
- A Hasselt. En l’église Notre-Dame, l’autel où se remarquent surtout une Immaculée (Pl. X) ; un saint Bernard (Pl. XI) et deux anges adorateurs (Pl. XII et XIII). Ces statues sont en marbre blanc. Dans la même église, la chaire de vérité. Tous ces objets proviennent de l’abbaye de Herckenrode.
- A Gand. Le mausolée de l’évêque d’Allamont qui fut chanoine de Saint-Lambert (1673).
Cette notice est un résumé très succinct d’un travail plus étendu sur Del Cour que l’auteur se propose de faire paraître prochainement. Les seuls biographes de l’artiste ont été jusqu’ici :
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- Louis Abry, Les Hommes illustres de la nation liégeoise.
- Louis Abry, Recueil héraldique, paru sous le nom de Loyens.
- Saumery, Les Délices du pays de Liège.
- Le chanoine Hamal, dans un manuscrit aujourd’hui détruit, qu’ont mis à profit d’abord le baron de Villenfagne dans les Recherches sur l’histoire de la ci-devant principauté de Liège et les Mélanges de littérature et d’histoire, ensuite Helbig, dans ses deux ouvrages la Peinture au pays de Liège et la Sculpture et les Arts plastiques au pays de Liège et sur les bords de la Meuse.
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Justin MORET (1900)
PLANCHES
Les reproductions que nous donnons ici ont été exécutées d’après des clichés que, sur notre désir, M. le docteur Mathien, M. Kinon et d’autres, ont bien voulu prendre des œuvres attribuées à Del Cour.
Planche I. Portrait du sculpteur
Planche II. Petit crucifix en bois
Planche III. Christ au tombeau
Planche IV. Saint Jean-Baptiste prêchant au désert
Planche V. La Vierge
Planche VI. Le Christ rédempteur
Planche VII. Vierge de Montaigu
Planche VIII. Ange gardien
Planche IX. Fontaine de Saint-Jean-Baptiste
Planche X. L’immaculée
Planche XI. Saint-Bernard
Pl. XII. Ange adorateur du Sacrement du miracle
Planche XIII. Ange adorateur du Sacrement du miracle
Planche XIV. Jésus conversant avec la Samaritaine
Planche XV. L’apôtre Saint-Jacques-le-mineur
Planche XVI. Sainte-Scolastique
Planche XVII. Chancelier Lambert de Liverlo
Planche XVIII. La vie et la mort
Planche XIX. Statue en marbre blanc
Planche XX. Les trois Grâces
DEL COUR, Jean (1627-1707)
[CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE] DEL COUR Jean (Hamoir 1627, Liège 04/04/1707). Sculpteur admiré de son temps, Jean Del Cour n’a pas perdu de sa notoriété avec le temps. Ses œuvres multiples de style baroque contribuent à l’éclat de Liège, de l’église Saint-Jacques (où un triomphal ensemble présente deux de ses chefs-d’œuvre, le Saint Jacques le Mineur et l’Immaculée Conception) au pont des Arches (il y avait érigé un christ en bronze grandeur nature) en passant par certaines chambres du palais des princes-évêques, par les bas-reliefs de l’église Saint-Martin, voire par la fontaine de Vinâve-d’Île surmontée d’une Vierge à l’Enfant. Il choie aussi la cathédrale Saint-Bavon à Gand, et d’autres églises à Spa, Herkenrode, Huy, etc.
Aîné de cinq enfants, dont le peintre Jean-Gilles, Jean Del Cour a appris le travail du bois auprès de son père menuisier et abandonné ses études au profit du dessin et de la sculpture ; il a fréquenté l’atelier de Robert Henrard, lui-même disciple de François du Quesnoy. Très tôt remarqué, il fait le voyage à Rome (1648-1657) avant de contribuer, dans la principauté de Liège, à l’épanouissement du style baroque fortement tempéré de classicisme. Ses sujets sont principalement destinés aux édifices religieux, mais pas seulement ; il manie avec dextérité toutes les matières (bois, marbre, terre, etc.). Les œuvres de Jean Del Cour s’imposent à celles de ses prédécesseurs et le maître devient le fondateur de l’école liégeoise de sculpture des XVIIe et XVIIIe siècles. Sculpteur, architecte, maçon, entrepreneur, on lui doit encore un Christ au tombeau en marbre blanc (destiné aux Sépulchrines et conservé à la cathédrale Saint-Paul), mais surtout la « réparation » de la grande fontaine du Marché de Liège : en fait, il va l’embellir par la présence de Trois Grâces et la mise en valeur du fameux perron liégeois ; le souvenir du sculpteur reste associé à cet édifice, même si ce que l’on voit aujourd’hui diffère beaucoup avec les intentions de l’artiste.
Paul Delforge, Institut Jules Destrée
MORET, Justin (1862-1928)
[MAITRON.FR, mars 2021] MORET Justin (abbé, Fraiture-en-Condroz – aujourd’hui commune de Tinlot, pr. Liège, arr. Huy – 24 avril 1862 − 15 mai 1928). Prêtre, soutien de la démocratie chrétienne dans la région de Verviers (pr. Liège, arr. Verviers). Ordonné prêtre et nommé vicaire dans la paroisse Saint-Joseph à Verviers le 24 mai 1885, l’abbé Justin Moret est un des prêtres qui soutiennent au début des années 1890 la jeune démocratie chrétienne verviétoise, animée par les avocats, Henri Boland, Alphonse Collard-Bovy et Henri Maquinay. Justin Moret contribue au développement du mouvement syndical à Verviers. Le 8 novembre 1892, il fonde un syndicat chrétien des peintres qui participe aux adjudications publiques de travaux de peinture. Dès qu’un chantier lui est adjugé, son exécution est donnée à des syndiqués au chômage, désignés par tirage au sort. Collaborateur du journal de l’Union démocratique chrétienne de Verviers, Le Démocrate, l’abbé Moret est éloigné de Verviers en juillet 1893 en raison d’articles jugés “inconvenants” par le curé-doyen de Verviers. Il est nommé curé à Velroux (aujourd’hui commune de Grâce-Hollogne, pr. Liège, arr. Liège). Il sera ensuite désigné curé de Surlemez (anciennement commune de Couthuin, aujourd’hui commune d’Héron, pr. Liège, arr. Huy) en juillet 1913 et y restera jusqu’à son décès.
Freddy Joris
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : transcription, partage, correction, édition et iconographie | sources : collection privée ; connaitrelawallonice.wallonie.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : collection privée ; rtbf.be | Remerciements à Eric Rozenberg.
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