FRANCE, Anatole : On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels (L’Humanité, 18 juillet 1922)

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Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, Les Hauts Fourneaux, qu’il importe de connaître. On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.

© DP

Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — “Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux !

Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Gillam Bernhard, Les protecteurs de nos industries (Puck, 1883) © DP

Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.

Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. “L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir.”

Gaza © unicef.fr

Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté que l’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. “C’est, dit-elle, un signe de progrès et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles : la haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus.” Je lui demandais timidement comment il est possible de haïr tout un peuple : “Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur.

Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres. Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,

Anatole FRANCE


© DP

Anatole France : un écrivain notoire de la IIIe République

[GALLICA.BNF.FR, 10 décembre 2024] À l’occasion du centième anniversaire de la disparition d’Anatole France (1844-1924), ce billet revient sur son œuvre et son parcours. Écrivain engagé et auteur majeur de la IIIe république, il subit cependant lors de son décès des attaques portant ombrage à la postérité de son œuvre.

De son vrai nom, François Anatole Thibault, il est né le 16 avril 1844 à Paris et est mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire). Dès les origines, déjà les livres et la littérature : son père était libraire. Anatole France est à la fois romancier, nouvelliste et critique. D’abord icône de la Nation – voir quel pseudonyme (“France”) il s’est justement choisi ! – il n’échappe pas, de son vivant, à la verve satirique et au crayon caricatural [l’article original propose des caricatures d’Anatole France, voir ici…]

L’écrivain et critique Jules Lemaître (1853-1914), membre de l’Action française, évoque ainsi en 1909 cet esprit libre, sa marque la plus sûre, dans Les Hommes du jour. Il devient toutefois par la suite la cible des Surréalistes, notamment de Louis Aragon et d’André Breton. Ce tract surréaliste publié à la mort d’Anatole France constitue une publication à charge […]

Anatole France est l’image même de l’homme engagé, témoin de son temps. Ainsi dénonce-t-il le génocide arménien. Il soutient alors l’écrivain et poète Archag Tchobanian (1872-1954) : “M. Tchobanian partage, avec le père Charmetant, l’honneur d’avoir dénoncé au peuple français cet épouvantable égorgement qui demeurait depuis de longs mois un secret diplomatique.” Il s’engage ardemment dans le camp dreyfusard ce qui participe à sa postérité. Au lendemain de la publication de J’accuse d’Émile Zola en janvier 1898, il signe la première pétition, dite des intellectuels qui réclamne la révision du procès de l’officier. On retrouve cet engagement dans Monsieur Bergeret à Paris. Il exprime également son admiration pour Jean Jaurès, dans la préface à l’ouvrage de Charles Rappoport, Jean Jaurès : l’homme, le penseur, le socialiste (1915) : “Je viens de lire votre livre sur Jaurès. Je l’admire et l’approuve du commencement à la fin. Vous seul pouviez embrasser ainsi les aspects de ce vaste génie.

Publié en 1881, Le crime de Sylvestre Bonnard est le premier roman d’Anatole France. Sylvestre Bonnard est un érudit menant une vie austère entouré de livres. Son principal compagnon est un chat nommé Hamilcar, “prince somnolent de la cité des livres.” Il cherche un manuscrit du XIVe siècle de la traduction française de La Légende dorée, de Jacques de Voragine. L’auteur donne à réfléchir ici sur un certain type de fanatisme : l’amour absolu de l’érudit bibliophile pour les livres. À travers une enquête passionnante, il rend son personnage attachant en le confrontant à des dilemmes éminemment humains. Anatole France reçu pour cette œuvre le prix Montyon de l’Académie Française en 1882.

Son Histoire contemporaine est parue entre 1897 et 1901 en quatre volumes. Cette œuvre est une satire de la France de la IIIe république, à travers une peinture de mœurs. Le fil conducteur est la personne de M. Bergeret, professeur de lettres classiques. Le premier volume, L’Orme du mail, décrit des milieux ecclésiastiques bien éloignés des principes qu’ils sont censés prêcher. C’est un monde d’intrigues. L’anticléricalisme point dans certains passages. Il y décrit des esprits faibles, manipulables par les supérieurs ecclésiastiques, en vue d’accroître leur pouvoir et dénonce leur dogmatisme. Parfois, il met en avant la dureté de ces milieux cléricaux. Notamment quand l’Abbé Lantaigne renvoie Firmin Piédagnel du séminaire : “Vous ne faites plus partie de cette maison.” Dans la deuxième partie, Le Mannequin d’osier, M.Bergeret est comme enfermé dans sa vie étroite. La description de son cabinet de travail semble une métaphore de sa vie. Il oppose ses pensées à la réalité bien moins glorieuse : “Ce cabinet de travail où le maître de conférence aiguisait ses fines pensées d’humaniste n’était qu’un recoin difforme.” M. Bergeret semble vivre dans ses rêves, afin d’échapper au réel. La description d’une villa idyllique personnifie le rêve qui se heurte au réel : “M. Bergeret attristé par l’inélégance de sa vie étroite, rêva de quelque villa où, sur une blanche terrasse, au bord d’un lac bleu, il mènerait de paisibles entretiens.

Les dieux ont soif, roman publié en 1912, narre l’histoire d’Evariste Gamelin qui devient juré au Tribunal révolutionnaire. Cette histoire se passe sous la Terreur de 1793-1794. Le principal protagoniste semble emblématique du personnel des sections révolutionnaires. Evariste Gamelin paraît se penser comme moral, dans le camp de la vérité, par opposition à l’ancienne société pensée comme immorale : “Il y reconnaissait la dépravation monarchique et l’effet honteux de la corruption des cours.” L’ambiance de soupçon et de délation propre à la Terreur est présente. Evariste Gamelin affirme que “La Révolution fera pour les siècles le bonheur du genre humain.” Il incarne en cela les excès, la rigidité et la médiocrité de celui qui fait preuve d’une foi sans borne en la Révolution et qui, pour finir, enverra à la mort nombre de ses semblables. C’est ce que le personnage de Maurice Brotteaux, son opposé, a pour fonction de mettre en lumière : “J’ai l’amour de la raison, je n’en ai pas le fanatisme […] La raison nous guide et nous éclaire ; quand vous en aurez fait une divinité, elle vous aveuglera, et vous persuadera des crimes.” À l’inverse de Gamelin, Brotteaux fait preuve d’une prudente mesure face aux fanatismes à l’œuvre dans cette époque troublée. Evariste Gamelin finit d’ailleurs guillotiné à la suite du 9 thermidor an II.

France est élu à l’Académie française en 1896 et obtient le prix Nobel de littérature en 1921. C’est un sceptique, et les personnages qui peuplent ses romans le prouvent : nous pourrions prendre pour exemple l’Abbé Lantaigne dans L’Orme du mail, ou Evariste Gamelin dans Les dieux ont soif. C’est bien cette propension au doute que relève l’écrivain René Jeanne, dans un article publié dans La Herse. Paul Verlaine, dans la revue littéraire Les Hommes d’aujourd’hui du 1er janvier 1890, lui rend un hommage. Autre prestigieux admirateur : Marcel Proust, qui le rencontra dans le salon de Madame Arman de Caillavet. Il lui demande de préfacer Les Plaisirs et les jours. Puis il s’inspirera de l’écrivain pour créer le personnage de Bergotte, dans À la recherche du temps perdu. À ses obsèques, le 18 octobre 1924, la foule fut immense à rendre un dernier hommage au grand écrivain.

Thierry Pastorello, BnF


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Plus d’engagement en Wallonie…

Les systèmes d’IA ne savent pas expliquer leurs décisions. Voici les pistes de recherche vers ‘l’explicabilité’

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[THECONVERSATION.COM, 5 décembre 2024] L’utilisation d’intelligences artificielles, dans certains cas, génère des risques de discriminations accrues ou encore de perte de confidentialité ; à tel point que l’Union européenne tente de réguler les usages de l’IA à travers différents niveaux de risques. Ceci pose d’autant plus question que la plupart des systèmes d’IA aujourd’hui ne sont pas en mesure de fournir des explications étayant leurs conclusions. Le domaine de l’IA explicable est en plein essor.

À l’hôpital, des systèmes d’intelligence artificielle (IA) peuvent aider les médecins en analysant les images médicales ou en prédisant les résultats pour les patients sur la base de données historiques. Lors d’un recrutement, des algorithmes peuvent être utilisés pour trier les CV, classer les candidats et même mener les premiers entretiens. Sur Netflix, un algorithme de recommandation prédit les films que vous êtes susceptible d’apprécier en fonction de vos habitudes de visionnage. Même lorsque vous conduisez, des algorithmes prédictifs sont à l’œuvre dans des applications de navigation telles que Waze et Google Maps pour optimiser les itinéraires et prédire les schémas de circulation qui devraient assurer un déplacement plus rapide.

Au bureau, ChatGPT, GitHub Copilot et d’autres outils alimentés par l’IA permettent de rédiger des courriels, d’écrire des codes et d’automatiser des tâches répétitives ; des études suggèrent que jusqu’à 30 % des heures travaillées pourraient être automatisées par l’IA d’ici à 2030.

Ces systèmes d’IA sont très variés, mais ils ont un point commun : leur fonctionnement interne et leurs résultats sont difficiles à expliquer… pas seulement pour le grand public, mais aussi pour les experts. Ce manque d’explicabilité limite le déploiement des systèmes d’IA en pratique. Pour résoudre ce problème et s’aligner sur les exigences réglementaires croissantes, un domaine de recherche connu sous le nom d’IA explicable (ou explicabilité) a vu le jour.

IA, apprentissage automatique… des noms qui recouvrent des systèmes variés

Avec la médiatisation généralisée de l’intelligence artificielle et son déploiement rapide, il est facile de se perdre. En particulier, de nombreux termes circulent pour désigner différentes techniques d’IA, sans que l’on sache forcément bien ce que chacun recouvre, par exemple “apprentissage automatique”, “apprentissage profond” et “grands modèles de langage”, pour n’en citer que quelques-uns.

En termes simples, l’IA fait référence au développement de systèmes informatiques qui effectuent des tâches nécessitant une intelligence humaine, telles que la résolution de problèmes, la prise de décision et la compréhension du langage. Elle englobe divers sous-domaines tels que la robotique, la vision par ordinateur et la compréhension du langage naturel.

Un sous-ensemble important de l’IA est l’apprentissage automatique, qui permet aux ordinateurs d’apprendre à partir de données au lieu d’être explicitement programmés pour chaque tâche. Pour simplifier, la machine observe des schémas dans les données et les utilise pour faire des prédictions ou prendre des décisions. Dans le cas d’un filtre antispam par exemple, le système est entraîné à partir de milliers d’exemples de courriers électroniques indésirables et non indésirables. Au fil du temps, il apprend des éléments – des mots, des phrases ou des détails sur l’expéditeur – qui sont courants dans les spams.

Différentes expressions sont utilisées pour désigner un large éventail de systèmes d’IA © Elsa Couderc, CC BY

L’apprentissage profond est lui-même un sous-ensemble de l’apprentissage automatique et utilise des réseaux de neurones complexes composés de plusieurs couches afin de repérer et d’apprendre des motifs récurrents encore plus sophistiqués. L’apprentissage profond s’avère d’une valeur exceptionnelle pour travailler avec des données textuelles ou des images, et constitue la technologie de base de divers outils de reconnaissance d’images ou de grands modèles de langage tels que ChatGPT.

Réglementer l’IA

Les exemples du début de cet article montrent la grande variété d’applications possibles de l’IA dans différents secteurs. Plusieurs de ces applications, par exemple la suggestion de films sur Netflix, semblent relativement peu risquées, tandis que d’autres, comme le recrutement, l’évaluation d’éligibilité à un crédit bancaire ou le diagnostic médical, peuvent avoir un impact important sur la vie d’une personne. Il est donc essentiel que ces applications soient conformes à des critères éthiques partagés.

C’est à cause de ce besoin d’encadrement que l’Union européenne a proposé son AI Act. Ce cadre réglementaire classe les applications de l’IA en quatre niveaux de risque différents en fonction de leur impact potentiel sur la société et les individus : inacceptable, élevé, limité, et minimal. Chaque niveau mène à différents degrés de réglementation et d’exigences.

Ainsi, les systèmes d’IA à “risque inacceptable”, tels que les systèmes utilisés pour le score social ou la police prédictive, sont interdits en Union européenne, car ils représentent des menaces importantes pour les droits de l’homme.

Les systèmes d’IA à “haut risque” sont autorisés, mais ils sont soumis à la réglementation la plus stricte, car ils sont susceptibles de causer des dommages importants en cas d’échec ou d’utilisation abusive, par exemple dans les secteurs sensibles que sont l’application de la loi et le maintien de l’ordre, le recrutement et l’éducation.

Les systèmes d’IA à “risque limité” comportent un certain risque de manipulation ou de tromperie, par exemple les chatbots ou les systèmes de reconnaissance des émotions, dans lesquels il est primordial que les humains soient informés de leur interaction avec le système d’IA.

Les systèmes d’IA à “risque minimal” contiennent tous les autres systèmes d’IA, tels que les filtres antispam, qui peuvent être déployés sans restrictions supplémentaires.

Le besoin d’explications, ou comment sortir l’IA de la “boîte noire”

De nombreux consommateurs ne sont plus disposés à accepter que les entreprises imputent leurs décisions à des algorithmes à boîte noire. Prenons l’exemple de l’incident Apple Card, où un homme s’est vu accorder une limite de crédit nettement plus élevée que celle de sa femme, en dépit du fait qu’ils partageaient les mêmes biens. Cet incident a suscité l’indignation du public, car Apple n’a pas été en mesure d’expliquer le raisonnement qui sous-tend la décision de son algorithme. Cet exemple met en évidence le besoin croissant d’expliquer les décisions prises par l’IA, non seulement pour garantir la satisfaction des clients et utilisateurs, mais aussi pour éviter une perception négative de la part du public.

De plus, pour les systèmes d’IA à haut risque, l’article 86 de la loi sur l’IA établit le droit de demander une explication des décisions prises par les systèmes d’IA, ce qui constitue une étape importante pour garantir la transparence des algorithmes.

Au-delà de la conformité légale, les systèmes d’IA “transparents” présentent plusieurs avantages, tant pour les propriétaires de modèles que pour les personnes concernées par les décisions.

Une IA transparente

Tout d’abord, la transparence renforce la confiance (comme dans l’affaire de l’Apple Card) : lorsque les utilisateurs comprennent le fonctionnement d’un système d’IA, ils sont plus susceptibles de l’utiliser.

Deuxièmement, la transparence contribue à éviter les résultats biaisés, en permettant aux régulateurs de vérifier si un modèle favorise injustement des groupes spécifiques.

Enfin, la transparence permet l’amélioration continue des systèmes d’IA en révélant les erreurs ou les effets récurrents inattendus.

Globalement, il existe deux approches pour rendre les systèmes d’IA plus transparents.

Tout d’abord, on peut utiliser des modèles d’IA simples, comme les arbres de décision ou les modèles linéaires pour faire des prédictions. Ces modèles sont faciles à comprendre car leur processus de décision est simple.

Par exemple, un modèle de régression linéaire peut être utilisé pour prédire les prix des maisons en fonction de caractéristiques telles que le nombre de chambres, la superficie et l’emplacement. La simplicité réside dans le fait que chaque caractéristique est affectée d’un poids et que la prédiction est simplement la somme de ces caractéristiques pondérées : on distingue clairement comment chaque caractéristique contribue à la prédiction finale du prix du logement.

Cependant, à mesure que les données deviennent plus complexes, ces modèles simples peuvent ne plus être suffisamment performants.

C’est pourquoi les développeurs se tournent souvent vers des “systèmes boîte noire” plus avancés, comme les réseaux de neurones profonds, qui peuvent traiter des données plus importantes et plus complexes, mais qui sont difficiles à interpréter. Par exemple, un réseau de neurones profond comportant des millions de paramètres peut atteindre des performances très élevées, mais la manière dont il prend ses décisions n’est pas compréhensible pour l’homme, car son processus de prise de décision est trop vaste et trop complexe.

L’IA explicable

Une autre option consiste à utiliser ces puissants modèles malgré leur effet de “boîte noire” en conjonction avec un algorithme d’explication distinct. Cette approche, connue sous le nom d’”IA explicable”, permet de bénéficier de la puissance des modèles complexes tout en offrant un certain niveau de transparence.

Une méthode bien connue pour cela est l’explication contre-factuelle, qui consiste à expliquer la décision atteinte par un modèle en identifiant les changements minimaux des caractéristiques d’entrée qui conduiraient à une décision différente.

Par exemple, si un système d’IA refuse un prêt à quelqu’un, une explication contre-factuel pourrait informer le demandeur : “Si votre revenu annuel avait été supérieur de 5 000 euros, votre prêt aurait été approuvé“. Cela rend la décision plus compréhensible, tout en conservant un modèle d’apprentissage automatique complexe et performant. L’inconvénient est que ces explications sont des approximations, ce qui signifie qu’il peut y avoir plusieurs façons d’expliquer la même décision.

Vers des usages positifs et équitables

À mesure que les systèmes d’IA deviennent de plus en plus complexes, leur potentiel de transformer la société s’accroît, tout comme leur capacité à commettre des erreurs. Pour que les systèmes d’IA soient réellement efficaces et fiables, les utilisateurs doivent pouvoir comprendre comment ces modèles prennent leurs décisions.

La transparence n’est pas seulement une question de confiance, elle est aussi cruciale pour détecter les erreurs et garantir l’équité. Par exemple, dans le cas des voitures autonomes, une IA explicable peut aider les ingénieurs à comprendre pourquoi la voiture a mal interprété un panneau d’arrêt ou n’a pas reconnu un piéton. De même, en matière d’embauche, comprendre comment un système d’IA classe les candidats peut aider les employeurs à éviter les sélections biaisées et à promouvoir la diversité.

En nous concentrant sur des systèmes d’IA transparents et éthiques, nous pouvons faire en sorte que la technologie serve les individus et la société de manière positive et équitable.

David Martens & Sofie Goethals, Université d’Anvers


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Plus de dispositifs en Wallonie…

SOW, Ousmane (1935-2016)

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L’art ne peut se nourrir que de la paix. L’artiste peut continuer à travailler dans les situations conflictuelles, mais il ne peut pas avoir la prétention d’intéresser les gens à ce qu’il fait.

[MOREEUW.COM] L’artiste Ousmane SOW naît à Dakar en 1935. Ousmane Sow sculpte depuis l’enfance. Par la suite, tout en exerçant le métier de kinésithérapeute, il poursuit sa pratique artistique. A l’âge de 50 ans, Ousmane Sow décide de se consacrer entièrement à la sculpture.

S’attachant à représenter l’homme, Ousmane Sow travaille par séries et s’intéresse aux ethnies d’Afrique puis d’Amérique. Puisant son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l’histoire ou l’ethnologie, l’art d’Ousmane Sow retrouve un souffle épique que l’on croyait perdu. Fondamentalement figuratives, témoignant toutefois d’un souci de vérité éloigné de tout réalisme, ses effigies plus grandes que nature sont sculptées sans modèle. Ces figures ont la force des métissages réussis entre l’art de la grande statuaire occidentale et les pratiques rituelles africaines.

Avec l’irruption de ses Nouba au milieu des années 1980, Ousmane Sow replace l’âme au corps de la sculpture, et l’Afrique au cœur de l’Europe. En passant d’un continent à un autre, il rend hommage, dans sa création sur la bataille de Little Big Horn, aux ultimes guerriers d’un même soleil. Des peuplades d’Afrique aux Indiens d’Amérique, il recherche le fluide de ces hommes debout. Comme s’il s’agissait pour lui d’offrir en miroir à ces ethnies nomades, fières et esthètes, cet art sédentaire qui leur fait défaut : la sculpture.

Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, Ousmane Sow expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Kassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise. Son exposition sur le Pont des Arts au printemps 1999 attire plus de trois millions de visiteurs. Son œuvre a également été exposée au Whitney Museum de New York.

Peut-être que certains sont surpris par le volume de mes sculptures et donc par la masse de travail qu’elles peuvent représenter. On nous imagine encore trop souvent sous les cocotiers ! Certains pensent encore que nous ne pouvons pas avoir un langage cohérent et qu’un Africain qui s’exprime clairement est une exception. Nous ne savons pas nous montrer tels que nous sommes réellement. L’image que nous donnons est celle de gens dont on doit avoir pitié, alors que l’Afrique regorge de gens exceptionnels. Il y a une sorte de complexe. C’est un carcan dont nous avons du mal à sortir.

En 1984, Ousmane Sow réalise sa première série de sculptures : les Nouba. En 1988, naissent les Masaï, en 1991 les Zoulou, et en 1993 les Peulh. En 1999, Ousmane Sow réalise la bataille de Little Big Horn, une série de 35 pièces exposées sur le Pont des Arts, exposition qui réunit toutes ses séries.

En 2001, Ousmane Sow confie aux Fonderies de Coubertin et aux Fonderies Susse la réalisation de ses premiers bronzes, réalisés à partir de ses originaux. La même année, il réalise une commande pour le Comité International des Jeux Olympiques, Le coureur sur la ligne de départ, aujourd’hui installé au Musée des Jeux Olympiques à Lausanne.

En 2002, Ousmane Sow crée, à la demande de Médecins du Monde, une sculpture de Victor Hugo pour la Journée du refus de l’exclusion et de la misère. Le bronze de cette sculpture a été commandé par la municipalité de Besançon, ville natale du poète. L’oeuvre a été installée dans cette ville, à l’automne 2003, place des Droits de l’Homme.

Ousmane Sow travaille ensuite à la création de petites sculptures Nouba, et à celle de sculptures monumentales, en hommage aux grands hommes qui marquèrent sa vie. C’est ainsi, que, dans le sillage de Victor Hugo, du Général de Gaulle et de Nelson Mandela, naissent les effigies de Mohamed Ali, de Gandhi, de Martin Luther King et de son propre père.


[MAISONOUSMANESOW.COM] “Avec l’irruption de ses Nouba au milieu des années 80, Ousmane Sow replace l’âme au corps de la sculpture, et l’Afrique au coeur de l’Europe”. Tout est dit dans ces mots d’Emmanuel Daydé, co-commissaire avec Béatrice Soulé de l’exposition d’Ousmane Sow sur le pont des Arts à Paris.

Sa carrière d’artiste fut en effet aussi courte que fulgurante. Mais sans doute doit-on à son passé de sculpteur anonyme et secret, dont il détruisit toute trace, l’éclatante maturité artistique dont firent preuve les œuvres qu’il n’accepta de montrer pour la première fois qu’à l’âge de cinquante ans : les Nouba. Elles furent aussitôt reconnues et sont aujourd’hui emblématiques de son travail. Présentés en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, le Nouba assis et le Nouba debout sont exposés dès 1992 à la Documenta de Kassel, et en 1995 à la Biennale de Venise. Suivra la naissance de trois séries africaines : les Masaï, les Zoulou, et les Peulh.

C’est seulement dix ans plus tard qu’Ousmane Sow entreprend la création de la série Petits Nouba, estimant n’avoir pas abouti la série Nouba de 1984 et souhaitant y ajouter quelques thèmes. Sculptant la plupart du temps des hommes en action, l’artiste fait de la lutte la métaphore et le lieu même de son travail. S’attachant à représenter l’homme, il travaille par séries et s’intéresse aux ethnies d’Afrique puis d’Amérique, et puise son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l’histoire ou l’ethnologie. En 1999, à Paris, sur le Pont des Arts, entre le Louvre et l’Académie, s’installent en majesté les séries africaines, mais aussi la Bataille de Little Big Horn qui vient de naître. Un acte fort pour la reconnaissance de son œuvre, mais aussi une fierté pour l’Afrique, ce continent auquel il pense en acceptant la proposition d’entrer sous la Coupole.

Comment Ousmane Sow aurait-il pu imaginer alors que, quatorze ans plus tard, il traverserait le Quai Conti pour faire son entrée à l’Académie des Beaux-Arts ? Et qu’il serait le premier noir à intégrer cette institution, lui qui fit ses début en sculpture à l’école primaire de Rebeuss, et dont la première œuvre fut celle d’un petit marin taillé dans du calcaire et exposée sur l’armoire de l’école. Il ne cessa de sculpter depuis, tout en pratiquant à l’âge adulte son métier de kinésithérapeute, transformant, la nuit ou entre deux clients, ses cabinets successifs en ateliers de sculpture. Y réalisant des films d’animation, avec une caméra Pathé à manivelle, à partir de petites sculptures animées. Il restera hanté jusqu’à son décès par ces sculptures animées sur lesquelles il travaillait les derniers temps avec passion, tournant toujours autour du même visage, celui de l’Empereur fou.

Pour son intronisation à l’Académie des Beaux-Arts, le couturier Azedine Alaïa lui offre la création de son costume, et Ousmane Sow réalise lui même la sculpture du pommeau de son épée : le saut dans le vide, en mémoire du jour où il décida d’arrêter son métier de kinésithérapeute pour se consacrer entièrement à la sculpture. Il avait auparavant sculpté le pommeau de l’épée d’académicien de Jean-Christophe Rufin, représentant Colombe, personnage emblématique de son roman Rouge Brésil.

Entre temps, Ousmane Sow s’essaye à la réalisation de bronzes, qui finit par le passionner, et pour lesquels il trouve une signature personnelle à travers leurs patines parfois très colorées. Plus de soixante bronzes, grands et petits, virent ainsi le jour. Cinq grands bronzes sont installés en France, à Besançon, à Versailles, à Angers, à La Rochelle, bientôt à Paris (Victor Hugo, Le Général de Gaulle, L’homme et l’enfant, Le Guerrier debout, Toussaint Louverture, Couple de lutteurs corps à corps), l’un est installé à Genève (L’Immigré) et un autre à Rabat devant le Musée Mohamed VI (Le guerrier debout), premier bronze dans l’espace public sur le continent africain. Certains font partie de la série des grands hommes, intitulée Merci, qui compte en son sein également Nelson Mandela et le propre père de l’artiste, Moctar Sow. Une autre et plus ancienne effigie de Toussaint Louverture a été acquise par le Museum of African Art de la prestigieuse institution du Smithsonian à Washington.


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Plus d’arts visuels en Wallonie et à Bruxelles…

Traité de Rome (1957)

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Comment en est-on arrivé aux traités de Rome ? Le traité de Rome qui donne naissance à la CEE est directement issu de l’échec des négociations pour relancer l’Europe politique au début des années 1950. Le constat, après la seconde guerre mondiale, est que les nationalismes d’extrême droite et les divisions entre Etats ont conduit à une guerre particulièrement destructrice. Il faut y mettre fin par une union des peuples. C’est une « idée révolutionnaire », souligne alors Robert Schuman, ministre des affaires étrangères français.

Ce sera en matière économique le projet de CECA de 1950, signé à Paris le 18 avril 1951 et entré en vigueur le 23 juillet 1952, qui met en commun la production d’acier et de charbon de certains pays européens, le charbon et l’acier étant considérés comme les facteurs de la guerre passée. Robert Schuman explique bien son ambition dans une déclaration, le 9 mai 1950, date qui deviendra la fête de l’Europe : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble, elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. »

Mais d’autres projets ont une dimension plus politique et fédérale. Le projet de Communauté européenne de défense (CED), qui prévoyait une armée européenne sous commandement américain et une dimension politique forte avec un projet de communauté européenne politique (article 38 de la CED), échoue avec le rejet français lors d’un vote, le 30 août 1954, par les députés (319 voix contre 264). C’est l’échec d’une vision supranationale (au-dessus des nations) de la communauté européenne.

© amsab.be

Après le rejet de la CED, la construction européenne semblait dans l’impasse. Les partisans de l’Europe, au premier rang desquels le Français Jean Monnet, président de la haute autorité de la CECA, pensent alors qu’il faut avancer sur un terrain moins sensible que le politique et se concentrer sur le domaine économique. Soutenu par le Belge Paul-Henri Spaak, Jean Monnet est favorable à une intégration sectorielle de l’Europe sur le modèle de la CECA en l’élargissant à d’autres énergies, avec la création d’une organisation pour l’énergie atomique à usage civil, et aux transports. [d’après LEMONDE.FR]


Deux traités ont été signés le 25 mars 1957 – le traité instituant la Communauté économique européenne (CEE) et le traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom). Pour les deux nouvelles Communautés, les décisions étaient prises par le Conseil sur proposition de la Commission. L’Assemblée parlementaire doit être consultée et remettre ses avis au Conseil. L’Assemblée gagne en volume et compte désormais 142 membres. L’Assemblée parlementaire a tenu sa première session l’année suivante, le 19 mars 1958. Les traités de Rome contiennent une disposition spécifique prévoyant l’élection directe des députés (mise en œuvre en 1979). [EUROPARL.EUROPA.EU]


Traité instituant la Communauté économique européenne (traité CEE)

© Fonds Primo
QUEL ÉTAIT L’OBJET DE CE TRAITÉ?

Il a institué la Communauté économique européenne (CEE) qui réunissait six pays (la Belgique, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas) pour parvenir à l’intégration et à la croissance économique grâce aux échanges. Il a instauré un marché commun basé sur la libre circulation :

      • des marchandises ;
      • des personnes ;
      • des services ;
      • des capitaux.

Il a été signé parallèlement à un second traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). Le traité de Rome a été modifié à plusieurs reprises, et il est désormais connu sous le nom de “traité sur le fonctionnement de l’Union européenne”.

Les objectifs de la CEE et du marché commun étaient de :

      • transformer les conditions des échanges et de la production sur le territoire des six pays membres ;
      • servir d’étape vers une unification politique plus vaste de l’Europe.

Les signataires ont convenu :

      • d’établir les fondements d’une «union sans cesse plus étroite» entre les peuples européens ;
      • d’assurer, par une action commune, le progrès économique et social de leurs peuples en éliminant les barrières commerciales et autres qui les divisaient ;
      • d’améliorer les conditions de vie et d’emploi de leurs peuples ;
      • de garantir l’équilibre dans les échanges et la loyauté dans la concurrence ;
      • de réduire l’écart économique et social entre les différentes régions de la CEE ;
      • de supprimer progressivement les restrictions aux échanges internationaux grâce à une politique commerciale commune ;
      • de se conformer aux principes de la charte des Nations unies ;
      • de mettre en commun leurs ressources pour maintenir et préserver la paix et la liberté, et d’appeler les autres peuples d’Europe qui partagent cet idéal à s’associer à cet effort.

Le traité :

      • établit un marché commun, dans lequel les pays signataires acceptent d’aligner progressivement leurs politiques économiques ;
      • crée un espace économique unifié instaurant la libre concurrence entre les entreprises. Il pose les bases d’un rapprochement des conditions de commercialisation des produits et des services hormis ceux déjà couverts par les autres traités [Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et Euratom] ;
      • interdit généralement les ententes entre entreprises et les subventions publiques qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre les six pays ;
      • associe les pays et territoires d’outre-mer des six membres à ces dispositions et à l’union douanière dans le but de promouvoir leur développement économique et social.

Le traité a aboli les contingents (plafonds pour les importations) et les droits de douane entre ses six signataires. Il a mis en place un tarif douanier extérieur commun pour les importations en provenance de pays non membres de la CEE se substituant aux tarifs précédents des différents États.
L’union douanière s’accompagnait d’une politique commerciale commune. Cette politique, menée au niveau de la CEE et non plus au niveau national, distingue l’union douanière d’une simple association de libre-échange.

Le traité a, dès le départ, établi certaines politiques en tant que politiques communes entre les pays membres, notamment :

      • la politique agricole commune (articles 38 à 47) ;
      • la politique commerciale commune (articles 110 à 116) ;
      • la politique des transports (articles 74 à 84).

Il a permis la création d’autres politiques communes, en cas de nécessité. Après 1972, la CEE a établi une action commune dans les domaines des politiques environnementale, régionale, sociale et industrielle. Ces politiques s’accompagnaient de la création :

      • du Fonds social européen pour améliorer les possibilités d’emploi des travailleurs et relever leur niveau de vie ;
      • de la Banque européenne d’investissement pour faciliter l’expansion économique de la CEE par la création de fonds d’investissement.

Le traité a mis en place des institutions et des mécanismes décisionnels permettant l’expression à la fois des intérêts nationaux et d’une vision commune. Les principales institutions étaient :

Les trois premières institutions sont assistées, au cours du processus de décision, par le Comité économique et social.

Signé le 25 mars 1957, le traité s’est appliqué à partir du 1er janvier 1958.


Convenons encore…

EXTREME-DROITE-EUROPE.BE

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Mieux connaître l’extrême droite pour mieux la combattre : la cavale de Jürgen Conings, terroriste d’extrême droite, et l’invraisemblable mouvement de soutien dont il fait l’objet montrent à quel point le danger de l’extrême droite reste présent. Encore une fois, l’actualité nous rappelle aux réalités. Les récents sondages électoraux également: en Flandre, si nous votions demain, un électeur sur quatre soutiendrait le Vlaams Belang. L’entrisme du fascisme dans les rouages des institutions censées défendre la démocratie (police, armée…) ou l’incarner (Parlements…) est profondément préoccupant.

Le Centre d’Action Laïque et l’une de ses associations constitutives, les Territoires de la Mémoire, ont de tous temps milité pour l’implication citoyenne dans la construction d’une société démocratique garante des droits et libertés fondamentales. Combattre l’extrême droite et résister aux dangers et à la propagation des idées liberticides passe notamment par le travail de Mémoire, pour éviter de reproduire les erreurs commises dans le passé, pour comprendre et décoder le monde qui nous entoure. Mais les deux associations appellent aussi à la vigilance et à la résistance. Et il y a urgence.

Afin de conscientiser à l’ampleur que prend l’extrême droite chez nous comme ailleurs en Europe, le Centre d’Action Laïque et les Territoires de la Mémoire ont conjointement développé un site internet didactique pour faire l’état des lieux de l’extrême-droite en Europe (extreme-droite-europe.be). Il s’agit en effet d’inviter chacun à mieux connaître l’extrême droite pour mieux la combattre.

Les projets d’extrême-droite comportent trois caractéristiques clés simultanées: l’inégalité, le nationalisme, et le radicalisme. Cette grille d’analyse simple et éprouvée sert à évaluer le niveau liberticide d’un discours politique.

Ce site, qui sera réactualisé régulièrement en fonction des évolutions politiques en Europe, offre aussi des pistes pour résister et agir, notamment en arborant le Triangle Rouge. Le Triangle Rouge est le symbole de la résistance aux idées qui menacent les libertés fondamentales depuis de nombreuses années. Porté sous forme d’un pin’s, il permet à chacun de rappeler discrètement que la plupart des citoyens refusent de céder aux idées haineuses, racistes, sexistes ou liberticides.”

d’après le communiqué de presse du Centre d’Action Laïque

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Vivons ensemble le contrat social :

GAG : Brexit

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© The Economist



Rions un brin…

Une vision humaniste pour l’Europe

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L’Union européenne vient de fêter ses 60 ans. L’occasion pour la Fédération Humaniste Européenne (FHE) de proposer sa « vision humaniste pour l’Europe »: une perspective confiante, optimiste et solidaire. Une vision qui doit permettre à l’Union européenne de venir à bout des nombreux défis auxquels elle fait face actuellement. Une vision qui doit aussi lui permettre de sauvegarder son modèle basé sur l’État providence et le service public. Une vision enfin qui lui permet de se projeter avec ambition vers l’avenir.

Des valeurs humanistes essentielles

Liberté, égalité, solidarité, respect de la dignité humaine, recours à l’argumentation rationnelle, au dialogue et au débat, mais aussi devoir de garantir un avenir durable pour les générations futures: la vision pour l’Europe proposée par la FHE est résolument humaniste.

Les grandes lignes de la Vision humaniste pour l’Europe proposée par le FHE:
  • La laïcité: la meilleure garantie de la coexistence harmonieuse de toutes les conceptions de la vie ;
  • Aucune concession sur l’Etat de Droit et les Droits Humains ;
  • L’éducation est le fondement de la pensée critique ainsi qu’un élément vital de la démocratie ;
  • La science comme meilleure arme pour faire face aux défis du monde d’aujourd’hui et de demain ;
  • Solidarité et humanité pour une vision de long terme pour l’asile et l’immigration ;
  • L’Union européenne a plus que jamais besoin d’une vision politique commune.

Lire la suite sur le site du Centre d’Action Laïque (07 avril 2017)