[FUTURA.SCIENCES.COM, 15 avril 2019] Il suffit parfois de se plonger dans l’histoire de la Terre pour trouver des créatures aussi étranges que celles de romans de science-fiction. Le fossile d’un animal à 45 tentacules, qui vient d’être décrit par des chercheurs de l’université d’Oxford dans la revue Proceedings of the Royal Society, a ainsi été nommé Sollasina cthulhu en référence au monstre Cthulhu imaginé par l’écrivain Howard Phillips Lovecraft. Dans le roman L’Appel de Cthulhu, ce dieu maléfique extraterrestre est décrit comme “un monstre à la silhouette vaguement anthropoïde, avec une tête de pieuvre dont la face n’aurait été qu’une masse de tentacules et un corps écailleux.” Un personnage qui a inspiré nombre de dessins, films, jeux vidéos, bandes dessinées et même des peluches.
Un lointain ancêtre du concombre de mer
Contrairement à l’hideuse créature de Lovecaft, Sollasina cthulhu n’avait pas la taille d’une montagne… mais celle d’une araignée. Découvert en Angleterre sur le site archéologique d’Herefordshire, dont les strates datent d’environ 430 millions d’années, le fossile mesure en effet moins de 3 cm. Ses petits tentacules s’apparentent plutôt à des pieds tubulaires, les plus courts lui servant sans doute à capturer sa nourriture tandis que les plus longs lui permettaient de se déplacer. Ces pieds tubulaires se retrouvent chez de nombreux échinodermes modernes comme les oursins et les étoiles de mer. Sollasina appartient pourtant à un groupe éteint, les ophiocistioïdes, et d’après les chercheurs, serait plutôt un ancêtre des concombres de mer, de la classe des holothuries. Ces derniers ressemblent aujourd’hui plutôt à des grosses limaces qu’à des petits monstres à tentacules.
Pour mieux comprendre son mode de vie, les chercheurs ont reconstruit une vue 3D de l’animal par tomographie, permettant de découper le fossile couche par couche. Ils ont découvert un système vasculaire hydraulique, caractéristique des échinodermes et des holothuries, qui leur permet de pomper l’eau par leurs petits pieds tubulaires, puis de l’expulser pour se déplacer. Comme le concombre de mer, Sollasina cthulhu se nourrissait probablement d’algues et de matière organique en décomposition.
La culture pop inspire les scientifiques pour nommer les espèces
Sollasina cthulhu n’est pas le premier animal à tirer son nom du monstre de Lovecraft. Il existe déjà un parasite de la termite nommé Cthulhu macrofasciculimque et une mouche nommée Nanocthulhu lovecrafti, qui n’ont guère plus de ressemblance avec la description de l’auteur. De nombreux autres anciens animaux préhistoriques tirent leur nom de personnages de la pop culture. Un dinosaure découvert en 2012 a ainsi été nommé Sauroniops pachytholus (“œil de Sauron”), en référence à un personnage démoniaque du Seigneur des anneaux. Aname aragog est une araignée australienne qui doit son nom au personnage Aragog, dans Harry Potter. Sans oublier Bulbasaurus phylloxyron et Aerodactylus scolopaciceps, d’après les Pokemon Bulbizarre et Ptéra (Aerodactyl en anglais).
Céline Deluzarche, futura.science.com
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