THONART : Les armoires alignées (2014)

Temps de lecture : 2 minutes >
(c) Christian DOTREMONT : L’ours du sens (1974)

 

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fermées.
Pourtant, à travers chacune,
filtre un rayon de Lune :
les serrures verrouillées
finissent toutes par rouiller.

Dans la colle d’une queue d’aronde,
poissent les crins d’une bête immonde.
Derrière le bahut,
dépasse la corde d’un pendu.
Dans ce tiroir sans fond,
grouillent des araignées sans nom.
Au lieu de l’huile dans la charnière,
coule le fiel d’une goule amère.
Sur le fauteuil défoncé,
ce n’est pas l’ombre de ta psyché
mais le reflet d’une âme damnée.
Et le bruissement dans les placards,
ce sont tes morts et les cafards.

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fermées.
Pourtant, à travers chacune,
filtre un rayon de Lune :
les serrures verrouillées
finissent toutes par rouiller.

Il n’y a pas de Jugement dernier,
il n’y a jamais assez de clefs.
On se croirait dans du Kafka
sauf que ton Procès… c’est toi.
Alors, à plein doigts,
touche ton émoi
(juste sous le cœur),
et vis enfin ta vraie peur :
plonge les mains dans le coffre noir
et sors la vieille boîte à musique,
celle que tu prenais
pour un Géant d’Afrique.

Les armoires alignées,
dans la pièce occultée,
sont toutes si bien fermées.
Pourtant, à travers chacune,
filtre un rayon de Lune :
les serrures verrouillées
finissent toutes par rouiller…

Patrick Thonart


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THONART : La larme de l’Ours l’avait trahi (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

La larme de l’ours l’avait trahi.

Débordée de son œil rougi,
Elle allumait sa joue

De la lueur du feu nourri.

Dans sa caverne, dans son abri,
L’Ours brûlait le sapin inutile,

Et le vent avait compris
Tout le chagrin de son ami.
“Une escarbille, sans doute”,
Disait Martin un peu contrit.

Et le vent avait conté,
La belle Renarde rencontrée,
Tous les fastes et les flambeaux
A chaque fenêtre du château,

Alors que Martin marchait,
Martin marchait dans sa forêt.

Patrick Thonart

  • L’illustration est © Pierre ALECHINSKY, Linolog I (1972)

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THONART : A la kermesse des notables (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

A la kermesse des notables,
Tout le monde se met à table.
Maître Héron au cou trop fin
Donne du jabot avec entrain.

Mais à la kermesse des nantis,
Plus personne ne sourit
Et les regards sans vie
Se reflètent dans l’argenterie.

Maîtresse Renarde au cœur fourbu
Sent dans sa chair la vie perdue
De Cendrillon qui pleure son dû
Au milieu des polkas de ventrus.

Dans une clairière au ciel trop bas,
L’ours endeuillé fait les cent pas.
Dans une main du crêpe noir,
Dans l’autre, une fleur… Espoir

Patrick Thonart

  • L’illustration est d’Henri EVENEPOEL, La promenade du dimanche au Bois de Boulogne (1899) © La Boverie

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THONART : Un jour viendra, couleur d’orange (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

Un jour viendra, couleur d’orange…

Appuyé contre son chêne
L’ours éteint sa pipe
Et rentre changer de slip
Lourde est son haleine
Et lourd est son pas

Si un jour ma Reine…
Non, il ne doit pas…

Chaque jour dans sa peine
L’ours à la rivière
Se rince les arrières
Souillés par la frousse
Qu’elle n’arrive pas

Si un jour ma Belle…
Non, il ne doit pas…

C’est mât de misaine
Quand le matin chante
Que l’ours joyeux bande
Et offre son ventre
Où elle peut s’asseoir

Si un jour ma Tendre…
Non, il ne doit pas…

Coudes sur le rocher
L’ours vise la trouée
Où l’herbe est couchée
Là elle est passée
Et elle l’a aimé

Si un jour ma Femelle…
Non, il ne doit pas…

Sombre dans la caverne
L’ours racle son humeur
Une plaie au cœur
Cette airelle crevée
Qui ne se ferme pas

Si un jour mon Aimée…
Non, il ne doit pas…

Si,

Demain, dès l’aube
L’ours va préparer
Chaque matin aux paupières sablées
Chaque moment où elle peut arriver
Chaque instant où il l’entendra
Chaque chant d’oiseau et sa joie
Chaque sourire qu’elle lui donnera
Et tous les demains qu’il lui bâtira
De ses bras

Et l’ours fixe la clairière
En espoir d’amour
Qu’Elle œuvre toujours
A son Joyeux Retour

Chaque jour…

Patrick Thonart


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THONART : L’Ours titube dans la Forêt (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

L’Ours titube dans la Forêt
Il a les yeux brûlés
Il marche dos à la clairière
Où il l’a vue passer

Poil momifié et ventre sec
Elle s’agitait ivre et malade
De ces baies noires
Trop fermentées

Le cœur à sang il a hurlé
Gueule au zénith il a pleuré
Et chaque larme était une loupe
Que le Soleil a transpercée

Patrick Thonart


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THONART : L’Ours lève la truffe (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

L’ours lève la truffe
Au vent du matin inquiet

Il sort la langue
Aux odeurs du printemps trompeur

L’hiver a fondu comme sa douleur passée
Et la rivière gonfle des neiges liquides
Comme son corps aujourd’hui palpite
Des sangs nouveaux et de l’appel d’amour

Ce matin la renarde a frôlé
De sa gorge dardée d’aubépine
Son dru pelage tout encore embrumé
Pour que son cœur retrouve racine

Pourtant…

Pourtant l’ours hume le vide
Dans sa caverne, les murs sont éraflés
De ses pattes trop lourdes – lourdes
De son ventre qu’il ne peut laisser chanter

Pourtant l’ours craint le vide
Dans sa clairière, les pierres sont dénudées
Du soleil gris qui les a raclées
Du regard vide des isolés

Pourtant l’ours combat le vide
Dans sa forêt, les troncs l’attendent
Et leurs fûts droits montrent le sens
De la vie droite vers quoi ils tendent

Mais…

Le printemps a menti :
Il n’était pas tout l’été

Alors, mon Amour,
Je marque le pas
Et j’attends le tien
Pour m’apaiser dans ton sein

Patrick Thonart

  • L’illustration est Qui avance de printemps en tout temps vif © Christian Dotremont – Karel Appel (1982)

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THONART : L’œil de l’Homme est dans le lac (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >
ALECHINSKY Pierre, La mer noire (1988-90) © Musée Granet

L’œil de l’Homme est dans le lac,
ses larmes sont lentes.
La Lune est sur le lac,
elle dit son attente.

Patrick Thonart


Plus de littérature…

THONART : Le matin du Bon Jour (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

Le matin du Bon Jour
Il n’y aura plus rien
Rien que l’ours au soleil
Sur le dos
Et elle
En tendre charrue
Qui creuse le creux de son flanc

Il y aura le pain chaud des peaux cuites
La cannelle au nez
et
Le miel au ventre

Le matin du Bon Jour
Seuls les oiseaux
Raconteront le monde

Le matin du Bon Jour
C’est le lent demain du Soir
Où elle posera sa valise
En souriant

Patrick Thonart

  • L’illustration est © Pierre Alechinsky, Soleil (1950)

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THONART : L’ours, la renarde et le héron (2014)

Temps de lecture : 2 minutes >

Ayant boité tout l’été,
L’Ours se trouva fort dépourvu,
Quand la Renarde lui apparut.

Rousse de poil et
Rose de muqueuse,
Princesse Goupil n’était pas gueuse.

Belle et menue,
Elle jouait encore au cerceau,
Qu’un grand oiseau la sortit du ruisseau.

Évadée de son terrier,
La belle garçonne n’était pas roulure,
Elle savait goûter une fière allure.

Messire Héron n’en manquait guère.
Lors, quand d’un castel il hérita,
La belle poilue lui emboîta le pas.

A poils et à plumes,
Longtemps, les nuits furent de fête,
Jusqu’à ce que le chœur des grenouilles lui tournèrent la tête.

Sa tête à lui, mais à elle pas,
Dame Renart n’a que faire des batraciens,
Qui, face au grand Butor, s’agitent comme des chiens.

Alors que lui, dans sa superbe,
Piétant noblement dans l’herbe,
Se délectait de chaque croâ, comme il se doit.

On connaît l’échine des renardes,
Qui, devant l’adversité,
Le museau savent baisser, sans s’abaisser.

Mais ces femelles ont le cœur rude
(elles, toutes, si faussement prudes)
Et le malheur elles savent tourner, en un heur qui leur sied.

Lors donc, la Belle vécut,
De Longues-Pattes gérant les écus,
Par là gagnant sa paix, au beau milieu des échassiers.

Face à ce clinquant contrat,
Où la rousse ne perdait pas,
Cupidon, déçu, ne sut que faire et délaissa la belle fermière.

Le héron même le sait,
Il n’est pas de chantante rivière,
Qui d’eau n’ait besoin et qui, sèche, ne livre plus rien.

Il en va ainsi de l’amour qui,
Faute d’être bien arrosé,
Quand s’éteint la fête des corps, s’en vient à sentir la mort.

Or, un jour que la Renarde se promenait,
Aux côtés d’une grenouille qui sans tête coassait,
Elle avisa un Ours bourru qui de vrai amour ne voulait plus.

Le plantigrade était en rade mais,
Perclus de peines de cœur,
Martin n’en voulait pas moins chanter les fleurs.

La roussette en l’entendant,
Ne put qu’avec lui partager le chant,
Et de l’amour sentant l’odeur, elle sentit s’ouvrir le cœur.

Hola, hola, fit la Fée bleue,
Tout ceci n’est qu’histoire de queues,
Et de l’amour où la vie danse, ce n’est ici que l’apparence.

La belle Renarde a son caractère,
Et d’une magique marraine n’a que faire,
Ce qu’elle veut vraiment savoir, c’est là où la mène son devoir.

Pas son devoir de religieuse,
Pas les doctrines de la marieuse,
Mais son devoir envers la vie, celui aussi qu’elle souhaite pour sa fille.

Alors, elle dit à l’Ours d’attendre,
Avec force caresses et baisers tendres :
Un jour, bientôt, elle saura et, peut-être, elle le voudra.

Et voilà Noël pour le Martin,,
Mi-joyeux, mi-chagrin,
Qui ne sait rien de ce que sera demain.

Et voilà Noël pour les châtelains,
Mi-ennuyeux, mi-assassin,
Où la Renarde ne sent plus rien.

La fête est triste, sans âtre au cœur,
Mais l’Ours vivra, il chantera,
Et la belle, rose de rosée, ne pourra que l’entendre l’aimer.

fable préparée par Patrick Thonart

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THONART : Tu as jeté sur moi (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

Tu as jeté sur moi
Le voile de la Tristesse.
Mais quand, face au soleil,
Tu souris de nous deux,
Entre les mailles disjointes,
Je vois briller tes yeux.

Patrick Thonart


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : rédaction et iconographie | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : Maya Deren par © Alexander Hackenschmied.


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THONART : Pleurs (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >
DOTREMONT, Christian : Question insidiaire (1978)

De tout ce qui me sera demain
Je ne demande qu’un sein
A ma joue formé
Et de mes larmes baigné

Et je… l’enfant… y pleurerai
Et la femme qui le porte
Je pourrai enfin
Comme un homme
L’aimer


Plus de littérature…

THONART : Bohémien sans répit (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >
DOTREMONT Christian (1922-1979)

Bohémien sans répit,
ma paix ne trouve
qu’entre les cuisses
de la Bourgeoise
qui me subjugue…
de sauvagerie,
dans son lit-cage


Plus de littérature…

THONART : L’ours et la renarde se regardaient (2014)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

L’Ours et la Renarde se regardaient
Et de leurs yeux se caressaient
Une Lune farouche les avait mariés
Et de Tous les Débuts, une graine avait germé

Patrick THONART


Plus du même…

LA PETITE BOUTIQUE DES TERREURS DE JAUME CABRÉ

Temps de lecture : 3 minutes >
Jaume Cabré (Photo Xabier Mikel Luburu Van Woudenberg)

Cabré J, Confiteor (traduit du catalan par Edmond Raillard, Actes Sud, 780 pp., 26 €)

“Le violon d’exception est un objet transitionnel: il passe d’époque en époque, de musicien en musicien, de drame en estrade, de père en fils. Des fantômes jouent les funambules sur le chant de ses cordes raides. C’est donc un objet romanesque. En 1994, la Catalane Maria Angels Anglada publiait le Violon d’Auschwitz (Stock). Un luthier juif fabriquait dans le camp d’extermination un faux Stradivarius pour sauver un violoniste de génie, également juif. Succès. En 1998, un film de François Girard, le Violon rouge, suit le destin d’un instrument de 1681 qui atterrit dans la Chine éradicatrice de Mao. Echec. Dans les deux cas, le violon fait danser la beauté du diable, la mélodie intime et la sanglante fanfare de l’histoire, l’art et le mal.

Jaume Cabré, 66 ans, romancier catalan confirmé, met à son tour en scène cette dialectique dans Confiteor. Le roman a été un succès en Espagne, en Allemagne. Celui dont on suit la vie est un écrivain obscur doublé d’un philologue, Adriá Ardevol. Il a grandi à Barcelone, sous Franco. Sa mère voulait en faire un violoniste virtuose. Son père un surdoué des langues, dans le genre Roman Jakobson. Ce père a racheté pour presque rien un violon Storioni du XVIIIe siècle à un médecin nazi en fuite, qui lui-même l’avait pris à Auschwitz à une vieille Juive assassinée sur la rampe. Felix Ardevol dénonce ceux qu’il a volés, qu’ils soient antifranquistes ou anciens nazis. Il finit décapité. On assiste à l’enterrement du brocanteur sans tête.

Toutes les histoires sortent du cercueil : celles du violon, de la Catalogne sous Franco, du père monstrueux, des inquisiteurs médiévaux et des luthiers baroques, des nazis et des Juifs, des filières clandestines du Vatican, celle d’Adriá qui porte la culpabilité de tout ce qui l’a précédé. Il est même question de la Syrie, où sont réfugiés quelques bourreaux germaniques. D’autres objets importants circulent dans la boutique de son père, des manuscrits antiques, la dernière page du Temps retrouvé, comme dans un livre d’Umberto Eco. Le vieux violon fait du bois des forêts catalanes unit tout. Il est mi-Chagall mi-Picasso : la narration, éclatée, fuit sous l’œil comme une truite sous la main – passant sans cesse du «je» au «il», d’une tragédie à l’autre, de Barcelone à Rome et de Rome à Auschwitz, comme dans les arpèges d’une Chaconne de Bach ou dans les cris mélancoliques du Concerto à la mémoire d’un ange, d’Alban Berg, auquel Cabré rendit hommage, en 1996, dans l’Ombre de l’eunuque (Bourgois). Le résultat est ce gros livre étrange : une saga familiale et historique par fragments, un best-seller cubiste…”

Lire la suite de l’interview de Jaume CABRE menée par Philippe LANCON sur LIBERATION.FR (25 septembre 2013)…

En quelques lignes…

“Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.
Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.”

Plus sur ACTES-SUD.FR…


Plus de littérature…

Plus de presse…

 

THONART : La belle histoire de Petite-Fille et du Cœur de Hérisson (2011)

Temps de lecture : 9 minutes >

Il était une fois une petite fille qui était petite et qui était une fille.

Comme une petite fille, elle avait de belles boucles qui coulaient de chaque côté de son visage et des petits trous de nez tout ronds. Comme une fille petite, elle était toute menue et n’avait pas des boutons comme les garçons (beurk !).

Comme une fille, elle était courageuse le jour et un peu peureuse la nuit. Comme une petite, elle voulait faire la Grande sans vraiment savoir comment.

Elle avait l’air d’une petite fille, l’odeur d’une petite fille et si on l’avait mangée, elle aurait eu le goût d’une petite fille.

Aussi l’appela-t-on… “Petite-Fille”.

Or, il se fit que Petite-Fille et les siens emménagèrent dans une chaumière avec une belle cheminée, au coin d’un bois si beau et mystérieux que, le jour, Petite-Fille voulait y jouer, et si profond que, la nuit, elle avait peur d’y entrer.

Voilà qu’un jour, qui devenait un soir, Petite-Fille jouait au drone américain qui bombardait l’Irak. Elle ramassait des pommes de pin et les jetait en l’air… en avançant vers le Grand Sentier, à l’orée du bois.

Ce chemin encombré, Petite-Fille l’avait toujours vécu comme une invitation : peut-être menait-il à une vraie clairière au creux du bois…

Était-ce exprès que le jeu attirait Petite-Fille vers le Sentier ou était-ce Petite-Fille qui profitait du jeu pour explorer le Mystère ?

Elle avait déjà dépassé les deux bosquets de noisetiers qui en gardaient l’entrée. Elle se dirigeait maintenant vers le Vieil Arbre, au pied duquel un drôle de tas de feuilles et de branches débordait sur le chemin.

A mesure qu’elle avançait, ce dernier se faisait sentier plus sombre, les taillis formant une arche trop étroite, même pour Petite-Fille, qui se prit les cheveux dans les branches fines d’un chêne torturé.

Baissant la tête pour se protéger, elle vit son propre visage dans une flaque d’eau, à ses pieds. Dans le reflet, sa tête était couronnée de cheveux captifs dans les doigts de l’arbre. Elle se fit peur elle-même ; elle s’assit et pleura en frissonnant.

Ce faisant, Petite-Fille n’avait pas réalisé qu’elle était en fait assise sur le tas de branches, au pied du Vieil Arbre. A travers ses larmes, elle ne comprit pas immédiatement d’où venait une berceuse rauque que l’arbre lui soufflait dans les oreilles.

Accablée d’angoisse, elle ne sentit pas tout de suite ses petits bras et ses petites jambes s’engourdir peu à peu et, bientôt, elle dormit profondément, affalée sur le tas de feuilles et de branches entremêlées.

Une à une, les dernières pommes de pin lui tombèrent des mains…

Une fois éteints les pleurs de Petite-Fille, le calme fut vite de retour dans la Forêt et chacun reprit les tâches qui lui revenaient : le Vent caressait les branches les plus hautes, celles qui voyaient la lumière, et les Insectes continuaient dans l’ombre à ronger une à une les feuilles tombées au pied des Grands Troncs.

Sous le corps inerte de Petite-Fille, qui ronflait doucement, les feuilles se mirent à bouger en craquant, laissant le passage à un gros hérisson… aux yeux rouges.

L’animal n’était pas habile mais il n’hésita pas à grimper de ses fines griffes sur la poitrine d’oiseau de l’enfant, pour atteindre le bord de la bouche entr’ouverte.

Il renifla l’haleine de Petite Fille en éclairant l’intérieur de la bouche avec ses yeux luisants et, d’un seul coup, plongea dans la gorge offerte, s’enfonçant jusqu’au cœur de la malheureuse endormie.

Arrivé près du petit organe palpitant, il le dévora et pris sa place, paf, sans autre forme de procès !

Du coup, l’enfant se réveilla avec une drôle de boule dans la poitrine, pour se trouver nez à nez avec… un castor.

L’animal lui demanda si tout allait bien. Petite-Fille sursauta : parler avec un castor, c’est déjà pas courant, mais répondre à une question de castor, ça ne devait pas être très normal non plus.

Toujours affairé, le castor s’était, quant à lui, gentiment interrompu lorsqu’il avait visé une petite fille dormant sur un mauvais tas de bois (et le castor s’y connaissait) avec une drôle de lumière à l’endroit du cœur.

Pratique, il s’inquiétait de savoir si la jeune fille était toujours comme ça -auquel cas il passerait son chemin et reprendrait son travail- ou si la luminosité étrange qui baignait la poitrine de Petite-Fille n’était pas naturelle -auquel cas il passerait également son chemin, incompétent qu’il était en matière de sorcellerie. Simplement, le castor était d’un naturel poli.

Mais Petite-Fille ne l’entendait pas comme ça. “Les castors, avait expliqué sa Mère, sont des modèles pour nous : ils construisent des barrages, vivent cachés dans des galeries et savent toujours s’échapper par des tunnels secrets lorsqu’ils sont menacés”.

L’enfant, qui n’était pas née de la dernière pluie, rassura le castor et lui proposa ses services. Accepterait-il de lui montrer quelques-uns de ses secrets pour se protéger, auquel cas Petite-Fille deviendrait son esclave pendant un an et un jour ?

Pendant que le castor, surpris, réfléchissait à la proposition, Petite-Fille dû s’assoir à nouveau, tant sa poitrine lui brûlait, comme si des picots perçaient le revers de ses poumons. Était-elle malade ? Allait-elle mourir ? Le castor accepta vite l’arrangement, voyant l’effet que l’idée de le servir avait sur la petite.

Aussi, pendant un an et un jour, Petite-Fille aida-t-elle le castor, étudiant en cachette ses tunnels, ses barrages, ses remparts et ses barrières. Elle s’accoutuma aussi à l’animal, lui découvrant une bonhomie qu’elle ne lui supposait pas. Pourquoi tant de précautions si le castor n’avait pas d’ennemi ? A la question, le castor répondait invariablement, sa pipe en bouche : “je travaille tous les jours depuis que je travaille tous les jours. C’est comme ça. On me respecte ; ma vie n’est pas dangereuse. Seule l’eau peut pourrir mes réserves et mes barrages la retiennent suffisamment. Seul le gel peut bloquer mes accès, aussi ma maison en compte-t-elle beaucoup, mais pas trop. Pour le reste, la noyade ne me fait pas peur, je sais nager.”

Au terme de leur accord, le castor libéra Petite-Fille et elle reprit son chemin, après l’avoir bien remercié : à travailler près de lui, elle avait beaucoup appris et la douleur dans sa poitrine avait diminué chaque jour jusqu’à disparaître enfin. Maintenant, il lui fallait rentrer, Maman allait s’inquiéter.

La route était longue depuis la rivière et Petite-Fille fut vite lasse de marcher à la nuit tombée, sans voir où elle mettait les pieds. Alors elle s’appuya contre un arbre et se mit à pleurer de fatigue et d’angoisse.

On le sait, le Vieil Arbre a des frères répandus dans toute la Forêt et c’est un de ceux-ci qui chanta à nouveau la berceuse rauque. Bientôt, l’enfant fut profondément endormie…

Elle dormit tant et fort qu’elle ne sentit pas des serres s’agripper à sa cuisse et un bec de rapace se frotter contre sa veste de peau, à hauteur de son foie. Était-elle en danger ?

L’oiseau qui avait abordé l’enfant était un des Rois de la Nuit. Mais il n’était pas bien méchant et, content qu’il était d’une visite impromptue sur son territoire, il lâcha un petit pet sonore qui eut tôt fait de réveiller Petite-Fille : prout.

Petite-Fille se frotta les yeux puis réalisa qu’elle n’était pas seule. Arrimé sur sa cuisse, un Grand-Duc regardait alternativement la lueur rouge à l’endroit de son cœur et la lumière bleue de la Pleine Lune.

“Bonjour, tenta-t-elle, peux-tu te bouger un peu, s’il te plaît ? Tes serres commencent à percer ma jupe et j’ai peur d’avoir mal, la nuit.”

Elle trouvait important d’être très polie avec l’oiseau car sa mère lui avait expliqué : “les hiboux sont très savants, ils connaissent des millions de choses différentes, tellement que, quelquefois, ils perdent les plumes de la tête”.

Bien élevé, le hibou se posa sur une branche basse et la salua du chef (Petite-Fille put alors voir combien celui-ci devait être savant, tant son crâne était pelé).

Rusant comme une enfant qu’elle était, Petite-Fille fit au grand oiseau la même proposition qu’au castor, avec au cœur la même douleur qui renaissait : survivrait-elle cette fois ? Son cœur lui crèverait-il les poumons avant qu’elle n’ait fini d’étudier tout et le reste, au service du Grand-Duc ?

Le hibou accepta vite la proposition, inquiet du rougeoiement qui augmentait dans le torse de l’enfant.

Aussi, pendant un an et un jour, l’enfant étudia-t-elle auprès du grand oiseau, s’étonnant du peu de livres et de grimoires qu’elle déterra de sous les crottes et les pelotes de déjection qui jonchaient son arbre. Où cachait-il toute sa science, s’il était si savant ? A la question, le Grand-Duc répondait invariablement, en tournant la tête à 180 degrés : “j’étudie tous les jours le Soleil et la Lune, depuis qu’il éclaire mes jours, depuis qu’elle éclaire mes nuits. Je ne sais pas combien d’arbres il y a dans la Forêt mais je sais reconnaître les Frères du Vieux Chêne qui t’ont endormie. C’est comme ça. Ils me respectent ; ma vie n’est pas dangereuse. Pour le reste, le ciel ne me fait pas peur, je sais voler.”

Au terme du contrat, l’oiseau accompagna Petite-Fille qui reprit son chemin, après l’avoir bien remercié : à travailler près de lui à la lueur de la Lune, elle avait beaucoup appris et la lumière sur sa poitrine avait pâli jusqu’à disparaître enfin. Maintenant, il lui fallait rentrer, Maman allait s’inquiéter.

La petite connaissait la Nuit maintenant et elle ne se laissa plus piéger par les Frères du Vieil Arbre. Ce n’était pas le cas d’un ours énorme qu’elle vit dormir sur une pierre, aux abords d’une clairière, au pied d’un grand arbre torturé. La berceuse rauque assommait aussi les vieux mâles plantigrades, lui sembla-t-il.

Forte de son expérience (deux ans et deux jours, maintenant), elle s’approcha doucement de l’énorme masse velue, guettant tout soubresaut des grandes pattes aux griffes rentrées par le sommeil. Elle remarqua aussi des cicatrices sur son flanc et la douceur des coussinets sur lesquels la bête avait l’habitude de déambuler dans la Forêt. Sa mère lui avait expliqué : “l’ours en rut est fort de ses grandes pattes, puissant dans l’étreinte et, des cris de son printemps, il réveille toute la Forêt”.

Bizarrement, l’envie de refaire sa proposition à l’animal endormi éveilla sa douleur et c’est la poitrine rougeoyante, mais sans peur, qu’elle éveilla l’ours en lui chuchotant à l’oreille qu’elle le servirait un an et un jour, hibernation comprise, s’il lui confiait le secret de sa vigueur.

Éveillé d’un œil, l’ours accepta, un peu ébloui par le feu qu’il voyait couver dans la poitrine fraîche de l’enfant.

Aussi, pendant un an et un jour, l’enfant marcha-t-elle aux côtés du grand velu : à chaque fois surprise de sa douceur quand il lui parlait, un peu comme à ses oursons, et à chaque fois étonnée de sa force quand il devait lever un arbre qui gênait l’entrée de sa caverne. D’où tirait-il toute sa force, s’il était si vigoureux ? Pas de sa colère, il n’en avait pas. De son sommeil, peut-être (l’ours faisait beaucoup la sieste) ? A la question, le plantigrade répondait invariablement, en léchant du miel : “je porte des troncs tous les jours, quand je ne dors pas. C’est facile quand on sait comment il faut se mettre pour les soulever : c’est pas les muscles, c’est la manière. C’est comme ça. Et les arbres, ils me respectent ; ma vie n’est pas difficile. Pour le reste, la terre ne me fait pas peur, je sais creuser.”

Le terme échu, Petite-Fille repartit, après l’avoir bien remercié : à marcher près de lui, dans l’odeur forte de son pelage, elle avait beaucoup appris et les picotements de son cœur s’étaient tus jusqu’à disparaître enfin. Maintenant, il lui fallait rentrer, Maman allait s’inquiéter.

Petite-Fille se hâta sur la trace que l’ours lui avait indiquée. Elle trottinait toute en joie, plus mûre de ces trois ans et trois jours passé dans la Forêt. La promenade avait été suffisamment riche en rencontres et il fallait rentrer maintenant.

Mais le chemin était long et, épuisée par toutes ces émotions, elle ne prit garde et s’endormit au pied du Vieil Arbre qui attendait son retour, tout près de sa maison. La berceuse rauque flottait autour d’elle et devint un brouillard fin qui l’enveloppa complètement.

Que se passait-il ? La lueur sur son torse perdait de la vigueur. Petite-Fille se sentait tellement soulagée, tout en rêvant à ses trois Mentors. Le Castor, le Grand-Duc et l’Ours, qui regardaient sa poitrine en souriant. Elle sentit comme un petit animal qui quittait son corps sans forcer et puis, pfuuuit, plus rien.

Au réveil, elle sursauta : le Vieil Arbre était au-dessus d’elle mais il restait immobile et avait ouvert ses branches et laissait maintenant passer la lumière du Soleil.

Petite-Fille posa la main sur le sol, à côté d’elle, et elle sentit que quelque chose bougeait. Vérification faite, un petit hérisson la regardait, couché sur le dos et lui offrant la douceur de son pelage. Elle lui fit une petite caresse puis se leva, pressée de retrouver les siens.

Quand Petite-Fille sortit du bois, elle sentit le soleil sur ses hanches. Elle se retourna une dernière fois vers le Sentier puis repris la direction de chez elle. Maman allait s’inquiéter…

La maison était là mais… que s’était-il passé ? Plusieurs tuiles manquaient sur l’annexe, le bardage était couvert de lichen par endroits et, dans le potager, les herbes étaient hautes. Où était Maman ? Pourquoi ces rideaux tirés et ce chien attaché, qu’elle ne connaissait pas. “Maman, cria-t-elle, Maman, où es-tu ?”.

Petite-Fille courut tout autour de la demeure, en quête d’une ouverture ou d’un regard de sa Mère, qui écarterait les tentures pour la reconnaître. Ses belles jambes se griffaient aux chardons mais elle n’en avait cure. “Maman”, cria-t-elle encore.

C’est alors que la porte d’entrée grinça et s’entrouvrit. Une vieille femme sortit, se glissant le long du mur. Rassurée par le sourire de la jeune femme qui la regardait, elle s’avança vers le fauteuil et l’invita à s’assoir près d’elle, sous la véranda : “viens, Petite Femme, dit la vieille en clignant ses yeux de Mère, tu es enfin revenue”.

Alors, Petite Femme n’y tint plus, elle pressa le visage de sa mère contre sa poitrine ronde et bientôt son corsage fut mouillé de leurs bonnes larmes partagées. Émue comme l’enfant qui cherche toujours les bras de la Mère, Petite Femme raconta longuement son aventure et expliqua à sa Mère que même les hérissons avaient un cœur grand comme ça. Et qu’ils ne piquaient pas si souvent !

Les soirées furent longues à se dire tout ce qui n’avait pas encore été dit et ce n’était qu’à la dernière braise que chacune montait dormir.

Le mois suivant, un gentil couvreur aux beaux bras musclés et au cœur généreux vint réparer les tuiles tombées. Ce fut l’amour au premier regard chez les deux femmes. Petite Femme sortit la première de sa réserve et épousa le garçon six mois plus tard. La Mère les bénit, débordant déjà de tendresse pour ses futurs petits-enfants. Elle leur raconterait l’histoire du hérisson.

Toute la maisonnée fut désormais bien en vie et le potager donna à nouveau de beaux potirons qui, minuit venu, se changeaient en… potirons.

KONIEC (prononcer [konièts])

Un conte préparé par Patrick Thonart (2011)

  • L’illustration est © Spencer Byles

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THONART : Quelque part dans la forêt (2011)

Temps de lecture : < 1 minute >

 

Quelque part dans la forêt,
Un ours se lèche une plaie,
Il s’est légèrement blessé le flanc,
Sur un chemin qu’il connaissait pourtant.

Adossé au rocher, il sourit.

C’est au retour de l’amour,
Que, les yeux plein de son miel, à elle,
Il a laissé la branche marquer son aisselle,
Pour toujours…

Patrick Thonart


D’autres du même…

LAWRENCE : textes

Temps de lecture : 3 minutes >

Et il lui sembla qu’elle était comme la mer, toute en sombres vagues s’élevant et se gonflant en une montée puissante jusqu’à ce que, lentement, toute sa masse obscure fût en mouvement et qu’elle devint un océan roulant sa sombre masse muette. Et, tout en bas, au tréfonds d’elle-même, les profondeurs de la mer se séparaient et roulaient de part et d’autre, en longues vagues qui fuyaient au loin, et, toujours, au plus vif d’elle-même, les profondeurs se séparaient et s’en allaient en roulant de chaque côté du centre où le plongeur plongeait doucement, plongeait de plus en plus profond, la touchant de plus en plus bas ; et elle était atteinte de plus en plus profond, de plus en plus profond, et les vagues d’elle-même s’en allaient en roulant vers quelque rivage, la laissant découverte ; et, de plus en plus près, plongeait l’inconnu palpable, et de plus en plus loin roulaient loin d’elle les vagues d’elle-même qui l’abandonnaient, jusqu’à ce que soudain, en une douce et frémissante convulsion, le fluide même de son corps fût touché ; elle se sut touchée ; tout fût consommé ; elle disparut. Elle avait disparu, elle n’était plus, elle était née : une femme.

L’amant de Lady Chatterley (1928)

ISBN 9782070387434

“Le roman le plus connu de D.H. Lawrence. Son succès repose sur l’idée que c’est le chef-d’œuvre de la littérature érotique, l’histoire d’une épouse frustrée, au mari impuissant, et qui trouve l’épanouissement physique dans les bras vigoureux de son garde-chasse. Mais l’importance du livre est dans la peinture d’un choc historique et social qui constitue le monde moderne. Entre la communauté rurale anglaise et le monde industriel, c’est tout le tissu d’un pays qui se déchire. La forêt du roman, où vit Mellors, le garde-chasse, représente le dernier espace de sauvagerie et de liberté ; lady Chatterley l’y retrouve et s’y retrouve, tout en voyant basculer son univers habituel. Ce roman poétique doit être lu comme un mélange de voyage initiatique, de descente aux enfers, comme une grande lamentation sur l’état de l’Angleterre, aux échos bibliques. L’intrigue amoureuse séduit à une première lecture ; mais le roman a une valeur historique et symbolique…” (en savoir plus via GALLIMARD.FR)

ISBN 9782070295968

En 2006, Pascale Ferran (FR) adapte au cinéma une version antérieure du roman (Lady Chatterley et l’homme des bois) dont Jacques MANDELBAUM dira dans LEMONDE.FR (31 octobre 2006) : “La transposition de Pascale Ferran ne tire pas ses qualités du parfum de scandale provoqué, à l’époque, par la charge érotique du roman. Resserré autour de la relation entre les deux amants, le film tient au contraire tout entier dans la manière, admirable, dont est mis en scène leur insensible rapprochement, surmonté le grand écart social, culturel et physique qui fonde la mutuelle attirance de la belle fiévreuse et de la brute suspicieuse. Pour dire le vrai, on aura très rarement vu au cinéma l’amour et le sexe, la réticence et l’abandon, l’attente et la jouissance, le sentiment et la chair aussi bien filmés qu’à travers le lent apprivoisement de cet homme et de cette femme, pour cette raison qu’ils sont manifestement pensés, et donc filmés, ensemble. La beauté primitive et sensuelle qui habite le film, l’attention qu’il porte à la nature et à la matérialité des choses, aux couleurs, aux tons et aux rythmes changeants à travers lesquels se noue et se consomme la rencontre entre ces deux personnages, tout cela contribue à rendre caduques les questions de morale et de pudeur qui se posent ordinairement en la matière…”


Plus d’amour ?

THONART : textes

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Contes, dits & fabulettes
        1. La belle histoire de Petite-Fille et du Cœur de Hérisson (2011)
        2. Il était une fois une Méchante Reine… malgré elle (2011)
        3. L’ours, la renarde et le héron (2014)
        4. Le Chêne fait bois amer à celles dont la Mère boit (2014)
        5. Il était plusieurs fois (2014)
        6. Cendrillon et le Diable (2017)
        7. Le doux conte de Jolie-Femme et du Hérisson de cœur (2019)
        8. Souricette et la pétarade à vents (2019)
        9. Tite-Belette et sa pelisse (2019)
Essais & monographies
        1. Tolkien or the Fictitious Compiler (1984)
          1. Acknowledgements
          2. Introduction
          3. Chapter 1 – The Lord of the Rings as more than a Romance
          4. Chapter 2 – The Quest
          5. Chapter 3 – The Sword
          6. Chapter 4 – The Ring
          7. Conclusion
          8. Bibliography & Bibliographical Codes
        2. Être à sa place. Petit guide de survie des vivants dans un monde idéalisé (à paraître)
Paix d’Ours : un recueil de l’attente (poèmes)
        1. Quelque part dans la forêt (2011)
        2. Le matin du Bon Jour (2014)
        3. L’Ours lève la truffe (2014)
        4. L’Ours titube dans la Forêt (2014)
        5. Un jour viendra, couleur d’orange (2014)
        6. A la kermesse des notables (2014)
        7. La larme de l’Ours l’avait trahi (2014)
        8. L’Ours et la Renarde se regardaient (2014)
Autres poèmes & chansons sans musique
        1. L’oeil de l’Homme est dans le lac
        2. Tu as jeté sur moi (2014)
        3. Pleurs (2014)
        4. Bohémien sans répit (2014)
        5. La Lumière est si joyeuse (2014)
        6. Les armoires alignées (2014)
        7. Tu es là, vivante à mon cœur comme l’épousée (2019)
        8. C’est la nuit, c’est le marbre (2019)
        9. Tu es ma rive (2019)
        10. Hier est loin (2019)
Traductions publiées
        1. THYS (dir.) : Le cinéma belge (FLAMMARION, Ludion, La Cinémathèque royale de Belgique, 1999)
        2. van BEURDEN, R. & SHEPARD, S., The Meaning of HACCP in Food Safety Management and the Contribution of Lumac/L’importance des systèmes HACCP dans la gestion de la sécurité alimentaire – La contribution de Lumac (Landgraaf: Perstorp Analytical Lumac, 1995)
        3. JANSSENS L., L’organisation professionnelle des Maîtres-Menuisiers de Bruxelles à travers les âges (catalogue de l’exposition, 1988)
        4. OLIVER M., Jour d’été (poème, wallonica, 2021)
        5. OLIVER M., Printemps (poème, wallonica, 2022)
        6. LEIJNSE E., Laurence Alma Tadema (1865-1940), auteure et rivale de Georgette Leblanc (monographie, FUNDP, 2022).

préparé par Patrick THONART

Illustration de l’article : DOTREMONT C., Par voie d’origine (ca. 1968)


Par où commencer ? Qui ne sait choisir laisse la main au hasard…