Fondé à Lyon en 2006 par Pierre Delmas Bouly (1982) et Patrick Lallemand (1982), Superscript² est un atelier de création graphique investissant différents supports d’expression du design graphique tel que l’édition (livre ‘objet’, monographie, catalogue, magazine, poster…), la typographie ou les médias numériques (site web, installations numériques, etc.). L’ensemble et la diversité de ces collaborations ont permis au studio de produire une grande diversité d’objets graphiques passant du plan, à la tri-dimension ou au textile, considérant le design graphique comme une démarche de réflexion et d’application globale.
Cette image fait partie du premier portfolio édité par Ding Dong Paper (collectif d’éditeurs liégeois constitué de François Godin et Damien Aresta). Cette image abstraite s’appuie sur une répétition/variation de motifs géométriques. Elle évoque la construction d’une spirale parfaite via le nombre d’or.
ART NOUVEAU ET ART DÉCO, DE LA BELLE ÉPOQUE AUX ANNÉES FOLLES…
L’expression Art nouveau a été inventée en 1884 par les avocats belges Octave Maus et Edmond Picard, dans leur revue L’Art Moderne, fondée en 1881. Ce terme sera utilisé pour qualifier les créations des architectes et décorateurs avant-gardistes de la fin du 19e siècle et des premières années du 20e.
Tout débute avec le mouvement anglais Arts and Crafts, littéralement arts et artisanats. C’est un mouvement artistique réformateur dans les domaines de l’architecture, des arts décoratifs, de la peinture et de la sculpture.
Né dans les années 1860, il se développa durant les années 1880 à 1910, à la fin de l’époque victorienne. Il peut être considéré comme l’initiateur du Modern Style, synonyme anglo-saxon de l’Art nouveau belge et français. La grande idée de ses précurseurs était que l’art devait intervenir partout et en premier lieu dans la maison pour d’abord retravailler les objets usuels : vaisselle, argenterie, reliure, tapis, luminaires… L’Arts and Crafts a été le premier à rapprocher les Beaux-Arts des arts appliqués.
On trouve parallèlement, dans le domaine de la peinture, les préraphaélites qui cherchent à renouer avec l’esprit d’avant la Renaissance italienne. Le mouvement fait écho aux préoccupations d’alors, de ces artistes-artisans devant le progrès : inquiétude, besoin d’individualisation, recherches de véritables valeurs dans un contexte de domination britannique mondiale contestée et de mutations rapides des paysages et des sociétés sous l’impulsion de la révolution industrielle. La dénonciation des méfaits de l’industrialisation atteint son paroxysme sous la plume de l’esthète et critique d’art John Ruskin (1819-1900), qui se fait le chantre d’un Moyen Âge caractérisé par une harmonie profonde entre organisation sociale et processus de production. Le mouvement se manifestera à une échelle internationale, s’étendant de Londres ou de Glasgow à Vienne et à Chicago, il portera différentes dénominations d’après les pays mais toutes évoquent le renouveau, la modernité, la jeunesse et la rupture avec le passé : Art nouveau (en Belgique et en France), Jugendstil (en Allemagne), Sezessionstil (en Autriche), Nieuwe Kunst (aux Pays-Bas), Stile Liberty (en Italie), Modernismo (en Espagne), Modern (en Russie).
En Belgique, l’Art nouveau se caractérise principalement par l’emploi de lignes sinueuses, de courbes et de formes organiques. Les deux premières maisons d’habitation construites dans ce style novateur sont des œuvres des architectes Victor Horta et de Paul Hankar, elles datent de 1893. Très vite, elles seront suivies d’autres constructions et d’autres architectes et créateurs s’illustreront dans cet art. À Bruxelles, ces immeubles se multiplieront ce qui vaudra à la ville le titre de “capitale de l’Art nouveau”.
Malheureusement ce style tombera aussi rapidement en désuétude qu’il aura éclot et jusqu’à la fin des années soixante de nombreux immeubles de ce type ont été abattus sans le moindre remord. Le mouvement, qui aura duré en tout une bonne trentaine d’années à partir de 1880 prendra définitivement congé avec la Première Guerre mondiale. Sur sa fin, il avait déjà évolué vers des formes plus géométriques qui caractériseront le style qui prendra le relais : l’Art déco. […]
L’article complet est disponible sur FOCUSONBELGIUM.BE (article du 16 janvier 2018 ; le site est édité par le ministère des Affaires étrangères belges).
Architecte et industriel, facteur de meubles et décorateur, Gustave SERRURIER-BOVY (Liège 27/07/1858, Liège 19/11/1910) est certainement le représentant wallon le plus significatif de l’Art Nouveau. Penseur, il est un fervent défenseur de l’idée d’un art pour tous. Fils d’un entrepreneur également architecte, formé à l’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, sa ville natale, Gustave Serrurier épouse, en 1884, Marie Bovy, une commerçante. Dans un premier temps, il s’implique dans l’entreprise de son épouse – un commerce qui importe notamment des objets d’Extrême Orient – et offre à la clientèle des meubles, des objets et de la décoration provenant de Grande-Bretagne. Dix ans plus tard, de simple diffuseur, Gustave Serrurier se fait créateur et devient lui-même facteur de meubles, après un séjour en Grande-Bretagne où il est en contact avec l’esthétique du mouvement Arts and Crafts, qui donnera l’Art nouveau (le Modern Style en anglais).
En 1894, il présente un cabinet de travail au Salon de la Libre Esthétique de Bruxelles, une chambre d’artisan au mobilier de chêne simple et robuste, l’année suivante. Ses pièces, particulièrement originales, sont appréciées ; son entreprise prend rapidement de l’ampleur, l’amenant à implanter des succursales à Liège, Bruxelles, La Haye, Paris, Nice, etc.
Dans le cadre de l’Exposition universelle de 1900, à Paris, en collaboration avec l’architecte René Dulong, Serrurier réalise un restaurant, le Pavillon bleu, au décor exubérant, fait de courbes, très Art nouveau. S’ensuit une longue collaboration entre les deux hommes sous la forme de la société Serrurier et Cie.
En 1902, Serrurier dépose les plans d’une villa familiale, L’Aube, à bâtir sur les hauteurs de Cointe à Liège, témoin de sa réussite professionnelle, mais aussi de ses formidables qualités d’architecte. “[Elle] résume toutes ses aspirations : elle est le reflet de ses théories esthétiques, une vitrine pour sa firme et surtout le home confortable – le foyer – où l’on est heureux de vivre en famille et de se retrouver entre amis.” C’est également à ce moment qu’il entame la période de ses plus belles réalisations, explorant l’Art nouveau.
Sa nouvelle société, fondée en 1903, lui permet de s’affirmer comme industriel, fournissant de l’ameublement pour les maisons ouvrières, construites à l’occasion de l’exposition de Liège, en 1905. Serrurier est avant tout un penseur idéaliste. Proche du Parti ouvrier belge et de ses figures de proue, Jules Destrée et Emile Vandervelde, il partage fréquemment ses conceptions sociales de l’architecture et défend l’idée d’un art pour tous, rendue possible par la mécanisation et la production industrialisée : “On érige en vérité cette idée fausse que les modestes, les simples ne peuvent […] posséder la jouissance artistique et que toute aspiration esthétique leur est impossible sinon interdite. Ainsi est exclue de la vie intellectuelle une classe de gens, et combien nombreuse, qui va de l’ouvrier au bourgeois aisé. C’est à cette catégorie de travailleurs, que j’appelle artisans faute d’un vocable plus précis, que je voudrais montrer que l’art n’est nullement au service de la richesse seulement. […] Il faut que la grande masse participe à la vie artistique.” (1895).
C’est à l’exposition de Bruxelles de 1910 que Gustave Serrurier-Bovy montre ce que seront ses dernières créations. Celles-ci témoignent d’une nouvelle esthétique, plus simple, plus géométrique – loin des courbes des œuvres antérieures –, premier signe de l’évolution qui s’opérera dès avant la Première Guerre mondiale et culminera dans les années 1920. Reprise par sa femme et sa fille, après son décès survenu brutalement en 1910, son entreprise lui survit jusqu’en 1921.
Designer et dessinateur, Tom HENNI (né en 1979) vit et travaille à Vaunaveys-la-Rochette dans la Drôme. Il est titulaire d’un Diplôme national supérieur d’expression plastique à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, option communication graphique et illustration. Il oriente maintenant son travail entre commandes et projets personnels, et enseigne depuis trois ans le dessin et le design graphique à l’École d’Art et Design de Valence.
Cette image fait partie du premier portfolio édité par Ding Dong Paper (collectif d’éditeurs liégeois constitué de François Godin et Damien Aresta). Il s’agit d’une composition expérimentale et ludique sur les formes, les matières et les couleurs, où une vive touche rouge orangé vient trancher dans des tons froids et désaturés. Le résultat évoque une nature morte étrange et surréaliste.
“Ce qu’il y a de particulier dans le fait d’être graphiste, c’est que personne ne sait exactement ce que cela signifie… pas même les graphistes. Le graphisme pourrait être – très simplement – un rapport aux choses. Poser un regard conscient de la force des symboles, des textes, des couleurs, conscient de la composition et, a fortiori, des images, sur tout être ou toute chose. Un prisme qui nous accompagne, dans toutes les composantes de nos vies et qui permet de traverser les apparences.
Le graphisme pourrait être une force critique…
Comprendre comment d’autres communiquent vers nous et donc cerner ce qu’ils veulent nous communiquer, entre les lignes. Chaque image et chaque forme sont choisies et déterminantes. Chacune d’elles adresse un message, témoigne d’une prise de position. Se nourrir d’images et de formes, en cherchant à en déceler le sens, donc prendre conscience de leur pouvoir incalculable. Tenter de déconstruire ces codes pour pouvoir, à son tour, communiquer (ou aider à communiquer) en conscience.
Le graphisme pourrait être politique…
Travailler avec des images et des formes signifie prendre position. “Quels visuels ai-je envie de créer, dans quel cadre, pour qui et pour dire quoi ?” Parfois, refuser de travailler sur certains projets pour ne pas aider à communiquer des choses auxquelles l’on ne croit pas. Surtout, choisir de mettre son énergie au profit d’initiatives qui nous paraissent justes. Bien sûr, admettre que ce en quoi l’on croit évolue avec nous et avec nos expériences.
Le graphisme pourrait être un service…
Chacun a sa propre perception du monde et ses propres valeurs, mais tout le monde n’a pas la possibilité de les faire exister visuellement. Tenter, avec sensibilité et humilité, de capter la vision et les intentions de quelqu’un et pouvoir les mettre en forme.
Le graphisme pourrait être lié à l’hypersensibilité…
Là où on pourrait ne voir qu’une simple forme : percevoir la force ou la patience. Un trait : la volonté. Une courbe : l’harmonie. Tenter de rendre nos existences plus poétiques, par moments, et avoir la possibilité de transmettre cette poésie à notre tour.
Le graphisme pourrait être un début de liberté…
Rendre possible, pour certains, le fait de se créer une profession qui leur correspond, de mieux en mieux, au fil de leur évolution. L’occasion de se frayer un chemin à son image, au cours duquel tout est teinté de graphisme : de la communication graphique, de l’écriture graphique, de la céramique graphique, de la mode graphique, du textile graphique, des manifestations graphiques ou même des balades dans les bois graphiques. S’offrir le privilège d’une vie qui, autant que possible, nous appartienne et dont la forme évolue avec nous.
La seule chose dont je sois convaincue est que : quelle que soit la forme que prendra le monde, le graphisme y aura toujours une place. Il y aura toujours quelqu’un qui aura quelque chose à exprimer et qui aura besoin de ce regard critique, conscient, politique et poétique pour le mettre en forme. L’autre seule chose dont je suis convaincue est que, si l’on décide que toutes ces choses sont du graphisme, je suis bel et bien graphiste. Et heureuse de l’être.
Rachel THONART
“Rachel THONART NARDELLOTTO, alias RTN-STUDIO, est une designer graphique vivant et exerçant à Liège. À ses yeux, les fondamentaux du graphisme peuvent habiter et affiner toute chose. Visiblement fascinée par ce que le graphisme doit à la texture, elle semble toujours à la recherche d’une proximité avec la matière dans son travail visuel. Proximité qu’elle fait s’incarner dans des formes aussi diverses que la découpe, la broderie, le tissage, la mise en profondeur, l’installation typographique ou encore une appropriation des principes du pointillisme. Ceci traduit sa visée générale : relief dedans et relief dehors.”
Flore Mercier, Master en Arts visuels et médiatiques
Le FIG. ou, plus simplement, le Festival International de Graphisme de Liègepropose un programme composé de conférences, d’expositions, de work-shops et de tables rondes, s’adressant à un large public qui peut y découvrir les multiples facettes du design graphique contemporain.
“La naissance du Fig. En septembre 2016, une bande de copains a une envie commune : faire un truc lié au graphisme en février 2017. “On ne savait pas encore trop quoi, mais il fallait que l’on fasse quelque chose” explique Jérémy Joncheray, un des organisateurs du Festival. C’est comme ça qu’est créé le Festival International de Graphisme. Des conférences, des expos, un workshop, des projections et concerts sur quatre jours à Liège. Depuis, des partenariats se sont formés avec notamment Les Brasseurs et les Chiroux. Le nombre de conférences et d’expositions a augmenté au fil des années pour en arriver à six conférences et sept expositions lors de cette édition. Une évolution piano piano pour garder l’esprit convivial du Festival. “Même si les choses évoluent, nous voulons continuer de faire partie du festival, être sur le terrain avec les personnes, plutôt que derrière nos écrans.“
La valorisation du design graphique. Même si affichant une programmation internationale, le Fig. entend toutefois valoriser le métier du design graphique en Belgique, et surtout en Wallonie. “Nous nous sommes rendu compte du manque de culture graphique en Wallonie surtout (en comparaison à la Flandre et ailleurs). Nous avons une histoire du graphisme relativement peu connue en Wallonie, très peu communiquée. En fait, il manque un vrai patrimoine, voilà ce serait le mot adéquat.” Valoriser le graphisme, mais aussi proposer une visée pédagogique. “Dans le sens où jusqu’où le graphisme peut-il aller ? Nous nous adressons autant aux professionnels qu’au grand public, mais celui-ci public reste encore composé à 80% de praticiens. Toutefois nous sommes heureux cette année d’avoir vu beaucoup plus de scolaires venir voir les expos. Nous avons envie aussi de développer les workshops parce que nous avons eu des demandes de dingue pour celui de Wallonie Design Spécimen typographique.”
Une vision engagée ? “La visée est quand même engagée dans le sens où on invite des praticiens qui portent des messages politiques, sociaux…”
Temps de lecture : < 1minute > La Design Station Wallonia est un bâtiment emblématique localisé face à la gare des Guillemins (la “gare Calatrava” à Liège, BE). C’est un projet financé par les fonds FEDER, la Wallonie et la SPI. L’espace comprend trois fonctions principales. La partie publique occupe une surface d’environ 1100 m² sur trois étages. Elle comprend une salle d’exposition, une salle de conférence, des salles de réunion et de créativité, un espace de co-working, un espace de prototypage. Le centre d’affaires sur les deux étages supérieurs abrite des bureaux : ceux de l’Espace Entreprises et ceux occupés par Wallonie Design. Une dizaine de logements complètent cet ensemble. Ils ont été construits et financés par l’entrepreneur désigné par appel d’offres pour effectuer les travaux, Gilles Moury s.a. Le projet se veut : une vitrine du design wallon + un incubateur + un pôle créatif et économique.