ARCHIVES : Les excès de la canicule (années 70)

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[Coupure d’un journal français non-identifié, années 1970] Le mois de juillet de l’an passé restera, dans les annales météorologiques, comme celui de la canicule, ce mot étant pris au sens de ‘chaleur excessive‘. Tous les records de chaleur furent pulvérisés dans plusieurs régions de France, notamment à Brest, avec 31,5 °C, à Romorantin (34,5 °C), à Carcassonne (35 °C), à Cognac (36 °C), au Puy (38,4 °C), à Lyon (40 °C), au Luc (41 °C) et à Vichy (41,2 °C). Paris, avec 33 °C, frôla son record historique de 33,2 °C, établi en 1921.

Les Égyptiens ont été les premiers à remarquer qu’une belle étoile, que nous appelons aujourd’hui Sirius, se levait en même temps que le Soleil, à l’époque où allaient débuter les inondations du Nil. Elle semblait avertir les paysans de se garder de la montée des eaux. C’est pourquoi les astronomes égyptiens, la comparant à un chien de garde qui prévient ses maîtres d’un danger, lui donnèrent le nom de Sopt (le Chien). Le lever de Sopt marquait le début de l’année civile égyptienne et était célébré comme une grande fête.

Les astronomes grecs baptisèrent Grand Chien la constellation d’étoiles dont Sirius est le plus bel ornement. Les Romains traduisirent littéralement ce terme par Canis major, Sirius étant appelée Canicula (Petite Chienne). Le lever héliaque de cette étoile, vers le 22 juillet, marquait le début de la canicule, période de fortes chaleurs, qui durait jusqu’au 23 août.

Boileau, dans son Épître à M. Arnauld, faisait découler la canicule du péché originel, en écrivant :

Mais, dès. ce jour, Adam, déchu de son état,
D’un tribut de douleurs paya son attentat.
Il fallut qu’au travail son corps rendu docile
Forçât la terre avare à devenir fertile.
Le chardon importun hérissa les guérets,
Le serpent venimeux rampa dans les forêts,
La canicule en feu désola les campagnes.

Rarement la canicule sévit sur l’Europe avec autant d’ardeur qu’en juillet 1740. Les chroniques rapportent que dans les Alpes, les sommets de plusieurs montagnes, que l’on avait toujours vues surmontées de neiges éternelles, étaient apparues à découvert, tandis que les glaciers fondaient. “Ce spectacle, dit un témoin de ce phénomène, est un des plus terribles que l’on puisse jamais voir.”

Marcel Rol, La chaleur à Paris – Fillette prenant de l’eau à une borne-fontaine (1921) @ Agence Rol

Le chroniqueur Gérard Bauër n’appréciait guère la canicule, qui lui inspira ces réflexions : “Que le ciel soit chargé d’orage ou que l’air tremble de chaleur, qu’on rencontre des gens accablés, des figures que des mains moites épongent, que les feuilles des arbres soient grises, déjà l’asphalte brûlant, les murs grillés, qu’il y ait cette nuance blanche et tiède répandue sur Paris, rien à dire, le calendrier joue le jeu et l’été, l’été que je n’aime pas, fait son devoir.

Les chaleurs accablantes de la canicule ont amené les hommes à inventer l’éventail, qui, à l’origine, fut un symbole de souveraineté. Sur les fresques qui décorent un palais de Thèbes, le pharaon Ramsès III, qui régnait au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, est accompagné de princes qui portent des éventails. En Grèce, on donna d’abord à l’éventail la forme d’une feuille de platane. Vers le Ve siècle avant Jésus-Christ, les élégantes adoptèrent l’éventail de plumes de paon, venu d’Asie Mineure. L’éventail des prêtres d’Isis, lui, était formé des ailes d’un oiseau jointes latéralement et attachées à un manche, ce qui le faisait ressembler au caducée de Mercure.

Frédéric MATHIAS


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | source : collection privée | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête, © Valery Hache – AFP ; © Agence Rol ; © DR | In memoriam l’Album de la Comtesse qui précisait : “L’Afrique est bonne hôtesse et ses canicules t’emballent” (ceci pour vérifier si vous lisez nos fiches-qualité).


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