Dans «Après nous le déluge», le philosophe allemand pointe le risque que court la modernité : en oubliant les traditions, elle condamne l’humanité à un présent éphémère. Yeux bleus, petites lunettes coincées au bout du nez, moustache, cheveux longs, physique de Viking… Sans doute est-ce à cause de sa télégénie et de son intérêt pour à peu près tout, entre autres pour ce qui intéresse rarement les intellectuels, l’œnologie, le nucléaire, le football, le cyclisme (il a grimpé le mont Ventoux, tel un coureur du Tour de France !), que Peter Sloterdijk est considéré comme étant plus qu’un philosophe, presque une rock star. Peut-être aussi parce qu’il est lui-même déconcertant, toujours prêt à dribbler les opinions courantes par l’ironie, le paradoxe ou la provocation. Et plus sûrement encore parce que ses livres, depuis la Critique de la raison cynique (1983), débordent toujours les aires académiques pour devenir des objets médiatiques, des controverses publiques âpres et enflammées (Règles pour le parc humain lui a même valu l’accusation d’apologie de l’eugénisme), qui, loin d’être purement rhétoriques, appuient «là où ça fait mal», touchent les questions éthiques, sociales, politiques, technologiques, écologiques à propos desquelles se manifestent les principaux clivages des sociétés contemporaines.
Lire la suite de l’article de Robert MAGGIORI sur LIBERATION.FR | NEXT (9 novembre 2016)