Le peuple basque en sait un peu plus sur les origines de sa langue. En Navarre, région autonome du nord de l’Espagne, des travaux archéologiques ont permis de découvrir une pièce unique, la “main d’Irulegi”, sur laquelle figure “le texte le plus ancien en langue basque”, titre le journal local Diario de Navarra.
Datée du Ier siècle avant J.-C., cette main de bronze a été extraite en juin 2021 “parmi les restes calcinés d’une maison”, sur un site faisant l’objet de fouilles depuis 2017. Il se situe au pied d’un château médiéval au sommet du mont Irulegi, dans la vallée d’Aranguren, à quelques kilomètres de la ville de Pampelune.
Comme le décrit Diario de Navarra, cinq mots (pour un total de 40 signes) répartis sur quatre lignes figurent sur cette main d’environ 14 centimètres de longueur et 12 de largueur. L’équipe du centre de recherche scientifique basque Aranzadi, qui pilote les travaux, y a identifié une inscription en proto-basque, sorioneku. Elle se rapproche de zorioneko, qui pourrait être traduit par “de bonne fortune” en euskera (actuelle langue basque).
Cette main aurait été accrochée à une porte d’entrée “en signe de bienvenue et de vœux pour les résidents et les visiteurs”, rapporte le quotidien régional. “Cette pièce bouleverse nos connaissances sur les Vascons [ancêtres des Basques] et l’écriture. Nous étions presque convaincus que les Vascons étaient analphabètes durant l’Antiquité et qu’ils n’utilisaient pas l’écriture, sauf pour frapper des pièces de monnaie”, assure Joaquín Gorrochategui, professeur de philologie indo-européenne à l’université du Pays basque, dans un article publié sur le site d’Aranzadi.
Une découverture majeure
D’après Diario de Navarra, la région concernée par cette découverte a commencé à être habitée à partir de l’âge du bronze final (XVᵉ-XIᵉ siècle av. J.-C.), jusqu’au premier tiers du Ier siècle avant J.-C. “Le site [de la main d’Irulegi] a été abandonné prématurément il y a près de 2 100 ans”, dans le contexte de la guerre sertorienne (80-72 av. J.-C.), un épisode des guerres civiles romaines qui opposait des troupes d’Ibères, de Romains et de Vascons aux partisans de l’ancien dictateur romain Sylla.
“Après avoir été abandonnée à la suite d’une attaque, [le site] nous a laissé des objets du quotidien qui n’ont pas été altérés, nous permettant d’étudier et d’en apprendre plus sur le mode de vie et la société de l’époque”, conclut le directeur des fouilles archéologiques, Mattin Aiestaran, dans les colonnes de Diario de Navarra.
d’après COURRIERINTERNATIONAL.COM
“Sorioneku”. Il est surprenant que le mot le plus ancien jamais découvert de la langue précurseur de l’euskara signifie “bonne fortune”, si on le lit en euskara. Il transmet ce message à ceux qui vivent dans la maison sur laquelle il est accroché et à ceux qui y entrent. Les lettres qui figurent sur la gravure sur bronze datée de 100 ans av. J.-C. sur le site archéologique d’Irulegi, en Navarre, nous apprennent beaucoup sur les occupants de ce territoire avant l’époque romaine. Longtemps les scientifiques pensaient que les Vascons de l’Antiquité n’écrivaient pas dans leur langue, puis l’hypothèse d’une écriture spécifique a commencé à prendre de l’envergure. La main en bronze d’Irulegi apporte une nouvelle preuve, d’après les spécialistes Javier Velaza et Joaquin Gorrochategui, qui ont analysé les pièces découvertes par la société savante Aranzadi. Les Vascons de la vallée d’Aranguren écrivaient dans leur langue avec un système graphique importé et adapté d’un autre idiome. Javier Velaza conclut : “Cela nous amène à reconsidérer une bonne partie de ce que nous croyons sur la culture et la société des anciens Vascons”.
La révélation s’est invitée la semaine du lancement d’Euskaraldia. Et on se plaît à imaginer les déclinaisons de la formule mise au jour à Irulegi : bonne fortune aux euskaldun et aux euskaldun berri qui habitent cette terre, bonne fortune à ceux qui y entrent. Cela pourrait donner des idées aux organisateurs de l’initiative qui se déploie du 17 novembre au 2 décembre dans les sept provinces du Pays Basque. À côté des badges “belarriprest “(oreille aux aguets), destiné aux personnes ayant des rudiments en euskara, et “ahobizi” (parole vivante), destinés à ceux qui peuvent communiquer dans cette langue, pourrait apparaître un troisième, “sorioneku” sur lequel serait dessinée une main, pour conjurer les mauvais sorts et freiner les forces négatives qui agissent sur le devenir de notre langue. Car la découverte de cette semaine nous le rappelle, on vient de loin mais le chemin est encore long…
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