Louis MOYANO naît à Liège le 18 avril 1907. Fils de Joseph Moyano (Liège, 1869 – 1935) et de Elisabeth Bayaux (Liège, 1875 – 1938), mariés le 18 août 1904, à Jupille (Liège). Il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, le 19 novembre 1923, en classe de Dessin, pour l’année scolaire 1923-1924. A l’issue de celle-ci, il arrêtera pour ne reprendre que de 1926 à 1928. En 1927, il est le créateur et l’organisateur du premier Salon des Indépendants à Liège.
Son fils Léopold naît le 15 janvier 1931, il sera légitimé par le mariage de Louis Moyano avec Germaine Van Borren (1905-2002), le 9 avril de la même année. Fernand Steven est un des témoins. Le fait que Fernand soit le second prénom de Léopold Moyano pourrait indiquer, suivant la tradition, que Fernand Steven était son parrain, mais rien ne permet de le confirmer.
En 1939, il s’inscrit à nouveau à l’Académie des Beaux-Arts, en classe de Gravure cette fois. Mais il est mobilisé fin 1939 et effectue la campagne de 1940 en qualité d’agent de liaison motocycliste (2e Division des Chasseurs Ardennais). Prisonnier de guerre du 1er juin 1940 au 15 décembre 1940, il s’évade du Stalag XIIIA et revient en Belgique d’où il tente, en vain, de rejoindre l’Angleterre.
En janvier 1941, il entre au Service de restauration des collections liégeoises de gravures. Il se réinscrit également à l’Académie des Beaux-Arts, toujours en classe de Gravure (années académiques 1941-1942 et 1942-1943). Dans le même temps (juin 1941), il crée et dirige le réseau de résistance “Pierre Artela“, service de renseignements et d’action. Le nom de Pierre Artela est celui de l’un de ses ancêtres né au XVIIIe siècle dans le Tessin. Moyano est, en effet, le descendant d’un maître-verrier tessinois arrivé en Belgique en 1832 et établi à Welkenraedt.
En 1942, il reçoit le prix “Outreloux de Trixhe” de Gravure. Le 14 octobre 1942, sur dénonciation, il est arrêté par la Gestapo dans son atelier de la Cour des Mineurs (sa dénonciatrice sera ultérieurement condamnée à mort par le Conseil de Guerre de Liège). Il est incarcéré à la Citadelle de Liège, puis à la prison d’Essen avant d’être transféré vers les camps de concentration d’Esterwegen, de Burgermoor, d’Ichtershausen (où il se livre au sabotage), soit 32 mois en prison et camp de concentration. En , il participe à une marche de la mort, s’en évade à Pössneck et est ensuite rapatrié par l’aviation américaine.
A son retour en Belgique, il retrouve son domicile liégeois entièrement détruit par une “bombe volante” ; il ne subsiste rien de ses biens ni de ses œuvres. A partir de 1945, et jusqu’en 1949, il se réinscrit en classe de Gravure à l’Académie des Beaux-Arts. En 1947, il reçoit le Prix de la Province de Liège et, en 1948, la Médaille du Gouvernement pour la Gravure. En 1949, il reçoit du Gouvernement belge une bourse de voyage qui lui permettra de suivre un perfectionnement en technique de la gravure aux Ateliers de chalcographie du Louvre et de faire un voyage d’étude en Afrique du Nord (Kabylie et région saharienne) dont il ramènera de nombreux dessins (série des “Orientales”). La même année, il est nommé chevalier de l’Ordre de Léopold avec palme, reçoit la Croix de guerre avec palme et la médaille de la Résistance. A la même époque, vraisemblablement, Moyano se lie d’amitié avec Armand Nakache, ce qui lui permet d’exposer à plusieurs reprises à Paris et ailleurs en France. Il compte également Ianchelevici au nombre de ses amis.
Par la suite, les renseignements biographiques se font plus rares. Il est attaché au Cabinet des Estampes de Liège à partir de 1962 (?) et jusqu’à sa pension (le 1er mai 1972). En 1964, il fait partie des membres du Comité d’organisation de l’exposition du 125e anniversaire de l’Académie des Beaux-Arts de Liège. A partir de 1972, année de sa retraite, Moyano quitte Liège pour s’établir à Ampsin (Amay). De certaines correspondances privées, il ressort que sa santé semble se dégrader à partir de cette époque. Il décède au Centre Hospitalier de Huy, le 29 novembre 1994. Il est enterré à Liège, au cimetière de Robermont (concession familiale, parcelle 64-A/2-19).
Pour les raisons énoncées précédemment, il subsiste peu d’œuvres de Moyano antérieures à 1945. En revanche, pour la période allant de 1945 à 1955, de nombreux dessins, esquisses et gravures sont conservés (j’en ai personnellement consulté plusieurs centaines). Le sujet principal, et quasi exclusif, est la représentation du corps féminin, souvent des nus (à l’exception des “Orientales” – et encore), dans une grande variété de poses. Les corps sont parfois juste évoqués par quelques traits, toujours d’une grande finesse.
“Pour le surplus, ce qui ajoute au charme des œuvres de M. Moyano d’où se dégage une impression de pureté, c’est leur étonnante et magnifique sobriété car tout ici est dans le trait, ne pourrait on dire, de la seule démarche de la pointe ou du crayon. C’est en vain, en effet, qu’on chercherait dans les planches de M. Moyano qui est la spontanéité même, des hésitations, des recherches et des repentirs.
Que l’artiste soit parvenu par des moyens aussi naturels et aussi simples à rendre à la fois la consistance des volumes et la souplesse des chairs, qu’il nous donne, par surcroît, sans jamais sombrer dans un académisme fade, l’impression du mouvement et de la vie suffit à démontrer que M. Moyano est un maître en son art et qu’il se classe parmi les meilleurs graveurs d’aujourd’hui” (La Gazette de Liége, 3-4 avril 1951)
“Les nus de Louis Moyano révèlent surtout des soucis plastiques. Équilibre des formes, pureté des lignes, recherches de rythmes, voilà ce qu’ils dénotent d’abord. Et c’est très bien. Louis Moyano suit ainsi la voie qui le conduira sûrement à la synthèse, à l’expression ou à la pure arabesque. On le pressent sous ces dessins encore soumis à la vision objective. Des têtes de femmes très contenues et très simples sont fort sensibles ; l’ensemble d’ailleurs exprime beaucoup de délicatesse et d’élégance.” (Léon Koenig, Le Monde du Travail, 12 mars 1948)
“Chez lui, le dépouillement est total. Le trait plus plastique joue, s’incurve, s’assouplit et cerne des formes idéales… La volonté souveraine dicte sa loi et la forme naît élégante, suggestive où la rigueur décorative est parfois tempérée par une pointe narquoise (…)” (La Meuse, 1948)
Par la suite, il semble bien que Louis Moyano se soit essayé à la peinture, dans une veine proche du surréalisme avec quelques essais dans le domaine de l’abstraction également. Mais peu d’œuvres sont encore visibles, seul le Musée des Beaux-Arts de Liège (“La Boverie”) en possède quelques témoignages, tandis que le Cabinet des Estampes de Liège et le Musée des Beaux-Arts de Verviers conservent des gravures. Piron renseigne des œuvres au Musée d’Ixelles, mais il s’agit d’une confusion (fréquente, et qui ne facilite pas la recherche) avec le peintre Luis Moyano (1929-1965).
Expositions
- 1927 : Créateur et organisateur du premier Salon des indépendants à Liège
- 1928 : Expose au Studio liégeois
- 1929 : Expose au Cercle anglo-belge à Liège
- 1930 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège
- 1931 : Invité au Salon des artistes wallons, Galerie Giroux à Bruxelles
- 1931 : Invité au Cercle d’Art de Tournai
- 1931 : Expose au Salon quatriennal de Belgique
- 1932 : Expose au Salon d’art contemporain à Liège
- 1933 : Expose au Salon du Centenaire à Liège
- 1933 : Expose au Cercle d’art de Tournai
- 1936 : Expose au Salon quadriennal de Liège
- 1942 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège.
- 1942 : Expose à la galerie Gillot de Liège (ensemble des graveurs liégeois)
- 1945 : Expose au “Salon 1945”, Société royale des Beaux-Arts de Liège
- 1945 : Expose au Salon des artistes vivants à Liège
- 1947 : Expose à l’APIAW
- 1948 : Expose à l’APIAW, Liège
- 1948 : Expose au Salon quadriennal de Belgique, Bruxelles
- 1948 : Expose au Salon d’art moderne de Liège
- 1949 : Expose au salon du groupe “Contraste”
- 1949 : Expose au Salon international de Lyon
- 1950 : Expose au Salon international de Rouen
- 1951 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège
- 1951 : Expose à l’exposition belge en Afrique du Sud
- 1955 : Expose à la Galerie d’Egmont, Bruxelles
- 1955 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1956 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1956 : Expose au Salon du Trait, à Liège et Verviers
- 1956 : Expose au Salon du Trait, au Musée d’Art moderne à Paris
- 1957 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1957 : Expose à la bibliothèque de Reims
- 1957 : Expose à “Le Trait” à Charleville
- 1958 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1958 : Expose à la Galerie d’Orsay, Paris
- 1959 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1959 : Expose à la galerie Europe à Bruxelles
- 1961 : Expose au Musée d’Art Wallon, Liège
- illustration en tête de l’article : Louis Moyano, Nu couché © Philippe Vienne
Sources
- notes et archives personnelles de Louis Moyano (collection privée)
- archives de l’Académie des Beaux-Arts
- PIRON, P., Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, 2003
[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : rédaction | source : inédit | commanditaire : wallonica | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Philippe Vienne | remerciements à Alain Sohet et Philippe Delaite
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