WOODHULL, Victoria (1838-1927)

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Depuis son investiture par le parti démocrate, Hillary Clinton se targue d’être la première femme candidate à la présidentielle américaine pour [le] scrutin 2016. Pourtant, la vraie pionnière s’appelait Victoria Woodhull. Son nom reste inconnu pour beaucoup d’entre nous, et pourtant, il y a 144 ans, elle était bien la première femme candidate à la présidentielle de novembre 1872.

Victoria Woodhull avait été choisie par le “Equal Rights Party“, créé à l’époque à l’issue d’une convention de l’association nationale américaine pour le droit de vote des femmes. Son colistier était un homme, un militant du nom de Frederick Douglass, ancien esclave devenu abolitionniste.

A l’époque, leur candidature fait sensation, mais elle restera symbolique, et ce pour plusieurs raisons. Victoria Woodhull est une femme, et en ce temps-là, elle n’a pas encore le droit de vote. Les Américaines ne l’obtiendront dans le pays qu’en 1920, après la ratification du XIXe amendement de la constitution.

Autre problème, Victoria Woodhull n’a que 34 ans au moment de se présenter. Or la constitution impose que le président ait au minimum 35 ans au moment de prendre son poste. Enfin, le jour du scrutin, elle est arrêtée pour publications obscènes dans l’hebdomadaire qu’elle dirigeait alors avec sa sœur.

Un parcours fascinant

Née le 23 septembre 1838, dans une famille de 10 enfants, elle utilise très jeune ses dons de médium pour gagner un peu d’argent sur les routes. Avec sa sœur Tennessee Claflin, elles deviennent les premières femmes agents de change à la bourse de New York. Puis elle dirigeront ensemble un hebdomadaire radical intitulé Woodhull and Claflin’s weekly dans lequel Victoria publiera la première traduction aux Etats-Unis du Manifeste du Parti communiste.

Mais cette pionnière est surtout connue pour son militantisme féministe. Elle se bat pour le droit de vote des femmes et l’amour libre. Elle réclame que les femmes puissent choisir par exemple son mari, chose impossible dans cette Amérique du XIXe siècle où les femmes étaient assujetties aux hommes. Ses positions font scandale.

Combien de votes obtint-elle le jour de scrutin ? L’histoire ne l’a pas retenu, tout comme elle semble avoir oublié son nom…

d’après INFORMATION.TV5MONDE.COM


© thevictoriawoodhullsaga.com

En 1872, Victoria Woodhull est la première femme candidate à l’élection présidentielle américaine. Pour le végétarisme, contre la prostitution, pour une journée de 8 heures, pour “l’amour libre” ! Victoria Woodhull a révolutionné les mœurs de son époque.

Victoria Woodhull naît le 23 septembre 1838 dans l’Ohio, issue d’une famille pauvre – presque du quart-monde – comme le souligne Eliane Van Den Ende. Elle est le 7e poussin d’une famille de 10 enfants et s’est réellement construite elle-même. Son père est un escroc, sa mère une servante et elle se découvre un talent pour la voyance. A l’époque le spiritisme est très répandu.

Victoria Woodhull a 15 ans lorsque son médecin Canning Woodhull en tombe éperdument amoureux. Après quelques mois, elle se marie. Avec Canning, ils auront deux enfants, dont un retardé mentalement.

Canning et Victoria vivent des revenus de Victoria en tant que voyante. Elle donne des conférences, et c’est elle qui fait vivre sa famille. Une famille recomposée car elle divorce de Canning qui abuse d’elle, et se remarie, puis redivorce et puis se remarie, un schéma assez atypique en 1800.

Voyante et guérisseuse

Victoria Woodhull se fait d’abord connaître pour ses talents de voyance et de guérisseuse. Les Américains, à l’époque, sont très friands de cela. Durant cette époque de la guerre de sécession, on croit que l’esprit ne meurt pas et qu’on peut communiquer avec ces esprits. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, les femmes et les féministes sont très spiritistes, car en fait le spiritisme est une religion qui n’est pas machiste. Les femmes ont du pouvoir, elles sont les intermédiaires entre la terre et l’au-delà.

Mais le parcours de Victoria Woodhull est pour le moins diversifié. Après sa carrière de voyante, elle monte un bureau de change avec sa sœur. Elles sont aidées par Cornelius Vanderbilt, capitaine d’industrie et armateur. Il est veuf, et un peu isolé et il veut communiquer avec sa mère défunte, Victoria sera son intermédiaire et il deviendra son partenaire.

Féministe dans l’âme, et grande pionnière

Victoria Woodhull mène de nombreux combats. Elle essaye, par exemple, de promouvoir des vêtements confortables pour les femmes. A l’époque, cela fait scandale. Elle est une des premières femmes à plaider ouvertement pour des jupes plus courtes, pour que cela ne traîne pas la boue, par exemple.

Elle aussi la première femme à s’exprimer devant le parlement américain. Elle donne une conférence pour le comité judiciaire et c’est la première femme à le faire, ce qui la donne favorite pour toutes les suffragettes. Elle y exprime l’idée que tous les citoyens peuvent voter, alors pourquoi pas les femmes ? Elle se fera d’ailleurs rabrouer par un citoyen qui lui répond lors de cette réunion, “vous n’êtes pas un citoyen américain parce que vous êtes une femme“, ce à quoi elle rétorque “les pères fondateurs qui ont fait la constitution n’ont jamais parlé d’hommes ou de femmes, chaque personne est un citoyen américain.”

Sans langue de bois

Victoria Woodhull est aussi une très bonne oratrice. Elle avait un charme charismatique et a rapidement séduit les foules. Pour elle, les États Unis vont très mal et elle pense qu’une femme doit être à la tête du pays. Elle considère donc qu’il faut rentrer en politique pour parler de ses idées et surtout se faire entendre. Elle crée son propre journal, “Woodhull and Claflin’s weekly.” Un journal assez virulent, sans langue de bois, où elle dénonce des situations, des hommes, ce qui lui vaut des procès et même des journées au cachot. Dans son journal, elle défend des idées de communisme et de Karl Marx. Elle traduit et publie même le manifeste du parti communiste.

Elle annonce son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 1872. Et ce malgré le fait que les femmes américaines n’aient pas le droit de vote, et bien qu’elle n’ait pas l’âge minimum fixé à 35 ans, elle en a 34 à l’époque. Au cours de ses meetings qui réunissent des milliers de personnes, Victoria Woodhull réclame l’égalité dans tous les domaines entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs. Elle ose aussi revendiquer le droit à l’amour libre.

Dans son journal, elle dénonce notamment les adultères d’un pasteur virulent pourfendeur de l’amour libre qui selon lui met en danger la famille traditionnelle et la religion. Malheureusement, les bulletins en faveur de Victoria Woodhull ne seront jamais décomptés et le score obtenu par la première candidate à l’élection présidentielle américaine restera inconnu à jamais.

d’après RTBF.BE


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