ASSENHEIM : Le burn-out n’a rien à voir avec le psychologique, c’est une maladie du corps

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[RTBF.BE, 13 février 2013] Pour sa chronique santé, Cathy Assenheim, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie, nous propose de démonter les idées reçues sur le burn-out. Ce mal a augmenté en 5 ans de 46% et a représenté un coût d’indemnisation de 1,6 milliard d’euros en 2020. Expirons profondément, concentrons-nous, l’analyse dressée par cette neuropsychologue est très loin de tout ce que vous aurez entendu ces dernières années sur le burn-out.

Ça n’a rien à voir avec le psychologique, rien à voir avec une dépression. C’est une maladie du corps.

Cela vous surprend ? C’est parce que les symptômes sont très proches d’une dépression que l’on associe le burn-out au psychologique. Il est vrai qu’il peut y avoir des déclencheurs et des conséquences psychologiques. Mais la cause est biologique et uniquement biologique, nous explique Cathy Assenheim. La faute à deux petites glandes de la taille d’un pouce situées au-dessus des reins, qui servent à stimuler nos capacités d’adaptation. L’adaptation pour notre survie.

Le burn-out est un dérèglement nerveux et hormonal de nos ressources d’adaptation qui sont gérées par deux glandes appelées surrénales. Si on doit s’adapter sur une courte période, lorsqu’on a une situation stressante au travail, un drame familial, un déménagement… Ces glandes surrénales vont être en surrégime et au bout d’une longue période elles n’y arriveront plus. Dans un premier stade, le système nerveux compense et se booste. On est dans une tension permanente, un mode robot avec le cerveau qui tourne en permanence. Puis cette béquille nerveuse va lâcher aussi. Le système nerveux travaille en collaboration avec des hormones qui sont les neurotransmetteurs, ils assurent le lien entre le mental et le corps. Le cortisol est l’hormone de l’énergie, quand elle n’est plus produite et la personne est une loque. Il y a aussi des dérèglements sur des neurotransmetteurs qui sont liés à l’humeur, à l’anxiété, cela donne des symptômes qui s’apparentent à la dépression. On est crevé, on veut juste se terrer chez soi en ermite, on a des montées d’angoisse nerveuse. Cela fait penser à des signes dépressifs, alors que la cause est hormonale.

Le burn-out, une maladie professionnelle ?

Les chiffres officiels de la pathologie associent le burn-out à des difficultés professionnelles. Problèmes de concentration, de mémoire, de motivation. Mais dans la pratique, les médecins soignent des patients de 6 ans à 90 ans avec ces symptômes. L’adolescence est une période de mutation, les 12-16 ans doivent faire face à de nombreux changements. Sans parler de l’énorme effort d’adaptation qu’ils ont dû produire suite aux restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Il y a de plus en plus d’enfants et d’ados qui sont en décrochage scolaire, ils reçoivent de multiples étiquettes d’ordre psychologique. Or, cette perpétuelle adaptation les épuise biologiquement. Les médecins constatent que cela peut toucher tout le monde.

© DP

Quand on voit que l’on ne fonctionne plus normalement, que la fatigue est extrême, quand on arrive plus à se lever le matin, qu’on n’arrive pas à s’endormir, qu’on a des réveils à 2 heures ou 4 heures du matin, qu’on a l’impression d’être tout le temps en tension, mon conseil est d’aller consulter et faire une analyse biologique. Ne pas directement courir pour creuser le pourquoi du comment chez un psy, parce que ce travail d’analyse coûte aussi en ressources” précise Cathy Assenheim.

Psychothérapie et antidépresseurs comme unique remède au burn-out ?

Les antidépresseurs vont avoir un effet de compensation de la perte de certaines hormones. Les patients vont se sentir apaisés, mais les causes du dérèglement ne seront pas traitées. Ceci peut expliquer les rechutes et la longueur de la convalescence des personnes qui ont subi un burn-out.

L’antidépresseur peut être très utile pour gérer les fluctuations hormonales, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi réparer le corps, ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. J’ai beaucoup de patients qui sont sous antidépresseurs à qui on dit : ‘allez voir le psy’, mais aucune autre analyse biologique n’est prescrite. Certaines prises en charge du burn-out datent d’il y a 10 ans, la prise en charge doit être globale, psychique et corporelle. Il y a un manque de connaissance des effets des glandes surrénales“.

Une fois qu’on a analysé les dérèglements par une simple analyse urinaire et salivaire, la production des glandes surrénales sera régulée assez facilement par des méthodes en phytothérapie ou traditionnelle. La cause est hormonale, pas psychiatrique. Une fois le corps remis en état de fonctionner, il est souverain d’entamer une remise en question de son mode de vie avec l’aide d’un professionnel de la santé mentale.

Bénédicte Beauloye, rtbf.be


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SANTÉ : Ordre d’ingestion et index glycémique | Confort et bien-être des intestins

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L’ordre d’ingestion, quelle est cette bonne pratique pour baisser l’index glycémique ?

[RTBF.BE, 7 février 2023] Nous sommes neuf sur dix à souffrir d’un dérèglement de glucose et pourtant souvent, nous l’ignorons. Les symptômes ? Fringales insistantes, fatigue, acné, vieillissement prématuré, infertilité… Au fil du temps, des maladies inflammatoires comme le diabète de type 2, les cancers ou les problèmes cardiaques peuvent apparaître. A la base, le sucre est essentiel à la survie mais son excès, un problème. Qu’est-ce que l’index glycémique ? Peut-il nous aider à choisir le sucre que nous mangeons, sans culpabiliser ?

Myriam Kamouh, coach en nutrition, certifiée en nutrithérapie explique : “L’index glycémique indique le degré de rapidité avec laquelle un aliment va élever notre taux de sucre sanguin. La charge glycémique globale d’un repas va créer un appel d’insuline plus ou moins important et donc provoquer plus ou moins de stockage et de satiété. Il a été prouvé aujourd’hui qu’il existe de bonnes pratiques qui permettent de contrôler ces fameux pics de glycémie qui font des montagnes russes d’énergie toute la journée.

L’ordre d’ingestion

Parmi les nouvelles recherches, l’ordre d’ingestion des différentes composantes d’un repas est déterminant : d’abord les fibres (légumes, légumineuses), ensuite les protéines et les graisses pour terminer avec les glucides.

Une bonne association nutritionnelle et du sport

Autre bonne pratique : ajouter bonnes graisses, légumes et protéines dans des pâtes ou du riz par exemple. Ainsi, certaines associations sont favorables sans perdre de vue la quantité ingérée !

Le troisième conseil que nous confie Myriam Kamouh est de bouger à la suite d’un repas, idéalement une dizaine de minutes. La raison étant que nos muscles sont de grands consommateurs de glucose.

Pas besoin de supprimer le gâteau au chocolat

Du gâteau au chocolat, on peut en manger, mais préparé à la maison, avec du sucre complet ! Or il existe beaucoup de sortes de sucre dont les effets sur le corps et la prise de poids différents fortement : l’amidon, le saccharose, le lactose, le glucose, le fructose… Les fibres contenues dans les fruits en font un aliment santé malgré que le fructose en tant que tel est délétère. Une association fruits et fruits secs comme les amandes ou les noisettes permettent de diminuer leur index glycémique.

Des recherches au sein de l’INRAE sont en cours afin de déterminer si un apport trop élevé en sucre simple crée un risque plus élevé de certains cancers. Le lien direct n’est pas encore établi avec certitude.

La règle d’or est de manger les aliments les plus bruts, les plus naturels possible

A contrario, les aliments ultra-transformés et industriels sont souvent les plus dénaturés en termes nutritifs et 80% d’entre eux contiennent du sirop de glucose fructose. Même les soupes ou les lasagnes !

Le petit-déjeuner doit être composé d’aliments protéinés qui suppriment le pic de glycémie du matin. C’est le geste santé par excellence car ainsi la journée se fera sans fringales sucrées. Et c’est une bonne façon de se déshabituer du goût sucré… sans oublier de se faire plaisir de temps en temps !

Nadine Wergifosse, rtbf.be


© natura-sciences

Et si tout commençait dans les intestins ?

[AEDIS-EDITIONS.FR, extraits] Les médecines traditionnelles considèrent depuis toujours le bon état de l’intestin comme indissociable d’une bonne santé. Depuis le jour de la naissance jusqu’au dernier jour, la santé de l’être humain est largement tributaire de son terrain intestinal. Aujourd’hui, le rôle du microbiote intestinal est mieux connu. On sait désormais qu’il joue un rôle dans les fonctions digestive, métabolique, immunitaire et même neurologique. En conséquence, une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre qualitatif et fonctionnel de la flore intestinale, est une piste sérieuse pour comprendre l’origine de certaines carences et maladies. Prendre soin de sa flore intestinale et protéger le bon fonctionnement de ses intestins en adoptant notamment une alimentation et une hygiène de vie adaptées, c’est se prémunir de nombreux maux et faciliter les fonctions innombrables, essentielles et méconnues de nos intestins.

QUELS RÔLES POUR LE MICROBIOTE ?

On sait aujourd’hui que le microbiote joue un rôle dans les fonctions immunitaire, neurologique, digestive et métabolique.

Rôle immunitaire

Le microbiote participe activement à l’effet barrière de la muqueuse intestinale, les bonnes bactéries agissent tels de véritables compétiteurs vis-à-vis des hôtes indésirables. Le microbiote aurait également un rôle favorable pour la sécrétion des lymphocytes locaux.

Rôle digestif et métabolique

Le microbiote intestinal assure son propre métabolisme en puisant dans nos aliments, notamment dans les fibres alimentaires non digérées (pré-biotiques). En parallèle, ces micro-organismes interviennent sur la digestion de nos propres aliments : ils facilitent l’assimilation des nutriments grâce à un ensemble d’enzymes dont l’organisme n’est pas pourvu ; ils participent à la synthèse de certaines vitamines (vitamine K, 812, 88), ils assurent la fermentation des substances non digestibles et des sucres. La flore intestinale intervient également dans les processus métaboliques : le microbiote intestinal a un impact majeur sur l’utilisation du bol alimentaire et inversement. Il s’agit d’une interrelation réciproque : si la nourriture altère les bactéries, ces dernières, à leur tour, vont impacter différemment le métabolisme de la nourriture. C’est ainsi qu’une dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale) pourra altérer l’intégrité de la barrière intestinale, c’est-à-dire altérer sa capacité à métaboliser (transformer) certaines des substances ou à éliminer certains toxiques.

L’importance d’un bon équilibre

On établit actuellement le lien entre la dysbiose intestinale avec l’émergence de maladies fonctionnelles comme les allergies alimentaires, l’intolérance au gluten, l’eczéma atopique, certaines maladies inflammatoires, mais aussi des troubles métaboliques comme le diabète de type 2 ou l’obésité, voire les maladies cardiovasculaires ou des troubles de l’attention et du comportement (hyperactivité, autisme, anorexie).

COMMENT RÉGULER SON MICROBIOTE ?

La meilleure prévention est une alimentation saine, limitant l’apport de viande rouge (2 à 3 fois par semaine), évitant le plus possible les aliments sucrés, raffinés et industrialisés (additifs). On apportera des aliments riches en probiotiques (pain au levain, croûte de fromage, misa, olives, kéfir, kombucha, légumes lacta-fermentés) et riches en fibres prébiotiques. Lorsque cela est nécessaire, l’apport de probiotiques spécifiques, des compléments à base de plantes et des mesures d’hygiène de vie peuvent aider à conserver ou rétablir un bon équilibre de la flore intestinale.

    • Dysbiose due à l’alimentation ou au stress
      • Veiller à une bonne hygiène alimentaire et buccale. Éviter la prise inutile d’anti-inflammatoires. Avoir une activité physique régulière. Apprendre à maîtriser son stress.
      • Association de probiotiques courants ou définis par le médecin selon l’entérotype individualisé : Bifidobacterium longum, Lactobacillus acidophilus, Lactococcus lactis, Streptococcus thermophilus. Plantes relaxantes (valériane, mélisse, passiflore).
    • Dysbiose avec colites : spasmes, crampes intestinales et ballonnements
      • Éliminer les aliments mal tolérés. Introduire les prébiotiques très progressivement. Éviter les huiles essentielles par voie orale.
      • Infusion de mélisse, verveine, camomille, ou passiflore (10 g/litre, 3 à 4 tasses par jour). Saupoudrer les mets avec des graines d’anis, d’aneth, de carvi, de cumin ou de fenouil doux.
      • Dysbiose avec constipation
        • Pratiquer une activité physique régulière. Penser à bien s’hydrater.
        • Infusions ou préparations à base de romarin, artichaut et menthe poivrée.
      • Dysbiose avec alternance diarrhée et constipation
        • Soulager selon les symptômes. Consulter un médecin en cas de persistance des troubles.
        • Infusions et préparations à base de réglisse, curcuma ; macérat glycériné de bourgeons de noyer.
      • Dysbiose avec fragilité immunitaire
        • Soutenir avec des plantes immunostimulantes et probiotiques. Consulter un médecin en cas de persistance des troubles.
        • Infusions et préparations à base d’échinacée, d’éleuthérocoque et d’andrographis. Cures discontinues de 3 semaines.
      • Dysbiose avec intolérance alimentaire
        • Éliminer les aliments suspects notamment le gluten, les laitages des animaux, les fruits acides, les farines complètes, les œufs. Les réintroduire un à un.
        • Pendant la crise : 2 à 3 gélules de charbon activé. Après la crise : infusion et préparation à base de desmodium et de curcuma.
      • Dysbiose avec épisode allergique
        • Huile de nigelle dans l’alimentation. Cures discontinues de manganèse.
        • Infusions et préparation à base de cassis, plantain, réglisse.
      • Suite d’antibiothérapie ou de gastro-entérite
        • Éviter les laitages des animaux pendant quelque temps.
        • Cure de macérat glycériné de bourgeons de noyer (Juglans regia L.) : 5 gouttes de macérat-mère de noyer matin et soir pendant 3 à 4 semaines.

UN PEU D’ANATOMIE

Les intestins se positionnent dans la partie basse du système digestif pour  finaliser notamment le processus séquencé et très élaboré de notre digestion. Le système digestif transporte le bol alimentaire qui se transmet d’orifice à viscères telle une succession de portes. En dessous de la porte inférieure de l’estomac appelée « pylore » (du grec « gardien des portes » ), le système digestif se prolonge par l’intestin grêle puis le gros intestin (côlon) pour se finir par le rectum et l’anus.

L’intestin grêle composé de trois segments anatomiques successifs (duodénum, jéjunum, iléon) s’étend tel un conduit replié sur lui-même en une trajectoire aux multiples zigzags sur une longueur de 5 à 7 mètres. L’intestin grêle, dont le rôle majeur est l’absorption des aliments, doit offrir une grande surface de contact avec le bol alimentaire pour favoriser l’extraction des nutriments et molécules utiles. Sa muqueuse, qui s’organise en plis et replis pour économiser de la longueur, est également formée à très petite échelle de villosités elles-mêmes constituées au niveau microscopique de microvillosités.

Le gros intestin (ou côlon) est situé dans le prolongement de l’intestin grêle et s’étend jusqu’à l’anus. Comme l’intestin grêle, il est constitué de segments successifs, le cæcum, le côlon ascendant, transverse, descendant puis sigmoïde. Le rectum est le renflement terminal qui débouche sur l’anus. Les sphincters jouent également un rôle important dans le contrôle volontaire ou involontaire des mouvements intestinaux, le stockage et l’exonération des matières.

CONTRARIER LES RYTHMES DIGESTIFS NATURELS PEUT PRÉSENTER DES RISQUES !

Le processus physiologique de l’exonération intestinale (ou défécation) est sous le contrôle de deux sphincters situés au niveau de l’anus. Le péristaltisme est un mécanisme involontaire, il entraîne au bout du système digestif les déchets inutiles pour l’organisme.

Plusieurs fois par 24 h (ou selon la normalité de la personne), la masse des fèces se présente à la porte du premier sphincter, celui-ci se relâche un peu pour informer les cellules sensorielles aux alentours de l’envie d’aller à la selle.

Par réflexe, le second sphincter se contracte et renforce la fermeture du premier sphincter. Ce n’est que la volonté, et donc notre commande centrale, qui décidera du moment propice pour ordonner le relâchement du sphincter externe et par voie réflexe du sphincter interne.

Différer systématiquement nos envies d’aller à la selle peut à terme contrarier la communication subtile entre les 2 sphincters et induire des troubles à type de constipation.

Étonnant : si la muqueuse de l’intestin grêle se déroulait sans replis sur  elle-même, l’intestin grêle s’étendrait sur près de 18 mètres ! L’ensemble des plis, replis, villosités et microvillosités offre une surface d’échange représentant une surface d’environ 250 mètres carrés soit la grandeur d’un terrain de tennis !

LES DIFFÉRENTES FONCTIONS DES INTESTINS

Une fonction digestive

C’est dans l’intestin grêle que se déroule l’ultime désagrégation des aliments. À la sortie du pylore, les aliments sont déjà réduits en bouillie, puis ils sont aspergés à l’entrée du duodénum par les enzymes digestifs en provenance du pancréas ou de la vésicule biliaire.

Grâce à ces enzymes digestifs, les aliments sont disséqués et réduits en molécules de petites tailles pour pouvoir diffuser à travers la membrane intestinale et être absorbés dans le sang.

    • Le glucose, les acides aminés, les acides gras à courte chaîne et le glycérol passent de la lumière intestinale aux vaisseaux sanguins.
    • Les acides gras à longue chaîne et les triglycérides passent dans les vaisseaux lymphatiques.
    • L’eau, les sels minéraux et les vitamines diffusent dans le réseau sanguin et lymphatique.

Avant que les nutriments transmettent l’énergie aux cellules, les vaisseaux  transitent par le foie qui constitue une première réserve d’énergie et filtre les molécules toxiques ou indésirables.

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Le côlon se chargera de digérer en prenant son temps (environ 16 heures) tout ce qui n’a pas pu être assimilé par l’intestin grêle. Ses outils ne sont plus des sucs digestifs, mais des bactéries intestinales saprophytes qui permettent la digestion de certains éléments comme la cellulose et les fibres. C’est aussi dans le gros intestin que certains minéraux comme le calcium sont absorbés, de plus, la symbiose alchimique avec certaines bactéries va décupler la mise à disposition pour l’organisme des vitamines B1, B2, B12, D et si nécessaire d’une dose supplémentaire d’acides gras très énergétiques. Le dernier mètre du côlon est également impliqué dans l’équilibre hydrique et salin du corps. Cette régulation hydrique nous permet d’économiser un litre d’eau par jour. Enfin, le gros intestin, équipé dès le cæcum d’un premier sphincter, évite le retour de matière dans l’intestin grêle. Cette fonction est essentielle pour éviter la contamination de l’intestin grêle par les bactéries présentes dans le côlon.

Un rôle de défense

Si la paroi intestinale laisse diffuser les nutriments, elle a également un rôle de protection vis-à-vis des toxiques et des agents infectieux venus de l’extérieur. Plusieurs éléments constituent cette défense : l’épithélium du côlon, la couche de mucus qui le tapisse, la flore commensale qui entre en compétition avec les bactéries exogènes et le système immunitaire très développé dans l’intestin. Cette protection multiple est dénommée “barrière intestinale.”

Le mucus repousse physiquement les molécules ou micro-organismes indésirables le long de l’épithélium du côlon. Le mucus contient également du lysozyme et des immunoglobulines de type A qui lui confèrent des propriétés antibactériennes (immunoprotection non spécifique).

L’intestin grêle abrite également des protéines de l’immunité innée (désignées TLR) ; elles sont capables de reconnaître des motifs bactériens ou viraux et d’isoler les micro-organismes pathogènes. Un autre tissu lymphoïde essentiel, « le Galt » (Gut Associated Lymphoïd Tissue), tapisse la muqueuse, il contient plus de lymphocytes que tous les organes lymphoïdes de l’organisme. L’appendice iléo-caecal n’est pas une excroissance inutile, c’est également un des lieux de fabrication d’immunoglobulines dans l’organisme.

QU’EST-CE QUE LE MICROBIOTE INTESTINAL ?

Le microbiote intestinal localisé dans l’intestin grêle et le côlon désigne l’ensemble des micro-organismes de la flore commensale (non pathogène) qui participent aux fonctions bénéfiques pour l’intestin. Puis la composition du microbiote intestinal évolue selon l’influence de la génétique, de l’alimentation, de l’hygiène de vie et de l’environnement. Par exemple, un traitement antibiotique réduit la qualité et la quantité de la flore intestinale sur plusieurs jours jusqu’à plusieurs semaines. Aussi, des antibiothérapies répétées au cours de la vie peuvent induire une évolution progressive et définitive du microbiote.

Chez l’homme, le microbiote intestinal est constitué en majorité de bactéries, mais aussi de virus et de champignons microscopiques. Il renferme environ 100 000 milliards (1014) de bactéries pouvant appartenir à plus d’un millier d’espèces différentes !

À QUOI SERVENT LES PRÉBIOTIQUES ?

Les prébiotiques sont des composés, essentiellement des fibres végétales, non digestibles qui sont dégradés par les micro-organismes de l’intestin. Ils alimentent donc en quelque sorte « les bonnes bactéries intestinales », les aident à se reproduire et exercent par ailleurs des fonctions essentielles.

Ils permettent d’améliorer le transit intestinal autant chez les personnes souffrant de constipation que chez celles souffrant de diarrhée, de limiter les phénomènes inflammatoires, de favoriser l’absorption des minéraux notamment le magnésium, le calcium, le fer et le zinc, de contribuer à l’abaissement du taux des lipides sanguins, surtout des triglycérides et à la formation d’acides gras à chaînes courtes (butyrique, propionique, acétique), d’augmenter le besoin de mastication qui accélère l’apparition de la satiété et ralentit l’entrée du sucre dans le sang. La ration recommandée pour un adulte doit être de 30 g par jour en variant la nature des fibres.

Les sources de prébiotiques

Fruits frais

      • À fibres solubles : banane, poire et pomme (sans peau), fraise, framboise, jus d’agrumes, ananas
      • À fibres insolubles : agrumes, ananas, grenade, fruits à coque

Légumes et plantes

      • Ail, poireau, oignon, échalotes, asperge, artichaut, pissenlit, endives, haricots verts, carottes, topinambour, racines de konjac, de yacon et de jicama

Légumineuses / céréales/ graines

      • Toutes les légumineuses. Céréales complètes et semi-complètes et surtout : son de blé, avoine, orge, lin

Compléments alimentaires à base de :

      • Racine de chicorée ou inuline
      • Arabinogactanes
      • Fructo-oligosaccharides (FOS)
      • Soya-oligosaccharides (extraits de légumineuses)
      • lsomaltosaccharides (levures)
      • Galactomanane (gomme de guar)
      • Galacto-oligosaccharides

N.B. La cuisson est à éviter pour les aliments à fibres solubles (à consommer de préférence crus et frais). Les aliments à fibres insolubles sont consommés de préférence cuits.

LES INTESTINS : UN DEUXIÈME CERVEAU ?

L’homme sage est celui qui va bien de l’intestin

Proverbe chinois

Notre intestin est qualifié de deuxième cerveau depuis que la science a mis en évidence l’extraordinaire innervation nerveuse et la complexité des échanges chimiques et biochimiques en son sein, ainsi que les potentialités biologiques et physiologiques qui en découlent. L’intestin contient 200 millions de neurones qui communiquent entre eux et avec ceux présents dans le cerveau. Le nerf vague a été identifié comme la voie la plus importante et la plus rapide pour relier l’intestin et le cerveau. Le cerveau utiliserait cette voie de communication pour se rendre compte de ce qui se passe dans le corps !

Car l’intestin hyper-innervé et aussi très étendu est au cœur des échanges et des stimulations se produisant au quotidien : apports des nutriments, assimilation, stimulation immunitaire, circulation hormonale… C’est ainsi que l’on réalise actuellement que l’intestin est un organe sensoriel primordial en relation constante avec le cerveau. Les conséquences de cette proximité se traduisent dans les 2 sens : une inflammation intestinale chronique s’exprime très souvent par une anxiété ou des symptômes dépressifs, alors qu’une situation de stress mettra au ralenti le système digestif (pour économiser de l’énergie) et se traduira par exemple par une fatigue digestive ou un manque d’appétit… De même le stress répété pourra à la longue influer sur le microbiote et créer des désordres digestifs, et à l’inverse, un déséquilibre du microbiote créé par une mauvaise alimentation ou des toxiques pourra retentir sur notre équilibre nerveux.

Le microbiote joue un rôle majeur dans ce lien cerveau-intestin et la gestion de notre équilibre psychologique. Nos bactéries intestinales seraient en effet à l’origine de la fabrication majoritaire de sérotonine dans notre organisme. Les toxines sécrétées par nos mauvaises bactéries pourraient également être à l’origine de troubles du comportement comme la schizophrénie et d’autres maladies psychiatriques.

Lexique

    • Bactéricide : substance ayant la capacité de tuer des bactéries.
    • Bactéries exogènes : provenant ou produites en dehors de l’organisme.
    • Bactéries saprophytes : bactéries qui ne se développent pas dans l’organisme, mais se nourrissent des déchets générés au sein de celui-ci (elles ne sont pas pathogènes).
    • Diarrhée : évacuation de selles liquides.
    • Dysbiose : déséquilibre du microbiote intestinal.
    • Épithélium : désigne un tissu fondamental composé de cellules étroitement juxtaposées et solidaires.
    • Fèces : nomment les excréments, c’est-à-dire les matières alimentaires non utilisées par l’organisme qui sont excrétées sous forme solide par l’anus.
    • Flore commensale : regroupe des micro-organismes microscopiques non pathogènes vivant au niveau de la peau et des muqueuses, participant au bon équilibre local (protection, immunité).
    • Glycoprotéine : protéine portant une ou plusieurs chaînes de molécules de sucre.
    • lmmunoglobine : protéine du sérum sanguin (anticorps) sécrétée en réaction à l’introduction dans l’organisme d’une substance étrangère (antigène).
    • Immun protection non spécifique : la réponse non spécifique, qui constitue l’immunité innée, agit en ne tenant pas compte du type de maladie qu’elle combat. Elle constitue la première ligne de défense face à une infection.
    • Lumière intestinale : du latin lumen, désigne l’espace intérieur d’un organe creux circonscrit par ses parois.
    • Lymphocytes : cellules appartenant au groupe des globules blancs ayant un rôle majeur dans la défense contre les infections et la mémoire immunitaire.
    • Lysozyme : enzyme possédant la capacité de détruire la paroi cellulaire des bactéries.
    • Microbiote : ensemble des micro-organismes bactéries, virus, parasites, champignons non pathogènes qui vivent dans un environnement spécifique, souvent hébergés sur un hôte.
    • Mucus : sécrétion visqueuse et translucide, peu soluble dans l’eau, produite par des glandes spécifiques.
    • Péristaltisme intestinal : ensemble des contractions musculaires qui assurent la progression du bol alimentaire à l’intérieur des intestins.
    • Péritoine : membrane séreuse (au revêtement lisse) tapissant la paroi externe du gros intestin.
    • Polysaccharides : polymères constitués de plusieurs oses (molécules de sucre) reliés entre eux.
    • Prébiotique : fibres végétales servant de nourriture aux bactéries de notre intestin.
    • Probiotique  : micro-organismes vivants ayant un effet bénéfique sur la santé de l’hôte.
    • Sérotonine : neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur.
    • Sphincter : muscle circulaire situé autour d’un conduit naturel (tube digestif, vessie, etc.). Sa contraction permet de fermer totalement ou partiellement un orifice ou un conduit du corps.
    • Tissu lymphoïde : ensemble des organes où résident les lymphocytes et les autres cellules du système immunitaire.
    • Xénobiotique : substance étrangère et toxique présente dans l’organisme vivant. En général, un xénobiotique est une molécule chimique polluante.

À savoir : un microbiote diversifié favorise une bonne santé, à l’inverse une perte de diversité bactérienne représente un profil métabolique défavorable et un facteur de risque de maladie. En particulier, les dyslipidémies, les insulinorésistances, le diabète de type 2 et les maladies inflammatoires intestinales sont souvent corrélées avec un appauvrissement de la flore intestinale (microbiote).

À savoir : en dessous du caecum (départ du gros intestin situé dans la partie droite de l’abdomen) existe un prolongement en tube long d’environ 1 cm connu sous le nom d’appendice iléo-caecal. Quand des matières ou un corps étranger stagnent dans celui-ci, une réaction inflammatoire et une infection bactérienne peuvent se déclarer créant une « appendicite ».

À quoi servent les probiotiques ?

La fatigue, le stress, une alimentation déséquilibrée ou la prise de certains médicaments (comme les antibiotiques) peuvent perturber le bon équilibre naturel de notre microbiote. Des signes variés peuvent révéler ce déséquilibre comme des troubles digestifs, des diarrhées, des mycoses, de l’acné, mais aussi des migraines, des douleurs ostéoarticulaires ou une fatigue chronique. La prise de probiotiques (souches spécifiques de bactéries ou de levures) prévient l’installation ou élimine par compétition les mauvais germes et permet la restauration d’une flore équilibrée et bénéfique pour l’organisme. Les propriétés d’un probiotique diffèrent selon les souches.

Comment choisir ses probiotiques ?
    • Prise d’antibiotiques : pendant le traitement, jusqu’à 1 mois après – Saccharomyces boulardii (Enterai®), Lactobacillus fermentum et Lactobacillus delbrueckii (Lactéol®) ;
    • Diarrhées, gastro-entérites : pendant et 15 jours suivants – Lactobacillus rhamnosus GG, Lactobacillus bulgaricus, Streptococcus thermophilus ;
    • Prévention des voyages à risque : 15 jours avant et pendant le voyage – Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus casei, Lactobacillus plantarum ;
    • Soutien immunitaire (rhume, angine, grippe) : au moins 10 jours à 1 mois – Lactobacillus caséi defensis, Lactobacillus rhamnosus et Lactobacillus gasseri, Bifidobacterium bifidum et longum ;
    • Rhinites allergiques : 1 mois avant la saison et pendant la période à risque – Lactobacillus paracasei, Lactobacillus salivarius, Lactobacillus rhamnosus ;
    • Dermatoses : cure de 30 jours – Lactobacillus caucasisus (kéfir) ;
    • Dermite atopique chez l’enfant : en continu – Lactobacillus rhamnosus GG ;
    • Sensibilité digestive, hyperméabilité intestinale : possible en continu – Lactobacillus plantarum, Lactobacillus acidophilus, Bifidobactérium lactis ;
    • Colopathies/colites/côlon irritable : en cure de 2 à 3 mois, possible en continu – Lactobacillus plantarum et acidophilus, Lactobacillus gasseri (anti-inflammatoire), Bifidobacterium infantis et longum ;
    • Ballonnements, troubles du transit : cure de 1 à 3 semaines – Lactobacillus plantarum, Acidophilus Bifidobacterium infantis, longum et essensis ;
    • Stress, fatigue : cure de 1 à 2 mois – Levure vivante, Lactobacillus helveticus, Bifidobactérium longum ;
    • Mycoses vaginales, cystites (limite les récidives) : cures discontinues – Lactobacillus rhamnosus GR-1, Lactobacillus reuteri RC-14.

Attention : Pour être efficace, il convient de sélectionner des produits contenant au moins 108 de ferments par prise. La prise de compléments à base de probiotiques peut présenter des risques chez les personnes allergiques à certains aliments, notamment celles allergiques aux laits des animaux.

Faciliter un bon transit

Il n’y a pas de référentiel strict pour définir un bon transit, chacun possédant sa propre normalité. Pour le spécialiste, la constipation est sans équivoque en dessous de 3 selles par semaine, pour chacun d’entre nous, la constipation est mise en cause dès que l’absence de selles rend la vie inconfortable. En dehors des causes organiques réservées au suivi médical, les erreurs alimentaires, le manque d’exercice physique, les voyages, une vésicule biliaire paresseuse, l’âge ou l’abus de laxatifs sont les causes principales de la constipation. Les agents infectieux ou inflammatoires sont eux principalement à l’origine des diarrhées.

Constipation
Conseils hygiéno-diététiques
    • Exercice physique régulier.
    • Réguler le stress (yoga, sport, méditation … ).
    • Équilibrer son microbiote.
    • Éviter les aliments pauvres en déchets : lait et fromages, poissons et viandes salées, tapioca, riz et pâtes raffinées, thé, chocolat, cacao. Éviter une alimentation trop carnée et pauvre en légumes. Privilégier les fibres prébiotiques.
    • Cuisiner avec de l’huile d’olive crue et cuite.
    • Manger des pommes ! (la pectine forme un gel dans le tube digestif), des figues et des abricots secs trempés.
Remèdes naturels
    • Stimuler la fonction biliaire par des plantes cholagogues chardon-marie, artichaut, boldo, radis noir, curcuma, pissenlit, romarin, menthe poivrée.
    • Apporter de la vitamine B pour renforcer la tonicité musculaire : levure de bière, pain complet.
    • Utiliser en première intention des « laxatifs de lest » : agaragar, graines de lin et psyllium, mauve et guimauve, framboisier.

Avertissement : une colite douloureuse, une alternance de diarrhée et de constipation, une dysbiose avec fatigue chronique peuvent être les premières manifestations de maladies chroniques plus graves. Quand les symptômes persistent au-delà d’une à deux semaines il est impératif de consulter un médecin. Les indications données dans ce guide sont données à titre d’information, elles ne sauraient remplacer un avis médical à chaque fois que l’état de santé l’impose.

Diarrhée
Conseils hygiéno-diététiques
    • Surveiller la fièvre et l’émission de sang. Pratiquer une diète hydrique pendant 24 à 48 h. Éviter les fruits et légumes crus. Boire l’eau de cuisson du riz (2 à 3 verres par jour). Aliments possibles : riz; tapioca, carotte cuite, coing, pomme râpée.
    • Faire une cure de pollen apicale après l’épisode. Rééquilibrer la flore avec des probiotiques ou des macérats glycérinés de bourgeons de noyer et d’airelle.
Remèdes naturels
    • Stimuler la fonction biliaire par des plantes cholagogues chardon-marie, artichaut, boldo, radis noir, curcuma, pissenlit, romarin, menthe poivrée.
    • Apporter de la vitamine B pour renforcer la tonicité musculaire : levure de bière, pain complet.
    • Utiliser en première intention des « laxatifs de lest » : agaragar, graines de lin et psyllium, mauve et guimauve, framboisier.
    • Infusions de salicaire, ronce, hamamélis, fruits séchés de myrtille, racines de fraisier.
    • Le thé noir est à privilégier en cas d’asthénie.
    • Charbon végétal jusqu’à 9 gélules par jour à distance des médicaments.
    • Argile verte ou diomectite.

À savoir : la barrière intestinale et ses fonctions peuvent être altérées lors de certaines pathologies coliques comme des infections bactériennes, les inflammations chroniques, les cancers colorectaux, l’abus d’alcool et certains régimes ou intolérances alimentaires.

Étonnant : une alimentation riche en fibres prébiotiques augmente la quantité de bonnes bactéries de l’intestin de façon importante. Selon la dose et la substance, on parle d’une augmentation de l’ordre 300 %, donc 3 fois plus de bonnes bactéries !

Cécile Decroix (2018)


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : dématérialisation, partage, édition, correction et iconographie (l’article original contient plus d’illustrations et de références) | sources : rtbf.be ; aedis-editions.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © new-africa ; © natura-sciences.


Vivre en vie en Wallonie-Bruxelles…

Remèdes populaires wallons & remèdes de “bonne femme”

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Arbre à clous de Herchies (Jurbize) © Gregory Mathelot

“Jadis, dans les milieux populaires, l’homme confronté à la maladie essaye d’abord de la combattre seul. S’il n’y parvient pas, il fait appel aux remèdes de bonne femme, il va aussi en pèlerinage vénérer des reliques de saints spécialisés. En dernier recours, il demande l’aide du médecin.

Au début du siècle, même en 1940, les parents craignaient pour leurs enfants les “convulsions“. Elles étaient fréquentes chez les enfants affaiblis au cours de maladies infectieuses.

Convulsions : ce sont des contractions violentes, involontaires qui donnent lieu à des mouvements saccadés. Maladies convulsives : chorée (ou Danse de Saint Guy) – épilepsie.

Pour les éviter, des parents faisaient porter à leurs enfants un collier fait de graines ou de racines de pivoine. Celles-ci devaient être récoltées par une nuit sans lune.

Comme le traitement de ces plantes n’apportaient, au mieux qu’une amélioration passagère, les croyants priaient les saints pour obtenir une guérison définitive. En Wallonie, on implorait saint Ghislain. Dans le nord du pays, on demandait plus particulièrement la protection de saint Corneille.

Une coutume qui se retrouve encore dans le choix des prénoms des enfants, afin de les protéger des convulsions : Fabienne, Blanche, Lucienne, Ghislaine.

Des guérisseurs pour éviter les convulsions, recommandaient des infusions de fleurs de la passion, de fleurs de thym serpolet ou de racines séchées de pétasite.

Pétasite : genre de composées, comprenant des herbes européennes, vivaces, à grandes feuilles radicales et à panicules de fleurs blanches ou rouges, dont certaines rappellent le parfum de l’héliotrope.

Catherine Seret

Certains guérisseurs prescrivent des tisanes, des pommades ou liquides à diluer dans une boisson. Au siècle dernier, Catherine Seret, de Sur-les-Bois, met au point quelques onguents et eau “améliorée”. La légende veut que les premières expériences aient lieu vers 1830, lorsqu’un médecin des armées napoléoniennes confie l’incroyable secret à la jeune Catherine. Très vite, la réputation des produits dépasse largement le cadre du petit village hesbignon, on se déplace de loin pour s’en procurer. Encore aujourd’hui, l’eau et les pommades de Catherine Seret ont leurs adeptes.

Pour les ophtalmies, certaines maladies cutanées on s’adresse à sainte Geneviève. Etre atteint du mal sainte Geneviève, c’était avoir des plaies au visage. Pour les faire disparaître, on allait chercher de l’eau à la fontaine de Sainte Geneviève à Strée-lez-Huy et l’on faisait des compresses avec cette eau. Il se formait des croûtes qui tombaient toutes seules sans laisser de traces.

A Florée (Assesse) il existe également une source dédiée à Saint Geneviève réputée pour soigner les maladies de la peau, l’impétigo par exemple.

Le saindoux est utilisé pour guérir des angines : “J’ai guéri mon fils d’une angine très grave avec du saindoux. Je lui ai fait un papin de saindoux, un essuie de cuisine et une écharpe autour du cou. Je l’ai renouvelé deux fois par jour et le troisième, mon gamin était guéri.” D’autres se souviennent que c’était non avec du saindoux mais avec du lard gras non salé que les gorges enflammées avaient été guéries.

Pendant la guerre, en hiver, pour prévenir la toux, des parents préparent du sirop de betteraves : “La betterave était brossée, évidée et l’on mettait dedans du sucre candi. La betterave était placée près d’une source de chaleur, le sucre fondait et chaque soir avant d’aller dormir, nous pouvions en prendre une cuillère“. [QUENOVELLE.BE]


Les extraits : pour et contre…

D’après le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales), EXTRAIRE signifie, entre autres :

Séparer une substance du corps auquel elle appartient, par divers procédés mécaniques ou chimiques. Extraire la quintessence de… “En 1816, Sertürner découvrit que l’on pouvait extraire de l’opium une substance cristallisée, la morphine” (Berthelot, Synth. chim., 1876, p. 116). “Les éléments utiles [du malt] ne sont pas pour la plupart à l’état soluble et il faut, pour les extraire, les solubiliser sous l’action des diastases” (Boullanger, Malt., brass., 1934, p. 217). “Pratiquement, les matières sucrées du commerce sont extraites des sucs de quelques plantes seulement, par pression, par diffusion ou même par incision ou saignée de la plante” (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 23). “Les substances à éliminer peuvent se classer en deux catégories : les matières solubles ou susceptibles d’être extraites par rinçage, c’est-à-dire la boue, le sang, les matières protéiques interfibrillaires, les sels de conservation, la crotte, etc., (…) − et les matières insolubles…” (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p. 31).
P. métaph. : “Voici l’heure du poète qui distillait la vie dans son cœur, pour en extraire l’essence secrète, embaumée, empoisonnée.” (Bernanos, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 59)

Quelques exemples d’extraits actifs, conseillés dans une brochure médicale des années 1970 (pas d’automédication, svp) :

Bardane contre la chute des cheveux
Myrtilles améliore l’acuité visuelle
Géranium éclaircit la voix et combat l’angine
Thym meilleur antiseptique naturel
Cyprès déodorant très actif
Hysope régulateur des glandes sudoripares
Pin puissant protecteur des poumons
Bouleau antirides par excellence
Cyprès pour gommer la cellulite
Sauge “spécifique de la femme de 40 ans” [la plaquette ne précise pas ce qui est sous-entendu ici]
Menthe crème chauffante pour les douillettes
Aspérule odorante bain calmant pour les nerveux.ses
Menthe & Mélisse stimulants physiques…

Les eaux & les pommades de Catherine Seret

© quenovelle.be

Catherine Seret a vécu au siècle dernier [XIXème] à Sur les Bois, et c’est grâce à elle que la réputation de ce petit hameau alors bien paisible c’est répandu au-delà des frontières. Son vrai nom est Catherine Langlois et elle naquit en 1828.

A cette époque, l’épopée napoléonienne venait de se terminer et plusieurs familles comptaient un ou plusieurs membres qui avaient été mêlés à la guerre ou aux armées de Napoléon. C’est le grand-père qui avait été ordonnance d’un colonel-médecin anglais qui a hérité du “secret” de celui-ci. Quand Catherine atteignit ses 18 ans, il lui a transmis ce secret. Elle se marie alors avec un mineur, Dieudonné Moulin, et de cette union naissent trois filles, mais son mari décède à l’âge de 33 ans.

En cette dure période de la seconde moitié du XIXe siècle, la médecine était loin de ce qu’elle est le jour d’aujourd’hui et très vite la réputation des “eaux et pommades de Catherine Seret” prend de l’ampleur.

Ce sont souvent les pauvres qui viennent consulter, les riches le font par personne interposée et le payement se fait en nature (poules, œufs, coqs ou chandelles).

Malheureusement déjà à cette époque la jalousie n’avait pas de borne, et elle se retrouve au banc des accusées, dont elle sort victorieuse. Le succès devient tel que Flamands, Wallons, Allemands et Hollandais se bousculent dans le petit café, mais hélas en 1915, à l’âge de 87 ans, elle va soigner les malades dans l’au-delà. Le secret n’est transmissible que par les femmes et c’est pour cette raison que jusque l’année dernière c’était l’arrière-petite-fille de Catherine Seret qui continua l’oeuvre de sa célèbre aïeule. Alors, pour rester dans la tradition, celle-ci a transmis le secret à sa fille Michèle, laquelle espère bien dans le futur, le transmettre à ses descendantes.

Que l’histoire n’oublie pas celle qui a fait déplacer des milliers de personnes vers le petit hameau de Sur les bois et dont les habitants sont fiers. Un patrimoine sera ainsi sauvé. Signé : M. Lenaerts”


Des remèdes de bonne femme ou de bonne fame ?

© Collection privée

“L’expression « remèdes de bonne femme » a parfois subi ce que les linguistes appellent la remotivation étymologique. Pierre Larousse les avait fort bien définis dans son Grand Dictionnnaire universel en écrivant qu’il s’agissait de “remèdes populaires ordonnés et administrés par des personnes étrangères à l’art de guérir“. Mais quelque habile latiniste s’est un jour avisé qu’en latin fama signifiait renommée, et que l’on emploie aujourd’hui encore les adjectifs fameux et famé pour évoquer la réputation de telle ou telle personne, de telle ou telle chose. Sans doute avait-il aussi entendu l’histoire, que l’on racontait naguère au sujet de ce nonce installé à Paris qui, s’entretenant avec un grand de l’Église de France mêla joyeusement, mais un peu mal à propos, français, latin et italien en lui posant cette question, qui pouvait prêter à sourire et à mauvaise interprétation : “Et comment va votre fame ?” Le prélat, qui voulait savoir quelle était la réputation de son interlocuteur, était bien excusable puisque, après tout, en ancien et en moyen français, réputation se disait fame et que les expressions bone fame et de bone fame, se lisent fréquemment dans les textes médiévaux, avec de nombreuses variantes orthographiques comme de bon famle, de bones faumes, de si grant fame, etc. Mais pour éviter ce type de fâcheux malentendu, l’usage adjoignait à ce fame d’autres noms, le plus souvent renommee, mais également merite, loenge ( « louange »), ou encore renom. Et s’il en était encore besoin, un petit détour par des langues voisines confirmerait ce qu’écrivait Pierre Larousse : nos amis anglais parlent de old wives’ remedy, littéralement “remède de vieilles épouses“, nos amis allemands disent Hausmittel, “l’expédient, le remède” ou, plus familièrement, “le truc de la maison“. Cette notion de remède familial, fait à la maison, se retrouve dans l’espagnol remedio casero. Et pour conclure, rappelons que nos amis italiens, pour signaler qu’il s’agit là de remèdes qui sont plus le résultat d’observations pratiques que d’études théoriques, parlent de rimedio empirico.” [ACADEMIE-FRANCAISE.FR]


Savoir-vivre tous les jours…

CRUTZEN : Le Docteur Candèze : aliéniste, entomologiste éminent, photographe de génie et conteur charmant… (CHiCC, 2020)

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Ernest Candèze, “Le ballon photographique” © Musée de la Vie Wallonne, Liège

Le Docteur Candèze (Liège 1827 – Glain 1898) : aliéniste, entomologiste éminent, photographe de génie et conteur charmant…

Ernest Candrèze © J. Malvaux

Né à Liège le 22 février 1827, Ernest CANDEZE découvre, dès ses études secondaires, le monde des insectes au cours des fréquentes balades nature organisées par un de ses professeurs.

En 1845 il entame des études de médecine à l’Université de Liège. Il y rencontre Félicien Chapuis, jeune Verviétois passionné d’entomologie. Les deux garçons consacrent tous leurs temps libres à chasser et étudier les insectes.

Quand ils ne trouvent réponse à leurs questions, ils vont interroger leur professeur de zoologie, Théodore Lacordaire, et rapidement une profonde amitié les unit tous les trois. Conscient du sérieux, de la motivation et du talent des deux jeunes gens, Lacordaire leur conseille de s’intéresser aux larves, domaine jusqu’alors inexploré. Rapidement ils deviennent experts dans l’art de les débusquer, de les élever et de les caractériser, elles et tous les stades qui conduisent à l’insecte adulte.

En 1852, ils obtiennent leur diplôme de médecin et partent huit mois en stage dans les hôpitaux parisiens. A leur retour, ils publient un Catalogue des Larves des Coléoptères”dans les Mémoires de la Société des Sciences de Liège”, qui reçoit un excellent accueil dans le monde entomologique.

Chapuis rentre alors à Verviers s’occuper du cabinet médical familial. Candèze, lui, fasciné par les lamellicornes, se consacrerait volontiers à leur étude. Mais, quelques années plus tôt, Lacordaire a entamé la rédaction d’un ouvrage rassemblant l’ensemble des connaissances sur les 80.000 espèces de coléoptères, et il ne dispose que de peu de données sur les élatérides, une famille qui n’a fait l’objet que de rares études sommaires.

Athous haemorrhoidalis (Elatéride) © A.Lous

Par amitié, le Docteur Candèze finit par accepter de combler ce manque, et contacte l’ensemble des sociétés entomologiques européennes pour solliciter les collections que leurs membres auraient rassemblées. En six ans, il publie une Monographie des Elatérides”, un ouvrage en quatre tomes totalisant deux mille pages et huit cents illustrations. A nouveau, le travail est fort apprécié dans la communauté scientifique. Candèze, reconnu comme le spécialiste de cette famille d’insectes, est alors bombardé de spécimens de partout dans le monde, qui l’occuperont jusqu’à la fin de sa vie d’entomologiste.

Ernest Candèze, “Périnette, histoire de cinq moineaux”, Hetzel © antiqbook.com

Au cours de ses balades dans la région spadoise, il rencontre à plusieurs reprises Pierre Hetzel, le célèbre éditeur de littérature pour la jeunesse. Les deux hommes sympathisent et Hetzel convainc Candèze de rédiger un roman de vulgarisation entomologique. Aventures d’un Grillon” paraît en 1877. Il sera suivi de La Gileppe” en 1879, et Périnette, Histoire de cinq moineaux” en 1886.

Le Docteur Candèze fut membre de nombreuses sociétés savantes. Parmi elles, il y a l’Académie royale de Belgique – classe des Sciences, dont il fut directeur en 1873 et la Société entomologique de France, dont il fut membre honoraire à partir de 1882.

Une autre de ses passions fut la photographie. Épris de voyages et d’excursions, il conçoit un appareil photographique portable qui l’affranchit des inconvénients du matériel existant – poids et encombrement. Le Scénographe qui, replié, tient dans une poche et ne pèse que 400g, rencontre un vif succès commercial. De plus, il invente un obturateur permettant d’atteindre le centième de seconde, prouesse nécessaire pour être le premier à obtenir des clichés nets à partir d’un train lancé à toute vapeur. Il réalise également des photos aériennes à partir d’un ballon captif.

Le Docteur Candèze fut aussi le fondateur de l’Association belge de Photographie,en 1874. Il en fut le seul membre à remplir les trois fonctions de vice-président, de président et de commissaire. Durant de nombreuses années, il fut président de la section liégeoise de l’Association.

De profession, le Docteur Candèze était aliéniste, c’est-à-dire psychiatre. Il exerçait à la Maison de Santé Notre-Dame-de-Lumière, établissement de qualité internationalement reconnue, situé en Glain. En 1855, il épouse Elise Abry, la fille du directeur, qui lui donne cinq enfants. On sait relativement peu de son activité médicale, juste quelques articles parus dans la presse, relatant des procès où il intervint en tant qu’expert ou témoin.

A la mort de Thomas Abry, par ailleurs premier bourgmestre de Glain, il assure la direction de la maison de santé jusqu’en 1892. Il arrête alors toute activité et fonde le Cercle des Entomologistes Liégeois, où il se consacre à intéresser et former les jeunes à l’entomologie. Il décède à Glain le 30 juin 1898.

André CRUTZEN


La CHICC ou Commission Historique et Culturelle de Cointe (Liège, BE) et wallonica.org sont partenaires. Ce texte de André CRUTZEN a fait l’objet d’une conférence organisée par la CHiCC : le voici diffusé dans nos pages. Pour les dates des autres conférences, voyez notre agenda en ligne

Plus de CHiCC ?

Coronavirus : 100 questions à Peter Piot, virologue

Temps de lecture : 23 minutes >
© R.Demoulin Bernard

En mars de cette année, le belge Peter PIOT, l’un des plus célèbres virologues au monde, répondait aux questions du directeur de la Fondation Tedmed, une organisation caritative qui se consacre aux “idées qui valent la peine d’être diffusées” dans les domaines de la santé et de la médecine. […] Ce Brabançon de 71 ans est notamment connu pour avoir découvert le virus Ebola en 1976, avoir été directeur du programme Onusida de 1995 à 2008 et pour diriger aujourd’hui l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres.

En plus d’un entretien filmé, Peter Piot a répondu par écrit à 100 questions. Il y explique ce qu’est précisément le nouveau coronavirus, la facilité avec laquelle il se propage, l’efficacité des masques, l’importance de ralentir la propagation de la maladie, les traitements actuellement étudiés…


1. Commençons par l’essentiel. Qu’est-ce qu’un virus ?
Un virus est une toute petite particule d’ARN ou d’ADN, protégée par une enveloppe protéique extérieure.

2. Quelle est la fréquence des virus ?
Les virus sont partout. Il est étonnant de réaliser que si on les additionne tous, tous les virus du monde pèsent plus lourd que toute la matière vivante du monde – y compris toutes les plantes, tous les animaux et toutes les bactéries. 10 % du génome humain est dérivé de l’ADN des virus. La Terre est vraiment une “planète à virus” !

3. Pourquoi est-il si difficile d’arrêter la propagation d’un virus ?
Parce que les particules virales sont incroyablement petites, des milliards peuvent flotter sur de minuscules gouttelettes dans l’air à partir d’une seule toux.

4. Quelle est la taille exacte d’un virus ?
Minuscule. Même avec un microscope ordinaire, on ne peut pas voir un virus. 100 millions de particules virales du nouveau coronavirus peuvent tenir sur une tête d’épingle. C’est dire à quel point elles sont minuscules.

5. Que font les particules virales ?
Les particules virales tentent de s’insérer dans les cellules vivantes afin de se multiplier, d’infecter d’autres cellules et d’autres hôtes.

6. Pourquoi les virus tentent-ils de pénétrer dans les cellules vivantes ?
C’est la façon dont les virus se “reproduisent”. Les virus agissent comme des parasites. Ils prennent le contrôle des cellules vivantes afin de forcer chaque cellule à fabriquer d’autres virus. Lorsqu’une cellule est ainsi prise en otage, le virus envoie des centaines ou des milliers de copies de lui-même. Il en résulte souvent la mort de la cellule qui a été infectée.

7. Que signifie être infecté par le nouveau coronavirus, que les scientifiques ont appelé “SRAS-CoV2” ?
Cela signifie que le SRAS-CoV2 a commencé à se reproduire dans votre corps.

8. Quelle est la différence entre le SRAS-CoV2 et le COVID-19 ?
Le SRAS-CoV2 est le virus ; COVID-19 est la maladie que ce virus propage.

9. Est-il facile pour un virus de pénétrer dans une cellule vivante ?
Cela dépend en premier lieu du fait que la cellule possède le bon récepteur pour le virus en question, tout comme une clé a besoin d’un trou de serrure spécifique pour fonctionner. La plupart des virus sont bloqués par notre système immunitaire ou parce que nous n’avons pas les bons récepteurs pour que le virus puisse entrer dans la cellule. Ainsi, 99% d’entre eux sont inoffensifs pour l’homme.

10. Combien de types de virus existent, et combien d’entre eux sont nocifs pour l’homme ?
Sur les millions de types de virus, seules quelques centaines sont connues pour être nocives pour l’homme. De nouveaux virus apparaissent sans cesse. La plupart sont inoffensifs.

11. En moyenne, combien de particules du virus faut-il pour vous infecter ?
Nous ne savons pas encore vraiment pour le SRAS-CoV2. Il en faut généralement très peu.

12. A quoi cela ressemble-t-il ?
Le SRAS-CoV2 ressemble à un minuscule brin de spaghetti, enroulé en boule et emballé dans une coquille faite de protéines. La coquille a des pointes qui dépassent et font ressembler la coquille à la couronne du soleil. Les virus de cette famille ont tous un aspect similaire ; ils ressemblent tous à une couronne.

© Reporters

13. Combien de coronavirus différents affectent l’homme ?
Il y a 7 coronavirus qui ont une transmission d’homme à homme. 4 génèrent un léger rhume. Mais 3 d’entre eux peuvent être mortels, y compris les virus qui causent le SRAS et le MERS, et maintenant le nouveau coronavirus, le SRAS-CoV2.

14. Pourquoi l’appelle-t-on le “nouveau” coronavirus ?
Nouveau signifie simplement qu’il est nouveau pour l’homme, ce qui signifie que ce virus spécifique est un de ceux que nous n’avons jamais vus auparavant. Notre système immunitaire évolue depuis deux millions d’années. Mais comme notre corps n’a jamais vu ce virus auparavant, l’homme n’a pas eu la possibilité de développer une immunité. Ce manque d’immunité, combiné à la capacité du virus à se propager facilement et à sa létalité relative, est la raison pour laquelle l’arrivée du SRAS-CoV2 est si inquiétante.

15. Quelle est la fréquence d’apparition d’un nouveau virus dont nous devons nous préoccuper ?
C’est rare… mais ça arrive. Citons par exemple les virus qui provoquent des maladies comme le VIH, le SRAS, le MERS et quelques autres. Cela se reproduira. L’émergence d’un nouveau virus est un très gros problème… s’il peut facilement se propager parmi les gens et s’il est nocif.

16. Avec quelle facilité le nouveau virus se propage-t-il ?
Le SRAS-CoV2 se propage assez facilement d’une personne à l’autre, par la toux et le toucher. C’est un virus “transmis par voie respiratoire”.

17. Le virus se propage-t-il d’une autre manière ?
Des rapports récents indiquent qu’il peut également se propager par contamination fécale et urinaire, mais cela doit être confirmé.

18. En quoi ce nouveau virus est-il différent des coronavirus connus précédemment qui propagent le SRAS ou le MERS ?
Le SRAS-CoV2 est différent à 4 égards essentiels :
Premièrement, de nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme pendant des jours, de sorte qu’elles peuvent infecter d’autres personnes sans le savoir, et nous ne savons pas qui isoler. C’est très inquiétant car le SRAS-CoV2 est très infectieux.
Deuxièmement, dans 80 % des cas, le COVID-19 est une maladie bénigne qui ressemble à un petit rhume ou à une petite toux, de sorte que nous ne nous isolons pas et que nous infectons les autres.
Troisièmement, les symptômes sont facilement confondus avec ceux de la grippe, si bien que de nombreuses personnes pensent qu’elles ont la grippe et n’envisagent pas d’autres possibilités.
Quatrièmement, et c’est peut-être le plus important, le virus se transmet très facilement d’homme à homme car, dans les premiers stades, il se concentre dans la partie supérieure de la gorge. La gorge est pleine de particules virales, de sorte que lorsque nous toussons ou éternuons, des milliards de ces particules peuvent être expulsées et transmises à une autre personne.

19. Il se disait que le virus provoquait une pneumonie. Comment la gorge est-elle impliquée ?
La maladie commence souvent dans la gorge (c’est pourquoi les tests font souvent un prélèvement dans la gorge), puis, à mesure qu’elle progresse, elle descend vers les poumons et devient une infection des voies respiratoires inférieures.

20. Que signifie le mot “asymptomatique” ?
Cela signifie simplement qu’il n’y a pas de symptômes.

21. Vous voulez dire qu’une personne peut être infectée par le nouveau virus sans jamais présenter de symptômes ?
Malheureusement, oui. De nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme pendant les premiers jours, puis une légère toux ou une faible fièvre apparaît. C’est le contraire du SRAS, où vous avez eu des symptômes clairs pendant quelques jours mais n’étiez contagieux que lorsque vous étiez malade.

22. Si vous ne présentez aucun symptôme, pouvez-vous quand même infecter d’autres personnes ?
Malheureusement, oui. Et cela rend beaucoup plus difficile le ralentissement de la propagation.

23. Quelle est la probabilité que les scientifiques développent un vaccin pour empêcher les gens d’être infectés ?
C’est raisonnablement probable, mais il n’y a aucune garantie que nous aurons même un vaccin. L’échec est possible. Par exemple, nous cherchons un vaccin contre le VIH depuis 35 ans et nous n’en avons toujours pas. Je suis optimiste quant à la mise au point d’un vaccin contre le SRAS-CoV2, mais nous devrons procéder à des tests approfondis d’efficacité et de sécurité, ce qui demande beaucoup de temps et de personnel.

24. En supposant qu’un vaccin contre le coronavirus soit possible et qu’il soit découvert assez rapidement, combien de temps faudra-t-il avant de disposer d’un vaccin que nous pourrons commencer à injecter à des millions de personnes ?
Nous aurons des “candidats” vaccins dans un mois ou deux. Mais en raison de la nécessité de procéder à des tests approfondis pour prouver qu’il protège et est sûr, il faudra au moins un an avant de disposer d’un vaccin que nous pourrons injecter à des personnes et qui sera approuvé par une grande agence de réglementation. En fait, 18 à 24 mois sont plus probables lorsque nous passerons à des millions de doses, ce qui est optimiste.

25. Pourquoi faut-il tant de temps pour mettre au point un vaccin s’il s’agit d’une urgence ?
Ce n’est pas nécessairement la découverte d’un vaccin qui prend autant de temps, mais les essais de vaccins. Une fois qu’un vaccin “candidat” existe en laboratoire, une série d’essais cliniques est nécessaire, d’abord sur des animaux, puis sur des groupes de personnes de plus en plus nombreux.

26. Avons-nous déjà fait des progrès ?
La bonne nouvelle est que quelques semaines seulement après la découverte et l’isolement du SRAS-CoV2, qui a eu lieu au début de janvier 2020, le développement du vaccin a commencé immédiatement. Des fonds ont été alloués par de nombreux gouvernements et de nombreuses entreprises et scientifiques du monde entier y travaillent avec une grande urgence.

27. Les scientifiques de ces pays coopèrent-ils ou sont-ils en concurrence les uns avec les autres ?
Un peu des deux, et ce n’est pas une mauvaise chose. Mais la coopération internationale a généralement été bonne. C’est encourageant.

28. Ne pouvons-nous pas développer un vaccin plus rapidement ?
Malheureusement, il n’y a pas de raccourcis. Le système immunitaire du corps humain est complexe et imprévisible. Des mutations virales peuvent se produire. Les enfants sont différents des adultes. Les femmes peuvent réagir différemment des hommes. Nous devons nous assurer que tout vaccin est sûr à 100 % pour tous ceux qui le reçoivent. Pour ce faire, nous devons tester les médicaments et les vaccins à différentes doses sur un large éventail de volontaires humains en bonne santé dans des conditions soigneusement mesurées.

29. Dans quelle mesure le nouveau virus est-il mortel ?
La plupart des scientifiques pensent qu’il tue 1 à 2 % de toutes les personnes infectées. L’OMS rapporte actuellement un chiffre plus élevé de plus de 3 %, mais cette estimation devrait baisser à mesure qu’ils trouveront comment compter les nombreux cas non déclarés ou bénins. La mortalité est nettement plus élevée chez les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies sous-jacentes.

30. Le taux de mortalité moyen est-il le chiffre sur lequel il faut se concentrer ?
Pas vraiment. On peut se noyer dans une “moyenne” de 8 cm d’eau. Une meilleure façon de comprendre les risques consiste à reconnaître qu’elle peut être mortelle pour certains groupes de personnes et beaucoup moins pour d’autres – avec des conséquences très diverses.

31. Quels sont donc les chiffres et les points de contrôle sur lesquels il faut se concentrer ?
80% du temps, c’est une maladie bénigne, mais dans 20% des cas, elle devient plus grave, les pires cas faisant état d’une forte fièvre ou d’un essoufflement. Par conséquent, certaines personnes doivent être hospitalisées, et d’autres auront besoin de soins intensifs pour survivre pendant quelques jours critiques lorsque leurs poumons sont fortement infectés.

32. Quels sont les groupes de personnes les plus menacés ?
Tout d’abord, les personnes âgées comme moi : j’ai 71 ans. Plus on est âgé, plus le risque est élevé. Sont également plus à risque les personnes souffrant de maladies sous-jacentes telles que le diabète, les maladies pulmonaires obstructives chroniques et les maladies pulmonaires ou encore les maladies cardiovasculaires ou les déficiences immunitaires.

33. Quel est le degré de danger auquel ces groupes à haut risque sont confrontés ?
Leur taux de mortalité peut atteindre 10 %, voire 15 %. Et votre risque augmente lorsque vous avez plus de problèmes de santé. Les données scientifiques sur tout cela sont régulièrement mises à jour sur le web.

34. Votre risque augmente donc considérablement si vous souffrez d’autres maladies, comme le diabète. Pourquoi ?
Parce que votre système immunitaire réagit mal à tout virus infectieux, mais particulièrement à celui-ci.

35. Il semble que, de manière générale, les enfants et les jeunes ne soient que faiblement, voire pas du tout, touchés. Est-ce vrai ?
C’est ce qu’il semble, mais comme pour tant d’autres questions sur COVID-19, cela doit être confirmé.

36. Si c’est vrai, pourquoi le SRAS-CoV2 affecterait-il beaucoup plus les personnes âgées, mais pas les jeunes et les enfants ?
En fait, nous ne le savons pas. Il va falloir un certain temps avant de le découvrir .

37. Autre chose d’inhabituel ?
Vous pouvez infecter d’autres personnes même si vous êtes totalement asymptomatique et que vous vous sentez bien. C’est inhabituel, mais cela peut aussi arriver dans le cas d’une infection par le VIH.

38. On entend souvent parler de COVID-19 par rapport à la grippe saisonnière. Quelle est la bonne façon d’encadrer cette comparaison ? Par exemple, la grippe saisonnière et le coronavirus sont-ils aussi dangereux l’un que l’autre ?
La grippe saisonnière infecte généralement jusqu’à 30 millions de personnes par an aux États-Unis, et moins d’un dixième de 1 % du groupe infecté en mourra – mais c’est quand même un chiffre important. Dans le monde, au cours d’une année moyenne, 300 000 personnes au total meurent de la grippe saisonnière. Mais, en moyenne, le nouveau coronavirus est 10 à 20 fois plus mortel et, contrairement à la grippe, nous ne pouvons pas nous protéger par la vaccination.

39. Le nouveau virus se propage-t-il aussi facilement que la grippe ?
Le nouveau virus semble se propager aussi facilement que la grippe.

40. Pour poursuivre la comparaison entre la grippe et le COVID-19, qu’en est-il des causes ? La grippe est-elle également causée par un virus ?
Oui, la grippe est également causée par un virus. La grippe est causée par le virus de la grippe. Mais le virus de la grippe et le coronavirus sont très différents. Un vaccin antigrippal ne vous aide pas avec le nouveau coronavirus, mais il réduit considérablement votre risque de grippe. Le rhume, pour lequel il n’existe ni vaccin ni remède, est souvent causé par un autre type de virus minuscule appelé rhinovirus, et parfois par un autre coronavirus.

41. Comment l’infection progresse-t-elle lorsque le nouveau coronavirus s’installe dans votre corps ?
Cela commence généralement par une toux. Puis une faible fièvre. Puis la faible fièvre se transforme en forte fièvre et vous êtes essoufflé.

42. À quel moment de bons soins médicaux font-ils la différence entre la vie et la mort ?
C’est généralement lorsque la fièvre est très élevée et que vos poumons sont endommagés, de sorte que vous êtes essoufflé ou que vous avez besoin d’aide pour respirer.

43. En quoi le nouveau virus est-il différent d’une maladie telle que la rougeole, les oreillons ou la varicelle ?
Le SRAS-CoV2 est actuellement beaucoup moins infectieux et dangereux, mais il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons. Les autres maladies sont bien connues.

44. Si le nouveau coronavirus est moins dangereux que les autres virus, pourquoi beaucoup de gens en ont-ils si peur ?
Parce que les nouvelles choses qui peuvent nous tuer ou nous rendre malades nous rendent très nerveux. Mais une connaissance précise est l’antidote à la peur, alors ici aux États-Unis, je vous invite à prêter attention au site CDC.gov. Dans d’autres pays, rendez-vous sur le site de votre ministère national de la santé ou sur celui de l’OMS.

45. À quelle fréquence faut-il consulter les sites web du CDC ou de l’OMS, ou le site web de son ministère national de la santé ?
Nous mettons continuellement à jour nos connaissances à mesure que nous en apprenons davantage sur le nouveau virus, c’est pourquoi ces sites devraient être consultés fréquemment.

46. L’humanité a-t-elle déjà complètement éliminé un virus ?
Oui, la variole, qui tuait des millions de personnes. Et nous y sommes presque pour la polio grâce à la Fondation Gates et à de nombreux gouvernements dans le monde comme celui des États-Unis.

47. Comment le nouveau virus se retrouve-t-il dans de nouveaux endroits du monde ?
Par la route, l’air et la mer. De nos jours, les virus voyagent en avion. Certains passagers peuvent être porteurs du SRAS-CoV2.

48. Ainsi, chaque aéroport international est un tapis de bienvenue pour le nouveau virus ?
La réalité est que le SRAS-CoV2 est déjà bien présent dans la plupart des pays, y compris aux États-Unis, et loin de tout grand aéroport international.

49. Depuis le début de l’épidémie en Chine, les visiteurs de ce pays représentent-ils le plus grand danger d’importation de coronavirus aux États-Unis ?
Depuis l’apparition du nouveau virus en Chine en 2019, 20 millions de personnes sont venues aux États-Unis en provenance de pays du monde entier. Les États-Unis ont arrêté la plupart des vols directs en provenance de Chine il y a quatre semaines, mais ils n’ont pas empêché l’entrée du virus. Aujourd’hui, les cas de COVID-19 en Chine sont souvent importés d’autres pays, car l’épidémie en Chine semble être en déclin pour le moment.

50. En d’autres termes, les grands aéroports sont tout ce dont vous avez besoin pour garantir que n’importe quel pays aura le virus partout en moins de 3 mois.
Oui. Je crois qu’en Amérique, on dit : “Le cheval a quitté l’écurie.” Ce n’est pas une raison pour arrêter complètement tout voyage.

51. Pourquoi un pays comme le Japon pourrait-il fermer ses écoles ?
D’autres pays comme l’Italie et la France font de même. C’est parce que les scientifiques ne savent pas dans quelle mesure la propagation est accélérée par les enfants qui sont porteurs. Le Japon fait de gros efforts pour ralentir la propagation. Les enfants transmettent généralement les virus rapidement, car ils ne se lavent pas les mains ou n’ont pas une bonne hygiène personnelle. Ils jouent un rôle important dans la propagation de la grippe, c’est pourquoi de nombreux pays ont fermé les écoles dans les zones touchées.

52. Si on est infecté, y a-t-il des médicaments qu’on peut prendre pour rendre le virus moins grave, ou pour le faire disparaître complètement ?
Aucun médicament n’a encore prouvé son efficacité en tant que traitement ou ce que les médecins appellent une “thérapie”. Un grand nombre de médicaments différents sont actuellement testés dans le cadre d’essais cliniques, et nous espérons que cela changera bientôt pour le mieux.

53. Quelle est la probabilité que nous trouvions de nouveaux médicaments thérapeutiques, et dans quel délai ?
Je suis convaincu que, dans quelques mois, il est très probable que nous trouverons des utilisations “non indiquées sur l’étiquette” des médicaments actuels qui aident à traiter une personne infectée. En d’autres termes, nous aurons une nouvelle utilisation pour les médicaments existants qui ont été utilisés à l’origine contre d’autres infections virales comme le VIH. Mais il faudra du temps et beaucoup de tests réels pour s’en assurer. De nouveaux médicaments thérapeutiques sont actuellement testés dans le cadre d’essais cliniques, notamment en Chine, mais aussi ailleurs. Cela semble prometteur.

54. Qu’en est-il des antibiotiques ? Tout le monde s’en sert toujours en cas de crise.
Il s’agit d’un nouveau virus, pas d’une bactérie. Les antibiotiques agissent contre les bactéries mais pas contre les virus. Ils peuvent être utiles à l’hôpital en cas d’infections secondaires d’origine bactérienne, mais les antibiotiques n’ont aucun effet sur le nouveau virus lui-même.

55. Qu’en est-il de toutes sortes de nouveaux remèdes, thérapies et traitements dont j’ai entendu parler sur Internet ?
Il va y avoir une infinité de fausses affirmations. Ce n’est qu’en lisant sur de nombreux sites web fiables que l’on peut être sûr qu’il s’agit d’une véritable science. Mais la plupart de ce que vous entendrez sera du vent, alors soyez très prudent et ne répandez pas de rumeurs non confirmées.

56. Et les masques ? Ces masques chirurgicaux bleus ou un masque N95 sont-ils utiles ?
Les masques ont une valeur très limitée, sauf dans certaines circonstances spécifiques. Par exemple, selon le type de masque N95, un peu moins de 50% des particules virales entrantes seront filtrées, mais elles peuvent réduire la propagation des gouttelettes en suspension dans l’air.

© AFP

57. Quels sont les avantages des masques lorsqu’ils sont utilisés correctement et qui devrait porter un masque ?
Les meilleurs masques, soigneusement ajustés et portés correctement, ralentissent la propagation des personnes malades qui toussent. Autrement dit, le masque ne sert pas à vous protéger des autres personnes, mais à protéger les autres personnes contre vous. C’est une courtoisie envers les autres de porter un masque lorsque vous avez ce que vous pensez être un rhume et que vous commencez à tousser. Les masques ont un avantage supplémentaire : ils réduisent la probabilité que vous touchiez votre bouche, et donc que le virus se propage dans votre corps si vous avez le virus sur les mains. Les masques présentent des avantages pour le personnel de santé. Si vous travaillez dans un établissement de santé ou dans le domaine des soins aux personnes âgées, le port du masque est obligatoire.

58. Y a-t-il quelque chose qu’on puisse faire pour éviter d’être infecté lors d’une pandémie mondiale ?
Se laver les mains fréquemment, ne pas se toucher le visage, tousser et éternuer dans le coude ou dans un mouchoir en papier, ne pas se serrer la main ou s’embrasser, tout cela réduit le risque. Si vous êtes malade, restez chez vous et consultez un médecin par téléphone pour savoir quoi faire ensuite, et portez un masque lorsque vous voyez d’autres personnes.

59. Que signifie “atténuation” ? On entend souvent les scientifiques utiliser ce mot.
L’atténuation signifie ralentir la propagation du virus et tenter de limiter ses effets sur les services de santé publique, la vie publique et l’économie. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, ce que nous pouvons faire, c’est le ralentir. C’est vraiment important.

60. Quels autres moyens pouvons-nous utiliser pour ralentir la propagation du virus ?
Une bonne hygiène et la simple courtoisie peuvent ralentir la propagation. En outre, des mesures de “distanciation sociale” – comme travailler à domicile, ne pas prendre l’avion, fermer les écoles et interdire les grands rassemblements – contribueront à ralentir la propagation du SRAS-CoV2.

61. Les différents virus se propagent-ils plus facilement que les autres ?
Oui. La rougeole est le pire. Vous pouvez attraper la rougeole en entrant dans une pièce vide qu’une personne infectée a quittée 2 heures plus tôt ! C’est pourquoi nous avons des épidémies de rougeole lorsque les taux de vaccination baissent. C’est une maladie très résistante. Le rhume se propage assez facilement. Le VIH est beaucoup plus difficile à répandre, et pourtant nous avons eu 32 millions de décès.

62. Que faudra-t-il pour arrêter ce virus ?
Personne ne le sait vraiment, mais la Chine a montré qu’il est possible d’arrêter la propagation de manière significative. Un vaccin pourrait être nécessaire pour éliminer complètement le SRAS-CoV2.

63. Combien de temps faudra-t-il pour que le nouveau virus se répande dans une population de la taille des États-Unis ?
Si on le laisse se propager avec des mesures normales de bonne hygiène, le SRAS-CoV2 semble doubler sa population infectée environ chaque semaine. Cela signifie qu’il passera de 50 personnes infectées à 1 million de personnes infectées en 14 semaines environ. C’est la simple arithmétique de la contagion. Bien sûr, nous pouvons faire des choses pour la ralentir.

64. Quelle est l’efficacité d’une bonne hygiène pour ralentir la propagation du coronavirus ? Le nombre de personnes infectées diminue-t-il sensiblement si les gens suivent les directives ?
Les chiffres changent en fonction de la prudence des gens, et même de petits changements sont importants pour éviter de stresser le système de santé plus qu’il n’est absolument nécessaire.

65. Quelques milliers de cas peuvent-ils être cachés parmi notre population ? Comment cela serait-il possible ?
Chaque année, il y a des millions de cas de grippe. Cette année, certains de ces cas sont en fait des COVID-19. En outre, de nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme ou des symptômes très légers, de sorte qu’elles se cachent à la vue de tous.

66. Que signifie exactement un test positif ?
Cela signifie qu’un test sensible a détecté que le virus est présent dans les fluides de cette personne.

67. Tout le monde doit-il être testé le plus rapidement possible ?
Le test COVID-19 devrait être beaucoup plus largement disponible car nous ne savons pas encore assez qui est infecté et comment le virus se propage dans la communauté. Nous avons besoin de beaucoup plus de tests pour connaître les données importantes.

68. Pourquoi la Corée du Sud a-t-elle mis en place un système de tests “drive-through” ?
La Corée du Sud a mis en place un système de dépistage au volant parce qu’elle fait tout son possible pour ralentir l’épidémie en trouvant chaque personne infectée aussi vite que possible.

69. Quel est le principal symptôme que les gens devraient rechercher ?
La toux est le premier symptôme.

70. La fièvre est-elle un bon moyen d’identifier les personnes infectées ?
Une forte fièvre peut être préoccupante et mérite d’être soignée. Mais le simple dépistage de la fièvre, dans un aéroport ou à un point de contrôle par exemple, laisse passer beaucoup de personnes infectées.

71. Quel est le pourcentage de personnes testées positives dans les hôpitaux chinois qui sont arrivées sans fièvre ?
Environ 30 % des patients chinois atteints de coronavirus n’avaient pas de fièvre à leur arrivée à l’hôpital.

72. Le nouveau virus est-il susceptible de revenir dans un pays une fois qu’il aura atteint un pic et que le nombre de nouveaux cas aura diminué ?
Il est probable que le SRAS-CoV2 nous demandera le même effort qui a permis d’éliminer la variole et qui a presque éliminé la polio.

73. Cela signifie que le seul moyen de vaincre le nouveau coronavirus à long terme est la vaccination de toute la population mondiale ?
Nous ne le savons vraiment pas. Les mesures basées sur la population peuvent fonctionner, mais un vaccin peut être nécessaire et est probablement viable tant que le virus reste stable et ne subit pas trop de mutations.

74. Le nouveau virus pourrait-il “s’épuiser” comme d’autres virus semblent l’avoir fait ?
Nous ne le savons pas, mais c’est peu probable. Le SRAS-CoV2 est déjà trop bien établi dans le monde entier. Ce n’est plus seulement un problème chinois ; il y a probablement des centaines de milliers de personnes infectées mais pas encore testées – non seulement en Chine mais dans près de 100 autres pays. Le SRAS-CoV2, tout comme le virus de la grippe saisonnière, sera probablement présent parmi nous pendant très longtemps.

75. Le nouveau virus reviendra-t-il par vagues ou par cycles, et si oui, quand ?
Là encore, nous ne le savons pas, mais c’est une question très importante. Probablement, bien qu’à ce stade précoce, rien n’est sûr. La pandémie de grippe de 1918 a fait le tour du monde en trois vagues. Le nouveau virus pourrait avoir une deuxième vague en Chine avec la réouverture des écoles et des usines. Mais tant que nous ne verrons pas ce qui se passera réellement, nous ne savons pas comment SARS-CoV2 se comportera.

© Reporters

76. Si nous avons une ou deux pauses “chanceuses” dans les mois à venir, à quoi ressemble la “chance” ?
Le temps chaud pourrait ralentir la propagation, bien que nous n’ayons pas encore de preuve que ce soit le cas. Singapour, qui compte déjà 120 cas et dispose de l’un des meilleurs programmes de contrôle COVID-19 au monde, se trouve à seulement 110 km de l’équateur – donc, au moins dans ce cas, un climat chaud n’a pas empêché le virus de se propager. Il est possible que le SRAS-CoV2 se transforme progressivement en une forme moins dangereuse, de sorte que moins de personnes en meurent, comme cela s’est déjà produit avec la grippe porcine en 2009. Mais je n’y compterais pas. Trouver rapidement une thérapie médicamenteuse ou un cocktail de médicaments efficaces serait une excellente nouvelle. C’est à peu près tout pour la chance.

77. Les personnes à haut risque pour la COVID-19 ont-elles les mêmes chances de mourir partout ?
Malheureusement, le risque de décès dépend beaucoup de l’endroit où l’on se trouve dans le monde. Si vous avez besoin d’un hôpital moderne bien équipé et que vous vous faites soigner dans un tel établissement, que nous espérons accessible à un grand nombre de personnes, le taux de mortalité sera bien plus faible grâce aux respirateurs de soins intensifs et à la diminution des infections secondaires.

78. Comment puis-je savoir si je vais faire partie du groupe des patients légers ou de celui qui a besoin d’être hospitalisé ?
Vous n’en êtes pas sûr, mais avoir plus de 70 ans ou souffrir d’une maladie chronique augmente le risque de maladie grave, voire de décès. Nous ne pouvons parler qu’en termes de probabilités, car nous n’en savons pas encore assez sur la COVID-19.

79. Doit-on s’inquiéter de la contagion du COVID-19 ? A quel point êtes-vous inquiet ?
Si vous n’êtes pas à haut risque, je ne m’inquiéterais pas trop, mais je ferais tout mon possible pour éviter d’être infecté car tu ne connais pas les résultats individuels. Tout le monde va finir par courir le risque de contracter cette infection dans les prochaines années, tout comme personne n’évite le rhume ou la grippe au fil du temps. Nous devrions donc tous être prêts à rester à la maison dès les premiers signes.

80. Que voulez-vous dire par “tout le monde va courir le risque de contracter le virus” ?
Je veux dire que tous les humains passent du temps avec d’autres humains, donc nous sommes tous connectés – et la biologie est implacable. Cependant, je prendrais des précautions raisonnables et, en même temps, je ne m’inquiéterais pas de façon obsessionnelle. Cela ne m’aide pas.

81. Si tout le monde va attraper le nouveau virus, pourquoi essayer d’éviter de l’attraper ? Si j’attrape le virus immédiatement, je peux en finir avec lui et passer à autre chose.
Nous voulons ralentir l’infection, ce qui signifie ralentir le nombre de nouveaux cas et le nombre total de cas, afin que nos hôpitaux puissent prendre en charge les patients les plus touchés sans être débordés ou refuser les patients atteints d’autres types de maladies qui nécessitent une attention immédiate.

82. Il semble qu’une fois que les gens se sont remis du nouveau virus, ils peuvent encore être contagieux. Est-ce vrai ?
Nous ne le savons pas, bien qu’il semble que cela puisse être le cas pendant un certain temps après la guérison. Nous n’en sommes pas totalement sûrs. D’autres recherches sont nécessaires.

83. Une fois que vous avez contracté le virus, êtes-vous alors immunisé en permanence contre une nouvelle infection, comme la rougeole ou les oreillons ?
Là encore, nous ne connaissons pas encore la réponse à cette importante question.

84. Il est évident qu’une immunité permanente contre la COVID-19 serait importante pour les personnes qui sont passées par un épisode de la maladie. Cette immunité est-elle également importante pour la société dans son ensemble ? Pourquoi ?
Cette question est extrêmement importante pour le développement de vaccins, car les vaccins reposent sur la capacité de notre corps à monter une réponse immunitaire protectrice et sur un virus stable. Et il est évident que le nombre de personnes susceptibles d’être infectées diminuerait progressivement au fil du temps.

85. Le nouveau virus est-il saisonnier, comme la grippe ?
Nous n’avons pas été assez loin pour voir s’il y a une mutation saisonnière vers le SRAS-CoV2, ou comment les milliards de nouvelles particules virales changent lorsqu’elles passent à travers des millions de personnes.

86. Ce virus peut donc muter de lui-même en de nouvelles formes avec de nouveaux symptômes ?
Nous ne savons pas du tout. Si c’est le cas, de nouveaux vaccins pourraient être nécessaires pour empêcher la version mutée du SRAS-CoV2 de se propager.

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87. Si le virus mute naturellement, cela signifie-t-il qu’il pourrait devenir plus mortel, et d’autre part, qu’il pourrait aussi devenir moins mortel ?
Oui, l’un ou l’autre est possible. C’est un nouveau virus, donc nous n’avons aucune idée de ce que les mutations feront.

88. Si le coronavirus devient une menace qui ne disparaît pas, qu’est-ce que cela signifie pour moi et ma famille ?
Cela signifie que nous allons tous apprendre à y faire face et nous assurer que nous adoptons tous des comportements sûrs. Nous devons être particulièrement attentifs aux besoins des membres plus âgés de la famille.

89. Il se dit que le virus peut vivre 9 jours sur un comptoir. Est-ce vrai ?
Il est probable que le SRAS-CoV2 puisse rester viable sur certaines surfaces pendant un certain temps, mais nous ne savons pas pour combien de temps.

90. La plus grande pandémie des temps modernes a été la pandémie de grippe de 1918, juste à la fin de la Première Guerre mondiale. Comment le SRAS-CoV2 se compare-t-il à cette mutation ?
Le CoV2 du SRAS est tout aussi contagieux que la pandémie de grippe de 1918 et semble presque aussi mortel, mais le temps nous le dira. Souvenez-vous qu’en 1918, il n’existait aucun système médical comparable à celui des pays développés et qu’il n’y avait pas d’antibiotiques pour traiter la pneumonie bactérienne, qui était une cause majeure de décès.

91. Y a-t-il une chance que ce soit une fausse alerte géante et que nous nous retournions cet été pour dire “wow, nous avons tous paniqué pour rien” ?
Non. COVID-19 est déjà présent dans de nombreux pays et il est très contagieux. Pratiquement chaque jour, il y a de plus en plus de cas, dans plus de pays. Ce n’est pas un exercice. C’est la réalité.

92. Il est difficile de croire que soudainement un virus vraiment nouveau que l’humanité n’a jamais vu puisse infecter des millions de personnes. Quand est-ce que cela s’est produit pour la dernière fois ?
Le SRAS et le MERS étaient nouveaux – mais ils n’ont pas atteint l’échelle. Le VIH était nouveau dans le monde et a infecté 70 millions de personnes – dont 32 millions sont mortes de la pandémie de VIH.

93. Le VIH touche les pays pauvres bien plus que les pays riches. Cela sera-t-il probablement vrai pour le nouveau virus ?
Oui, absolument. Les pays riches comme les États-Unis vont avoir des taux de mortalité beaucoup plus faibles grâce à une meilleure hydratation, à des équipements respiratoires supplémentaires, à une bonne prise en charge des infections, etc. Il s’agit d’un problème potentiellement énorme pour les pays à faibles ressources qui ont des systèmes de santé médiocres. De nombreux pays d’Afrique seront confrontés à des risques énormes. Lorsqu’il atteindra les pays les plus pauvres en ressources du monde, il est très probable que ce sera catastrophique.

94. On dirait que le fond du problème est que vous n’êtes pas terriblement optimiste.
En général, je suis définitivement optimiste, mais en même temps, il y a beaucoup de raisons d’être très mal à l’aise et nerveux. Je comprends que les gens aient des craintes, surtout s’ils appartiennent à un ou plusieurs des groupes à haut risque. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, car nous constatons déjà des progrès dans la coopération mondiale, notamment dans les domaines de la science et de la médecine. Nous constatons une plus grande transparence entre les gouvernements. Le nombre de cas en Chine est actuellement en rapide diminution, mais cela pourrait changer. Et nous assistons à un développement très rapide de la thérapeutique, par exemple.

95. Vous avez également dit qu’il y a beaucoup de raisons de s’inquiéter. Quels sont vos plus grands soucis concernant le nouveau virus ?
Mal gérée, la propagation du coronavirus peut rapidement surcharger le système de santé de n’importe quel pays et bloquer les personnes qui ont vraiment besoin de toutes sortes d’accès médicaux. Une autre inquiétude est que des réactions excessives et la peur peuvent paralyser l’économie d’un pays, ce qui provoque un autre type de souffrance. Il s’agit donc d’un compromis très difficile.

96. Et à quoi devrions-nous nous préparer psychologiquement ?
Nous devrions être psychologiquement prêts à entendre parler de nombreux “nouveaux” cas signalés dans chaque ville des États-Unis qui commence à faire des tests, ainsi que d’un nombre croissant de décès, en particulier chez les personnes âgées. En réalité, il ne s’agit souvent pas de “nouveaux” cas, mais de cas existants qui sont devenus visibles pour la première fois.

97. Quelles sont les choses qui vous encouragent ?

      1. La biologie moderne évolue à une vitesse fulgurante.
      2. Outre la communauté de la santé publique dans le monde entier, y compris l’Organisation Mondiale de la Santé, les dirigeants gouvernementaux au plus haut niveau se concentrent sur cette menace.
      3. Nous avons isolé le virus en quelques jours et l’avons séquencé rapidement.
      4. Je suis convaincu que nous disposerons bientôt d’un traitement.
      5. Nous allons, espérons-le, disposer d’un vaccin.
      6. Nous sommes vraiment à l’ère de la communication moderne. Cela peut nous aider, à condition que nous démystifions les fausses nouvelles et les nouvelles dangereuses.

98. Dans quelle mesure les États-Unis sont-ils prêts pour cela ?
Les États-Unis ont eu amplement le temps de se préparer à cette pandémie, tout comme d’autres pays à revenu élevé. Nous avons tous bénéficié des quarantaines de masse sans précédent imposées par la Chine, qui ont ralenti la propagation. Les États-Unis traiteront correctement les cas graves dès le début en étant mieux préparés.

99. Qui vous inquiète le plus ?
Ce sont les pays à faibles ressources qui m’inquiètent le plus. Chaque décès est une tragédie. Quand on dit qu’en moyenne, 1 à 2 % des personnes infectées mourront du coronavirus, c’est beaucoup. Après tout, 1 % d’un million, c’est 10 000 personnes, et ce sont les personnes âgées qui m’inquiètent le plus. Mais 98% à 99% des gens ne mourront pas de cela. La grippe saisonnière tue des dizaines de milliers d’Américains chaque année et on ne panique pas – même si nous devrions en fait prendre la grippe beaucoup plus au sérieux et nous assurer que nous sommes tous vaccinés contre elle chaque année. Tout comme nous avons appris à vivre avec la grippe saisonnière, je pense que nous devrons apprendre à mener notre vie normalement, malgré la présence de COVID-19, jusqu’à ce qu’un vaccin efficace soit disponible.

100. Y a-t-il d’autres pandémies dans notre avenir ?
Oui, absolument. Cela fait partie de notre condition humaine et de la vie sur une “planète à virus”. C’est une bataille sans fin. Nous devons améliorer notre préparation. Cela signifie que nous devons nous engager à investir sérieusement dans la préparation à la pandémie et à mettre sur pied une brigade mondiale de pompiers, bien avant que la maison ne prenne feu la prochaine fois.

[Cette interview est disponible en anglais sur le site de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres ; elle a été traduite par Jacques Marlot) : pour lire l’article original sur LALIBRE.BE (2 avril 2020)…]


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Une encyclopédie vieille de 1000 ans sur l’usage des plantes médicinales est disponible en ligne… en vieil anglais

Temps de lecture : 3 minutes >
© The British Library

“Un manuscrit vieux de 1000 ans relatant les bienfaits de la phytothérapie (médecine par les plantes) vient d’être mis en ligne par la Bibliothèque Nationale du Royaume-Uni.

La phytothérapie ou médecine par les plantes est utilisée depuis des siècles, pour preuve l’encyclopédie de la tribu matsé […]. Aujourd’hui c’est un manuscrit vieux de 1000 ans renfermant les secrets des plantes médicinales qui est mis en ligne par la Bibliothèque Nationale du Royaume-Uni.

Une mine d’or pour les adeptes de la phytothérapie, qui a soigné et soigne encore certains maux de la manière la plus naturelle qu’il soit et ce, depuis des siècles ! Contrairement à l’homéopathie qui a été déclarée inefficace par la Haute Autorité de la Santé (FR), la phytothérapie est bel et bien reconnue par tous, comme une alternative à la médecine classique. De nombreux médicaments issus de laboratoires sont d’ailleurs à base de plantes !

Le manuscrit est écrit en vieil anglais, et il faut être au moins anglophone voire historien pour en déchiffrer les secrets ! Il est en fait une traduction d’un guide du IVème siècle écrit par un herbier, Pseudo-Apulée. Ce livre indique l’utilisation des plantes dans un cadre médical pour les humains et pour les animaux. Des annotations ajoutées au fil des siècles (XIème au XVIème siècle) viennent également étoffer les connaissances acquises au cours du temps.

La médecine par les plantes a longtemps été la seule médecine utilisée pour soigner (et guérir) l’être humain. La médecine classique utilisant des procédés chimiques qui n’étaient pas connus il y a 1000 ans évidemment. Les remèdes naturels étaient donc concoctés par les « sages » des villages et administrés comme seul et unique médicament.

Toutes les parties des plantes peuvent être utilisées (feuilles, racines) et de plusieurs manières (tisanes, cataplasmes ou absorption), […], il faut cependant veiller à un dosage précis et connaître scrupuleusement les effets secondaires que certaines plantes pourraient provoquer. Certaines plantes sont même mortelles, il ne faut donc pas jouer au petit sorcier sans s’aider de livres sérieux ou consulter un phytothérapeute, spécialisé dans ce domaine.

Attention cependant, nous ne faisons pas ici, l’apologie de la phytothérapie prétextant qu’elle peut soigner tous les maux et toutes les maladies mais elle permet une alternative aux petits tracas quotidiens : romarin contre les maux de tête, radis noir pour les maux intestinaux, arnica contre les ecchymoses ou hamamélis pour soulager les brûlures par exemple. Certaines maladies ne seront jamais soignées par les plantes mais celles-ci peuvent soulager les maux adjacents et apporter un certain confort aux malades.

Aujourd’hui, l’avènement du bio, le retour aux remèdes naturels, aux emballages zéro déchet ajoutés à la prise de conscience des populations face à une pollution grandissante pourrait faire revenir la phytothérapie sur le devant de la scène !” [NEOZONE.ORG, article du 18 juillet 2019]


Mandragore (Ms cod vind 93, XIIIe)

“L’Herbarius du pseudo-Apulée est un herbier illustré rédigé en latin probablement au IVe siècle et attribué très tôt à un auteur nommé Apulée. Il a connu une large diffusion au Moyen Âge puisque nous avons gardé une soixantaine de manuscrits qui comportent l’herbier en totalité ou en fragments. Autour de 1481 parut sa première édition, ce qui en fit le tout premier herbier totalement illustré imprimé. Pourtant, il reste assez méconnu et nous avons encore beaucoup d’incertitudes sur son auteur, son origine et sa composition.” Pour en savoir plus, consulter le doctorat de Mylène Pradel-Baquerre (Université Paul-Valéry – Montpellier, FR)…


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Ces femmes autistes qui s’ignorent

Temps de lecture : 2 minutes >
Planche extraite de « La différence invisible » par Mademoiselle Caroline et Julie Dachez. “Ou comment Marguerite, une jeune femme que rien ne distingue des autres en apparence, va se découvrir autiste Asperger.” (Delcourt/Mirages)

Adeline Lacroix, titulaire d’un master 1 de psychologie et elle-même diagnostiquée en 2014 autiste Asperger, travaille sur une revue de la littérature scientifique concernant les spécificités des femmes autistes de haut niveau. Dans le cadre d’une reconversion professionnelle, elle s’oriente vers la neuropsychologie et les neurosciences. Associée aux travaux de Fabienne Cazalis, elle a participé à l’écriture de cet article.

Nous l’appellerons Sophie. Le portrait que nous allons dresser de cette jeune personne pourrait être celui de n’importe laquelle des femmes qui entrent, sans le savoir, dans le spectre autistique. Parce qu’elles sont intelligentes, parce qu’elles sont habituées à compenser des difficultés de communication dont elles n’ont pas forcément conscience, ces femmes passent à travers les mailles du filet encore trop lâche du dispositif national de diagnostic.

A l’occasion du lancement, le 6 juillet, de la concertation autour du 4ᵉ plan autisme, la question du sous-diagnostic chez les femmes mérite d’être posée : combien sont-elles à ignorer ainsi leur différence neurodéveloppementale ? Les études font état d’1 femme pour 9 hommes avec le diagnostic d’autisme dit « de haut niveau », c’est à dire sans déficience intellectuelle. Si l’on compare au ratio d’1 femme pour 4 hommes observé dans l’autisme dit « de bas niveau », où elles sont mieux repérées, on peut penser que beaucoup manquent à l’appel.

Sophie, donc, passe aujourd’hui un entretien d’embauche. À la voir tortiller nerveusement une mèche de ses cheveux, on pourrait la croire anxieuse, comme tout un chacun en pareilles circonstances. On aurait tort. Sophie est en réalité au bord de la crise de panique. À 27 ans, elle vient de perdre son job de vendeuse – le huitième en trois ans – car elle cumulait les erreurs de caisse. Elle qui a tant aimé ses études en mathématiques, à la fac, en ressent une honte indescriptible. Elle espère que le recruteur ne lui posera pas trop de questions à ce sujet car elle ne trouve aucune justification à ses échecs professionnels et se sait incapable d’en inventer une…”

Lire la suite de l’article de Fabienne CAZALIS sur THECONVERSATION.COM (6 juillet 2017)…

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Mitiku Belachew, le seigneur de l’anneau

Temps de lecture : 3 minutes >
(c) Emeline Wuilbercq

Berger jusqu’à 12 ans, cet Ethiopien est devenu un chirurgien de renommée internationale en inventant l’anneau gastrique par cœlioscopie.

Mitiku Belachew se souvient encore de son regard implorant. L’infirmière était obèse et malheureuse : « Aidez-moi à guérir », l’avait-elle supplié il y a quarante ans à l’hôpital civil de Bavière, à Liège. Le chirurgien savait qu’il existait outre-Atlantique une solution chirurgicale pour le traitement de l’obésité morbide. C’était marginal, les complications étaient dangereuses. « Peu importe, lui répond sa patiente. Pour moi, maintenant, c’est une question de vie ou de mort. » Après une bonne préparation, Mitiku Belachew l’opère. Le bouche-à-oreille s’emballe. « A partir de ce moment-là et malgré moi, je suis devenu un spécialiste de la chirurgie de l’obésité », s’amuse-t-il aujourd’hui.

Malgré lui, car jamais Mitiku Belachew n’aurait cru emprunter cette voie. Pour parler de son parcours, l’Ethiopien de 74 ans aime citer Gandhi : « Il y a mille vies dans une vie. » Avant de devenir un chirurgien de renommée internationale, Mitiku Belachew était berger. Né dans une famille de neuf enfants, il prenait soin des vaches, des taureaux et des chèvres dans un village situé à 150 kilomètres d’Addis-Abeba.

« J’y suis allé au culot. J’ai commencé ma vie avec ce qui était disponible », dit-il. C’est-à-dire pas grand-chose : pas de route pour se déplacer, pas d’hôpital pour se soigner, pas d’école pour étudier. Ou plutôt une seule école, « celle de la nature ». La mort inexpliquée d’un frère « grand, beau et fort » le fait changer de trajectoire. Il sera médecin.

A 12 ans, il quitte village et troupeau pour les bancs de l’école de la capitale. Sa mémoire d’éléphant lui permet de sauter plusieurs classes. « J’étais sans le sou, alors j’y suis allé au culot : j’ai demandé à un couple britannique de financer mes études en échange de travaux domestiques », raconte-t-il. L’élève prodige impressionne, obtient les meilleures notes et ne garde pas longtemps son job de garçon de maison.

Au début des années 1960, bac et bourse en poche, il peut entrer dans les plus prestigieuses universités anglo-saxonnes. Contre toute attente, il choisit la Belgique, qu’il baptise le « pays du soleil froid ». « C’était un pays détesté à l’époque pour son action au Congo, précise M. Mitiku. Je ne parlais pas un mot de français mais j’aimais les défis. » Le jour, il étudie la médecine à Liège. La nuit, il plonge dans la littérature pour parfaire son français et traduit mot à mot Fanny de Marcel Pagnol avec un vieux dictionnaire.

L’étudiant s’acclimate au « petit racisme ordinaire » qui s’estompera avec les années et la notoriété. En 1968, il est aux premières loges de la « révolution » qui a gagné la Belgique. Mais son goût pour la politique prendra fin quand, en 1974, le régime militaire du Derg qui renversa Haïlé Sélassié fit couler le sang de ses compatriotes pour justifier un idéal révolutionnaire. Il se concentre sur ses études et obtient son diplômé en 1970. A Liège, puis à Huy, une petite ville de 21 000 âmes, Mitiku Belachew se familiarise avec sa spécialisation : la chirurgie digestive…”

Lire la suite de l’article d’Emeline WUILBERCQ sur LEMONDE.FR…

ISBN 9782823112979

En savoir plus sur le berger devenu chirurgien en visitant son site officiel…

Découvrir son autobiographie aux Editions Persée…

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