Nous sommes dans le monde de Donne. Tout autre point de vue est résolument exclu. Par cette capacité à surprendre furtivement le lecteur et à le subjuguer, donne surpasse la majeure partie des écrivains. Et c’est là sa principale qualité ; c’est ainsi qu’il exerce son emprise sur nous, en condensant son essence en quelques mots. mais c’est une essence qui, tandis qu’elle agit parmi nous, se sépare en d’étranges contraires, en contraste l’un avec l’autre.
Virginia Woolf
[AGORA.QC.CA] La première des trois méditations, qui portent sur le son des cloches de l’église voisine, est la seizième dont l’exergue s’écrit : “Par les cloches de l’église mitoyenne, on rappelle chaque jour mon enterrement dans les funérailles des autres.” La dix-septième méditation a pour exergue : “Maintenant cette cloche qui sonne doucement pour un autre me dit ‘Tu dois mourir’.” Dans cette méditation, John Donne déclare : “No man is an island, entire of itself…” Il aurait prononcé cette phrase lors du décès de son épouse en 1617. La suite de cette phrase, devenue célèbre, aurait inspiré à Hemingway le titre de son roman Pour qui sonne le glas.
Ci-dessous, nous donnons de ce passage deux traductions, celle de Franck Lemonde et celle de Wikipedia, article John Donne. Notons que Wikipedia traduit “pour qui sonne le glas” et Lemonde : “pour qui la cloche sonne.” Ce dernier donne comme raison de son choix : “Donne écrit bell (cloche) et non pas knell (qui signifie proprement le glas). Le son de la cloche, apparemment plus neutre, peut être interprété comme “la mort possible de tout un chacun”, mais aussi de la mienne. Alors que chez Donne la vue, le toucher, le goût et l’appétit sont affaiblis, l’ouïe est le sens sur lequel tout repose et le convainc “de l’indissoluble solidarité de toute l’humanité” dans la mort.”
Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne.
Wikipedia, article John Donne
Nul homme n’est une île, complète en elle-même ; chaque homme est un morceau du continent, une part de l’ensemble ; si un bout de terre est emporté par la mer, l’Europe en est amoindrie, comme si un promontoire l’était, comme si le manoir de tes amis ou le tien l’était. La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l’humanité. N’envoie donc jamais demander pour qui la cloche sonne : elle sonne pour toi.
F. Lemonde
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | source : Encyclopédie sur la mort (agora.qc.ca) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © D.R. ; © Espace Nord.
Plus de presse en Wallonie-Bruxelles…
- SAMOYOBE (the -) : numéros 1 et 2… de deux (vers 1975)
- VIERSET, Guillaume (né en 1987)
- BARRIDEZ : Wokisme et peste brune, panique dans le débat
- LHOIR : Mesure 217 (roman, 2022)
- L’intelligence artificielle à l’épreuve de la laïcité
- DEBRAS & GIOE : “C’est d’extrême droite” – S’outiller pour qualifier des discours et des propositions politiques
- Cinq propositions pour changer Liège
- LAMBEAUX, Jef (1852-1908) : le sulfureux ‘Rodin’ belge
- LEYS : le Belge qui a déshabillé Mao
- GOFFETTE, Guy (1947–2024)
- «Ugly Belgian Houses», le livre et le site qui compilent les audaces architecturales en Belgique