Préjugé : le vert porte malheur… (podcast)

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[RADIOFRANCE.FR/FRANCECULTURE, 16 juillet 2024] “Yeux verts, yeux de vipère !” Si ce jeu de mots date de 1830, la mauvaise réputation des yeux verts, elle, est attestée depuis la Rome antique. Comment l’idée fausse selon laquelle le vert porterait malheur s’est-elle forgée ?

Synonyme de nature perverse, d’esprit faux et de débauche, les yeux verts sont les yeux des traîtres, des prostituées, de Judas, voire du Diable en personne. Les elfes, les fées, les trolls, les korrigans, les farfadets ou les lutins, ces personnages effrayants sont, depuis le Moyen Âge, presque toujours verts, de même que leur lointain descendant le Martien. “Dans les images comme dans la réalité, [la] tonalité verdâtre est toujours inquiétante, sinon mortifère“, écrit l’historien Michel Pastoureau. “C’est la couleur de la moisissure, de la maladie, de la putréfaction et surtout des chairs décomposées. Par là même, c’est aussi celle des cadavres et (…) des revenants.

Pourquoi la couleur verte a-t-elle été bannie des théâtres ?

Le vert qui fait peur est un vert aqueux, visqueux, désaturé. La reine Victoria, par exemple, l’avait en horreur et elle l’a chassée de tous les palais royaux anglais, notamment de Buckingham Palace. C’est surtout au théâtre que les superstitions sur le vert sont les plus tenaces : cette couleur est bannie de la scène. Les comédiens la proscrivent aussi bien sur les costumes que dans les décors ou dans la salle. Les chroniques flamandes au Moyen Âge rapportent en effet que plusieurs acteurs seraient morts après avoir joué le rôle de Judas, traditionnellement vêtu de vert. Teindre un costume en vert vif a longtemps été un exercice difficile : il fallait utiliser une matière colorante très toxique appelée le verdet, qu’on obtenait à partir de l’oxydation du cuivre. Cette couleur était certes éclatante mais très dangereuse, car ses vapeurs pouvait entraîner l’asphyxie et la mort. Les réticences des acteurs sont compréhensibles !

Outre la teinture, l’éclairage a contribué également à éloigner le vert de la scène : contrairement au rouge ou au jaune, les tissus verts se voient mal, ce qui n’était, on l’imagine bien, pas du goût des comédiens et encore moins des comédiennes qui s’estimaient trop peu mises en valeur.

Maudit au théâtre, le vert l’est aussi à bord des bateaux car la couleur passe pour attirer l’orage et la foudre. C’est sans doute la raison pour laquelle il est absent du code international des signaux maritimes. Cela expliquerait aussi pourquoi, en 1637, un étrange édit de Colbert demande aux officiers de marine de détruire tous les navires à coque verte.

Le vert, une couleur protectrice

© DP

Dans le domaine des croyances, le vert est en réalité une couleur ambivalente. Des enquêtes d’opinion réalisées dans plusieurs pays européens révèlent que si le vert est détesté par 20 % des sondés (au motif qu’il porterait malheur), il est aussi la couleur préférée par 20 % d’entre eux, car pour certains le vert protège des esprits malfaisants.

En Allemagne et en Autriche, les portes des étables ont longtemps été peintes en vert pour éloigner la foudre, les sorciers et les esprits malins. Aujourd’hui encore, en Irlande et au Danemark, beaucoup croient que les imperméables et les parapluies verts protègent mieux de la pluie que les autres, comme si le vert protégeait de l’averse.

Parfois préjugé et superstitions se rencontrent. Les deux sont à combattre, mais, dans le doute, n’essayons pas d’ouvrir un parapluie à l’intérieur !

Pour écouter le podcast de France Culture…


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, correction, édition et iconographie | sources : France Culture | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : ©  MGM ; © DP.


Plus de traditions et de folklore au quotidien en Wallonie…

CHEVEAU : Nuit de chance (2023)

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[d’après OBJECTIFPLUMES.BE] Sarah CHEVEAU est née le 18 septembre 1986 à Blois, France. Elle a étudié à l’École de Recherche Graphique de Bruxelles.

J’aime jouer. Jouer avec tout. Les couleurs, les formes, les mots, les sons, mes mains, mes pieds et les chansons.

© Lucas Castel

Enseignante d’art en secondaire pendant 6 ans, Sarah Cheveau est membre actif du collectif d’illustrateurs Cuistax qui autoédite un fanzine pour enfants à Bruxelles. Elle écrit ses albums au cœur de ses ateliers et ses activités quotidiennes, par l’interaction directe avec les enfants. Ses thèmes sont le jeu, l’interactivité, la motricité et l’absurde. Elle utilise la technique du papier découpé, du feutre, de la peinture ; ses images sont simples, parfois abstraites ou expressives avec des couleurs très vives. Elle est lauréate d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Bourse découverte, 2019).


1, 2, 3, on joue ?!

-..À quoi ?
– Mais à la marelle !

La marelle ! …craie dans une main, caillou dans l’autre, on a ripé quelques paires de chaussures en récréation! La version de Sarah Cheveau est une marelle à doigts ou, comment faire du jeu le plus vieux du monde un exercice d’illustration fort bien réussi. Voilà la marelle sortie de la cour, repensée, déconstruite, développée et surtout… colorée !

Sarah CHEVEAU, Marelle à doigts (Thierry Magnier, 2019) – ISBN 979-10-352-0238-5

Des couleurs franches, des couleurs primaires qui attirent le regard et nous plongent dans le jeu. On y retrouve le style de Sarah Cheveau affiné dans divers projets précédents : une marelle peinte dans la cour du centre culturel Jacques Franck de Saint-Gilles, le magazine bilingue bruxellois Cuistax… Il y a un style reconnaissable dans tout cela. Hors les cours, la marelle de Sarah Cheveau, c’est une marelle de voyage, une aire de jeu portative. Nul besoin de caillou et d’ailleurs cette fois s’il atterrissait sur la case ciel, je ne passerais pas mon tour car Sarah Cheveau change les règles du jeu !

Le livre, dans la jolie collection Pim Pam Poum de Thierry Magnier, est destiné selon l’éditeur à développer entre autres la motricité fine chez les tout-petits. On revendique ici l’inspiration de Maria Montessori, une mention probablement intéressante pour les parents. La petite lectrice, le petit lecteur seront ravis de lire-jouer (joie des tout-petits) avec les doigts, de suivre les lignes, de sauter et de virevolter en suivant un parcours ludique bien mis en valeur grâce aux couleurs vives et au choix de faire ressortir les chemins des marelles par du vernis. Finalement, la marelle se transforme, c’est foufou, on s’envole, on danse, on chante. La marelle à doigts nous emporte. Les rires sont garantis (livre testé !).

Hélène Théroux


Sarah Cheveau se raconte…

[d’après CARGOCOLLECTIVE.COM] “Née en France dans le Loir-et-Cher je grandis joyeusement au milieu de 3 sœurs et de la campagne. A 18 ans, je m’envole pour Bruxelles où j’étudie l’illustration, la gravure et la vidéo à l’ERG (Ecole de Recherche Graphique), j’obtiens ensuite un master en Art puis l’Agrégation de l’Enseignement Secondaire Supérieur. Pendant 4 ans, je suis professeur d’art en plus de mon travail d’illustratrice. Aujourd’hui artiste et autrice à temps complet je suis aussi membre du collectif d’illustrateurs Cuistax avec lequel nous éditons un magazine pour enfant du même nom.

Pratique artistique
© Claire Vandamme

J’écris des albums jeunesses en interaction directe avec les enfants. Mes activités artistiques et pédagogiques forment ensemble mon rythme de création. Je propose des rencontres entre les matières, les idées, les lieux et les personnes lors de mes ateliers. Puis le moment de vie, le partage tisse lui-même des liens, créer des images, construit des ponts surprenants, des histoires ! C’est là mon domaine de recherche, de passion et d’amusement : lorsque quelque chose se passe, lorsque l’on vit (ensemble) et se racontent des histoires.

Collective

Depuis 6 ans, je suis membre active du collectif d’illustrateurs Cuistax avec lequel nous éditons un fanzine pour enfant ainsi que de petites éditions de posters et cartes en risographie. Nous réalisons aussi des commandes externes de graphisme et d’illustration, animons des ateliers créatifs et montons des expositions à Bruxelles et en Europe : France, Portugal, Luxembourg et Liège.

Pédagogique…

Une grande partie de mon temps est consacrée aux ateliers artistiques que j’effectue dans différentes structures bruxelloises, des bibliothèques et des écoles ; J’ai aussi enseigné pendant 5 ans en tant que professeur d’art en secondaire.

…et vivante

J’aime raconter, lire et chanter des histoires aux enfants. Je le fais à chacun de mes ateliers ainsi que l’été au sein du projet Lire dans les parcs à Bruxelles, organisé par le centre de la littérature jeunesse et les bibliothèques francophones de la ville…”


Nuit de chance (2023)

[LIVREHEBDO.FR] Futaie au fusain. S’enfoncer le soir tombé dans une forêt comporte sa part d’ombre… Un petit enfant vaillant tente l’aventure, frôlant en silence sous-bois et grands arbres. Parmi les apparitions furtives se faufilent un écureuil, un lièvre, et même toute une famille de cerfs. L’ultime hôte surgit, massif, hirsute, préhistorique, un brin plus menaçant, mais finalement la bête et l’enfant scelleront ensemble un pacte heureux. Les illustrations au fusain de Sarah Cheveau sont d’une profondeur saisissante, elles ont la texture, le tremblé et la couleur de la forêt la nuit. À la fin, l’artiste nous dit comment fabriquer du fusain et présente un riche nuancier d’essences de bois, du bouleau au mélèze doré en passant par l’hibiscus. Merveille des merveilles !

EAN 9782492768637 © La Partie

 


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : compilation, correction, édition et iconographie | sources : objectifplumes.be ; cargocollective.com ; livrehebdo.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : ©  Lucas Castel ; © Editions Thierry Magnier ; © Claire Vandamme ; © Editions La Partie.


Plus d’illustrations et de BD en Wallonie-Bruxelles ?

KLEE, Paul (1879-1940)

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KLEE Paul, Projet (1938) © zpk.org

“Poète de l’abstraction, fasciné par la lumière des pays lointains et la magie de la nature, Paul KLEE (1879 – 1940) est autant un peintre de talent qu’un grand aquarelliste. Professeur au Bauhaus, pendant l’entre-deux-guerres, le peintre théoricien a développé une approche singulière de la couleur. Considéré comme juif par les nazis, rangé dans la catégorie des peintres dégénérés, il doit fuir l’Allemagne et meurt au début de la Seconde Guerre mondiale. Un destin tragique pour un peintre rêveur. Son œuvre, bien que colorée et tournée vers une réalité intérieure, porte aussi le reflet des oppressions vécues.

L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible.

Paul Klee

Paul KLEE en 1921 © Lebrecht Authors

Paul Klee est né en Allemagne mais il est d’origine et de culture helvète. D’ailleurs, un an après sa naissance, ses parents s’installent en Suisse, à Berne. L’enfance de l’artiste est baignée dans la musique, son père étant professeur et sa mère cantatrice. Le jeune garçon pratique le violon. Si la musique est sa première vocation, la peinture l’attire aussi et c’est finalement vers les arts plastiques qu’il se dirige. En 1898, Klee retourne en Allemagne. Il entreprend des études d’art. Pour se former, il voyage également en Italie puis en France. En 1906, le peintre se marie avec une jeune pianiste et le couple s’installe à Munich. C’est dans cette ville que le postimpressionnisme le touche de plein fouet. À l’occasion d’une exposition, il découvre Vincent Van Gogh et Paul Cézanne. C’est un choc.

À Munich, il fait la connaissance des membres du Blaue Reiter, emmenés par Vassily Kandinsky. En 1912, il participe à la deuxième exposition du groupe, exclusivement composée d’œuvres graphiques. Deux ans plus tard, quelques mois avant l’éclatement de la Grande Guerre, Klee se rend en Tunisie. Le peintre August Macke l’accompagne. C’est un éblouissement de couleurs et de sensations. Pendant la guerre, l’artiste est appelé sous les drapeaux allemands. Il a la charge d’une mission sans danger, en tant que secrétaire de l’école de l’air de Gersthofen, près de Munich.

De tendance abstraite, l’art de Paul Klee est fait de couleurs et de symboles. L’artiste est un mystique, fasciné par la magie de la nature mais ne reproduisant pas d’une manière illusionniste le réel. Pour lui, l’art est un moyen d’accéder à une vérité insondable, plus profonde que la surface visible des choses.

Nommé professeur au Bauhaus après la guerre (où il enseigne notamment la théorie de l’art), Klee expose de plus en plus et se rend en Égypte au cours de l’année 1929. En Allemagne, son œuvre est mal vue par les nazis qui le considèrent comme un artiste dégénéré et interdisent sa peinture. Il part s’installer en Suisse. Au cours des années 1930, une maladie incurable se déclare et Klee se voit condamné. Il décède en 1940, trois ans après que les nazis aient présenté 17 de ses œuvres dans l’exposition “L’Art dégénéré” à Munich.

Quelques œuvres clés

Ein Haus (Maison, 1915)
KLEE Paul, Ein Haus (1915) © Centre Pompidou

Après son voyage en Tunisie, l’artiste se sent véritablement peintre et l’année 1915 est marquée par une production importante d’aquarelles. Il n’a pas encore rejoint l’armée allemande. Paul Klee se sent possédé par la couleur, et traduit le paysage avec des qualités certaines d’abstraction bien qu’il demeure attaché à la représentation du réel. Dans cette aquarelle, on distingue aisément la silhouette d’une maison mais elle se dissout dans des carrés de couleurs chaudes et froides.

Eros (1923)
KLEE Paul, Eros (1923) © paul-klee.org

Les signes sont à l’œuvre dans le langage pictural de Paul Klee. Bien qu’il soit défini comme un abstrait, le peintre fait apparaître dans ses œuvres des signes et des symboles très identifiables, comme des flèches, des étoiles. L’artiste les utilise de manière dynamique, et chaque forme géométrique a selon lui une fonction. Les signes ont pour but de manifester une tension entre l’abstraction et la manifestation du monde. Pour Klee, le dessin et la peinture entretiennent une grande proximité avec l’écriture.

Polyphonie, structure en échiquier (1932)
KLEE Paul, Polyphonie (1932) © DR

Témoignage de l’importance de la musique dans la vie et l’œuvre de Paul Klee, le mot polyphonie a été choisi par l’artiste pour intituler un certain nombre d’œuvres représentant des agencements ordonnés de couleurs, sous forme de grilles. Ce sont des structures harmoniques, aux contours mouvants. Klee a affirmé que c’est la couleur qui a fait de lui un peintre, et l’on sent également l’influence qu’a pu avoir sur lui les courants modernes abstraits, en particulier l’œuvre de Vassily Kandinsky et de Robert Delaunay.”


KLEE, Sinbad le marin (1928) © paul-klee.org

Il s’endormit dans son fauteuil. Il rêva d’un marin sur un bateau. Mais le navire restait immobile. Il ne se déplaçait pas. Le marin cramponnait un harpon rouge. Il n’avait pas d’yeux. Il portait un casque avec une drôle d’antenne sur le dessus, comme les feuilles d’une fleur rouillée. Le poisson qu’il attaquait avait des bouches orange et des taches de couleur, comme une courtepointe. […] Isaac était devenu un génie dans son sommeil, il arrivait à faire resurgir des images, à rêver de peintures sur le mur, d’un chef-d’œuvre. Ah, si seulement les gens pouvaient mourir avec une telle perfection !” Fidèle à sa saga new-yorkaise, Jerome Charyn lance son héros favori, Isaac Sigel, à la recherche d’une nymphette mystérieusement disparue. Mais cette fois, la peinture de Paul Klee fait irruption dans l’intrigue politico-policière… [BABELIO.COM]


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