
Cela l’aurait blessée qu’il refuse de venir. Mais pour lui cela n’en valait pas la peine. Regardant sa main, il songea que s’il avait été seul il aurait déjà presque fini de dîner ; il aurait été libre de se mettre au travail. Oui, songea-t-il, c’est une perte de temps épouvantable. (…) Que tout cela est donc dérisoire, que tout cela est fastidieux, pensa-t-il, à côté du reste – le travail. Il était assis là à pianoter sur la nappe alors qu’il aurait pu – lui apparut aussitôt une vue d’ensemble de son travail. Vrai, quelle perte de temps que tout ça ! (…) Il avait seulement envie d’être seul et de continuer à lire cet excellent livre. Il se sentait mal à l’aise ; il se sentait déloyal à l’idée de pouvoir être assis près d’elle sans rien éprouver à son égard. La vérité c’est qu’il n’appréciait pas la vie de famille. C’est dans ce genre de situation que l’on se demandait : Pour quoi vit-on ? A quoi bon, demandait-on, se donner tant de mal pour perpétuer la race humaine ? Est-ce tellement souhaitable ? (…) Questions stupides, vaines questions, questions que l’on ne se posait jamais si l’on était occupé. La vie humaine est-elle ceci ? La vie humaine est-elle cela ? On n’avait jamais le temps d’y penser.
Lire les romans de Virginia WOOLF (1882-1941)
(ISBN : 9782070144983)
Lire les commentaires de TELERAMA.FR | Livres
“Virginia Woolf entre la maladie et l’écriture” sur CAIRN.INFO
D’autres incontournables du savoir-lire :
- VIENNE : L’attente (Léa, nu couché) (2021)
- VIENNE : L’ennui (nouvelle, 2021)
- KADARÉ, Ismaïl (1936-1924)
- VAN REYBROUCK : Congo, une histoire (ACTES SUD, 2012)
- COYAUD : Fourmis sans ombre, Le livre du haïku (1978)
- CURVERS et al : Il était douze fois Liège (MARDAGA, 1980), nouvelles de CURVERS, THINES, COMPERE…
- RIFFLET : Les mondes du sacré (MOLS, 2009)
- MONTAIGNE : Les Essais en français moderne (GALLIMARD, Quarto, 2009)
- NORAC, Carl (né en 1960) : “Poète National” belge en 2020
- VIENNE : La fête des mères (2020)
- ROSE : Pourvu qu’elle soit rousse (LA MUSARDINE, 2013)