L’idée pouvait facilement basculer dans la ringardise scolaire : donner la parole à l’objet que l’on veut documenter (« Bonjour, les petits enfants, je m’appelle ‘climat’ et je me réchauffe un peu plus tous les jours…« ). Thierry Gauquelin a réussi la gageure et à aucun moment on ne doute de la noble parole de cette arbre qui affiche plus de 5 siècles au compteur. « Cette » car il s’agit d’une arbre femelle. Le saviez-vous : dans le cas des plantes dioïques, les arbres ou les fleurs femelles produisent des graines de fruits quand les fleurs ou les plantes mâles produisent du pollen. Nous voilà instantanément plus malins ! « Compteur » car Dame Thurifera a vu passer de nombreux scientifiques sous sa canopée, qui ont établi les données que l’auteur liste également. La beauté de cet ouvrage est ailleurs : si la pédagogie est évidente et la vulgarisation efficace, les savoirs ne sont rien s’ils ne mènent à la connaissance. Or, le dispositif utilisé par Gauquelin nous accorde avec l’intimité et l’histoire de ce genévrier et les péripéties de sa longue existence résonneront longtemps dans le coeur du lecteur. Pas question d’ennui, pas question d’études en vue d’un examen : chacun peut goûter et partager un vrai témoignage et, comme dans les meilleurs dessins animés, donner un visage à ce tronc centenaire. Et avec le visage authentique naît le dialogue…
GAUQUELIN : De mémoire d’arbre (2024)
