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CRUTZEN : Le Docteur Candèze : aliéniste, entomologiste éminent, photographe de génie et conteur charmant… (CHiCC, 2020)
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Le Docteur Candèze (Liège 1827 – Glain 1898) : aliéniste, entomologiste éminent, photographe de génie et conteur charmant…
Né à Liège le 22 février 1827, Ernest CANDEZE découvre, dès ses études secondaires, le monde des insectes au cours des fréquentes balades nature organisées par un de ses professeurs.
En 1845 il entame des études de médecine à l’Université de Liège. Il y rencontre Félicien Chapuis, jeune Verviétois passionné d’entomologie. Les deux garçons consacrent tous leurs temps libres à chasser et étudier les insectes.
Quand ils ne trouvent réponse à leurs questions, ils vont interroger leur professeur de zoologie, Théodore Lacordaire, et rapidement une profonde amitié les unit tous les trois. Conscient du sérieux, de la motivation et du talent des deux jeunes gens, Lacordaire leur conseille de s’intéresser aux larves, domaine jusqu’alors inexploré. Rapidement ils deviennent experts dans l’art de les débusquer, de les élever et de les caractériser, elles et tous les stades qui conduisent à l’insecte adulte.
En 1852, ils obtiennent leur diplôme de médecin et partent huit mois en stage dans les hôpitaux parisiens. A leur retour, ils publient un “Catalogue des Larves des Coléoptères”dans les “Mémoires de la Société des Sciences de Liège”, qui reçoit un excellent accueil dans le monde entomologique.
Chapuis rentre alors à Verviers s’occuper du cabinet médical familial. Candèze, lui, fasciné par les lamellicornes, se consacrerait volontiers à leur étude. Mais, quelques années plus tôt, Lacordaire a entamé la rédaction d’un ouvrage rassemblant l’ensemble des connaissances sur les 80.000 espèces de coléoptères, et il ne dispose que de peu de données sur les élatérides, une famille qui n’a fait l’objet que de rares études sommaires.
Par amitié, le Docteur Candèze finit par accepter de combler ce manque, et contacte l’ensemble des sociétés entomologiques européennes pour solliciter les collections que leurs membres auraient rassemblées. En six ans, il publie une “Monographie des Elatérides”, un ouvrage en quatre tomes totalisant deux mille pages et huit cents illustrations. A nouveau, le travail est fort apprécié dans la communauté scientifique. Candèze, reconnu comme le spécialiste de cette famille d’insectes, est alors bombardé de spécimens de partout dans le monde, qui l’occuperont jusqu’à la fin de sa vie d’entomologiste.
Au cours de ses balades dans la région spadoise, il rencontre à plusieurs reprises Pierre Hetzel, le célèbre éditeur de littérature pour la jeunesse. Les deux hommes sympathisent et Hetzel convainc Candèze de rédiger un roman de vulgarisation entomologique. “Aventures d’un Grillon” paraît en 1877. Il sera suivi de “La Gileppe” en 1879, et “Périnette, Histoire de cinq moineaux” en 1886.
Le Docteur Candèze fut membre de nombreuses sociétés savantes. Parmi elles, il y a l’Académie royale de Belgique – classe des Sciences, dont il fut directeur en 1873 et la Société entomologique de France, dont il fut membre honoraire à partir de 1882.
Une autre de ses passions fut la photographie. Épris de voyages et d’excursions, il conçoit un appareil photographique portable qui l’affranchit des inconvénients du matériel existant – poids et encombrement. Le Scénographe qui, replié, tient dans une poche et ne pèse que 400g, rencontre un vif succès commercial. De plus, il invente un obturateur permettant d’atteindre le centième de seconde, prouesse nécessaire pour être le premier à obtenir des clichés nets à partir d’un train lancé à toute vapeur. Il réalise également des photos aériennes à partir d’un ballon captif.
Le Docteur Candèze fut aussi le fondateur de l’Association belge de Photographie,en 1874. Il en fut le seul membre à remplir les trois fonctions de vice-président, de président et de commissaire. Durant de nombreuses années, il fut président de la section liégeoise de l’Association.
De profession, le Docteur Candèze était aliéniste, c’est-à-dire psychiatre. Il exerçait à la Maison de Santé Notre-Dame-de-Lumière, établissement de qualité internationalement reconnue, situé en Glain. En 1855, il épouse Elise Abry, la fille du directeur, qui lui donne cinq enfants. On sait relativement peu de son activité médicale, juste quelques articles parus dans la presse, relatant des procès où il intervint en tant qu’expert ou témoin.
A la mort de Thomas Abry, par ailleurs premier bourgmestre de Glain, il assure la direction de la maison de santé jusqu’en 1892. Il arrête alors toute activité et fonde le Cercle des Entomologistes Liégeois, où il se consacre à intéresser et former les jeunes à l’entomologie. Il décède à Glain le 30 juin 1898.
André CRUTZEN
La CHICC ou Commission Historique et Culturelle de Cointe (Liège, BE) et wallonica.org sont partenaires. Ce texte de André CRUTZEN a fait l’objet d’une conférence organisée par la CHiCC : le voici diffusé dans nos pages. Pour les dates des autres conférences, voyez notre agenda en ligne… |
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LARDOT : Dame au smartphone (2017, Artothèque, Lg)
TILLMANS, Wolfgang (né en 1968)
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Wolfgang TILLMANS se fait connaître dès le début des années 1990 comme le photographe d’une jeunesse libertaire issue de la génération post-punk et qui se reconnaît dans la musique techno.
“À l’occasion des raves et des rassemblements gays, il saisit, dans des tirages jet d’encre de grand format, souvent non encadrés, la vulnérabilité des corps et les poses informelles de ses amis, des modèles suivis pendant de nombreuses années au cœur de leur intimité. Sensible à la photographie comme un art social, en lien direct avec le réel, Tillmans revendique une empathie avec ses sujets et un art qui atteint à l’essentiel par l’attention portée à une époque.
Ce faisant, il revisite les genres traditionnels : portraits, natures mortes, paysages. Wolfgang Tillmans n’a cessé de s’interroger sur la technique photographique. En témoignent ses images agrandies et recadrées à l’aide d’un photocopieur ou ses photographies abstraites réalisées dans la chambre noire, sans caméra, à l’aide d’un seul faisceau lumineux. Depuis 1992, il conçoit lui-même la présentation de ses expositions. Créant des constellations de photographies suspendues, collées au mur, présentées sur table sans hiérarchie prédéfinie, il utilise l’espace comme un laboratoire où le collectif des images fait écho à la communauté humaine. Il vit et travaille à Londres et Berlin.” [en savoir plus sur FONDATIONLOUISVUITTON.FR]
“Wolfgang Tillmans est un artiste mondialement reconnu et parmi les plus influents de sa génération, qui a repoussé les limites de la photographie et de la création d’image. À travers une grande richesse technique et la variété des sujets, c’est avant tout la notion de visibilité qui parcourt son œuvre. À l’heure de la saturation totale des images, l’artiste soulève des questions essentielles : qu’est-ce qui est rendu visible et qu’est-ce qui reste caché ? Comment créer des images porteuses de sens ? À partir de quand un phénomène devient-il perceptible ? Quel est le lien entre ce que nous percevons et ce que nous connaissons ? Quel est l’impact des nouvelles technologies sur notre manière de voir le monde ?
Ces interrogations sont révélatrices de la portée politique de son travail. Depuis ses premières œuvres qui témoignent des nouveaux paradigmes sociaux et culturels poussés par une génération marquée par la crise du SIDA et la chute du Mur, Tillmans a toujours fait preuve d’une conscience politique aiguë. Depuis plusieurs années, son engagement dépasse la pratique artistique et se manifeste dans un véritable activisme social en faveur de la démocratie et des droits des minorités, à travers sa fondation Between Bridges et les différentes campagnes pro-européennes dont il est à l’origine.” [d’après WIELS.ORG]
En savoir plus sur le site de Wolfgang Tillmans…
[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation par wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : Wolfgang Tillmans ; lecho.be ; apollo-magazine.com
Plus d’arts des médias…
- HAVELANGE : Démesure du paysage, 1 (2012, Artothèque, Lg)
- CHARLIER : Novissima verba (2000, Artothèque, Lg)
- CHABLE : Oaxaca, Issa Mexique (2012, Artothèque, Lg)
- HERBET : Batumi, République autonome d’Adjarie, Géorgie (2010, Artothèque, Lg)
- FAYARD : Sébastien Fayard va escalader un glacier (2014, Artothèque, Lg)
- THONART Rachel : Le graphisme pourrait être une force critique… (FIG, 2021)
- JANSSENS : Lofallstrand 25/07/2012 (2012, Artothèque, Lg)
- VANGOR : La Louve aux pieds bleus (2014, Artothèque, Lg)
- WEGMAN : Chip veut un chien (SEUIL, 2005)
- RUFF, Thomas (né en 1958)
- SYMUL : Bouleau (2013, Artothèque, Lg)
MARRE : Homme sous l’eau (s.d., Artothèque, Lg)
GOFFIN : Sans titre (2013, Artothèque, Lg)
PLONK & REPLONK : Les Couleurs de demain. Centrale fonctionnant au géranium enrichi (2015, Artothèque, Lg)
DURO : Je suis un nuage #5 (s.d., Artothèque, Lg)
CHABLE : Oaxaca, Issa Mexique (2012, Artothèque, Lg)
LEDURE : Sans titre (2013, Artothèque, Lg)
GRIGNET : Doña Teresa (2006, Artothèque, Lg)
ISRAEL : Forêt rouge (s.d., Artothèque, Lg)
JANSSIS : Chien au bord de la mer (2013, Artothèque, Lg)
LITT : Sans titre (2016, Artothèque, Lg)
MAHOUX : Kaboul (2010, Artothèque, Lg)
HOUCMANT : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)
PHOTOGRAPHIE : technique de la gomme bichromatée
Temps de lecture : 2 minutes >
La gomme bichromatée est une technique d’impression photographique inventée au milieu du XIXe siècle. C’est en mélangeant de la gomme arabique, de l’eau, un pigment de couleur (noir, jaune, rouge, etc.) et du bichromate de potassium que l’on obtient la formule nécessaire pour faire apparaître une image. La gomme bichromatée est en définitive une composition d’images, obtenue par la superposition successive de plusieurs couches colorées exposées.
La première étape consiste à étaler la formule bien dosée sur une feuille de papier adaptée, puis de laisser sécher.
Chaque couche de formule appliquée est exposée sous une lampe UV, avec un négatif posé par-dessus, puis dépouillée dans un bac d’eau froide afin que les pigments non fixés se dégagent par eux-mêmes.
Chaque dépouillement s’effectue à la main avec une série d’outils à adapter soi-même (ex. pinceau, brosse douce), ce qui constitue une phrase de création indéniable et d’interprétation, loin du mouvement mécanique et de la reproduction à l’infini.
Il suffit ensuite de laisser sécher le papier, puis de recommencer le procédé. Une gomme est terminée lorsqu’elle est composée de suffisamment de couches colorées pour révéler une image détaillée.
Le moindre détail a son importance (composition de la formule, température de la pièce, distance entre la lampe UV et le papier, température de l’eau, etc.). Ainsi, chaque gomme bichromatée est une création unique, de la même manière qu’une peinture. Il faut compter en moyenne une journée pour réaliser une gomme bichromatée.
D’autres dispositifs ?
- Paul Otlet (1868-1944), l’Internet & le Mundaneum de Mons
- THONART : Suis-je une infox ? (2022)
- Athena, le magazine scientifique de la Région wallonne
- GYGAX : La masculinisation de la langue a des conséquences pour toute la société
- Le Washington Post se dote d’un slogan fort : “La démocratie meurt dans l’obscurité”
- LUONG : Parties intimes
- DESMURGET : La fabrique du crétin digital (Seuil, 2019)
- Ada Lovelace, la première codeuse de l’histoire
- Design Station Wallonia
- Classification Décimale Universelle
- TREBEN : Elixir suédois (Herbes du Suédois)
HAVELANGE : Démesure du paysage, 1 (2012, Artothèque, Lg)
BEINE : The Tangerinn (s.d., Artothèque, Lg)
BOMAL : Sans titre (2015, Artothèque, Lg)
ALECHINE : Jeune femme et l’enfant (2014, Artothèque, Lg)
STASSEN : La mémoire des arbres – Arbres remarquables de Wallonie (2013)
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Se reconnecter à la Nature est indispensable et la Wallonie a le privilège de disposer de vastes espaces boisés à explorer. Ce livre de 2013, illustré de magnifiques photos, est une invitation à prendre le temps d’admirer des arbres remarquables de nos contrées. Les histoires liées à ces derniers sont souvent étonnantes à découvrir.
Benjamin STASSEN, artiste photographe d’Ellemelle (BE) est né en 1959. Il commente la philosophie qui guide son travail depuis de nombreuses années [source : site de la Fête des Arbres à Esneux, BE, en 2005] :
« Les arbres constituent un patrimoine paysager, historique et écologique de toute première importance », affirme Benjamin Stassen. « On me dit souvent que je ne m’intéresse qu’aux arbres, mais à travers les arbres on peut toucher à tous les segments de l’histoire, de la vie contemporaine et même de l’avenir. J’ai une passion particulière pour les arbres parce que je suis un nomade, qu’il faut que je bouge et que je m’aventure… J’ai ce côté imaginatif, je suis un promeneur qui veut, non seulement préserver ce qui est, mais aussi ajouter de la vie… Je veux encourager la plantation d’arbres, de haies, même si c’est beaucoup de boulot dans nos parcs et dans nos jardins. »
Heureusement, cette perte de repères dont pâtit notre environnement naturel est relativement récente. Globalement, le Wallon s’est détourné de ce qui est proche de lui, de ce qui est immédiat, de ce qui est tangible.
« On vit, de plus en plus », regrette Benjamin Stassen, « dans une société qui privilégie le virtuel, le lointain, l’immatériel… Bref, l’imaginaire, mais dans ce qu’il a de plus creux, de plus impersonnel et de plus ‘marchandisé’. C’est une tendance qui me dérange profondément. Ce qui me touche, c’est de rencontrer quelqu’un, dans un village, qui peut, si je lui pose la question, me raconter une anecdote à propos de tel ou tel endroit que je recherche. Cela devient rarissime. Les villages se vident des populations anciennement établies ; elles sont remplacées par un essaimage urbain, à l’encontre duquel je n’ai d’ailleurs aucun grief particulier à formuler, si ce n’est qu’il accentue une désappropriation de ce qui est pourtant proche de nous et qui nous appartient, toutes choses que nous avons la responsabilité de protéger, de préserver et de transmettre. »
Pourquoi pas découvrir son livre à l’ombre d’un arbre ?
Une brève biographie accompagnée d’une bibliographie de Benjamin STASSEN est documentée par le Service du Livre Luxembourgeois (province du Luxembourg belge) : “Benjamin Stassen se consacre la connaissance et la protection des arbres exceptionnels de Wallonie depuis près de 20 ans. Fondateur de l’asbl Le Marronnier en 1989, il écrit et photographie en autodidacte, une passion pour les mots et l’image qui lui a valu l’appui de la Fondation belge de la Vocation et de la Fondation Spes.“
Dernières nouvelles du Monde…
- TRIBUNE LIBRE : Côté cour, le capital ; côté jardin, la science
- Une centaine de sépultures précolombiennes découvertes aux Abymes, en Guadeloupe
- Alouette des champs (Alauda arvensis)
- Vivre en couple, mais sous deux toits différents
- DEGEY : Petite histoire de Cointe (CHiCC, 1989)
- VIENNE : La Meuse à travers Liège (CHiCC, 2016)
- Le blob Physarum : une cellule géante sans cerveau qui apprend
- MÉMOIRE VIVE : Les femmes au lavoir
- DIEL : Psychologie des profondeurs (conférence, 1958)
- Quand les femmes font de leur sexe un sujet de fierté
- TRIBUNE : Généralisons enfin l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (E.V.R.A.S.)
VIENNE : Bulles d’espoir (2016)
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Prise quelques jours après les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, cette photo de Philippe Vienne a été primée au concours “Bruxelles, je t’aime” organisé par la Maison de la Francité et éditée en carte postale…
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage | source : Philippe Vienne | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustration : Philippe Vienne |
Contempler encore…
- VINCI : Arbres (1502)
- DE WITTE : Femme au corset rouge (1880)
- GUERIN : Nu (1910)
- PICASSO : La buveuse d’absinthe
- BONNARD : Nu à contre-jour (1908)
- BOTERO : La Maison de Raquel Vega (1975)
- BRICARD : Nu au bracelet vert
- BAES : La petite fille au chou (1903)
- FEINSTEIN : Boardwalk Sheet Music Montage (Coney Island, 1952)
- PARISSE, Jacques (1934-2011)
- CHARLIER : Courage to the last (2003)
BLANCHARD Pascal et al. : Sexe, race & colonie | La domination des corps du XVe siècle à nos jours (2018)
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“Reposant sur plus de mille peintures, illustrations, photographies et objets répartis sur six siècles d’histoire au creuset de tous les empires coloniaux, depuis les conquistadors, en passant par les systèmes esclavagistes, notamment aux États-Unis, et jusqu’aux décolonisations, ce livre s’attache à une histoire complexe et taboue. Une histoire dont les traces sont toujours visibles de nos jours, dans les enjeux post-coloniaux, les questions migratoires ou le métissage des identités.
C’est le récit d’une fascination et d’une violence multiforme. C’est aussi la révélation de l’incroyable production d’images qui ont fabriqué le regard exotique et les fantasmes de l’Occident. Projet inédit tant par son ambition éditoriale, que par sa volonté de rassembler les meilleurs spécialistes internationaux, l’objectif de Sexe, race & colonies est de dresser un panorama complet de ce passé oublié et ignoré, en suivant pas à pas ce long récit de la domination des corps.” (source : association de libraires INITIALES.ORG)
BLANCHARD Pascal et al., Sexe, race et colonies : la domination des corps du XVe siècle à nous jours (Paris, La Découverte, 2018)
“Montrer. Voila l’ambition de cet ouvrage, de cette somme iconographique vertigineuse autant que méconnue, ou mal vue. Car on a tous en tête des représentations érotisées de corps indigènes. Elles sont furtives, elles font partie de l’imaginaire historique colonial. Mais mesure-t-on véritablement ce qu’elles portent, ce qu’elles signifient, la violence qu’elles légitiment toutes, à des niveaux différents certes, mais qui toutes cultivent l’idée originelle du colon qui voudrait que le corps du colonisé soit “naturellement offert”, pour citer les auteurs de ce livre colossal et indispensable. N’est-ce pas ainsi que nombre d’intellectuels européens ont envisagé le sulfureux érotisme oriental ? Ou comment la vahiné polynésienne a constitué jusqu’à récemment un modèle de beauté féminine ?
Ainsi, encore aujourd’hui, il fallait montrer. Pour tous ceux qui pourraient douter du fait que la domination des empires sur les peuples conquis s’est exercée premièrement à un niveau sexuel. Pas de manière secondaire ou marginale, mais massivement et prioritairement à un niveau sexuel. Si depuis sa sortie, cet ouvrage a essuyé critiques et doutes, c’est bien parce que la frontière est ténue entre la monstration et l’exhibition, surtout quand on parle de sexe. Est-ce que les auteurs sont parvenus ici à faire oeuvre de mémoire sans verser dans l’exhibitionnisme? C’est notre opinion. Et c’est notamment l’ampleur du travail et la qualité de l’appareil critique qui font toute la différence.
Car ce livre est énorme, il a la forme de son ambition, et retrace en quatre grandes parties, Fascinations (1420-1830), Dominations (1830-192o), Décolonisations (1920-1970), Métissages (depuis 1970), l’évolution, si tant est qu’il y en ait eu-une, de la représentation des peuples des colonies par les colons. Certaines images sont dures, insoutenables certes, mais leur publication est indispensable. Comment en effet penser aujourd’hui un phénomène de prise de conscience comme #MeToo et oublier que des systèmes de domination, réelle et symbolique, ont des racines solidement ancrées dans nos imaginaires ?“
Grégoire Courtois (Libraire Obliques à Auxerre, FR)
Le cas Gauguin ?
“Dans un film sur Gauguin, le réalisateur Edouard Deluc passe sous silence la nature des relations sexuelles de l’artiste à Tahiti. Et révèle la difficulté des Français à penser la violence dans leurs anciennes colonies.
L’image est si sauvagement excitante. Une Tahitienne danse seins nus, lascive, devant un grand feu, tandis que résonne le chant envoûtant de la tribu. Cette femme aux formes pleines, c’est Tehura. Dans son film Gauguin – Voyage de Tahiti, le réalisateur Edouard Deluc nous raconte comment elle a hypnotisé le peintre français et inspiré quelques-unes de ses plus belles toiles. On les voit tous deux enlacés sur un cheval, jouant sur une plage, et fatalement faisant l’amour à la lumière des bougies.
Ce film pourrait être un biopic convenu de plus consacré aux maîtres de la peinture, mais des ellipses opportunes dans le scénario en font une œuvre au mieux incroyablement maladroite, au pire parfaitement abjecte. Car, ce que cette histoire ne dit à aucun moment c’est que Tehura (qui s’appelait aussi Teha’amana) avait seulement 13 ans lorsque Gauguin (alors âgé de 43 ans) la prit pour « épouse » en 1891.
Et malgré ce que pourrait laisser croire le biopic, elle ne fut pas la seule à partager la vie de l’artiste dans l’île : il y eut aussi la jeune prostituée métisse Titi, ainsi que Pau’ura et Vaeoho (toutes deux 14 ans). Enfin, dernier « oubli », le maître était atteint de syphilis, maladie sexuelle potentiellement mortelle, qu’il distribua généreusement à Tahiti. Dans le film, Gauguin se voit seulement diagnostiquer un méchant diabète… on en pleurerait de rire si ce n’était aussi grave…”
Lire la suite de l’article de Léo PAJON, La pédophilie est moins grave sous les topiques, sur JEUNEAFRIQUE.COM (21 septembre 2017)
Le cas Malko Linge, dit SAS ?
«Bicuzi Kihubo avait la cervelle d’une antilope, mais une allure de star. Ses grands yeux marron illuminaient un visage doux, encadré par les tresses traditionnelles, ses seins moulés par un tee-shirt orange pointaient comme de lourds obus ; quand à sa chute de reins, elle aurait transformé le plus saint des prélats en sodomite polymorphe… Ses hanches étroites et ses longues jambes achevaient de faire de Bicuzi une bombe sexuelle à pattes.» Les connaisseurs auront sûrement reconnu dans ce portrait d’Africaine torride, le style particulier de Gérard de Villiers, passé maître du roman d’espionnage à forte connotation érotique à travers la série des SAS. Les scènes de sexe, tout autant que la vraisemblance d’intrigues construites à partir d’infos recueillies sur le terrain, expliquent le succès et la fortune de l’auteur, mort en 2013 après avoir vendu plus de 150 millions de livres.
Romans de gare machistes qui confinent les personnages féminins à des objets sexuels culbutés dans tous les sens par Son Altesse Sérénissime le prince Malko Linge, héros de la série ? Peut-être. Mais à relire les descriptions de certaines de ces ‘bombes sexuelles sur pattes’, pin-up systématiquement moulées dans une ‘microjupe’, difficile de ne pas y voir une illustration de la permanence des clichés qui s’attachent singulièrement aux femmes noires et qu’on retrouve dans l’immense somme consacrée à la Domination des corps du XVe siècle à nos jours publiée jeudi sous la direction de l’historien Pascal Blanchard. L’ouvrage Sexe, race et colonies ne se limite certes pas aux femmes noires et dresse un panorama exhaustif de l’image du corps de l’Autre, de l’Afrique coloniale (Maghreb inclus) jusqu’à l’Asie et au monde amérindien.”
Lire la suite de l’article de Maria MALAGARDIS, Les femmes noires comme incarnation forcée du corps de l’Autre, sur LIBERATION.FR (21 septembre 2018)…
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, compilation et iconographie | sources : éditions La Découverte ; jeuneafrique.com ; liberation.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © La Découverte ; © DR.
Lire encore en Wallonie et à Bruxelles…
- TUNSTRÖM : L’Oratorio de Noël (1986)
- VIENNE : Bismarck Hotel (2017)
- VIENNE : Anne (Loin de Berlin) (nouvelle, 2017)
- VIENNE : Le Phare (2013)
- CURVERS et al : Il était douze fois Liège (MARDAGA, 1980), nouvelles de CURVERS, THINES, COMPERE…
- SOLOTAREFF : L’aventure intérieure : la méthode introspective de Paul Diel (PAYOT, Rivages, 1991)
- VIENNE : La tache (nouvelle, 2017)
- VIENNE : Caillou (2020)
- BIERLAIRE : Erasme de Rotterdam ou l’humaniste dans tous ses états (CHiCC, 2011)
- WEGMAN : Chip veut un chien (SEUIL, 2005)
- LENTZ : Vladimir Roubaïev ou les provinces de l’irréel (ROBERT LAFFONT, Livre de poche, 1985)
SYMUL : Bouleau (2013, Artothèque, Lg)
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Le Centre d’Art Contemporain du Luxembourg Belge écrit : “Les photographies de Jean-Jacques Symul dépassent les anecdotes locales pour devenir des évocations intemporelles, elles ne sont plus l’indice d’un site donné, mais l’évocation de tous les lieux possibles et la condensation lente des souvenirs qu’ils peuvent faire naître.“
Jean-Jacques SYMUL est né à Liège en 1952. Dès 1984, il enseigne la photographie à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville. Il a bénéficié de plusieurs expositions personnelles et figure dans diverses collections publiques… Il vit aujourd’hui à Xhoris, sur la commune belge de Ferrières.
- Cette œuvre est empruntable gratuitement (60 jours par emprunt) à l’Artothèque de la province de Liège (BE) ;
- L’illustration de l’article est de Jean-Jacques Symul : Bouleau (2013) © Jean-Jacques Symul.
Egalement à l’Artothèque de la Province de Liège (BE) :
- JAUNATRE : Manu (2011, Artothèque, Lg)
- HANOCQ : Sans titre (s.d., Artothèque, Lg)
- HENNI: Sans titre (2016, Artothèque, Lg)
- LO BIANCO : Effacement (2010, Artothèque, Lg)
- PEIRE : Sans titre (1987, Artothèque, Lg)
- PINELLI : Heinz von Furlow 1929 Porquerolles (2014, Artothèque, Lg)
- BELGEONNE : Insolente force (2010, Artothèque, Lg)
- DESIR : Les Vaches (2013, Artothèque, Lg)
- SCHREIDEN : Poor Lonesome Cowboy (1987, Artothèque, Lg)
- LOTIN : Guadalajara, Mexico (2009, Artothèque, Lg)
- VASARELY : Sans titre (s.d., Artothèque, Lg)
Retour en 39-45, quand les migrants étaient européens…
Temps de lecture : 2 minutes >
“Une série de photographies aujourd’hui colorisées montre le voyage de réfugiés… français, allemands, belges ou encore polonais fuyant les horreurs de la guerre.
C’est un retour de près de sept décennies en arrière. Entre 1939 et 1945, plus de 60 millions d’Européens furent forcés de quitter leurs foyers, pour fuir les horreurs de la guerre. Un peu plus de soixante-dix ans plus tard, les destins tragiques des centaines de milliers de réfugiés originaires d’Afrique et du Moyen-Orient, qui tentent de rejoindre l’Europe depuis quelques années, nous conduisent à remonter le temps.
C’est pour cela que Time Magazine a commissionné la photographe Sanna Dullaway pour coloriser des clichés historiques montrant des réfugiés européens de la Seconde Guerre mondiale, en provenance de France, de Pologne, d’Allemagne ou de Belgique, pendant leur voyage vers l’Est et le Sud.
Comme le rappelle le Washington Post, le Royaume-Uni avait mis en place en 1942 la MERRA (Middle East Relief and Refugee Administration), qui permit à 40 000 européens de s’établir dans des camps de réfugiés en Syrie, Égypte et Palestine. Une histoire méconnue qui éclaire les épreuves de celles et ceux qui veulent de nos jours faire le chemin inverse…”
Visionner les photos dans l’article traduit de Rachid MAJDOUB sur KONBINI.COM (article daté de 2016) ou dans l’article original de Sanna DULLAWAY sur TIME.COM (article du 20 juin 2016, première publication en 2015) : Colorized Photos of WWII Refugees Offer New Perspective on the Migrant Crisis
Plus de presse…
- I.A. : ChatGPT, tu peux écrire mon mémoire ? (quand les profs mènent l’enquête…)
- Vivre en couple, mais sous deux toits différents
- PHILOMAG.COM : Victor HUGO, Proses philosophiques des années 1860-1865 (extraits)
- CASTELLANOS : Nous avons 7 sens et les 5 plus connus sont les moins importants
- SHAWKY, Wael (né en 1971)
- RTBF : Bye Bye Belgium (2006)
- Naissance de la littérature : l’épopée de Gilgamesh
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- SHINODA, Toko (1913-2021)
UBAC : La Nébuleuse (1939)
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UBAC Raoul (1910-1985), La Nébuleuse (1939)
- épreuve gélatino-argentique (40 x 28,3 cm) conservée au Centre Pompidou de Paris (FR) ;
- inscriptions : Titre et date au revers : “La nébuleuse – brûlage 1939”
- don de l’artiste, 1976
- numéro d’inventaire : AM 1976-322
Lire la fiche de l’oeuvre sur CENTREPOMPIDOU.FR…
“Raoul UBAC, de son vrai nom Rudolf Gustav Maria Ernst Ubac, est né en 1910 à Cologne (DE) où il vit durant sa prime enfance. En 1914, sa famille s’installe à Malmedy (Hautes-Fagnes, BE) où son père vient d’être nommé juge de paix. Durant sa scolarité à l’Athénée de Malmedy, Raoul Ubac envisage son avenir en tant qu’agent des eaux et forêts (garde forestier). Raoul Ubac se sent proche de la nature. Entre 1927 et 1930, il entreprend de nombreux voyages pédestres en Europe. Mais lorsqu’il découvre, grâce à un professeur, le Manifeste du Surréalisme d’André Breton, il change ses ambitions et s’inscrit dès 1930 en faculté de lettres à la Sorbonne (Paris, FR). Il rencontre dans la capitale française le groupe des artistes surréalistes et fréquente le quartier de Montparnasse. Lors d’un de ses voyages en Dalmatie (région de Croatie), Ubac assemble des pierres trouvées et les photographie. Ce premier acte artistique marque le début de sa carrière. A son retour, il s’inscrit à l’École d’Arts Appliqués de Cologne pour y apprendre le dessin et la photographie. Il expérimente de nouvelles techniques photographiques et expose pour la première fois le résultat de ses recherches à Paris, en 1933. Jusqu’à la fin de cette décennie, Ubac va s’impliquer dans le groupe surréaliste ; ses photographies sont publiées dans la revue surréaliste « Minotaure » et il participe à l’exposition internationale du surréalisme en 1938. Durant le second conflit mondial, Ubac se réfugie à Carcassonne située en « zone libre » française. Il s’éloigne peu à peu du mouvement surréaliste et réalise de nombreux dessins dits Les objets les plus simples. Ces travaux montrent des natures mortes de pain, couteaux, fruits. Mais l’événement qui marquera un tournant décisif dans l’œuvre de Raoul Ubac, c’est son voyage en Haute-Savoie en 1946. Il y ramasse une ardoise et entreprend de la graver avec un clou. Cet événement qui pourrait être anecdotique, va pourtant déterminer le reste de sa carrière puisque c’est suite à cette nouvelle rencontre avec la nature qu’Ubac se lance dans le travail de taille d’ardoise qu’il poursuivra jusqu’à la fin de sa vie. Durant la même période d’après-guerre, l’artiste se lance aussi dans des recherches sur la forme et la couleur. Peu à peu son travail tend vers le non-figuratif, vers l’art informel. Fin des années 1950, il quitte Paris et s’installe à Dieudonné (dans l’Oise, France) où il travaillera jusqu’à la fin de ses jours en 1985. Engagé à 100% dans son travail, sa manière se simplifie de plus en plus. Parfois proche des Arts primitifs, cet artiste méditatif a parfois été rapproché du mouvement CoBrA (il participe en 1951 à l’exposition CoBrA de Liège) […]”
Le musée de La Boverie de Liège (LABOVERIE.COM) a organisé une rétrospective Raoul UBAC en 2017 ; wallonica.org y était…
Contempler encore…
- WESEL, Bénédicte (née en 1964)
- BLAKELOCK : Moonlight Sonata (1889-1892)
- LEFEBVRE : Marie-Madeleine dans la grotte (1876)
- BALTHUS : La Rue (1933)
- GUERIN : Nu (1910)
- YAMAMOTO : photographies
- THONART (Cléa) : aquarelle
- ENSOR : Hôtel de ville de Bruxelles (1885)
- PEALE : Venus Rising from the Sea – After the Bath (a Deception) (1822)
- TURNER : Trois marines (1827)
- BONNARD : Nu à contre-jour (1908)
Behind TIME’s Donald Trump ‘Welcome to America’ Cover
Temps de lecture : 2 minutes >
“John MOORE, a Pulitzer Prize-winning photographer for Getty Images, has been photographing immigrants crossing the U.S.-Mexico border for years. This week one of his pictures became the most visible symbol of the immigration debate in America.
“This one was tough for me. As soon as it was over, they were put into a van. I had to stop and take deep breaths,” Moore told TIME Tuesday, describing his reaction to the scene of a two-year-old Honduran girl crying as her mother was being detained in McAllen, Texas. “All I wanted to do was pick her up. But I couldn’t.”
Due to the power of the image, which appeared as critics from across the political spectrum attacked President Trump’s now-reversed policy of separating children from parents who are being detained for illegally entering the United States, TIME’s editors selected Moore’s photograph to create a photo illustration, including Trump, to make the July 2, 2018, cover of the magazine.”
Lire la suite de l’article de la rédaction de TIME.COM (article du 21 juin 2018)
Découvrir la galerie des photos prises par John Moore lors de ses reportages sur l’immigration d’Amérique latine vers les USA sur REPORTAGESBYGETTYIMAGES.COM
Plus de presse…
- BAKKER Gerbrand, Parce que les fleurs sont blanches (2020)
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- Mort d’Isao TAKAHATA (1935-2018), réalisateur du « Tombeau des lucioles »
- ALLEMAN, Fabrice (né en 1967)
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- 22 mai 1967: les 323 morts de l’Innovation
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- BEACH, Amy (1867-1944)
HAUSMANN, Raoul (1886-1971)
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“Raoul HAUSMANN est né à Vienne, le 12 juillet 1886. Son père, peintre de tradition académique, est à l’origine de la première formation artistique de son fils. En 1900, la famille s’installe à Berlin où Raoul débute des études de peinture et de sculpture. Il se marie en 1908, avec la violoniste berlinoise Elfriede Schaeffer dont il a une fille, Véra, en 1907.
Très marqué par la grande Exposition Futuriste et le premier salon Sturm (salon expressionniste) qui ont lieu à Berlin en 1912, Raoul Hausmann prend conscience que l’esthétique conventionnelle ne peut traduire les émotions liées au monde moderne de ce début de siècle.
Au début de la première guerre mondiale, Hausmann fait la connaissance d’Hannah Höch, elle aussi artiste, avec laquelle il aura une liaison passionnelle et particulièrement fertile sur le plan créatif, jusqu’en 1922. Connaissant déjà Johannes Baader depuis 1905, il rencontre également à Berlin Hans Richter et Emmy Hennings. En 1916, il collabore aux revues Die Aktion et Die Freie Strasse. Depuis 1914, la guerre fait rage, le germe de la rébellion et de la contestation touche ces jeunes artistes, futurs protagonistes du mouvement Dada.
Dada
Le mouvement Dada naît en 1916, à Zurich, autour de l’écrivain et poète Hugo Ball, et réunit Marcel Janco, Tristan Tzara, Jean Arp, bientôt rejoints par Richard Huelsenbeck, Hans Richter, Sophie Taeuber et Emmy Hennings. En 1917, Huelsenbeck quitte Zurich et introduit Dada à Berlin. Il fonde le Club Dada en 1918 avec Raoul Hausmann, Johannes Baader, Franz Jung, George Grosz, Hannah Höch et les frères Herzfelde. C’est l’époque d’une collaboration intense et complice entre Hausmann et Baader et de la création de la revue Der Dada, dont Raoul Hausmann dirige les trois numéros entre 1918 et 1920. Il publie également Material der Malerei, Plastik, Architektur.
A Berlin, le groupe Dada est nettement plus politisé qu’à Zurich, restée ville neutre pendant la première guerre mondiale et dans laquelle règne un climat de paix. A l’opposé, Berlin, en 1918, est une ville déstabilisée par les grèves et les soulèvements populaires qui connaît une véritable révolution menée par les spartakistes. Durant cette période, Hausmann est l’un des plus ardents parmi les militants dadaïstes. Au sein du Club Dada, il est le Dadasophe : brillant théoricien et redoutable polémiste, il est également un créateur fertile au travers de ses collages, ses assemblages, ses photomontages, ses photogrammes et ses poèmes phonétiques.
L’œuvre la plus marquante de Raoul Hausmann est un assemblage, réalisé en 1919 et, aujourd’hui, exposé au Musée national d’art moderne de Paris : l’Esprit de notre temps ou Tête mécanique. Cet assemblage autour d’une petite tête de bois est une critique de la société, de l’homme-machine. “Penser comme une machine”, tel était, selon Hausmann, le principal défaut de ses contemporains. La première Foire Internationale Dada, Dada Messe, a lieu en 1920 à Berlin. Elle est considérée comme l’apogée du mouvement mais également l’événement qui précipite sa chute : un procès pour insulte à l’armée condamnera les organisateurs. Manifestation incontournable dans l’histoire de Dada, elle présente les œuvres de ses principaux membres et révèle, en particulier, les photomontages et collages de Raoul Hausmann et Hannah Höch.
En février 1921, Raoul Hausmann publie dans la revue De Stijl son manifeste Présentiste et Dada ist mehr als Dada (Dada est plus que Dada). Ces articles mettent fin à l’aventure Dada de Berlin. L’épisode berlinois, d’une courte durée, aura marqué de manière indélébile l’histoire de l’art du XXe siècle en créant et diffusant de nouveaux procédés et concepts artistiques.
Pour Raoul Hausmann, l’aventure post dadaïste continue. Il s’engage dans Merz aux côtés de son fondateur Kurt Schwitters (Merz est un groupe proche de Dada fondé par Schwitters après que Huelsenbeck ait refusé son intégration au Club Dada). Raoul Hausmann, Hannah Höch et Kurt Schwitters organisent la tournée Antidada-Merz-Presentismus à Prague.
En 1922, Raoul Hausmann divorce d’avec Elfriede et se sépare d’Hannah Höch. En 1923, il se marie avec Hedwig Manckiewitz. Par ailleurs, il commence à s’intéresser aux possibilités offertes par les nouvelles technologies optiques. Il est proche d’Hans Richter, Viking Eggeling et Moholy Nagy qui travaillent sur l’image photographique et cinématographique. En fin d’année 1923, il donne à Hanovre, une Matinée Merz avec Kurt Schwitters.
Au fil du temps, Hausmann s’éloigne de son complice berlinois, Johannes Baader. Il contribue par ses articles à de nombreuses revues et rédige des conférences pour la radio. Il débute la photographie en 1927 et rencontre, en 1928, Vera Broïdo, fille de révolutionnaires russes et écrivain, avec qui il vivra, en compagnie de sa femme, jusqu’en 1934. Leur vie se partage entre Berlin, Kampen, sur l’île de Sylt en mer du Nord, et un petit village de pêcheurs sur la mer Baltique, Jershöft, où Hausmann réalise de nombreuses photos. En 1931, il participe à l’exposition Fotomontage organisée par César Domela à Berlin et prononce la conférence inaugurale. Il s’engage pleinement dans l’art photographique qu’il récusait pourtant, dix ans auparavant, dans son manifeste : Nous ne sommes pas des photographes.
L’exil
En 1933, déclaré “artiste dégénéré” par les nazis, Raoul Hausmann est contraint de quitter l’Allemagne et fuit Berlin pour l’Espagne, en compagnie d’Hedwig Manckiewitz et de Vera Broïdo. Commence alors un long voyage d’environ six années à travers l’Europe, durant lequel il séjourne consécutivement à Ibiza, Paris, Ibiza, Zurich, Prague (où il fait des essais de photographie infrarouge), puis à nouveau Paris (où il se lie à de nombreux artistes de l’entre-deux-guerres). Chaque étape, riche en créativité, essentiellement photographique, est suivie de publications et d’expositions. Lors de son séjour à Paris, à l’été 1939, l’approche de la guerre, les origines juives de sa femme et l’insécurité liée à son statut d’immigré vont précipiter son départ en zone libre. Le Limousin sera son refuge. Il s’installe avec Hedwig, à l’automne 1939, à Peyrat-le-Château où il donne, pour subsister, des leçons d’allemand, d’anglais et d’espagnol. C’est là qu’il rencontre Marthe Prévot qui partagera la vie du couple jusqu’à leur mort. Eté 1944, Raoul Hausmann déménage à Limoges, et, en dépit d’importantes difficultés financières et matérielles, se concentre sur son travail.
L’après-guerre
A partir de 1946, Hausmann, isolé, renoue avec ses amis d’avant-guerre. Une correspondance importante s’établie alors avec Laszlo Moholy-Nagy et Kurt Schwitters. Toutefois, leurs décès respectifs en 1946 et 1948, annulent tout espoir de réaliser un jour les projets qu’ils avaient ébauchés ensemble. A cette époque, Raoul Hausmann revient à l’expérimental de l’entre-deux-guerres et débute une activité artistique foisonnante dans les domaines de la photographie, de la peinture, du collage et de l’écriture. En 1954, il participe au mouvement de la Subjektive Fotografie animée par Otto Steinert.
Le retour à la peinture
Après la guerre, sans jamais avoir cessé de dessiner, Raoul Hausmann se rapproche alors de la peinture par des œuvres sur papier, exécutées à l’aquarelle et à la gouache. En 1959, il revient à la peinture à l’huile qu’il avait abandonnée en 1915, en réaction à l’influence expressionniste. Il cesse définitivement son travail à l’huile en 1964, laissant ainsi une centaine de toiles. En revanche, il continue de peindre à la gouache, jusqu’en 1968.
Parallèlement, il réalise quantité de collages, jouant non seulement avec la couleur des éléments déchirés mais également avec la sensation qu’ils procurent au toucher. Le dernier apport de ce créateur boulimique sera probablement l’invention du collage-tactile.
Hausmann ne délaisse pas l’écriture et la poésie. Entre 1957 et 1970, il rédige onze ouvrages mêlant toutes les facettes de son art, des poèmes illustrés de bois gravés jusqu’à un ouvrage sur la mélanographie (la transformation photographique d’objets), mais également des travaux de réflexion sur le mouvement Dada et le monde moderne. Il meurt le 1er février 1971 à Limoges.”
Source : RAOUL-HAUSMANN.COM
AGENDA
Expo “Raoul Hausmann : Un regard en mouvement” au Concorde (Paris, FR), jusqu’au 20 mai 2018…
Plus d’art des médias…
- AVRIL & DEPREZ : Venez Docteur A
(s.d., Artothèque, Lg) - CHARLIER : The Pelican (s.d., Artothèque, Lg)
- HENNI: Sans titre (2016, Artothèque, Lg)
- VAN MALLEGHEM : Sans titre (s.d., Artothèque, Lg)
- LAMBERMONT : Sans titre (série “Persona”, 2011, Artothèque, Lg)
- WINAND : Hide’N’Seek 2 (Bye Bye Belgium) (2016, Artothèque, Lg)
- Le Guggenheim offre ses livres d’art en téléchargement gratuit
- BLANCHARD Pascal et al. : Sexe, race & colonie | La domination des corps du XVe siècle à nos jours (2018)
- WITKIN, Joel-Peter (né en 1939)
- BEUGNIES : Génération Tahrir (2011, Artothèque, Lg)
- GOFFIN : Sans titre (2013, Artothèque, Lg)
REMOUCHAMPS : Trois fenêtres
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En savoir plus sur Fabris REMOUCHAMPS (né en 1955)
Savoir contempler plus encore…
- FEINSTEIN : Boardwalk Sheet Music Montage (Coney Island, 1952)
- MAHOUX : L’entrée du Christ à Bruxelles
- TOULOUSE-LAUTREC : Rosa la rouge (1886-1887)
- BALTHUS : La Rue (1933)
- ENSOR : Hôtel de ville de Bruxelles (1885)
- GALLHOF W. : Nu féminin, La chaîne de corail (ca. 1917)
- VINCI : Arbres (1502)
- YAMAMOTO : photographies
- LA TOUR : La diseuse de bonne aventure (1630)
- REMOUCHAMPS : Trois fenêtres
- GUERIN : Nu (1910)
REMOUCHAMPS, Fabris (BE, né en 1955)
Temps de lecture : 3 minutes >
Fabris REMOUCHAMPS naît à Ougrée (BE) en 1955, année de sa naissance. Aujourd’hui photographe, il vit et travaille à Liège (BE) : “La déambulation est pour lui une pratique quotidienne, elle est d’abord une manière de s’ouvrir et d’être disponible. Traverser maintes et maintes fois les mêmes espaces, fussent-ils mentaux, n’est pas une volonté de circuler en territoires connus ou conquis, mais plutôt de porter à chaque passage un regard neuf tendant à briser toutes formes de certitudes. Semblable à ces voyageurs des années trente qui découvraient étonnés le monde, il avance sans protection à la recherche de ce qui n’a pas été vu et qui ne se livre jamais instantanément.“
Précoce à plus d’un égard, Fabris Remouchamps se frotte dès la fin des années 60 à la création (rencontre avec les peintres Léopold Plomteux et Fréderick Beunckens) ; il consacre ensuite ses seventies à l’étude de la peinture monumentale (Académie Royale des Beaux-Arts de Liège, diverses expositions et, en marge, des ateliers d’impro). Les années 80 seront les années “théâtre et installations” (“Noyade interdite”, Musée d’architecture de Liège, Maison des artistes idem, Festival du Jeune Théâtre)…
Sans délaisser les cimaises, Fabris Remouchamps rentre à la RTBF dans les années 90 : il y explorera les différentes facettes de la production audiovisuelle, en studio comme en tournage. Nouveau siècle oblige, c’est le monde digital qu’il aborde ensuite : webdesign, infographie, multimedia et gestion de sites web. S’il commence en numérisant des photos et des peintures, il passe ensuite à l’infographie pure. L’homme est multiple, mais pas duplice, et les créations de Fabris Remouchamps relèvent d’autant de domaines et de techniques que l’œil peut en concevoir.
Aujourd’hui, Fabris Remouchamps retourne à ses premières amours et plusieurs création en peinture sont en chantier. Parallèlement, on lui doit le mystérieux roman-photo La fabuleuse histoire de Michel M., commencé il y a des années et toujours en cours. Un extrait :
Pour en découvrir plus sur Fabris Remouchamps :
- dans le mini-album Fabris REMOUCHAMPS : Trois fenêtres ;
- sur son site officiel FABRIS.BE ;
- dans le nuage, sur FABRISWORLDBE.TUMBLR.COM ;
- sur ART-LIEGE.BE ;
- sur RTBF.BE (23 février 2010)…
Plus d’arts des médias…
- THIRY, Georges (1903-1994)
- LOTIN : Guadalajara, Mexico (2009, Artothèque, Lg)
- « Dans l’Ombre » : ce court-métrage puissant gifle l’occident en pleine face
- JANSSENS : Lofallstrand 25/07/2012 (2012, Artothèque, Lg)
- VANESCH : Mer du Nord (2001, Artothèque, Lg)
- SCHREIDEN : Poor Lonesome Cowboy (1987, Artothèque, Lg)
- BEINE : The Tangerinn (s.d., Artothèque, Lg)
- Les fesses de Simone de Beauvoir censurées ?
- AVRIL & DEPREZ : Venez Docteur A
(s.d., Artothèque, Lg) - FN Meka, le robot-rappeur, abandonné par son label accusé de racisme
- ARAKI, Noboyushi (né en 1940)
YAMAMOTO : photographies
Temps de lecture : 2 minutes >
Masao YAMAMOTO est né en 1957 au Japon ; initialement peintre, il est aujourd’hui photographe indépendant : “aux antipodes d’une photographie frontale aux grands formats qui s’imposent au spectateur, Yamamoto développe depuis vingt ans une oeuvre discrète qu’il faut approcher pour en saisir la finesse et la subtilité.”
“Ses images sont comme des fragments de vie à jamais indéchiffrables, éclairs de grâce comparables à des haïkus. Ses tirages, de petits formats qu’il réalise lui-même avant de les patiner et de les user, ont fait l’objet de nombreuses expositions.”
Découvrir le travail de l’artiste sur son site officiel YAMAMOTOMASAO.JP ou, pour les férus du clic droit, quelques autres photographies téléchargeables sur CAMERALABS.ORG…
Ses oeuvres sont exposées à l’international : Harvard University Art Museums (Cambridge, US), Philadelphia Museum of Art (Philadelphia, US), Museum of Fine Arts (Houston, US), The International Center of Photography (New York, US), Center for Creative Photography (CCP, Tucson, US), Princeton University Art Museum (Princeton, US), …, Victoria & Albert Museum (London, UK), Maison Européenne de la Photographie (Paris, FR), Quinzaine photographique (Nantes, FR), Musei Civici Comune di Reggio Emilia (IT), Forum für Fotografie (Köln, DE), Fondation d’entreprise Hermès (Paris, FR), Art at Swiss Re (Zurich, CH)…
Yamamoto a déjà publié plusieurs recueils de photographies. Parmi les plus récents :
- YAMAMOTO Masao & ARPAÏS du bois, Where we met (Tielt, Lannoo, 2011)
- YAMAMOTO Masao, Tori (Santa Fe, Radius Books, 2017)
Contempler encore…
- LIPKING : Baignoire dans un château de la Loire
- PACE : Tryptique (2011, Artothèque, Lg)
- CHARLIER : Courage to the last (2003)
- HOMER : Sleigh Ride (1890-95)
- Le Metropolitan Museum of Art diffuse 375 000 œuvres en accès libre
- TOULOUSE-LAUTREC : Rosa la rouge (1886-1887)
- RAMBOZ : Le Jardin des délices à 360 (2014)
- BONNARD : Nu à contre-jour (1908)
- GAUGUIN : Madame la Mort (1890-91)
- PICASSO : La buveuse d’absinthe
- GUERIN : Nu (1910)
Les fesses de Simone de Beauvoir censurées ?
Temps de lecture : 2 minutes >
“La comédienne et metteur en scène Anne-Marie Philipe prépare un spectacle à partir des correspondances de Simone de Beauvoir. Le spectacle a déjà été donné au printemps à Deauville, et doit arriver à Paris à l’automne, au théâtre des Mathurins. Trois comédiennes différentes joueront trois tranches épistolaires dans la vie amoureuse de Simone de Beauvoir. L’une d’elles, Camille Lockhart, a poussé un coup de gueule sur Facebook ce mardi matin en sortant de répétition : elle affirme sur le réseau social que le groupe JC Decaux, qui gère notamment l’affichage dans le métro, sur les kiosques à journaux et les fameuses “colonnes Morris”, a décidé de déprogrammer la campagne de promo du spectacle…”
Lire la suite de l’article sur FRANCECULTURE.FR (21 juin 2017)…
“Sur Facebook, une comédienne s’est révoltée contre JC Decaux. L’entreprise aurait selon elle censuré, dans le métro et sur les colonnes Morris, une affiche de spectacle représentant l’auteur du Deuxième Sexe nue et de dos. Le groupe d’affichage publicitaire dément.
Quelle ironie. Une affiche représentant l’auteur du Deuxième Sexe et figure du féminisme français serait censurée dans les rues de Paris. C’est du moins ce que dénonce Camille Lockhart, comédienne dans le spectacle Les correspondances amoureuses de Simone de Beauvoir, axé sur les liaisons de celle que l’on surnomma, après Sartre, le Castor et devant se jouer à Paris en septembre…”
Lire la suite de l’article de Jean TALABOT sur LEFIGARO.FR (20 juin 2017)…
Art Shay raconte son cliché sur FRANCECULTURE.FR. Un extrait :
Elle a pris une douche. J’avais 27 ans, elle en avait 39. J’ai pris mon appareil photo avec moi comme d’habitude. Je me suis approché de la salle de bains, et comme elle avait laissé la porte ouverte, je l’ai aperçue. Elle a entendu le déclic de l’appareil photo et je l’ai entendue dire : “Ah le vilain garçon !”
Plus de presse…
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- MURAKAMI, Takashi (né en 1962)
- Top 100 des pires pochettes d’album de l’histoire de la musique, celles qui mettent mal à l’aise…
- NEWMAN, Barnett (1905-1970)
- 22 mai 1967: les 323 morts de l’Innovation
- SAINT-EXUPERY (trad. Guy FONTAINE) : Li p’tit prince (2012)