PIRENNE, Maurice (1872-1968)

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Maurice Pirenne n’a pas fait une carrière tonitruante. Trop secret, discret, modeste. Frère d’Henri Pirenne, l’historien, il n’avait pas la fibre étincelante de son parent armorié. Cultivant les souvenirs, les émotions, les discrétions d’usage, Pirenne le peintre fut un passeur de sensations. Un Morandi wallon en des temps où, pourtant, s’attisaient les tensions entre tenants de l’abstraction, rigoureuse ou lyrique, et d’incurables figuratifs campés devant leur chevalet. Pirenne voyait tout en petit. Il dessinait ou peignait à même sa table. Que peignait-il ? Ce qu’il voyait en faisant le tour de sa chambre, ce qu’il subodorait en regardant à travers les rideaux d’une fenêtre donnant sur le large. Sans prétention ni vocation à être reconnu. L’enchantait le bonheur confus de se raconter par le biais d’objets coutumiers ou d’histoires qu’il revivait grâce à eux. Attiré par les formes, par les couleurs, par l’indicible enclos en chaque alentour, Pirenne reproduisait sur sa toile, son papier, son bout de carton, des évidences entrevues par un œil à l’affût de fugaces ou obsédantes vérités.

Soutenu par André Blavier, verviétois comme lui et pataphysicien rarement avare en fraternités espiègles et salutaires Pirenne alla sa vie comme on se lève pour arpenter un monde réduit à quelques mètres carrés. Tout n’y est-il pas dit en réduction et, appendice favorable, loin des manipulations qui discréditent les réalités aveugles ? Les tableaux exposés – une quarantaine – sont, tantôt, des pastels, tantôt, des huiles sur toile ou sur carton. Une même ferveur les habite: l’approche sensible de la lumière au travers d’objets soudain vivants, accordés à l’ambiance et à l’espace. Sur les murs blancs, deux étages de la si belle galerie – une ancienne usine des cycles Star – de Nadja Vilenne, les pièces à conviction de Pirenne bénéficient de la scénographie, très simple, mesurée, souple, aérée, d’ Olivier Foulon, un jeune artiste qui, au départ, ne connaissait pas du tout Pirenne, et l’a manifestement aimé.

On rêve et on s’émeut avec Pirenne et ses objets, miracle d’une transmission sans faux-fuyant. Ses objets deviennent les nôtres, ceux dont on aimerait s’entourer avec cette simplicité d’une vie sans heurt extérieur…”

Lire la suite de l’article de Roger-Pierre TURINE sur le site de la galerie Nadja VILENNE…

A propos de Maurice PIRENNE :

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