Lorsque tu recevras des lettres de l’absente
Et que tu souriras d’un air simplement triste,
On dira que ton cœur s’accoutume à l’attente
Et que ton désespoir est un regret d’artiste.Et lorsqu’on te verra, selon ton habitude,
Assis dans l’herbe à lire au cœur d’un ancien livre,
On croira que tu tiens à la douceur de vivre
Et qu’un puissant orgueil peuple ta solitude.Mais toi, ne réponds rien. Garde au fond de toi-même,
En ta fierté voulue et ta rancœur contrainte,
Avec l’arrachement de la dernière étreinte,
La cendre d’un amour que chante ton poème.
BOUMAL, Louis (1890–1918) : « Lorsque tu recevras… » (1917)
