Lors de la création de l’association Territoires de la Mémoire en 1993 et durant les années qui ont suivi, il était surtout question de mettre en œuvre le devoir de mémoire… une sorte d’obligation morale de se souvenir trop souvent mal interprétée et assez restrictive. Les rescapés des camps nazis qui entouraient le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège pensaient que la seule évocation du passé suffisait à une prise de conscience durable des jeunes générations. Raconter l’histoire, rappeler sans cesse ce qui s’était passé dans les années trente et pas seulement en Allemagne, et dans ce contexte, souligner les dangers des idéologies haineuses et extrémistes, du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie… cela devait bien suffire pour ne plus devoir revivre l’horreur, les guerres et les massacres de masse. Et il faut, c’est évident, rendre hommage à ces passeurs de mémoire de la première heure sans qui nous ne serions probablement pas aussi libres aujourd’hui. Ceux-là connaissaient le prix de la liberté et la chance de vivre dans un pays fondé sur les valeurs de la démocratie. Pendant de longues années, la transmission mémorielle s’est limitée au rappel des faits quitte à lasser. […] En parlant de travail de mémoire, nous conjuguons travail d’Histoire, devoir de mémoire et éducation à la citoyenneté, nous faisons appel à l’émotion, nous proposons des voies plurielles pour mobiliser les sensibilités du plus grand nombre, nous encourageons toutes les initiatives citoyennes capables de construire un meilleur vivre ensemble et nous lançons de larges campagnes autour de la symbolique du Triangle rouge pour bien montrer que ce qui est arrivé un jour, pourrait recommencer… pour paraphraser Primo Levi…
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