Nestor : du burlesque au grave, tous les coups sont permis

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Nestor, Camille Pier de son vrai nom, compose et interprète des shows mêlant plusieurs genres littéraires que sont la chanson, la poésie, le slam, le one-man-show. Slameur actif en Belgique et ailleurs en Europe, sa poésie mêle l’humour cartoon, la détresse humaine, et la grandiloquence de Broadway. Rencontre avec Nestor, à la fois personnalité militante pour la cause trans’ et artiste inspiré.

Retrouvez-le sur scène lors de la finale des
prix Paroles Urbaines, le 23 avril prochain

LES DÉBUTS…

Après mes études de romanes à Liège, je suis allé dans une école de théâtre à Bruxelles, à LASSAAD. Je suis passé de l’étude des mots à l’absence de mots avec un travail axé sur l’expression corporelle et le mime. Le cabaret m’a donné plus d’espace et de liberté que le théâtre.
J’ai commencé le slam il y a cinq ans, à Liège, à La Zone. Sur les scènes slam, j’ai retrouvé une part performative et improvisée, comme au cabaret. Tu viens avec ton texte étudié et la façon dont tu l’interprètes dépend beaucoup de la réception du public et du lieu. J’aime beaucoup cette prise de risque. A l’époque, je chantais et j’étais accompagné d’un ukulélé et là, a cappella, j’ai senti que la dimension poétique était amplifiée car elle n’était pas conduite par la musique.

Au début, je faisais les choses un peu de manière intuitive, sans trop me poser de questions. J’avais très envie de mélanger le chant, la danse, un côté burlesque. L’un des premiers retours que l’on m’ait fait sur la technique que j’employais, c’était que j’étais trop théâtral, trop cabaret, notamment après ma première participation aux Prix littéraires Paroles Urbaines. Suite à ça, j’ai essayé de m’adapter un peu et de faire des choses plus littéraires mais je n’y suis pas arrivé. Que du contraire, je ne me suis pas arrangé : j’ai traduit des chansons de Disney pour les adapter à la transidentité, j’ai écrit un texte sur le cancer de mon père durant lequel je twerke sur scène… Je fais pas mal de choses que les gens qualifieraient de cabotinage mais, pour moi, l’aspect surjoué a beaucoup de sens.

EVOLUTION, TRANSITION…

Ce qui n’a pas vraiment changé entre les deux participations aux Prix, c’est le style, le mélange des genres, le côté surjoué, un peu cartoon, burlesque mais entre les deux moments, j’ai vécu une transition, un événement qui a chamboulé toute ma vie personnelle mais aussi ma vie artistique. Je me rends compte que je ne suis plus le même sur scène. J’ai une joie de performer que je ressentais déjà avant mais que maintenant je suis plus à même de communiquer. Avant, il y avait une peur systématique et pas du tout justifiée de ne pas être accepté par le public et de devoir batailler pour faire entendre une sensibilité que je ne croyais pas normale. Avant, quand je montais sur scène, j’avais peur que cela se voie que j’étais trans et pourtant je parlais déjà de ces thématiques-là mais j’avais peur que ce ne soit pas accepté. Maintenant, je n’ai plus peur de ce que les gens peuvent penser de mon intériorité et de ma sensibilité particulière. Je crois qu’assumer qui je suis et ce que je suis émotionnellement est beaucoup plus important qu’assumer une technique particulière, issue du cabaret.

Continuer à lire l’article de Lisette LOMBE (Lezarts Urbains)

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