[RTBF.BE, 13 février 2013] Pour sa chronique santé, Cathy Assenheim, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie, nous propose de démonter les idées reçues sur le burn-out. Ce mal a augmenté en 5 ans de 46% et a représenté un coût d’indemnisation de 1,6 milliard d’euros en 2020. Expirons profondément, concentrons-nous, l’analyse dressée par cette neuropsychologue est très loin de tout ce que vous aurez entendu ces dernières années sur le burn-out.
Ça n’a rien à voir avec le psychologique, rien à voir avec une dépression. C’est une maladie du corps.
Cela vous surprend ? C’est parce que les symptômes sont très proches d’une dépression que l’on associe le burn-out au psychologique. Il est vrai qu’il peut y avoir des déclencheurs et des conséquences psychologiques. Mais la cause est biologique et uniquement biologique, nous explique Cathy Assenheim. La faute à deux petites glandes de la taille d’un pouce situées au-dessus des reins, qui servent à stimuler nos capacités d’adaptation. L’adaptation pour notre survie.
“Le burn-out est un dérèglement nerveux et hormonal de nos ressources d’adaptation qui sont gérées par deux glandes appelées surrénales. Si on doit s’adapter sur une courte période, lorsqu’on a une situation stressante au travail, un drame familial, un déménagement… Ces glandes surrénales vont être en surrégime et au bout d’une longue période elles n’y arriveront plus. Dans un premier stade, le système nerveux compense et se booste. On est dans une tension permanente, un mode robot avec le cerveau qui tourne en permanence. Puis cette béquille nerveuse va lâcher aussi. Le système nerveux travaille en collaboration avec des hormones qui sont les neurotransmetteurs, ils assurent le lien entre le mental et le corps. Le cortisol est l’hormone de l’énergie, quand elle n’est plus produite et la personne est une loque. Il y a aussi des dérèglements sur des neurotransmetteurs qui sont liés à l’humeur, à l’anxiété, cela donne des symptômes qui s’apparentent à la dépression. On est crevé, on veut juste se terrer chez soi en ermite, on a des montées d’angoisse nerveuse. Cela fait penser à des signes dépressifs, alors que la cause est hormonale.“
Le burn-out, une maladie professionnelle ?
Les chiffres officiels de la pathologie associent le burn-out à des difficultés professionnelles. Problèmes de concentration, de mémoire, de motivation. Mais dans la pratique, les médecins soignent des patients de 6 ans à 90 ans avec ces symptômes. L’adolescence est une période de mutation, les 12-16 ans doivent faire face à de nombreux changements. Sans parler de l’énorme effort d’adaptation qu’ils ont dû produire suite aux restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Il y a de plus en plus d’enfants et d’ados qui sont en décrochage scolaire, ils reçoivent de multiples étiquettes d’ordre psychologique. Or, cette perpétuelle adaptation les épuise biologiquement. Les médecins constatent que cela peut toucher tout le monde.
“Quand on voit que l’on ne fonctionne plus normalement, que la fatigue est extrême, quand on arrive plus à se lever le matin, qu’on n’arrive pas à s’endormir, qu’on a des réveils à 2 heures ou 4 heures du matin, qu’on a l’impression d’être tout le temps en tension, mon conseil est d’aller consulter et faire une analyse biologique. Ne pas directement courir pour creuser le pourquoi du comment chez un psy, parce que ce travail d’analyse coûte aussi en ressources” précise Cathy Assenheim.
Psychothérapie et antidépresseurs comme unique remède au burn-out ?
Les antidépresseurs vont avoir un effet de compensation de la perte de certaines hormones. Les patients vont se sentir apaisés, mais les causes du dérèglement ne seront pas traitées. Ceci peut expliquer les rechutes et la longueur de la convalescence des personnes qui ont subi un burn-out.
“L’antidépresseur peut être très utile pour gérer les fluctuations hormonales, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi réparer le corps, ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. J’ai beaucoup de patients qui sont sous antidépresseurs à qui on dit : ‘allez voir le psy’, mais aucune autre analyse biologique n’est prescrite. Certaines prises en charge du burn-out datent d’il y a 10 ans, la prise en charge doit être globale, psychique et corporelle. Il y a un manque de connaissance des effets des glandes surrénales“.
Une fois qu’on a analysé les dérèglements par une simple analyse urinaire et salivaire, la production des glandes surrénales sera régulée assez facilement par des méthodes en phytothérapie ou traditionnelle. La cause est hormonale, pas psychiatrique. Une fois le corps remis en état de fonctionner, il est souverain d’entamer une remise en question de son mode de vie avec l’aide d’un professionnel de la santé mentale.
Bénédicte Beauloye, rtbf.be
[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | sources : rtbf.be | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête © Lucas Uzan.
Plus de presse en Wallonie-Bruxelles…
- Avisance (spécialité namuroise ; recette)
- MÉMOIRE VIVE : Les femmes au lavoir
- THE GALLANDS
- Philippe TOUSSAINT, le prince de la chronique judiciaire
- DOTREMONT : Dépassons l’anti-art – Écrits sur l’art, le cinéma et la littérature, 1948-1978 (2022)
- Pourquoi cette disgrâce du latin dans l’enseignement ?
- BAKER : De quel antiracisme Joséphine Baker est-elle le nom ?
- DESPRET : L’art de la joie et de se laisser affecter
- PIER : Scandale (2022)
- ASSENHEIM : Le burn-out n’a rien à voir avec le psychologique, c’est une maladie du corps
- JACOBS : L’auteur de Blake et Mortimer était baryton à l’Opéra de Lille