STEGNER : textes

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STEGNER, Wallace (1909-1993)

Vue cavalière (The Spectator Bird, 1976, extr.)

La représentation la plus exacte que je connaisse de la vie est proposée par Bede le Vénérable : c’est cet oiseau qui entre dans le hall éclairé, y volette quelques instants, puis ressort dans la nuit. Mais Ruth [l’épouse du narrateur] ​est dans le vrai. Ce n’est pas rien -et cela peut être tout- que de s’être trouvé un compagnon oiseau avec qui se reposer sous les combles pendant qu’au dessous libations, rodomontades, déclamations et échauffourées vont bon train ; un congénère dont on prenne soin, auquel on aille chercher des graines et des vermisseaux ; un congénère qui soignera vos bobos, lissera vos plumes ébouriffées et pleurera sur vos plaies et vos bosses quand vous volerez par accident dans quelque chose qui vous dépasse.

[…] Il y a en nous une part de sensibilité qui ne prend pas une ride. Si nous pouvions desquamer la peau de sa corne protectrice, et que nous en ayons le désir, apparaîtrait alors un être sur lequel le temps n’a fait que glisser, lisse comme au premier jour, vulnérable, tantôt chagrin, tantôt folâtre, et insoucieux des conséquences-tout un jeu d’émotions aussi incontrôlables que les érections de l’adolescence.
C’est cette créature toute d’émotivité que Ruth essaie sans trop y croire de mettre à nu chez moi. M’amener à reconnaître des aspirations et des peurs, quand bien même elle s’en trouverait menacée, l’autoriserait à me pardonner et à avoir pitié de moi; or, comme elle a du mal à me faire recevoir sans broncher ses marques d’affection, pardon et pitié ne sont pas de peu d’importance.
Si elle parvient à réussir cette modeste tâche, après avoir été incapable au bout de tant d’années de me façonner à son idée, elle pourra se consacrer généreusement à ma personne sans craindre d’être en train de déverser du sable dans un trou à rat.
M’amener à lui déballer tout ce qui est enfui lui permettrait d’avoir barre sur moi aussi sûrement que si elle avait amassé mes rognures d’ongles et autres boucles de cheveux.
Suis-je injuste ? Assurément. Tout en me protégeant contre les circonstances, ou contre moi-même, je feins de me garder d’elle.

Citez-en d’autres :

RONSARD : textes

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Pierre de RONSARD (1524-1585)

Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie
Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie!
Hé! Bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle!
Bonjour ma douce rebelle.

Hé, faudra-t-il que quelqu’un me reproche,
Que j’ai vers toi le cœur plus dur que roche,
De t’avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi,
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.

[mis en musique par Roland de Lassus en 1564]

Citez-en d’autres :

Talking Sex Robots With Warm Genitals Will Be on Sale Next Year

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They’ll cost about $15,000 and, presumably, a little bit of your dignity.
A trip to Westworld costs $40,000 a day, but by next year, you’ll be able to simulate at least part of the experience for less than half that price, because a new line of upsettingly realistic sex robots is going to hit the market. They might not have cowboy hats by default, but they do have warm genitals. Writing in The Daily Mail, robotics expert David Levy predicted that sex robots with the ability to talk and respond to touch will be commercially available in 2017.​..

Lire l’article (en anglais) de James GREBEY sur INVERSE.COM (31 octobre 2016)

Plus de presse…

Embrasser Fanny, un rituel singulier

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Ceux qui «jouent aux boules» le savent : lorsqu’une partie de pétanque est perdue sur le score infamant de 13 à 0, les vaincus doivent embrasser le postérieur d’une dame nue appelée Fanny. Farce ou messe ?​

Lire l’article d’Agnès GIARD sur LIBERATION.FR | Les 400 culs (31 octobre 2016)

Abdennour Bidar : “La fraternité, c’est un dénominateur commun à tous les humanismes”

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Abdennour Bidar (2016)

Il faut opposer la fraternité au capitalisme sauvage et aux replis identitaires. C’est ce qu’affirme le philosophe Abdennour Bidar, président de Fraternité générale. ​Le philosophe Abdennour Bidar est le président de Fraternité générale. Un mouvement qui entend mobiliser les Français autour de cette valeur universelle, du 2 au 10 novembre, partout dans le pays. Loin de fournir des recettes clés en main, Fraternité générale encourage les initiatives populaires : expositions, concerts, débats, journées sportives… Le philosophe revient ici sur la nécessité de construire la fraternité.​..

Lire l’artice de Xavier THOMANN sur TELERAMA.FR (31 octobre 2016)

Pourquoi les fausses sciences gouvernent le monde (et pourquoi il faut mettre un terme à ce règne)

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“La saison de remise des Prix Nobel est l’occasion de parler positivement des sciences dans les médias. Malheureusement, le reste de l’année les fausses sciences tiennent le haut du pavé. Comme la plupart de mes collègues chercheurs, depuis quelques années, j’observe la dégradation du niveau de l’information scientifique, ouvrant ainsi grand le marché de l’information aux «prêcheurs d’apocalypse». En tant qu’expert des biotechnologies végétales, j’ai reçu –bien malgré moi– un entraînement poussé dans la capacité de débusquer la science de mauvaise qualité et les visions biaisées par l’idéologie. Depuis que la première cargaison de soja génétiquement modifié a été livrée sur le continent européen en 1996, les scientifiques n’ont pas cessé d’être sous le feu de ce trinôme inséparable: les activistes voulant en découdre avec la société industrielle, les médias friands de peurs et la face la plus sombre d’internet. Les recettes de la désinformation rodées sur les OGM sont aujourd’hui déclinées dans d’autres domaines technologiques. Il devient presque impossible pour un citoyen ordinaire (j’en suis un dans bien des domaines scientifiques) de distinguer le vrai du faux.”

Lire la suite de la tribune de Marcel KUNTZ sur SLATE.FR (30 octobre 2016)

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16 octobre 2016 : Discours de Paul MAGNETTE contre le CETA

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Le Parlement de Wallonie a posé son veto à la signature de l’accord commercial entre l’UE et le Canada. Le processus s’en trouve bloqué“, titre Libération, le 14 octobre 2016. C’est ensuite avec le discours reproduit ci-contre que le Ministre-Président wallon, Paul MAGNETTE (photo), a expliqué la prise de position de sa région contre la signature du CETA par les instances européennes.

Monsieur le Président, chers collègues,

C’est pour notre Parlement et la Wallonie, un moment extrêmement important.

Ce dont nous parlons, ici, ce n’est pas seulement d’un traité commercial entre l’Union européenne et le Canada. Ce dont nous parlons, ici, c’est de toute la philosophie des échanges commerciaux tels qu’ils se construiront pour les 10, 15, 20 ou peut-être 30 prochaines années.
Cela tombe sur le traité CETA mais la discussion que nous avons, au-delà de toute l’amitié qui nous lie aux Canadiens, est dans le fond une discussion de principe, est une discussion évidemment politique et même, à certains égards, une discussion philosophique. Sur le sens même de ce qu’est le commerce et sur la manière dont il faut le mener. C’est pour cela qu’il y a dans ce débat tant de gravité.
Je commencerai comme vous, Monsieur Jeholet, par vraiment me réjouir du fond du cœur de la qualité des débats que nous avons eus dans ce Parlement sur ces sujets et qui font que ces débats qu’aujourd’hui, nous pouvons très sereinement assumer notre opposition à l’égard de l’ensemble de nos partenaires qu’ils soient européens ou canadiens.
Il y a très peu d’autres parlements qui ont mené un débat aussi riche que le nôtre. Il y a eu un débat très fort aussi au Parlement néerlandais. Je me suis entretenu hier soir encore avec la ministre néerlandaise du Commerce extérieur qui m’a confié qu’un certain nombre de difficultés que nous rencontrons, elle les rencontre également dans son propre Parlement.
Il y a eu un débat également à la Chambre basse du Parlement autrichien qui a lui aussi été très approfondi. Là aussi, le Chancelier autrichien avec qui je me suis entretenu, à plusieurs reprises, m’a dit la même chose: «Plus on débat, plus on analyse, plus effectivement les parlementaires se posent des questions».
S’il y a un débat, ici, en Wallonie, et s’il y a des réticences, ici, en Wallonie, ce n’est pas parce que nous sommes plus bornés que les autres, ce n’est pas parce que nous prendrions plaisir à être le «petit village gaulois», ce n’est pas parce que nous rêvons d’autarcie. C’est tout simplement parce que dans cette Région, il y a deux particularités que l’on rencontre assez peu, ailleurs en Europe. La première particularité, c’est que la Wallonie a toujours été une terre de grande vitalité démocratique. Nous avons des organisations syndicales, des mutualités, des associations, dans tous les secteurs, extrêmement actives, dynamiques, vigilantes, mobilisées qui ont étudié ce texte avec beaucoup de sérieux, qui ont consulté les meilleurs experts, qui ont remis des avis et qui ont alimenté nos propres travaux. Cette vitalité démocratique de notre propre population, nous ne pouvons pas en faire fi; nous ne pouvons pas le balayer du revers de la main sous prétexte que nous risquons d’être isolés. Être isolés de sa propre population, être isolés de ses propres citoyens, à une époque, au début du XXIe siècle, où la démocratie est déjà tellement profondément en crise, ce serait au moins aussi grave que d’être diplomatiquement isolés. Nous devons faire en sorte que ces liens très forts que nous avons soient préservés. C’est un premier élément du débat.
Deuxièmement, nous sommes — cela nous a été rappelé, ici, par M. le Professeur Koen Lenaerts, par ailleurs Président de la Cour de justice de l’Union européenne — l’une des très rares régions en Europe qui a constitutionnellement le même privilège, en termes de droit international, que les parlements nationaux. Nous avons, le Gouvernement wallon a le pouvoir de signer et donc aussi de ne pas signer un traité et votre Parlement a le pouvoir de ratifier et donc aussi celui de ne pas ratifier un traité.
Ceci donne évidemment une très grande gravité à nos débats. Si nous n’avions pas ce privilège, nous n’aurions pas le panel de caméras, venues des quatre coins de l’Europe. Pas grand monde ne se soucierait de l’avis de la Wallonie, si l’avis de la Wallonie n’était pas décisif.
Nous avons donc, de ce point de vue-là, une responsabilité politique majeure. Tout l’art de la politique, c’est de savoir utiliser ces responsabilités. Dire, comme Mme Defrang-Firket: «Nous avons un pouvoir formidable, nous avons une société civile qui s’est mobilisée, c’est très bien. Mais enfin bon, à quoi bon, laissons tomber, signez, ratifiez et puis allons de l’avant et ignorons tout le travail que nous avons fait», ce se serait remettre en cause nos propres compétences constitutionnelles et notre propre vitalité démocratique. À quoi sert alors un parlement, s’il faut de toute façon signer, s’il faut de toute façon ratifier?
À l’inverse, dire: «Mettons tout cela à la poubelle, cela ne sert à rien de discuter», ce serait non seulement confirmer un isolement complet mais ce serait aussi ne pas utiliser pleinement le pouvoir qui est le nôtre.
Bien sûr, nous utilisons pleinement ce pouvoir mais nous l’utilisons pour obtenir quelque chose, pas juste pour crier non, pas juste pour dire que nous ne sommes pas d’accord. Pas d’accord, pas d’accord, pas d’accord! Quand on a dit qu’on n’était pas d’accord, il faut ensuite dire ce que l’on veut et il faut utiliser le rapport de force que l’on a construit pour obtenir des concessions qui vont dans le sens de ce que sont nos inspirations et de ce que sont les aspirations de notre population. C’est cela la politique et c’est cela que nous sommes en train de faire. C’est difficile mais malgré tout, il faut aller au bout de cet exercice.
Bien sûr, nous ne sommes pas contre le commerce. Bien sûr, nous ne sommes pas contre le Canada. Si l’on pouvait déjà s’épargner ces caricatures, si l’on pouvait s’épargner ces simplismes, l’on gagnerait non seulement beaucoup de temps mais on gagnerait aussi beaucoup de la qualité des relations avec nos partenaires européens, avec nos partenaires canadiens.
Bien sûr que les Canadiens sont nos amis. Bien sûr que nous regrettons finalement que cette discussion — je l’ai dit — qui est une discussion de principe qui tombe sur ce traité avec le Canada, lequel est certainement l’un des pays les plus proches de nous au monde, qui tombe sur ce traité qui est certainement l’un des plus avancés aujourd’hui au monde. Ce n’est pas parce que nos amis sont nos amis et ce n’est pas parce que ce traité est moins mauvais que d’autres que nous devrions renoncer à exercer notre responsabilité et notre devoir de vigilance démocratique.
Nous sommes un partenaire commercial important du Canada. L’année dernière, nous avions d’ailleurs un excédent commercial de 115 millions vis-à-vis du Canada. C’est la preuve que l’on commerce très bien avec le Canada et que, même sans le CETA, nous ne sommes pas en train de nous refermer sur nous-mêmes, de nous «racrapoter», comme certains le disent et le prétendent.
Je reviens du Japon. J’ai passé trois jours à défendre nos entreprises présentes sur place pour les aider à exporter davantage, à essayer d’attirer chez nous des investisseurs étrangers. Je n’ai pas deux discours. Je suis convaincu que la Wallonie doit être une Wallonie ouverte. Je suis convaincu que la Wallonie doit exporter et qu’elle doit attirer des investissements étrangers. Je sais que, pour ce faire, nous avons besoin d’instruments juridiques.
À nouveau, cela ne veut pas dire que l’on doit tout accepter, que l’on doit se priver du pouvoir que nous avons d’avoir un véritable examen critique.
Sachons faire la part des choses. Nous ne sommes pas contre le commerce. Nous ne sommes pas contre le Canada. Je dirais d’ailleurs que c’est justement, Madame Defrang-Firket, parce que les Canadiens sont nos amis que nous pouvons nous permettre de leur dire que nous ne sommes pas d’accord avec un certain nombre de choses.
Je n’aime pas quand la discussion, tout d’un coup, commence à glisser vers la menace, comme on a pu l’entendre ces derniers jours: «Attention, il y aura des conséquences. Attention, il y aura des rétorsions» et cetera. Je n’aime pas cela du tout. Je trouve que ce n’est pas digne d’un débat démocratique. Je n’aime pas non plus quand cela commence à glisser tout doucement vers des choses qui s’apparentent à de l’injure. J’espère que, justement parce que nous sommes des amis, nous pouvons éviter entre nous les menaces et les propos plus ou moins injurieux; que nous pouvons nous dire les choses franchement, en toute sincérité, en toute compréhension réciproque.
Quand on a un ami qui a des difficultés, on l’écoute et on essaie de comprendre ses difficultés. On essaie de voir avec lui comment on peut les surmonter ensemble. Cela vaut autant dans les relations diplomatiques bilatérales que dans la vie de tous les jours. C’est le message que nous voulons faire passer.
Nos difficultés sont bien connues.
Elles sont d’abord sur la forme.
Je vous rejoins, Madame Ryckmans et Monsieur Hazée, là-dessus assez largement. Vous avez été applaudis d’ailleurs sur les bancs de la majorité à certains moments. Il y a un vrai problème avec la manière dont on négocie ces traités commerciaux. Ceux qui, aujourd’hui, ne le comprennent pas, sont en train de préparer une crise du commerce bilatéral exactement équivalente à celle que nous avons connue il y a 15 ans avec la crise du commerce bilatéral.
En 2001, souvenez-vous, l’OMC nous a dit: «On ouvre le site de Doha, un nouveau grand cycle de libéralisation multilatérale.» Formidable, ouvert, on fait de grandes négociations secrètes, mais on prépare une petite salle dans le coin où les ONG peuvent faire semblant d’être tenues informées et, de temps en temps, on vient leur faire coucou en leur demandant si cela va, si elles veulent encore un peu d’eau, encore un peu de café, mais sans rien leur donner comme véritable élément d’information et sans débat. Cela ne marche pas et cela ne marchera plus jamais. Les rounds de Doha sont enlisés depuis 15 ans.
C’est pour cela que nous faisons aujourd’hui des discussions bilatérales. C’est justement parce que le multilatéral ne fonctionne plus que l’Europe essaie de renouer des relations avec les partenaires les plus proches, avec le Canada, avec le Japon, demain avec les États-Unis et de le faire sur d’autres bases, de le faire en incluant dans ses relations des normes, des règles sociales, environnementales, de respect des droits de l’homme, de respect de l’exception culturelle qui sont plus fortes et beaucoup plus solides que celles que l’on peut trouver dans les traités de libéralisation multilatéraux. C’est pour cela que nous devons, si nous sommes progressistes et si nous sommes ouverts au monde, si nous voulons, nous, Européens, continuer de jouer un rôle sur la scène mondiale, nous devons défendre l’idée de traités bilatéraux qui fixent des normes et des standards élevés.
Moi, je ne suis pas, Monsieur Gillot, pour dire: «On met le traité à la poubelle». Cela veut dire que l’on met le traité à la poubelle et puis quoi? Rien. Puis, on aura exactement ce que l’on a encore aujourd’hui: des multinationales avec parfois des chiffres d’affaires supérieurs au PIB de certains États membres qui pensent qu’elles peuvent fixer la loi, des multinationales qui recourent à des juridictions privées ou à la menace du désinvestissement, à la menace de retrait, à la menace de rétorsion. C’est cela, le monde réel d’aujourd’hui.
C’est ce que nous voulons éviter, ce dont nous voulons sortir, précisément en édictant des règles socio-économiques et environnementales à l’échelle mondiale, qui transposent dans les relations entre les États ce que nous sommes parvenus à construire dans le chef de nos États décennie après décennie au nom de longs combats sociaux. Les droits sociaux ne sont pas venus comme cela en une fois. Les normes environnementales ne sont pas venues comme cela en une fois. Elles sont le résultat d’une longue mobilisation de la société, qui s’est traduite à un moment donné par une législation.
Il en va exactement de même à l’échelle internationale.
Si nous voulons, demain, qu’il y ait de vraies normes sociales, si nous voulons que les conventions de l’OIT soient applicables, respectées, contraignantes, si nous voulons qu’il y ait de vraies règles en matière des droits de l’homme, du développement durable, il faut faire un travail de négociation pour obtenir un premier traité qui fixe les standards si hauts que cela deviendra la norme européenne. C’est l’enjeu fondamental du CETA.
C’est pour cela que nous devons dire «non» pour négocier. Non pas «non» pour tout saborder et donner un coup de pied dans la fourmilière, mais «non» pour créer un rapport de force qui nous permette d’obtenir plus de normes sociales, plus de normes environnementales, plus de clauses de respect des services publics et qui nous permette, demain, de dire: «Voilà le standard européen». Quand l’Union européenne ouvrira une négociation avec le Japon, avec les États-Unis ou avec n’importe qui d’autre, c’est à partir de ce standard-là que l’on discutera. C’est cela l’enjeu fondamental et c’est pour cela qu’aujourd’hui, ces débats sont aussi forts.
Une telle négociation, on ne peut évidemment pas la mener selon les méthodes habituelles. On ne peut pas faire du nouveau avec les méthodes à l’ancienne. «Un mode de pensée qui a produit les problèmes d’aujourd’hui ne peut pas produire les solutions de demain», disait en substance Albert Einstein. C’est toute la manière de faire des négociations commerciales qui doit changer.
Dans le traité « Vers la paix perpétuelle », Emmanuel Kant disait: «Toutes les actions relatives au droit d’autrui, dont la maxime n’est pas susceptible de publicité, sont injustes». C’est devenu un principe fondamental du droit international. En d’autres termes, tout ce que l’on n’a pas à cacher, on ne doit pas le cacher.
Si l’on n’a rien à cacher dans ces accords commerciaux, si vraiment le CETA est bon pour les petites et moyennes entreprises, si le CETA est bon pour les agriculteurs, si le CETA est bon pour les services publics, si le CETA est bon pour la croissance, alors pourquoi faut-il le négocier en secret ? Pourquoi n’a-t-on pas la confiance de le faire devant les citoyens ? Il y a là une contradiction fondamentale dans la méthode. Elle s’est appliquée depuis le début.
Madame Defrang-Firket, ce n’est pas que nous nous soyons réveillés après 10 ans. Un mandat d’une vingtaine de pages a été donné en 2009. Il fixe les balises et le cadre. Entre 2009 et 2015, la Commission négocie au nom de l’Union européenne, c’est son rôle, mais ne rend pratiquement aucun compte, ne donne pratiquement aucune information sur ce que sont ces négociations en cours. Puis, on arrive en 2015 en disant: «Bonjour, voilà, c’est fini». Les 20 pages sont devenues 1.600 pages et maintenant on vous demande de dire amen. Non, c’est précisément ce qui ne marche pas. C’est précisément parce que nous ne pouvons plus accepter cette manière de faire de la négociation commerciale que nous avons, dès septembre 2015, dès que les textes nous ont été connus, tiré la sonnette d’alarme.
Je ne vais pas vous refaire l’interminable liste des contacts que nous avons eus depuis plus d’un an, mais je voudrais rappeler quand même que c’est le 18 septembre 2015 que j’ai indiqué à la ministre québécoise des Relations internationales ces difficultés que nous avions avec le CETA. C’est quelques jours plus tard, le 2 octobre 2015, il y a plus d’un an, que je me suis rendu au bureau de Mme Malmström, la commissaire en charge du Commerce, au Berlaymont, pour lui expliquer très clairement les difficultés que nous avions avec ce traité. Tout au long de l’année, nous n’avons pas cessé d’avoir des contacts avec nos partenaires européens, avec la Commission, avec le Canada, mais tout cela n’a pratiquement rien donné.
La première réunion de coordination intrabelge a eu lieu le 6 juillet 2016. Entre octobre et juillet, pendant 10 mois, il ne s’est rien passé. Tout à coup, en juillet 2016, on a commencé à se dire: «Tiens, ces Wallons ont l’air déterminés. Ces Wallons ont l’air de savoir ce qu’ils veulent et ils ont l’air de vouloir aller au bout. Il va donc falloir commencer à discuter avec eux».
Quelques jours plus tard, j’appelais le Premier ministre québécois, M. Couillard, en lui disant: «Je comprends que ce soit difficile de tout renégocier, mais comprenez que nous avons, dans une résolution, énoncé quelques balises fondamentales et nous voudrions pouvoir rediscuter sur ces balises dans un instrument juridique à définir. Cela peut être un protocole, cela peut être une convention additionnelle, cela peut être une déclaration interprétative, du moment que c’est juridiquement contraignant». À ce moment-là, on m’a dit: «Pourquoi pas, cela pourrait être une bonne idée», mais rien n’a suivi.
J’ai répété ceci fin septembre à l’envoyé spécial de M. Trudeau, M. Pettigrew, et aux ambassadeurs, mais il a fallu attendre le 4 octobre pour que l’on donne oralement les premiers éléments de ce qu’était la table des matières d’une éventuelle déclaration interprétative, en nous disant: «S’il vous plaît, nous sommes déjà en retard, essayez d’être d’accord pour le 11 octobre, en tout cas, au grand plus tard pour le 18 octobre qui est la réunion du COREPER». Que nous est-il arrivé — qui nous a été présenté oralement — seulement le 6 ou le 7 octobre en soirée, dans une version partielle et dont nous recevons encore chaque jour des petits compléments.
Tous les jours, je reçois un petit bout de déclaration interprétative en plus, avec un peu l’idée: «Allez, ce n’est pas assez, tiens, en voilà encore un petit morceau, un petit morceau, vous finirez bien par dire oui».
Mais cela ne va pas. Sur la méthode, cela ne va pas. Je le répète et je l’ai redit. Je l’ai redit hier au président Hollande, je l’ai dit hier soir au président de la Commission, Jean-Claude Juncker; je l’ai dit à tous ceux qui ont eu la gentillesse et la courtoisie de m’appeler pour me poser la question de la situation de la Wallonie. Nous voulons bien discuter, mais nous voulons nous mettre autour d’une table, en toute transparence, dans le respect des règles démocratiques.
Nous voulons pouvoir dire: «Nous, Wallons, voici les balises que nous voulons absolument retrouver dans un traité» et c’est seulement à l’issue d’une telle négociation, et si les partenaires européens et canadiens rencontrent l’essentiel de nos préoccupations, que nous pourrons vous dire: «Oui, c’est un traité qui fixe des standards très élevés et il mérite d’être défendu».
Mais à l’heure qu’il est, je n’ai toujours pas de réponse. J’ai appelé, ce matin encore, le ministre fédéral des Affaires étrangères, Didier Reynders, pour lui expliquer cette piste. J’ai senti un intérêt. J’espère que nous pourrons avancer dans cette direction; c’est fondamentalement ma volonté. Mais il faut, pour cela, qu’il y ait une vraie volonté de changer la méthode et de démontrer, en bout de course au moins — mieux vaut tard que jamais — que face à des régions qui ont des difficultés, et nous sommes moins isolés qu’on le pense. Bien sûr, personne n’ose sortir le premier, c’est toujours le même jeu, on se dit que celui qui sortira le premier sera celui qui se fera blâmer, c’est lui qui aura les mesures de rétorsion, c’est lui qui sera mis sous pression. Beaucoup attendent en se disant: «Tiens, les Wallons vont-ils sortir les premiers, ce qui me permettra de ne pas devoir sortir puisque tout le processus sera paralysé»; petit jeu tout à fait classique.
Je peux vous dire que, des très nombreux entretiens bilatéraux que j’ai eus, que des réticences il y en a dans au moins quatre ou cinq États membres et que la Commission européenne en est parfaitement consciente!
Il n’y a que dans un jeu politique belgo-belge que l’on essaie de faire croire qu’il n’y a que la Wallonie qui a des réticences avec ce traité, à ce stade.
Si la situation est celle-là, mettons-nous à table, clairement, en toute transparence discutons; voyons si nos demandes, légitimes, peuvent être rencontrées.
Les demandes que vous avez formulées, dans vos résolutions  je ne me cache pas devant le Parlement – demander au Parlement de faire un travail d’analyse, d’auditionner, de recevoir, de se prononcer, de fixer des balises dans une résolution, c’est un élément de vitalité démocratique plutôt que de se cacher. Je n’ai pas besoin du prétexte du Parlement. Je veux pouvoir démontrer que je m’appuie sur une majorité parlementaire très large et qui dépasse le cadre de la majorité.
Quand on dit: «Nous avons des difficultés avec l’ICS, le fameux mécanisme d’arbitrage tel qu’il est toujours là», on est loin d’être les seuls. Lisez l’arrêt de la cour constitutionnelle allemande d’hier soir qui dit: «Oui, l’Allemagne peut signer, mais pas ce mécanisme d’arbitrage et quoi qu’il arrive, il ne pourra pas entrer en vigueur, même pas de manière provisoire». La cour constitutionnelle allemande est quand même une institution qui pèse en Europe. Si elle le dit, c’est que ce ne sont pas seulement nous, les petits Wallons, qui avons un problème avec ce mécanisme. Elle retient exactement les mêmes critiques d’un risque de privatisation rampante de la justice que nous avons émises, que vous avez émises dans vos résolutions.
Quand nous disons: «La déclaration interprétative est pleine de bonnes intentions», c’est vrai. Les messages politiques qui sont exprimés sont des messages qui rencontrent nos aspirations, sur les droits de l’homme, sur l’exception culturelle, sur la protection des normes environnementales, sur le conventions de l’OIT, sur le droit du travail, sur la capacité de réguler, sur le principe de précaution, et autres, puisqu’il en arrive des nouvelles pages tous les jours. Tous ces éléments vont dans le bon sens, qui rencontrent ce qu’ont été nos aspirations.
Mais telle, qu’elle est formulée aujourd’hui, cette déclaration interprétative n’est pas suffisante; elle ne nous donne pas suffisamment de garanties.
Je ne vais pas entrer ici dans un débat de juristes, les expertises que nous avons demandées à différents cabinets d’avocats et différents universitaires nous disent qu’une déclaration interprétative peut, quand elle est écrite d’une certaine manière, avoir une force juridique totalement contraignante si elle est acceptée par les deux parties, opposable aux tiers, reconnue comme étant opposable aux tiers et si elle est libellée de manière très précise elle a exactement la même valeur que le traité lui-même.
Si l’on dit dans la déclaration interprétative, à l’article 30, alinéa 5: «Il faut comprendre tel mot comme ayant tel sens», cela a tout à fait la même valeur juridique qu’un amendement. C’est, de fait, un amendement au traité.
La question n’est pas «Faut-il une déclaration interprétative ou un autre instrument juridique?». La question c’est «Comment libelle-t-on ces observations?». C’est ce que j’ai dit aussi à tous ceux qui m’ont appelé. Si vous acceptez que nous rouvrions la discussion, nous demanderons que l’on relibelle, que l’on reformule un certain nombre de remarques qui sont dans la déclaration interprétative, que l’on en apporte quelques autres complémentaires.
Je suis convaincu que beaucoup d’autres États européens, pour avoir eu de nombreux contacts, nous soutiendront parce qu’eux aussi, aspirent à avoir des clauses beaucoup plus précises en matière de protection des services publics, de protection des droits du travail.
C’est ce message-là que nous devons faire passer. Politiquement, ce n’est pas facile, évidemment que ce n’est pas facile. On prend des risques, quoi que l’on fasse. On prend le risque soit de s’isoler de sa population. Si l’on veut se dire «Ne nous prenons pas pour plus importants que nous sommes, acceptons le traité tel quel, ce n’est déjà pas si mal. Tant pis pour les quelques petites imperfections». Je crois que l’on ne fera que renforcer la défiance déjà très profonde dans le personnel politique et on ne fera que renforcer la défiance encore plus profonde à l’égard des négociations internationales et du commerce.
On peut se dire, à l’inverse: «Disons non, un point c’est tout, puis allons faire un feu d’artifice, en se réjouissant d’avoir fait échouer le bateau CETA. Et quoi demain? Demain tant pis». Cela ne me paraît pas non plus être une position de responsabilité politique.
Par contre, on peut dire non mais expliquer pourquoi on dit non et expliquer à quelles conditions nous accepterions de négocier à nouveau. Cela a toujours été notre position et cela reste notre position.
Ce que je dirai, à l’ensemble de ceux qui me poseront la question, ce que j’ai dit et que je confirmerai au ministre fédéral des Affaires étrangères tout à l’heure, c’est ceci: aujourd’hui, le Parlement wallon a réexaminé la déclaration interprétative. De nouveaux documents arrivent aujourd’hui, arriveront encore sans doute demain, peut-être lundi. Nous continuerons de les examiner, parce que c’est ce sérieux, c’est cette rigueur dans l’analyse qui nous donnent de la crédibilité dans notre démarche. Toutefois, aujourd’hui, à l’analyse, ceci ne donne pas de garanties suffisantes.
Comme je m’y étais engagé formellement devant vous, je ne donnerai pas les pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral et la Belgique ne signera pas le CETA le 18 octobre.
Je ne prends pas ceci comme un enterrement, je ne prends pas ceci comme un veto sans condition, je prends ceci comme une demande de rouvrir des négociations pour que de légitimes attentes d’une société civile organisée, transparente, qui ont été exprimées avec force, puissent être entendues par les dirigeants européens et pour que nous puissions ensemble contribuer, non seulement à notre prospérité mais aussi à reconstruire la confiance politique entre les citoyens et leurs élus.

Texte intégral du discours prononcé devant le parlement wallon,
par Paul MAGNETTE, Ministre-Président wallon, le 14 octobre 2016

ARAGON : textes

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Elsa TRIOLET et Louis ARAGON
Les mains d’Elsa

(in Le fou d’Elsa, 1963)

Donne moi tes mains pour l’inquiétude
Donne moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d’émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi ce profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras tu jamais ce que les doigts pensent
D’une proie entre eux un instant tenue
Sauras tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d’inconnu
Donne moi tes mains que mon coeur s’y forme
S’y taise le monde un moment
Donne moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement

Les yeux fermés

(in Le fou d’Elsa, 1963, extrait)

Ne ferme pas les yeux Je suis
De ce côté de tes paupières
Je ne puis entrer dans la nuit
Où vont tes regards sans lumière
A quoi souris-tu devant moi
Quelle ombre en toi marche et te touche
Ah j’ai peur de ce que tu vois
Et d’ailleurs que tourne ta bouche
[…]

Citez-en d’autres :

PROUST : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Proust, Marcel (1871-1922)

Du côté de Guermantes (1920-21)

Nou​s disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance. On tient à sa promenade pour avoir dans un mois le total de bon air nécessaire, on a hésité sur le choix d’un manteau à emporter, du cocher à appeler, on est en fiacre, la journée est tout entière devant vous, courte, parce qu’on veut être rentré à temps pour recevoir une amie; on voudrait qu’il fît aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu d’une impénétrable obscurité, a choisi précisément ce jour-là pour entrer en scène, dans quelques minutes…

Citez-en d’autres :

Un toit pour mon vélo

Temps de lecture : < 1 minute >

La peur de se faire voler sa bicyclette et les tracas d’un vélo abîmé par les intempéries : c’est décourageant pour de nombreux cyclistes. Quel dommage ! Obtenir du stationnement longue durée : c’est le sens de la campagne du GRACQ “Un toit pour mon vélo”. À partir du 1er octobre 2016, les groupes locaux du GRACQ, les membres, les sympathisants et n’importe quels cyclistes qui le souhaitent, peuvent interpeller leur commune ou leur employeur pour leur signifier leur besoin de stationnement de longue durée.

Protéger son vélo…

VAN DAMME : textes

Temps de lecture : 2 minutes >
V​AN DAMME, Jean-Claude (né en ​​1960 à Berchem-Sainte-Agathe)

Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien.

T’as pas besoin d’un flash quand tu photographies un lapin qui a déjà les yeux rouges.

Dans les magasins de lingerie, on ne voit pas de calendriers avec des photos de garage.

Selon les statistiques, il y a une personne sur cinq qui est déséquilibrée. S’il y a 4 personnes autour de toi et qu’elles te semblent normales, c’est pas bon.

Moi, Adam et Eve, j’y crois plus, tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme, ça peut pas être mauvais, c’est plein de pectine…

Si t’es perdu dans la forêt et que tu restes immobile pendant deux ans, il va pousser de la mousse sur un côté de tes jambes. C’est le Nord.

L’air est fait d’oxygène CO2.

Si tu tues un tueur, le nombre de tueurs dans le monde reste identique.

Quand t’es con, tu sais pas que t’es con puisque t’es con… alors que quand t’es pas con, tu sais que parfois t’es con.

Si tu téléphones à une voyante et qu’elle ne décroche pas avant que ça sonne, raccroche.

Le chômage existe parce qu’il y a du travail. S’il n’y avait plus de travail, il n’y aurait plus de chômage. Le problème est donc le travail.

Si tu dors et que tu rêves que tu dors, il faut que tu te réveilles deux fois pour te lever.

Je suis fasciné par l’air. Si on enlevait l’air du ciel, tous les oiseaux tomberaient par terre… Et les avions aussi… En même temps, l’air tu peux pas le toucher… ça existe et ça existe pas… Ça nourrit l’homme sans qu’il ait faim… It’s magic… L’air c’est beau, en même temps tu peux pas le voir, c’est doux et tu peux pas le toucher… L’air, c’est un peu comme mon cerveau…

Si tu as peur du noir mais que tu te sens mieux en fermant les yeux, c’est que tu as peur du jour.

La lumière crée de l’ombre et l’ombre est la conséquence de la lumière, mais, si la lumière disparaît, c’est l’ombre qui brille.

Si tu invites des gens qui ont tous le même groupe sanguin à une fête, mais que tu le leur dis pas, ils vont parler d’autre chose.

© Clémentine Mélois

Jean-Claude van Damme a également eu les honneurs de Clémentine Mélois, l’artiste française qui a “épilé l’Origine du monde” : une consécration…


S’amuser encore en Wallonie-Bruxelles…

MAQUET Albert (1922-2009)

Temps de lecture : 2 minutes >

Né en 1922 à Liège. Professeur à l’Université de Liège où il est titulaire de la chaire d’italien. Auteur d’études relatives aux lettres italiennes et françaises (notamment d’un essai sur Albert Camus) et d’articles de critique littéraire dialectale.

Œuvres wallonnes – Poésie
      • Saminne, Liège, L’Horizon nouveau, 1941, 16 p.
      • Djeû d’apèles [Jeu d’appeaux], Liège, L’Horizon nouveau, 1947, 112 p. (avec traduction).
      • A l’ toumêye dès djoûs [Au hasard des jours], dans le collectif Poèmes wallons 1948, Liège, L. Gothier et fils, 1948, pp. 51-53 (avec traduction).
      • Lûre èl sipèheûr [Luire dans le noir] en édition bilingue avec Henri Espieux.
      • Lutz dins l’escur, poèmes provençaux et wallons avec traduction française et un avant-propos de René Nelli, Paris, Pierre Seghers, 1954., 40 p.
      • Come ine blanke arièsse [Comme une arête blanche], Namur, Les Cahiers wallons, 1975, 24 p. (ec traduction).
Œuvres wallonnes – Théâtre
      • L’êrdiè sins solo [L’arc-en-ciel sans soleil], 1 acte (collab. E. Petithan), 1952.
      • Li tèlèfone, 2 tableaux, 1977.

d’après PIRON M., Anthologie de la littérature wallonne (1979)


Lu
(in Djeû d’apèles. Jeux d’appeaux. Poèmes en wallon liégeois avec traduction  française en regard, Ougrée, chez l’auteur, 1947)

​​I m’a trové l’ôte djoû tot seû avou mès ponnes.
I m’a loukî doûcemint èt s’a-st-achou d’lé mi.
Adon n’s-avans foumî tote nosse toûbac’ èssone,
mins nins pus’ onk qui l’ôte nos n’avans måy moti.​​

Poqwè, vî camaråde, èstez-v’ dèdja èvôye ?
Èt mi, poqwè fåt-i qu’ dji v’s-åye lèyî ‘nn’aler ?
Asteûre qui vo-v-rila co ‘ne fèye so tchamp so vôye,
dji n’sé nin çou qui m’ dit qui dj’ vin dè piède mi fré.​

MAQUET A., Djeû d’Apèles

Citez-en d’autres :

REVERDY : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
REVERDY, Pierre
REVERDY, Pierre (1889-1960)​​

Tard dans la vie (​1960, paru dans La liberté des mers)​​

Je suis dur
Je suis tendre
Et j’ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j’ai passé
J’ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d’où ma vie s’égoutte au moindre mouvement


Citez-en d’autres :

Ga Bu Zo Meu : les Shadoks expliqués à ceux qui sont nés après 1990

Temps de lecture : 2 minutes >

“Ovni télévisuel, « Les Shadoks » ont passionné la France dès la fin des années 1960. Retour sur un phénomène : […]

La naissance des Shadoks

Les aventures des Shadoks, créatures imaginées par Jacques Rouxel, font irruption à la télévision française en avril 1968, avec leur graphisme simple et une voix off pleine d’emphase : celle du comédien Claude Piéplu. Elles ont donné lieu à deux cent huit épisodes et quatre saisons (trois de 1968 à 1973, puis une dernière en janvier 2000). Chaque épisode, de deux minutes trente, narre les péripéties fantaisistes de deux groupes antagonistes : les Shadoks et les Gibis.

Qui sont les Shadoks ?

Volatiles ronds hissés sur de longues pattes, les Shadoks sont bêtes et méchants. Leur langue se compose de quatre mots monosyllabiques (combinables) : Ga, Bu, Zo, Meu, et leur activité principale consiste à construire des machines absurdes. Et à pomper.

Ils habitent une planète aux formes changeantes, tant bien que mal occupée sur le dessus par les Shadoks dont les jambes vont vers le bas, et par le dessous par les Shadoks dont les jambes vont vers le haut. Certains tombent parfois dans le vide intergalactique. Leur objectif est de partir sur la Terre, ce qu’ils tentent de faire sans succès : leurs ailes sont trop petites pour voler, leurs inventions, ratées.

Parmi la population shadok, quatre personnages se détachent : le chef shadok ; le professeur Shadoko (barbu et instruit) ; le devin Plombier (sorte de sorcier chevelu et à cornes, très respecté) ; et le marin shadok (ancien pirate, poète et porté sur la boisson).

La reproduction des Shadoks est complexe. Alors qu’ils pondaient à l’origine des œufs classiques, ils ont dû opter pour des œufs en fer, car les coquilles se brisaient en tombant du haut de leurs longues pattes. Le problème des œufs en fer, c’est d’en perdre la clé. Lorsque c’est le cas, le parent (asexué) attend que l’œuf rouille pour que l’enfant puisse s’en extraire… mais avec un tel délai, les bébés sont déjà vieux à la naissance…”

Lire la suite de l’article d’Emmanuelle JARDONNET sur LEMONDE.FR (18 août 2016)

Plus de Presse ?

Alouette des champs (Alauda arvensis)

Temps de lecture : 2 minutes >
Alouette des champs (Alauda arvensis) • Crédits : J.P. Siblet – INPN

Sous l’apparence somme toute un peu banale de l’alouette, se cache l’un des plus grands mélomanes au monde. Chose que savait parfaitement Shakespeare lui-même puisqu’il fait dire à Roméo que l’alouette, messagère du matin, « frappe de notes si hautes la voûte du ciel, au dessus de nos têtes ».

C’est un petit oiseau au plumage brun qui a priori ne paie pas de mine. 19 cm de hauteur pour 50 grammes. Une petite houppette qui se hérisse sur le sommet du crâne de temps en temps. On le trouve un peu partout à la campagne, en milieu ouvert ou à la lisière des forêts. Mais sous cette apparence somme toute un peu banale, se cache l’un des plus grands mélomanes au monde. Chose que savait parfaitement Shakespeare lui-même puisqu’il fait dire à Roméo que l’alouette, messagère du matin, « frappe de notes si hautes la voûte du ciel, au dessus de nos têtes ».

Pendant la période des amours, le mâle chante en survolant son territoire. Un chant qui sert autant à délimiter un espace, qu’à mettre les autres mâles à distance et à attirer une partenaire femelle. Mais ce qui rend l’alouette des champs exceptionnelle, c’est la richesse de son répertoire, car elle possède plus de 600 notes contrairement par exemple au coucou qui en produit 2 : « coucou ». Ces notes, que les spécialistes des oiseaux vont d’ailleurs appeler syllabes, vont être organisées suivant un ordre bien précis, sous forme de phrases, avec une syntaxe particulière. Phrases qui une fois traduites vont nous donner pleins de précisions sur notre alouette des champs. Écoutons-la…”

Lire la suite de l’article de Céline du CHENE sur FRANCECULTURE.FR (12 juillet 2016)

Plus de vie…

Mitiku Belachew, le seigneur de l’anneau

Temps de lecture : 3 minutes >
(c) Emeline Wuilbercq

Berger jusqu’à 12 ans, cet Ethiopien est devenu un chirurgien de renommée internationale en inventant l’anneau gastrique par cœlioscopie.

Mitiku Belachew se souvient encore de son regard implorant. L’infirmière était obèse et malheureuse : « Aidez-moi à guérir », l’avait-elle supplié il y a quarante ans à l’hôpital civil de Bavière, à Liège. Le chirurgien savait qu’il existait outre-Atlantique une solution chirurgicale pour le traitement de l’obésité morbide. C’était marginal, les complications étaient dangereuses. « Peu importe, lui répond sa patiente. Pour moi, maintenant, c’est une question de vie ou de mort. » Après une bonne préparation, Mitiku Belachew l’opère. Le bouche-à-oreille s’emballe. « A partir de ce moment-là et malgré moi, je suis devenu un spécialiste de la chirurgie de l’obésité », s’amuse-t-il aujourd’hui.

Malgré lui, car jamais Mitiku Belachew n’aurait cru emprunter cette voie. Pour parler de son parcours, l’Ethiopien de 74 ans aime citer Gandhi : « Il y a mille vies dans une vie. » Avant de devenir un chirurgien de renommée internationale, Mitiku Belachew était berger. Né dans une famille de neuf enfants, il prenait soin des vaches, des taureaux et des chèvres dans un village situé à 150 kilomètres d’Addis-Abeba.

« J’y suis allé au culot. J’ai commencé ma vie avec ce qui était disponible », dit-il. C’est-à-dire pas grand-chose : pas de route pour se déplacer, pas d’hôpital pour se soigner, pas d’école pour étudier. Ou plutôt une seule école, « celle de la nature ». La mort inexpliquée d’un frère « grand, beau et fort » le fait changer de trajectoire. Il sera médecin.

A 12 ans, il quitte village et troupeau pour les bancs de l’école de la capitale. Sa mémoire d’éléphant lui permet de sauter plusieurs classes. « J’étais sans le sou, alors j’y suis allé au culot : j’ai demandé à un couple britannique de financer mes études en échange de travaux domestiques », raconte-t-il. L’élève prodige impressionne, obtient les meilleures notes et ne garde pas longtemps son job de garçon de maison.

Au début des années 1960, bac et bourse en poche, il peut entrer dans les plus prestigieuses universités anglo-saxonnes. Contre toute attente, il choisit la Belgique, qu’il baptise le « pays du soleil froid ». « C’était un pays détesté à l’époque pour son action au Congo, précise M. Mitiku. Je ne parlais pas un mot de français mais j’aimais les défis. » Le jour, il étudie la médecine à Liège. La nuit, il plonge dans la littérature pour parfaire son français et traduit mot à mot Fanny de Marcel Pagnol avec un vieux dictionnaire.

L’étudiant s’acclimate au « petit racisme ordinaire » qui s’estompera avec les années et la notoriété. En 1968, il est aux premières loges de la « révolution » qui a gagné la Belgique. Mais son goût pour la politique prendra fin quand, en 1974, le régime militaire du Derg qui renversa Haïlé Sélassié fit couler le sang de ses compatriotes pour justifier un idéal révolutionnaire. Il se concentre sur ses études et obtient son diplômé en 1970. A Liège, puis à Huy, une petite ville de 21 000 âmes, Mitiku Belachew se familiarise avec sa spécialisation : la chirurgie digestive…”

Lire la suite de l’article d’Emeline WUILBERCQ sur LEMONDE.FR…

ISBN 9782823112979

En savoir plus sur le berger devenu chirurgien en visitant son site officiel…

Découvrir son autobiographie aux Editions Persée…

Plus d’articles sur les DISPOSITIFS, entre autres scientifiques…

L’efficacité intellectuelle varie au cours de la journée (et au gré des saisons)

Temps de lecture : < 1 minute >

“Obliger les individus à travailler de 9 à 17 heures est contre-productif, voire néfaste pour leur santé. Connaître son horloge génétique et respecter le rythme des saisons permet de mieux vivre et travailler.

Les rythmes de travail sont-ils adaptés à nos besoins corporels? Au cours d’une intervention au British Science Festival, Paul Kelley a récemment comparé le rythme d’une journée de travail standard (9h-17h) à de la «torture». Pour ce professeur en neurosciences et spécialiste du sommeil, nous vivons dans une société qui nous prive de sommeil et qui ne respecte pas nos rythmes biologiques. «Les adultes de moins de 55 ans ne devraient pas débuter leur journée avant 10 heures», a-t-il affirmé. Outre les conséquences désastreuses sur la productivité, l’humeur et la mémoire, aller à l’encontre de son horloge interne rendrait irritable, anxieux et augmenterait les niveaux de stress. La prise de poids, l’hypertension et des problèmes de foie et de cœur feraient également partie des symptômes. Ce cortège de maux serait pourtant facilement évitable et traitable si le début du travail quotidien était repoussé de quelques heures, a assuré Paul Kelley…”

Lire la suite de l’article d’Amanda CASTILLO sur LETEMPS.CH (16 juin 2016)

Plus de presse…

Trois courts-métrages délirants à découvrir au “Très court Festival”

Temps de lecture : < 1 minute >
© rollinwild.com

Animaux gonflés à bloc, nonne déterminée et accros aux smartphones sans-cœur, le festival dédié au film de moins de trois minutes ne manque pas de ressources ni de caractère. Parmi les 150 courts-métrages en compétition cette année, voici les trois dont l’absurdité loufoque nous a le plus charmés.

Au Très court International Film Festival, la variété et l’originalité sont reines. Du 3 au 12 juin 2016, ce sont près de 150 (très) courts-métrages en compétition, qui seront projetés simultanément dans quatre-vingt villes de trente pays dispersés sur les cinq continents. Avec des sélections aux noms évocateurs (Ils ont osé Trash’n’Glam, Différences ou Paroles de femmes…) et de sujets (actu sensible, fictions délirantes ou engagées), les contenus se veulent éclectiques et feront le bonheur des petits comme des grands. Un format « mini » qui a l’avantage de pousser les réalisateurs à aller droit à l’essentiel en privilégiant une créativité innovante pour atteindre le spectateur en un minimum de temps…”

Découvrir plus dans l’article de Mona PRUDHOMME sur TELERAMA.FR (7 juin 2016)

D’autres clips sont disponibles sur le site officiel ROLLINWILD.COM


Plus de presse au long et court…

Visiter Liège en 10 coups de coeur

Temps de lecture : < 1 minute >
Le Pot au lait (Liège, BE)

“Liège n’est pas forcément la première ville qui vient à l’idée de visiter quand on voyage en Belgique, mais c’est pourtant une cité pleine de charme et de belles surprises. Renommée pour son ambiance chaleureuse et festive, on la surnomme d’ailleurs la Cité Ardente. Alors que voir et que faire à Liège? Petite revue de l’essentiel pour visiter Liège à travers mes dix coups de cœur…”

L’auteure y sélectionne :

  1. La gare de Liège-Guillemins ;
  2. Le Grand Curtius ;
  3. La promenade des Coteaux de la Citadelle ;
  4. L’escalier de la montagne de Bueren ;
  5. Les impasses du quartier Hors-Château ;
  6. Le street-art avec Paliss’Art ;
  7. La cité miroir ;
  8. La bière artisanale de la Brasserie C ;
  9. Les gaufres d’une gaufrette saperlipopette ;
  10. Un bar déjanté: le pot au lait.

Pour découvrir ces coups de cœur de ladite Sarah, visitez LEBLOGDESARAH.COM (article du 7 mai 2016)


Comment savoir vivre au quotidien ?

Perles du BAC… et d’ailleurs

Temps de lecture : 4 minutes >
Désespoir (Williams)
  • Le génie de la Renaissance Italienne : Mickey l’ange
  • Comme souvent, le peuple s’en est pris à un bouc et mystère
  • Les Américains ont perdu la guerre du Nuocmam
  • Noé et son arche se sont échoués sur le mont Arafat
  • Il fut condamne après un procès en bonnet de forme
  • Le marché capitaliste est régulé par la loi du plus fort et de la demande
  • Staline fit déporter la classe des paysans enrichis : les goulags
  • Jean Moulin fut, lui aussi, victime de la barbie nazie
  • Le calendrier révolutionnaire commence en primaire
  • Vendémiaire correspond à la saison des vidanges
  • Les français sont de plus en plus intéressés par leur arbre gynécologique
  • Le Tsar a perdu le pouvoir malgré les occases
  • Le Vietnam est la capitale du Liban
  • Les escargots sont homosexuels
  • La génétique arrivera un jour a clowner les gens
  • L’hypopotamus est le siège du système neurovégétatif
  • L’oxydant chrétien
  • Un collectionneur de timbres est un pédophile
  • Louis XVI avait trahi la France. La preuve : il était protege par des Suisses
  • La tendance à aller vers le soleil s’appelle l’hélicotropisme
  • La médecine preventive soigne la maladie en amont ; la médecine curative en avalant
  • Le cachet de la poste faisant mal au foie
  • Le gouvernement de Vichy siégeait à Bordeaux
  • Les liquides sont incompréhensibles
  • En 1934, Citroën révolutionne la construction automobile en sortant la traction a vent
  • Les sacrifices humains étaient courants chez les pazteques
  • L’éther est un produit très volubile
  • La terre rote sur elle-même
  • On ne peut pas nationaliser tous les étrangers
  • Le général sudiste Bruce Lee
  • Lénine et Stallone
  • A la conference de Versailles, pour les Français : Clemenceau ; pour les Anglais : Boy George
  • D’après le calendrier hébraïque, on est en 5757 après Jesus-Christ
  • Les Romains ont sacrifié le Christ sans lui laisser le temps d’aller a l’église
  • Napoleon III était le neveu de son grand-père
  • Le chèvre est un fromage fait avec du lait de brebis
  • Les Allemands nous ont attaqués en traversant les Pyrénées à Grenoble
  • Le métré est la dix-millionième partie du quart de méridien terrestre, pour que ca tombe juste on a arrondi la terre
  • Le soleil a cessé de tourner autour de la terre le jour où on a menacé de le brûler
  • La force de Coriolis provoque des cyclones dans les lavabos
  • Le cerveau a deux hémisphères, l’un pour surveiller l’autre
  • Le cerveau a des capacités tellement étonnantes qu’aujourd’hui pratiquement tout le monde en a un
  • Quand il voit, l’œil ne sait pas ce qu’il voit. Il envoie une photo au cerveau qui lui explique
  • Toute bactérie a deux doigts : un pour marcher, l’autre pour manger
  • Les végétaux fixent l’oxygène grâce aux globules verts
  • La concurrence était tellement âpre qu’il n’y en avait que cinq dans les dix premiers
  • Un pilote qui passe le mur du son ne s’en rend pas compte : il n’entend plus rien
  • La datation au carbone 14 permet de savoir si quelqu’un est mort à la guerre
  • Un litre d’eau à 20° plus un litre d’eau à 20° égalent deux litres d’eau à 40°
  • Privé de frites, Parmentier inventa la pomme de terre
  • Déjà avant guerre, Mercedes fabriquait des Volkswagen
  • Les passagers de première classe ont moins d’accidents que les passagers de deuxième classe
  • Le chauffage au gaz revient moins cher mais disjoncte tout le temps
  • Castor a pris le pouvoir grace à une guérilla urbaine dans les campagnes
  • Depuis Archimède, les bateaux flottent
  • Les continents dérivent, peinards
  • L’indice de fécondité doit être égal à deux pour assurer le renouvellement des générations parce qu’il faut être deux pour faire un enfant. On peut s’y mettre à trois ou quatre mais deux suffisent
  • Trente personnes travaillent a l’usine, plus les ouvriers
  • Les riches bouffent le gâteau ; les pauvres se contentent des miettes. Plus le gateau est gros plus les miettes sont grosses
  • En 2020, il n’y aura plus assez d’argent pour les retraites à cause des vieux qui refusent de mourir
  • Moise appela Dieu qui sortit d’un nuage et lui dit : “Qu’est-ce que
    tu veux ?”
  • Un prévenu est quelqu’un qu’on a mis au courant
  • Un ver solitaire est un ver qui vit tout seul à la campagne
  • Tous les spermatozoïdes ont un fouet, mais seul le plus fort parvient à ses fins
  • Les ouvriers Japonais commencent leur journée de travail en hurlant des slogans comme : “japonais un jour, japonais toujours”
Et une pensée émue pour le corps médical…
  • Surtout marquez-moi bien la posologie sur la boîte, car je ne sais pas lire.
  • Mon mari prend une quantité gastronomique de médicaments.
  • J’ai un ongle de pied incarcéré.
  • Il fait tellement chaud dans votre pharmacie, qu’on se croirait dans un zona.
  • Depuis que j’ai la pré-ménopause, j’ai des mensualités tous les deux mois.
  • Mon fils est tombé de mobylette : il a le bras pleins d’esquimaux.
  • Je veux un remède de cheval, pour aller plus facilement à la selle.
  • Mon cardiologue va me poser un pince main cœur.
  • J’ai failli faire une conclusion intestinale.
  • On va me faire une césarienne, le bébé ne passe pas par voie orale.
  • On m’a fait une hyposuccion.
  • On m’a fait passer un ULM.
  • Je vais bientôt passer une colomboscopie.
  • Je vais me faire opérer d’un christ aux yeux verts.
  • A l’hôpital, ils m’ont fait un ketchup complet.
  • Mon mari sera prochainement opéré d’une hernie fiscale.
  • Je vous jure, mon médecin m’a parlé de douleurs interpostales !
  • J’ai mal dans le bas du dos. Je crois que j’ai attrapé un bungalow.
  • Mon mari a eu un problème respiratoire à l’anesthésie, on a du l’entuber.
  • Je voudrais un hémophile indien.
  • On m’a dit que vous aviez de la pommade à l’harmonica.
  • Je voudrais une paire de bas de conclusion.
  • Avez-vous la pilule du surlendemain ?
  • On parle beaucoup de la grippe à vierge.
  • J’ai vu ma gynécologue, elle ma fait un ” tutti-frutti “.
  • Que dois-je faire, mon fils fait une érection allergique ?
  • Je voudrais des pastilles pour la gorge. Depuis que mon mari est mort, je n’ai plus rien à sucer…

S’amuser encore…

Dénoncer le fléau du «volontourisme» en Afrique avec des poupées Barbie

Temps de lecture : < 1 minute >

Le comportement de l’humanitaire blanc en Afrique a déjà été mille fois dénoncé. Mais peut-être jamais de manière aussi drôle et féroce que sur le compte Instagram «White Savior Barbie», tenue par deux femmes anonymes –mais qui ont confié au site Quartz avoir travaillé plusieurs années dans l’humanitaire en Afrique de l’Est. Le concept de ce compte? Une Barbie travaille dans une ONG imaginaire, qui fournit de l’eau aux populations locales et est prise en photo dans son quotidien. Les montages sont très souvent hilarants… et très proches des véritables images que peuvent poster sur les réseaux sociaux des blancs engagés dans l’humanitaire en Afrique. «Nous ne sommes pas africains parce que nous sommes nés en Afrique, mais parce que l’Afrique est née en nous», écrit ici Barbie, qui imite le style générique d’un humanitaire au grand cœur. Pour exemple, les photos postées sur l’application de rencontre Tinder par des occidentaux qui travaillent pour des ONG ou autres organisations sur le continent; des images collectées par le site «Humanitarians of Tinder» sur lesquelles on peut voir des jeunes prenant la pose au milieu de dizaines d’enfants, de manière plus ou moins ostentatoire…

Lire la suite de l’article de Camille BELSOEUR sur SLATE.FR (22 avril 2016)

Top 100 des pires pochettes d’album de l’histoire de la musique, celles qui mettent mal à l’aise…

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Que signifie “aimer” ?

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«Suis-je sûre de l’aimer ?». Il est difficile d’évaluer la nature des sentiments que l’on éprouve. Dans Pratique de l’amour, le sociologue Michel Bozon apporte des réponses lumineuses à la question de savoir comment définir l’amour.

Il existe sur l’amour deux discours dominants : le premier, idéaliste, fait apparaître l’amour comme le supplément d’âme d’un monde désenchanté. L’amour en Occident serait devenu le seul et dernier territoire du sacré, l’ultime rempart de l’humanité, un espace vierge de tout calcul, dédié au don de soi sans contrepartie… Le second discours, matérialiste, ne voit dans les relations amoureuses que des stratégies de captation de services (sexuels) et de biens (matériels et symboliques) : les individus cherchant à «se placer sur le marché matrimonial» de la façon la plus avantageuse utiliseraient les affects comme des appâts. L’expérience de l’amour serait d’ailleurs conditionnée par des mécanismes d’ordre biologique – hormonaux, génétiques, psycho-comportementaux – visant à assurer la survie de l’espèce.

Amour : est-ce une question de «grands sentiments» ?

Entre ces deux discours – l’utopiste et le néo-darwiniste – il ne semblait guère y avoir de place pour beaucoup de réflexion. Mais voilà qu’en 2014 le philosophe Ruwen Ogien attaque dans un essai truculent ceux qui font l’éloge de l’amour : l’amour n’a pas de valeur morale, dit-il. Cessons de véhiculer les clichés rebattus du «coeur qui s’offre pour toujours», dans un contexte d’absolu. Pour Ruwen Ogien, il faut s’intéresser à ceux qui «font» l’amour et comment ils le font, plutôt qu’aux théoriciens qui en parlent. Son livre, cependant, déconstruit plus les mythes qu’il n’apporte de réponse. Qu’est-ce que l’amour ? Après avoir lu (dévoré) Ruwen Ogien, on n’est pas tellement plus avancé. Et puis voilà qu’en mars 2016 arrive l’essai du sociologue Michel Bozon, rempli de réponses éclairantes. Dans Pratique de l’amour, publié aux éditions Payot, Michel Bozon résume treize années de cogitations d’une plume simple et tranquille.

L’amour ne se dit pas, il se «pratique»

Sa théorie est la suivante : l’amour relève de la pratique. On sait qu’on aime quand on effectue un certain nombre d’actes qui correspondent à des étapes balisées par la société dans laquelle on vit. Ces actes codifiés reposent sur un projet : celui de se faire aimer. Pour se faire aimer, il faut se remettre soi-même entre les mains de l’autre :

L’amour ne naît pas de bons et nobles sentiments – générosité, désintéressement ou bienveillance ‒ même s’il peut en produire. L’abandon de soi, ou la remise de soi, est un moment essentiel de toute relation amoureuse : on décide de se déprendre de soi et de donner prise à une autre personne…

Lire la suite de l’article d’Agnès GIARD sur LIBERATION.FR | Les 400 culs (12 avril 2016)

Anonyme (à notre connaissance…) : textes

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Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits.


L’armée, c’est le crétinisme de comptoir élevé au rang de discipline olympique.


Gagnez du temps, mangez de l’argent.


Citez-en d’autres :

10 plantes dépolluantes pour purifier l’air intérieur

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“La pollution intérieure serait responsable de 99.000 décès par an en Europe. Elle provient des produits parfumés comme l’encens, les bougies ou les huiles essentielles, mais aussi des produits ménagers, déodorants, laque ou vernis. Mais que peut-on faire contre cette pollution ? Il existe des plantes très efficaces qui raffolent de ces polluants.

Bioépuration

Les plantes « respirent » par un phénomène qu’on appelle la photosynthèse qui leur permet de réduire naturellement le CO2. Mais en plus de ce mécanisme connu, certaines plantes et fleurs épurent l’air environnant. C’est ce qu’on appelle la « bioépuration » ou « purification par le vivant ». Les plantes qui en sont capables purifient l’air en stockant les produits chimiques toxiques dans leurs cellules ou en les transformant. Les scientifiques utilisent alors le terme de phytoremédiation, du grec phyto qui signifie plante et remédiation qui signifie remise en état. Quelles plantes choisir ? Malheureusement, toutes les plantes et fleurs n’ont pas cette fonction de purification de l’air face aux produits toxiques.

Voici une sélection de dix plantes, arbustes et fleurs qui seront bénéfiques pour votre intérieur :

  1. le chrysanthème ;
  2. le chlorophytum ;
  3. le dragonnier ;
  4. le ficus ;
  5. la fleur de lune ;
  6. la fougère de Boston ;
  7. la sansevière ;
  8. le palmier bambou ;
  9. l’aloes ;
  10. le flamant rose…”

Plus de détails dans l’article 10 plantes dépolluantes pour purifier l’air intérieur (la Rédaction, LESOIR.BE du 16 mars 2016)

Plus de presse…

Matthew B. Crawford: «Notre attention est une ressource limitée»

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CRAWFORD-Matthew

A l’avènement de «l’âge de la distraction», le philosophe américain Matthew B. Crawford plaide pour une réappropriation de l’individualité ancrée dans le réel, afin de mieux renaître au monde. On le retrouve dans un trois-étoiles parisien, bien loin des odeurs de cambouis. Rasé de près, des faux airs de Lance Armstrong, Matthew B. Crawford est un iconoclaste d’un genre qu’on ne voit qu’aux Etats-Unis: à la fois philosophe (enseignant à l’université de Virginie) et réparateur de motos (dans son garage de Richmond). Son Eloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail (1), réhabilitation du travail manuel et best-seller surprise aux Etats-Unis (150 000 exemplaires vendus), en a fait un conférencier demandé un peu partout sur la planète. Conséquence: l’essayiste de 50 ans a passé beaucoup de temps aux quatre coins du monde, dans des aéroports bombardés par des publicités en tous genres.
Il en a tiré le point de départ d’une nouvelle réflexion, sur ce qu’il appelle«la crise de l’attention» à «l’âge de la distraction». Dans Contact, pourquoi nous avons perdu le monde et comment le retrouver (1), Matthew B. Crawford  s’élève contre les exploiteurs du «temps de cerveau disponible», regrette que le silence soit devenu un luxe privatisé et tente de trouver un remède à la fragmentation de notre vie mentale, qui nous rend constamment à la fois amnésique, anxieux et en colère, bien souvent contre nous-mêmes. Pour Crawford, les publicitaires ne sont pas les seuls responsables: c’est notre manière toute entière de concevoir l’individualité, la liberté et le réel, qui est à revoir, afin de revenir au monde, de façon plus «incarnée».
Contrairement à beaucoup, vous ne liez pas directement «la crise de l’attention» à l’avènement d’Internet.
La technologie joue évidemment un rôle, mais notre vulnérabilité à celle-ci prend sens quand on la considère par rapport à des tendances culturelles plus anciennes. Le point de départ de ce livre, c’est ce moment où je retire de l’argent au supermarché, à un distributeur de billets. A chaque étape de la transaction, je suis forcé de regarder une publicité, tout simplement parce que quelqu’un a compris que j’étais un utilisateur captif à ce moment précis. C’est le dernier horizon du capitalisme: la monétisation brutale de chaque instant disponible de notre cerveau. Notre attention est une ressource limitée, comme l’eau ou l’air, mais personne ne prend position contre son exploitation décomplexée. Ce qui est en jeu, c’est notre capacité à penser, à avoir une conversation. C’est pour cela que plutôt que de se battre pour un droit à la vie privée, qui est une idée volatile et floue, il faudrait brandir le droit de ne pas être interpellé. Evidemment, les modalités d’application de ce droit sont compliquées à mettre en œuvre dans la vie de tous les jours, mais en tant que concept, je trouve cela plus clair…

Lire la suite de l’article de Guillaume GENDRON dans Libération.fr (8 mars 2016)

5 trucs pour lui toucher la bite sans passer pour une salope

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Vous mourez d’envie de lui toucher la bite mais vous n’osez pas ? Pas de panique ! Madame Gorafi a pensé à tout pour que vous puissiez vous faire plaisir sans avoir l’air d’une salope !

  1. Allez-y franchement ! Puis prétendez que vous ne l’avez pas fait exprès. Par exemple, touchez-lui la bite puis dites « je suis désolée, ma main est obsédée ces derniers temps ! » ou « Oh excuse-moi, je savais pas que ta bite était ici ! ». Ça marche à tous les coups !…”

Lire la suite des bons conseils de madame Gorafi sur LEGORAFI.FR (3 mars 2016)

On veut de l’amour…

Michel Erman : Les amis échangent de l’être, et non de l’avoir

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(c) Chloé Poizat

D’Aristote à Facebook en passant par Montaigne, le philosophe explicite la notion d’amitié. Longtemps considéré comme tiède, ce sentiment, qui n’a d’autre but que la bienveillance, pourrait pourtant raviver nos liens sociaux.

Parce que c’était lui ; parce que c’était moi, disait Montaigne à propos de son lien privilégié avec Etienne de La Boétie. Il y a, autant que dans l’amour, de l’inexplicable et de l’intensité dans l’amitié. Dans le Lien d’amitié, une force d’âme (Paris, Plon, 2016), le philosophe Michel Erman explore avec brio les manifestations diverses des affinités amicales. Quelle différence entre un camarade, un copain et un véritable ami ? Quelle place pour le corps ? Que change Facebook ? Pour le professeur à l’université de Bourgogne, par la bienveillance, la fidélité et la générosité qui lui sont propres, l’amitié comporte la possibilité de réanimer le lien social.

Qu’est-ce que l’amitié a de moins ou de plus que l’amour pour que sa valeur semble, selon beaucoup de gens, inférieure à celle de l’amour ?
L’amour est une passion qui peut nous amener à abdiquer une partie de notre liberté alors que l’amitié est un sentiment qui s’étaye sur des dispositions, comme la générosité ou le respect, et exige de nous un engagement libre. Depuis le romantisme qui tient l’amour pour la grande affaire de l’existence, ainsi que le disait Stendhal, l’amitié est considérée comme un sentiment tiède. Seul l’amour permettrait de se réaliser et de s’épanouir ! Sans oublier l’anthropologie freudienne qui fait reposer le développement psychique sur la libido. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Montaigne, par exemple, préférait la «chaleur constante» de l’amitié au «feu téméraire et volage» de l’amour.
La tradition platonicienne nous a transmis un lexique et une grammaire pour penser éros, mais cette langue échoue souvent à exprimer la réciprocité. Pensez à l’amour courtois, un des grands mythes de notre civilisation dans lequel la dame placée sur un piédestal fait de l’amant son obligé. Au contraire, pour Aristote, le philosophe de l’amitié, la philia(ou «amitié») est un lien qui implique la bienveillance et la réciprocité car il repose sur une manière d’être, un désir de perfectionner sa nature et non pas sur une passion qui échappe à la volonté. Dans son Ethique à Nicomaque, où on peut lire que «sans amis, personne ne choisirait de vivre», il est admirable de constater que pour l’homme d’aujourd’hui, toutes les résonances de l’amitié sont présentes. Il faut ajouter que, selon Aristote, l’amitié était à la fois un sentiment personnel et une pratique sociale, c’est-à-dire qu’on était citoyen en étant ami. Les citoyens de la belle cité grecque étaient donc susceptibles d’agir ensemble pour leur propre bonheur, mais aussi pour faire régner la concorde…”

Lire la suite de l’interview de Michel ERMAN,  menée par Robert MAGGIORI et Anastasia VECRIN sur LIBERATION.FR (26 février 2016)…

Plus de presse…

HOWARD, MOORE & BUSH : Zootopia (2016)

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(c) Disney

A Zootopia, une métropole où cohabitent harmonieusement toutes les espèces animales, Judy Hopps, une adorable jeune lapine, fait son entrée dans la police de la ville et tente de s’imposer au milieu des gros durs de la profession. Pour prouver l’étendue de ses capacités, Judy se charge d’enquêter sur une difficile affaire de disparition. Mais elle se voit alors obligée de collaborer avec Nick Wilde, un renard malin, loquace et arnaqueur émérite. Accompagnée de ce compère à la langue bien pendue, Judy se retrouve bientôt confrontée à un événement mystérieux lorsque des animaux reviennent soudainement à l’état sauvage… (voir la fiche du film sur TELERAMA.FR)


Plus de cinéma…

ARNO : Lettre à Donald Trump (2016)

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HINTJENS, Arnold Charles Ernest alias ​ARNO (né en 1949)
Arno

Monsieur Trump,
Hier sur CNN, tu as catalogué Bruxelles de « hellhole ». À vrai dire, ça m’a fait rire, parce que je n’ai jamais fait l’expérience d’une telle fournaise. Cela fera bientôt 33 ans que j’habite dans « the capital of Europe », et je ne compte pas décamper d’aussitôt. Même un chien enrhumé le sentirait à des kilomètres : Bruxelles, c’est ma ville. Dans ma vie, j’ai habité un peu partout : à Londres, à Amsterdam, à Paris. Et en hiver, je m’exile souvent à la mer pour quelques jours. Mais la ville d’Ostende n’est rien d’autre que la fille de Bruxelles. Difficile donc de dire que je m’éloigne vraiment.
Nous sommes plus d’un million à habiter dans cette ville où l’on rencontre le monde entier et où toutes les nationalités se côtoient et s’entremêlent. Parfois, je rentre chez moi le soir sans me souvenir dans quelle langue s’est déroulée ma dernière conversation. J’étais à New York l’année passée d’ailleurs. En terrasse à la Meat Factory, le menu était bilingue anglais-français : je m’y suis senti comme chez moi.
Je ne pense pas que tu sois passé souvent par Bruxelles. Pour pas mal de Flamands et de Wallons, ça vaut également, en fait : ils pensent qu’ils doivent échanger leurs billets contre une monnaie étrangère quand ils descendent du train à la Gare Centrale. Bruxelles est une ville qui en inspire plus d’un : cela explique aussi pourquoi tant d’artistes atterrissent ici. Lemmy de Mötorhead y a habité. Quand Edith Piaf voulait sortir, elle venait à Bruxelles. Le chanteur de Joy Division y est tombé amoureux. On peut y être connu ou célèbre et pourtant rester anonyme. En tout cas, on m’adresse plus souvent la parole ici qu’à Paris. Il m’est arrivé de voir passer Madonna en vélo Rue Dansaert, et de remarquer David Bowie assis tout seul à une table en terrasse : personne ne le dérangeait. Bryan Ferry donnait ses interviews à l’Archiduc, sans être submergé par les foules. Faut l’essayer ailleurs qu’à Bruxelles, ça. Nous n’avons pas de « Star System » comme le vôtre aux Etats-Unis. Pour beaucoup de jeunes créatifs, Bruxelles est le nouveau Berlin : un lieu où ils peuvent se développer. Cinéma, salles de concert, théâtre, danse… toute la ville est culture.
Autre chose : Bruxelles est une des rares villes au monde où l’on peut consommer de l’alcool dès le petit matin. Pas dans un café, hein : dans une poissonnerie. Quand je sors avec des amis étrangers, ils n’en croient pas leurs yeux : c’est du jamais vu pour eux. Je connais des cafés et des bars dont les propriétaires ont paumé la clé de la porte d’entrée il y a des années. Nous avons notre cul dans une énorme motte de beurre ici, mec.
En même temps, je ne mentirai pas : Bruxelles est probablement la ville la plus laide au monde. C’est un gros bordel, et ça pue la merde. Mais c’est l’odeur d’une bonne merde. Quand j’ai déménagé vers Bruxelles, je me suis souvent réveillé avec un gros mal de tête – et ce n’était pas à cause de l’alcool, parce qu’à l’époque, je ne buvais pas encore. C’était à cause de l’odeur. Bruxelles est une « sale beauté ». Oui, il y a plein de trucs qui ne tournent pas rond ici, chaque grande ville a ses problèmes. Il y a beaucoup de jeunes chômeurs d’origine étrangère, il y a du racisme partout : chez les blancs-bleus belges, mais aussi dans d’autres communautés. Des gros cons, on en trouve partout : aucune communauté ne pourra en revendiquer l’exclusivité. Pour moi, la rue appartient à tous ceux qui ont deux narines, qu’il soit Juif, Arabe, Eskimo ou Africain. Peut-être as-tu peur de tous ces gens, et est-ce pour cela que tu dis que Bruxelles est l’enfer ?
Car en toute franchise : je trouve que toi, tu es un bonhomme dangereux, un psychopathe. Un type qui se met à bander dès qu’on lui accorde un peu d’attention. Quelqu’un qui verrait bien un retour aux années 1930, aussi, une époque à laquelle il y a avait une grosse crise et où tout le monde avait peur. S’est alors profilé un type moustachu en Allemagne, suivi d’un autre avec une moustache plus impressionnante encore, en Russie. Hitler et Stalin : tu les connais, n’est-ce pas ? Ta drôle de chevelure montre selon moi clairement que tu as été taillé dans le même bois.
Les Américains que je connais habitent New York, Los Angeles, Miami et Washington, et ils ne sont pas du tout impressionnés par ton discours. Mais il y a apparemment beaucoup d’Américains assez crédules qui adhèrent à tes propos ultraconservateurs. Quand les choses vont mal et que les gens ne sont pas rassurés, il est beaucoup plus facile de leur faire croire que tout est de la faute de l’autre. L’Histoire se répète, et on sait jamais comment une vache finira par attraper un lièvre. Mais ce que je sais, c’est que beaucoup d’Américains ont assassiné des populations entières de villages vietnamiens, et qu’il y a eu plus d’attentats à Paris qu’à Bruxelles. Et aussi que dans n’importe quelle grande ville américaine, chaque jour, plus de personnes sont tuées que chez nous. Tout ça « grâce » à la loi sur la possession d’armes – soutenue par les Républicains, d’ailleurs. S’il devait y avoir un « hellhole » sur cette Terre, il serait bien là me semble-t-il.
Tout le rapportage sur Bruxelles et Molenbeek dans les médias étrangers est d’ailleurs sérieusement sous influence. Il y a quelques semaines, un journaliste néerlandais est venu faire un reportage dans ma rue. Il disait que tous les magasins ferment leur porte à 18h pour des raisons de sécurité. C’est du bullshit pure souche. À la longue, on a l’impression que nous vivons dans une zone de guerre. C’est mauvais pour les cafés et les restos. Juste après les attentats à Paris, le chiffre d’affaires à Bruxelles a chuté de 85%. Je voulais donner une tournée générale dans un café, mais il n’y avait personne – bizarre. Quand à Bruxelles, il y a un truc qui merde, c’est la faute aux politiques : des gens aux grosses moustaches et aux drôles de chevelures.
Pour le moment, je donne beaucoup d’interviews à l’étranger, et tout le monde me demande quelle est la situation à Molenbeek. Molenbeek est devenue plus célèbre que la Belgique. Et quand je réponds que là aussi, il y a de l’eau qui sort des robinets, oui, on me regarde bizarrement. S’il y a des crapules qui se baladent à Molenbeek, il ne faut pas avoir pitié d’eux, non. Mais 95% de la population est constitué de gens accueillants et propres sur eux-mêmes. On y trouve plein de chouettes coins.
Juste une dernière chose : j’espère que tu sais que Jésus était Bruxellois ? James Ensor en a fait un beau petit tableau : la Joyeuse Entrée du Christ à Bruxelles. On peut l’admirer dans un musée à Los Angeles. Faudrait que t’ailles voir ça.
Salut en de kost,

Arno


Citez-en d’autres…

CONRADT : Histoires des bains et bassins de natation de Liège, du 17ème siècle à nos jours

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L’auteur liégeois Marcel Conradt s’était déjà plongé dans l’histoire de sa ville en retraçant notamment celles de ses théâtres, de son Grand Bazar, de sa place Saint-Lambert, de ses hôtels ou de ses quais de la Meuse et de la Dérivation.

Cité Miroir, espace Rosa Parks (Liège, BE)

Son nouvel ouvrage – publié aux Editions de la Province de Liège – nous plonge cette fois dans les “Histoires des bains et bassins de natation de Liège, du 17e siècle à nos jours”. Logique, quand on sait que Marcel Conradt a notamment été un des premiers “bébés-nageurs” de Liège…”

CONRADT Marcel, Histoire des bains et bassins de natation de Liège, du 17ème siècle à nos jours (Liège, Editions de la Province de Liège, 2016, épuisé)

Lire la suite de l’article de Martial GIOT sur RTBF.BE (12 janvier 2016)…

Petit bassin de la Sauvenière en 1956 (Liège, BE)

Plus de sport…