BUSNELLO, Eddie (1929-1985)

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Eddie BUSNELLO est né à Seraing en 1929 et décédé à Nervesa della Battaglia (IT) en 1985. Il étudie divers instruments (accordéon, piano, guitare…) avant d’opter pour le saxophone alto. Il commence alors une carrière professionnelle à la fin des années 40, dans les bars du Pot d’Or, le quartier chaud de Liège. Il découvre le be-bop et, parallèlement à son travail de professionnel, se met à fréquenter les jams aux côtés des jeunes musiciens de l’école moderne (Pelzer, etc.).

Remarqué par Kurt Edelhagen, il est engagé en 1957 comme saxophone baryton dans son orchestre, où il rejoint quelques-uns des meilleurs solistes européens (le yougoslave Dusko Goykovich, l’anglais Derek Humble, le français Jean-Louis Chautemps, le belge Christian Kellens…). Mais, de tempérament bohème et peu discipliné, il est bientôt renvoyé de cette formation. Dès cette époque, il sera un “musicien pour musiciens”, méconnu du public et de la critique mais considéré par ses pairs comme un des meilleurs altistes européens.

Il fréquente assidûment les jams du Jazz Inn (Liège), de la Rose Noire (Bruxelles), de l’Exiclub (Anvers), etc. En 1960, il se produit au Festival d’Ostende et enregistre à Cologne au sein d’un All Stars belgo-américain (Don Byas, Christian Kellens, Busnello, Franey Boland, Jean Warland, Sadi et Kenny Clarke). Il apparaît à plusieurs reprises au Festival de Comblain, notamment en compagnie de Robert Grahame, un de ses partenaires privilégiés d’alors. Il joue avec Bud Powell à Paris, avec Elvin Jones en Allemagne, avec Lee Konitz en Belgique ainsi qu’avec la plupart des grands musiciens européens (Mangelsdorff, Urtreger, etc.). Avec Dusko Goykovich, Mal Waldron et Nathan Davis entre autres, il enregistre en 1966 l’album Swinging Macedonia. Au début des années 70, il part pour l’Italie, où il travaille au sein de de différentes formations (notamment le groupe Area). Souffrant, il réduit ses activités. Il projette de revenir en Belgique mais, au terme d’une longue maladie, il meurt en 1985, dans l’anonymat.

Jean-Pol SCHROEDER


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : transcription (droits cédés), correction et actualisation par wallonica.org | source : SCHROEDER Jean-Pol, Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie (Conseil de la musique de la Communauté française de Belgique, Pierre Mardaga, 1990) | commanditaire : Jean-Pol Schroeder | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Alberto Negroni | remerciements à Jean-Pol Schroeder


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HERBET : Batumi, République autonome d’Adjarie, Géorgie (2010, Artothèque, Lg)

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HERBET Philippe, Batumi, République autonome d’Adjarie, Géorgie
(photographie, 39 x 39 cm, 2010)

Et pourquoi pas emprunter cette oeuvre gratuitement
à l’Artothèque Chiroux de la Province de Liège ?

Ph.Herbet © Prodije Mbonzo

Philippe HERBET est né en 1964 à Istanbul. Ses parents reviennent en Belgique deux ans plus tard et vont vivre à Seraing. La photographie, l’écriture et les voyages vers l’Orient occupent la majeure partie de son temps. Fasciné autant par la littérature que par les images, il accompagne souvent ses photographies de textes. En 2000, une première exposition personnelle à l’Espace Photographique Contretype à Bruxelles lui est consacrée et il publie “Rhizome” son premier livre chez Yellow Now, qui sera suivi par quatre autres livres chez divers éditeurs. (d’après HERBET Philippe et CONTRETYPE.ORG)

Cette photographie est issue de la série publiée dans le livre Lettres du Caucase (Yellow Now), et exposée à l’espace photographique Contretype à Bruxelles. A six reprises, sur deux années, Philippe Herbet a voyagé dans le Caucase, en Adyguée, Karashaïevo-Tcherkessie, Abkazie, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ossétie du Sud, Géorgie, Ingouchie, Tchétchénie et au Daguestan. “Je n’avais pas de but particulier, simplement vivre, tenter de me perdre, errer, écrire des lettres, me questionner sur le romantisme au XXIe siècle, me livrer à la contemplation des paysages, goûter l’air rare des sommets, produire des liens entre ces républiques au-delà des frontières créées par le pouvoir et les religions, me laisser aller à la beauté de la rencontre avec ces frères humains qui m’ont beaucoup impressionné”. (d’après CONTRETYPE.ORG).

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation (droits cédés) et mise à jour par wallonica.org  | source : Artothèque Chiroux | commanditaire : Province de Liège – Culture | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Philippe Herbet ; Prodije Mbonzo  | remerciements à Bénédicte Dochain et Frédéric Paques

MOREAU Christiana, La Dame d’argile (Paris : Préludes, 2021)

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Christiana MOREAU est une artiste autodidacte, peintre et sculptrice belge. Elle vit à Seraing et a été nommé citoyenne d’honneur de la ville. Après La Sonate oubliée (2017), dont l’action se situe entre Seraing et Venise, et Cachemire rouge (2019), La Dame d’argile est son troisième roman.

EAN 9782253040507

“Sabrina est restauratrice au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Elle vient de perdre sa grand-mère, Angela, et a découvert, dans la maison de celle-ci, une magnifique sculpture en argile représentant un buste féminin, signée de la main de Costanza Marsiato. Le modèle n’est autre que Simonetta Vespucci, qui a illuminé le quattrocento italien de sa grande beauté et inspiré les artistes les plus renommés de son temps.

Qui était cette mystérieuse Costanza, sculptrice méconnue ? Comment Angela, Italienne d’origine modeste contrainte d’émigrer en Belgique après la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle pu se retrouver en possession d’une telle oeuvre ? Sabrina décide de partir à Florence pour en savoir plus. Une quête des origines sur la terre de ses ancêtres qui l’appelle plus fortement que jamais…”

Immobile sur sa chaise, Sabrina semble hypnotisée par la sculpture posée devant elle, sur la grande table d’atelier. C’est un buste féminin.
Une terre cuite d’une belle couleur chaude, rose nuancé de blanc. Un visage fin et doux au sourire mélancolique, regard perdu au loin, si loin dans la nuit des temps. La chevelure torsadée emmêlée de perles et de rubans modelés dans la matière entoure la figure d’une façon compliquée à la mode Renaissance. La gorge est dénudée. Le long cou, souple et gracile, est mis en valeur par un collier tressé entortillé d’un serpent sous lequel apparaît une énigmatique inscription gravée : “La Sans Pareille”.
Depuis cinq ans qu’elle travaille pour le musée des Beaux-Arts de Bruxelles, c’est la première fois que la restauratrice a entre les mains un objet aussi fascinant et parfait. Le plus incroyable est qu’il lui appartient. À elle ! Une jeune femme d’origine plus que modeste, naturalisée belge, mais italienne de naissance.
L’excitation fait trembler sa lèvre inférieure qu’elle mordille de temps à autre. Son immobilité n’est qu’un calme de façade ; en elle grondent les prémices d’un orage sans cesse réprimé, dont les nuages noirs ne parviennent pas à déchirer le ciel de sa vie devenue trop sage. Elle s’est peu à peu accommodée de sa situation et semble, en apparence, avoir fait la paix avec elle-même. Elle n’éprouve plus ce désir destructeur qui l’a si longtemps rongée, et pourtant la menace couve. Des picotements désagréables tentent d’attirer son attention sur le risque imminent. Elle repousse ces pensées dérangeantes et tend la main vers la statue pour caresser la joue ronde et polie, sentir sous ses doigts la finesse du grain de la terre cuite, le lissé impeccable de la surface.

D’une écriture claire et fluide, “La Dame d’argile” est un beau roman pour l’été. Ce serait néanmoins réducteur de le limiter à cela. Dans ce récit choral à quatre voix, Christiana Moreau évoque la destinée de femmes de différentes époques et de différents statuts, mais aussi la place qui leur est réservée dans la société (et contre laquelle, parfois, elle se révoltent). En parallèle, elle partage avec le lecteur son amour de l’art, et particulièrement du Quattrocento, dans lequel on sent également poindre sa connaissance pratique de la  sculpture. En cette année de commémoration des 75 ans de l’immigration italienne en Belgique, on retrouve aussi, dans le roman, une description sensible de cette page, souvent sombre, de notre histoire. Tout cela confère de la profondeur au récit sans rien lui retirer de sa légèreté.

Philippe Vienne


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