“Ce qu’il y a de particulier dans le fait d’être graphiste, c’est que personne ne sait exactement ce que cela signifie… pas même les graphistes. Le graphisme pourrait être – très simplement – un rapport aux choses. Poser un regard conscient de la force des symboles, des textes, des couleurs, conscient de la composition et, a fortiori, des images, sur tout être ou toute chose. Un prisme qui nous accompagne, dans toutes les composantes de nos vies et qui permet de traverser les apparences.
Le graphisme pourrait être une force critique…
Comprendre comment d’autres communiquent vers nous et donc cerner ce qu’ils veulent nous communiquer, entre les lignes. Chaque image et chaque forme sont choisies et déterminantes. Chacune d’elles adresse un message, témoigne d’une prise de position. Se nourrir d’images et de formes, en cherchant à en déceler le sens, donc prendre conscience de leur pouvoir incalculable. Tenter de déconstruire ces codes pour pouvoir, à son tour, communiquer (ou aider à communiquer) en conscience.
Le graphisme pourrait être politique…
Travailler avec des images et des formes signifie prendre position. “Quels visuels ai-je envie de créer, dans quel cadre, pour qui et pour dire quoi ?” Parfois, refuser de travailler sur certains projets pour ne pas aider à communiquer des choses auxquelles l’on ne croit pas. Surtout, choisir de mettre son énergie au profit d’initiatives qui nous paraissent justes. Bien sûr, admettre que ce en quoi l’on croit évolue avec nous et avec nos expériences.
Le graphisme pourrait être un service…
Chacun a sa propre perception du monde et ses propres valeurs, mais tout le monde n’a pas la possibilité de les faire exister visuellement. Tenter, avec sensibilité et humilité, de capter la vision et les intentions de quelqu’un et pouvoir les mettre en forme.
Le graphisme pourrait être lié à l’hypersensibilité…
Là où on pourrait ne voir qu’une simple forme : percevoir la force ou la patience. Un trait : la volonté. Une courbe : l’harmonie. Tenter de rendre nos existences plus poétiques, par moments, et avoir la possibilité de transmettre cette poésie à notre tour.
Le graphisme pourrait être un début de liberté…
Rendre possible, pour certains, le fait de se créer une profession qui leur correspond, de mieux en mieux, au fil de leur évolution. L’occasion de se frayer un chemin à son image, au cours duquel tout est teinté de graphisme : de la communication graphique, de l’écriture graphique, de la céramique graphique, de la mode graphique, du textile graphique, des manifestations graphiques ou même des balades dans les bois graphiques. S’offrir le privilège d’une vie qui, autant que possible, nous appartienne et dont la forme évolue avec nous.
La seule chose dont je sois convaincue est que : quelle que soit la forme que prendra le monde, le graphisme y aura toujours une place. Il y aura toujours quelqu’un qui aura quelque chose à exprimer et qui aura besoin de ce regard critique, conscient, politique et poétique pour le mettre en forme. L’autre seule chose dont je suis convaincue est que, si l’on décide que toutes ces choses sont du graphisme, je suis bel et bien graphiste. Et heureuse de l’être.
Rachel THONART
“Rachel THONART NARDELLOTTO, alias RTN-STUDIO, est une designer graphique vivant et exerçant à Liège. À ses yeux, les fondamentaux du graphisme peuvent habiter et affiner toute chose. Visiblement fascinée par ce que le graphisme doit à la texture, elle semble toujours à la recherche d’une proximité avec la matière dans son travail visuel. Proximité qu’elle fait s’incarner dans des formes aussi diverses que la découpe, la broderie, le tissage, la mise en profondeur, l’installation typographique ou encore une appropriation des principes du pointillisme. Ceci traduit sa visée générale : relief dedans et relief dehors.”
Flore Mercier, Master en Arts visuels et médiatiques
Le FIG. ou, plus simplement, le Festival International de Graphisme de Liège propose un programme composé de conférences, d’expositions, de work-shops et de tables rondes, s’adressant à un large public qui peut y découvrir les multiples facettes du design graphique contemporain.
“La naissance du Fig. En septembre 2016, une bande de copains a une envie commune : faire un truc lié au graphisme en février 2017. “On ne savait pas encore trop quoi, mais il fallait que l’on fasse quelque chose” explique Jérémy Joncheray, un des organisateurs du Festival. C’est comme ça qu’est créé le Festival International de Graphisme. Des conférences, des expos, un workshop, des projections et concerts sur quatre jours à Liège. Depuis, des partenariats se sont formés avec notamment Les Brasseurs et les Chiroux. Le nombre de conférences et d’expositions a augmenté au fil des années pour en arriver à six conférences et sept expositions lors de cette édition. Une évolution piano piano pour garder l’esprit convivial du Festival. “Même si les choses évoluent, nous voulons continuer de faire partie du festival, être sur le terrain avec les personnes, plutôt que derrière nos écrans.“
La valorisation du design graphique. Même si affichant une programmation internationale, le Fig. entend toutefois valoriser le métier du design graphique en Belgique, et surtout en Wallonie. “Nous nous sommes rendu compte du manque de culture graphique en Wallonie surtout (en comparaison à la Flandre et ailleurs). Nous avons une histoire du graphisme relativement peu connue en Wallonie, très peu communiquée. En fait, il manque un vrai patrimoine, voilà ce serait le mot adéquat.” Valoriser le graphisme, mais aussi proposer une visée pédagogique. “Dans le sens où jusqu’où le graphisme peut-il aller ? Nous nous adressons autant aux professionnels qu’au grand public, mais celui-ci public reste encore composé à 80% de praticiens. Toutefois nous sommes heureux cette année d’avoir vu beaucoup plus de scolaires venir voir les expos. Nous avons envie aussi de développer les workshops parce que nous avons eu des demandes de dingue pour celui de Wallonie Design Spécimen typographique.”
Une vision engagée ? “La visée est quand même engagée dans le sens où on invite des praticiens qui portent des messages politiques, sociaux…”
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- L’illustration en tête d’article est © RTN Studio, auquel nous devons également le magnifique logo de wallonica.org.
Prenez et regardez, car ceci est mon design…
- KATAYAMA, Mari (née en 1987)
- CHARLIER : The Pelican (s.d., Artothèque, Lg)
- LOTIN : Guadalajara, Mexico (2009, Artothèque, Lg)
- LARDOT : Dame au smartphone (2017, Artothèque, Lg)
- ARNOULD : Le Triangle de Sierpinski (s.d., Artothèque, Lg)
- MARRE : Nu féminin (s.d., Artothèque, Lg)
- JANSSIS : Chien au bord de la mer (2013, Artothèque, Lg)
- STASSEN : La mémoire des arbres – Arbres remarquables de Wallonie (2013)
- ISRAEL : Forêt rouge (s.d., Artothèque, Lg)
- Butors et triples buses : biodiversité inspirante en Wallonie-Bruxelles
- WINAND : Hide’N’Seek 1 (Guantanamo) (2016, Artothèque, Lg)