
« Music Is a Healing Force of the Universe » : le son de la lutte
Nous sommes en 1969 à New York, pour un enregistrement qui est tout autant historique qu’unique en son genre. C’est l’une des dernières manifestations discographiques de l’immense Albert Ayler, artiste saxophoniste aussi influent que maudit. Il succombera mystérieusement quelque temps après, retrouvé noyé dans l’Hudson River après un mois de disparition. Son statut d’artiste maudit n’en sera que renforcé.
Mais pour l’heure, accompagné de son épouse et chanteuse Marie Maria Parks, qui cosigne les compositions, Albert Ayler est présent dans ce studio pour démontrer que la « musique est la force salvatrice de l’univers » (Music is the Healing Force of the Universe). Pour un des moments les plus intenses et étranges de l’histoire du jazz, il empoigne une cornemuse et entame une longue improvisation free d’une douzaine de minutes, avec ses compagnons musiciens, parmi lesquels un Bobby Few en grande forme. Ce morceau de bravoure pour le moins singulier — la cornemuse n’est pas à proprement parler un instrument familier du jazz, ni du saxophoniste ! — sera baptisé Masonic Inborn par son auteur, ce que l’on peut traduire par « intrinsèquement maçonnique » ou « maçonniquement né ».
Il reste désormais pour nous à constater l’évidence. Personne n’a cru bon de relever, à l’époque comme maintenant, l’incongruité d’un titre qui demeure, pour le moment, la seule référence explicite à l’ordre maçonnique dans l’histoire du jazz, pas plus que l’utilisation d’un instrument singulier dans ce contexte, emblème d’une culture écossaise et celtique qui paraît bien lointaine de l’afro-américanité supposée intrinsèque à la musique d’Ayler. Pourtant, les connaisseurs d’histoire maçonnique noteront immédiatement la pertinence d’un titre maçonnique avec cette référence explicite à l’Écosse, terre natale mythique de la franc-maçonnerie européenne. De fait, à partir de ce constat, nous pourrons nous interroger sur la pertinence d’un lien supposé entre musique jazzistique, orale par définition, et un fait maçonnique afro-américain méconnu, mais pourtant bien identifié…”
Lire la suite de l’article de Raphaël IMBERT sur CAIRN.INFO (Cahiers d’études africaines n°216, 2014/4)
Plus d’articles de notre revue de presse…
- LE CAFE LIÉGEOIS de MARC CARNEVALE : l’histoire de la Poularde Valentine Thonart
- JANKELEVITCH, Vladimir (1903-1985) : “On peut vivre sans philosophie. Mais pas si bien”
- GOUDAL, Noémie (née en 1984)
- Journalisme : un correspondant flamand aux Etats-Unis sonne l’alerte
- Mort de Jidéhem, précieux artisan de la BD franco-belge
- Une encyclopédie vieille de 1000 ans sur l’usage des plantes médicinales est disponible en ligne… en vieil anglais
- «Ugly Belgian Houses», le livre et le site qui compilent les audaces architecturales en Belgique
- WOODS : Sonate pour saxophone alto et piano
- “En fait”, “du coup”, “j’avoue” : ces tics de langage qui nous font tiquer
- Photos avant-après: découvrez comment Liège a changé au fil du temps
- Jack Nicholson, ou l’art de se mettre en colère