“Ingénieur civil spécialisé dans la métallurgie, Gérard DELRUELLE est diplômé de l’Université de Liège en 1957 et commence sa carrière professionnelle au sein de la Société métallurgique de Prayon, société dont son père Jules-Émile et son oncle, André, sont responsables et où son frère aîné, Jacques, est administrateur. Attaché à la direction (1959-1973), il devient rapidement responsable du département Recherche et Développement. En 1972/3, définitivement ébranlée par le premier choc pétrolier, la société est cependant mise en liquidation. Gérard Delruelle devient alors administrateur-délégué de la SA Mechim (1974-1978), et le vice-président de son Comité de Direction de 1979 à 1983. En 1978, il est aussi président du Conseil d’administration de la Sogep, et sera administrateur-délégué de la Sybetra, un ensemblier industriel actif au Moyen Orient et filiale de la Société générale de Belgique.
Parallèlement, il a été séduit par le projet politique d’Omer Vanaudenhove qui transforme le Parti libéral en une formation qui se veut plus ouverte au monde catholique, s’affiche belgicaine et se présente désormais sous le nom de PLP-PVV. Le succès est au rendez-vous en mai 1965, puisque le Parti pour la Liberté et le Progrès double quasiment sa représentation. Parmi les élus de l’arrondissement de Liège, Gérard Delruelle s’ouvre les portes de la Chambre des représentants, sans nécessairement partager tout le projet Vanaudenhove. Membre de la Commission des Finances et de la Commission des Affaires économiques, il contribue à introduire la représentation des cadres dans la loi sur l’organisation de l’économie. Si l’élan libéral est coupé au soir des élections de mars 1968, notamment par l’émergence en Wallonie du Rassemblement wallon, G. Delruelle conserve son mandat de député et se montre particulièrement sensible aux revendications wallonnes. Au sein du Groupe de Travail pour les Problèmes communautaires (dit Groupe des XXVIII) qui se réunit en 1969, Gérard Delruelle apporte son appui, au nom du PLP-PVV, à la proposition de François Perin (président du RW) de confier aux régions un pouvoir normatif de décision dans certaines matières : « Il faut donner du pouvoir et des compétences aux trois régions. […] La Wallonie doit recevoir quelque chose sur le plan économique en échange de l’autonomie culturelle que réclame la Flandre. Donnez aux régions des milliards pour régler leurs problèmes prioritaires ». Ayant reçu des garanties du gouvernement (été et automne 1970), les libéraux wallons – dont G. Delruelle et P. Descamps – apportent leurs voix pour former la majorité nécessaire à l’adoption de la révision de la Constitution (décembre 1970) reconnaissant le principe des trois régions et des trois communautés.
Président de la Commission des Affaires économiques au sein du PLP wallon, G. Delruelle rate sa réélection lors du scrutin de novembre 1971, pâtissant de la montée en puissance du Rassemblement wallon, alors deuxième parti de Wallonie et bien implanté à Liège. En cours de législature, cependant, il est repêché comme sénateur coopté, pendant un très bref moment (8 novembre 1973-30 janvier 1974), de la démission de Henri Maisse jusqu’à la chute du gouvernement sur l’affaire Ibramco. À l’heure du PRLw, dont il est un des membres-fondateurs, il siégera encore une législature à la Chambre des représentants, entre 1977 et 1978. N’étant plus candidat, il reste un proche des libéraux liégeois, de Jean Gol en particulier.
En 1983, Gérard Delruelle est nommé à la présidence de la SA Cockerill-Sambre fonction qu’il exerce jusqu’en 1988. Quand il quitte le groupe, à la demande de Jean Gandois, il emmène avec lui ce qu’il reste de Metalprofil, ex-leader dans le secteur des profilages en acier : cette société s’est transformée en Polypal et était déficitaire durant les années 1980. À la tête du holding Polysoc qu’il préside et qui détient 100% du capital de Polypal Europe SA, G. Delruelle devient le patron d’une société liégeoise, basée aux Hauts-Sarts, mais au rayonnement européen. Spécialisée dans la conception, la fabrication et la vente de rayonnage de stockage industriel, elle est entrée en bourse en 1990, avant d’être l’objet d’une OPA amicale d’un groupe anglais qui achète l’entreprise pour 1,63 milliard de francs en 1992. G. Delruelle reste le patron du holding Polysoc.
Sources :
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- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse ;
- Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique (Bruxelles, 1996) ;
- Philippe DESTATTE, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région (Namur, 2005).”
Paul DELFORGE
Lire la suite de l’article de Paul DELFORGE (Institut Jules Destrée, 2012) sur CONNAITRELAWALLONIE.WALLONIE.BE…
“Historien, Paul Delforge est directeur de recherche, conseiller pédagogique et responsable du Pôle Recherche de l’Institut Jules Destrée. L’essentiel de ses recherches porte sur le Mouvement wallon, comme moteur des réformes institutionnelles de la Belgique, sur le fédéralisme et sur l’histoire de la Wallonie. Outre la coordination, l’édition et la rédaction de notices des 4 tomes de l’Encyclopédie du Mouvement wallon, en 2000-2001 et 2010, trois monographies contribuent à une approche inédite du passé récent de la Wallonie : Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie (2005), La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative (2008) et L’Assemblée wallonne (1912-1923). Premier Parlement de la Wallonie ? (2012).
Cette recherche fondamentale continue et diversifiée de plusieurs années contribue au développement d’un volet pédagogique qui prend des formes variées : expositions, supports visuels (vidéo, capsules, reportages, etc.), dossier didactique Wallonie toutes les cartes en mains, mise en ligne d’un Atlas historique de la Wallonie, d’un Dictionnaire des Wallons, d’une Ligne du Temps et d’un inventaire descriptif de « monuments » dédiés à des personnalités dans l’espace public de Wallonie.
La monographie La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative a été couronnée du Prix Halkin-Williot 2009 de la critique historique et du Prix Stengers 2008-2011 de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.” [Source : INSTITUT-DESTREE.EU]
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