HODY, Michel (1942-2024)

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Le foot, c’est la guerre

[LE-CARNET-ET-LES-INSTANTS.NET, 22 octobre 2018] Michel HODY, auteur de Crimes en rouche et blanc, est liégeois et s’est mis à la littérature après une carrière professionnelle pendant laquelle il avait publié des ouvrages techniques et de marketing. À la retraite, il se jeta dans l’écriture de romans policiers. Ses romans offrent la singularité de se dérouler dans la région liégeoise, principalement, au XIVe siècle, sous le règne du prince-évêque, Adolphe de la Marck.

C’est peut-être son “ancienne” façon d’aborder le monde (management…) qui se traduit dans ces romans policiers, époque Moyen Âge, où les actions et les personnages sont scrutés, décrits et dessinés dans une reconstitution modernisée de la langue et des comportements. C’est ce qu’on connaissait du travail de Michel Hody. Récemment, il vient donc de publier aux éditions Murmure des soirs un livre tendance polar, bien que ce genre aujourd’hui n’ait plus rien à voir avec la noirceur du genre qui fut celui des débuts. Ce sont plutôt les thrillers qui ont pris le relais. Et c’est le cas du dernier roman en date de l’auteur.

Liège, printemps 1982. Les “Rouche et Blanc” viennent de se qualifier pour la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Le nouvel entraîneur du club, le renommé Oswaldo, est assassiné dans sa chambre d’hôtel. Son corps est découvert par le journaliste sportif Mike Scalais, venu l’interviewer. Le commissaire André Lecomte, ami du journaliste, est chargé de l’enquête qui s’annonce ardue. Aucun mobile… La mafia liégeoise serait-elle à l’origine de ce qui semble une exécution ?

Ça commence à Bruxelles, d’où est envoyé en exil à Liège le journaliste sportif Mike Scalais, un peu vache, naïf et sans véritables scrupules. Le drame, le mal, le moteur du mal se situent dans le milieu du football et des pronostics de ce sport où le fric et les nationalismes aujourd’hui l’emportent sur tout. Évidemment nous avons le “casting” classique du genre : un commissaire de police, un inspecteur, un journaliste, des politiciens véreux, un pédophile, de jeunes innocentes et de fieffés salauds.

La mafia intervient, et comme on le sait, tout ce qu’elle fait et dit dans les romans ou dans les films n’appartient évidemment jamais au réel. Le réel est beaucoup plus “trash” et la mafia de proximité, beaucoup plus discrète et terrifiante.

Crimes en rouche et blanc (Murmure des soirs, 2018) ISBN : 978-2-930657-46-2

Michel Hody, dans un souci de méticulosité, charge son roman de détails et de descriptions de lieux, les personnages à la psychologie élémentaire sont mis en scène du point de vue de leurs comportements (à Liège, dans le registre “policier”, on est héritier de Simenon ou on n’est rien) et les rebondissements ne manquent pas. Les accents, caricaturés, pointent les personnages de façon outrancière parfois et les situations en sont un peu éventées. Mais il n’en demeure pas moins que l’auteur sait mener sa barque au milieu des dangers d’un genre aux clichés bien arrimés.

Raconter un polar équivaut à raconter un film à son meilleur ennemi. Cependant, pour que le lecteur puisse entrevoir de quoi se nourrit ce polar aux accents de scandales journaliers, il suffit de lui dire que tout ce qu’il y a de pire dans le monde cynique du foot-bizness fait partie de la matière romanesque de l’auteur : les paris truqués et la mafia locale (et internationale) toujours prête à offrir un p’tit blanc sur le zinc pour dénouer les langues. C’est après qu’on les coupe.

Daniel Simon


Michel Hody chez lui…

Michel Hody se raconte (2019) :

“Après des études greco-latines et deux candidatures en philologie romane à l’université de Liège, j’ai obtenu une licence en sciences de la communication à l’institut Saint-Luc, à Ramegnies-Chin (Tournai). Puis j’ai été successivement chef de publicité dans une agence de publicité bruxelloise pendant quatre ans, dirigeant d’un club de football professionnel (le Standard de Liège) puis directeur d’une agence de développement économique à Seraing (AREBS). J’ai également donné des cours de marketing à l’IFAPME du Château Massart à Liège. J’ai publié deux ouvrages techniques en matière d’économie : La puberté de l’acheteur et Marketing pratique. J’habite Embourg depuis 35 ans où je partage maintenant mon temps entre le sport, l’administration de sociétés d’économie sociale marchandes et l’écriture.

EAN 9782873512309

De Roses et de Sang est ma première oeuvre de fiction, éditée en 2010 . Elle met en scène Amaury de Montségur, dit le Cathare, un des hommes de confiance du prince-évêque Adolphe de la Marck, chargé par ce dernier, d’enquêter sur la disparition d’un moine, porteur d’une somme importante. Accompagné de son second, Rheinhardt van Vossem, Amaury va résoudre une intrigue riche en rebondissements, avec en toile de fond, la ville de Liège au 14e siècle. Ce thriller moyenâgeux ayant connu un excellent accueil, tant de la critique que des lecteurs, j’ai poursuivi les enquêtes du Cathare, l’année suivante, par un deuxième opus, Le secret du Khazar se déroulant entre Liège et la prévôté d’Embourg-Sauheid. Avec un troisième épisode Sombres Vendanges, dans l’automne liégeois. Une saison propice à la vinification des cépages des coteaux mosans, aux parties de chasses sur les terres du prince-évêque, mais aussi au déchaînement d’agressions sauvages qui frappent inconsidérément, un modeste scribe du palais, un maître-houilleur et un noble de l’entourage d’Adolphe de la Marck.

Un quatrième ouvrage, avec mes héros récurrents, Pâques sanglantes les entraîne en Occitanie, au village natal d’Amaury. Ce séjour, qui devait représenter des espèces de vacances, va au contraire prendre des couleurs dramatiques. La sœur d’un nobliau local a disparu sur la route d’Arles et n’a plus donné signe de vie. Son frère, désemparé, supplie Amaury de retrouver sa parente. Louvoyant entre non-dits, secrets de famille, traces d’un trésor romain, contrebande de sel mais aussi dans le climat de la sanglante croisade des Pastoureaux : autant de pièces disparates qui perturbent leurs recherches, ou de plus, trop de morts suspectes viennent endeuiller un coin d’apparence si calme.
J’ai également eu l’honneur et le plaisir de présenter ces livres, il y a trois ans à l’apéro littéraire, organisé au Grand Curtius et le dernier en date Crimes en Rouche et blanc, au mois de février 2019. Une nouvelle enquête d’Amaury, Lune de miel en enfer est à l’édition et se trouvera dans toutes les bonnes librairies, au début 2020.”

Michel Hody

Bibliographie


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : veille, partage, édition et iconographie | sources : Le carnet et les instants ;  archives privées | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © L’avenir ; © Noir dessin ; © Michel Hody.


Lire encore en Wallonie…

Spa est-il le plus vieux club de foot de Belgique ?

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SPA : en 1863, des Écossais fondent le premier club de foot en Belgique

Spa est-il le plus vieux club de foot de Belgique ? C’est en tout cas la thèse de Bruno Dubois, un médecin passionné de foot et historien amateur. Un club de foot – aujourd’hui disparu – y aurait été fondé 1863, soit 17 ans avant l’Antwerp et son fameux matricule 1. Spa serait même le plus vieux club de foot fondé en Europe continentale. Pour appuyer cette thèse, Bruno Dubois se base sur un document qu’il a reçu via internet, d’un descendant de barons écossais. Le document témoigne de la fondation en 1863 du “Foot Ball Club Spa” par deux clans, les Blair et les Fairlie.

Spa, lieu de villégiature

Au milieu du XIXe siècle, le sport était réservé aux grandes fortunes qui avaient du temps et de l’argent. Et Spa était leur endroit de villégiature. “Monte Carlo, c’était Spa à l’époque“, note Bruno Dubois, par ailleurs président de l’ASBL Foot 100. Les aristocrates de toute l’Europe, les tsars et les gens fortunés y passaient leurs vacances. Dans leurs loisirs, ils pratiquaient le sport et donc ils ont constitué un club de football à Spa.

Alors pourquoi le premier de Belgique, voire d’Europe continentale, ne porte-t-il pas le matricule numéro un ? Selon l’historien, “les numéros de matricule n’ont été attribués qu’en 1926. Comme ce club de Spa fondé en 1863 était parti en Ecosse, on l’a attribué au club qui faisait partie en 1926 de l’Union belge de football. Et donc le plus vieux club c’est l’Antwerp”. 

Aujourd’hui en 4e provinciale, l’actuel club de Spa porte le matricule 60. “Les Belges qui ont créé le premier club de spa en 1897 ignoraient qu’on avait créé 34 ans avant un club qui n’a été spadois peut-être que quelques mois“, conclut Bruno Dubois. [d’après RTBF.BE]


En 2012, suite à des recherches nécessaires à la rédaction d’un livre sur les 120 ans du FC Liégeois (RFC Liégeois 120 ans de football européen), Louis Maraite avait fait une découverte inattendue. Un club de football aurait été créé en 1863 à Spa, ce qui serait le premier club belge et peut-être le plus vieux du monde ! Mais c’est Bruno Dubois président du club centenaire qui a compilé les archives de l’Union belge de football, qui a trouvé un parchemin qu’un baron écossais avait écrit à Spa cette année. Alors que la fédération anglaise a été fondée en novembre 1863, un club spadois de football aurait donc été créé avant les clubs anglais !

Un courrier était envoyé par Bruno Dubois aux Musées de la ville d’eaux. Marie-Christine Schyns conservatrice proposait une recherche et une entrevue avec Paul Mathy entérinait un accord pour l’anniversaire du club spadois. J’ai donc cherché dans les archives du Fonds Body s’il y avait une trace du passage de ce baron écossais.

Voici d’abord une copie du manuscrit (ce qui est entre parenthèses a été ajouté après recherches).

IN PEDE VIS ET VIRTUS (Dans le pied, la force et la vertu).
FOOT BALL CLUBSPAPATRON Sir E(dward) Hunter Blair, Bart 1863 PATRONESSES Miss Hunter Blair – Miss Alice Hunter Blair – Miss Esther C(onstance) Fairlie– Miss A(lice) A(nne) Fairlie MEMBERS – Lt Colonel (James Ogilvy) Fairlie– Charles Strong Esq – J(ames) O(gilvy) R(eginald) Fairlie Esq – D(avid) Hunter Blair Esq. – J(ohn) Hunter Blair Esq. – Bart H(enri) J(ames) Fairlie Esq – R.N. Fairlie Esq. – F.A. Fairlie Esq. – E(adward) Hunter Blair esq. TREASURER SECRETARY Miss (Anne Elizabeth MAC Leod l’épouse )Fairlie – W.F. Fairlie Esq. The football Club Spa, in Belgium was where the 4th Bart and family went to economise in the 1860’s

(Bart = baron ; Esq =écuyer utilisé après le nom comme un titre de respect pour indiquer une famille de haut rang social)

En résumé, un baron écossais en villégiature à Spa pour vivre économiquement (?), crée un club de foot-ball en 1863 dont les membres du club sont tous issus de son clan ainsi que d’une autre famille alliée, tous du comté d’Ayrshire en Ecosse.

Sir Edward Hunter Blair est le 4e baron de la lignée. Il était gentilhomme, juge de paix, lieutenant de la Royal Navy, né en 1818 et décédé en 1896. Le 8e et le dernier baron de cette famille s’est éteint en 2006 en Ecosse. Les autres personnes citées ci-dessus sont : son épouse, ses fils (David, James et Edward) et une de ses filles (Alice) ainsi que le clan Fairlie composé de 9 personnes. Le couple Edward Hunter Blair – Elizabeth Wauchope a eu 13 enfants dont une fille est née le 16 septembre 1863 à Spa (inconnue dans l’état-civil spadois). Il s’agit vraisemblablement d’Helen Constance Hunter Blair décédée en 1886.

Dans la même liste, Charles Strong, né en 1844 à Ayrshire et décédé en 1942 à 97 ans, père de cinq fils et de deux filles, était le fils du révérend David Strong. Il a été ordonné révérend en 1867 et a été Premier Ministre de la Old West Kirk et plus tard Ministre des églises écossaises à Melbourne en 1875.

Du côté Fairlie, il y a le père colonel James Ogilvy Fairlie né en 1815 et décédé en décembre 1870, son épouse et leurs enfants dont : le baron Henri James Fairlie 22 ans, Isabella Catherine 20 ans, James Ogilvy Réginald 9 ans et David Oswald 10 ans en 1863. Je n’ai pas trouvé les âges des autres.

Nous avons donc deux familles de la noblesse écossaise qui s’installent à Spa, accompagnées du jeune futur révérend Stong. Le mariage des parents Hunter Blair date de 1850 et David, James, Edward ont respectivement : 10 ans, 9 ans, 5 ans. Les Alice, Dorothée, Helen sont connues par leurs dates de décès mais n’étaient pas adultes en 1863. Strong était donc le précepteur de jeunes enfants écossais. Tous les “members ” de la liste sont des garçons ou des hommes. Les vices présidentes et la trésorière sont des femmes adultes. W.F.Fairlie est secrétaire et sans doute homme adulte.

Vital Keuller, “La Sauvenière à Spa” (coll. privée) © Philippe Vienne

Dans le registre des étrangers à Spa de l’année 1863 à la page 12 (9 mai 1863) consulté au Fonds Body, j’ai pu lire : “Sir Edward Hunter BLAIR baronnet, famille et suite Ecosse 16 personnes” au 303 de la rue Sauvenière. Seize personnes comme exactement le nombre de personnes citées dans la composition du comité du club. Mais seize nobles si la suite n’est pas reprise dans le nombre.

Depuis 1861, les Filles de la Croix de Spa avaient ouvert un pensionnat payant pour les enfants de familles aisées. Les premiers enfants accueillis étaient allemands et anglophones. Les garçons ne devaient pas être adolescents tandis que les filles étaient accueillies jusqu’à 18 ans. Il est possible que les enfants aient été hébergés chez les Filles de la Croix pour la saison 1863.

“303 rue Sauvenière” n’est pas l’adresse d’un hôtel mais celle de Guillaume Midrez décédé en 1869 époux de Marguerite Leloup, qui loue vraisemblablement toute sa maison. La rue Sauvenière commençait à cette époque devant l’église de Spa et finissait sans doute à la source de la Sauvenière. Ce numéro est étonnant mais tout à fait normal à l’époque car l’administration communale donnait un n° aux maisons mais seulement pour les situer dans les registres de population.

En novembre de la même année, ce sont les mêmes 14 personnes qui s’installent dans l’hôtel de Rivoli rue Sauvenière. C’est maintenant le Lt Colonel Fairlie qui signe le registre. Deux personnes manquent à l’appel, vraisemblablement Sir Edward Hunter et son épouse qui se repose en Ecosse après l’accouchement du 16 septembre. En mai 1864, soit la saison estivale suivante, James Ogilvy Fairlie, rentier écossais, déjà cité, s’installe avec sa famille et sa suite, dans la villa de Singapore, rue Chelui avec 14 personnes. C’est lui qui était dans l’équipe de la Harrow School en 1873-74. Ces familles sont donc des habituées de la ville thermale, apprécient le séjour et logent dans le même coin spadois.

Le terme “Spa” est entré dans le langage des Britanniques depuis le XVIIIe siècle bien avant l’arrivée de ces écossais. Si un SPA est habituellement un “bain de cure”, ces écossais, par respect pour la ville mondaine qu’est Spa, créent un club de foot dont l’intitulé s’est appelé FOOT BALL CLUB de SPA ! Mais ce club a existé pour se former et jouer en Ecosse !

Mais pourquoi un tel “comité” composé d’adultes, d’enfants, de misses et d’un jeune révérend s’est-il créé pour fonder un club de football dont les règles précises n’existent pas encore ? Les plus éveillés diront : 16 personnes = 11 joueurs (ses) et cinq réserves sur le banc pour une équipe familiale mixte ! Je dois bien être sincère avec le lecteur, je n’ai pas trouvé une raison précise de la création d’un tel club…mais quelques explications supplémentaires mériteraient d’être lues sur la création du football britannique et du club actuel de Spa. Ces explications sont sans doute liées à la création du document cité ci-dessus.

Jean-Luc SERET

  • L’article original est paru dans SPAREALITES.BE.
  • image en tête de l’article © RTBF.be

[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © rtbf.be ; Philippe Vienne


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CAMUS : Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois (1953)

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Albert CAMUS (1913-1960), l’écrivain, le journaliste et le philosophe, jouait au Racing Universitaire Algérois (RUA) en 1929, après avoir été le gardien de but l’AS Monpensier. De ces années-là, Camus gardera en lui un rêve fracassé : en 1930, on diagnostique sa tuberculose ; il a 17 ans, il comprend qu’il ne sera jamais professionnel. Jamais. En 1940, il retire ses crampons pour toujours.

Mais Camus restera passionné de foot toute sa vie. Avec l’argent du prix Nobel de littérature [à lire : le Discours de Suède prononcé à cette occasion], il achète une maison, à Lourmarin dans le Lubéron. Tous les dimanches, il est au bord du terrain local, regardant les enfants jouer contre le village voisin. Il paie leur maillot. Il supporte le Racing club de Paris. Pourquoi ? Parce qu’il ont le même maillot que le Racing algérois.

Mais surtout il écrit : “Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football qui resteront mes vraies universités. J’ai appris qu’une balle ne vous arrivait jamais du côté où l’on croyait. Ça m’a servi dans l’existence et surtout dans la métropole où l’on n’est pas franc du collier.” Le foot, c’est aussi l’attachement au milieu populaire dont on est issu… ou pas. Mais quand on en vient, en comprend mieux, on ressent plus.

Camus avait été gardien de but parce que c’était la place où l’on usait le moins ses chaussures. Orphelin de père et fils de pauvre, Camus ne pouvait se payer le luxe de trop courir sur le terrain : chaque soir, sa grand-mère violente inspectait ses semelles et lui flanquait une raclée si elles étaient abîmées. Pendant que sa mère, femme de ménage mutique, restait dans un coin, à jamais emmurée dans son silence.

Mais Camus aimait le foot au point de travailler plus dur à l’école dans l’espoir vain que sa grand-mère maltraitante lui pardonne ses chaussures détruites. Devenu écrivain, il racontera parfois, rarement, sa fascination pour un sport où la correction et la violence sont en équilibre précaire, où on rend les coups que l’on prend “sans tricher” (sic) où il faut apprendre à gagner sans se prendre pour Dieu et à perdre sans se trouver nul, où la joie de vaincre et les larmes de la défaite se ressentent et se ressemblent, après l’effort, dans la même ivresse de vivre.”

  • D’après : Entretiens avec Camus dans le Bulletin du RUA le 15 avril 1953 et dans France-Football du 17 décembre 1957. Texte déniché par Jean-Paul Mahoux.

Let’s play fair…