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LEQUEU, Jean-Jacques (1757-1826)
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Formé à l’école de dessin de Rouen, Jean-Jacques LEQUEU arrive à Paris pour faire carrière comme architecte. Soufflot, architecte du bâtiment qui prendra en 1791 le nom de Panthéon, le prend sous sa protection. Soufflot meurt en 1780 et Lequeu se retrouve seul. Son manque de formation académique lui sera reproché, ce qui lui vaudra d’essuyer échecs après échecs, à chaque fois qu’il se présentera à un concours.
La conjoncture politique troublée de cette période ne l’aide pas non plus à sortir de l’anonymat. Né sous l’Ancien Régime, il est mort sous la Restauration et a a donc traversé une diversité de régimes politiques en contradiction les uns avec les autres. Les événements contrarieront ses projets à de multiples reprises. Ayant par exemple reçu commande d’une “fabrique”, construction “que l’industrie humaine ajoute à la nature, pour l’embellissement des jardins”, selon la définition que Jean-Marie Morel en donnera dans Théorie des jardins publié en 1776, les événements le conduisent à perdre ses clients, la noblesse fuyant alors la France.
Ce n’est qu’en 1940 que sera analysé le fonds qu’il a légué à la Bibliothèque Royale, juste avant sa mort en 1826, se battant toujours pour sa reconnaissance, ce qui n’empêchera pas sa mort dans l’indigence et l’oubli. Ses dessins érotiques ayant été rangés immédiatement dans les armoires de l’Enfer de la Bibliothèque, ils seront redécouverts dans les années 50.
Les tromperies de la nature
Ses dessins architecturaux manifestent une grande connaissance livresque. Il se réfère dans ses dessins aux Métamorphoses d’Ovide, à l’Histoire Naturelle de Buffon, au Songe de Poliphile de Francesco Colonna. Sa singularité réside dans l’association du corps humain à l’architecture, voire la fusion. Il surprend aussi par les liens qu’il établit entre les Humanités qui nourrissent son œuvre et ses dessins érotiques sans concession, le rapprochant de Sade. Ceux-ci furent rangés aux Enfers de la BNF sous le titre “Figures lascives et obscènes”, lorsqu’il légua son œuvre. Pour comprendre il faut se rappeler (…) que Jean-Jacques Lequeu est d’abord un portraitiste, attaché à la physionomie, comme c’était fort courant au XVIIIe siècle. Ceci l’a amené à développer une certaine ironie, d’abord à l’égard de lui-même mais aussi à l’égard de la nature (…).
Nature et transgression

Le goût de l’époque pour une nature sauvage et indomptée, telle que Rousseau l’avait défendue, se voit ici questionné. Cela permet de comprendre les dessins érotiques, voire pornographiques, de J.J. Lequeu autrement que par la voie psychanalytique, réduisant l’oeuvre de l’artiste à un ensemble de pulsions névrotiques. Pour lui, le retour à la nature est le retour au droit à la transgression ; une conception proche de celle de Sade. Retourner à la nature non contrôlée par les hommes, c’est mettre à mal toutes les normes. C’est rejoindre le goût pour le sublime.
Le sublime comme dépassement de la norme
On l’a longtemps classé comme artiste “révolutionnaire” parce qu’il réalisa des dessins “utopistes” comme Le Temple de l’Egalité. S’il contribua à la Révolution, une pique à la main, on le retrouvera en 1814 proposant la réalisation d’un mausolée à la mémoire de Louis XVI, ainsi qu’un théâtre royal. Entre 1806 et 1807, il se penche sur l’Eglise de La Madeleine dont Napoléon envisage de faire un Temple à la gloire des armées françaises. L’art n’est pas pour J.J. Lequeu une question politique, mais essentiellement une question qui réunit la technique et l’imagination dans une perspective de sublime, bien éloignée des règles du beau.
Il se consacre à des projets colossaux qui resteront sur le papier. L’île d’amour est ainsi une nouvelle Cythère, un lieu d’utopie. Proche en cela de la question du “sublime” développée par le philosophe irlandais Burke et le philosophe allemand Kant, il s’éloigne de celle du “beau”. Le sublime se rattache à l’idée de l’inaccessibilité, de l’incommensurable, de la petitesse de l’homme dans le monde, dont la prise de conscience le conduit au respect et / ou à la crainte.
J. J. Lequeu dépasse les bornes, aussi bien celles fixées par les règles techniques que par celles, morales… fidèle en cela à ses goûts pour le sublime. Ce que dit J.J.Lequeu, c’est qu’il n’y a pas d’architecture sans réflexion anthropologique. Penser le sublime dans l’architecture, c’est penser l’homme hors des normes du beau, dans l’incommensurable. La démesure érotique est à l’homme ce que la ligne démesurée est à l’architecture.
d’après NONFICTION.FR

Les images licencieuses du XVIIIe siècle sont légion. De la littérature aux arts graphiques, le siècle des Lumières ose tout, la fascination pour la nudité s’empare de tous. Citons la philosophie pornographique d’un Boyer d’Argens avec sa Thérèse philosophe, ou Le Rideau levé ou l’Éducation de Laure de Mirabeau. On oublie souvent que “l’orateur du peuple”, “la torche de Provence”, la grande figure de la Révolution française a écrit dans L’Éducation de Laure des passages aussi insolites que celui où la jeune fille déclare : “Je me regardais dans les glaces avec une complaisance satisfaite, un contentement singulier”, quand elle ne se livre pas à l’inceste : “Il me semblait que l’instrument que je touchais fût la clef merveilleuse qui ouvrit tout à coup mon entendement. Je sentis alors cet aimable papa me devenir plus cher.”
Or, dans toute cette littérature, qui prône le dévoiement et la dépravation, l’idée selon laquelle la sexualité permettrait d’accéder à une certaine métaphysique du bonheur, ou à une meilleure compréhension du réel, est omniprésente. En cela, les œuvres les plus lascives de Jean-Jacques Lequeu (1757-1826) s’inscrivent dans l’esprit de son temps. Les titres ont pourtant la vie dure. En 1949, l’historien Emil Kaufmann écrit un article, dans The Art Bulletin, introduisant pour la première fois une expression qui va rester et qu’il reprendra en publiant Trois Architectes révolutionnaires : Boullée, Ledoux, Lequeu, en 1952. Impossible dès lors de se défaire tant de l’association avec Étienne Louis Boullée et Claude Nicolas Ledoux que du qualificatif d’”architecte révolutionnaire”.
Foisonnement créatif sans bornes
Dans l’introduction du catalogue du Petit Palais [2018], Laurent Baridon, Jean-Philippe Garric et Martial Guédron rappellent justement un commentaire plein d’ironie de Quatremère de Quincy : “On voit que la plupart des anciens dessins d’architecture n’étaient que de simples traits à la plume, hachés ou lavés légèrement au bistre. Les modernes architectes semblent avoir fait un art particulier de dessiner l’architecture. Je crois que cet art s’est accru ou perfectionné en raison inverse du nombre des travaux et des édifices qui s’exécutent.” Contrairement à ses deux illustres confrères, à supposer qu’ils l’aient vraiment été, Lequeu ne construit rien. Il dessine, oui. Dès lors, la tentation est grande de voir en lui un architecte frustré. Si, à l’inverse, Lequeu est envisagé sous l’angle de la philosophie pure, il devient pourtant un génial penseur, et un penseur féministe !
Comme Annie Le Brun le souligne dans sa brillante contribution au catalogue de l’exposition, La question amoureuse comme mur porteur, on a longtemps ignoré “l’intuition qu’il serait dans la nature du désir de conduire les hommes à vouloir habiter leur rêve. Et même que la volonté architecturale serait l’expression première d’un désir inventeur tout autant de formes que de nouveaux espaces.” Lequeu est à mille lieues des “sinistres casernes sexuelles imaginées aussi bien par Ledoux pour Arc-et-Senans que par Restif de La Bretonne dans Le Pornographe. Car, au lieu de s’en remettre au rationalisme, à l’hygiénisme et finalement à la dimension répressive qui président à ces projets, Lequeu, depuis le début, mise au contraire sur l’humour indéfectible du corps reprenant ses droits, en même temps que sur une nature jamais en manque de solutions imaginaires.”
Il y a, de toute évidence, un tournant dans son œuvre. Jeune élève brillant à la culture encyclopédique il est évident qu’il en connaît les planches mieux que personne, Lequeu s’écarte de la voie tracée en entremêlant, à partir des dessins pour l’architecture intérieure de l’hôtel de Montholon à Paris, désirs propres et attentes de ses commanditaires. Son foisonnement créatif est sans bornes. Dans le projet Pour la chambre à coucher de madame de Montholon, où les langues de l’Amour et de l’Amitié s’entremêlent goulûment tandis que le premier porte la main droite sur le sein de l’Amitié, ses annotations sont extrêmement fleuries :
Tous les appartemens chez les Anciens et particulière la chambre nuptiale étoient ornés des sujets les plus lubriques”, “Les pommes, le mythe étoient consacrés à l’amour, la bandelette autour des cheveux désigne la souveraineté. La colombe étoit l’oiseau de Vénus car ils sont très portés au plaisir. La tourterelle lui étoit agréable. La rose étoit sous la protection spéciale de cette divinité. Son éguillon est le sel des plaisirs etc.
La démarche de Lequeu s’inscrit aussi dans la pure tradition de la Renaissance puisque, pour Leon Battista Alberti, “l’édifice est un corps”. Impossible également de ne pas songer aux traités qui s’inspirent des principes de Vitruve sur la sexualisation des ordres d’architecture, comme le rappelle Laurent Baridon dans le catalogue, ou encore d’évoquer le Songe de Poliphile publié à Venise en 1499, roman architectural de Francesco Colonna où la quête de la sagesse et de l’amour s’incarne sexuellement dans certains édifices. Au XVIIIe siècle aussi, Jacques-François Blondel et Quatremère de Quincy développent des analogies entre pierre et chair. Tout un ensemble d’artistes, dont les peintres de fêtes galantes, prennent plaisir à donner un rôle aux statues qui décorent leurs compositions. Lequeu va évidemment plus loin encore dans sa série de figures de femmes qu’il dessine dans des baies, telles que Et nous aussi nous serons mères ; car… ! S’agit-il d’une sculpture placée dans une niche ? Ou plutôt du portrait d’une célèbre scandaleuse qui incarne la débauche ? Le doute est permis.
Une nouvelle lecture de l’Antiquité

Si Vitruve imagine le monde à la mesure du corps masculin, Lequeu le préfère à l’aune du corps de la femme, et plus spécifiquement de ses parties intimes. Les dessins en témoignent, les titres aussi : la Porte de sortie du parc des plaisirs, de la chasse du prince, la Coupe de la petite grotte du souterrain du désert, le Lieu des oraisons persanes… Dans le Boudoir du rez-de-chaussée, appelé temple de Vénus terrestre, côté du sofa, la forme choisie est aussi ambiguë. Des colonnes encadrent cette prison dorée, au milieu de laquelle la couche est destinée à accueillir les amours. Les inscriptions soutiennent cette lecture : “ceste ou ceinture à pucellage”, “pavillon à savourer”, “Pertunda, Volupie, Perfica, Volupté, compagnes des plaisirs lascifs… le Dieu est dans l’action de les commander aux armes”…
En réalité, selon Annie Le Brun, l’architecture devient chez lui l’espace qui relie la tête et le sexe, et son Architecture civile, qui l’occupe de 1792 à 1821, rend compte de l’immense ébranlement de ce qui s’y rapporte. “Car dans cet étrange recueil, voilà qu’entre des projets apparemment classiques se poursuit le travail du désir, venant miner tout l’espace social, telle cette “fournaise ardente” dans les soubassements de la maison gothique, où l’esprit du feu attise le feu de l’esprit jusqu’à induire le chemin d’une souveraineté inédite.”
Elle en veut pour preuve le sofa-cheminée, Ce qu’elle voit en songe, daté de l’an III, où Lequeu propose finalement une nouvelle lecture de l’Antiquité, faisant remarquer à ses contemporains qu’ils s’étaient fourvoyés en croyant en comprendre les grands penseurs. Lequeu était peut-être un visionnaire ; il était incontestablement un penseur génial. Il offre, plus qu’aucun autre artiste du XVIIIe siècle, la possibilité de susciter des débats infinis sur la nature de ses talents. Il y a fort à gager que, dans plusieurs décennies, son œuvre continuera à faire couler beaucoup d’encre, puisque son interprétation ne réussira probablement jamais à créer un quelconque consensus. Lequeu est surtout la preuve que le siècle des Lumières est un terrain fertile d’interrogations, un siècle impossible à classer.
d’après GAZETTE.DROUOT.COM
[INFOS QUALITÉ] statut : validé | sources : nonfiction.fr ; gazette.drouot.com | mode d’édition : partage, décommercalisation et correction par wallonica | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : image en tête de l’article, “Il est libre” © BNF ; Musée d’Orsay ; demain-lecole.over-blog.com ; silezukuk.tumblr.com
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SAILA, Pitaloosie (1942-2021)
Temps de lecture : 5 minutes >
L’artiste inuk Pitaloosie SAILA, dont les lithographies, gravures et estampes ont été exposées un peu partout au Canada et ailleurs dans le monde, est décédée le 24 juillet 2021, a annoncé vendredi la Winnipeg Art Gallery.
“Née en 1942, Pitaloosie Saila a fait partie des pionnières de l’art contemporain inuit. Elle en est devenue l’une des figures artistiques reconnues – puis l’aînée, au sein de la communauté de Kinngait, à l’ouest d’Iqaluit, au Nunavut.
Ses œuvres font partie des collections de plusieurs musées au Canada, dont le Musée des beaux-arts (MBAC), la Winnipeg Art Gallery ou encore le Musée canadien de l’histoire. C’était l’une des meilleures artistes de Kinngait, unique aussi
, témoigne la galeriste Patricia Feheley, qui la représente depuis plusieurs décennies avec la Feheley Fine Arts, à Toronto.
Alors que les premières générations d’artistes inuit contemporains s’inspirent surtout de sujets traditionnels et symboliques de leur culture, Pitaloosie Saila s’est démarquée en représentant aussi des scènes du Sud
qui l’ont marquée quand elle a dû quitter sa communauté alors qu’elle était jeune, raconte Mme Feheley.
Pitaloosie Saila a passé son enfance dans divers hôpitaux du Québec et de l’Ontario pour y traiter des problèmes de santé. Ce déracinement lui aura toutefois permis d’apprendre l’anglais, un atout non négligeable dans la communication de son travail, précise Patricia Feheley.

Tout au long de sa carrière, Pitaloosie Saila a fait preuve d’innovation à la fois dans les sujets et dans le style de ses images, elle avait une place spéciale dans son cœur pour les représentations de figures féminines fortes ainsi que pour la puissance de la mère et de l’enfant
, a écrit la galerie Feheley Fine Arts, en hommage à Mme Saila.
Ses œuvres ont régulièrement été intégrées aux collections annuelles des gravures de Cape Dorset, dès la fin des années 1960.
La reconnaissance de son travail prend un tout autre essor quand elle participe à l’exposition Isumavut – L’expression artistique de neuf femmes de Cape Dorset
, organisée par le Musée canadien des civilisations en 1994. Pitaloosie Saila y côtoie Pitseolak Ashoona, Lucy Qinnuayuak, Kenojuak Ashevak, Qaunak Mikkigak, ou encore Napachie Pootoogook.
L’exposition était alors présentée comme un ensemble tonique de sculptures, de gravures et de dessins réalisés de 1959 à [1994] illustrant les idées de chacune d’elle en abordant des problèmes de la vie contemporaine inuite.
Le travail de Pitaloosie Saila se concentrait plutôt sur sa vie personnelle, ce qui tranchait alors avec la perception que l’on pouvait se faire de l’art inuit, analyse Christine Lalonde, conservatrice associée de l’art autochtone au MBAC.
Pour la première fois, les commissaires avaient proposé aux artistes de rédiger leur propre description, se souvient-elle, c’était révolutionnaire, car ça nous permettait de mieux les connaître selon leur propre point de vue, avec plus de détails que les biographies génériques habituelles.
Pitaloosie Saila était une artiste solide, qui était reconnue et appréciée
, mais peut-être pas à la mesure de son talent, observe Mme Lalonde. Elle est parfois restée dans l’ombre d’artistes plus âgées qu’elle comme Kenojuak Ashevak, figure de proue des gravures de Cap Dorset, explique la conservatrice du Musée des Beaux-Arts du Canada.
Dans la sphère privée, Pitaloosie Saila était une aînée très respectée, généreuse, qui s’occupait de sa famille élargie, témoigne Mme Lalonde. Elle était célèbre aussi pour les banquets qu’elle organisait avec son époux (le sculpteur Pauta Saila), et qu’elle a continué à proposer après le décès de celui-ci, en 2009.
En 2004, l’artiste inuk a été nommée membre de l’Académie Royale des arts du Canada (ARC), en reconnaissance de sa contribution à la société canadienne d’art.” [d’après ICI.RADIO-CANADA.CA]

“Pitaloosie Saila, immense artiste inuit, est morte samedi. Hormis un galeriste sur son blog, moi sur les réseaux ici [FaceBook], personne n’en parle, ni ne la célèbre. Il y a deux ans, lorsque le grand sculpteur Barnabus Arnansungaaq était mort dans l’indifférence générale, j’avais sur cette page poussé un coup de gueule salutaire. Car par chance mes mots furent tellement partagés, surtout au Québec, que Radio Canada fit des reportages, des annonces, s’excusant de l’oubli et me remerciant de l’alerte.

Personnalité forte, aux épaules puissantes, elle dénonce avec ironie celles qui s’occidentalisent à l’excès. Féminisme affirmé aussi, et l’une des premières en cet art : dans une œuvre que j’ai dans ma collection, elle a pris la pipe de son père et la fume, symbole pour elle d’une femme qui prend le pouvoir avec pareil symbole. Son bestiaire est très large, ainsi que des faits du quotidien inusités. Ainsi, la dernière œuvre que j’ai acquise d’elle il y a à peine trois mois représente l’effet de l’insolation en été.
- Illustration en tête de l’article : Pitaloosie Saila, “Blue Bird” © inuitprints.ca
- MULS : sans titre (2014, Artothèque, Lg)
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- BRONITZ : Flingue (2013, Artothèque, Lg)
- SHAWKY, Wael (né en 1971)
- HANOCQ : Sans titre (s.d., Artothèque, Lg)
- SORTET, Gaëtan (né en 1974)
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- COTTON : Parade (2014, Artothèque, Lg)
- CHAPUT : Le Retour du cafard (s.d., Artothèque, Lg)
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MOYANO, Louis (1907-1994)
Temps de lecture : 7 minutes >
Louis MOYANO naît à Liège le 18 avril 1907. Fils de Joseph Moyano (Liège, 1869 – 1935) et de Elisabeth Bayaux (Liège, 1875 – 1938), mariés le 18 août 1904, à Jupille (Liège). Il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, le 19 novembre 1923, en classe de Dessin, pour l’année scolaire 1923-1924. A l’issue de celle-ci, il arrêtera pour ne reprendre que de 1926 à 1928. En 1927, il est le créateur et l’organisateur du premier Salon des Indépendants à Liège.
Son fils Léopold naît le 15 janvier 1931, il sera légitimé par le mariage de Louis Moyano avec Germaine Van Borren (1905-2002), le 9 avril de la même année. Fernand Steven est un des témoins. Le fait que Fernand soit le second prénom de Léopold Moyano pourrait indiquer, suivant la tradition, que Fernand Steven était son parrain, mais rien ne permet de le confirmer.

En 1939, il s’inscrit à nouveau à l’Académie des Beaux-Arts, en classe de Gravure cette fois. Mais il est mobilisé fin 1939 et effectue la campagne de 1940 en qualité d’agent de liaison motocycliste (2e Division des Chasseurs Ardennais). Prisonnier de guerre du 1er juin 1940 au 15 décembre 1940, il s’évade du Stalag XIIIA et revient en Belgique d’où il tente, en vain, de rejoindre l’Angleterre.
En janvier 1941, il entre au Service de restauration des collections liégeoises de gravures. Il se réinscrit également à l’Académie des Beaux-Arts, toujours en classe de Gravure (années académiques 1941-1942 et 1942-1943). Dans le même temps (juin 1941), il crée et dirige le réseau de résistance “Pierre Artela“, service de renseignements et d’action. Le nom de Pierre Artela est celui de l’un de ses ancêtres né au XVIIIe siècle dans le Tessin. Moyano est, en effet, le descendant d’un maître-verrier tessinois arrivé en Belgique en 1832 et établi à Welkenraedt.
En 1942, il reçoit le prix “Outreloux de Trixhe” de Gravure. Le 14 octobre 1942, sur dénonciation, il est arrêté par la Gestapo dans son atelier de la Cour des Mineurs (sa dénonciatrice sera ultérieurement condamnée à mort par le Conseil de Guerre de Liège). Il est incarcéré à la Citadelle de Liège, puis à la prison d’Essen avant d’être transféré vers les camps de concentration d’Esterwegen, de Burgermoor, d’Ichtershausen (où il se livre au sabotage), soit 32 mois en prison et camp de concentration. En , il participe à une marche de la mort, s’en évade à Pössneck et est ensuite rapatrié par l’aviation américaine.

A son retour en Belgique, il retrouve son domicile liégeois entièrement détruit par une “bombe volante” ; il ne subsiste rien de ses biens ni de ses œuvres. A partir de 1945, et jusqu’en 1949, il se réinscrit en classe de Gravure à l’Académie des Beaux-Arts. En 1947, il reçoit le Prix de la Province de Liège et, en 1948, la Médaille du Gouvernement pour la Gravure. En 1949, il reçoit du Gouvernement belge une bourse de voyage qui lui permettra de suivre un perfectionnement en technique de la gravure aux Ateliers de chalcographie du Louvre et de faire un voyage d’étude en Afrique du Nord (Kabylie et région saharienne) dont il ramènera de nombreux dessins (série des “Orientales”). La même année, il est nommé chevalier de l’Ordre de Léopold avec palme, reçoit la Croix de guerre avec palme et la médaille de la Résistance. A la même époque, vraisemblablement, Moyano se lie d’amitié avec Armand Nakache, ce qui lui permet d’exposer à plusieurs reprises à Paris et ailleurs en France. Il compte également Ianchelevici au nombre de ses amis.
Par la suite, les renseignements biographiques se font plus rares. Il est attaché au Cabinet des Estampes de Liège à partir de 1962 (?) et jusqu’à sa pension (le 1er mai 1972). En 1964, il fait partie des membres du Comité d’organisation de l’exposition du 125e anniversaire de l’Académie des Beaux-Arts de Liège. A partir de 1972, année de sa retraite, Moyano quitte Liège pour s’établir à Ampsin (Amay). De certaines correspondances privées, il ressort que sa santé semble se dégrader à partir de cette époque. Il décède au Centre Hospitalier de Huy, le 29 novembre 1994. Il est enterré à Liège, au cimetière de Robermont (concession familiale, parcelle 64-A/2-19).
Pour les raisons énoncées précédemment, il subsiste peu d’œuvres de Moyano antérieures à 1945. En revanche, pour la période allant de 1945 à 1955, de nombreux dessins, esquisses et gravures sont conservés (j’en ai personnellement consulté plusieurs centaines). Le sujet principal, et quasi exclusif, est la représentation du corps féminin, souvent des nus (à l’exception des “Orientales” – et encore), dans une grande variété de poses. Les corps sont parfois juste évoqués par quelques traits, toujours d’une grande finesse.
“Pour le surplus, ce qui ajoute au charme des œuvres de M. Moyano d’où se dégage une impression de pureté, c’est leur étonnante et magnifique sobriété car tout ici est dans le trait, ne pourrait on dire, de la seule démarche de la pointe ou du crayon. C’est en vain, en effet, qu’on chercherait dans les planches de M. Moyano qui est la spontanéité même, des hésitations, des recherches et des repentirs.
Que l’artiste soit parvenu par des moyens aussi naturels et aussi simples à rendre à la fois la consistance des volumes et la souplesse des chairs, qu’il nous donne, par surcroît, sans jamais sombrer dans un académisme fade, l’impression du mouvement et de la vie suffit à démontrer que M. Moyano est un maître en son art et qu’il se classe parmi les meilleurs graveurs d’aujourd’hui” (La Gazette de Liége, 3-4 avril 1951)
“Les nus de Louis Moyano révèlent surtout des soucis plastiques. Équilibre des formes, pureté des lignes, recherches de rythmes, voilà ce qu’ils dénotent d’abord. Et c’est très bien. Louis Moyano suit ainsi la voie qui le conduira sûrement à la synthèse, à l’expression ou à la pure arabesque. On le pressent sous ces dessins encore soumis à la vision objective. Des têtes de femmes très contenues et très simples sont fort sensibles ; l’ensemble d’ailleurs exprime beaucoup de délicatesse et d’élégance.” (Léon Koenig, Le Monde du Travail, 12 mars 1948)
“Chez lui, le dépouillement est total. Le trait plus plastique joue, s’incurve, s’assouplit et cerne des formes idéales… La volonté souveraine dicte sa loi et la forme naît élégante, suggestive où la rigueur décorative est parfois tempérée par une pointe narquoise (…)” (La Meuse, 1948)
Par la suite, il semble bien que Louis Moyano se soit essayé à la peinture, dans une veine proche du surréalisme avec quelques essais dans le domaine de l’abstraction également. Mais peu d’œuvres sont encore visibles, seul le Musée des Beaux-Arts de Liège (“La Boverie”) en possède quelques témoignages, tandis que le Cabinet des Estampes de Liège et le Musée des Beaux-Arts de Verviers conservent des gravures. Piron renseigne des œuvres au Musée d’Ixelles, mais il s’agit d’une confusion (fréquente, et qui ne facilite pas la recherche) avec le peintre Luis Moyano (1929-1965).

Expositions
- 1927 : Créateur et organisateur du premier Salon des indépendants à Liège
- 1928 : Expose au Studio liégeois
- 1929 : Expose au Cercle anglo-belge à Liège
- 1930 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège
- 1931 : Invité au Salon des artistes wallons, Galerie Giroux à Bruxelles
- 1931 : Invité au Cercle d’Art de Tournai
- 1931 : Expose au Salon quatriennal de Belgique
- 1932 : Expose au Salon d’art contemporain à Liège
- 1933 : Expose au Salon du Centenaire à Liège
- 1933 : Expose au Cercle d’art de Tournai
- 1936 : Expose au Salon quadriennal de Liège
- 1942 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège.
- 1942 : Expose à la galerie Gillot de Liège (ensemble des graveurs liégeois)
- 1945 : Expose au “Salon 1945”, Société royale des Beaux-Arts de Liège
- 1945 : Expose au Salon des artistes vivants à Liège
- 1947 : Expose à l’APIAW

- 1948 : Expose à l’APIAW, Liège
- 1948 : Expose au Salon quadriennal de Belgique, Bruxelles
- 1948 : Expose au Salon d’art moderne de Liège
- 1949 : Expose au salon du groupe “Contraste”
- 1949 : Expose au Salon international de Lyon
- 1950 : Expose au Salon international de Rouen
- 1951 : Expose au Cercle des Beaux-Arts de Liège
- 1951 : Expose à l’exposition belge en Afrique du Sud
- 1955 : Expose à la Galerie d’Egmont, Bruxelles
- 1955 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1956 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1956 : Expose au Salon du Trait, à Liège et Verviers
- 1956 : Expose au Salon du Trait, au Musée d’Art moderne à Paris
- 1957 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1957 : Expose à la bibliothèque de Reims
- 1957 : Expose à “Le Trait” à Charleville
- 1958 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1958 : Expose à la Galerie d’Orsay, Paris
- 1959 : Expose au Salon des artistes indépendants à Paris
- 1959 : Expose à la galerie Europe à Bruxelles
- 1961 : Expose au Musée d’Art Wallon, Liège
- illustration en tête de l’article : Louis Moyano, Nu couché © Philippe Vienne
Sources
- notes et archives personnelles de Louis Moyano (collection privée)
- archives de l’Académie des Beaux-Arts
- PIRON, P., Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, 2003

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : rédaction | source : inédit | commanditaire : wallonica | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Philippe Vienne | remerciements à Alain Sohet et Philippe Delaite
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BEIGBEDER SOLLIS, Anne (née en 1974)
Temps de lecture : 4 minutes >
Tous les morceaux sont entiers…. mais certains le sont plus que d’autres. Lorsque l’on se lance dans une expérience, le domaine est tellement vaste que la mise en place d’un dispositif qui resserre le champ de l’infini possible permet non pas de réduire la liberté mais de la stimuler.
Anne B. Sollis
“Pourquoi avoir choisi la peinture comme mode d’expression ?
Je pense que c’est l’art que je place le plus haut. Je suis fascinée par les peintres. Peut-être aussi l’image que j’évoquais de l’homme qui vit à deux cents à l’heure, me fait-elle penser à mon père. J’aime cette idée de l’énergie dépensée “à perte”.
Pourquoi avoir délaissé le pinceau pour le stylo à bille ?
J’avais une saturation physique de la peinture, je me sentais intoxiquée par l’huile, et je me sentais prisonnière de cet objet. Je faisais des grands formats de 2 m x 2 m, ce qui est compliqué à bouger et oblige les gens à venir voir votre travail. J’avais envie de liberté et de pouvoir me déplacer. Le glissement s’est opéré quand je suis partie à Bruxelles. Mais avant cela, j’avais mis du ketchup sur une toile, ce qui était déjà une manière de désacraliser la peinture. Le Bic est un objet familier, qui crée un lien avec le spectateur, contrairement à la dimension absolue de la peinture, qui m’écrasait peut-être…
En quoi ce changement a-t-il influé sur votre travail ?
Dans mes peintures, le dessin était très présent, mais il était masqué ou il disparaissait. Je faisais plusieurs peintures en une peinture et je pouvais me battre durant des mois avec un visage qui apparaissait, puis que je détruisais… La peinture offre ce pouvoir de destruction immédiate, on recouvre tout, d’un coup. Le dessin est au contraire un moyen de retenir tout, retenir ces différents portraits, par exemple. Dans une peinture, il y a plein de peintures, toutes ces étapes que l’on perd et que l’on retrouve. Et en fait, ce qui m’intéresse le plus, c’est ce travail de recherche puis de perte de l’image. La peinture est une lutte qui apporte beaucoup de frustration dans cette quête d’une image qui apparaît, puis disparaît. J’avais d’ailleurs écrit sur le mur de mon atelier : “L’image est l’impossibilité de…” J’étais pleine d’envie et de frustration face à ce mur en face qu’est la toile et tout ce qui se joue dedans. Je me fais moins mal avec le dessin. Projeter l’image me permet de ne pas trop marquer ma volonté, de m’effacer. Auparavant, je voulais absolument être présente jusque dans une marque de main ou de pied pour matérialiser ma présence et ma lutte ; c’était très viscéral. L’idée de la matière corporelle, donc de moi, était très présente. Avec une image projetée, je m’extrais. C’est ma main certes, mais elle est dirigée presque malgré moi. Il n’y a pas de trait plus accentué que l’autre au départ. Et je fais partie par partie, sans idée de l’ensemble. Le fait de partir de l’intérieur apporte quelque chose de plus doux, de plus apaisé en tout cas.

Vous vous interdisez la volonté pour aller vers quoi ?
L’enjeu est la part d’inconscient dans une œuvre d’art. J’avais besoin d’un objet très familier avec lequel on joue, comme le Bic 4 couleurs, qui marque aussi un état régressif. Quand je veux consciemment quelque chose, je ne l’obtiens pas ; en revanche, si je me laisse porter, j’arrive à mes non-fins. J’ai donc réfléchi et travaillé à ces moments d’absence. Je recherche l’extraordinaire dans les choses ordinaires, la part infinie dans ce qui est censé être fini.
A partir de quoi produisez-vous ?
C’est le grand truc ! J’ai un côté mystique. Ce sont des intuitions. J’avance à l’aveugle, sans vouloir trop savoir ce que je fais, même si je dois sûrement savoir. C’est comme si l’image me répondait, et me disait ce que je dois faire.
Parlez-nous de votre technique.
Tous mes dessins partent d’images vidéo-projetées. Ma recherche est basée sur le regard. Plus on regarde, plus on voit. C’est l’attention au réel, et aux mille et un détails. C’est de l’ordre physique, philosophique, méditatif aussi. J’aime voir apparaître tous ces reliefs, toutes ces images. Après, il y a le travail de dessin qui choisit de mettre justement en relief certains motifs. La question est de savoir ce que l’on voit dans ce que l’on regarde. Je m’absorbe totalement dans la contemplation de l’image. Et peu à peu, l’image s’efface pour laisser apparaître des motifs, qui deviennent d’autres images. Si l’on me donnait une feuille blanche, je serais en peine de trouver quoi en faire. J’ai besoin du réel, de l’observation. Je ne dessine pas d’imagination parce que cela ne m’intéresse pas, ce n’est pas ce que je cherche. Je suis vraiment dans le rapport au motif. Je veille à ne pas trop dessiner parce que mon intention n’est pas de faire de l’hyperréalisme au Bic.” (lire l’interview complète sur ESPERLUETTE-SL.FR)
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[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation par wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © annebsollis.com
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DORIGNAC, Georges (1879-1925)
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On peut s’étonner du peu de notoriété de l’artiste depuis sa mort en 1925, tant son œuvre est puissante et singulière, d’une grande modernité pour l’époque. “Cela s’explique par le fait qu’il soit décédé prématurément, à l’âge de 46 ans, qu’il a détruit de nombreuses de ses œuvres parce qu’il en était insatisfait et qu’il a suivi son propre chemin artistique, sans suivre les courants d’alors comme le cubisme. Il a toujours souhaité être un artiste indépendant et libre”, explique Saskia Ooms, responsable de la conservation du Musée de Montmartre. (lire plus…)

À partir de 1912, Dorignac délaisse la couleur et le pointillisme chers à son ami Signac et exécute une série de dessins au fusain représentant des portraits en cadrages serrés souvent réduits à des têtes, et à des masques, des nus féminins et des figures de travailleurs champêtres ou citadins. Cette “œuvre au noir”, comme une alchimie pleine d’une énergie farouche, comme une magie noire envoûtante, comme un sombre vaudou, dessine des visages de femmes d’un noir intense. Non pas des têtes négroïdes mais de celles-là mêmes qu’on retrouve à ces Vierges romanes veillant dans certaines cryptes, sortes de puissances chtoniennes, idoles des mondes souterrains, sortes de Déméter pétries dans le fusain, gardiennes sacrées venues des profondeurs originelles, des entrailles de la terre. Dorignac prétendait qu’il laissait “un lambeau de (lui)-même dans chacune de ses œuvres”: quelle sombre mélancolie a-t-elle pu lui inspirer ces figures de basalte quand il hantait, famélique, chargé de famille, le Montparnasse des rapins ? Dans la fièvre, il dessine des masses sculptées dans le bitume, corps d’ébène monumentaux, proches de la plastique de Rodin qu’il admirait et qui disait de lui “Dorignac sculpte ses dessins” . [en lire plus sur LEFIGARO.FR, article du 4 avril 2019…]

[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation par wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : Musée de Grenoble ; Galerie Malaquais (Paris)
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VIENNE : Ianchelevici et Liège (CHiCC, 2019)
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Idel IANCHELEVICI est né le 5 mai 1909, à Leova, aujourd’hui située en Moldavie. Leova, ville-frontière, connaîtra un destin bousculé : faisant partie de ce que l’on appelle la Bessarabie, elle est russe au moment de la naissance de Ianchelevici, roumaine après la première guerre mondiale, intégrée à l’URSS à partir de 1945 jusqu’à l’indépendance de la Moldavie en 1991. Avant la Seconde Guerre mondiale, environ un tiers de la population de Leova est juive. C’est le cas de Ianchelevici qui naît dans une famille juive askhénaze de huit enfants, dont il est le cadet. Enfant, il dessine et modèle la terre glaise, des passions qui ne l’abandonneront jamais.
En 1923, à 14 ans, il entre au lycée de Chisinau (actuelle capitale de la Moldavie). Même s’il envisage de devenir médecin, peut-être par admiration pour un de ses professeurs d’anatomie, le dessin et la sculpture continuent d’occuper ses temps libres. Mendel, l’aîné de la fratrie aide, par son commerce d’alimentation, le père à subvenir aux besoins de tous et paie les études de son frère. C’est Mendel également qui conseille à “Ian” de se rendre en Belgique, où il a des connaissances qui pourraient l’aider. C’est ainsi que Ianchelevici arrive à Liège, en 1928. Il travaille comme apprenti graveur chez Pieper, une firme qui décore et vend des fusils de chasse de la FN. Ce premier séjour à Liège est bref, car il retourne effectuer son service militaire en Roumanie.
C’est en 1931 qu’il s’installe véritablement à Liège. Pour vivre, il travaille comme emballeur au Grand Bazar. Sur le conseil et la recommandation du peintre Joseph Bonvoisin, après avoir passé un examen, il entre directement en dernière année à l’Académie des Beaux-Arts. Il a pour professeur Oscar Berchmans, à qui on doit notamment le fronton de l’Opéra Royal de Wallonie (ORW), les sculptures de la remarquable Maison Piot (dite Maison des Francs-Maçons) et également, par coïncidence, la décoration de la façade de la Maison Pieper, le marchand d’armes pour lequel Ianchelevici a travaillé. Ianchelevici sort diplômé de l’Académie en 1933 et récompensé du premier prix de statuaire.
A la fin de la même année, il épouse Elisabeth Betty Frenay, née d’un père belge et d’une mère française, vivant à Spa où ses parents géraient un hôtel. Il l’avait rencontrée à l’Académie où elle étudiait également la sculpture. Comme souvent, trop souvent sans doute, elle renoncera à une carrière pour contribuer à celle de son mari. « Un artiste dans la maison, ça suffit », livrait-elle en guise d’explication. Un an plus tard, en 1934, ils s’installent à Bruxelles. Il y expose, en 1935, trente-sept sculptures au Palais des Beaux-Arts et réalise quatre grands bas-reliefs pour le pavillon roumain à l’Exposition internationale de Bruxelles.
C’est le début d’une brillante carrière, carrière durant laquelle Ianchelevici se partagera toujours entre la sculpture et le dessin. Il réalise, en effet, un très grand nombre de dessins, indépendants de ses sculptures – ce ne sont, pour la plupart, pas des dessins préparatoires. Il fera don de 2000 dessins au Musée Ianchelevici de La Louvière (MiLL) et 6000 à l’Université de Liège, ce qui donne une idée de l’ampleur de son œuvre.
A l’issue de la guerre, durant laquelle il sera contraint de se cacher, Ianchelevici obtient la nationalité belge en 1945. Il s’attelle alors à son œuvre la plus monumentale, Le Résistant, qui sera finalement installée à Breendonk en 1954. La même année, Ianchelevici quitte définitivement la Belgique pour s’installer en France, à Maisons-Laffitte où il mourra en 1994, à l’âge de 85 ans.
Même si, au total, il n’aura passé que cinq années à Liège, il reste attaché à la ville qui l’a vu débuter et qui conserve encore plusieurs de ses sculptures. Le don qu’il fait à l’Université en témoigne par ailleurs.
Les sculptures conservées à Liège
Robert Vivier (1934)

Robert Vivier, né à Chênée en 1894 et mort à La Celle-Saint-Cloud (région parisienne) en 1989, est un poète et romancier belge. Son œuvre romanesque a intégralement été écrite avant 1940. Son œuvre poétique, en revanche s’étale sur toute la durée de sa vie. Vivier est également un spécialiste de la littérature italienne, qu’il enseigne à l’Université de Liège.
Son épouse, Zenia (Zénitta) Klupta n’est autre que la mère d’Haroun Tazieff, né d’un premier mariage, que Vivier adoptera. Dès 1934, Vivier se lie d’amitié avec Ianchelevici qui réalise son buste. C’est lui, et surtout son épouse, qui inciteront Ianchelevici, peu conscient du danger, à se cacher à partir de 1942. Il utilisera même de faux papiers au nom d’Adolphe Janssens, Adolphe étant le prénom par lequel il se faisait appeler étant jeune, le trouvant plus chic que le sien, jusqu’à ce qu’il devienne tristement célèbre. Ses proches l’appelleront d’ailleurs plus souvent Ian que Idel.
On sent dans ce bronze, comme souvent dans les premières œuvres de Ianchelevici, l’influence de Rodin (le buste de Clémenceau, par exemple). Roger Avermaete, un des biographes de Ianchelevici, parle du portrait d’un “doux rêveur“. Cela me semble fort réducteur, voire péjoratif. Mais Ianchelevici rend certes bien l’intériorité quelque peu nostalgique du poète qu’était Vivier.
Le Plongeur et son Arc (1939)

A partir de 1935, Ianchelevici va se consacrer à la réalisation de sculptures monumentales qui correspondent à sa vision, sans se préoccuper d’éventuelles commandes, sans même savoir si elles seront un jour érigées quelque part. “Un monument doit être grand, dépasser l’humain car il est l’idéal de l’humain”, dira-t-il dans sa Profession de foi. On peut en effet penser que si l’idéal de l’homme est plus grand que l’homme lui-même, c’est également l’idéal qui grandit l’homme. Ianchelevici lance ainsi plusieurs projets qui aboutiront, entre autres, à L’Appel, qui sera placé à La Louvière en 1945 et au Plongeur.
C’est, en effet, pendant qu’il travaille à L’Appel qu’il reçoit une commande pour l’Exposition de l’Eau à Liège, en 1939. Ce sera l’occasion de faire aboutir un projet, déjà jeté sur papier, intégrant sculpture et architecture. La figure, déjà haute de deux mètres cinquante, est fixée au sommet d’un arc de quinze mètres, figurant le tremplin. L’ensemble, tant la sculpture que l’arc, qui s’élevait au-dessus de la piscine olympique, a été conçu par Ianchelevici. Celui-ci sera toutefois déçu du résultat final parce qu’une couche de peinture noire a été appliquée sur le personnage, rompant ainsi l’unité plastique de l’ensemble. Pour lui, et à juste titre me semble-t-il, “Un monument n’est pas une juxtaposition de plusieurs éléments, mais un seul élément“.

Le début de la guerre interrompt l’Exposition de l’Eau. L’œuvre, comme les bâtiments, n’a pas été conçue pour le long terme. L’arc est démoli, la Ville, qui s’est portée acquéreuse du Plongeur, en fait réaliser un moulage en ciment, moins fragile que l’original en terre et plâtre. Après la guerre, un projet de réinstallation de l’œuvre au bout du parc de la Boverie, près de l’Union nautique, est évoqué mais n’aboutira pas, faute de moyens vraisemblablement. Le Plongeur reste entreposé dans les réserves du Musée des Beaux-Arts (aujourd’hui La Boverie) où il tombe progressivement dans l’oubli en même temps qu’il se dégrade. A telle enseigne que, au début des années 90, quand je me suis mis en quête de cette œuvre, le musée était en piteux état et fermé au public et le Plongeur demeurait introuvable.
Heureusement, d’autres chercheurs s’y sont intéressés, l’oeuvre a finalement été retrouvée, en mauvais état, mais la décision a été prise, en 1998, de réinstaller le Plongeur, au port des yachts cette fois. La sculpture actuelle est donc une réplique, en polyester creux sur une armature métallique, réalisée par le sculpteur Victor Paquot. L’arc, comme l’ensemble de l’installation, a été conçu par l’Atelier d’Architecture Cocina. La ‘re-création’ a été inaugurée en 2000 et, dans un souci de fidélité à l’original sans doute, le Plongeur conserve (hélas ?) la couleur noire qui chagrinait tant Ianchelevici. Il est donc assez ironique de penser que son œuvre la plus emblématique pour la plupart des Liégeois, est justement une de celles dont il était le moins satisfait, et une reconstitution qui plus est.
La Source (1948)

C’est à partir de 1945 que Ianchelevici se met vraiment à sculpter le marbre (marbre rosé du Portugal ici, en taille directe). Ses premières œuvres jouent sur le contraste entre la rugosité du bloc d’où se détache une figure lisse, souple. La chevelure ondoyante, figurant l’eau de la source, noyant mains et pieds, est encore assez brute. Par opposition, le corps gracile n’en paraît que plus lisse et doux.
Le Pâtre (1956)

Au milieu des années 1950, l’Etat belge fait ériger à Léopoldville (Kinshasa) un monument en hommage à l’explorateur britannique Stanley. Le monument présente la statue de Stanley sur un soubassement, ainsi qu’une esplanade entourée d’un mur en arc de cercle comportant sept niches. L’Etat belge souhaitait que soient représentées en bas-relief les sept provinces de leur colonie. Mais, pressenti pour ce travail et invité sur place, Ianchelevici n’adhère pas à l’idée. Il estime que ce long mur coupe la perspective vers le fleuve et obtient la modification du projet. Les sept niches sont percées et trois d’entre elles seront ornées de bronzes réalisées par Ianchelevici. Trois grandes figures d’Africains représentant les piliers fondamentaux de l’économie traditionnelle vont remplacer les sept provinces : le pâtre, le chasseur et le pêcheur.

Bien que le sujet soit athlétique, sa musculature n’est pas noueuse comme celle du Plongeur. A partir de la fin des années 40, la sculpture de Ianchelevici commence à se rapprocher de ses dessins, dans une vision plus longiligne, épurée. L’attitude du personnage est à la fois élégante, puissante et hiératique. Il ne s’agit pas d’une représentation coloniale d’un “bon sauvage” mais bien d’un homme africain, reconnu dans sa culture et sa dignité. Les Congolais ne l’ont pas perçu autrement, eux qui ont maintenu en place ces trois statues quand celles de Stanley et d’autres symboles du colonialisme ont disparu. Le bronze du Sart-Tilman est une reproduction à plus petite échelle de l’œuvre originale.
La Rencontre (1958)

Placée dans le hall d’entrée, l’œuvre est symbolique : le Palais des Congrès (construit entre 1956 et 1958 par le groupe L’Equerre, avec lequel Ianchelevici avait participé à une exposition collective lors de ses débuts liégeois, en 1933) est un lieu de rencontre, d’échanges. Le bas-relief incarne cet idéal de fraternité.
On retrouve ici plus encore la ligne souple et épurée du dessin de Ianchelevici. Les chevaux sont admirables de grâce, de finesse. On note un allongement des formes, à la manière des peintres maniéristes, qui contribue au sentiment d’élégance des personnages. Personnages qui sont tous similaires, symbolisant cet idéal d’égalité, de fraternité et d’universalité. Un cavalier et un homme à terre font le même geste, bras ouverts, paumes vers le ciel dans un geste universel d’accueil. Un autre personnage donne l’accolade à deux autres qui se serrent la main. L’importance des jeux de mains, caractéristique de Ianchelevici, transparaît bien ici.
A l’extrême droite, dans l’espace libre, Ianchelevici introduit, en plus faible relief, la silhouette d’un homme sans visage : celui qui n’est pas encore là, l’homme à venir, l’homme de l’avenir… On avait suggéré à Ianchelevici d’y glisser un autoportrait, il a modestement et symboliquement préféré cette solution.
Les Jeunes filles (1963)

L’œuvre est actuellement à peine visible et seulement partiellement, masquée par des étagères qui menacent malheureusement sa conservation.
Robert Vivier compare ces jeunes filles à “un Puvis (de Chavannes) bien plus vivant, un Gauguin cubiste“. Ce n’est pas pour rien qu’il va chercher ses comparaisons dans la peinture : cette œuvre est, en définitive, plus proche du dessin, de la gravure que de la sculpture. On retrouve ici, dans la finesse du trait, quelque chose du Ianchelevici qui fut graveur sur arme. Cela s’explique aussi par la nature du support, l’ardoise est plus fragile et ne permet pas un trait très profond. Grâce et élégance caractérisent cette oeuvre. Par ailleurs, il me semble que la figure, à gauche, s’inspire d’une sculpture de Kurt Lehmann (Allemagne, 1905-2000). En effet, Femme se retournant a été acquise par le Middelheim en 1957, année durant laquelle le musée a également acquis une sculpture de Ianchelevici. On retrouve la même attitude, même si la femme de Lehmann lève les deux bras. On observe également le même jeu d’ombre sous l’aisselle.
Confluence (1967)

La sculpture doit son titre à l’échevin Jean Lejeune, elle symbolise la fusion des eaux de l’Ourthe et de la Meuse aux portes de Liège. Ce sont deux femmes à la longue chevelure qui représentent, de manière allégorique, les deux cours d’eau.
L’œuvre présente donc deux faces rigoureusement identiques. Comme dans Le Baiser de Brancusi, dont on sent ici l’influence, les figures s’inscrivent dans un parallélépipède. Les corps sont séparés par cette immense chevelure ondoyante, symbolisant le flux de l’eau. L’attitude des jeunes femmes et à rapprocher de celle de la “jeune fille d’Hazinelle“, inspirée de Lehmann, qui vient d’être évoquée. Les lignes sont pures, les personnages gracieux, mais leurs visages expriment la détermination comme il en va de ces cours d’eau volontaires.
Le Mur (1971)

Je veux arriver à la plus pure simplicité d’expression, c’est-à-dire avec l’attitude la plus calme, atteindre le maximum d’expression.
Le style est proche de celui de La Rencontre, pourtant antérieure de près de quinze ans, ce qui prouve bien la volonté de Ianchelevici de persévérer dans la voie énoncée dans cette citation. L’œuvre se caractérise par le dépouillement et la stylisation. On note à la fois des gestes d’espérance (mains tendues, regard vers le ciel) et de fraternité (main sur l’épaule). Un groupe d’enfants est situé à l’extrême droite, direction du cimetière des enfants. Tous les visages sont similaires, rappelant que tous les hommes sont égaux devant la mort.
Aube (1976)

Les chevelures se déroulant en cascade et se confondant avec la matière sont un sujet récurrent chez Ianchelevici. On l’a vu avec La Source et Confluence, c’est encore le cas ici. Durant les années 70, la sculpture de Ianchelevici évolue notablement vers un plus grand dépouillement, une stylisation résultant de lignes épurées, se rapprochant de sa production graphique. L’influence de la sculpture antique est également nettement perceptible.
Il ne faut pas oublier non plus que Ianchelevici travaille essentiellement en taille directe et que, par conséquent, la forme initiale du bloc influence davantage la composition. C’est assez perceptible dans cette pièce également. L’œuvre est, comme souvent, empreinte de grâce et d’une pudeur sensuelle. Sa finesse et son aspect longiligne la rendent hélas vulnérable, l’œuvre a été cassée à plusieurs reprises et est actuellement en attente d’une restauration.
Nous avons ainsi parcouru l’ensemble des sculptures qui, pour la plupart, sont visibles à tout moment par les Liégeois. Elles offrent un panorama assez complet, par leur variété et leur chronologie (de 1934 à 1976), de l’œuvre de Ianchelevici. La conclusion, je souhaite la laisser à Ianchelevici lui-même :
Peu importe le style, la forme abstraite, figurative ou non (…), le principal est que la réalisation atteigne son but : communiquer le sentiment humain à l’humain (…)
Je pense que l’on peut dire que cet objectif est atteint.
Bibliographie
- AVERMAETE R., Ianchelevici (Bruxelles : Arcade, 1976)
- BALTEAU B., NORIN L., VELDHUIJZEN H., Ianchelevici ou la matière transfigurée (Tournai : La Renaissance du Livre, 2003)
- CASSOU J., Sculptures de Ianchelevici (Bruxelles : André de Rache, 1955)
- Ianchelevici (Crédit Communal, 1987)
Remerciements à Philippe Delaite
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La CHICC ou Commission Historique et Culturelle de Cointe (Liège, BE) et wallonica.org sont partenaires. Ce texte de Philippe VIENNE a fait l’objet d’une conférence organisée en juin 2019 par la CHiCC : le voici diffusé dans nos pages. Pour les dates des autres conférences, voyez notre agenda en ligne… |
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La Sphinge rejoint le patrimoine du Musée Rops
Temps de lecture : < 1 minutes >
Le Musée Félicien Rops accueille dans ses collections une nouvelle pièce d’exception: “La Sphinge”. Cette oeuvre fut réalisée par Rops à la demande de l’éditeur Lemerre à Paris. C’est une pièce exceptionnelle pour sa rareté, ses qualités techniques et son contenu symbolique (satanique) qui, avec “La Sphinge” (ou “Le sphinx”), vient d’intégrer le déjà riche patrimoine du Musée Félicien Rops à Namur. Une acquisition rendue possible grâce à l’intervention de la Fondation Roi Baudouin. En décembre dernier, un collectionneur privé faisait savoir au musée qu’il souhaitait se défaire d’un dessin de l’artiste namurois. Une œuvre – “La Sphinge” – bien connue des conservateurs de l’œuvre de Rops puisque souvent prêtée pour des expositions tant en Belgique qu’à l’étranger. Pour acquérir cette gouache avec aquarelle et crayon de couleurs, dont on ne connaît à ce jour qu’un seul et unique exemplaire, l’appui de la Fondation Roi Baudouin était essentiel.
Lire l’article de Hugo LEBLUD dans L’ECHO du 10 avril 2017
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