HUSTINX, Astrid (1950-2022)

Temps de lecture : 5 minutes >

C’est désormais établi (puisque c’est dans wallonica.org !) : les petites belges ont le caractère bien trempé et cela, depuis longtemps. De Marie Popelin à Marie Mineur, elles ont été nombreuses à marquer notre histoire (même si les manuels scolaires ne leur ont pas toujours fait justice). Plus proches de la grande sportive Hélène Dutrieu, deux femmes moins célèbres n’en ont pas moins imposé le respect dans des domaines qui, à leur époque, étaient l’apanage de ces Messieurs : Fernande Hustinx dans les rallies automobiles (elle est la coéquipière de la fameuse Simone ; pas Simone de Beauvoir mais celle de l’expression “En voiture, Simone“) et une autre Hustinx, Astrid, récemment disparue, qui s’est imposée dans… l’aviation civile, en pilotant rien moins que des A-340 !

Air Astrid

[RATEONE.BE]Le pilote d’un avion de ligne, c’est un homme tout de même, non !?” Eh bien, pas forcément. Il y a plus de 40 ans déjà, Astrid HUSTINX, alors encore une jeune femme, brise la voûte du ciel et sa carrière de pilote prend alors son envol. Accompagnons donc Astrid lors de ses voyages, du Congo à Tahiti. Sautons hors des frontières, out of the box. Ou même, comme Astrid, out of the plane

Née pour sauter

Astrid a vu le jour le 9 mars 1950 à Zele. A ses deux ans, la famille Hustinx s’installe à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi) au Congo. Sa mère y travaille comme sage-femme, son père comme directeur technique. “Lors de mon enfance, je jouais aux billes avec les garçons, se souvient-elle, et je construisais des locomotives à l’aide de restes de bouts de bois. Jouer à la poupée avec mes copines ? Moi ? Jamais !” Lorsqu’elle a 7 ans, son père l’emmène à un meeting aérien local. Elle est fascinée par les corolles dans le ciel et le Fouga Magister. “De retour à la maison, je voulais absolument sauter en parachute ! J’ai pris le parasol du jardin et ai survolé plusieurs marches de la terrasse… l’atterrissage était hum… hasardeux !” Fin 1961, la crise congolaise oblige la famille Hustinx à rentrer en Belgique. Mais Astrid ne renonce pas à son rêve de sauter en parachute. A l’âge de seize ans, encore mineure, il lui faut impérativement la signature des deux parents. “Papa ne cautionnait pas et préférait que je garde les deux pieds sur terre.” Heureusement, il travaille de temps à autre au Liberia et à la maison, maman a le dernier mot.

© Collection privée

Astrid se rend au terrain presque tous les weekends. Ayant du talent, le Para Club de Spa subventionne ses sauts d’entraînement de voltige et de précision d’atterrissage. Même lors de compétitions internationales, caractérisées par un haut niveau de testostérone masculine, Astrid s’impose malgré tout remarquablement comme femme ! Les revenus gagnés lors de son premier job comme collaboratrice auprès de compagnies d’aviation d’affaires lui permettent de découvrir l’espace aérien de la planète et ses sauts préférés sont des vols de grande formation, dès le milieu des années 70 jusqu’au début de années 90.

Echange combinaison de saut contre uniforme

Sa carrière de pilote n’est pas moins impressionnante. La crise pétrolière de 1973 a d’abord tout gâché… Ne trouvant pas immédiatement de travail comme pilote professionnel, Astrid s’est contentée de petit boulots dans le monde de l’aviation d’affaires. “J’ai lavé des avions, raconte-t-elle, transporté des bagages, assuré la restauration… J’ai également été hôtesse sur Mystère 20 et Falcon 10, et finalement déléguée commerciale, remportant de beaux contrats de location d’avions d’affaires…” En 1977, le moment tant attendu arrive enfin. Astrid est qualifiée copilote Beechcraft-99, sur la ligne Liège-Ostende-Londres Heathrow. Fin 1982, elle s’installe en France. Elle y épouse un pilote français, veuf avec une petite fille. Astrid adopte la fille et… la nationalité française. Cinq années plus tard, à l’âge de 37 ans, Astrid est nommée commandant de bord Mystère 20 et Falcon 10. Une jeune femme commandant de bord d’un avion civil, sans antécédents militaires… il faut le faire ! Elle effectue souvent des vols aussi pour Europ Assistance.

D’Air France…

En 1988, Astrid est embauchée par Air Inter en tant que copilote Caravelle Super XII. Après de longues années passées dans l’aviation d’affaires, ce poste à Air Inter lui permet de consacrer un peu plus de temps à sa famille. Trois ans plus tard, Astrid obtient sa licence de pilote de ligne puis est qualifiée copilote sur Airbus A-320. Pus tard, à 47 ans, à l’époque de la fusion entre Air Inter et Air France, Astrid est nommée commandant de bord de la famille Airbus ! Elle vole désormais sur A-318, A-319, A-320 et aussi l’A-321. En 2005, Astrid est promue commandant de bord sur quadriréacteur Airbus A-340 et elle réalise ses premiers vols transatlantiques, et aussi transpacifiques depuis la base de Tahiti. Cerise sur le gâteau : à peine un an plus tard, Astrid Hustinx se régale sur le biréacteur Airbus A-330 !

© Collection privée

Entre-temps, Astrid reste toujours fidèle à ses premières amours : le parachutisme. Son autre passion aussi est de repousser les limites : faire du vol à voile à une altitude de 5.000 mètres en Nouvelle-Zélande, réaliser des vols en Mustang en Floride ou en P-40 Kittyhawk en Californie… Après sa retraite en 2012 qu’elle qualifie de nouvelle vie, elle reste néanmoins airborne : que ce soit à bord d’un ULM, une montgolfière, ou en parapente… the sky is her limit ! 15.600 heures de vol parmi lesquelles des missions humanitaires… pas étonnant que le président d’Air France en personne ait décoré Astrid Hustinx de la Légion d’Honneur !

…à Air Femme

Les anecdotes à propos d’un pilote féminin dans l’aviation civile pourraient remplir tout un Airbus. “Au début des années ’80, j’étais basée à Bruxelles à bord d’un Mystère 20, immatriculé OO-VPQ, en abrégé : Oscar Papa Québec. Mais, sourit Astrid, les contrôleurs aériens avaient fini par m’appeler Oscar MAMA Québec !” Au cours de l’été 1987, lors d’une réserve, je suis bipée pour un vol en Falcon 10, du Bourget à Bilbao. Mais lorsque mes quatre passagers voient un commandant de bord féminin, ils passent quelques coups de fil pour trouver “un appareil avec un autre équipage.” “Hélas, s’esclaffe Astrid, ils ont dû se contenter de moi ! Et comme ils avaient un contrat important à négocier à Bilbao, ils m’ont finalement suivie vers l’avion, mais en traînant des quatre fers. Imaginez leur soulagement quand ils ont vu que le copilote était un homme ! L’atterrissage à Bilbao fut mon petit moment de gloire : vent de tra-vers, pluie battante, mauvaise visibilité, de nombreuses turbulences et malgré tout… un super Kiss Landing ! Satisfaction pour tout le monde ! Le contrat enfin signé, ils ont même demandé que ce soit dorénavant moi leur commandant de bord !

Air FranceBus, comme dans Airbus

© Collection privée

En 2007, Astrid est basée durant six semaines en Polynésie pour assurer la ligne Air France Papeete – Los Angeles en Airbus-340. Entre deux courriers, lors d’une excursion au Lagon Bleu de Rangiroa, elle se retrouve en compagnie de 4 touristes. Quand ils lui demandent quelle est sa profession, préférant éviter les bavardages, elle leur dit être chauffeur de bus. Quel étonnement lorsque deux jours plus tard, en souhaitant la bienvenue aux passagers, elle revoit ces mêmes touristes. Confus et même un peu abasourdis de voir une Astrid-en-maillot-de-bain vers une Astrid-en-uniforme… “Mais, vous étiez conductrice de bus, non !?” Réponse d’Astrid : “Ah oui, j’ai oublié de vous préciser que c’est un AIR-bus…

Ces touristes eux aussi l’auront compris ! Avec Astrid Hustinx, ce commandant féminin d’Air France, on vole bien loin du business as usual


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition, correction et iconographie | sources : rateone.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © Collection privée.


Plus de sport en Wallonie-Bruxelles…

HALMES : Tous au bain ! Histoire des bains et des piscines à Liège (CHiCC, 2022)

Temps de lecture : 3 minutes >

C’est l’excellent livre de Marcel Conradt qui m’a donné l’idée de proposer une visite guidée consacrée aux lieux de baignade parmi les visites thématiques de l’Office du tourisme de Liège. La conférence suivra le parcours chronologique de cette visite qui, elle, se fait sur le terrain.

Depuis la nuit des temps, l’eau a été utilisée à des fins ludiques et hygiéniques. En témoignent à Liège les bains de la villa romaine de la place Saint-Lambert. On trouve également des bains dans les monastères. Et les Liégeois eux-mêmes n’hésitent pas devant un plongeon dans les eaux de la Meuse.

Au 17e et 18e siècles, on trouvera des étuves, dont l’une donnera son nom à une rue bien connue de Liège, étuves dont la réputation sera parfois mise en cause.

Les bains flottants du Pont Neuf, ouverts en 1840, seront la première véritable piscine à Liège. Ces grands caissons flottants, auxquels on accédait par un escalier au départ du Pont Neuf (actuellement pont Kennedy), permettaient de nager dans le fleuve, un fleuve dont la propreté laissait pourtant à désirer. Ils remportent un grand succès auprès des Liégeois, dont nombre d’entre eux s’y initient à la natation. Le début de la guerre sonnera le glas de leur existence en 1940.

Dès 1867, on trouve un espace communal de baignade à l’île de Malte (à proximité de l’actuel pont Atlas). Sous l’égide du sieur Delval, de nombreux Liégeois s’adonnent aux plaisir de la baignade, dans des eaux encore peu engageantes. Les bains Delval seront fermés en raison des dégâts causés par les inondations de 1926 et des travaux envisagés sur le cours d’eau en 1930. Une piscine en dur, sur la terre ferme, prendra le relais jusque dans les années 60 : les bains de la Constitution.

Au 19e siècle, des bains et lavoirs publics, dans les différents quartiers de la ville, permettent d’accéder à la propreté corporelle et de laver son linge. L’hygiène est un credo important alors que sévissent les épidémies.

Au début du 20e siècle, les Liégeois découvrent la première piscine couverte à Liège. Ce sont les Bains permanents Grétry, situés au boulevard d’Avroy, mais dont l’existence sera de courte durée.

Divers projets de création d’un espace de baignade à hauteur du quai Orban (entre 1930 et 1936) échoueront. A proximité, le plongeur d’Idel Ianchelevici rappelle l’éphémère existence de la piscine du Lido, créée dans la Meuse pour l’Exposition internationale de 1939.

Au début des années 30, une nouvelle école destinée aux jeunes filles est ouverte à l’emplacement des anciens bains Grétry et de la verrerie d’Avroy. Le Lycée de Waha voit le jour et dans ses murs est construite une piscine dont la décoration intérieure vaut le détour.

Mais Liège ne dispose toujours pas d’une piscine publique digne de ce nom. C’est alors qu’à l’initiative de l’échevin Georges Truffaut est présenté le projet des Bains et Thermes de la Sauvenière.

Il s’agit d’un projet d’émancipation sociale par la pratique du sport et l’hygiène des corps. C’est l’architecte Georges Dedoyard qui remporte le concours et réalise le bâtiment dans l’esprit du Bauhaus. Caractéristique particulière : les piscines se trouvent aux 4e et 5e étages. Malgré les vicissitudes de la guerre, la piscine ouvre ses portes en 1942 et rencontre un vif succès auprès des Liégeois. L’établissement sera complété par des installations sportives et une gare d’autobus s’y installera.

Mais le déclin s’annonce dès les années 70 et, en 2009, la Sauvenière fermera définitivement ses portes. C’est la Cité Miroir qui rendra vie à ses murs en y installant un lieu de mémoire dédié à la défense des libertés.

Pour pallier la fermeture de ce lieu emblématique, naîtra, dès 2004, le projet d’une piscine communale à Jonfosse, un projet qui, au bout de longues années, verra enfin sa concrétisation en 2020. La nouvelle piscine accueille les Liégeois dans une structure qui répond aux exigences de notre siècle.

Pour terminer : un clin d’œil à nos installations cointoises : les Thermes Liégeois, à la courte vie, dans le parc privé et la pataugeoire de la plaine de jeu du parc public, dont la petite tortue trône à présent sur le rond-point proche de la place du Batty.

Brigitte HALMES

  • illustration en tête de l’article : Liège, Exposition internationale de 1939, Le Lido © worldfairs.info

La CHICC ou Commission Historique et Culturelle de Cointe (Liège, BE) et wallonica.org sont partenaires. Ce texte de Brigitte HALMES  a fait l’objet d’une conférence organisée en novembre 2022 par la CHiCC : le voici diffusé dans nos pages. Pour les dates des autres conférences, voyez notre agenda en ligne

Plus de CHiCC ?

DELYS : Pour être bon joueur de billard (ca. 1931)

Temps de lecture : 25 minutes >
I. Le billard et ses accessoires – Leur entretien
Le billard

Avant d’expliquer quelles sont les principales règles qui régissent le jeu de billard, il nous paraît utile de dire quelques mots sur le billard lui-même, sur ses accessoires et leur entretien qui est d’une grosse importance. Quoique construit en bois excessivement sec et d’une fabrication soignée -nous parlons ici du billard sérieux- cet instrument est d’une grande fragilité, en raison même de sa construction délicate. Les bandes, le drap tendu à l’extrême, le bois lui-même, sont sujets aux variations de la température, plus qu’on ne peut se l’imaginer.

Les bandes et le drap, sous l’action répétée du roulement, se relâchent ; le bois malgré sa sécheresse et sa vieillesse n’est pas exempt lui non plus de crevasses ou de gondolements, résultats d’une température inégale. Jusqu’à la table elle-même, qui peut perdre sa rectitude et qu’il faut surveiller. Ces accidents, qui se produisent plus souvent qu’on ne le croit, sautent rapidement à l’œil et surtout à l’oreille du joueur qui s’intéresse à l’instrument sur lequel il joue. A l’œil il verra parfaitement que les billes ne roulent plus avec facilité, et surtout plus droit, à l’oreille il se rendra compte du bruit sec produit par le choc de la même bille contre la bande qui ne “rend” plus, pour se servir du terme cher au billard. Ce qu’il faut faire pour prévenir ou remédier à ces inconvénients, nous le dirons dans un chapitre plus loin.

Les billes

C’est d’ivoire qu’elles sont, ou plus exactement qu’elles doivent être faites. Elles peuvent ainsi se choquer à l’infini sans dommage très appréciable, et cela surtout par ce qu’il est extrêmement rare qu’elles se rencontrent au même point. Pourtant, si l’existence rude qu’elles mènent, où même les sauts à terre pardessus les bandes, ne les détériorent pas outre mesure, tout comme le billard ou les queues, les billes sont délicates et n’aiment guère les changements de température. Comme le métal, elles se dilatent à la chaleur et se contractent au froid. Résultats : fissures, rides et partant roulement imparfait. Les soins journaliers qu’on leur apportera, prolongeront dans de notables proportions leur existence qui, malgré tout cela, n’est pas excessivement fragile.

Les queues

C’est encore le bois qui entre dans leur construction ; la chaleur et l’humidité naturellement lui sont préjudiciables. Inutile d’insister sur le rôle joué par l’humidité. Les queues sous son influence perdront leur rectitude : elles glisseront plus difficilement dans les doigts ; par la chaleur, le talon se décollera sans aucune raison ; le bois se fendillera. Ce sont autant de choses à éviter. Jusqu’au procédé lui-même, cette pauvre petite rondelle de cuir, terminant la queue, qui n’échappe pas aux éléments destructifs. Lui, n’en connait qu’une seule, le dessèchement produit par l’usage de la craie, et par suite l’aplatissement, et le décollement. Son entretien sera simple, et nous l’expliquerons.

Pourtant avant d’en arriver aux soins à donner au billard et à ses accessoires, nous voulons ajouter quelques mots sur les queues, puisque nous en sommes encore à ce chapitre. Le poids et la longueur de ces instruments sont chose appréciable. Suivant le jeu du billardier qui affectionnera le coup dur, les bandes ou les rétrogrades, le poids de la queue variera. Ainsi par exemple le jeu par les bandes, qui demande le maximum de vitesse, permettant d’éviter les fâcheux contres, veut une queue ne pesant pas plus de 600 grammes. C’est le poids de trois billes françaises. Les coups fouettés à longue distance exigent aussi une queue d’un poids moyen ; on choisira donc celle de 600 grammes. La série qui s’obtiendra avec une régularité déconcertante pour… l’adversaire, les rétrogrades dépourvus de lourdeur, seront joués avec une queue de 540 grammes ; le diamètre de 13 mm. 5 conviendra parfaitement. Le coup dur demandera le poids maximum : 630 grammes, 1 m. 40 de long et 14 mm. de diamètre. Cette queue de 630 grammes doit être, pour atteindre ce poids levé, construite en bois lourd. Le talon sera par exemple en ébène et le reste en alisier. Certains fabricants emploient le plomb pour alourdir l’objet, ou un bois lourd, mais pas suffisamment dur. On se rend compte des résultats obtenus avec de pareils engins.

Il est évident que ces queues de poids et de diamètre différents ne se rencontreront guère au café. Pourtant il n’est pas rare de rencontrer des amateurs, habitués d’un endroit où le billard est excellent, avoir leur instrument particulier. Il sera utile d’en vérifier le diamètre et le poids ; ils comprendront ainsi plus facilement pourquoi certains coulés deviennent plutôt… cintrés.

L’entretien

Pour le billard, exigeons avant toute chose, la propreté. La poussière, les taches sont ennemis mortels du drap. La brosse sera utile après chaque partie pour chasser la poussière que les joueurs et la craie ont déposée sur le drap. Ne jamais s’asseoir par une raison quelconque sur l’un des bords du billard, les bandes en souffriraient. Veiller au niveau de la table et enfin, recommandation suprême, si vous possédez un billard chez vous, ne le transformez pas en table de débarras même s’il est recouvert de la housse protectrice. Outre la déformation du drap qui sera rapide, il se produira une modification du niveau de la table ou encore de ces taches qui, en raison de la coloration du tapis, prennent si rapidement cette teinte jaunâtre qui n’ajoute rien à l’esthétique du billard. Le massé trop répété produira lui aussi des inégalités dans le drap, les soins de propreté y remédieront ; quant aux accrocs, le stoppage seul en viendra à bout. Ce sont là les soins de toute première nécessité qu’il faudra assurer quotidiennement.

Eux seuls ne suffiront pas ; il faudra donc, de temps à autre, se livrer à une petite exploration qui nécessitera certains travaux comme :

      • Resserrer les vis, qui se fatiguent, se desserrent, et compromettent l’élasticité des bandes ;
      • S’assurer du niveau de la table ;
      • Dévisser les bandes, enlever le drap qui les entoure ;
      • Déclouer le drap, le battre, le brosser et arrêter à temps une petite déchirure qui ne demande toujours qu’à croître et embellir ;
      • S’assurer de la tension du tapis sans laquelle le parfait roulement des billes est impossible.

Les billes, quoique d’ivoire, ne subissent pas sans inconvénient, nous l’avons dit, les changements de température. Après chaque partie, elles devront avant tout être replacées dans leur boîte, que l’on mettra dans un endroit sec simplement, mais non chaud, ce qui n’est pas la même chose. Les billes, à rouler sur le tapis, récoltent un tas de petites poussières qui, mêlées à la craie forment des parcelles adhérant à l’ivoire et en modifient la circonférence. Un  linge humide, ou mieux encore, humecté d’alcool, suffira à les nettoyer. Un autre linge fin et sec fera disparaître toute trace d’humidité. Ne jamais se servir d’eau et de savon. La rouge sera nettoyée au linge humide, sans alcool, pour lui conserver sa teinte plutôt fragile. Après un usage très prolongé, à force d’être heurtées, les billes se modifieront. Un nouveau façonnage les rendra à leur forme primitive.


Les queues sont d’une fragilité extrême. Il faut prendre grand soin de leur existence. Par exemple ne pas les mettre au râtelier accroché à un mur humide ou placé à proximité d’un poêle quelconque ou d’une bouche de chaleur. Ne jamais les laisser dans la position horizontale et par conséquent sur le billard après une partie, comme c’est généralement l’habitude. Les placer verticalement au râtelier, le gros bout en bas ; dans le cas contraire, le procédé se déformerait et l’équilibre de l’instrument en souffrirait.


Le cuir du procédé doit être assez épais, mais rester souple en même temps. Seule son élasticité permet d’attaquer la bille avec sûreté. L’usage de la craie, qui permet l’adhérence à la bille, n’est pas sans inconvénient sur l’existence du procédé. Le frottement répété aide à la pénétration de ladite craie dans le cuir, le dessèche et le désagrège. Il s’aplatit, et se décolle subitement. Son entretien est simple ; il suffit de le frotter assez fréquemment avec un morceau de papier de verre fin, qui se chargera d’arracher toutes les petites particules qui y auront adhéré.


Ne terminons pas cet exposé sans signaler l’inconvénient que présente le billard mal éclairé. Son installation dans la salle ne devra pas être faite seulement pour permettre les libres mouvements des joueurs, mais aussi pour qu’il ne soit placé par moitié à contre jour. Quant à l’éclairage, deux lampes sont nécessaires : l’une au-dessus de la mouche de la rouge, l’autre au-dessus des mouches de départ. Ce système d’éclairage qui peut être réduit à un bec si le billard est petit, sera placé à environ 0,80 m du tapis, afin d’éclairer normalement mais sans inconvénient aussi pour le… chef des joueurs.


II. Les différentes façons de jouer au billard – La partie libre. – Au cadre de 0,45 à un et deux coups – Par trois bandes – Par la rouge

Le jeu de billard, sans remonter à la nuit des temps, ne fut pas toujours réglementé comme il l’est actuellement. Ses dimensions n’étaient pas non plus celles de nos jours. Louis XIV jouait sur un billard qui mesurait quelque 12 mètres de tour et si l’on se souvient qu’au cours d’une partie jouée sur un
billard de match, un amateur fit en 24 heures trente-trois kilomètres autour
des quatre bandes, on voit d’ici ce que les gens de l’époque du Roi-Soleil auraient pu faire comme entraînement au sport pédestre, dans les mêmes circonstances. Plus tard, on codifia ce jeu. Les articles en étaient innombrables et compliqués. Aujourd’hui, tout ceci est fort simplifié ; le carambolage est facile à comprendre, les parties au cadre et par la bande ne le sont pas moins. Le résultat de ceci c’est qu’à l’heure actuelle, les Français jouent sur à peu près 80.000 billards, encore que la bicyclette, l’automobile et autres, lui aient fait perdre en une quinzaine d’année près de 20.000 unités. Pourtant les imitateurs des Sauret, Mingot, Cure, Rérolle, Slosson, Faroux, Vignaux, Willie Hoppe, Schaefer, Roudil, Conti, Ranson, Fouquet et autres rois du billard sont toujours nombreux et le resteront longtemps encore.


Depuis que ce jeu est réglementé, il est passé, afin d’en augmenter la diversité, par plusieurs phases que les professionnels pratiquent spécialement selon leurs goûts ou leurs aptitudes particulières. Le joueur amateur, sans prétendre atteindre leur dextérité, pourra s’adonner à l’une ou à l’autre des façons de jouer qui s’intitulent :

      • la partie libre ;
      • la partie au cadre de 45 à un coup ;
      • la partie au cadre de 45 à deux coups ;
      • la partie par trois bandes ;
      • la partie par la rouge.
La partie libre

C’est la partie jouée dans les quatre coins de la France, celle qui ne nécessite aucune des combinaisons dont s’embarrassent les autres, celle enfin qui laisse le plus large cours à la fantaisie des joueurs. C’est peut-être aussi la plus intéressante en raison de la diversité des coups. Il suffit de pratiquer quelque peu le carambolage en partie libre, pour se rendre compte du charme qui se dégage de ce jeu. Tout se combine, les coups par les bandes, se succèdent sans interruption. La série y est facile et intéressante. Pourtant malgré la diversité du jeu, et peut-être même pour cela, sa pratique est souvent plus malaisée qu’une des quelconques parties au cadre par exemple. Ce qui n’a pas empêché Dumans de faire 2.000 points en 80 minutes sur un billard de 3 m. 10 avec 3 remises sur mouche.

Dans la partie libre, ne pas “queuter” ou pousser deux billes à la fois si elles sont proches, et ne pas jouer avec la rouge sont les deux seules restrictions apportées à cette façon de jouer. Nos meilleurs joueurs à la partie libre furent Vigneaux, Rérolle et Faroux.

Au cadre de 45 à un coup

On a surnommé cette façon de jouer, au cadre de 45 en raison de quatre traits tirés parallèlement aux bandes à la distance de 0,45 m. On a ainsi formé quatre rectangles et quatre carrés dans lesquels le joueur ne peut exécuter un carambolage sans faire sortir l’une des billes adverses qui peuvent pourtant rentrer dans le cadre. Quand deux billes adverses se trouvent placées dans le même cadre, le joueur annonce “Dedans”. Tous les carambolages, sous réserve du règlement, sont permis dans le grand rectangle intérieur limité par les quatre traits du cadre. Cette façon de jouer, innovée il y a plus de quinze ans, nous vient d’Amérique. Difficile à jouer au début, elle ne permettait pas, même aux grands spécialistes, une moyenne supérieure à une dizaine de points. Par la suite, l’américain Sutton est parvenu à la formidable moyenne de 100 points dans une partie de 500. Au début, on joua tout d’abord au cadre de 0,35 m. C’est ainsi que le français Rérolle a exécuté une série de 175 points.

Au cadre de 45 à deux coups

C’est cette partie que l’on joue généralement dans les académies de billard. Elle jouit d’une vogue considérable auprès des maîtres du billard professionnel. Le cadre est tracé comme précédemment sur un billard mesurant 3 m. 10 ; le joueur peut exécuter son carambolage dans le cadre avant d’en faire sortir une bille. Si les deux billes adverses sont réunies dans le cadre, le joueur annonce “Rentrée”. Il fera son carambolage, sa bille seule sortant du cadre. Le point exécuté, il annoncera “Dedans”. La bille s’arrêtant sur l’un des traits est considérée comme sortie. Dans ce cas, le joueur prononce “A cheval”. Ces indications n’ont d’autre portée que de renseigner le joueur adverse sur la situation du jeu. Dans cette partie au cadre de 45 à deux coups, pour augmenter la difficulté, car la virtuosité des professionnels l’a rendue trop facile, on a imaginé d’ajouter, aux extrémités des quatre traits, un triangle isocèle, dont le sommet est dirigé vers le centre du billard. Lorsque les billes sont parvenues dans l’un de ces huit triangles, on applique alors les règles du cadre de 45 à un coup.

Au cadre de 45, Vigneaux a pu faire 50 points en 4 minutes 45, et 150 en 16 minutes 33. Adorjan en 1911 a fait une série de 441 points, c’était un professionnel. L’amateur français Faroux a dépassé les 300 points. Les grands joueurs actuels, les Hoppe, les Schaefer, les Conti, les Horemans dépassent couramment les séries de 200 et 300. Le record de la moyenne en tournoi appartient à Conti avec 59-70. Celui de la plus forte série appartient à Schaefer avec 436. Mais officieusement le belge Horemans a réussi la formidable série de 818 points.

Le champion du monde actuel est Willie Roppe qui en 1922 à repris à Schaefer le titre que celui-ci lui avait ravi l’année précédente. La partie au cadre de 0,45 m à 2 coups, est la partie classique des championnats nationaux et internationaux, amateurs comme professionnels. Nous avons parlé tout à l’heure des professionnels, les anciens : Vignaux, Cure, Barutel, Willie Hoppe, Slosson, Sutton, les nouveaux : Schaefer, Conti, Roremans, Ranson, Fouquet, Grange, Derbier. Parmi les amateurs il faut citer le français Rerolle qui fut le premier champion du monde amateur et le belge Bos qui fut le dernier et entre eux les français Naves, Maure, Faroux, Mocquot, Roudil et les belges Van Duppen, Collette et P. Sels.

La partie par la bande

Là, comme dans la partie libre, on ne tracera aucun cadre. Toutefois, un carambolage de bille à bille est un coup nul, la bille devant, avant de faire le point, rencontrer une bande quelconque. La pratique en est assez malaisée. Pour jouer honorablement la partie par la bande, il faut connaître complètement le billard dont on se sert. L’élasticité des bandes, la notion des distances entrent en jeu dans cette façon de procéder. En principe, il faut combiner son jeu pour amener rapidement la série. Le grand joueur Vigneaux a ainsi réussi une série de 118 points qui est maintenant dépassée.

La partie par trois bandes

Les grands joueurs s’apercevant que la pratique jointe à la maîtrise, avait tôt
fait de rendre simple, en matière de billard, la chose qui paraissait la plus compliquée, se sont évertués à accumuler difficultés sur difficultés. Jouer au cadre, à un ou deux coups, jouer par la bande, tout cela était trop facile. On n’a trouvé rien de mieux que de jouer par trois bandes, en sorte qu’avant de faire le carambolage, la bille doit toucher 3 points précis.

Calcul de la résistance des bandes, notion exacte des dimensions du billard entrent ici en ligne de compte, peut-être encore plus que la façon de jouer. Pour arriver à quelque dextérité, il faut du matin au soir, ne pas quitter le tapis vert et l’essayer sur toutes ses faces. C’est un travail de géant auquel s’attelleront peut-être les professionnels de billard, mais que les amateurs n’envisageront jamais. Pensez donc que le français Faroux fit ainsi 15 carambolages sans quitter la queue et que l’espagnol Marva n’a pu dépasser les dix-huit. Le bon amateur qui joue la partie libre arrivera sans peine au même résultat avec, en moins, un travail menant rapidement à la congestion et en plus, le plaisir et la diversité, du jeu.

La partie par la rouge

C’est une partie extrêmement intéressante qui ajoute quelques difficultés à la partie libre, mais difficultés qui n’ont rien d’excessif. La bille rouge doit être simplement touchée la première, soit avant, soit après le contact avec une bande. C’est un excellent entraînement qui prépare au jeu, moins courant pour le billardier amateur, qu’est celui au cadre de 45. Cassignol fut un de nos meilleurs joueurs à la rouge. Il dépassa les 66 points en série.


Toutes ces façons de jouer sont indistinctement employées dans les  matches ou championnats. Depuis que le billard de par sa pratique de plus en plus répandue est devenu un jeu sportif, on s’est appliqué non seulement à établir un code destiné à en régir le jeu, mais aussi une réglementation très serrée des championnats. C’est la Fédération française du billard fondée en 1902 qui s’est chargée de ce soin. Elle a réuni sous son égide bon nombre de sociétés et a divisé en deux catégories les joueurs dits amateurs et professionnels. Toute personne rétribuée par une Académie de billard, ou tirant des ressources de l’enseignement, ou prenant part à un match avec enjeux, ou encore rémunérée pour donner une séance, est considérée comme professionnelle. Tels sont les termes exacts du règlement de la Fédération. Les autres sont amateurs. Ceux-ci comme ceux-là peuvent participer aux compétitions suivantes qu’organise la F.F.B. :

      • Challenges interclubs et handicaps des Consuls de l’U. V. F. ;
      • Championnat et handicap des Consuls de l’U. V. F. ;
      • Championnat de France ;
      • Championnat de Paris ;
      • Championnat de Belgique ;
      • Championnat du Monde amateur ;
      • Championnat d’arrondissement ;
      • Concours de moyennes entre professeurs.

Ces diverses manifestations du billard ont énormément contribué à la renaissance de ce jeu, qui n’a jamais connue une telle vitalité.


III. Quelques conseils aux débutants – Bonnes et mauvaises positions des mains – Comment attaquer la bille – Façon d’ajuster

Quand il jouera au billard, le débutant, après quelques séances, aura assez rapidement acquis la sûreté du coup de main. C’est à ce moment qu’il devra chercher à se rendre compte du trajet qu’accomplira la bille qu’il attaque. Connaissant à l’avance la course qu’elle devra effectuer avant de toucher les
antres billes, l’esprit d’improvisation aidant, il lui sera facile de l’envoyer à peu près exactement là où il voudra. La pratique fera le reste. Le bras comme la main donneront, communiqueront une sorte de vie à ces sphères inertes qui atteindront sûrement le but visé.

Fig. 1-2-3

Pour jouer correctement, l’élève prendra la position qui lui semblera la plus commode. Généralement le pied gauche est en avant, le droit arrière et le corps légèrement effacé. La main gauche, celle sur laquelle viendra s’appuyer la queue, sera allongée complètement sur le billard (fig. 1) ou posée comme figure 2. Le point essentiel, c’est que glissant sur la main ou glissant entre l’index et le pouce, la queue puisse sans accrochage être dirigée sur la bille à attaquer. Le rôle de la main droite est de pousser. Elle devra le faire librement, non pas avec tout le bras, mais avec le poignet, comme le fait un joueur de violon avec son archet.

La main droite pour conserver toute son indépendance, devra “soutenir” et non tenir le talon de la queue. Pour cela le pouce et l’index suffiront amplement (fig. 3). La figure 4 montre le débutant serrant fortement la main, le coude levé. Le bras entre ainsi en action, le corps même y participe. L’élasticité du coup sera nulle, et la bille mal dirigée, trop
d’éléments entrant en action. Le débutant ne s’attachera jamais assez à la position des mains, surtout à celle de la droite. Elle seule fait le joueur, car il ne suffit pas de comprendre un coup difficile et de savoir le trajet que suivra la bille, il faut savoir avant tout, imprimer le mouvement à cette bille.

Fig. 4-5-6

Pour jouer, il suffira donc d’envoyer sa bille frapper d’abord une quelconque
des deux autres. Ayant visé la bille à frapper, reporter les yeux sur la bille à attaquer. C’est une faute commune aux débutants d’abandonner leur propre bille des yeux pour regarder celle qui doit être choquée. Celle-ci doit être simplement “sous l’œil” si l’on peut s’exprimer ainsi. Dans le cas où il n’est pas possible, même en s’allongeant complètement sur le billard, de jouer dans la position normale, on peut jouer derrière le dos, ce que l’on dénomme “la hussard” et plus communément encore “à l’officier” (fig. 6). On peut aussi, si la position des billes au milieu du billard y oblige, effectuer le carambolage, en poussant avec le gros bout de la queue (fig. 9).

Fig. 7-8-9

La position des billes souvent, empêche tout carambolage par l’une des trois façons de se tenir que nous avons indiquées. Dans ce cas, en tenant la queue plus ou moins verticale (fig. 7, 8), le gros bout dans la main droite, les doigts de la main gauche debout sur le tapis, le pouce relevé pour maintenir la direction de la queue et en donnant un coup sec, on exécute ainsi le massé.

Il n ‘est pas permis de queuter, c’est-.à-dire de pousser sa bille plutôt que de lui donner un choc, quand elle est très rapprochée d’une autre. On ne doit pas non plus frapper deux fois sa bille pour lui imprimer le mouvement.

Comment attaquer la bille

Il y a plusieurs façons de pousser les billes ou de les “prendre” pour employer le terme consacré. Nous indiquons (fig. 10), les points sur lesquels on peut frapper. Au centre (1), c’est prendre sa bille plein. A droite (2) demi-plein à droite. Dans le bas (5), prendre sa bille en bas ou dessous. En haut (8), prendre en tête ou en  haut. En bas (4) prendre dessous à droite. En haut (7) en tête a droite. Les autres points prennent les mêmes significations, mais à gauche. En règle générale, le débutant malgré tous les meilleurs conseils prendra sa bille plein au centre ce qui l’empêchera de rouler, ou en bas dessous, et alors il risquera de crever le tapis. Il devra s’évertuer à voir rouler sa bille en la prenant en tête. Les points que nous indiquons sur notre figure 10 sont les principaux à attaquer. Suivant les besoins on peut prendre des intermédiaires que nous ne marquons pas, pour laisser le plus de clarté possible et ne pas embrouiller l’élève.

Façon d’ajuster
Fig. 10-11-12-13

La bille lancée vient frapper la bille ajustée. Celle-ci sera prise tout comme l’autre sur des points précis. Ils ont pour objet d’envoyer cette seconde bille dans une direction voulue, ou d’imprimer par le choc sur la droite, sur la gauche, plein, etc. une autre direction à la première bille frappée. La bille ajustée peut être atteinte (fig 11) au centre (1) c’est-à-dire plein. Le centre de la bille jouée venant toucher à l’autre (2) ce sera demi-plein à droite. Le centre encore venant contre (3) c’est trois-quarts à droite. On prendra fin si la circonférence de la bille jouée vient toucher une toute petite partie de la bille ajustée.

Nous avons indiqué les parties que le centre de la bille jouée viendra attaquer si elle est jouée plein. Jouée demi, trois-quarts plein, etc. les points atteints sur l’autre bille pourront être les mêmes, la direction, prise par les billes après le choc, seule se modifie. La figure 12 montre la façon d’ajuster plein. On frappe plein et l’on vise trois-quarts plein (fig. 13). En ce qui concerne l’effet, c’est-à-dire de toucher une petite partie de la bille ajustée avec la circonférence de la bille jouée, on pourra, comme l’indique le pointillé de la figure 14, se figurer une bille imaginaire qu’on viendra frapper plein.

Au début ce moyen sera utile à l’élève, que la perspective de toucher fin fera passer, à cinq centimètres du but. En principe, une bille jouée plein sur une autre plein également n’aura pour effet que d’assommer les deux billes, c’est-à-dire de laisser la première sur place et de ne pas, ou presque pas imprimer de mouvement à la seconde. Une bille prise sur le côté gauche par exemple en heurtant la seconde bille continuera à poursuivre son mouvement sur ]a gauche. Celle qui a été atteinte la première, dans ce cas, sera chassée dans le sens opposé.

Quoique les règles du jeu de billard soient établies sur des bases bien  définies, le joueur doit à l’occasion faire preuve d’esprit d’improvisation ; l’œil, qui calcule les points à frapper et les bandes à toucher, trace à l’avance le chemin que devront parcourir les billes. Il n’ est donc pas interdit, bien au contraire, d’essayer de jouer suivant sa compréhension personnelle du jeu. Les principes fondamentaux ne sont pas modifiables, mais la façon de les utiliser n’est évidemment pas comprise de la même façon par tous les joueurs dont la technique est très variée. Il entre dans la façon de jouer une question de tempérament et de moyens physiques indiscutable. D’ailleurs, un peu d’attention permettra au débutant de se rendre facilement compte des divers mouvements imprimés aux billes suivant qu’elles ont été frappées ou ajustées dans un sens ou dans l’autre. Terminons ce chapitre en l’avertissant qu’il ne doit pas trop s’émotionner des manques de touche du début. L’habitude l’obligera à maintenir correctement la queue dans la main droite, le coude pas trop relevé, l’œil suivant, par-dessus, la ligne indiquée par la queue.


IV. Les coups par les bandes
Fig. 14-15-16-17

Ce sont les coups les plus usités dans le carambolage que pratiquera l’amateur billardier. Nous donnerons un exemple, avec la façon de prendre ses billes et les directions qu’elles prendront. Nous choisirons un cas simple (fig. 15). Le pointillé, là, comme dans toutes les autres figures indique le chemin parcouru par la bille frappée.

En dehors de l’exemple que nous donnons ci-dessous, tous les autres sont indiqués, pour grouper le plus possible les billes, le coup étant terminé. Il est intéressant pour le joueur de ne pas voir simplement le coup à réussir, mais ceux à suivre. Le débutant, pour commencer, cherchera malgré lui à effectuer tout d’abord son point sans se préoccuper de ce qui peut suivre. La pratique aidant, il comprendra toute l’importance , qu’il aura à modifier son jeu.

Revenons à la figure 15. Le carambolage doit être fait sur la bille en haut et un peu en arrière. La bille jouée ou la bille 1 devra partir sur la gauche ; la bille touchée ou n° 2, touchée à gauche également, enverra dans cette même direction la 1. Celle-ci touchera une bande qui se trouve à proximité et l’effet de la première attaque se faisant toujours sentir elle continuera sur la gauche pour venir caramboler la 3. Les billes placées en sens inverse nécessiteraient l’effet à droite naturellement.

Le Carambolage par deux bandes

Prendre légèrement en bas et à droite, effet contraire. La bille 1 touche trois-quarts, vient à la bande et atteint la 2 directement mais plus souvent par la bande sur le côté (fig. 16).

Le Carambolage par 3 bandes

C’est à peu près la paire de lunettes, toujours pour employer le style imagé du joueur de billard. Joué direct, il sera réussi sûrement, mais il ne laissera rien derrière. La bille 1 prise sur la gauche frappe au même endroit la 2 qui choque la 3. Cette dernière descend et revient se rencontrer dans le coin à droite avec la 1 (fig.17).

Le Carambolage par 4 et 6 bandes

Dans la figure 18, la bille 1 prise en tête avec peu d’effet à gauche, attaque la 2 et suit le pointillé pour choquer sur la gauche ; la 2 a pris un chemin parallèle et revient dans le voisinage de la 1 et de la 2.

Les 6 bandes (fig. 19) sont obtenues par un coup sec, ce qui ne signifie pas fort, presque en tête et à droite. La 1 viendra terminer doucement sur la 3 en
même temps que la 2 qui n’effectuera le trajet que par deux bandes.


V. Les Coulés

Le coulé ou à suivre consiste, ayant les trois billes sur une ligne à peu près identique, à atteindre la bille du milieu pour la déplacer, sans que la 1 change de direction pour venir choquer la 3. Dans un tel cas prendre la bille en tète et au milieu, toucher la 2 aux deux-tiers un peu à droite. Celle-ci s’en va pendant que la 1 continuant son chemin atteint la 3.

Ce coup difficile pour le débutant, ne s’obtient pas seulement parce que les billes sont touchées exactement à l’endroit voulu mais surtout par le coup de queue, donné d’une façon allongée qui laisse croire que le procédé accompagne pendant quelques centimètres la bille qui vient d’être frappée.

Le Demi-coulé
Fig. 18-19-20-21

Le cas se présente (fig. 20) d’un demi-coulé, c’est-à-dire que la bille 1 doit renvoyer la 2 pour couler le long de la bande. On attaquera en tête légèrement à gauche, la 2 e~t atteinte trois-quarts plein. Coup assez sec, obligeant la 1 à suivre la ligne directe qui l’enverra sur la 3. Dans ce demi-coulé, les trois billes retournent à la bande opposée pour se grouper.

Le Coulé sur bande

La 1 est prise en tête avec beaucoup d’effet, la 2 choquée vient à la bande et redescend immédiatement. Le chemin est libre, la 1 touche la bande, et en raison de l’effet à droite arrive sur la rouge (fig. 21). Celle-ci se trouve, renvoyée à la bande sur le côté et rejoint la 2.

Coulé fouetté

Ce coup ressemble beaucoup à l’exemple que nous citons au début. Attaquée en tête, d’un coup allongé, la 1 déplace la 2 et serpente le long de la bande pour choquer la 3 (fig. 22). Celle-ci viendra rejoindre la 2 à la bande du-haut.


VI. Coups à revenir ou rétros
Fig. 22-23-24-25

Ce coup est l’orgueil du joueur de billard. Comme beaucoup d’autres à grands effets, c’est surtout la pratique du coup de queue qui le rend possible.
Nous en donnerons toutefois une explication destinée à éviter les premiers tâtonnements au débutant.

Le coup à revenir est le contraire du coulé. Dans ce dernier il s’agit, on le sait, de déplacer la 2 pour continuer le chemin. Ici, la bille à jouer étant au milieu, il s’agira de déplacer la 2, mais au lieu de continuer, revenir sur son
chemin pour atteindre la 3. Le rétro peut se pratiquer sur des billes rapprochées, et également à longue distance. Il a l’immense avantage de grouper les billes et de laisser un beau jeu.

Fig. 26-27-28-29

Malheureusement celui qui le manque donne l’avantage à son adversaire, ce
qui est également à considérer. Le célèbre Mangin disait pour faire un beau rétro, lâchez le coup délibérément. C’est vrai en effet. Il s’agit de donner le coup sec en rappelant vivement à soi, la queue, aussitôt la bille frappée.

On attaquera dessous et on lâchera le coup en se figurant qu’on veut traverser les deux billes. L’effet à revenir se produira très certainement.

Le rétro direct

C’est celui que nous indiquions comme exemple, la bille à jouer étant au milieu des deux autres (fig. 23). La 1 est prise plein et en dessous ; un coup sec sur la 2, touchée presque plein, un peu à gauche. Les billes reviennent se grouper.

Le Rétro par la bande

Dans la figure 24, prendre dessous à gauche. La 1 après avoir choqué la 2 revient sur la 3. Celle-ci ne· bouge pas et la 2 après être remontée à la bande opposée revient sous l’effet du choc reprendre sa place près des deux autres.


VII. Coups directs

Lorsqu’il s’agit de caramboler directement sans l’action des bandes, la bille doit être attaquée net. L’effet comme dans la figure 25 est de rigueur. La bille touchée remonte à la bande pour revenir près de la rouge sur laquelle la 1 est venue mourir.

Coups de finesse

Dans le cas représenté (fig. 26), il faut toucher la bille 2 très fin. Nous avons dit comment on doit agir dans un tel cas. La bille 1 prise à droite en tête, bat les deux bandes et en raison de l’effet contraire revient sur la bille 3. La bille 2 est venue à la bande de côté, pour descendre rejoindre les deux autres.


VIII. Les Coups durs
Par la bande

C’est un coup, qui procède un peu du coulé en ce qui concerne le coup de queue. Ici (fig. 27) ce coup dur par la bande est fort simple et facilement exécutable. La bille 1, attaquée en bas à droite, revient après son choc contre la bille 2 collée à la bande. L’effet contraire la ramène sur la gauche à la bande opposée.

Dans le deuxième coup par la bande (fig. 28), la bille 1 prise en tête à droite
avec un peu de mollesse dans la main droite, est projetée par le coup dur de
la bille 2 sur la bille 3 qui reste presque immobile. Les trois billes reviennent groupées.

Le Contre à distance

Celui-ci n’est pas aussi commode en raison de l’éloignement des billes (fig. 29). Attaquer sec et en tête la 1 qui en choquant la 2, reçoit un mouvement de rotation la dirigeant vers la 3 carambolée directement ou par la bande en raison de sa position collée presque au coin.

Le coup du serpent
Fig. 30-31-32-33

Nous en donnons deux exemples ici. Il existe une théorie exacte en ce qui concerne ces coups vraiment extraordinaires, mais, ce n’est pas nous avancer que déclarer la pratique supérieure à la théorie en ces deux cas. Nous les expliquerons clairement, l’amateur, s’il a des loisirs, pourra les essayer ensuite.

Dans le coup du serpent simple (fig. 30) les billes sont toutes trois collées à la bande. La bille 1, celle du joueur est prise sans aucun effet, en tête. Attaquée vigoureusement elle arrivera sur la bille 2 qui sera touchée trois-quarts plein. Si ce travail a été exécuté correctement la 1 suivra le  trajet indiqué par le pointillé pour caramboler la 3.

Cet autre coup du serpent (fig. 31) est plus compliqué, car il s’agit en l’occurrence de venir heurter un objet au milieu du billard. Ce sera souvent une sonnette pendue au bec d’éclairage, que la bille fera légèrement tinter en passant. Ce sera le coup du serpent à sonnettes.

La bille 1 est attaquée énergiquement en tête avec effet à gauche. La 2 visée presque plein fera effectuer à la 1 le chemin tortueux que nous indiquons. C’est là que la queue de 600 grammes sera utile.


IX. Les rencontres
Par contre

La rencontre (fig. 32) se fait par contre, c’est-à-dire qu’attaquée à droite avec légèreté, mais aussi avec rapidité, la 1 va toucher la bande du haut. Au départ elle a légèrement heurté la 2 qui a envoyé la 3 dans le coin. La 1, à son contact à la bande et en raison de l’effet, est revenu caramboler la 3. Dans ce coup la 1 et la 3 doivent arriver ensemble.

II s’agit donc de ne jouer ni trop fort, ni pas assez ; suivant que la 3 arrivera la première ou la dernière, on réglera le coup de queue. En principe ne pas jouer trop plein.

La rencontre

Ici elle a lieu en plein billard (fig. 33). Le coup est à risquer. La 1 après son son choc contre la 2, sera envoyée vers le centre du billard. La 2 ayant envoyé la 3 contre la bande, redescendra pour rencontrer la 1, à moins que celle-ci ne soit déjà passée.

Rencontre par effet

Dans la figure 34, il faudra attaquer la 1 à gauche et en tête. On jouera ainsi le coup arrêté, car après le choc avec la 2 elle s’immobilisera presque complètement, déviant très peu sur la gauche. La 2 collée contre la 3 enverra celle-ci contre la bande en même temps qu’elle s’écartera. La 3 redescendra et se rencontrera avec la 1. Le procédé accompagnera légèrement la bille à l’attaque.


X. Les Bricoles
Fig. 34-35-36-37
Par une bande

Nous ne dirons pas, en raison du terme qui désigne ce coup, que c’est du bricolage, au contraire, car le coup est difficulteux. Il faut en effet opérer le carambolage après avoir touché une ou deux bandes. On essaye ce coup quand il y a impossibilité de faire autrement en raison de la place occupée par les billes (fig. 35).

Là il faudra avoir dans l’œil exactement le point de la bande à toucher pour qu’elle renvoie directement la 1 entre les deux autres. C’est un véritable problème géométrique.

Par 5 bandes

La 1 est attaquée en tête à gauche . La 2 est effleurée. Les quatre autres bandes sont touchées mathématiquement avant de venir caramboler la 3. Les deux autres billes restent dans leur coin et sont naturellement rejointes par la 1 (fig. 36).


XI. Le Massé

Encore un coup qui demande une longue pratique. Dans la crainte de déchirer le tapis, le débutant emploie ce coup avec crainte. En prenant l’une des positions indiquées au début (fig. 7, 8), on frappe la bille au sommet, vigoureusement, mais en retenant, la force s’exerçant tout entière sur la bille en évitant le tapis. Ce coup de massé a pour objet de chasser la bille attaquée.

Par la bande

En figure 37, l’attaque sera presque verticale. La bille 1 touchera, ou plutôt enveloppera la 2 qu’elle obligera à se retirer pour passer, suivre la bande et caramboler la bille 3.

Demi-massé par la bande

Dans un cas comme celui qui nous occupe (fig. 38) la bille 1 doit être massée  à droite. En heurtant la 2, elle l’envoie vers la 3 qu’elle-même carambole en venant à la bande comme nous l’indiquons.

Dans tout massé, le plus important est de déterminer le point de la bille à frapper. La pratique jointe à la sûreté de main contribueront à cet apprentissage.


XII. La Série.
Fig. 38-39-40

C’est ce que tout joueur doit essayer de réussir. Chaque coup, étant joué de façon à rassembler les billes, doit invariablement amener une série.

Cependant la véritable ne s’exécute réellement que contre les bandes. Au milieu ou dans une partie quelconque du billard, on réunira toujours plus difficilement ses trois billes. Aussi. les efforts du billardier tendent-ils à se grouper près des bandes.

Dans notre premier exemple (fig. 39), le premier coup joué en finesse, la rouge s’éloigne vers la bande, la 2 laisse la place à la 1 qui se trouve sous la rouge. Un effet à retour sur la rouge, et la 1 carambole pour replacer les billes dans la première position. Il ne reste plus qu’à continuer, mais toujours très doux, cela se comprend. L’essentiel dans la série quelle qu’elle soit est de ne point faire rouler les billes, mais plutôt de les déplacer.

Au second exemple (fig. 40), attaquer avec finesse masquerait le jeu par la suite. Prendre trois-quarts sur la rouge pour arriver à la position suivante, où le massé remplacera la finesse à nouveau impossible. On reviendra à la position du début et l’on continuera en ayant soin de conserver la bille à jouer toujours derrière la rouge.

L’élève ne parviendra à la série, qu’après avoir en mains les coups fondamentaux, et quand il possédera à fond le massé et le coup d’effet à revenir.

René Delys (1931 ?)

L’ouvrage…
DELYS René, Pour être un bon joueur de billard (Paris, Nilsson, 1931?) © Collection privée
Et la pub !
4ème de couverture © Collection privée

[INFOS QUALITE] statut : en construction | mode d’édition : transcription, correction, iconographie et mise en page | source : DELYS, René, Pour être bon joueur de billard (Paris : Nilsson, 1931?, épuisé)  | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en tête de l’article, la salle de l’Académie de billard de Liège, créée en 1927 et classée en 2022 ; © Editions Nilsson | remerciements à Patrick Thonart (collection privée)


Prince Bira (1914-1985)

Temps de lecture : 3 minutes >

Le Prince BIRABONGSE (dit Prince Bira) faisait partie des plus grands gentlemendrivers de son époque, reconnu pour son élégance irréprochable, avec des “détails” comme le port du smoking… sous sa combinaison de pilote.

Il vint en Europe en 1927 pour finaliser son éducation à luniversité dEton et de Cambridge. Le Prince Bira fit sa première expérience dans les sports mécaniques avec son cousin le Prince Chula Chakrabongse qui possédait une équipe, la White Mouse Racing. Le Prince Bira courut dans une Riley Imp sur le circuit de Brooklands en 1935. Cest avec cette voiture que le Prince Bira établira les couleurs de course du Siam : bleu pâle et jaune.

Plus tard, cette même année, le Prince Chula lui donna une voiturette de course ERA : une R2B, qui rapidement prit le surnom de Romulus. Il termina second de sa première course avec Romulus, malgré un arrêt au stand. Le reste de la saison vit le Prince Bira aligner sa petite voiture parmi les places de tête, tenues le plus souvent par des autos de GrandPrix, avec une autre seconde place et une cinquième au GrandPrix de Donington.

© f1i.autojournal.fr

En 1936, le Prince Bira décida que les résultats de la saison précédente méritaient une seconde ERA. Une Remus fut achetée par léquipe pour les courses britanniques, Romulus restant affectée aux courses internationales. Le Prince Chula se porta également acquéreur dune Maserati 8CM pour allonger la liste des monoplaces de course. Le coup de volant du Prince Bira lui permit de remporter la Coupe du Prince Rainier à Monte-Carlo. Le Prince Bira gagna encore quatre courses avec lERA cette saison. Il amena la Maserati de GrandPrix à la 5e place à Donington et à la 3e place à Brooklands.

Malheureusement, ce fut le point haut des carrières du Prince Bira et du White Mouse Racing Team. À la suite du départ de Dick Seaman vers léquipe Mercedes en 1937, les cousins thaïs achetèrent une Delage de GrandPrix et toutes ses pièces détachées avec une deuxième Delage. Malgré des remises à niveau répétées et lembauche dun ingénieur dexpérience, Lofty England (futur chef de léquipe Jaguar), les voitures ne fournirent pas les résultats attendus. À plusieurs occasions, le Prince Bira fut obligé de courir avec ses voitures plus anciennes, désormais dépassées. En plus, les sommes dépensées aux mises à niveau répétées de la Delage mirent les finances de léquipe à mal. Il fallut réduire les sommes allouées à la maintenance des ERA. Si le Prince arrivait à maintenir des résultats respectables dans les courses anglaises, les courses internationales étaient, elles, un désastre.

Après la guerre, le Prince Bira reprit la course automobile dans plusieurs équipes. En 1951 il courut sur une Maserati 4CLT équipée dun moteur Osca V12, sans grand résultat, dautant plus que le Prince souffrait des conséquences dun assez grave accident de ski. En 1954, grâce à du nouveau matériel, une Maserati 250F, il gagna le Grand-Prix des Frontières à Chimay, en Belgique. Il termina 4e du GrandPrix de France de 1954 avec sa propre Maserati. Il prit sa retraite du sport automobile lannée suivante, après avoir gagné le GrandPrix de NouvelleZélande (hors championnat).

d’après FR-ACADEMIC.COM


[INFOS QUALITÉ] statut : validé | mode d’édition : partage, décommercialisation et correction par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations :  © f1i.autojournal.fr


Plus de sport ?

MAIRESSE, Willy (1928-1969)

Temps de lecture : 3 minutes >

D’origine simple quand tant de ses “collègues” étaient des aristocrates bon teint, sa rage de progresser lui fait brûler les étapes. Willy MAIRESSE (Momignies le 01/10/1928 – Ostende le 02/09/1969) se fait les dents dans les épreuves de longue haleine comme Liège-Rome-Liège qu’il remportera en 1956 sur Mercedes 300SL.

Repéré et intégré à l’Ecurie Nationale Belge, il accèdera dès lors à nombre de belles autos et les succès s’aligneront. Le Commendatore Enzo Ferrari le voudra pour défendre ses couleurs alors que la période était riche en pilotes doués et expérimentés.

Willy Mairesse sur Ferrari

Plusieurs accidents graves, entre lesquels il glanera encore des victoires avant Le Mans 1968 où, dans le premier tour des 24 Heures, la porte de sa Ford GT40 s’ouvre, déséquilibre l’auto qui s’écrasera durement. Fort touché, il ne se remettra jamais et conscient de son impuissance à jamais repiloter, il se suicide tristement en septembre 1969.

David Limage


Willy Mairesse était un pilote automobile belge des années 1950 et 60. Il a participé à treize GP en Formule 1 avec à la clé un podium et un total de sept points marqués au championnat du monde des pilotes. Il se suicide dans sa chambre d’hôtel après avoir arrêté sa carrière automobile (il ne pouvait plus piloter depuis son accident aux 24 heures du Mans 1968 en raison des séquelles du coma qui s’ensuivit).

Avant de courir avec des voitures de sport, Mairesse commence sa carrière en rallye dans les années 1950, d’ailleurs il gagne le Liège-Rome-Liège en 1956, puis, il passe aux voitures de sport l’année suivante avec Ferrari.

Deux ans après, il termine deuxième des 12 heures de Reims avec une berlinette. En 1959, Willy finit troisième du Grand Prix automobile de Monza derrière Alfonso Thiele et Carlo Abate, tous deux également sur Ferrari. Il termine 3e des 1000 km du Nürburgring en 1960 et remporte le Tour de France automobile. C’est grâce à cela que Mairesse obtient un volant en Formule 1.

Au 24 heures du Mans 1961 le doublé Mairesse-Parkes sur Ferrari échoue à la deuxième place, précédés par Phil Hill et Olivier Gendebien. Durant les 24 heures du Mans 1963, Mairesse et Surtees menaient les débats depuis 14 heures de course avant qu’un incendie empêche le sacre attendu. Ce sont alors Ludovico Scarfiotti et Lorenzo Bandini qui gagnent la course.

En août 1963, durant le GP d’Allemagne à Adenau, un jeune allemand de la Croix-Rouge, du nom de Guenther Schneider, a été tué sur le coup après avoir été frappé violemment par une roue qui s’est détachée de la voiture de Mairesse, elle-même renversée, il avait seulement 19 ans. En revanche, Mairesse s’en sort vivant mais grièvement brûlé. Mais l’année suivante, il gagne le GP d’Angola et un an plus tard, remporte haut la main les 500 km de Spa-Francorchamps. Aux 24 heures du Mans 1967, Mairesse partage son baquet avec Jean Beurlys, un pilote belge, ceci avait été déjà fait en 1965. Ils finissent la course en 3e position, une course gagnée par Dan Gurney et A.J. Foyt.

Les 24 heures du Mans 1968 sera l’épreuve qui va détruire sa carrière et sa vie. Dès le premier tour, Mairesse se crashe violemment lorsque la portière de sa Ford GT40 s’ouvre. Blessé gravement à la tête, il tombe dans le coma.

Grâce à sa victoire au Tour de France Automobile en 1960, Mairesse accède enfin au monde de la Formule 1. Ses débuts sont bons : malgré 2 abandons sur 3 pour problèmes de transmission, il réalise dès son 3e Grand Prix son premier et seul podium de sa carrière en se classant en 3e position au Grand Prix automobile d’Italie 1960 à 1 tour de Phil Hill, vainqueur ce jour-là et Richie Ginther.

La suite sera moins bonne. Sur ses 9 derniers GP, il jeta l’éponge à 7 reprises. Il marquera seulement les 3 points de la 4e. Mairesse confirmera en 1963 qu’il reste un bon pilote avec une 3e place aux qualifications, son meilleur résultat dans son pays natal. Malgré cela, il ne termine aucun GP cette saison et arrête la Formule 1 pour revenir aux voitures de sports.

d’après Motor Club Eau Blanche Eau Noire


[INFOS QUALITE] statut : actualisé  (1ère publication par wallonica sur agora.qc.ca) ; Motor Club Eau Blanche Eau Noire | mode d’édition : rédaction et iconographie ; transcription et correction | commanditaire : wallonica.org | contributeur : David Limage (in memoriam) ; Patrick Thonart  | crédits illustrations : © DP ; © MCEBEN.


Plus de sport ?

Spa est-il le plus vieux club de foot de Belgique ?

Temps de lecture : 6 minutes >
SPA : en 1863, des Écossais fondent le premier club de foot en Belgique

Spa est-il le plus vieux club de foot de Belgique ? C’est en tout cas la thèse de Bruno Dubois, un médecin passionné de foot et historien amateur. Un club de foot – aujourd’hui disparu – y aurait été fondé 1863, soit 17 ans avant l’Antwerp et son fameux matricule 1. Spa serait même le plus vieux club de foot fondé en Europe continentale. Pour appuyer cette thèse, Bruno Dubois se base sur un document qu’il a reçu via internet, d’un descendant de barons écossais. Le document témoigne de la fondation en 1863 du “Foot Ball Club Spa” par deux clans, les Blair et les Fairlie.

Spa, lieu de villégiature

Au milieu du XIXe siècle, le sport était réservé aux grandes fortunes qui avaient du temps et de l’argent. Et Spa était leur endroit de villégiature. “Monte Carlo, c’était Spa à l’époque“, note Bruno Dubois, par ailleurs président de l’ASBL Foot 100. Les aristocrates de toute l’Europe, les tsars et les gens fortunés y passaient leurs vacances. Dans leurs loisirs, ils pratiquaient le sport et donc ils ont constitué un club de football à Spa.

Alors pourquoi le premier de Belgique, voire d’Europe continentale, ne porte-t-il pas le matricule numéro un ? Selon l’historien, “les numéros de matricule n’ont été attribués qu’en 1926. Comme ce club de Spa fondé en 1863 était parti en Ecosse, on l’a attribué au club qui faisait partie en 1926 de l’Union belge de football. Et donc le plus vieux club c’est l’Antwerp”. 

Aujourd’hui en 4e provinciale, l’actuel club de Spa porte le matricule 60. “Les Belges qui ont créé le premier club de spa en 1897 ignoraient qu’on avait créé 34 ans avant un club qui n’a été spadois peut-être que quelques mois“, conclut Bruno Dubois. [d’après RTBF.BE]


En 2012, suite à des recherches nécessaires à la rédaction d’un livre sur les 120 ans du FC Liégeois (RFC Liégeois 120 ans de football européen), Louis Maraite avait fait une découverte inattendue. Un club de football aurait été créé en 1863 à Spa, ce qui serait le premier club belge et peut-être le plus vieux du monde ! Mais c’est Bruno Dubois président du club centenaire qui a compilé les archives de l’Union belge de football, qui a trouvé un parchemin qu’un baron écossais avait écrit à Spa cette année. Alors que la fédération anglaise a été fondée en novembre 1863, un club spadois de football aurait donc été créé avant les clubs anglais !

Un courrier était envoyé par Bruno Dubois aux Musées de la ville d’eaux. Marie-Christine Schyns conservatrice proposait une recherche et une entrevue avec Paul Mathy entérinait un accord pour l’anniversaire du club spadois. J’ai donc cherché dans les archives du Fonds Body s’il y avait une trace du passage de ce baron écossais.

Voici d’abord une copie du manuscrit (ce qui est entre parenthèses a été ajouté après recherches).

IN PEDE VIS ET VIRTUS (Dans le pied, la force et la vertu).
FOOT BALL CLUBSPAPATRON Sir E(dward) Hunter Blair, Bart 1863 PATRONESSES Miss Hunter Blair – Miss Alice Hunter Blair – Miss Esther C(onstance) Fairlie– Miss A(lice) A(nne) Fairlie MEMBERS – Lt Colonel (James Ogilvy) Fairlie– Charles Strong Esq – J(ames) O(gilvy) R(eginald) Fairlie Esq – D(avid) Hunter Blair Esq. – J(ohn) Hunter Blair Esq. – Bart H(enri) J(ames) Fairlie Esq – R.N. Fairlie Esq. – F.A. Fairlie Esq. – E(adward) Hunter Blair esq. TREASURER SECRETARY Miss (Anne Elizabeth MAC Leod l’épouse )Fairlie – W.F. Fairlie Esq. The football Club Spa, in Belgium was where the 4th Bart and family went to economise in the 1860’s

(Bart = baron ; Esq =écuyer utilisé après le nom comme un titre de respect pour indiquer une famille de haut rang social)

En résumé, un baron écossais en villégiature à Spa pour vivre économiquement (?), crée un club de foot-ball en 1863 dont les membres du club sont tous issus de son clan ainsi que d’une autre famille alliée, tous du comté d’Ayrshire en Ecosse.

Sir Edward Hunter Blair est le 4e baron de la lignée. Il était gentilhomme, juge de paix, lieutenant de la Royal Navy, né en 1818 et décédé en 1896. Le 8e et le dernier baron de cette famille s’est éteint en 2006 en Ecosse. Les autres personnes citées ci-dessus sont : son épouse, ses fils (David, James et Edward) et une de ses filles (Alice) ainsi que le clan Fairlie composé de 9 personnes. Le couple Edward Hunter Blair – Elizabeth Wauchope a eu 13 enfants dont une fille est née le 16 septembre 1863 à Spa (inconnue dans l’état-civil spadois). Il s’agit vraisemblablement d’Helen Constance Hunter Blair décédée en 1886.

Dans la même liste, Charles Strong, né en 1844 à Ayrshire et décédé en 1942 à 97 ans, père de cinq fils et de deux filles, était le fils du révérend David Strong. Il a été ordonné révérend en 1867 et a été Premier Ministre de la Old West Kirk et plus tard Ministre des églises écossaises à Melbourne en 1875.

Du côté Fairlie, il y a le père colonel James Ogilvy Fairlie né en 1815 et décédé en décembre 1870, son épouse et leurs enfants dont : le baron Henri James Fairlie 22 ans, Isabella Catherine 20 ans, James Ogilvy Réginald 9 ans et David Oswald 10 ans en 1863. Je n’ai pas trouvé les âges des autres.

Nous avons donc deux familles de la noblesse écossaise qui s’installent à Spa, accompagnées du jeune futur révérend Stong. Le mariage des parents Hunter Blair date de 1850 et David, James, Edward ont respectivement : 10 ans, 9 ans, 5 ans. Les Alice, Dorothée, Helen sont connues par leurs dates de décès mais n’étaient pas adultes en 1863. Strong était donc le précepteur de jeunes enfants écossais. Tous les “members ” de la liste sont des garçons ou des hommes. Les vices présidentes et la trésorière sont des femmes adultes. W.F.Fairlie est secrétaire et sans doute homme adulte.

Vital Keuller, “La Sauvenière à Spa” (coll. privée) © Philippe Vienne

Dans le registre des étrangers à Spa de l’année 1863 à la page 12 (9 mai 1863) consulté au Fonds Body, j’ai pu lire : “Sir Edward Hunter BLAIR baronnet, famille et suite Ecosse 16 personnes” au 303 de la rue Sauvenière. Seize personnes comme exactement le nombre de personnes citées dans la composition du comité du club. Mais seize nobles si la suite n’est pas reprise dans le nombre.

Depuis 1861, les Filles de la Croix de Spa avaient ouvert un pensionnat payant pour les enfants de familles aisées. Les premiers enfants accueillis étaient allemands et anglophones. Les garçons ne devaient pas être adolescents tandis que les filles étaient accueillies jusqu’à 18 ans. Il est possible que les enfants aient été hébergés chez les Filles de la Croix pour la saison 1863.

“303 rue Sauvenière” n’est pas l’adresse d’un hôtel mais celle de Guillaume Midrez décédé en 1869 époux de Marguerite Leloup, qui loue vraisemblablement toute sa maison. La rue Sauvenière commençait à cette époque devant l’église de Spa et finissait sans doute à la source de la Sauvenière. Ce numéro est étonnant mais tout à fait normal à l’époque car l’administration communale donnait un n° aux maisons mais seulement pour les situer dans les registres de population.

En novembre de la même année, ce sont les mêmes 14 personnes qui s’installent dans l’hôtel de Rivoli rue Sauvenière. C’est maintenant le Lt Colonel Fairlie qui signe le registre. Deux personnes manquent à l’appel, vraisemblablement Sir Edward Hunter et son épouse qui se repose en Ecosse après l’accouchement du 16 septembre. En mai 1864, soit la saison estivale suivante, James Ogilvy Fairlie, rentier écossais, déjà cité, s’installe avec sa famille et sa suite, dans la villa de Singapore, rue Chelui avec 14 personnes. C’est lui qui était dans l’équipe de la Harrow School en 1873-74. Ces familles sont donc des habituées de la ville thermale, apprécient le séjour et logent dans le même coin spadois.

Le terme “Spa” est entré dans le langage des Britanniques depuis le XVIIIe siècle bien avant l’arrivée de ces écossais. Si un SPA est habituellement un “bain de cure”, ces écossais, par respect pour la ville mondaine qu’est Spa, créent un club de foot dont l’intitulé s’est appelé FOOT BALL CLUB de SPA ! Mais ce club a existé pour se former et jouer en Ecosse !

Mais pourquoi un tel “comité” composé d’adultes, d’enfants, de misses et d’un jeune révérend s’est-il créé pour fonder un club de football dont les règles précises n’existent pas encore ? Les plus éveillés diront : 16 personnes = 11 joueurs (ses) et cinq réserves sur le banc pour une équipe familiale mixte ! Je dois bien être sincère avec le lecteur, je n’ai pas trouvé une raison précise de la création d’un tel club…mais quelques explications supplémentaires mériteraient d’être lues sur la création du football britannique et du club actuel de Spa. Ces explications sont sans doute liées à la création du document cité ci-dessus.

Jean-Luc SERET

  • L’article original est paru dans SPAREALITES.BE.
  • image en tête de l’article © RTBF.be

[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © rtbf.be ; Philippe Vienne


Plus de presse…

CAMUS : Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois (1953)

Temps de lecture : 2 minutes >

Albert CAMUS (1913-1960), l’écrivain, le journaliste et le philosophe, jouait au Racing Universitaire Algérois (RUA) en 1929, après avoir été le gardien de but l’AS Monpensier. De ces années-là, Camus gardera en lui un rêve fracassé : en 1930, on diagnostique sa tuberculose ; il a 17 ans, il comprend qu’il ne sera jamais professionnel. Jamais. En 1940, il retire ses crampons pour toujours.

Mais Camus restera passionné de foot toute sa vie. Avec l’argent du prix Nobel de littérature [à lire : le Discours de Suède prononcé à cette occasion], il achète une maison, à Lourmarin dans le Lubéron. Tous les dimanches, il est au bord du terrain local, regardant les enfants jouer contre le village voisin. Il paie leur maillot. Il supporte le Racing club de Paris. Pourquoi ? Parce qu’il ont le même maillot que le Racing algérois.

Mais surtout il écrit : “Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football qui resteront mes vraies universités. J’ai appris qu’une balle ne vous arrivait jamais du côté où l’on croyait. Ça m’a servi dans l’existence et surtout dans la métropole où l’on n’est pas franc du collier.” Le foot, c’est aussi l’attachement au milieu populaire dont on est issu… ou pas. Mais quand on en vient, en comprend mieux, on ressent plus.

Camus avait été gardien de but parce que c’était la place où l’on usait le moins ses chaussures. Orphelin de père et fils de pauvre, Camus ne pouvait se payer le luxe de trop courir sur le terrain : chaque soir, sa grand-mère violente inspectait ses semelles et lui flanquait une raclée si elles étaient abîmées. Pendant que sa mère, femme de ménage mutique, restait dans un coin, à jamais emmurée dans son silence.

Mais Camus aimait le foot au point de travailler plus dur à l’école dans l’espoir vain que sa grand-mère maltraitante lui pardonne ses chaussures détruites. Devenu écrivain, il racontera parfois, rarement, sa fascination pour un sport où la correction et la violence sont en équilibre précaire, où on rend les coups que l’on prend “sans tricher” (sic) où il faut apprendre à gagner sans se prendre pour Dieu et à perdre sans se trouver nul, où la joie de vaincre et les larmes de la défaite se ressentent et se ressemblent, après l’effort, dans la même ivresse de vivre.”

  • D’après : Entretiens avec Camus dans le Bulletin du RUA le 15 avril 1953 et dans France-Football du 17 décembre 1957. Texte déniché par Jean-Paul Mahoux.

Let’s play fair…

Mais qui est la fameuse Simone de l’expression “en voiture Simone” ?

Temps de lecture : 3 minutes >
Simone de Forest (à droite) et Fernande Hustinx (à gauche) au rallye de Monte-Carlo avec leur Peugeot 301 équipée de pneus parés à toute éventualité…

“Nous connaissons tous cette expression, “en voiture Simone”. Mais peu d’entre nous connaissent la Simone en question. Cette femme a pourtant marqué l’histoire du sport automobile.

Simone de Pinet de Borde des Forest est née en 1910 à Royan. Sa famille est aisée et vit dans le Château de Fontorte, dans l’Allier. Dès ses douze ans, elle pose les mains sur le volant de la voiture de son oncle. C’est donc tout naturellement qu’elle passe son permis de conduire à 19 ans, un acte encore rare chez les femmes de l’époque.

Talbot T150 présentée par Fernande Hustinx

En 1934, elle part à l’aventure avec son amie Fernande Hustinx. A bord d’une Peugeot 301, les deux femmes prennent le départ du Rallye Automobile de Monte-Carlo. Partant de Bucarest, ce sont 3.772 kilomètres de tempêtes de neige et de vents glacials qui les attendent. Elles arrivent en 17ème position et remporte la Coupe des Dames, récompensant, comme son nom l’indique, les femmes participant à la course. Elle renouvelle l’exploit l’année suivante, cette fois-ci aux côté d’Odette Siko.

En 1937, elle participe à un essai de vitesse au circuit de Montlhéry, organisé par Yacco Oil. Elle fait partie d’une équipe de quatre femmes, menées par Odette Siko. Malgré l’animosité de Simone et de Claire Descollas envers Hellé Nice, ce sont vingt-cinq records qui sont établis ce jour-là, dont dix records mondiaux d’endurances.

En voiture Simone !

Simone participe à de nombreuses courses et rallyes jusqu’en 1957 sans le moindre accident à son actif, allant à l’encontre de la misogynie ambiante, sévissant à cette époque. Elle est également une des premières femmes à ouvrir sa propre auto-école en 1950, y enseignant la conduite pendant plus de vingt ans.

Reconnue dans le monde du sport automobile de l’époque, une expression naît pour lui rendre hommage :

En voiture Simone ! C’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne…

Ce n’est qu’en 1962 que l’expression devient populaire, grâce à Guy Lux. Il présente alors Intervilles avec Léon Zitrone et Simone Garnier et lance un tonitruant “En voiture Simone” avant les épreuves.

Si beaucoup ont aujourd’hui oublié la carrière automobile de Simone, son expression est quant à elle bien installée dans les mémoires collectives.” [OSCARONEWS.COM]


Pas très Wallonie-Bruxelles tout ça, râleront les mauvais coucheurs, voire les machos du volant… Oh que si ! Fernande Hustinx -une des “deux jeunes filles”- est une ancêtre de l’éditeur responsable de wallonica.org et, partant, elle ne pouvait démériter ni au volant, ni en amour (nul doute que notre regretté journaliste sportif maison, David Limage, ne l’ait connue !) :

© collection privée

En 1934, dans le Rallye de Monte-Carlo, la Coupe des Dames était gagnée Mlle Hustinx, qui faisait équipe avec Mlle des Forest. Mlle Hustinx avait pris le départ à Bucarest. De cette même ville et conduisant une voiture de la même marque était parti Charles de Cortanze. Bien entendu, les deux voitures firent route ensemble. La conclusion définitive de l’ épreuve est celle-ci : le mariage a récemment été célébré à Lille, de M. Charles Roero de Cortanze avec Mlle Fernande Hustinx. Et c’est ainsi qu’apparaît une utilitié supplémentaire des rallies automobiles. Nous souhaitons bonheur et succès à la nouvelle équipe constituée par M. et Mme de Cortanze.” – M. Ph.


Plus de sport tue le sport (et Trotsky tue…) !

HERD, Henri dit Constant-le-Marin (1884-1965)

Temps de lecture : 6 minutes >
Constant-le-Marin et sa ceinture d’or © thyssens.com

Henri HERD naît à Liège, rue Porte-aux-Oies, en Outremeuse, le 2 août 1884. Son père, Guillaume, est d’origine prussienne, tout comme sa mère Helena Treffer. Mais, même si entre eux ils parlent plus volontiers allemand, leurs onze enfants s’expriment aussi en wallon et en français. Le couple Herd exploite un café populaire en Outremeuse.

En 1901, à l’âge de 17 ans, Henri entame sa formation à la lutte dans une petite salle de la rue Pierreuse, à Liège. Deux ans plus tard, il est déjà en finale des championnats amateurs de la Cité Ardente, battu seulement par son coach, Jules Depireux. L’année suivante, il prend part, avec des centaines d’autres, à un tournoi dont il sort vainqueur dans la catégorie des poids lourds.

C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de Liège, en 1905, qu’Henri Herd participe à son premier tournoi en tant que professionnel. Il opte alors pour le pseudonyme de Constant-le-Marin, en l’honneur de son idole Constant Lavaux dit “Constant-le-Boucher”, lutteur florennois. Son surnom “le marin” traduit son ambition de faire le tour du monde grâce à la lutte. Il sera assez vite exaucé : sa réputation et son succès vont croissant. Troisième (ou quatrième) au championnat d’Europe, en 1906, et deuxième en 1907, il devient champion du monde, en 1910, à Buenos Aires. Au terme d’un combat épique de quatre heures, il s’empare de la ceinture d’or d’un kilo devant un public de 35 000 spectateurs, après avoir vaincu le Français Paul Pons, surnommé “le Colosse” et premier champion du monde professionnel.

Champion à nouveau en 1913, Henri Herd poursuit sa route vers la gloire et autour du monde, comme il l’espérait, remportant de nombreux tournois en Amérique du Sud et du Nord, aussi prestigieux que bien rémunérés. Ainsi, à Montréal : L’arèna (sic) Westmount est le site du plus important match de lutte jamais présenté à Montréal, un combat à saveur internationale entre le Belge Constant Le Marin et le Polonais Stanislaus Zbyszko. Constant Le Marin et Stanislaus Zbyszko se partagent une bourse record (à Montréal) de 10 000 $.” (Le Devoir, 26 mai 1913)

Lorsque l’Allemagne envahit la Belgique en août 1914, bien qu’exempté de service militaire par un tirage au sort favorable, Constant se présente à l’armée comme volontaire. Promu au grade de maréchal des logis, il participe à la campagne du Corps expéditionnaire belge des Autos-Canons Mitrailleuses (ACM) sur le Front de l’Est, en compagnie du poète Marcel Thiry et de son frère Oscar ainsi que de Julien Lahaut, futur leader communiste.

Les autos blindées sont envoyées ensuite en Galicie (région de l’empire autrichien, aujourd’hui partagée entre la Pologne et l’Ukraine) où elles vont principalement affronter les forces autrichiennes. Selon Marcel Thiry, Constant-le-Marin, en raison de son titre mondial, jouissait d’une énorme popularité auprès des soldats russes, il leur avait appris à pousser en français son cri de guerre : “On va leur couper la tête !”  

Combattant toujours avec la même hargne, il sera gravement blessé en juillet 1917, lors d’une attaque que rapporte Thiry : “Constant le Marin (…) commande à présent une blindée à coupole fermée, que les Russes ont fournie pour remplacer son auto-mitrailleuse perdue en septembre à Svitselniki. Voulant attaquer presque à bout portant, et malgré la grêle de projectiles qui tambourinent sur son blindage, il entreprend d’arracher les barbelés avec l’étrave de sa machine, pour aller écraser de son feu les mitrailleuses. Mais le lourd engin, presque aveugle quand tous les volets sont obturés au maximum, s’embarrasse dans l’écheveau d’acier. Des fusils antitanks ont dû être amenés par les ennemis ; voici que le blindage perce, les balles ricochent à l’intérieur de la petite forteresse sur les parois des tourelles qui deviennent un enfer. Le chauffeur Godefroid s’affaisse, mortellement atteint ; le servant Guillot est blessé (…) Constant lui-même gravement frappé de trois balles. (…) le grand corps gémissant du champion du monde de lutte sera ramené, avec les plus grandes peines.”

Suite à ces blessures, Constant sera rapatrié, en compagnie d’Oscar Thiry et d’autres. Il recevra neuf citations et sera décoré à cinq reprises, dont quatre fois de la Croix de Saint-Georges. Comme ses compagnons d’armes, Constant-le-Marin aura combattu pour trois états différents : la Belgique du roi Albert, la Russie du tsar Nicolas II, puis aux côtés de l’Armée rouge de Lénine.

Malgré ses sérieuses blessures, Henri Herd reprend, après la guerre, son entraînement et sa carrière de lutteur, utilisant une méthode de revalidation toute personnelle mais visiblement efficace. En effet, il est encore champion du monde, en 1921 (à Paris) et en 1924 (à Buenos Aires). Auréolé de ces exploits, il parcourt à nouveau le monde, profitant de combats rémunérateurs.

Constant-le-Marin par Jacques Ochs

Mais il semble que ce ne soit pas sa seule récompense, comme l’évoque le Pourquoi Pas ?, “(Constant) ne dédaigne pas, en franc Liégeois qu’il est, de humer, çà et là, les roses bien pommées qui ne manquent pas de sertir le laurier, ornement sympathique mais un peu bien sévère. Les roses sud-américaines ont un parfum chaud et poivré qui n’a rien de répugnant, et le bon Constant eut, au pays des Incas, de belles soirées et de belles nuits.”

Enfant d’Outremeuse, c’est néanmoins à Cointe qu’il s’établit, à partir de 1925. Gravement endommagée par les bombardements en 1944, sa villa sera reconstruite après la guerre et existe toujours au 34 de l’avenue de la Laiterie. Constant-le-Marin s’entraîne dans le parc de Cointe où beaucoup de gens viennent admirer ses démonstrations de force. On le croise également s’y promener régulièrement avec son chien, Tom. La légende veut qu’un jour il ait déraciné à mains nues un arbre que les jardiniers du parc ne parvenaient pas à arracher !

Ancienne villa de Henri Herd © Philippe Vienne

Durant les années précédant la Seconde Guerre, Raymond Gilon rapporte que Henri Herd avait coutume, en été, d’aller camper au bord de l’Ourthe à Sainval (Tilff), avec un ami lutteur. Là, ils s’amusaient à faire chavirer les barques des filles, qu’ils secouraient aussitôt. Ses sorties régulières à l’Eden étaient également célèbres : “Constant le marin entrait dans la salle de danse de l’Eden, foulant le tapis rouge lentement, presque majestueusement, s’assurant d’un regard circulaire que toute l’assemblée l’admirait. Il se dirigeait vers sa table du bord de piste réservée depuis le début de la soirée avec son seau à glace et la bouteille de champagne.”

Lorsqu’éclate la Seconde Guerre, Henri Herd se porte à nouveau volontaire mais est refusé par l’armée en raison de son âge. Quittant alors la Belgique pour la France, en 1940, il s’occupe d’un centre pour réfugiés à Paris. Il descend ensuite à Bordeaux où il attrape le dernier navire en partance pour l’Argentine, une fois encore, mais dans un autre contexte. De retour à Liège en 1946, il ouvre, en Outremeuse, un établissement nommé le Café des Lutteurs dont le sous-sol était aménagé en gymnase et où plusieurs générations de jeunes Liégeois viendront s’initier à la lutte gréco-romaine et, plus tard, au catch.

årvô Constant-le-Marin © provincedeliege.be

Henri Herd décède à Liège, le 4 novembre 1965, à l’âge de 81 ans, et est enterré dans le caveau familial au cimetière de Robermont. En Outremeuse, rue Porte-aux-Oies, un årvô (passage voûté) porte une plaque commémorative. Et, depuis 2014 (centenaire de la Première Guerre Mondiale), un géant à l’effigie de Constant-le-Marin participe aux fêtes du 15-Août en Outremeuse. Sorti en 2015, le film d’animation Cafard, du réalisateur Jan Bultheel, s’inspire largement et librement de la vie de Constant-le-Marin.

Philippe VIENNE

Interview de Constant-le-Marin en 1959

Bibliographie
  • GILON R., Les carnets de la mobilisation (38-40), Liège, 1990, pp 150-151
  • PORTUGAELS L., Constant-le-Marin et les autos-canons de 1914-1918, dans La Libre, 29 novembre 2004
  • SCHURGERS P., Cointe, au fil du temps…, Liège, 2006
  • THIRY M., Le tour du monde en guerre des autos-canons belges, 1975
  • THYSSENS H., Cécile Brusson, sur thyssens.com
  • Pourquoi Pas ? du 19 janvier 1934
  • Le Devoir du 26 mai 1913

[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : rédaction | commanditaire : wallonica.org | auteur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © thyssens.com ; Pourquoi Pas ? ; Philippe Vienne ; provincedeliege.be


Plus de muscles ?

 

 

VAN DE POELE, Eric (né en 1961)

Temps de lecture : 2 minutes >

Verviétois par la naissance (en 1961) mais namurois de fait, Eric Van de Poele n’aura de cesse de griller les étapes pour atteindre son but : la Formule 1. Il se choisit dès lors une école de pilotage parmi celles qui fleurissent en Europe et rafle la mise à La Châtre. Il plonge en championnat de France (Formule 3) puis revient en Belgique gagner le titre Formule Ford. Il joue ensuite la carte des voitures de tourisme où il est intégré au BMW Junior Team, évoluant en Allemagne.
En 1987, dans le prestigieux championnat de tourisme allemand (le DTM), il coiffe la couronne, ayant de plus signé le premier de ses quatre succès aux 24 Heures de Spa. Il reviendra à la monoplace dans la série Formule 3000 d’où il émerge vice-champion (1990) avec trois victoires à la clef. Il a un pied en F1 même si la porte est celle de derrière ! Il signe avec Modena, écurie d’un play-boy italien, magnat de la chaussure qui a eu les yeux un peu grands que le ventre. Eric marque pourtant son passage avant d’intégrer Brabham, écurie mythique alors à l’agonie. Tintin se bat mais ne peut inverser le cours des choses. Il entre chez Fondmetal qui n’est guère plus vaillante. Il arrêtera le massacre pour traverser la Manche et s’investir en tourisme chez Nissan, mais l’auto est loin du compte.
Eric saute plus haut et plus loin, tendant les bras à l’Amérique où il retrouvera la joie de gagner et d’asseoir sa réputation de pilote d’endurance, alignant les succès. En parallèle de programmes éclectiques en sport-prototypes, il reviendra régulièrement en Europe faire de jolies piges en tourisme. Il connaîtra une alerte avec un accident sérieux au Mans mais l’enthousiasme est toujours là. Plus que jamais en bonne place sur la “shopping list” des managers de bonnes écuries de pointe, le Namurois fait partie de l’équipe gagnante de Maserati avec laquelle il a enlevé les éditions 2005 et 2006 des 24 Heures de Spa.

David LIMAGE

Le pilote verviétois a également un site officiel : ericvandepoele.com

Plus de sport en Wallonie-Bruxelles…

Vie & Mouvement asbl

Temps de lecture : < 1 minute >

L’asbl Vie & Mouvement a été créée en vue de venir en aide aux personnes à la recherche d’un mieux-être physique, psychologique et moral, d’un développement personnel. Cet objet s’inscrit dans des buts humanitaires, philanthropiques, et altruistes,  dans le respect d’une démarche personnelle de l’individu. Elle a centré son activité sur une technique corporelle qui unit le corps et l’esprit. Il s’agit de la pratique du Tai Chi Chuan. , tout simplement car cette technique constitue, dans sa profondeur, une approche holistique de l’être humain dans la recherche de sa santé au sens large du terme. Cette pratique relie le corps et l’esprit et se vit dans le moment présent, exactement dans la même essence traditionnelle et très ancienne que la pratique du yoga. Elle a donc d’immenses facultés de développer un bien-être réel et durable chez l’individu. L’école de Tai Chi Chuan Vie & Mouvement existe depuis 1996. Ses traits principaux sont : son indépendance, son enseignement spécifique et de qualité, respectant le rythme de chacun…

Bouger mieux sur VIEETMOUVEMENT.BE…


D’autres initiatives…

Embrasser Fanny, un rituel singulier

Temps de lecture : < 1 minute >

Ceux qui «jouent aux boules» le savent : lorsqu’une partie de pétanque est perdue sur le score infamant de 13 à 0, les vaincus doivent embrasser le postérieur d’une dame nue appelée Fanny. Farce ou messe ?​

Lire l’article d’Agnès GIARD sur LIBERATION.FR | Les 400 culs (31 octobre 2016)

CONRADT : Histoires des bains et bassins de natation de Liège, du 17ème siècle à nos jours

Temps de lecture : 2 minutes >

L’auteur liégeois Marcel Conradt s’était déjà plongé dans l’histoire de sa ville en retraçant notamment celles de ses théâtres, de son Grand Bazar, de sa place Saint-Lambert, de ses hôtels ou de ses quais de la Meuse et de la Dérivation.

Cité Miroir, espace Rosa Parks (Liège, BE)

Son nouvel ouvrage – publié aux Editions de la Province de Liège – nous plonge cette fois dans les “Histoires des bains et bassins de natation de Liège, du 17e siècle à nos jours”. Logique, quand on sait que Marcel Conradt a notamment été un des premiers “bébés-nageurs” de Liège…”

CONRADT Marcel, Histoire des bains et bassins de natation de Liège, du 17ème siècle à nos jours (Liège, Editions de la Province de Liège, 2016, épuisé)

Lire la suite de l’article de Martial GIOT sur RTBF.BE (12 janvier 2016)…

Petit bassin de la Sauvenière en 1956 (Liège, BE)

Plus de sport…