STEVENS : Un cache-misère impérial

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[NEWSLETTERS.ARTIPS.FR, 11 avril 2025Où l’on découvre comment un artiste est devenu le porte-parole des opprimés. Paris, 1855. Dans l’Exposition universelle, la foule se presse devant un tableau de l’artiste belge Alfred Stevens [1823-1906]. Sa dernière toile, loin des habituels portraits de bourgeois du temps, fait sensation ! Mais c’est surtout la venue de l’empereur Napoléon III que l’on attend avec impatience : tout le monde désire voir sa réaction face à l’œuvre…

Il faut dire que cette toile montre une réalité choquante : une mendiante en haillons est conduite en prison par des gendarmes, avec ses enfants. Au 19e siècle, en France, les vagabonds sont en effet surveillés de près et privés de nombreux droits. Errer dans les rues constitue même un délit pour lequel ils peuvent être arrêtés. C’est cette répression de la misère que Stevens cherche à dénoncer dans ce tableau engagé.

Pour cela, il prend clairement le parti de la pauvre mendiante. La tête baissée, résignée, celle-ci semble presque devoir se rendre à son exécution, ainsi entourée d’hommes en armes. Quant aux affiches derrière elle, elles font la réclame pour des “bals” et des “terrains à vendre”… autant de choses auxquelles la jeune mère n’aura jamais accès.

L’artiste en profite aussi pour mettre en avant la bonté des dames bien nées – celles qui constituent sa clientèle. On voit donc l’une d’entre elles tendre sa bourse à la mendiante, mais un gendarme la repousse sans pitié.

C’est précisément pour ce détail que le public épie l’arrivée de Napoléon III : en soulignant le manque de cœur des autorités, le tableau de Stevens semble faire une critique acerbe du régime de l’empereur, incapable de s’occuper des démunis ! Napoléon III finit bien par visiter l’Exposition et par s’arrêter devant le tableau de Stevens. Choqué, il aurait alors déclaré que “cela n’aurait plus lieu“. Et en effet, peu de temps après, il donne l’ordre que les vagabonds soient désormais… menés en prison avec discrétion : en voiture close et non plus à pied. Et Victor Hugo de déclarer :

Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée.

Adeline Pavie


STEVENS Alfred, Marine, Le Tréport (1890) © CP

Alfred STEVENS

[CINECLUBDECAEN.COM] Élève d’Ingres à École nationale supérieure des beaux-arts de Paris à partir de 1844, la carrière d’Alfred Stevens connait une ascension fulgurante tant en Belgique qu’en France où il passe la plus grande partie de sa vie. Très introduit dans les milieux artistiques et mondains de la capitale, il est l’ami d’Édouard Manet, Berthe Morisot, Alexandre Dumas tandis que son frère, Arthur Stevens, marchand d’art installé à Paris et à Bruxelles, œuvre pour faire connaître les peintres français. D’abord en retrait du courant impressionniste, aimé pour ses scènes de genre dont le sujet est en majorité de jeunes élégantes, ses tableaux se vendent à des prix très élevés. Mais à partir de 1883, saisi d’un doute devant la montée de l’impressionnisme, Stevens reconsidére sa peinture et réalise des paysages impressionnistes. Pour l’Exposition universelle de 1889, il reçoit la commande d’une fresque panoramique, aujourd’hui propriété des musées des beaux arts de Bruxelles : Le Panorama du siècle.

Alfred Stevens, naît le 11 mai 1823 à Bruxelles. Il est le fils de Léopold Stevens (mort en 1837) ancien officier passionné de peinture et collectionneur en particulier des œuvres de Théodore Géricault et Eugène Delacroix, Alfred Stevens est le frère du peintre animalier Joseph Stevens et du marchand de tableaux Arthur Stevens (1825-1890).

Après une formation dans l’atelier de François-Joseph Navez, il est très vite lancé à Paris où il s’installe en 1844 sur les conseils de Camille Roqueplan, dont il a fréquenté l’atelier. Il devient l’ami d’Édouard Manet, Charles Baudelaire, Aurélien Scholl. Il est admis à l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans l’atelier d’Ingres. Stevens paraît dans le registre des copistes du Louvre en tant qu’élève du peintre d’histoire Joseph-Nicolas Robert-Fleury. Il fréquente ensuite l’atelier du peintre de genre Florent Willems, chez qui il trouve ses premiers modèles. Il retourne ensuite à à Bruxelles où il expose en 1851 des tableaux parmi lesquels Le Soldat blessé, première esquisse d’un genre qu’il approfondit avec des œuvres témoignant de la misère urbaine.

De retour à Paris, il présente à l’Exposition universelle de 1855 quatre tableaux : La Sieste, Le Premier jour du dévouement, La Mendiante, et aussi Les Chasseurs de Vincennes dit aussi Ce qu’on appelle le vagabondage, que Émilien de Nieuwerkerke voulait faire retirer car le sujet déconsidérait l’armée impériale, l’œuvre présentant des soldats arrêtant des vagabonds. Le tableau attire l’attention de Napoléon III, qui ordonne que les soldats ne soient plus employés à chasser les pauvres dans les rues, et que les pauvres soient transportés en voiture à la Conciergerie.

Le peintre abandonne bientôt les miséreux comme veine d’inspiration pour se consacrer aux représentations de la femme contemporaine, alternant encore avec des scènes militaires. Au Salon d’Anvers, la même année, l’artiste est décoré par le roi Léopold Ier pour son tableau Chez soi, représentant une jeune femme se chauffant. En 1858, il épouse Marie Blanc. Il a pour témoins Alexandre Dumas (fils), Eugène Delacroix et un grand nombre de personnalités des arts.

© Musées royaux des beaux-arts de Belgique (Bruxelles)

À partir de 1860, il connaît un énorme succès grâce à ses tableaux de jeunes femmes habillées à la dernière mode posant dans des intérieurs élégants, à la fois intimistes et mondains. Ceux exposés au Salon de peinture et de sculpture de 1861 lui valent un grand nombre d’admirateurs. Il présente entre autres : Tous les bonheurs ayant pour sujet une femme allaitant, Une Veuve et ses enfants, Mauvaise nouvelle, encore intitulée La Lettre de rupture, Le Bouquet surprise, Une mère, Le convalescent

En 1862, Édouard Manet peint dans l’atelier du peintre belge – 18, rue Taitbout – plus spacieux que le sien. L’huile sur toile Le ballet espagnol est exposée à Washington (The Phillips Collection).

Le 10 mai 1863, Stevens rencontre Whistler à Londres, quelques jours après l’ouverture du Salon de peinture et de sculpture de Paris où Stevens expose plusieurs toiles ; tandis que Whister présente sa Femme en blanc au salon des refusés, ouvert le 15 mai 1863.

Dans les années qui suivent, Alfred Stevens est non seulement un peintre reconnu, mais c’est aussi le plus parisien des Belges, qui tente avec son frère Arthur d’introduire les artistes français en Belgique. Arthur propose d’ailleurs un contrat à Edgar Degas pour 12 000 francs par an, Alfred pousse Manet à envoyer un tableau au Salon des beaux arts de Bruxelles de 1869, Clair de lune sur le port de Boulogne. Dans les années 1860, Arthur Stevens est le propagandiste de l’école de Barbizon dont le succès ne se révèlera pleinement qu’à partir de 1870 avec la présence à Bruxelles d’une succursale de la Galerie Durand-Ruel.

Il rencontre Baudelaire et Eugène Delacroix, qui le cite dans son Journal du 13 mars 1855 pour le prêt d’une tunique turque. Il influence James Whistler avec qui il partage un enthousiasme pour les estampes japonaises.

Dès 1867, Alfred Stevens triomphe à l’Exposition universelle où il présente 18 toiles, qui lui valent l’obtention de la médaille d’or et la promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur, parmi lesquelles : Le Bain et L’Inde à Paris (dit aussi Le Bibelot exotique), que le critique d’art Robert de Montesquiou salue ainsi dans la Gazette des beaux-arts : “Le portrait est celui de Cachemire. Il l’a peint comme son maître Vermeer aurait fait d’une de ces cartes de géographie qu’il donnait pour fond à des femmes pensives.

Stevens devient un ami de Bazille et un habitué du café Guerbois et du café Tortoni. Avec la vogue du japonisme, il est aussi l’un des tout premiers peintres de l’époque, avec James Tissot, James Whistler ou Édouard Manet, à s’intéresser aux objets d’Extrême-Orient qu’il trouve notamment dans le magasin de La Porte chinoise, rue Vivienne à Paris, fréquenté aussi par ses amis Charles Baudelaire et Félix Bracquemond. Parmi ses premiers tableaux japonisants on trouve La Dame en rose de 1866, suivi par Le Bibelot exotique de 1867, La collectionneuse de porcelaines en 1868, puis une série de plusieurs toiles de jeunes femmes en kimono réalisées vers 1872. Confirmé par Claude Pichois, Adolphe Tabarant révèle aussi que sous le pseudonyme de J. Graham il a donné au journal Le Figaro plusieurs chroniques vantant le talent de Manet, dont Le Déjeuner sur l’herbe qui figure au Salon des refusés.

Sa carrière encouragée par Mathilde Bonaparte et la princesse de Metternich connait une ascension fulgurante. Mais en dépit du confort que procure la célébrité, Stevens demande à Étienne Arago, maire de Paris, l’autorisation de s’engager dans la Garde nationale pour combattre aux côtés de ses amis lors du Siège de Paris (1870). “Je suis à Paris depuis vingt ans, j’ai épousé une Parisienne, mes enfants sont nés à Paris, mon talent, si j’en ai, je le dois en grande partie à la France.

C’est encore par l’intermédiaire d’Alfred Stevens que Manet va faire la connaissance du marchand de tableaux Paul Durand-Ruel, et de son cercle de relations : Degas, Morisot. Tout-Paris fréquente désormais l’atelier de Stevens situé d’abord au 12, rue Laval qui deviendra, le 10 juin 1885, le second cabaret du Chat Noir de Rodolphe Salis dans les locaux du peintre, et où sont jouées des pièces pour un théâtre d’ombres imaginé par Henri Rivière, puis rue des Martyrs et, à partir de 1880, rue de Calais. Goncourt qui lui rend souvent visite décrit le luxe dans lequel il vit.

À cette même époque, Stevens crée un atelier de peinture pour femmes avenue Frochot, fréquenté par Sarah Bernhardt dont le peintre fait le portrait. Parmi les élèves les plus assidues de cette école, qui selon l’auteur belge Camille Lemonnier “avait été en son temps la plus belle école de Paris…” certaines se consacreront entièrement à la peinture et seront des artistes reconnues de leur temps comme Louise Desbordes, Alix d’Anethan, Georgette Meunier, Clémence Roth ou Berthe Art. Cette école de peinture pour femmes fut le seul lieu ou s’exerça à proprement dit le professorat de Stevens qui n’avait pas de collaborateurs et ne forma pas de continuateurs. Outre Sarah Bernhardt qui fut une de ses premières élèves et dont le peintre réalise plusieurs portraits, il est probable que certaines de ses élèves lui ont servi de modèle en même temps qu’il leur rendait hommage en les immortalisant sur la toile, telle Louise Desbordes pour le portrait en pied de la jeune artiste lyrique dans le tableau Un chant passionné ou Clémence Roth représentant la parisienne amatrice d’art vêtue de noir en allusion à son veuvage dans le tableau Dans l’atelier.

La mort de Manet, en 1883, va beaucoup l’affecter. Stevens traverse une période de doute devant l’arrivée de l’impressionnisme. Commence alors une période de recherche dans laquelle Berthe Morisot joue un rôle prépondérant dont La Jeune mère rappelle le style de la peintre. Ses peintures s’arrachent, le roi des Belges Léopold II lui commande Les Quatre saisons, les Vanderbilt lui achètent des toiles au prix fort, et pourtant, vers 1883, saisi à la fois d’une grande fatigue physique et d’un doute sur son travail, Stevens part à Menton sur les conseils de son médecin. Et là, il se livre à des expérimentations : des paysages impressionnistes.

Il peint aussi des marines et des scènes côtières dans un style plus libre, presque impressionniste, proche d’Eugène Boudin ou de Johan Barthold Jongkind. Vers la fin de sa vie, son style n’est pas sans similitude avec celui de son contemporain John Singer Sargent.Il publie en 1886 Impressions sur la peinture, qui connaît un grand succès.Il arrête de peindre à partir des années 1890 à la suite de problèmes de santé. C’est, en 1900, le premier artiste vivant à obtenir une exposition individuelle à l’École des beaux-arts de Paris. Il meurt au no 17 avenue Trudaine à Paris en 1906 et est est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, adaptation, édition, correction et iconographie | sources : newsletters.artips.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : STEVENS Alfred, Ce que l’on appelle le vagabondage (détail, 1854) © Musée d’Orsay, Paris ; © CP.


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KRØYER, Peder Severin (1851-1909)

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Peder Severin Krøyer a une histoire familiale lourde. Il naît en Norvège de père inconnu et sa mère souffre de troubles psychiques. Il est élevé à Copenhague par la sœur de sa mère et son mari. Il étudie à l’Académie danoise royale des arts et, dès l’école, il rencontre le succès. Ensuite, ses œuvres seront toujours très bien reçues par la critique. “Il n’aura jamais de problèmes d’argent et petit à petit, il se transforme pour devenir un grand bourgeois. Néanmoins, il se souviendra toujours qu’il a commencé difficilement”, raconte Dominique Lobstein, le commissaire de l’exposition [de Paris, en 2021]. Krøyer aime faire des autoportraits, dans lesquels, progressivement, on peut déceler les signes de l’ascension sociale.

Heinrich Hirschsprung, riche négociant en tabac et grand collectionneur, se prend d’amitié pour lui et lui paie des voyages. Il lui permet de venir étudier à Paris à la fin des années 1870.

Peder Severin Krøyer est absent des collections publiques françaises, si ce n’est un grand tableau, Bâteaux de pêche (1884), qui appartient au musée d’Orsay, et dans lequel on peut admirer la virtuosité du peintre. “La formation classique de Krøyer, on la voit à des détails, il peint tout”, remarque Dominique Lobstein.

Un amant de la lumière

Pourtant, l’artiste a régulièrement exposé à Paris, notamment au Salon, où ses œuvres sont appréciées par les critiques. Il excelle dans des genres variés, portrait, scène de genre… Il peut peindre un grand paysage de sable, l’horizon haut, où une petite figure au lointain se perd entre ciel, mer et terre (La Plage au sud de Skagen, 1883), ou la Bourse de commerce de Copenhague où se serrent 50 boursiers en noir, tous identifiables. Un tableau impressionnant qu’on ne verra pas dans l’exposition, puisqu’elle se concentre sur la peinture à Skagen, mais qu’on peut découvrir dans le catalogue (L’heure bleue de Peder Severin Krøyer, co-édition Musée Marmottan Monet / Editions Hazan).

“Krøyer a compris que le public parisien était difficile, qu’il fallait le surprendre en envoyant des œuvres différentes”, remarque Dominique Lobstein : une année, il envoie des pêcheurs, l’année suivante un portrait, puis un paysage. Il voyage dans toute l’Europe, exposant à la Biennale de Venise, à Vienne, à Berlin, à Budapest… Il produit beaucoup : des petits tableaux, qu’il offre, des plus grands, pour le marché, de très grands pour les expositions. On a dit de lui que c’était un amant de la lumière “mais c’est aussi un as de la composition”, souligne le commissaire.

Plus proche des naturalistes que des impressionnistes

Krøyer est plus proche d’un naturaliste comme Jules Bastien-Lepage que des impressionnistes, dont les Danois aiment le rapprocher. De la même manière que ce dernier peint les paysans, Krøyer aime représenter des forgerons, des ouvriers revenant du travail ou, à Skagen, les pêcheurs à la tâche.

A partir de 1872, une colonie d’artistes se retrouve à Skagen l’été. Krøyer y va pour la première fois en 1882 puis, pendant une vingtaine d’années, il passe six mois à Copenhague pour les commandes officielles, six mois dans ce petit village de pêcheurs encore isolé (un afflux d’artistes et de touristes suivra l’arrivée du chemin de fer en 1890) pour réaliser des œuvres plus personnelles.

Un de ses plus beaux tableaux, icône du musée de Skagen, représente sa femme Marie Triepcke, épousée en 1889, et leur amie Anna Ancher, toutes deux peintres, de dos, marchant le long de la mer (Soirée calme sur la plage de Skagen, 1893). La douce lumière du crépuscule lèche le sable blond et éclaire leurs robes blanches. Les deux figures sont peintes d’après une photographie, et des dessins préparatoires montrent qu’il a longuement hésité pour les situer dans la composition de la toile.

Peder Severin Krøyer, “Roses” (1893) © Skagens Museum
Roses au jardin et enfants à la plage

Car Krøyer faisait beaucoup de photos, et il multipliait souvent les esquisses, comme pour Hip hip hip hourra, Déjeuner d’artistes, Skagen, 1885-1888, un de ses tableaux les plus célèbres : pour cette joyeuse scène de repas de fête en plein air, où la lumière filtrée par le feuillage éclaire les convives, il a essayé de nombreuses installations des personnages avant de décider de la composition finale.

Un autre de ses chefs-d’oeuvre, Roses (1893) est accompagné d’une photographie où l’on voit le couple Krøyer lisant dans des chaises longues, un rosier au premier plan. Dans la peinture, l’artiste a disparu, sa chaise est vide. Le rosier vibrant de lumière et de couleur submerge littéralement la toile. Dans les années 1890, il peint des petits garçons, corps blancs et nus qui jouent dans l’eau scintillante.

Une vente colossale relance l’intérêt pour Krøyer en 1978

A la fin de sa courte vie, Peder Severin Krøyer a des problèmes de santé et perd la vue. Celui à qui la vie semblait avoir toujours souri et que son collègue Karl Madsen décrivait comme “le meilleur des compagnons” souffre aussi de troubles psychologiques. Il meurt à Skagen en 1909 à 58 ans, après avoir réalisé une espèce de tableau testament où il réunit tous les gens importants de sa vie autour d’un feu de la Saint Jean sur la plage.

L’école de Skagen est un peu tombée dans l’oubli pendant quelques décennies. C’est la vente en 1978 de la Soirée calme sur la plage de Skagen au magnat de la presse allemand Axel Springer, pour le prix le plus élevé jamais attribué à un peintre danois, qui a relancé l’intérêt pour Peder Severin Krøyer et ses compagnons de Skagen. A notre plus grand bonheur.

d’après FRANCETVINFO.FR


[INFOS QUALITÉ] statut : validé | mode d’édition : partage, décommercalisation et correction par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : Peder Severin Krøyer, Soirée d’été sur la plage sud de Skagen (1893) © meisterdrucke.fr


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Musée Pierre-Joseph Redouté, à Saint-Hubert

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INITIATIVE. L’asbl Musée Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), fondée à Saint-Hubert le 7 juin 1984, a pour but de promouvoir la connaissance et le rayonnement du peintre-botaniste, né à Saint-Hubert le 10 juillet 1759, de sa famille et des artistes de son époque qui ont enrichi le patrimoine culturel de la ville de Saint-Hubert, de l’Ardenne et du Luxembourg, ainsi que la conservation de leurs œuvres, de leur esprit et de leurs souvenirs. En 1987, la ville a mis à sa disposition l’immeuble situé au numéro 11 de la rue Redouté, face à l’emplacement de la maison natale de l’artiste, détruite lors d’un bombardement à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet immeuble héberge maintenant le Musée Pierre-Joseph Redouté qui présente en permanence des œuvres originales du « Raphaël des fleurs », des objets qui lui ont appartenu et quelques gravures de son jeune frère, Henri-Joseph. Le musée accueille également des expositions temporaires.


Le saviez-vous ? Pierre-Joseph REDOUTE (1759-1840), le peintre-botaniste est né à Saint-Hubert le 10 juillet 1759. C’est un des ceux de chez nous… Dans la famille Redouté, depuis Charles-Joseph Redouté, arrière-grand-père de Pierre-Joseph qui peignait pour les Princes-Evêques de Liège jusqu’à P.J.Redouté, on est artiste de père en fils. On ne peut, dès lors, s’étonner de l’héritage culturel et pictural que reçut le Prince des roses.

À l’influence familiale s’ajoute celle de la célèbre abbaye de Saint-Hubert. Dom Clément Lefèbvre, abbé de Saint-Hubert (1686-1727) natif de Ciney, alors occupé à de grands travaux au sein de l’abbatiale, fait appel au peintre Jean-Jacques Redouté, originaire de sa région. Le grand-père de Pierre-Joseph collabore aux travaux dans les années 1720-1730. Successeur de Dom Lefèbvre, Dom Célestin De Jong (1727-1760), entreprend quant à lui la construction du quartier abbatial (1729), une opportunité de travail pour le peintre Charles-Joseph Redouté, père de Pierre-Joseph. Il s’installe à Saint-Hubert, se mariant en 1750 avec une fille de la localité, Marguerite-Josèphe Chalon.

Pierre-Joseph Redouté (gravure d’époque) © DP

En 1782, Pierre-Joseph, alors âgé de vingt-trois ans, gagne Paris à l’invitation de son frère aîné Antoine-Ferdinand. Celui-ci est peintre décorateur. Il travaille entre autres pour le Théâtre Italien, le Palais-Royal, mais aussi pour la réalisation de décorations aux châteaux de Compiègne et de Malmaison. Pierre-Joseph l’accompagne pendant deux ans. Ensuite pendant plus de 50 ans, Pierre-Joseph mettra ses talents confirmés de peintre au service des botanistes.

L’Héritier de Brutelle, magistrat de formation de Louis XVI et passionné de botanique, ouvre à Pierre-Joseph les portes de la renommée et lui enseigne les bases de l’étude des plantes et l’art de les dessiner avec la rigueur et l’exactitude d’un scientifique. Séduits par la qualité de ses illustrations, d’autres botanistes auront recours à ses services : De Candolle, Ventenat, Rousseau, Michaux, etc.

L’Europe envoie aux quatre coins du monde ses explorateurs comme Dombey, Cook, Humbold etc., souvent accompagnés de botanistes, qui ramèneront dans les cales des navires les plantes exotiques les plus diversifiées. Pierre-Joseph Redouté collaborera ainsi à la création d’un Jardin illustré d’une partie de la flore mondiale

Au XVIe siècle, le grand peintre allemand Albrecht Dürer est un des précurseurs de l’aquarelle. Jusqu’au XVIIIe s., Dürer faisant exception, l’aquarelle n’aura qu’une valeur documentaire et ne sera que l’auxiliaire de la peinture à l’huile dont la valeur artistique sera seule prise en considération.

C’est en Angleterre qu’est créée la première société d’aquarellistes au monde. La France ne connaît vraiment l’aquarelle qu’à la fin du XVIIIe siècle. C’est alors qu’apparaissent les Hubert Robert, Chapalle, van Spaendonck et les frères Redouté, Pierre-Joseph et son cadet Henri-Joseph. Tous deux sont recrutés par le Muséum d’histoire naturelle pour continuer la prestigieuse Collection des vélins, l’un pour la botanique et l’autre pour la zoologie.

Si Pierre-Joseph reste l’artiste le plus populaire de la famille, Henri-Joseph est aussi un excellent aquarelliste. Il fait partie d’une Commission des sciences et des arts qui accompagne Bonaparte en Égypte. Il est un des collaborateurs de la célèbre Description de l’Égypte, recueil des observations et recherches faites en Égypte pendant l’expédition de l’armée française.

À partir de ce moment, l’aquarelle est reconnue pour elle-même, comme une expression artistique à part entière. Comme la demande devient très importante, Pierre-Joseph doit employer une technique de reproduction plus rapide et moins coûteuse : la gravure en taille-douce. Une particularité chez lui est l’estampe réalisée à l’aide d’une roue dentée pour obtenir des points sur le métal (cuivre), technique dite du pointillé. La différence de densité des points permet de marquer les jeux d’ombre et de lumière.

Redouté P.J., Bouquet de roses et tulipes (détail, 1822) © DP

Pierre-Joseph Redouté a peint d’innombrables fleurs mais ses Roses sont considérées comme le sommet de son art. Il immortalise leur beauté éphémère. Cet inventaire des roses, le plus complet de l’époque, a été réalisée par Pierre-Joseph, avec la collaboration du botaniste Le Thory qui en rédigea les textes. Il compte trois volumes qui rassemblent 169 planches.

Les roses de Pierre-Joseph Redouté, fleurs de la séduction, ont charmé la reine Marie-Antoinette, l’impératrice Joséphine, épouse de Napoléon 1er et la première reine des Belges, Louise-Marie d’Orléans. Comment rêver meilleure publicité pour le professeur Redouté que de donner cours au Muséum de Paris aux dames les plus célèbres de la noblesse parisiennes ?

d’après une notice du Musée Redouté à Saint-Hubert


[INFOS QUALITÉ] statut : validé | Source : museepjredoute.be | mode d’édition : partage et iconographie | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © DP.


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