— Et surtout que Demain n’apprenne pas où je suis —
Les bois, les bois sont pleins de baies noires —
Ta voix est comme un son de lune dans le vieux puits
Où l’écho, l’écho de juin vient boire.Et que nul ne prononce mon nom là-bas, en rêve,
Les temps, les temps sont bien accomplis —
Comme un tout petit arbre souffrant de prime sève
Est ta blancheur en robe sans pli.Et que les ronces se referment derrière nous,
Car j’ai peur, car j’ai peur du retour.
Les grandes fleurs blanches caressent tes doux genoux
Et l’ombre, et l’ombre est pâle d’amour.Et ne dis pas à l’eau de la forêt qui je suis ;
Mon nom, mon nom est tellement mort.
Tes yeux ont la couleur des jeunes pluies,
Des jeunes pluies sur l’étang qui dort.Et ne raconte rien au vent du vieux cimetière.
Il pourrait m’ordonner de le suivre.
Ta chevelure sent l’été, la lune et la terre.
Il faut vivre, vivre, rien que vivre…
MILOSZ Oscar, Les sept solitudes (1906)
Qui est Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz ?
“Venu de sa lointaine Lituanie, il arrive à Paris en 1889. Il choisira le français comme langue d’écriture et la France comme seconde patrie, contrairement à son cousin Czeslaw Milosz (Prix Nobel de littérature en 1980) qui gardera sa langue maternelle, le polonais.
Poète, dramaturge, romancier, Oscar MILOSZ devient, en 1919, le premier représentant diplomatique de son pays la Lituanie, ressuscitée entre les deux guerres. Parallèlement à ses activités politiques, il continue à écrire poésie et essais métaphysiques. Lui qui fut élevé, comme il l’écrira, “dans la libre pensée la plus brutale”, connaît une expérience spirituelle qui orientera désormais sa vie et son œuvre. L’exil, la nostalgie de l’enfance, la recherche d’un absolu, d’une vérité qui donne sens à la vie des hommes, sont les thèmes qu’il ne cessera plus de travailler (…)
En 1939, il meurt à Fontainebleau où il venait de se retirer, non loin du grand parc où depuis des années il apprivoisait les oiseaux.”
Découvrir le poète sur le site AMISDEMILOSZ.COM…
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