Secrète ? Fermée ? Discrète ? Ésotérique ? Philanthropique ? Comment définir justement la franc-maçonnerie ?
D’après le Littré en ligne, la franc-maçonnerie (ou, plus simplement, la maçonnerie) est une “association philanthropique, secrète autrefois, qui fait un emploi symbolique des instruments à l’usage de l’architecte et du maçon, et dont les lieux de réunion sont appelés loges.”
D’après le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, FR), elle est une “association ésotérique visant à l’édification d’une société rationnelle, la construction du Temple, qui professe la fraternité entre ses membres organisés en loges et qui se reconnaissent par des signes et des emblèmes symboliques pris aux maçons du Moyen Âge.“
D’après le Larousse en ligne, elle est une “société mondiale fermée, dont les membres, ou frères, qui se reconnaissent à des signes, en possèdent seuls les secrets sous serment. (Un groupe de maçons forme une loge, un groupement de loges forme une obédience).“
De son côté, dans son (petit) espace d’accès non-payant, l’Encyclopaedia Universalis propose : “Ordre initiatique, club philosophique, communauté fraternelle, lobby politique ou simple réseau, la franc-maçonnerie a reçu, au cours de sa déjà longue histoire, des définitions et identités variées aux sens souvent contradictoires, sans qu’aucune d’entre elles puisse être considérée comme exhaustive ni tenue pour totalement erronée. Au XVIIIe siècle déjà, dans l’une des premières divulgations publiques des usages maçonniques, un auteur avait ainsi mis en garde ses lecteurs : « Pour le public un franc-maçon / Sera toujours un vrai problème / Qu’il ne saurait résoudre à fond / Qu’en devenant maçon lui-même » (Le Secret des francs-maçons, 1744). Plus de 250 ans plus tard, il appartient néanmoins au maçonnologue de surmonter ce dilemme qui n’a pourtant rien perdu de son actualité…“
“Étonnamment, une requête “franc-maçonnerie” sur le site Connaître la Wallonie du portail de la Région wallonne ne mène qu’à une fiche de type “lieu de mémoire”, consacrée au monument Eugène DEFACQZ, à Ath. Seule évocation du sujet : “Quant à la référence explicite à son activité maçonnique, elle [la statue] confirme, aux yeux de ses anciens adversaires, qu’Eugène Defacqz était avant tout le représentant affirmé d’un parti ; le journal catholique local rappelle volontiers l’opposition de Defacqz à la liberté religieuse et son insistance pour que les pouvoirs publics surveillent la liberté d’enseignement…“. Or, la Belgique compte quelque 25.000 maçons, dont beaucoup en terres wallonnes.” [LESOIR.BE, article du 10 mai 2016]
Il est rassurant d’apprendre que tous les francs-maçons ne mangent pas des petits enfants en piétinant des crucifix devant une effigie de Belzébuth, comme voulaient le faire croire des auteurs anti-maçonniques comme Léo TAXIL dans ses écrits polémiques (cfr. affiche ci-dessus) : “Exclu de la Maçonnerie dès le 1er degré pour ‘fraude littéraire’, Léo Taxil débute alors une campagne contre les Francs-maçons. Selon ses dires, il faisait partie de la loge Le temple des amis de l’honneur français. En 1887, il est reçu en audience par le pape Léon XIII, qui blâme l’évêque de Charleston pour avoir dénoncé les confessions antimaçonniques de Taxil comme une fraude. En 1892, Taxil commence à publier un journal La France chrétienne anti-maçonnique. Entre le 20 novembre 1892 et le 20 mars 1895, il fait paraître avec Carl Hacks, sous le pseudonyme du ‘Docteur Bataille’, Le Diable au XIXe siècle, un ouvrage prétendant dresser l’état de l’occultisme, accusant les loges d’adorer le démon et dénonçant une vaste conspiration maçonnique mondiale, qui fait un grand bruit. À côté de figures bien réelles de la maçonnerie comme Albert Pike, il met en scène des personnages de fiction, comme Sophie Walder, Grande Maîtresse du Lotus de France, Suisse et Belgique, et Diana de Vaughan, haute dignitaire luciférienne, qui aurait écrit pour lui ses confessions, où elle parle du culte satanique nommé «palladisme». Ces assertions sont confirmées, à la même époque, par l’installation à Paris d’une Américaine du nom de Diana Vaughan qui attire aussitôt l’attention et que Taxil présente aux journalistes catholiques influents. Devant les prétendues révélations de Diana Vaughan, une polémique naît. Un Congrès antimaçonnique, réuni à Trente avec la bénédiction de Taxil en 1896, tente en vain de trancher la question de leur véridicité. Pressé de montrer Diana aux incrédules, qui doutent de la véracité des affirmations de Diana Vaughan, et de son existence même, Taxil décide finalement de révéler la mystification, lors d’une conférence le 19 avril 1897 dans la grande salle de la Société de géographie de Paris. À la stupeur de l’auditoire, qui compte un certain nombre d’ecclésiastiques, il fait savoir que cette Diana n’était qu’un canular parmi toute une série, il s’agit une simple dactylographe employée par une maison américaine qui vend des machines à écrire et qui lui avait permis d’utiliser son nom. Il avait commencé, dit-il, douze ans plus tôt, en persuadant le commandant de Marseille que le port était infesté de requins et qu’un navire avait été envoyé pour les détruire. Il avait ensuite découvert une ville sous-marine dans le Lac Léman et attiré des touristes et des archéologues pour la retrouver. Il remercie les évêques et les journaux catholiques d’avoir si bien contribué à son canular final, à savoir sa conversion. L’assistance reçoit ces révélations avec indignation. Quand Taxil veut s’en aller, il est malmené au point que des agents de police doivent l’accompagner jusqu’à un café voisin. Il quitte alors Paris. Il finit sa carrière comme correcteur à l’imprimerie de Sceaux.” [HISTOPHILO.COM]
Voilà donc une association philanthropique (dixit Littré) fondée sur la liberté de pensée, qui fait polémique depuis longtemps chez les tenants d’une vérité révélée ou décidée par le pouvoir. La supercherie de Taxil au XIXe n’est qu’un exemple d’anti-maçonnisme qui serait cocasse, s’il n’était sordide : l’existence supposée d’un complot judéo-maçonnique a ensuite garni l’argumentaire des extrémistes politiques et religieux dans les années Trente. La volonté de l’ultra-droite belge (e.a. le mouvement REX) d’éradiquer le mouvement maçonnique a été servie par l’Occupant nazi dès son arrivée en Belgique (mai 1940), aidé en cela par la Collaboration : une exposition anti-maçonnique attire alors près de 30.000 visiteurs, les biens des obédiences maçonniques sont confisqués, leurs archives transférées en Allemagne, plusieurs maçons notables sont assassinés sur le territoire national et des milliers de maçons sont déportés au cours de la deuxième guerre mondiale. De nos jours encore, un pays européen comme l’Italie déclare qu’aucun maçon ne peut faire partie du gouvernement et ce, à la suite de l’Autriche, de la Hongrie et de la Pologne : comment reconnaître le fascisme ? se demande Umberto Eco…
La Franc-Maçonnerie en Belgique
Les principales obédiences présentes en Belgique sont classées ici par nombre décroissant de membres affiliés :
- Grand Orient de Belgique, en abrégé GOB, “fédération de loges libres et souveraines” (création en 1833, ± 117 loges, quelque 10.000 membres masculins) ;
- Droit Humain (Fédération belge du -), en abrégé DH, “ordre maçonnique mixte international” (création en 1928, ± 85 loges, quelque 7.000 membres des deux sexes) ;
- Grande Loge de Belgique, en abrégé GLB, “ordre maçonnique masculin et pluraliste” (création en 1959, ± 75 loges, quelque 4.000 membres masculins) ;
- Grande Loge Féminine de Belgique, en abrégé GLF, la “franc-maçonnerie au féminin” (création en 1981, ± 46 loges, quelque 2.200 membres féminins) ;
- Grande Loge Régulière de Belgique, en abrégé GLR, la “franc-maçonnerie traditionnelle” (création en 1979, ± 52 loges, quelque 1.600 membres masculins) ;
- Lithos – Confédération de Loges, en abrégé LCL (création en 2006, ± 33 loges, quelque 1.100 membres des deux sexes) ;
- Ordre international du Rite Ancien et Primitif de Memphis et Misraïm, “loge symbolique” (création en 2006, ± 4 loges, quelque 70 membres) ;
- Grand Orient Latino-Américain, en abrégé GOLA (création en 2004, 2 loges, quelque 40 membres des deux sexes) ;
- Grande Loge de district des maîtres maçons de marque de Belgique, (création en 1996).
Extraits des Contes et nouvelles de Maupassant, deux passages de son Oncle Sosthène (1882)
Mon oncle me répondait : « Justement nous élevons religion contre religion. Nous faisons de la libre pensée l’arme qui tuera le cléricalisme. La franc-maçonnerie est la citadelle où sont enrôlés tous les démolisseurs de divinités […]
[…] il fallait voir mon oncle Sosthène offrir à dîner à un franc-maçon. Ils se rencontraient d’abord et se touchaient les mains avec un air mystérieux tout à fait drôle, on voyait qu’ils se livraient à une série de pressions secrètes. Quand je voulais mettre mon oncle en fureur je n’avais qu’à lui rappeler que les chiens aussi ont une manière toute franc-maçonnique de se reconnaître. Puis mon oncle emmenait son ami dans les coins, comme pour lui confier des choses considérables ; puis, à table, face à face, ils avaient une façon de se considérer, de croiser leurs regards, de boire avec un coup d’œil comme pour se répéter sans cesse : « Nous en sommes, hein ?»
Extraits du Dictionnaire des symboles maçonniques de Jean Ferré (1997)
“On s’aperçoit que I’idée que se font les Maçons de la Franc-Maçonnerie, le sens et les buts qu’ils lui donnent varient d’un pays à l’autre et, dans un même pays, d’une Obédience à l’autre. Il suffit de bavarder avec un membre de la Grande Loge Nationale Française, du Grand Orient, de la Grande Loge de France, de la Grande Loge Féminine de France, de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique (Opéra), du Droit Humain pour s’en rendre compte. Selon les sensibilités ou les aspirations, la Maçonnerie sera :
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- une école de pensée ;
- un moteur de la société ;
- une école de tolérance ;
- un enseignement ésotérique ;
- une société de fraternité et d’entraide ;
- un groupe agissant sur le pouvoir politique ;
- le prolongement de I’activité des Bâtisseurs ;
- la résurgence de la culture égyptienne ;
- la résurgence de l’Ordre Templier ;
- etc.
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Chacun possède des arguments pour conforter son opinion. Ainsi, Edmond GLOTON écrit :
Sans symboles, la Franc-Maçonnerie serait une société comme les autres et n’aurait pu survivre aux révolutions qui ont bouleversé les siècles passés. Sans symboles, elle deviendrait une société de libre pensée, de secours mutuel, un club politique. Nos Rites, nos Traditions, nos Symboles renferment de profonds enseignements qui ont formé des générations de penseurs, de philosophes, de savants qui ont contribué à faire marcher l’humanité dans la voie du progrès.
La Constitution du Grand Orient de France dit dans son Article Premier :
La Franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. Elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience.
En 1876 eurent lieu des discussions, suivies d’un vote en 1877 qui concernait les premiers termes du deuxième paragraphe de I’Article premier des Anciennes Constitutions :
La Franc-Maçonnerie a pour principe l’existence de Dieu et l’immortalité de l’ âme.
Le Convent de 1876 affirme :
Aucun homme intelligent et honnête ne pourra dire sérieusement que le Grand Orient de France a voulu bannir de ses Loges la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, alors qu’au contraire, au nom de la liberté absolue de conscience, il déclare solennellement respecter les convictions, les doctrines et les croyances de ses membres.
Le Convent de 1877 tient un autre discours :
Laissons aux théologiens le soin de discuter des dogmes. Laissons aux Églises autoritaires le soin de formuler leur syllabus. Mais que la Maçonnerie reste ce qu’elle doit être, c’est-à-dire une institution ouverte à tous les progrès, à toutes les idées morales et élevées… Qu’elle se garde de vouloir être une Eglise, un Concile, un Synode… Que la Maçonnerie plane donc majestueusement au-dessus de toutes ces questions d’églises ou de sectes qu’elle domine de toute sa hauteur…
Le Rite Écossais Rectifié, dans son catéchisme, donne cette définition :
C’est une école de Sagesse et de Vertu qui conduit au temple de la Vérité, sous le voile des symboles, ceux qui l’aiment et qui la désirent.
Après l’Initiation, il est dit au nouvel Apprenti :
Dès aujourd’hui, vous formez avec nous une classe distincte d’hommes voués, par goût et par devoir, à l’exercice des vertus et à l’étude des connaissances qui y conduisent.
Pour le Maçon du Rite Émulation, la Franc-Maçonnerie :
[…] est un système particulier de morale, enseigné sous le voile de l’allégorie et illustré par des symboles.
Le catéchisme du Rite Français Ancien définit ainsi le Maçon et la Maçonnerie :
Qu’est-ce qu’un Maçon ?
C’est un homme libre, également ami du pauvre et du riche s’ils sont vertueux.
Que venons-nous faire en Loge ?
Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de nouveaux progrès en Maçonnerie.
Très proche est le catéchisme du Rite Écossais Ancien et Accepté :
[…] C’est un homme né libre et de bonnes mœurs, également ami du riche et du pauvre s’ils sont vertueux.
Qu’y fait-on ? (dans la Loge)
On y élève des temples à la vertu et l’on y creuse des cachots pour le vice.
Que venez-vous faire ici ?
Vaincre mes passions, soumettre ma volonté et faire de nouveaux progrès dans la Maçonnerie.
Pour la Grande Loge de France et la Grande Loge Féminine de France :
La Franc-Maçonnerie est une société initiatique dont la forme et le fonctionnement sont transmis traditionnellement. Elle a pour finalité le perfectionnement individuel de ses membres et leur rayonnement dans le monde.
[…] Si les Maçons s’accordent pour mettre en avant les notions de recherche au moyen de l’allégorie et du symbole, d’entraide et de fraternité, on s’aperçoit qu’il existe un fossé, parfois très large et profond, entre ceux qui parlent de libre pensée et ceux qui jugent nécessaire la croyance en un Dieu révélé, entre ceux qui ont pour but de changer la société ou I’humanité, et ceux qui estiment qu’il convient de travailler d’abord sur I’individu. Des Loges du Grand Orient ou du Droit Humain dirigent la totalité de leurs Travaux vers le social ou le politique. On y traitera des sujets tels que : le budget de la Sécurité Sociale, la laïcité et I’enseignement, le pétrole dans le monde, la contraception, l’avortement… Dans ces ateliers, on considère que la Maçonnerie doit nécessairement et directement œuvrer sur la société.
D’autres Loges travaillent à la fois sur le symbolisme et sur des questions d’ordre socio-politique. C’est le cas de certains ateliers du Grand Orient et du Droit Humain, des Loges de la Grande Loge de France et de la Grande Loge Féminine de France.
D’autres Loges encore, celles de la Grande Loge Nationale Française et de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique (Opéra), bannissent tout sujet qui ne soit pas strictement maçonnique. On évitera donc dans leurs Temples d’évoquer toute question d’ordre politique ou religieux, pour ne travailler que sur la symbolique maçonnique, le symbolisme en général, l’histoire de la Maçonnerie. Au-delà des querelles partisanes, on peut affirmer que tous les Maçons (ou presque) se caractérisent par un esprit ouvert, une volonté d’écoute, une soif d’apprendre, un besoin de faire le bien. En 1984, la Grande Loge Unie d’Angleterre a publié ses principes, qui ont été traduits et diffusés grâce aux travaux de la Loge Villard de Honnecourt. Il n’est pas question ici de citer le texte dans son entier, mais nous allons en dégager les points essentiels :
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- Pour être admis, et rester Maçon, la principale condition est la foi en un Être Suprême.
- Il faut être de bonne renommée.
- N’étant ni une religion ni un substitut, la Franc-Maçonnerie entend que ses membres restent fidèles à leur foi.
- Toute discussion religieuse sera interdite au cours des réunions.
Plusieurs grands principes sont mis en avant :
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- Amour fraternel : Tolérance, respect des autres, compréhension ;
- Vérité : sens de la morale ;
- Charité : Intérêt pour la société, oeuvres charitables ;
- Respect des lois du pays ;
- Condamnation de l’affairisme et du copinage ;
- Secret concernant les affaires internes ;
- Apolitisme : Interdiction de toute discussion politique en Loge.
La communication se termine par cette phrase : “Aucune de ces idées n’est exclusivement maçonnique, mais toutes devraient pouvoir être universellement acceptées.“
La Franc-Maçonnerie selon le Grand Orient de Belgique
“La franc-maçonnerie n’est pas une église, qui exprimerait ses doctrine, foi ou loi par le biais de quelque pontife, pasteur, rabbin ou autre ayatollah. Elle n’est pas davantage un centre d’action laïque, quoiqu’elle pourrait s’en rapprocher à certains égards. Elle n’est pas un parti politique, une école de philosophie ou un syndicat et ne peut, ni ne veut, se laisser instrumentaliser, contraindre ou réduire, quelle que soit la qualité des intentions. Elle est à ce point soucieuse de la liberté d’opinion, de la liberté de conscience et de la liberté d’expression de ses membres que, sauf à recevoir un mandat exprès, il ne peut être question de réduire à une seule la voix de tous et de chacun.
La franc-maçonnerie n’est pas prosélyte, ne défend aucune idéologie, n’a pas l’obligation d’être reconnue pour exister. C’est surtout par respect pour la société civile et démocratique où elle prend racine, qu’elle affiche son existence tout en restant discrète. Elle est une société sui generis, construite au fil des siècles, de manière empirique, par sédimentations successives. Elle ne procède que d’elle-même.“
La Franc-Maçonnerie selon la fédération belge du Droit Humain
“Société initiatique, la Franc-Maçonnerie regroupe des hommes et des femmes probes et libres, soucieux de leur propre perfectionnement, prêts à se remettre en question, désireux de réfléchir et de s’impliquer ensemble ou individuellement dans l’évolution éthique, solidaire et sociale de l’Humanité.
La Franc-Maçonnerie, par des rituels basés sur le symbolisme de la construction, tente d’amener ses membres à réaliser pour eux-mêmes et pour tous les humains, le maximum de développement moral et intellectuel, et, par là, de contribuer à créer un monde meilleur, plus juste, plus solidaire.
Elle puise dans la tradition maçonnique les valeurs, les moyens, la méthode qui lui permettront d’établir des liens de fraternité entre des personnes qui, sans elle, auraient continué de s’ignorer, et leur propose de travailler ensemble, dans le respect des diversités, à leur perfectionnement et au progrès de l’humanité.
Elle tient pour essentiels les principes de liberté, d’égalité, de tolérance, le rejet de tout dogme; elle propose une recherche, un devenir. Il s’agit donc d’une Franc-Maçonnerie adogmatique.
La méthode symbolique permet à l’initié de mieux se connaître, de travailler à son propre perfectionnement et au progrès de l’Humanité.
Elle est exigeante et demande de s’impliquer activement et sincèrement.
Les échanges d’idées se déroulent suivant une méthode spécifique. Fondée sur des rituels et des symboles, elle permet une écoute active de l’opinion d’autrui, pour autant qu’elle soit empreinte du respect de l’autre et soit conforme aux principes du libre examen.
Les rituels associés à la méthode initiatique invitent à apprendre à mieux se connaître et créent un climat de travail positif. Pareille méthode n’enseigne pas, mais éclaire et éveille, stimule l’esprit et crée l’émotion, donne une impulsion à la réflexion et à la méditation.”
Plus d’infos sur le site du Droit Humain (obédience mixte)…
Histoire de la Maçonnerie
“De très nombreux livres ont été écrits à ce sujet. Le lecteur n’a que I’embarras du choix. Notre volonté est de tracer un chemin, et nous l’avons fait par le biais d’une chronologie. Le choix des dates, des événements est forcément arbitraire, mais nous pensons que le tableau qui suit permettra de comprendre l’évolution de ce qui a été à l’origine une communauté professionnelle et qui, peu à peu, s’est transformée, grâce à un enseignement prodigué en son sein, en une société initiatique.
Dates importantes de la Maçonnerie :
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- 0001 – Adam.
- **** – Déluge.
- **** – Babel.
- **** – Dispersion.
- **** – Séjour en Egypte.
- **** – Enseignement d’Abraham.
- **** – Exode.
- **** – Tabernacle.
- **** – Construction du Temple – Mort d’Hiram.
- **** – Destruction du Temple.
- **** – Captivité des Juifs.
- IIIe acn – Euclide.
- 2013 acn – Prise de Syracuse.
- **** César – Naissance du “Messie de Dieu”, “Grand Architecte de l’Église”.
- 0700 – Collegia Fabrorum
- 1119 – Fondation de la Milice du Temple.
- 1212 – London Assize of Wages (travailleurs de pierre affranchis).
- 1250 – Villard de Honnecourt, Pierre de Corbie.
- 1268 – Livre des Métiers.
- 1276 – Compagnonnage ?
- 1314 – Dissolution de I’Ordre du Temple.
- 1350 – Polychronicon.
- 1370 – Règlements d’York.
- 1375 – Compagnie des Maçons (Londres). Ordonnance de la Guilde des charpentiers de Norwich. Apparition du mot Free Mason.
- 1390 – Regius.
- 1396 – Charte Vénitienne. Fête des Quatre Couronnés le 8 novembre.
- 1410 – Cooke (Hiram évoqué mais non cité).
- 1439 – St-Clair de Roslin, G.M. héréditaire des Loges Écossaises.
- 1459 – Constitutions de Strasbourg. Statuts de Ratisbonne.
- 1462 – Ordonnances de Torgau.
- 1583 – Grand Lodge MS (manuscript) n°1 (Fils d’Eram de Tyr = Anyone).
- 1599 – Procès-verbaux de la Loge Mary’s Chapel (Edimbourg). Statuts Schaw.
- 1600 – Mary’s Chapel initie un non-opératif (John Boswell of Auchinleck).
- 1646 – Initiation d’Elias Ashmole. ler Sloane MS.
- 1659 – 2ème Sloane MS.
- 1674 – Melrose MS.
- 1675 – Dumfries MS n°l.
- 1680 – Tew MS (cite Hiram).
- 1687 – Watson MS.
- 1688 – lère référence à une Loge non opérative (Trinity College-Dublin). Constitution de la Loge des gardes Écossais à Saint-Germain.
- 1696 – Edinburgh Register House MS.
- 1700 – Sloane MS.
- 1703 – Loge St-Paul (La Maçonnerie cesse d’être opérative).
- 1710 – Dumfries MS n°4.
- 1711 – Trinity College MS.
- 1717 – Grande Loge de Londres (Anthony Sayer G.M.).
- 1719 – Désaguliers G.M.
- 1720 – Payne G.M.
- 1721 – 2 grades maçonniques (confirmation). Duc de Montaigu G.M. Amitié et Fraternité à Dunkerque.
- 1723 – Constitutions d’Anderson. Duc de Wharton G.M. Grade de Maître. Apparition d’Hiram. Mason’s Examination.
- 1724 – The Secret History of the Free-Masons.
- 1725 – Trois grades. Loge d’York = Grande Loge de toute l’Angleterre. Grande Loge à Dublin.
- 1726 – Loge Ecossaise de Saint-Thomas à Paris. Graham MS.
- 1730 – Masonry Dissected de Prichard.
- 1732 – Loge Anglaise n°204 à Bordeaux.
- 1736 – Discours de Ramsay. Maître Écossais, Novice, Chevalier du Temple. Royal Arch.
- 1738 – Bulle In Eminenti de Clément XII. Constitution de la Grande Loge de France (prendra ce nom en 1755). Révision des Constitutions d’Anderson. La Maçonnerie s’organise.
- 1742 – Traduction des Constitutions d’Anderson en français.
- 1743 – La Loge Mère Kilwinning se déclare G.L.
- 1744 – Catéchisme des Francs-Maçons.
- 1747 – Ordre des Francs-Maçons Trahi.
- 1749 – ler grade chevaleresque (Chevalier d’Orient).
- 1751 – Grande Loge of Ancients Masons.
- 1754 – Chapitre de Clermont. Rite des Elus Cohen (Pasqually).
- 1755 – Grande Loge de France.
- 1756 – Le baron de Hund fonde la Stricte Observance. Desmott et la constitution de la G.L. des Ancients (Ahiman Rezon).
- 1761 – Chevalier Kadosh.
- 1765 – Chevalier Rose-Croix.
- 1766 – Grand Chapitre de l’Arche Royale de Jérusalem.
- 1771 – Les Ancients créent leur Grand Chapitre.
- 1772 – Convent de Kohlo – Rite Ecossais Rectifié.
- 1773 – Grande Loge Nationale de France 4 Directoires de la S.O. : Strasbourg, Lyon, Montpellier, Bordeaux.
- 1774 – Le G.O. reconnaît les Loges d’Adoption.
- 1778 – Convent des gaules (Lyon) -CBCS.
- 1780 – Initiation de Goethe.
- 1782 – Convent de Wilhemsbad.
- 1783 – Le Marquis de Thoré et le rite de Swedenborg.
- 1784 – Initiation de Mozart.
- 1785 – Initiation de Haydn.
- 1791 – La Flûte enchantée.
- 1801 – Suprême Conseil de Charleston (REAA). Régulateur du Maçon.
- Les Fils de la Vallée (Werner).
- 1803 – Louis-Bonaparte Grand Maître du Grand Orient.
- 1804 – Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien Accepté. Concordat du 5 déc. – Unité du Rite Écossais Ancien Accepté.
- 1805 – Rite de Misraïm – Milan. Dénonciation du Concordat. Grande Loge Générale Écossaise.
- 1807 – Grande Loge d’Ecosse.
- 1809 – Loge de Promulgation.
- 1813 – Acte d’Union: Lodge of Reconciliation.
- 1814 – Rite de Misraïm en France.
- 1815 – Les Disciples de Memphis à Montauban.
- 1817 – Le Grand Orient interdit le Rite de Misraïm. Suprême Gd Chapter of Royal Arch Masons of England.
- 1823 – Emulation Lodge of Improvement.
- 1833 – Grand Orient de Belgique.
- 1836 – Unification des rituels du Rite Écossais Ancien Accepté.
- 1840 – Initiation de Pierre Ier de Prusse.
- 1844 – Grande Loge Suisse Alpina.
- 1845 – Supreme Council of the Ancient & Accepted Rite.
- 1846 – Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien Accepté (Edimbourg).
- 1848 – Grande Loge Nationale de France.
- 1852 – Lucien Murat Grand Maître du Grand Orient.
- 1865 – Pie IX renouvelle la condamnation de la Maçonnerie.
- 1875 – Convent de Lausanne.
- 1877 – Convent du Grand Orient (Suppression de l’affirmation dogmatique de l’existence de Dieu).
- 1880 – 12 Loges françaises créent la Grande Loge Symbolique Écossaise.
- 1882 – Initiation de Maria Deraisme.
- 1884 – Encyclique Humanum Genus de Léon XIII.
- 1886 – Quatuor Coronati Lodge n°2076.
- 1893 – Droit Humain.
- 1901 – Le Libre Examen (GLFF).
- 1904 – Grande Loge de France.
- 1907 – Jérusalem Écossaise (GL) demande une Loge d’Adoption.
- 1910 – Grande Loge Nationale Indépendante pour la France et les Colonies. Edouard de Ribeaucourt réveille Le Centre des Amis.
- 1913 – Centre des Amis + Anglaise n°204 = Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises.
- 1915 – Elle devient GLNF.
- 1925 – 4 Loges d’Adoption à la GL.
- 1928 – Fédération Belge du droit Humain.
- 1935 – Grand Prieuré des Gaules.
- 1940 – Pétain interdit la Maçonnerie.
- 1943 – De Gaulle annule cette loi.
- 1953 – L’Union Maçonnique Féminine de France devient la Grande Loge Féminine de France.
- 1958 – GL Traditionnelle et Symbolique : Opéra.
- 1959 – GL de Belgique.
- 1961 – CLIPSAS (Centre de liaison et d’information des puissances maçonniques signataires de l’appel de Strasbourg).
- 1979 – Grande Loge Régulière de Belgique.
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[Chronologie établie e.a. d’après le Dictionnaire des symboles maçonniques de Jean Ferré (1997) et les sites officiels des différentes obédiences]
France : d’où vient la franc-maçonnerie ?
[FRANCECULTURE] Si les francs-maçons s’appellent ainsi, c’est en raison… des maçons. Et contrairement aux idées reçues, la franc-maçonnerie n’est pas une société secrète millénaire, mais date d’il y a trois siècles. On a longtemps expliqué que l’acte de naissance de la franc-maçonnerie s’était produit le 24 juin 1717. Des historiens penchent plutôt aujourd’hui pour 1721. Quoiqu’il en soit, quatre loges maçonniques se seraient réunies à Londres, dans la taverne “L’Oie et le Grill”, pour se fédérer en une Grande Loge, réunissant artisans, commerçants et élites. Cet acte concrétise des fondations bâties depuis plusieurs siècles. Au Moyen Âge, des confréries de métiers garantissent à leurs membres une formation et du soutien en cas de coups durs. C’est le cas pour les maçons. Les plus anciens, les compagnons, forment les plus jeunes, les apprentis.
Ces groupes ont des loges, qui désignent jusqu’aux années 1200 un lieu physique : un bâtiment annexe à l’édifice en construction, où on range les outils, où on se repose, où on prépare et on débriefe le chantier. Puis ce terme évolue pour désigner un groupe de travailleurs.
Une ouverture en Écosse et en Angleterre
En Écosse et en Angleterre, à la fin du XVIIe siècle, les loges s’ouvrent à des notables locaux, sans rapport avec la profession. On y vient pour échanger, réfléchir, former un réseau de sociabilité. Aristocrates, artistes, scientifiques, aubergistes rejoignent ces groupes et deviennent des “maçons acceptés” ou “libres“, en anglais : “gentlemen masons” ou “free masons“.
Plusieurs hypothèses découlent pour expliquer ce terme, selon l’historienne à l’université Bordeaux Montaigne, Cécile Révauger : “Il existe une différence entre ‘free stone’ et ‘rough stone’, respectivement la pierre polie, de qualité supérieure, et ‘rough stone’, la pierre mal dégrossie.” La spécialiste de l’historiographie de la franc-maçonnerie évoque une autre piste : “Cela pourrait aussi être le fait que ‘free mason’, c’était des maçons qui avaient été initiés au secret professionnel, qui avaient un savoir-faire, et qui, parce qu’ils avaient ce savoir-faire, étaient reconnus, avaient une qualification, qui leur permettait de se déplacer librement.”
Construire le temple idéal
Se rassembler pour échanger des idées est devenu possible par le vent d’ouverture qui souffle alors sur le Royaume-Uni. “Et ça, ça n’a pu apparaître qu’après la Glorieuse Révolution de 1688, qui a mis un terme à la monarchie de droit divin”, explique l’historienne. La nature de ces cercles de cooptation change, mais la filiation avec l’univers de la maçonnerie demeure. Car les francs-maçons disent œuvrer à la construction d’un temple idéal : un temple métaphorique, celui d’une société rationnelle, où les individus deviennent libres et éclairés, à l’image du profane intronisé qui trouve la lumière lorsqu’on lui retire le bandeau qui lui couvre les yeux pendant la cérémonie.
L’équerre et le compas
La franc-maçonnerie reprend aussi des outils de construction, comme l’équerre ou le compas, qui servent de base à son univers symbolique. “On va faire un parallèle entre la rectitude, la droiture de l’individu et la règle, illustre Cécile Révauger. On va même parler de géométrie morale. Et ça, c’est l’esprit très rationnel des Lumières.”
Si son fonctionnement est similaire à un dogme, la franc-maçonnerie s’établit en dehors de la religion et des instances officielles du pouvoir. En 1970, Jacques Mitterrand, alors Grand maître du Grand Orient de France, expliquait dans un reportage télévisé se positionner à la fois en dehors et à la confluence des partis politiques, des syndicats, des religions :
nous sommes précisément le seul lieu de rencontre de toutes ces organisations, dans la mesure où il s’agit d’organisations axées sur une volonté de justice sociale, de progrès intellectuel et de liberté de pensée.
Environ 160 000 francs-maçons en France
La franc-maçonnerie va ensuite se diffuser en Europe et attirer des figures de tous bords, pêle-mêle Sadi Carnot, Condorcet, Rouget-de-Lisle, le clan Bonaparte… Les premières loges sont créées en 1725 à Paris et en 1732 à Bordeaux. Le Grand Orient de France sera lui fondé en 1773. Aujourd’hui, on compte en France 160 000 “frères” revendiqués francs-maçons, incluant depuis 2010 des “sœurs“.
d’après Alexis Magnaval, France-Culture
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- FERRE Jean : Dictionnaire des symboles maçonniques (1997)
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- PLUVIAUD Jean-François : Discours de la méthode maçonnique (2011)