En décembre, les jours continuent à décroître jusqu’au 21 du mois. Tandis que la durée du jour est de 8 heures 30 minutes le 1er décembre, elle est réduite à 8 heures 11 minutes le 21 de ce mois : nous sommes alors au solstice d’hiver ; les jours ont heureusement atteint leur plus petite durée et les nuits vont commencer à diminuer.
Remarquez toutefois que si les jours augmentent à partir du 21 décembre, c’est le soir seulement qu’on peut s’en apercevoir, car le soleil se couche bien un peu plus tard, mais il ne se lève pas encore plus tôt que les jours précédents. Cette augmentation légère dans la durée du jour est exprimée par le dicton bien connu :
Après la Sainte-Luce,
Les jours croissent d’un saut de puce.
La température continue à décroître : le thermomètre marque en . moyenne 3,7° au-dessus de zéro. Janvier sera plus rigoureux encore.
Dans le calendrier républicain, nivôse, mois des neiges, commence le 21 décembre. La neige n’aura pas vraisemblablement attendu l’échéance fixée par le calendrier pour recouvrir la terre d’un linceul blanc. Cette neige est attendue avec la plus vive impatience par nos agriculteurs. Grâce à elle, en effet, la terre est préservée des grands froids ; la semence déposée dans le sol est garantie contre la gelée par cet excellent écran, par cette couverture blanche qui est la neige ; de plus, en traversant l’atmosphère, la neige entraîne et dépose sur le sol des poussières, des corpuscules organisés, qui serviront d’aliments aux jeunes plantes.
Le travailleur des champs souhaite en décembre de la neige, nous venons de dire pour quelle raison ; mais il désire aussi de la pluie, du brouillard, un ciel couvert, car ces phénomènes météorologiques excluent la gelée, dont il a peur durant ce mois. C’est ce que veulent dire la plupart des proverbes agricoles.
En décembre froid
Si la neige abonde,
D’année féconde
Laboureur a foi.
Ou encore :
Dans l’Avent le temps chaud
Remplit caves et tonneaux.
Toutefois, c’est moins la chaleur que l’agriculteur demande que l’absence de fortes gelées, surtout quand il n’y a pas de neige. Il demande d’autant moins la chaleur qu’il gèlera, croit-il, au printemps, si l’hiver n’est pas venu à Noël.
Soleil à Noël,
Neige à Pâques.
Qui à Noël cherche l’ombrien (l’ombre)
A Pâques cherche le foyer.
Un grand nombre de proverbes agricoles se rattachent à la grande fête chrétienne dont nous devons parler ici. Et d’abord, d’où vient ce nom : Noël ? Les uns prétendent que ce mot correspond au nom propre Emmanuel, qui vient lui-même de l’hébreu Imnuel, nom formé de trois mots : im (avec) nu (nous) el (Dieu). Nu el, abréviation de im nu el signifierait donc Dieu avec nous. Quelques étymologistes affirment que Noël vient du mot latin natalis, qui signifie naissance ; d’autres enfin pensent que Noël n’est qu’une contraction du mot français nouvel, “à cause de la bonne nouvelle qui fut annoncée aux bergers et bientôt répandue dans le monde entier.” Ce qui donnerait quelque poids à cette dernière étymologie, c’est qu’autrefois, lorsqu’un événement heureux se produisait, il était salué par le peuple aux cris de : Noël ! Noël ! ce qui voulait dire la bonne nouvelle !
L’institution de la Noël est attribuée au pape Télesphore, mort en 183. A cette époque, elle se confondait parfois avec l’Épiphanie. Ce ne fut que sous le pontificat de Jules Ier (337 à 352) que la fête de Noël fut invariablement fixée au 25 décembre.
Décembre était placé dans l’ancienne Rome sous la protection de Vesta, déesse du feu, et de Saturne, père de tous les dieux.
En l’honneur de Vesta, on entretenait non seulement dans les temples, mais dans la première pièce de chaque maison un feu qui ne devait jamais s’éteindre. C’est pour cette raison que la première chambre de la maison des Romains s’appelait Vestibule.
En décembre les Romains célébraient les Saturnales, fêtes données en l’honneur de Saturne, et la fête des Septimontium, c’est-à-dire la fête des sept collines de Rome.
Enfin décembre s’achève : l’année va rejoindre ses sœurs aînées dans ce pays inconnu où se trouvent, dit-on, les vieilles lunes. Puisse l’année nouvelle être favorable à nous-mêmes, à nos amis, à nos familles, à notre patrie !
Albert LEVY, Cent tableaux de science pittoresque (1883)
Albert LEVY (1844-1907) était un physicien français, directeur du service chimique à l’Observatoire de Montsouris (en 1894). Il a écrit sous son nom ainsi que sous le pseudonyme de “A. Bertalisse”. Nous avons retranscrit ici le texte de plusieurs de ses “tableaux” : les légendes du mois de…
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction et iconographie | sources : Fonds PRIMO (documenta) | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : MONET, Claude, La pie (1868-69) © Musée d’Orsay ; © BnF ; © riba pix.
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