Au début, il n’y avait rien.
Le premier jour, Dieu créa Liège et tout s’illumina ;
Le second jour, il créa D’ju d’là* et tout se mit à vivre ;
Le troisième jour, il créa Tchantchès* et on entendit rire ;
Le quatrième jour, il créa Nanesse* et on entendit braire ;
Le cinquième jour, il créa le péket et les fêtes s’animèrent ;
Le sixième jour, il créa le reste, la terre, les étoiles, les animaux…
Juste pour le bon plaisir du peuple de Liège ;
Et le dimanche comme de bien entendu, il est allé se reposer en bord de Meuse avec Tchantchès et sa Nanesse tout en buvant un frisse pèkèt* ;
Durant la conversation, il se dit : bel après-midi, mais, pour la matinée c’est trop calme.
Et… Il créa la Batte*.
Voilà pourquoi nous sommes fiers d’être Liégeois !
[auteur anonyme]
Quelques explications :
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- D’ju d’là : quartier d’Outremeuse situé – comme son nom l’indique – ‘de l’autre côté’ de la Meuse, par rapport au centre-ville ;
- Tchantchès & Nanesse : couple légendaire de Liégeois, réputés pour leurs disputes (voir ci-dessous) ;
- Pèket : nom wallon donné au genièvre, la boisson typique du Pays de Liège ;
- La Batte : marché dominical qui se tient sur les rives de la Meuse à Liège.
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TCHANTCHÈS & NANESSE
[d’après PROVINCEDELIEGE.BE] Connaissez-vous le couple le plus célèbre des marionnettes liégeoises ? C’est un personnage légendaire. L’apparition de Tchantchès remonterait au 25 août 760. Selon la légende, il serait né entre deux pavés du quartier d’Outremeuse. Comme le petit bonhomme n’apprécie pas l’eau, son père lui fait goûter, avec succès, un biscuit trempé dans le pèkèt, (alcool liégeois aux baies de genévrier). Son sevrage se fait par la suite, avec un hareng saur, une pratique courante à l’époque, ce qui lui donne une soif ardente, pour la vie ! Notre héros hérite d’un physique peu gracieux. Durant son baptême, son nez s’allonge d’une façon démesurée après que la sage-femme le cogne accidentellement sur les fonts baptismaux ! Plus tard, atteint de la rougeole, on lui fait boire de l’eau ferrugineuse destinée à le guérir. C’est ainsi qu’il avale un fer à cheval de travers. Ce corps étranger l’empêche, depuis, de bouger la tête de bas en haut. Devenu adulte, Tchantchès participe à de nombreuses aventures avec ses fidèles compagnons, Roland le preux chevalier, l’archevêque Turpin et bien sûr l’empereur Charlemagne. La mort de Roland à la bataille de Roncevaux rend Tchantchès inconsolable. Tchantchès nous quitte définitivement, emporté par la grippe espagnole à l’âge de 40 ans. Il repose à proximité de la place de l’Yser, au pied du monument qui lui est dédié.
…et des marionnettes attachantes. La marionnette de Tchantchès foule les scènes des théâtres liégeois dès la fin du XIXe siècle. La plupart des montreurs s’identifient fortement à Tchantchès qui devient leur avatar ; ils réalisent souvent la marionnette à leur effigie. Tantôt blagueur voire critique vis-à-vis des puissants, tantôt peureux ou bagarreur, la palette de ses différents traits de caractère est immense. Il n’existe pas qu’un Tchantchès mais une multitude !
Quant à l’origine de Nanesse, elle reste mystérieuse : elle se situerait vers le début du XXe siècle. Peut-être a-t-elle été créée pour donner à Tchantchès une compagne et ajouter un peu de piquant à la vie de ce pauvre bougre ? Sa personnalité varie peu, contrairement à celle de son compagnon : c’est une femme de caractère, botteresse de profession, n’hésitant pas à mettre son homme au pas lorsqu’il a tendance à étancher sa soif plus que de raison.
Lors des spectacles, elle rythme le récit en intervenant à certains moments clés, en général pour ramener Tchantchès à la maison… Le couple n’est pas marié, les deux tourtereaux sont des applaqués, comme on dit à Liège. En effet, Nanesse refuse de convoler en justes noces car “le mariage est fait pour les sots.” Son apparence et son langage contraste avec celui des princesses du répertoire, souvent passives et peu hardies. Si l’arme secrète et fatale de Tchantchès est un côp d’tiésse épwèzoné (un coup de tête empoisonné), Nanesse n’est pas en reste avec ses coups de poêle à boûkètes (crêpes liégeoises à la farine de sarrasin) ! Figures emblématiques du folklore liégeois, ces deux personnalités authentiques et attachantes, perpétuent joyeusement la légende auprès de tous les petits (et grands) enfants.
J.D.
Et la tradition continue…
[2023] Bouli Lanners, récemment primé aux césars, se lance dans le monde des marionnettes, et en famille. Sa femme, Elise Ancion, est la fille de feu Jacques Ancion, marionnettiste-sculpteur du célèbre théâtre Al Botroûle. Un théâtre qui renaîtra de ses cendres sous un nouveau nom, mais avec les mêmes marionnettes, qui sont en pleine rénovation. Pour en savoir plus, lisez notre article : AL BOTROÛLE : Bouli Lanners fait revivre des marionnettes et leur théâtre… et ils ne d’ailleurs sont pas les seuls à vivre cette tradition, comme le montre ce reportage de 1959 :
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation, partage, édition et iconographie | sources : Domaine public ; FaceBook ; provincedeliege.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © Visit Liège ; D.P. ; rtbf.be.
Vivre son quotidien en Wallonie-Bruxelles…
- GOMZE : Barcarolle vervîtwesse
- Musée de la gourmandise : la Bibliotheca gastronomica (Hermalle-sous-Huy, BE)
- TAROT : Les tarots
- Remèdes populaires wallons & remèdes de “bonne femme”
- TAROT : Arcane majeur n° 01 – Le Bateleur
- TAROT : Arcane majeur n° 05 – Le Pape
- PETITS PRODUCTEURS : l’autre salade liégeoise (recette)
- Avisance (spécialité namuroise ; recette)
- MASSON, Arthur (1896-1970)
- LIEGE : La création du monde (c’est Tchantchès qui la raconte…)
- THONART : Suis-je une infox ? (2022)