Les émotions et l’intellect, un dialogue continu

Temps de lecture : 8 minutes >

[SCIENCESHUMAINES.COM, 17 février 2022] Après plusieurs siècles de dualisme, la psychologie révèle l’imbrication entre émotions et intelligence.

© TV5 Monde

En opposant radicalement l’esprit et le corps, René Descartes (1596-1650) a profondément influencé notre conception des relations entre l’intelligence et les émotions. Pour Descartes, l’esprit est une “substance pensante” immatérielle, alors que le corps est une “substance étendue“, c’est-à-dire physique. Dans le cadre de ce dualisme radical, les émotions, nommées “passions“, sont conçues comme des actions du corps sur l’esprit. Descartes distingue six passions primitives : l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse. Il considère que toutes ces passions aveuglent l’esprit et n’apportent rien de positif à la pensée. Par conséquent, il est essentiel de sauvegarder l’indépendance de la pensée en connaissant les passions pour mieux les contrôler. Bien que plusieurs philosophes, en particulier Baruch Spinoza (1632-1677), aient mis en question le dualisme cartésien et la théorie des passions qui y est associée, la conception cartésienne des émotions reste dominante jusqu’à la fin du XIXe siècle et imprègne encore les représentations contemporaines des émotions.

Darwin contre Descartes

La publication par Charles Darwin en 1872 de L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux est le point de départ d’un changement majeur de regard sur les émotions. Dans cet ouvrage, Darwin analyse l’expression des émotions d’un point de vue évolutionniste. Il défend l’idée que les diverses formes d’expression émotionnelle ont été sélectionnées au cours de l’évolution des espèces du fait de leur valeur adaptative. En s’appuyant sur de nombreux dessins et photographies, il montre que l’expression des émotions est universelle, indépendante de l’âge, de l’ethnie et de l’espèce, les animaux manifestant des émotions tout autant que les humains. Pour Darwin, l’expression physique des émotions a une importante fonction de communication et d’adaptation dans nos interactions avec autrui.

La fonction sociale positive que Darwin attribue aux émotions a été confirmée par de nombreuses recherches contemporaines. Ainsi, Frans de Waal, éthologue néerlandais, a développé les idées de Darwin sur le rôle social et adaptatif des émotions en étudiant les interactions des chimpanzés et des bonobos. Dans L’Âge de l’empathie (2010), il démontre que l’expression des émotions est à la base de comportements prosociaux comme l’empathie et la coopération. Il considère que “les émotions sont notre boussole“, s’écartant ainsi radicalement de la conception cartésienne des émotions, source de perturbations de l’esprit.

De leur côté, les théories psychologiques de l’intelligence, apparues au début du XXe siècle dans la foulée de la création du premier test d’intelligence par Alfred Binet (1857-1911), ont longtemps négligé ses relations avec les émotions. Ainsi la théorie piagétienne du développement intellectuel, basée sur la construction progressive des structures logiques de la pensée suite aux interactions du sujet avec son environnement, ne donne qu’un rôle périphérique aux émotions.

Jean Piaget dans son bureau © Fondation Jean Piaget

Pour Jean Piaget (1896-1980), les émotions ne sont qu’une source d’énergie. Leur statut est comparable à celui de l’essence au regard du moteur : “Le fonctionnement d’une automobile dépend de l’essence, qui actionne le moteur, mais ne modifie pas la structure de la machine.” De leur côté, les différents modèles psychométriques de l’intelligence proposés au cours du XXe siècle passent largement sous silence les facteurs émotionnels et motivationnels qui peuvent influencer son fonctionnement. Toutefois, dans les années 1940, David Wechsler (1896-1981), créateur des échelles d’intelligence du même nom, publie plusieurs articles sur les facteurs non intellectuels de l’intelligence, en l’occurrence les traits de personnalité, la motivation et les émotions. Sur la base de sa longue expérience clinique, il souligne qu’il est impossible d’éliminer ces facteurs dans les performances aux tests d’intelligence. Il est dès lors nécessaire de les prendre en compte et d’estimer à leur juste valeur leur influence sur le fonctionnement.

L’anxiété perturbatrice

À partir des années 1950, des études empiriques de plus en plus nombreuses sont réalisées sur les relations entre émotions et intelligence. Elles se focalisent sur les émotions négatives, qui perturbent l’activité cognitive, tout particulièrement sur l’anxiété. Dans une méta-analyse publiée en 1988, Hembree identifie 562 études réalisées depuis 1950 à propos des effets négatifs de l’anxiété sur les performances aux tests cognitifs et aux évaluations scolaires. La corrélation moyenne entre les performances aux tests de QI et le degré d’anxiété est négative et d’ampleur modérée (- 0,23), ce qui signifie que plus l’anxiété est élevée, plus le QI a tendance à être faible, et réciproquement. Cette corrélation ne permet cependant pas de déterminer le sens de la relation entre les deux variables. Il se peut que l’anxiété perturbe les performances intellectuelles, mais il est également possible qu’un faible niveau d’intelligence génère une grande anxiété en situation de test. De nombreuses recherches récentes ont montré que les relations entre l’anxiété et le fonctionnement cognitif sont circulaires. C’est, par exemple, le cas de l’anxiété mathématique, qui a été largement étudiée. L’anxiété perturbe l’attention et la mémoire de travail, ce qui réduit l’efficacité du calcul mental et du raisonnement. Les piètres performances qui en découlent conduisent le sujet à développer une perception négative de ses compétences et de sa capacité à réussir en mathématiques, ce qui, en retour, stimule son anxiété mathématique.

Émotions et cognition

Le développement de la neuropsychologie à partir des années 1980 conduit à une révision profonde des relations entre émotions et pensée rationnelle. L’étude de patients cérébrolésés présentant des dissociations cognitives, c’est-à-dire la perte de certaines fonctions habituellement associées à d’autres qui, elles, restent intactes, a permis de mieux comprendre le rôle que jouent les émotions dans le développement et le fonctionnement normal de nos aptitudes intellectuelles. En 1994, Antonio Damasio offre une première synthèse de ces recherches dans son ouvrage L’Erreur de Descartes. Il y montre que les processus neuraux qui sous-tendent la raison et les émotions sont imbriqués au niveau du cortex préfrontal et de l’amygdale. Les systèmes impliqués dans le raisonnement et la prise de décision sont les mêmes que ceux qui interviennent dans la perception et l’expression des émotions. Les émotions sont des expériences conscientes (le “ressenti“) qui associent des réactions physiologiques, expressives et comportementales. Bien avant l’apparition du langage, elles constituent une première forme de vie mentale. Elles sont la représentation de l’état plaisant ou déplaisant de notre corps. Sur cette base, nous pouvons déclencher un comportement d’approche, pour prolonger ou renouveler un état plaisant, ou de fuite, pour interrompre ou éviter un état déplaisant. Les émotions guident ainsi nos premiers comportements et nos premières prises de décision. Elles sont non seulement à l’origine de notre pensée, mais aussi de notre conscience d’exister et du sentiment d’être soi.

L’intelligence émotionnelle, une notion débattue

Parallèlement aux recherches neuropsychologiques sur les émotions, Peter Salovey et John Mayer publient en 1990 un premier modèle de l’intelligence émotionnelle (IE). Cette dernière est conçue comme une composante de l’intelligence générale en charge de la gestion des émotions. Les deux chercheurs identifient quatre aptitudes coordonnées au sein de l’IE. La première est la perception de ses propres émotions et de celles d’autrui au travers du visage, de la voix, des images et des productions culturelles. La seconde est la régulation de ses émotions et de celles d’autrui (par exemple, le contrôle de leur intensité). La troisième est l’utilisation des émotions pour faciliter différentes activités cognitives (par exemple, pour stimuler sa créativité ou pour soutenir sa motivation). La quatrième enfin est la compréhension des émotions (par exemple, la capacité de distinguer la joie de l’extase, ou la compréhension de la manière dont évoluent les émotions au cours du temps).

Pour P. Salovey et J. Mayer, ces différentes aptitudes font la jonction entre les émotions et la cognition. Elles contribuent à l’objectif général de l’intelligence qui est de permettre à l’individu de s’adapter à son environnement et de résoudre les problèmes rencontrés sur sa route. Il n’est pas ici question de contrôler ou d’étouffer les émotions, mais de les utiliser intelligemment. De ce point de vue, toutes les émotions ont leur importance, même celles que nous jugeons a priori négatives. Ainsi, notre capacité à percevoir la tristesse d’autrui, à comprendre ce qu’elle recouvre et comment elle peut évoluer est à la base de nos comportements d’empathie et de soutien social. De même, une colère bien canalisée peut porter un discours politique et lui donner un impact considérable.

Compétence émotionnelle

Alors que P. Salovey et J. Mayer conçoivent l’intelligence émotionnelle comme un ensemble d’aptitudes intellectuelles, d’autres chercheurs, comme Konstantinos Petrides (2001), la définissent comme un trait de personnalité. K. Petrides souligne que les émotions sont, avant tout, des expériences subjectives. Selon lui, l’intelligence émotionnelle correspond à la manière spécifique de chaque individu de percevoir ses émotions et d’y réagir de manière cohérente et systématique. Il s’agirait donc bien d’un trait de personnalité, c’est-à-dire d’une façon de penser, de ressentir et d’agir propre à chacun et stable au cours du temps. Dans cette perspective, les différences interindividuelles d’intelligence émotionnelle seraient des dispositions largement déterminées par nos gènes et donc peu modifiables. Ainsi, certains individus seraient naturellement sensibles aux émotions d’autrui et empathiques, alors que d’autres le seraient beaucoup moins.

Le débat à propos de la nature de l’intelligence émotionnelle (aptitude versus trait) s’est actuellement dissipé. La plupart des chercheurs utilisent à présent le terme “compétence émotionnelle“, plutôt que “intelligence émotionnelle“. L’utilisation de ce terme a permis de circonscrire un champ de recherche relativement indépendant des débats qui agitent le domaine de l’intelligence, tout en soulignant la dimension cognitive du traitement des émotions. La liste des compétences émotionnelles identifiées aujourd’hui correspond à peu de chose près aux aptitudes décrites par P. Salovey et J. Mayer. La seule différence concerne la perception des émotions pour laquelle une distinction est maintenant faite entre l’identification des émotions et leur expression appropriée. Les recherches récentes se sont intéressées aux facteurs qui influencent ces compétences et leur développement. On considère aujourd’hui que le développement des compétences émotionnelles est sous-tendu par de multiples facteurs génétiques et environnementaux en interaction. Plusieurs études se sont aussi penchées sur la possibilité de développer les compétences émotionnelles des adultes et ont pu montrer que des améliorations substantielles et durables sont possibles. Toutes ces recherches soulignent la valeur adaptative des émotions, pour autant que les processus cognitifs chargés de leur gestion soient correctement développés. D’évidence, nous avons dépassé l’opposition cartésienne entre pensée et émotions en concevant celles-ci en termes d’intégration.

Les HPI sont-ils hypersensibles ?

Les personnes présentant un haut potentiel intellectuel (HPI) ont la réputation d’être hypersensibles et certains praticiens en font même un critère d’identification. Mais qu’en est-il vraiment ? Le concept d’hypersensibilité lui-même fait débat. Il a été introduit par Elaine Aron (1996) pour décrire une grande sensibilité aux stimuli extérieurs. Des études empiriques ont montré que l’hypersensibilité recouvre en réalité deux grandes dimensions : un seuil bas de réactivité sensorielle et une propension à réagir fortement aux événements. Un concept voisin, celui d’hyperexcitabilité, a été utilisé par Michael Piechowski (1995) pour identifier les HPI. Il désigne une réactivité très élevée aux stimuli pouvant se manifester dans cinq domaines : la motricité, la sensorialité, l’intelligence, l’imagination et les émotions. Les concepts d’hypersensibilité et d’hyperexcitabilité sont d’évidence très proches, mais restent mal définis. Leur utilisation pour décrire les personnes HPI est dès lors sujette à caution.

© DP

Si nous nous focalisons sur la dimension émotionnelle de l’hypersensibilité, nous devons vérifier que les réactions émotionnelles des HPI sont significativement plus élevées que celles des individus tout-venant. Les exemples cités par les cliniciens ne peuvent pas être retenus comme des preuves, car ils souffrent d’un biais de recrutement. Les individus HPI vus en consultation ne peuvent en effet pas être considérés a priori comme représentatifs de la population des HPI. Et même s’ils l’étaient, il faudrait encore vérifier à quel point leur degré de sensibilité émotionnelle diffère de celle des individus tout-venant. Les études empiriques sur cette question sont rares. On peut citer celle de Sophie Brasseur (2013) où les réactions émotionnelles ont été induites à partir de films et mesurées à l’aide de cinq marqueurs physiologiques et d’un questionnaire. Les résultats de cette étude ne montrent aucune différence de réactivité émotionnelle entre les personnes HPI et non HPI. Cette seule étude ne permet toutefois pas de rejeter l’hypothèse de certaines formes d’hypersensibilité des personnes HPI. Pour pouvoir trancher, une clarification conceptuelle et une modélisation plus subtile des relations entre intelligence et émotions seraient d’abord nécessaires. Sur cette base, des études empiriques pourraient ensuite être menées.

Jacques Grégoire, scienceshumaines.com


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | sources : scienceshumaines.com | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © psychology today ; © TV5-Monde ; © Fondation Jean Piaget ; DP.


La vie encore ? En Wallonie-Bruxelles ?

CASTELLANOS : Nous avons 7 sens et les 5 plus connus sont les moins importants

Temps de lecture : 11 minutes >

[BBC.COM/AFRIQUE, 18 février 2023] En lisant ces lignes, comment est votre corps – droit ou voûté ? Et votre visage, est-il détendu ou froncé ? Notre posture et notre visage envoient des signaux importants à notre cerveau, et c’est à ces informations que notre cerveau réagit, explique la neuroscientifique espagnole Nazareth Castellanos, chercheure au Nirakara-Lab, une chaire extraordinaire de l’université Complutense de Madrid.

Si j’ai un visage en colère, le cerveau interprète ce visage comme étant en colère et active donc les mécanismes de colère“, a déclaré Mme Castellanos. De la même manière, “lorsque le corps a une posture triste, le cerveau commence à activer les mécanismes neuronaux de la tristesse.” Notre cerveau interagit avec le reste du corps de bien plus de façons qu’on ne le pensait auparavant. “Nous n’avons pas seulement cinq sens, nous en avons sept“, a-t-elle déclaré. Et les cinq sens les plus connus, le goût, l’odorat, etc., “sont les moins importants pour le cerveau“.

Nazareth Castellanos a expliqué à BBC Mundo comment la posture et les expressions faciales influencent le cerveau, le pouvoir d’un sourire et comment apprendre à écouter “les murmures du corps“.

Dr. Gentileza Nazareth Castellanos © bbc.com
Comment en êtes-vous venue à étudier la relation entre la posture et le cerveau ?

J’ai commencé à repenser les neurosciences après 20 ans de recherche sur le cerveau uniquement. Il me semblait étrange que le comportement humain ne dépende que d’un seul organe, celui de la tête. Avant cela, j’avais commencé à étudier l’influence d’organes comme l’intestin sur le cerveau. Et j’ai dit, ça ne peut pas être la même chose pour le cerveau si mon corps est courbé ou si mon corps est droit. J’ai donc commencé à enquêter, à voir ce que la littérature scientifique avait à dire ; j’ai découvert des choses que j’ai trouvées absolument étonnantes et je me suis dit que c’était quelque chose que tout le monde devrait savoir.

Pourriez-vous expliquer pourquoi la posture est importante et comment elle influence le cerveau ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les neurosciences reconnaissent désormais que nous avons sept sens. À l’école, on nous a toujours appris que nous en avions cinq – l’odorat, la vue, l’ouïe, le toucher et le goût – qui sont les sens de l’extéroception, c’est-à-dire de ce qui est extérieur. Et c’est très symbolique, car jusqu’à présent, la science s’est plutôt intéressée à l’étude de la relation de l’être humain avec l’extérieur. Depuis cinq ans environ, les neurosciences affirment qu’il faut élargir ce champ d’action. Nous n’avons pas seulement cinq sens, nous en avons sept. Et il s’avère que les cinq sens de l’extéroception – l’ouïe, etc. – sont les moins importants. Le premier sens, le plus important, est l’interoception.

Que signifie l’interoception ?

C’est l’information qui parvient au cerveau sur ce qui se passe à l’intérieur de l’organisme. Ce qui se passe à l’intérieur des organes. Nous parlons du cœur, de la respiration, de l’estomac, de l’intestin. C’est le sens numéro un, car parmi tout ce qui se passe, c’est ce à quoi le cerveau va accorder le maximum d’importance, c’est une priorité pour le cerveau.

Et la deuxième priorité est le sens de la proprioception, c’est-à-dire les informations qui parviennent au cerveau sur la façon dont mon corps est à l’extérieur, la posture, les gestes et les sensations que j’ai dans tout mon corps. Par exemple, les sensations dans les intestins lorsque nous sommes nerveux, ou une boule dans la gorge, ou la lourdeur des yeux lorsque nous sommes fatigués. Et puis viennent les cinq.

Que signifie le fait que l’interoception et la proprioception sont les premier et deuxième sens du cerveau ?

On savait déjà que le cerveau devait savoir comment se porte l’ensemble du corps, mais on pensait auparavant qu’il s’agissait d’une information passive, alors qu’aujourd’hui, il s’agit d’un sens. En d’autres termes, un sens est une information que le cerveau reçoit et à laquelle il doit répondre. En fonction de ce qui se passe, le cerveau doit agir d’une manière ou d’une autre, et c’est là le grand changement.

Où, dans le cerveau, percevons-nous notre posture ou nos gestes ?

Dans notre cerveau, il y a une zone qui ressemble à un bandeau, comme celui que l’on met pour s’épiler. C’est ce qu’on appelle le cortex somatosensoriel, et c’est là que mon corps est représenté. Ce phénomène a été découvert en 1952, et l’on pensait que les zones les plus grandes de notre corps avaient plus de neurones dans le cerveau. On a donc pensé que le cerveau consacrait beaucoup plus de neurones au dos, qui est très grand, qu’à mon petit doigt, par exemple.

© DP

Mais on a découvert que non, que le cerveau donne plus d’importance à certaines parties du corps qu’à d’autres, et que ce à quoi le cerveau donne plus d’importance dans l’ensemble du corps, c’est le visage, les mains et la courbure du corps. Ainsi, mon petit doigt a environ cent fois plus de neurones qui lui sont dédiés que l’ensemble du dos, que l’ensemble de la jambe, car les mains sont très importantes pour nous. Remarquez que lorsque nous parlons, nous utilisons nos mains, nous activons ces zones du cerveau.

Comment les expressions faciales influencent-elles le cerveau ?

Le cerveau attache une importance considérable à ce qui se passe sur le visage. Nous avons vu ici des choses qui sont très importantes. D’une part, on a vu que les personnes qui froncent les sourcils – et c’est quelque chose que nous faisons beaucoup avec les téléphones portables qui ont de petits écrans – activent une zone liée à l’amygdale. C’est une partie du cerveau qui se trouve dans les zones profondes et qui est plus impliquée dans les émotions. Lorsque je fronce les sourcils, j’active mon amygdale, donc si une situation stressante se présente, je serai plus excité, je réagirai davantage, parce que j’ai déjà préparé cette zone. L’amygdale, qui ressemble à une amande, est une zone qui s’active lorsqu’une situation stressante arrive, elle se développe davantage.

C’est donc un domaine où il vaut mieux rester calme. Mais s’il est déjà activé, lorsqu’une situation stressante arrive, il va s’hyper-activer, et cela va me faire hyper-réagir. Essayer d’adoucir cette partie, le froncement de sourcils, désactive un peu notre amygdale, elle se détend.

Dans un exposé, vous avez mentionné une étude fascinante sur les stylos qui montre comment le fait de froncer les sourcils ou de sourire change notre façon d’interpréter le monde. Pourriez-vous expliquer cette étude ?

En plus de la musculature autour des yeux, la deuxième partie du visage importante pour le cerveau est la bouche. Nous ne sommes pas conscients de la puissance qu’il a, c’est impressionnant. Pour examiner l’hypothèse du feedback facial, les chercheurs ont pris un groupe de personnes et leur ont mis un stylo dans la bouche.

Ils devaient d’abord le tenir entre leurs dents, ils simulaient un sourire, mais sans sourire, ce qui était l’important. On leur a ensuite montré une série d’images et ils ont dû dire à quel point ils les trouvaient belles. Lorsqu’ils avaient le stylo dans la bouche en simulant un sourire, les images leur semblaient plus agréables. Mais lorsqu’ils tenaient le stylo entre leurs lèvres, simulant un visage en colère, les mêmes images ne semblaient pas aussi agréables. Il s’agit d’une étude datant des années 1980, mais de très nombreuses études ont été réalisées depuis.

Il a été constaté, par exemple, que lorsque nous voyons des personnes souriantes, nous sommes plus créatifs, notre capacité cognitive augmente, la réponse neuronale à un visage souriant est beaucoup plus forte qu’à un visage non souriant ou à un visage en colère. L’insula, qui est l’une des zones du cerveau les plus impliquées dans l’identité, est activée lorsque nous voyons quelqu’un sourire ou lorsque nous sourions nous-mêmes. Sourire n’est pas rire, c’est différent. Nous voyons donc le pouvoir qu’un sourire a sur nous, car le cerveau, comme nous l’avons dit, dédie un grand nombre de neurones au visage.

Comment le cerveau réagit-il lorsque nous sourions ou fronçons les sourcils ?

Comme nous l’avons dit, la proprioception – qui est l’information qui parvient au cerveau sur l’état de mon corps et en particulier de mon visage – est une information à laquelle le cerveau doit réagir. Si je suis triste, si je suis en colère, si je suis heureux, mon visage le reflète, mais aussi l’inverse. Si j’ai un visage en colère, le cerveau interprète “ce visage est typique de la colère, donc j’active des mécanismes de colère“, ou “ce visage est typique du calme, donc j’active des mécanismes de calme.” En d’autres termes, le cerveau est toujours à la recherche de ce que l’on appelle la congruence corps-esprit.

Et c’est intéressant car que se passe-t-il si je suis triste ou en colère, stressé, et que je commence à faire un visage détendu ? Au début, le cerveau dit “ça ne colle pas, elle est nerveuse mais elle fait un visage détendu“. Et ensuite il commence à générer quelque chose appelé migration d’humeur. Le cerveau dit : “OK, j’essaie d’adapter l’humeur au visage“. Regardez donc quelle ressource nous avons.

Vous avez également parlé d’un autre aspect de la proprioception, la courbure du corps. De nos jours, avec les téléphones portables, nous sommes souvent courbés. Comment cela influence-t-il le cerveau ?

Le cerveau – et c’est une découverte faite il y a trois mois – possède une zone exclusivement dédiée à la vision de la posture de mon corps. On a constaté qu’il existe des postures corporelles que le cerveau associe à un état émotionnel. Si, par exemple, je bouge mes bras de haut en bas, le cerveau n’enregistre pas que lever la main est une émotion, car nous ne le faisons pas habituellement, n’est-ce pas ?

© un-dos-en-paix

Cependant, être avachi est quelque chose qui vient avec le fait d’être triste, et c’est comme ça, quand on est mal, on est avachi. Nous sommes tous avachis ces derniers temps, car nous passons, entre autres, huit heures par jour devant un ordinateur.

Cela fait-il référence à une étude célèbre que vous mentionnez dans vos conférences, celle sur l’ordinateur ?

Lorsque nous avons une posture voûtée, cela affecte notre perception émotionnelle du monde et notre mémoire. Et c’est là qu’ils ont réalisé une expérience célèbre où ils ont pris des gens et ont mis un ordinateur portable au niveau de leurs yeux, et une série de mots est apparue. A la fin, vous fermez l’ordinateur et vous leur dites, dites-moi combien de mots vous avez mémorisés. Et ils ont fait la même chose, mais ils ont mis l’ordinateur sur le sol de telle sorte que cela obligeait les gens à se pencher.

Qu’est-ce qu’on a vu ? Que lorsque le corps était penché vers le bas, les gens se souvenaient de moins de mots, c’est-à-dire qu’ils perdaient leur capacité de mémorisation et se souvenaient de plus de mots négatifs que de mots positifs. En d’autres termes, tout comme lorsque nous sommes tristes, nous sommes moins agiles sur le plan cognitif et nous nous concentrons davantage sur le négatif, lorsque le corps adopte une posture caractéristique de la tristesse, le cerveau commence à activer les mécanismes neuronaux caractéristiques de la tristesse.

Alors, que nous dit la science, en fin de compte ? Eh bien, ce n’est pas que vous devez être comme ceci ou comme cela, mais que tout au long de la journée, vous devez être plus conscient de votre propre corps et corriger les tendances que vous avez acquises. Par exemple, je m’observe beaucoup et je découvre de temps en temps que je suis à nouveau avachi. Vous corrigez donc cette habitude et, au fil du temps, vous en acquérez de moins en moins.

Mais si vous n’avez pas cette capacité à observer votre propre corps, vous pouvez rester comme ça pendant des heures sans vous rendre compte que vous êtes comme ça.

Comment nous entraînons-nous alors à écouter davantage notre corps ? On dit souvent que le corps ne crie pas, il murmure, mais on ne sait pas l’écouter.

Je crois que la première chose à faire pour savoir comment est notre corps est d’apprendre à l’observer. Et ce que les études nous disent, c’est qu’une grande partie de la population a une conscience corporelle très faible. Par exemple, chaque fois que nous ressentons une émotion, nous la ressentons dans une partie du corps ; les émotions sans le corps ne seraient qu’une idée intellectuelle.

Il existe des études dans lesquelles on demande aux gens : lorsque vous êtes nerveux, où dans votre corps localiseriez-vous cette sensation ? La plupart d’entre eux ne connaissent pas la réponse, car ils ne se sont jamais arrêtés pour regarder leur propre corps. La première chose à faire est donc, tout au long de la journée, de s’arrêter et d’observer, comment est mon corps ? Et lorsque nous ressentons une émotion, arrêtons-nous un instant et disons-nous : “Où est-ce que je la trouve ? Comment est-ce que je sens mon corps à cet instant ? C’est-à-dire de faire beaucoup plus d’observation corporelle.”

Et cette conscience du corps aide-t-elle à gérer les émotions difficiles ?

Lorsque je suis nerveux, par exemple, je sens quelque chose dans mon estomac ou une boule dans ma gorge. Tout cela est ressenti par mon cerveau, il le reçoit. Lorsque je suis conscient de ces sensations, l’information qui a atteint le cerveau est plus claire et, par conséquent, le cerveau est mieux à même de discerner une émotion d’une autre. C’est-à-dire que c’est une chose de chuchoter presque sans conscience, et une autre d’en faire un mot.

Et nous le faisons avec la conscience, qui est aussi un allié dans la gestion des émotions. Parce que lorsque nous sommes impliqués dans une émotion, quelle qu’elle soit, si nous nous arrêtons à ce moment-là et que nous portons notre attention sur les sensations du corps, cela nous soulage beaucoup. C’est l’une des façons de se détendre, d’arrêter ce maelström dans lequel nous nous mettons quand nous avons une émotion. C’est ce qu’on appelle la conscience du corps.

© tiandi

Dans les années 1990, Antonio Damasio, le grand neuroscientifique de notre époque, nous a parlé des avantages de ce marqueur somatique. Il a réalisé de nombreuses expériences dans lesquelles il a été démontré que les personnes qui sont plus conscientes de leur corps prennent de meilleures décisions. À mon avis, il en est ainsi car ce n’est pas le corps qui vous dit où vous devez aller, mais il vous dit où vous êtes. Et si nous sommes dans une situation complexe et qu’il y a des émotions en jeu, et que moi-même je ne sais même pas où je suis ou quelle émotion j’ai, il m’est plus difficile de savoir où je dois aller.

Les émotions sont très complexes et elles sont généralement mélangées. Pouvoir identifier une émotion par la seule analyse mentale est plus difficile que si je le fais en observant mon propre corps. Mais bien sûr, pour cela nous avons dû nous entraîner, tout au long de la journée à observer les sensations du corps, quand je suis fatigué, quand je suis heureux, quand je suis plus neutre, quand je suis en colère, quand je me sens accablé… Où est-ce que je le ressens ? Cela nous aide beaucoup à nous connaître.

Le fait de s’avachir nous fait mal respirer. Pouvez-vous nous parler de la respiration et du cerveau ?

La respiration est un allié que nous avons entièrement entre nos mains, mais nous ne savons pas comment respirer. La posture et la respiration sont intimement liées. Si vous prenez soin de votre posture, vous prenez soin de votre respiration. Ce qui a été observé dans la neuroanatomie de la respiration, c’est que celle-ci influence la mémoire, l’attention et la gestion des émotions.

Mais attention, si elle est nasale, si l’inspiration se fait par le nez. Si nous inspirons par la bouche, et une grande partie de la population respire par la bouche, nous n’avons pas autant de capacité à activer le cerveau.

Le cerveau a besoin d’être réglé sur des rythmes et la respiration est l’un des pacemakers dont dispose notre cerveau pour que les neurones génèrent leurs rythmes, leurs décharges électriques. Si nous respirons par la bouche, c’est un pacemaker atténué. Il faut que l’inspiration passe par le nez. Lorsque nous inspirons, par exemple, le moment où nous avons le plus de mémoire est celui où nous inspirons par le nez, à ce moment-là l’hippocampe est activé.

Si on vous dit quelque chose, un mot, au moment qui coïncide avec l’inspiration, on a plus de chances de s’en souvenir que si on vous le dit au moment de l’expiration, au moment où vous expirez. Cela nous renseigne sur une chose très intéressante, la respiration lente. Normalement, nous respirons très vite.

Quelle est l’importance de la respiration lente ?

Nous venons de publier une étude scientifique sur le pouvoir de la respiration lente comme analgésique dans les cas de douleurs chroniques dues à une discopathie (détérioration des disques entre les vertèbres).

Et pour les émotions, l’important est que le temps qu’il faut pour expirer, pour sortir l’air, soit plus long que le temps qu’il faut pour inspirer. Regardez comme il est important, combien de choses nous pouvons faire avec notre propre corps. Notre corps est l’instrument avec lequel notre vie sonne, mais c’est un instrument dont nous ne savons pas jouer. Nous devons d’abord apprendre à le connaître, puis à le jouer.

Alejandra Martins, BBC News Mundo


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | sources : bbc.com/afrique | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête © scripps research magazine ; © bbc.com ; © domaine public ; © tiandi.


Vivre encore en Wallonie-Bruxelles…

CHATER: Théorie de l’esprit plat. L’intelligence n’est qu’une illusion

Temps de lecture : 5 minutes >
Couverture du Science & Vie n°1223 (août 2019)

Les sens sont nos propres juges et les premiers, et ils ne perçoivent les choses que par les événements externes [qui les affectent] ; alors il n’est pas étonnant si, dans tous les éléments qui servent à la bonne marche de notre société, il y a un si perpétuel et général mélange de cérémonies et de signes extérieurs superficiels, en sorte que la meilleure et la plus réelle part des règles sociales consiste en cela.

Montaigne (1580)

L’esprit n’est pas profond, il n’existe aucun moi intérieur.” Avec sa Théorie de l’esprit plat, Nick CHATER vient de jeter un énorme pavé dans la mare. Car ce professeur en sciences du comportement a découvert que notre esprit, loin d’être insondable, fonctionne de façon totalement… superficielle ! Ce que démontrent plusieurs expériences, qui prouvent l’incroyable platitude de notre intellect. Pire, elles remettent en cause ce que nous croyons être nos convictions, notre personnalité et même notre inconscient ! Nous l’ignorons, mais nous sommes tous bêtes ; et le savoir est un premier pas pour l’être moins.

On pensait que notre esprit était profond… alors qu’il est bêtement superficiel

Vu toutes les pensées qui vous viennent, vous êtes convaincu de la profondeur de votre esprit, au point qu’il vous paraît insondable? Désolé de vous le dire, mais votre esprit est vide, absolument superficiel, d’une platitude consternante. En un mot, vous êtes “bête”. Ne le prenez pas mal : ce jugement vaut pour tous les humains. Sans exception ! Telle est la conclusion de la théorie globale de l’esprit développée par le psychologue anglais Nick Chater : la “théorie de l’esprit plat”.

Présentée dans un livre paru fin 2018, cette théorie fait table rase de réflexions philosophiques millénaires, de travaux de psychiatrie séculaires et de dizaines d’années d’études scientifiques dédiées à notre psyché. Le tout en se fondant sur un constat tout simple: “L’esprit n’est pas profond, il n’existe pas de ‘moi intérieur’, ni de subconscient ou d’inconscient tels que nous les concevons; au contraire, l’esprit est plat, il élabore en temps réel chacune de nos pensées, mais il le fait avec une telle rapidité, une telle puissance que nous avons l’impression qu’elles ont toujours été là”, résume le professeur en sciences du comportement à l’université de Warwick.

Plat? L’esprit humain? Allons … En chacun de nous, à chaque décision, chaque sensation perçue, notre esprit semble puiser en ses tréfonds un caractère, des envies, des sentiments, des souvenirs pour les trier avant de les faire remonter à la surface, les mettre en balance et, in fine, produire notre pensée. Sans parler des parasitages de l’inconscient, du Moi, du Sur-Moi et du Ça chers à Freud.

Nick Chater balaie tout cela. Dans sa théorie, rien d’enfoui : l’esprit est exclusivement accaparé par les interprétations instantanées générées par ce sur quoi il porte son attention. Il improvise en permanence, sans s’appuyer sur des structures supposées être constitutives de notre identité. Mais il crée l’illusion de leur réalité par sa seule rapidité.

Personnalité, convictions, sentiments … Tout ce qui semble animer notre profondeur intellectuelle s’avère alors une illusion qui aurait émergé en même temps que l’esprit lui-même et grandi avec lui, comme un faux reflet. Une illusion si savamment orchestrée qu’elle nous aurait tous, et depuis toujours, floués, bêtes que nous sommes. “Pour moi, reprend le chercheur, le fait de ‘chercher en nous’, de ‘comprendre le moi profond’, est une bêtise. Notre pouvoir d’introspection est trop limité, nous ne voyons en nous-mêmes que les histoires que nous voulons bien nous raconter, c’est-à-dire des affabulations. Et nous ne leur donnons alors que trop d’importance en les entretenant.

APRÈS GALILÉE ET DARWIN

C’est à la suite d’un vaste travail de méta-analyse que Nick Chater en est venu à formuler la “platitude” de notre esprit. Et cette vision, pour le moins iconoclaste, a été bien accueillie par la communauté scientifique -son livre est lauréat 2019 du prix PROSE en psychologie clinique qui récompense les œuvres universitaires. “J’admire l’ambition de la théorie de Nick Chater. Nos recherches vont dans le même sens -même si elles sont moins catégoriques“, témoigne par exemple Petter Johansson, chercheur en psychologie expérimentale (université de Lund, Suède).

Depuis des décennies, de multiples observations psychologiques et neurologiques se sont en fait accumulées, détruisant petit bout par petit bout les idées que nous nous faisions sur notre esprit. Notre perception si riche? “Un mirage“, balaie Ronald Rensink, professeur en cognition visuelle (université de Colombie-Britannique, Canada). Notre pouvoir d’imagination illimité? “Une construction mensongère“, assure Stephen Kosslyn, professeur émérite en psychologie cognitive à Harvard. Nos connaissances, notre raison, notre libre arbitre? “Pour beaucoup des approximations, des interprétations et des histoires qu’on se raconte“, assène Albert Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives (université Paris 13). La théorie de Nick Chater assemble pour la première fois toutes ces illusions mentales en un tout cohérent, qu’elles concernent l’introspection ou la perception.

La platitude de notre esprit expliquerait ainsi pourquoi nous sommes influençables, sensibles aux biais cognitifs, et même parfois insensés. D’où l’intérêt de s’en soucier. D’autant que le marketing et les sciences de l’information en jouent pour capter notre attention. Une humiliation anthropologique de plus -après que Galilée nous a éjectés du centre de l’Univers et Darwin fait tomber du sommet de l’évolution, nous voilà sans profondeur ?

Oui, mais dites-vous que si votre esprit n’est pas profond, il travaille à une vitesse si faramineuse qu’il réussit à en donner l’illusion. Qu’il est peut-être plat, mais qu’il est un improvisateur tout-puissant. Alors, embrassez votre vie intérieure à la platitude si exceptionnelle qu’elle a réussi à se tromper elle-même sur sa propre nature -des bravos sont de mise. Découvrez-la, votre bêtise, car elle est, aussi, votre véritable intelligence. On vous l’avait dit: il ne fallait pas le prendre mal […]

Lire la suite du dossier de Thomas CAILLE-FOL dans le SCIENCE-ET-VIE n°1223…


EAN 9782259265195

Nick Chater est professeur de sciences du comportement à la Warwick Business School. Il y a fondé le groupe d’étude des sciences du comportement, qui est le plus important du genre en Europe. Il est également conseiller auprès du Behavioral Insights Team, l’agence de mise en application des sciences du comportement rattachée au gouvernement britannique. Il est membre du Comité britannique sur le changement climatique et membre de la Cognitive Science Society et de la British Academy.

“Le subconscient et la « vie intérieure » ne seraient-ils qu’une illusion ? Dans cet essai novateur, le psychologue et comportementaliste Nick Chater propose une nouvelle approche révolutionnaire du fonctionnement de l’esprit humain. Nous aimons penser que nous avons une vie intérieure, que nos croyances et nos désirs proviennent des profondeurs obscures de notre esprit, et que si nous savions comment accéder à ce monde mystérieux, nous pourrions vraiment nous comprendre nous-mêmes. Pendant plus d’un siècle, les psychologues et les psychiatres se sont efforcés de découvrir les secrets de notre conscience. Nick Chater révèle que cette entreprise est vouée à l’échec. S’appuyant sur l’état de la recherche en neurosciences, en psychologie du comportement et de la perception, il démontre que notre esprit n’a pas de profondeurs cachées et que la pensée inconsciente est un mythe. Notre cerveau, tel un grand improvisateur, génère en fait nos idées, nos motivations et nos pensées dans le moment présent. À travers des exemples visuels et des expériences contre-intuitives, nous comprenons que notre esprit s’invente en permanence, improvisant constamment notre comportement à partir de nos expériences passées. Original et délicieusement provocateur, ce livre nous oblige à reconsidérer ce que nous pensions savoir sur le fonctionnement de notre esprit.” [source : LISEZ.COM]

A lire : CHATER Nick, Et si le cerveau était bête ? (Paris : Plon, 2018)


Plus de discours structurés sur nous et nos frères humains…