ATWOOD : textes

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[ISBN : 2-221-20332-1]

Margaret Eleanor « Peggy » ATWOOD est née le 18 novembre 1939 à Ottawa, Ontario (CA). Femme d’engagement, elle est non seulement une romancière canadienne majeure mais également une poétesse et critique littéraire respectée. The Handmaid’s Tale (La servante écarlate, Pavillons, 1987, pour l’édition française) est un roman dystopique (c’est à dire, racontant une utopie négative) paru en 1985. De longues années après une adaptation peu exaltante de Volker Schlöndorff (1990), le roman a servi de base à une série américaine du même nom, commencée en 2017 (bande-annonce).

Quand elle [la mère de la narratrice] disait cela, elle pointait le menton en avant. Je me souviens d’elle ainsi, le menton en avant, un verre posé devant elle sur la table de la cuisine ; non pas jeune et décidée, comme elle l’était dans le film, mais sèche, irascible, le genre de vieille femme qui ne laisse personne lui carotter sa place dans la file d’attente au supermarché. Elle aimait venir chez moi et prendre un verre pendant que Luke et moi préparions le dîner, et nous dire ce qui n’allait pas dans sa vie, qui glissait invariablement vers ce qui n’allait pas dans la nôtre. Elle avait alors les cheveux gris, bien sûr. Elle refusait de les teindre. Pourquoi faire semblant ? disait-elle. De toute façon, à quoi bon, je ne veux pas d’un homme chez moi, à quoi servent-ils en dehors des dix secondes qu’il faut pour faire la moitié d’un bébé ? Un homme, c’est juste une stratégie de femme pour fabriquer d’autres femmes. Ce n’est pas que ton père n’ait pas été un type gentil, et tout, mais il n’était pas fait pour la paternité. D’ailleurs je ne me faisais pas d’illusions là-dessus. Fais juste le boulot, et puis tu peux te tirer, j’ai dit, je gagne correctement ma vie, je peux payer la garderie. Alors il est parti sur la Côte, et il envoyait une carte à Noël. Il avait de beaux yeux bleus, pourtant ; mais il leur manque quelque chose, même aux gars bien. C’est comme s’ils étaient constamment distraits, comme s’ils n’arrivaient pas tout à fait à se rappeler qui ils sont. Ils regardent trop le ciel. Ils perdent le contact avec leurs pieds. Ils n’arrivent pas à la cheville des femmes, sauf qu’ils savent mieux réparer les voitures et jouer au football, tout ce qu’il nous faut pour améliorer la race humaine, pas vrai ?

ATWOOD M., La servante écarlate (Paris, Pavillons, 1987)

En savoir plus sur ce que TELERAMA.FR dit de Margaret ATWOOD, “une romancière extra-lucide” 


Une tunique rouge – A Ruth

Ma sœur et moi, nous cousons
une tunique pour ma fille.
Elle pique, je fait l’ourlet, nous cousons.
Les ciseaux vont et viennent sur la table.

Les enfants ne doivent pas porter du rouge,
c’est un homme qui me l’a dit, un jour.
Les jeunes filles ne portent pas de rouge.

Dans certains pays, c’est la couleur
de la mort ; dans d’autres, c’est la passion,
ou encore la guerre, ou encore la colère,
ou encore le sacrifice

et le sang répandu. Une jeune fille, ça doit être
un voile, une ombre blanche, pas de sang,
comme la lune sur l’eau ; pas de
danger ; elle doit

rester silencieuse et ne pas porter
de souliers rouges, de bas rouges, ni danser.
Danser avec de souliers rouges peut être mortel.

A Red Shirt – for Ruth (1978, traduction : Patrick Thonart)


Plus de citations…

MAETERLINCK : textes

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https://fineartamerica.com/featured/3-maurice-maeterlinck-granger.html
Maurice MAETERLINCK (c) Granger

Alain CORBIN cite le Belge Maurice Maeterlinck (1862-1949, prix Nobel de Littérature en 1911) dans son Histoire du silence (Paris, Albin Michel, 2016) :

Nous ne pouvons nous faire une idée exacte de celui qui ne s’est jamais tu. On dirait que son âme n’a pas eu de visage.

Plus de citations…

 

BLOCH : textes

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Délibérément – Lisez Mein Kampf et les conversations avec Rauschning – l’hitlérisme refuse à ses foules tout accès au vrai. Il remplace la persuasion par la suggestion émotive […]. Pour nous, il nous faut choisir : ou faire, à notre tour, de notre peuple un clavier qui vibre, aveuglément, au magnétisme de quelques chefs (mais lesquels ? ceux de l’heure présente manquent d’ondes) ; ou le former à être le collaborateur conscient des représentants qu’il s’est lui-même donnés. Dans le stade actuel de nos civilisations, ce dilemme ne souffre plus de moyen terme… La masse n’obéit plus. Elle suit, parce qu’on l’a mise en transe, ou parce qu’elle sait.

BLOCH Marc, L’étrange défaite (1940)

Je suis Juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave. Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite. Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de “métèque”. Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat, en 1793 ; que mon père en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIème Reich ; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs ; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’y suis né, j’ ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux.

BLOCH Marc, L’étrange défaite (1940)

Marc BLOCH (1886-1944) était un historien français. Exclu de la fonction publique par le gouvernement de Vichy, il entre dans la clandestinité en 1942 ; il a été capturé, torturé puis fusillé avec 29 autres résistants à la prison de Montluc (Lyon, FR), le 16 juin 1944.

Plus sur FRANCECULTURE.FR (3 août 2017)…

Relisez plus de contrats sociaux…

BLIXEN : textes

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BLIXEN Karen, alias Isak Dinesen (1885-1962), dans Les rêveurs (in Sept contes gothiques, 1934) :

Lorsqu’on plante un caféier, si l’on replie la racine pivotante, l’arbre ne tardera pas à lancer en surface une multitude de petites racines délicates. Il ne se développera pas bien, ne portera jamais de fruits, mais fleurira plus abondamment que les autres. Ces fines racines sont les rêves de l’arbre. Quand il les lance, il ne pense plus à sa racine pivotante qu’on a tordue. Ce sont elles qui le maintiennent en vie.

Ce que commente finement Geneviève BRISAC dans sa préface des Contes (Paris, Gallimard | Quarto, 2007) :

“[Karen Blixen] aurait eu beaucoup à nous dire sur ce que nous appelons “autofiction” et sur les rapports tellement dangereux et complexes que les histoires que nous nous racontons entretiennent avec notre vie. Elle avait commencé par confondre les histoires et la vie, par orgueil, pensait-elle : l’orgueil, c’est la foi en l’idée que Dieu eut quand il nous fit. Un homme orgueilleux est conscient de cette idée et aspire à la réaliser. Il y a péché à rendre vraie une histoire, à intervenir dans sa vie suivant un modèle préconçu au lieu d’attendre patiemment l’émergence de l’histoire, au lieu de la bégayer en imagination – ce qui est différent de créer une fiction. Il y a péril à essayer de vivre à sa hauteur…”

N.B. “Une racine pivotante est un type racinaire caractérisé par la présence d’une racine principale d’où émergent des racines latérales secondaires. Cette racine pivot se développe à partir de la radicule de la plantule et, généralement, s’enfonce à la verticale pour ancrer fermement la plante dans le sol.” (plus d’infos sur FUTURA-SCIENCES.COM)

Pour en citer d’autres…

FOIX : textes

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Il était poète, ami de Dalí, Miró, Eluard, traducteur en catalan de Tzara, Soupault, Eluard, Breton : Josep Vicenç Foix i Mas (plus connu sous le nom de J. V. FOIX), à l’heure d’écrire, préférait néanmoins le faire selon l’ancienne tradition : le décasyllabe (italien, catalan) et le sonnet. Si Foix était “ancien” dans la forme, il était très moderne par le sens de ses poèmes, leur vocabulaire et l’approche du monde qu’ils traduisent. “Le poète, doit être tout entier tourné vers les autres, sans rien attendre en retour et s’il était assez courageux, si la satisfaction bourgeoise qui contamine toute classe de son extrême vanité ne lui avait transmis certain virus, il ne signerait pas ses oeuvres”. Foix les signait…

Né à Sarrià en 1893 et mort à Barcelone en 1987), Foix est catalan et partage son temps entre l’écriture et la pâtisserie fine (on peut toujours se rendre à la vieille ville de Sarrià, aujourd’hui un quartier très chic de Barcelone, et entrer dans la fameuse pâtisserie Foix fondée par sa famille). Foix appartenait à une génération, celle née entre la fin du XIXème et les premières années du vingtième siècle, qui se “délectait de Byron et lisait avec plaisir Baudelaire”.

Sportif (joueur de tennis et membre de l’Aéroclub de Catalogne), il conciliait une grande attention pour la modernité poétique et un goût non dissimulé pour la tradition classique catalane du XVème siècle (surtout Ausias March) et ses troubadours. On pourrait résumer sa vie et son oeuvre poétique en citant son vers le plus fameux “le nouveau m’exalte, et je suis amoureux de l’ancien” (Sol, i de dol).

Foix cherchait la façon d’accorder Raison et Folie et il écrivait en 1953  : “C’est quand je dors que j’y vois clair…“.

Camarade surréaliste, choisis ton camp !

Sonnet XVIII (in Sol, i de dol, 1936 ; extrait cité par Jaume Cabré dans Confiteor, 2011) :

C’est par l’Esprit que Nature s’ouvre à mon œil gourmand ;
par lui je me sais immortel, car je l’ordonne,
et en deçà du mal et au-delà,
le temps est un et par mon ordre perdure
[…] et dans les siècles je me meus,
lent comme le galet devant la mer obscure.

Sonnet (traduit du catalan par Montserrat Prudon et Pierre Lartigue, in Poésie. Prose, recueil posthume, Cognac, Le temps qu’il fait, 1987) :

Oh puissais-je accorder la Raison, la Folie,
Qu’un clair matin, non loin de la mer claire,
Cet esprit mien, de plaisir trop avare,
Me fasse l’Éternel présent. Et par la fantaisie

– Qui le coeur embrase et détourne l’ennui –
Que les mots, les sons, les timbres, quelquefois
Perpétuent l’aujourd’hui, et que l’ombre rare
Qui me contrefait au mur, me soit sage et guide

En mon errance parmi tamaris et dalles ;
– Oh douceurs dans la bouche ! les douces pensées ! –
Qu’elles fassent vrai l’Abscons, qu’à l’abri de calanques,

Les images du songe par les yeux éveillés,
Vivent ; que le Temps ne soit plus ; mais l’espérance
En d’Immortels Absents, la lumière et la danse !

 

LISPECTOR : textes

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Clarice LISPECTOR Clarice (1920-1977) dans Le bâtisseur de ruines (1970 pour la version française de A maçã no escuro, 1961)

Quand un homme se respecte, il est enfin créé à sa propre image.

 

Nous avons été donnés à nous-mêmes comme échantillon de ce dont le monde est capable.

 

En citer plus…

GIDE : textes

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André GIDE (1869-1951) dans Les nouvelles nourritures (Paris, Gallimard, 1935) :

Camarade, ne crois à rien, n’accepte rien sans preuve. N’a jamais rien prouvé le sang des martyrs. Il n’est pas de religion si folle qui n’ait eu les siens et qui n’ait suscité des convictions ardentes. C’est au nom de la foi que l’on tue. L’appétit de savoir naît du doute. Cesse de croire et instruis toi. L’on ne cherche jamais d’imposer qu’à défaut de preuves. Ne t’en laisse pas accroire. Ne te laisse pas imposer.

Savoir-citer encore…

KIPLING : textes

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KIPLING, Joseph Rudyard (1865-1936), Prix Nobel de littérature en 1907.

IF you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream – and not make dreams your master;
If you can think – and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build ’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: ‘Hold on!’

If you can talk with crowds and keep your virtue,
‘ Or walk with Kings – nor lose the common touch,
if neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds’ worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And – which is more – you’ll be a Man, my son!

If- (1895, in Rewards and Fairies, 1910)

SI tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et, sans dire un seul mot te remettre à rebâtir
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter les sots
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot,
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous les amis en frères
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître
Penser, sans n’être qu’un penseur,
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres la perdront,
Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire,
Tu seras un homme, mon fils.

Traduction : André MAUROIS

SPINOZA : textes

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Determinatio est negatio.

Ethique (1677)

L’expérience m’avait appris que toutes les occurrences les plus fréquentes de la vie ordinaire sont vaines et futiles ; je voyais qu’aucune des choses, qui étaient pour moi cause ou objet de crainte, ne contient rien en soi de bon ni de mauvais, si ce n’est à proportion du mouvement qu’elle excite dans l’âme : je résolus enfin de chercher s’il existait quelque objet qui fût un bien véritable, capable de se communiquer, et par quoi l’âme, renonçant à tout autre, pût être affectée uniquement, un bien dont la découverte et la possession eussent pour fruit une éternité de joie continue et souveraine.

Traité de la réforme de l’entendement (1677)

Citez-en d’autres :

ECO : textes

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De Hercule à Siegfried, de Roland à Pantagruel en passant par Peter Pan, le héros doué de pouvoirs supérieurs à ceux du commun des mortels est une constante de l’imagination populaire. Souvent, la vertu du héros s’humanise, et ses pouvoirs ultra-surnaturels ne sont que la réalisation parfaitement aboutie d’un pouvoir naturel, la ruse, la rapidité, l’habileté guerrière, voire l’intelligence syllogistique et le sens de l’observation à l’état pur que l’on retrouve chez Sherlock Holmes. Mais dans une société particulièrement nivelée, où les troubles psychologiques, les frustrations, les complexes d’infériorité sont à l’ordre du jour, dans une société industrielle où l’homme devient un numéro à l’intérieur d’une organisation qui décide pour lui, où la force individuelle, quand elle ne s’exerce pas au sein d’une activité sportive, est humiliée face à la force de la machine qui agit pour l’homme et va jusqu’à déterminer ses mouvements, dans une telle société, le héros positif doit incarner, au-delà du concevable, les exigences de puissance que le citoyen commun nourrit sans pouvoir les satisfaire…

… Un homme “hétérodirigé” est quelqu’un qui vit au sein d’une communauté à niveau technologique élevé, dotée d’une structure socio-économique particulière (en ce cas, une économie de consommation), auquel on suggère constamment (par la publicité, la télévision, les campagnes de persuasion qui envahissent chaque aspect de la vie quotidienne) ce qu’il doit désirer et comment l’obtenir selon certains canaux préfabriqués qui lui évitent d’avoir à faire des projets de manière risquée et responsable. Dans une société de ce genre, même le choix idéologique est “imposé” par une gestion avisée des possibilités émotives de l’électeur, au lieu d’être un engagement à la réflexion et à l’évaluation rationnelle. Un slogan du type “I like Ike” révèle au fond toute une manière de procéder : en effet, on ne dit pas à l’électeur “Tu dois voter pour tel candidat pour les raisons suivantes que nous soumettons à ta réflexion” […] ; ici, on dit à l’électeur : “Tu dois avoir envie de cela”. Donc, on ne l’invite pas à un projet, on lui suggère de désirer quelque chose que d’autres ont déjà projeté.

Aujourd’hui, le nouveau héros des programmes télévisés n’est plus, comme à l’époque où j’écrivais “La phénoménologie de Mike Buongiorno”, l’homme commun. C’est celui que le roman-feuilleton plaçait en dessous du lecteur, j’ai nommé l’idiot du village.
L’idiot du village se situe au-dessous de la moyenne. On l’invite aux talk shows ou aux émissions de jeux justement parce que c’est un idiot. On se souvient qu’autrefois dans les villages, le soir à l’auberge, on offrait à boire à l’idiot du village afin qu’il s’enivre et finisse par faire des choses inconvenantes et obscènes, déclenchant l’hilarité générale. Mais alors, l’idiot comprenait obscurément qu’on le traitait comme tel, et acceptait le jeu car c’était une façon de se faire payer un coup et de s’exhiber devant tout le monde.
L’idiot du village des programmes télé actuels n’est pas un sous-développé. Ce peut être un esprit bizarre (par exemple l’inventeur d’un nouveau système de mouvement perpétuel, ou le découvreur de l’Arche perdue, le genre de type qui pendant des années a frappé en vain aux portes de tous les journaux ou de tous les bureaux de brevets d’invention, et a enfin trouvé quelqu’un pour le prendre au sérieux) ; ce peut être aussi un intellectuel qui a compris que, au lieu de se fatiguer à écrire un chef-d’oeuvre, il était possible d’avoir du succès en baissant son pantalon à la télé et en montrant son postérieur, en lançant des insanités lors d ‘un débat culturel, ou carrément en agressant à coups de gifles son interlocuteur.
Aujourd’hui, la dynamique de l’audimat fait que, à peine paru à l’écran, un idiot du village, sans cesser d’être idiot, devient un idiot célèbre dont la gloire se mesure en engagements publicitaires, en invitations à des congrès ou à des fêtes, voire en des offres de prestations sexuelles (mais Victor Hugo ne nous a-t-il pas enseigné qu’une belle femme peut raffoler de l’Homme qui rit ?).

extraits de De Superman au surhomme (Grasset, Paris, 1993)

Citez-en d’autres :

NIETZSCHE : textes

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Ma formule pour la grandeur de l’homme est amor fati : que l’on ne veuille rien avoir différemment, ni par le passé, ni par le futur, de toute éternité. Il ne faut pas seulement supporter le nécessaire, encore moins se le cacher – tout idéalisme est mensonge face à la nécessité –, il faut aussi l’aimer…

Ecce Homo, Pourquoi je suis si intelligent, §10, 1908

Citez-en d’autres :

MURAKAMI : textes

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Haruki MURAKAMI (né en 1949)

Des hommes sans femmes
(in Des hommes sans femmes, nouvelles, 2017, extr.)

Il est très facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d’aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite. En général (comme vous le savez), elles auront astucieusement été emmenées par de robustes marins. Ils les auront enjôlées avec de belles paroles et entraînées en un tournemain jusqu’à Marseille ou jusqu’en Côte d’Ivoire. Nous ne pouvons presque rien faire face à cela. Il arrive aussi que les marins n’y soient pour rien, et qu’elles se suppriment volontairement. Face à cela aussi, nous sommes impuissants. Et les marins également.

D’une manière ou d’une autre, nous voilà devenus des hommes sans femmes. En l’espace d’un instant. Et dès que vous êtes un homme sans femmes, les couleurs de la solitude vous pénètrent le corps. Comme du vin rouge renversé sur un tapis aux teintes claires. Si compétent que vous soyez en travaux ménagers, vous aurez un mal fou à enlever cette tache. Elle finira peut-être par pâlir avec le temps, mais au bout du compte elle demeurera là pour toujours, jusqu’à votre dernier souffle. Elle possède une véritable qualification en tant que tache, et, à ce titre, elle a parfois officiellement voix au chapitre. Il ne vous reste plus qu’à passer votre vie en compagnie de ce léger changement de couleur et de ses contours flous.


Citez-en d’autres :

EHRMANN : textes

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EHRMANN, Max (1912-1945)
Calligraphie de Desiderata
Calligraphie de Desiderata

Une légende urbaine veut que ce texte ait été trouvé dans l’église Saint-Paul de Baltimore, USA, il y a plus de deux siècles. Il aurait été laissé dans cette église en 1692 par un auteur inconnu. La vérité est ailleurs : le véritable auteur s’appelle Max Ehrmann (1872-1945). Il l’a écrit en 1927 (publication en 1948 dans une collection intitulée Les poèmes de Max Ehrmann, page 165). La légende vient du fait que le recteur de St Paul a repris ce texte sur un flyer portant l’en-tête de son église et sa date de fondation, à savoir 1692, date qui fut ensuite confondue avec celle du poème.

Desiderata (1927, alias “Le manuscrit de Baltimore”)

Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toute personne.
Dites doucement et clairement votre vérité.
Écoutez les autres, même le simple d’esprit et l’ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire.
Evitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l’esprit.
Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grand et plus petit que vous.
Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressé à votre carrière, si modeste soit-elle ; c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.
Soyez prudent dans vos affaires, car le monde est plein de fourberies.
Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d’héroïsme.
Soyez vous-même. Surtout n’affectez pas l’amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l’herbe.
Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse.
Fortifiez une puissance d’esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l’univers ; pas moins que les arbres et les étoiles, vous avez le droit d’être ici. Et qu’il vous soit clair ou non, l’univers se déroule sans doute comme il le devrait.
Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui. Et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.
Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau.
Prenez attention. Tâchez d’être heureux.

Citez-en d’autres :

MONTAIGNE : textes

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Michel EYQUEM, seigneur de Montaigne dit MONTAIGNE (1533-1592)

Essais, III, 13, De l’expérience​

​Notre grand et glorieux chef-d’oeuvre, c’est vivre à propos.

Les Essais en français moderne (Quarto)

Essais, III, 8, Sur l’art de la conversation

Nous n’aimons pas la rectification​ [de nos opinions] ; il faudrait [au contraire] s’y prêter et s’y offrir, notamment quand elle vient sous forme de conversation, non de leçon magistrale. A chaque opposition, on ne regarde pas si elle est juste​, mais, à tort ou à raison, comment on s’en débarrassera. Au lieu de lui tendre les bras, nous lui tendons les griffes. Je supporterais d’être rudoyé par mes amis : “Tu es un sot, tu rêves”. J’aime qu’entre hommes de bonne compagnie on s’exprime à cœur ouvert, que les mots aillent où va la pensée. Il faut fortifier notre ouïe et la durcir contre cette mollesse du son conventionnel des paroles. J’aime une société et une familiarité forte et virile et une amitié qui trouve son plaisir dans la rudesse et la vigueur de son commerce, comme l’amour le fait dans les morsures et les égratignures sanglantes.


Citez-en d’autres :

APOLLINAIRE : textes

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Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918)

Lettre à Lou (1915)

[…] Lou, encore une fois je veux que tu ne te fasse pas menotte trop souvent. Je vais être jaloux de ton doigt. Je veux que tu me dises quand tu t’ais (sic) fait menotte et que tu résistes un peu. Je serai obligé de te corriger. Tu ne fais aucun effort de ce côté. Tu es merveilleusement jolie ; je ne veux pas que tu te fanes en t’épuisant par les plaisirs solitaires. Je veux te revoir épatamment fraîche, sans quoi tu recevras des claques comme un écolier qui s’est branlé au lieu d’apprendre ses leçons. Quand on était au collège on faisait un trou à sa poche droite, on passait la main et on faisait ça pendant toute l’étude. Yeux cernés. Mais je ne veux pas qu’une grande fille comme toi qui a un cul superbe et a déjà fait cornard son mari, se branle comme un petit garçon pas sage. Si tu fais ainsi, c’est le fouet que tu auras, ma gosse, le fouet pour te mater. Tu auras beau faire métalliser ton derrière, je te fesserai jusqu’au sang, de manière que tu ne puisses plus t’asseoir. Tu cul payera pour ton petit con, ma chérie. Je te désire éperdument. Je n’en puis plus. Je ne sais si on me donnera une permission pour Nice avant longtemps. Il me tarde que tu sois là. Si tu savais comme j’ai envie de faire l’amour, c’est inimaginable. C’est à chaque instant la tentation de saint Antoine, tes totos chéris, ton cul splendide, tes poils, ton trou de balle, l’intérieur si animé, si doux et si serré de ta petite sœur, je passe mon temps à penser à ça, à ta bouche, à tes narines. C’est un véritable supplice. C’est extraordinaire, ce que je peux te désirer. Tu m’as fait oublier mes anciennes maîtresses à un point inimaginable. Pourtant elles étaient jolies. Je ne les vois plus que comme de la m..de. L’Anglaise qui était épatante, blonde comme la lune, des tétons épatants, gros et fermes et droits, qui bandaient dès qu’on les touchait et la mettaient de suite en chaleur, un cul mirobolant énorme et une taille mince à ravir. Elle n’est plus rien. Marie L. ravissamment faite, un des plus gros derrières du monde et que je transperçais avec un âcre plaisir. Elle n’est pas plus que du crottin. Toi seule, mon Lou adoré, ma chère captive, ma chère fouettée, toi seule existes. Mon Lou je me souviens de notre 69 épatant à Grasse.

Quand on se reverra on recommencera. Si ça continue, je me demande si je ne serai pas obligé de me faire menotte moi aussi en ton honneur. C’est tout de même malheureux d’être privé de toi. Le désir au fur et à mesure qu’il s’accroît devient un supplice. Je te couvre de baisers partout, tes chers pieds que j’aime tant je leur fais petit salé, entre chaque doigt, je remonte le long du mollet que je mordille, tes belles cuisses, je m’arrête au centre et parcours longtemps de la langue la cloison qui sépare tes deux trous adorés. Je les adore toutes, les neufs portes sacrées de ton corps, la vagin royal où bouillonne la cyprine voluptueuse que tu me prodigues ô chéri et d’où s’épanche l’or en fusion de ton pipi mignon, l’anus plissé et jaune comme un Chinois où pénétrant je t’ai fait crier de douleur âcre, la bouche adorable où ta salive a le goût des fruits que j’aime le mieux, les deux narines où j’ai mis ma langue et qui ont une saveur salée délicieusement délicate et ces deux oreilles si chaudes, si nerveuses. Les neuf portes de ton corps sont les entrées merveilleuses du plus beau, du plus noble palais du monde. Que je l’aime ma chérie. J’oubliais tes deux yeux chauds et salés comme la mer et plus profonde que ses gouffres. Neuf portes, ô mes neuf muses, quand vous entrouvrirai-je encore ? Ma chérie, ma chérie, tu ne peux pas imaginer à quel point je te voudrais. Dis-moi quels sont ces amis à toi qui sont maintenant à Nice. Lou, je ne veux pas que tu t’ennuies, amuse-toi je ne veux pas que tu t’embêtes, mais je ne veux pas non plus que tu ailles plus loin que tu ne dois, et ça tu le sais toi-même. Mais Lou pas trop de menotte. Écris, fais quelque chose. Je t’embrasse, je t’aime, je t’adore, je te suce, je te baise, je t’encule, je te lèche, je te fais feuille de rose, boule de neige, tout tout tout absolument tout mon adorée, je te prends toute. Ton Gui.


Mon ptit Lou adoré
Je voudrais mourir un jour que tu m’aimes
Je voudrais être beau pour que tu m’aimes
Je voudrais être fort pour que tu m’aimes
Je voudrais être jeune jeune pour que tu m’aimes
Je voudrais que la guerre recommençât pour que tu m’aimes
Je voudrais te prendre pour que tu m’aimes
Je voudrais te fesser pour que tu m’aimes
Je voudrais te faire mal pour que tu m’aimes
Je voudrais que nous soyons seuls dans une chambre d’hôtel à Grasse pour que tu m’aimes
Je voudrais que nous soyons seuls dans mon petit bureau près de la terrasse couchés sur le lit de fumerie pour que tu m’aimes
Je voudrais que tu sois ma sœur pour t’aimer incestueusement
Je voudrais que tu eusses été ma cousine pour qu’on se soit aimés très jeunes
Je voudrais que tu sois mon cheval pour te chevaucher longtemps longtemps

Je voudrais que tu sois mon cœur pour te sentir toujours en moi
Je voudrais que tu sois le paradis ou l’enfer selon le lieu où j’aille
Je voudrais que tu sois un petit garçon pour être ton précepteur
Je voudrais que tu sois la nuit pour nous aimer dans les ténèbres
Je voudrais que tu sois ma vie pour être par toi seule
Je voudrais que tu sois un obus boche pour me tuer d’un soudain amour.

Poèmes à Lou (1947)


Citez-en d’autres :

STEGNER : textes

Temps de lecture : 2 minutes >

STEGNER, Wallace (1909-1993)

Vue cavalière (The Spectator Bird, 1976, extr.)

La représentation la plus exacte que je connaisse de la vie est proposée par Bede le Vénérable : c’est cet oiseau qui entre dans le hall éclairé, y volette quelques instants, puis ressort dans la nuit. Mais Ruth [l’épouse du narrateur] ​est dans le vrai. Ce n’est pas rien -et cela peut être tout- que de s’être trouvé un compagnon oiseau avec qui se reposer sous les combles pendant qu’au dessous libations, rodomontades, déclamations et échauffourées vont bon train ; un congénère dont on prenne soin, auquel on aille chercher des graines et des vermisseaux ; un congénère qui soignera vos bobos, lissera vos plumes ébouriffées et pleurera sur vos plaies et vos bosses quand vous volerez par accident dans quelque chose qui vous dépasse.

[…] Il y a en nous une part de sensibilité qui ne prend pas une ride. Si nous pouvions desquamer la peau de sa corne protectrice, et que nous en ayons le désir, apparaîtrait alors un être sur lequel le temps n’a fait que glisser, lisse comme au premier jour, vulnérable, tantôt chagrin, tantôt folâtre, et insoucieux des conséquences-tout un jeu d’émotions aussi incontrôlables que les érections de l’adolescence.
C’est cette créature toute d’émotivité que Ruth essaie sans trop y croire de mettre à nu chez moi. M’amener à reconnaître des aspirations et des peurs, quand bien même elle s’en trouverait menacée, l’autoriserait à me pardonner et à avoir pitié de moi; or, comme elle a du mal à me faire recevoir sans broncher ses marques d’affection, pardon et pitié ne sont pas de peu d’importance.
Si elle parvient à réussir cette modeste tâche, après avoir été incapable au bout de tant d’années de me façonner à son idée, elle pourra se consacrer généreusement à ma personne sans craindre d’être en train de déverser du sable dans un trou à rat.
M’amener à lui déballer tout ce qui est enfui lui permettrait d’avoir barre sur moi aussi sûrement que si elle avait amassé mes rognures d’ongles et autres boucles de cheveux.
Suis-je injuste ? Assurément. Tout en me protégeant contre les circonstances, ou contre moi-même, je feins de me garder d’elle.

Citez-en d’autres :

RONSARD : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Pierre de RONSARD (1524-1585)

Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie
Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie!
Hé! Bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle!
Bonjour ma douce rebelle.

Hé, faudra-t-il que quelqu’un me reproche,
Que j’ai vers toi le cœur plus dur que roche,
De t’avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi,
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.

[mis en musique par Roland de Lassus en 1564]

Citez-en d’autres :

ARAGON : textes

Temps de lecture : 2 minutes >
Elsa TRIOLET et Louis ARAGON
Les mains d’Elsa

(in Le fou d’Elsa, 1963)

Donne moi tes mains pour l’inquiétude
Donne moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d’émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi ce profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras tu jamais ce que les doigts pensent
D’une proie entre eux un instant tenue
Sauras tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d’inconnu
Donne moi tes mains que mon coeur s’y forme
S’y taise le monde un moment
Donne moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement

Les yeux fermés

(in Le fou d’Elsa, 1963, extrait)

Ne ferme pas les yeux Je suis
De ce côté de tes paupières
Je ne puis entrer dans la nuit
Où vont tes regards sans lumière
A quoi souris-tu devant moi
Quelle ombre en toi marche et te touche
Ah j’ai peur de ce que tu vois
Et d’ailleurs que tourne ta bouche
[…]

Citez-en d’autres :

PROUST : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
Proust, Marcel (1871-1922)

Du côté de Guermantes (1920-21)

Nou​s disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance. On tient à sa promenade pour avoir dans un mois le total de bon air nécessaire, on a hésité sur le choix d’un manteau à emporter, du cocher à appeler, on est en fiacre, la journée est tout entière devant vous, courte, parce qu’on veut être rentré à temps pour recevoir une amie; on voudrait qu’il fît aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu d’une impénétrable obscurité, a choisi précisément ce jour-là pour entrer en scène, dans quelques minutes…

Citez-en d’autres :

MAQUET Albert (1922-2009)

Temps de lecture : 2 minutes >

Né en 1922 à Liège. Professeur à l’Université de Liège où il est titulaire de la chaire d’italien. Auteur d’études relatives aux lettres italiennes et françaises (notamment d’un essai sur Albert Camus) et d’articles de critique littéraire dialectale.

Œuvres wallonnes – Poésie
      • Saminne, Liège, L’Horizon nouveau, 1941, 16 p.
      • Djeû d’apèles [Jeu d’appeaux], Liège, L’Horizon nouveau, 1947, 112 p. (avec traduction).
      • A l’ toumêye dès djoûs [Au hasard des jours], dans le collectif Poèmes wallons 1948, Liège, L. Gothier et fils, 1948, pp. 51-53 (avec traduction).
      • Lûre èl sipèheûr [Luire dans le noir] en édition bilingue avec Henri Espieux.
      • Lutz dins l’escur, poèmes provençaux et wallons avec traduction française et un avant-propos de René Nelli, Paris, Pierre Seghers, 1954., 40 p.
      • Come ine blanke arièsse [Comme une arête blanche], Namur, Les Cahiers wallons, 1975, 24 p. (ec traduction).
Œuvres wallonnes – Théâtre
      • L’êrdiè sins solo [L’arc-en-ciel sans soleil], 1 acte (collab. E. Petithan), 1952.
      • Li tèlèfone, 2 tableaux, 1977.

d’après PIRON M., Anthologie de la littérature wallonne (1979)


Lu
(in Djeû d’apèles. Jeux d’appeaux. Poèmes en wallon liégeois avec traduction  française en regard, Ougrée, chez l’auteur, 1947)

​​I m’a trové l’ôte djoû tot seû avou mès ponnes.
I m’a loukî doûcemint èt s’a-st-achou d’lé mi.
Adon n’s-avans foumî tote nosse toûbac’ èssone,
mins nins pus’ onk qui l’ôte nos n’avans måy moti.​​

Poqwè, vî camaråde, èstez-v’ dèdja èvôye ?
Èt mi, poqwè fåt-i qu’ dji v’s-åye lèyî ‘nn’aler ?
Asteûre qui vo-v-rila co ‘ne fèye so tchamp so vôye,
dji n’sé nin çou qui m’ dit qui dj’ vin dè piède mi fré.​

MAQUET A., Djeû d’Apèles

Citez-en d’autres :

REVERDY : textes

Temps de lecture : < 1 minute >
REVERDY, Pierre
REVERDY, Pierre (1889-1960)​​

Tard dans la vie (​1960, paru dans La liberté des mers)​​

Je suis dur
Je suis tendre
Et j’ai perdu mon temps
A rêver sans dormir
A dormir en marchant
Partout où j’ai passé
J’ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d’où ma vie s’égoutte au moindre mouvement


Citez-en d’autres :

Anonyme (à notre connaissance…) : textes

Temps de lecture : < 1 minute >

Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits.


L’armée, c’est le crétinisme de comptoir élevé au rang de discipline olympique.


Gagnez du temps, mangez de l’argent.


Citez-en d’autres :

ARNO : Lettre à Donald Trump (2016)

Temps de lecture : 5 minutes >
HINTJENS, Arnold Charles Ernest alias ​ARNO (né en 1949)
Arno

Monsieur Trump,
Hier sur CNN, tu as catalogué Bruxelles de « hellhole ». À vrai dire, ça m’a fait rire, parce que je n’ai jamais fait l’expérience d’une telle fournaise. Cela fera bientôt 33 ans que j’habite dans « the capital of Europe », et je ne compte pas décamper d’aussitôt. Même un chien enrhumé le sentirait à des kilomètres : Bruxelles, c’est ma ville. Dans ma vie, j’ai habité un peu partout : à Londres, à Amsterdam, à Paris. Et en hiver, je m’exile souvent à la mer pour quelques jours. Mais la ville d’Ostende n’est rien d’autre que la fille de Bruxelles. Difficile donc de dire que je m’éloigne vraiment.
Nous sommes plus d’un million à habiter dans cette ville où l’on rencontre le monde entier et où toutes les nationalités se côtoient et s’entremêlent. Parfois, je rentre chez moi le soir sans me souvenir dans quelle langue s’est déroulée ma dernière conversation. J’étais à New York l’année passée d’ailleurs. En terrasse à la Meat Factory, le menu était bilingue anglais-français : je m’y suis senti comme chez moi.
Je ne pense pas que tu sois passé souvent par Bruxelles. Pour pas mal de Flamands et de Wallons, ça vaut également, en fait : ils pensent qu’ils doivent échanger leurs billets contre une monnaie étrangère quand ils descendent du train à la Gare Centrale. Bruxelles est une ville qui en inspire plus d’un : cela explique aussi pourquoi tant d’artistes atterrissent ici. Lemmy de Mötorhead y a habité. Quand Edith Piaf voulait sortir, elle venait à Bruxelles. Le chanteur de Joy Division y est tombé amoureux. On peut y être connu ou célèbre et pourtant rester anonyme. En tout cas, on m’adresse plus souvent la parole ici qu’à Paris. Il m’est arrivé de voir passer Madonna en vélo Rue Dansaert, et de remarquer David Bowie assis tout seul à une table en terrasse : personne ne le dérangeait. Bryan Ferry donnait ses interviews à l’Archiduc, sans être submergé par les foules. Faut l’essayer ailleurs qu’à Bruxelles, ça. Nous n’avons pas de « Star System » comme le vôtre aux Etats-Unis. Pour beaucoup de jeunes créatifs, Bruxelles est le nouveau Berlin : un lieu où ils peuvent se développer. Cinéma, salles de concert, théâtre, danse… toute la ville est culture.
Autre chose : Bruxelles est une des rares villes au monde où l’on peut consommer de l’alcool dès le petit matin. Pas dans un café, hein : dans une poissonnerie. Quand je sors avec des amis étrangers, ils n’en croient pas leurs yeux : c’est du jamais vu pour eux. Je connais des cafés et des bars dont les propriétaires ont paumé la clé de la porte d’entrée il y a des années. Nous avons notre cul dans une énorme motte de beurre ici, mec.
En même temps, je ne mentirai pas : Bruxelles est probablement la ville la plus laide au monde. C’est un gros bordel, et ça pue la merde. Mais c’est l’odeur d’une bonne merde. Quand j’ai déménagé vers Bruxelles, je me suis souvent réveillé avec un gros mal de tête – et ce n’était pas à cause de l’alcool, parce qu’à l’époque, je ne buvais pas encore. C’était à cause de l’odeur. Bruxelles est une « sale beauté ». Oui, il y a plein de trucs qui ne tournent pas rond ici, chaque grande ville a ses problèmes. Il y a beaucoup de jeunes chômeurs d’origine étrangère, il y a du racisme partout : chez les blancs-bleus belges, mais aussi dans d’autres communautés. Des gros cons, on en trouve partout : aucune communauté ne pourra en revendiquer l’exclusivité. Pour moi, la rue appartient à tous ceux qui ont deux narines, qu’il soit Juif, Arabe, Eskimo ou Africain. Peut-être as-tu peur de tous ces gens, et est-ce pour cela que tu dis que Bruxelles est l’enfer ?
Car en toute franchise : je trouve que toi, tu es un bonhomme dangereux, un psychopathe. Un type qui se met à bander dès qu’on lui accorde un peu d’attention. Quelqu’un qui verrait bien un retour aux années 1930, aussi, une époque à laquelle il y a avait une grosse crise et où tout le monde avait peur. S’est alors profilé un type moustachu en Allemagne, suivi d’un autre avec une moustache plus impressionnante encore, en Russie. Hitler et Stalin : tu les connais, n’est-ce pas ? Ta drôle de chevelure montre selon moi clairement que tu as été taillé dans le même bois.
Les Américains que je connais habitent New York, Los Angeles, Miami et Washington, et ils ne sont pas du tout impressionnés par ton discours. Mais il y a apparemment beaucoup d’Américains assez crédules qui adhèrent à tes propos ultraconservateurs. Quand les choses vont mal et que les gens ne sont pas rassurés, il est beaucoup plus facile de leur faire croire que tout est de la faute de l’autre. L’Histoire se répète, et on sait jamais comment une vache finira par attraper un lièvre. Mais ce que je sais, c’est que beaucoup d’Américains ont assassiné des populations entières de villages vietnamiens, et qu’il y a eu plus d’attentats à Paris qu’à Bruxelles. Et aussi que dans n’importe quelle grande ville américaine, chaque jour, plus de personnes sont tuées que chez nous. Tout ça « grâce » à la loi sur la possession d’armes – soutenue par les Républicains, d’ailleurs. S’il devait y avoir un « hellhole » sur cette Terre, il serait bien là me semble-t-il.
Tout le rapportage sur Bruxelles et Molenbeek dans les médias étrangers est d’ailleurs sérieusement sous influence. Il y a quelques semaines, un journaliste néerlandais est venu faire un reportage dans ma rue. Il disait que tous les magasins ferment leur porte à 18h pour des raisons de sécurité. C’est du bullshit pure souche. À la longue, on a l’impression que nous vivons dans une zone de guerre. C’est mauvais pour les cafés et les restos. Juste après les attentats à Paris, le chiffre d’affaires à Bruxelles a chuté de 85%. Je voulais donner une tournée générale dans un café, mais il n’y avait personne – bizarre. Quand à Bruxelles, il y a un truc qui merde, c’est la faute aux politiques : des gens aux grosses moustaches et aux drôles de chevelures.
Pour le moment, je donne beaucoup d’interviews à l’étranger, et tout le monde me demande quelle est la situation à Molenbeek. Molenbeek est devenue plus célèbre que la Belgique. Et quand je réponds que là aussi, il y a de l’eau qui sort des robinets, oui, on me regarde bizarrement. S’il y a des crapules qui se baladent à Molenbeek, il ne faut pas avoir pitié d’eux, non. Mais 95% de la population est constitué de gens accueillants et propres sur eux-mêmes. On y trouve plein de chouettes coins.
Juste une dernière chose : j’espère que tu sais que Jésus était Bruxellois ? James Ensor en a fait un beau petit tableau : la Joyeuse Entrée du Christ à Bruxelles. On peut l’admirer dans un musée à Los Angeles. Faudrait que t’ailles voir ça.
Salut en de kost,
Arno


Citez-en d’autres…

BECKETT : textes

Temps de lecture : < 1 minute >

My very dear Alan,​​
I know your sorrow and I know that for the likes of us there is no ease to the heart to be had from words or reason and that in the very assurance of sorrow’s fading there is more sorrow.
So I offer you only my deeply affectionate and compassionate thoughts and wish for you only that the strange thing may never fail you, whatever it is, that gives us the strength to live on
and on with our wounds.
Ever,​
Sam

(Paris, 19.11.1963)

You’re on earth. There’s no cure for that.

Citez-en d’autres :

LAWRENCE : textes

Temps de lecture : 3 minutes >

Et il lui sembla qu’elle était comme la mer, toute en sombres vagues s’élevant et se gonflant en une montée puissante jusqu’à ce que, lentement, toute sa masse obscure fût en mouvement et qu’elle devint un océan roulant sa sombre masse muette. Et, tout en bas, au tréfonds d’elle-même, les profondeurs de la mer se séparaient et roulaient de part et d’autre, en longues vagues qui fuyaient au loin, et, toujours, au plus vif d’elle-même, les profondeurs se séparaient et s’en allaient en roulant de chaque côté du centre où le plongeur plongeait doucement, plongeait de plus en plus profond, la touchant de plus en plus bas ; et elle était atteinte de plus en plus profond, de plus en plus profond, et les vagues d’elle-même s’en allaient en roulant vers quelque rivage, la laissant découverte ; et, de plus en plus près, plongeait l’inconnu palpable, et de plus en plus loin roulaient loin d’elle les vagues d’elle-même qui l’abandonnaient, jusqu’à ce que soudain, en une douce et frémissante convulsion, le fluide même de son corps fût touché ; elle se sut touchée ; tout fût consommé ; elle disparut. Elle avait disparu, elle n’était plus, elle était née : une femme.

L’amant de Lady Chatterley (1928)

ISBN 9782070387434

“Le roman le plus connu de D.H. Lawrence. Son succès repose sur l’idée que c’est le chef-d’œuvre de la littérature érotique, l’histoire d’une épouse frustrée, au mari impuissant, et qui trouve l’épanouissement physique dans les bras vigoureux de son garde-chasse. Mais l’importance du livre est dans la peinture d’un choc historique et social qui constitue le monde moderne. Entre la communauté rurale anglaise et le monde industriel, c’est tout le tissu d’un pays qui se déchire. La forêt du roman, où vit Mellors, le garde-chasse, représente le dernier espace de sauvagerie et de liberté ; lady Chatterley l’y retrouve et s’y retrouve, tout en voyant basculer son univers habituel. Ce roman poétique doit être lu comme un mélange de voyage initiatique, de descente aux enfers, comme une grande lamentation sur l’état de l’Angleterre, aux échos bibliques. L’intrigue amoureuse séduit à une première lecture ; mais le roman a une valeur historique et symbolique…” (en savoir plus via GALLIMARD.FR)

ISBN 9782070295968

En 2006, Pascale Ferran (FR) adapte au cinéma une version antérieure du roman (Lady Chatterley et l’homme des bois) dont Jacques MANDELBAUM dira dans LEMONDE.FR (31 octobre 2006) : “La transposition de Pascale Ferran ne tire pas ses qualités du parfum de scandale provoqué, à l’époque, par la charge érotique du roman. Resserré autour de la relation entre les deux amants, le film tient au contraire tout entier dans la manière, admirable, dont est mis en scène leur insensible rapprochement, surmonté le grand écart social, culturel et physique qui fonde la mutuelle attirance de la belle fiévreuse et de la brute suspicieuse. Pour dire le vrai, on aura très rarement vu au cinéma l’amour et le sexe, la réticence et l’abandon, l’attente et la jouissance, le sentiment et la chair aussi bien filmés qu’à travers le lent apprivoisement de cet homme et de cette femme, pour cette raison qu’ils sont manifestement pensés, et donc filmés, ensemble. La beauté primitive et sensuelle qui habite le film, l’attention qu’il porte à la nature et à la matérialité des choses, aux couleurs, aux tons et aux rythmes changeants à travers lesquels se noue et se consomme la rencontre entre ces deux personnages, tout cela contribue à rendre caduques les questions de morale et de pudeur qui se posent ordinairement en la matière…”


Plus d’amour ?

THONART : textes

Temps de lecture : 3 minutes >
Articles publiés
        1. Article-promenade : Wolfgang Amadeus M… (Prologue n° 242, 1991)
        2. L’étrange cas du Docteur Rossini et de Monsieur Gioacchino (Prologue n° 245, 1992)
        3. Pauvre B… (comme Berlioz)(Prologue spécial 25e anniversaire ORW, 1992)
        4. Penderecki : voyage aux frontières de la tradition contemporaine (Prologue n°246, 1992)
        5. Auprès de quelle cour Salman Rushdie pouvait-il déposer les conclusions suivantes, pour que justice soit faite ? (Catalogue de l’expo “Le vent de la Liberté, Welkenraedt, 1994)
        6. WWF : l’acronyme qui ment (blogue de bord wallonica.org, 2014)
        7. Rhapsodie à la courtisane (blogue de bord wallonica.org, 2014)
        8. Encyclopédies et syndrome de la berceuse (blogue de bord wallonica.org, 2015)
        9. Richard GALLIANO au Jazz à Liège (quatremille.be, 2017)
        10. Dee Dee BRIDGEWATER au Jazz à Liège (quatremille.be, 2017)
        11. Festival Home Records à la Cité Miroir (quatremille.be, 2017)
        12. monstre (blogue de bord wallonica.org, 2017)
        13. vanité (article wallonica.org, 2017)
        14. Concert KulturA : Left Lane Cruiser (US) + Renaud Lesire (BE) (quatremille.be, 2017)
        15. Interview exclusive : l’éditeur de wallonica.org nous dit tout… (2019)
        16. Universaux : des mouvements primaires pour mieux lire les rêves ? (wallonica, 2020)
        17. Dieu est mort : c’est vrai, je l’ai vu sur les réseaux sociaux… (wallonica, 2020)
        18. L’existence précède l’essence… et lycée de Versailles (wallonica, 2020)
        19. Développez votre complexité personnelle grâce à wallonica.org (wallonica, 2020)
        20. Doktor Frankenstein et le body-building… (wallonica, 2021)
        21. WAGAMESE : Les étoiles s’éteignent à l’aube (wallonica, 2021)
        22. Culture-HoReCa, même combat : ce que nous en faisons, chez wallonica… (wallonica, 2022)
        23. Suis-je une infox ? (conférence, wallonica, 2022)
        24. Poularde Valentine Thonart : le retour… (chronique, wallonica, 2022)
Contes, dits & fabulettes
        1. La belle histoire de Petite-Fille et du Cœur de Hérisson (2011)
        2. Il était une fois une Méchante Reine… malgré elle (2011)
        3. L’ours, la renarde et le héron (2014)
        4. Le Chêne fait bois amer à celles dont la Mère boit (2014)
        5. Il était plusieurs fois (2014)
        6. Cendrillon et le Diable (2017)
        7. Le doux conte de Jolie-Femme et du Hérisson de cœur (2019)
        8. Souricette et la pétarade à vents (2019)
        9. Tite-Belette et sa pelisse (2019)
Essais & monographies
        1. Tolkien or the Fictitious Compiler (1984)
          1. Acknowledgements
          2. Introduction
          3. Chapter 1 – The Lord of the Rings as more than a Romance
          4. Chapter 2 – The Quest
          5. Chapter 3 – The Sword
          6. Chapter 4 – The Ring
          7. Conclusion
          8. Bibliography & Bibliographical Codes
        2. Être à sa place. Petit guide de survie des vivants dans un monde idéalisé (à paraître)
Paix d’Ours : un recueil de l’attente (poèmes)
        1. Quelque part dans la forêt (2011)
        2. Le matin du Bon Jour (2014)
        3. L’Ours lève la truffe (2014)
        4. L’Ours titube dans la Forêt (2014)
        5. Un jour viendra, couleur d’orange (2014)
        6. A la kermesse des notables (2014)
        7. La larme de l’Ours l’avait trahi (2014)
        8. L’Ours et la Renarde se regardaient (2014)
Autres poèmes & chansons sans musique
        1. L’oeil de l’Homme est dans le lac
        2. Tu as jeté sur moi (2014)
        3. Pleurs (2014)
        4. Bohémien sans répit (2014)
        5. La Lumière est si joyeuse (2014)
        6. Les armoires alignées (2014)
        7. Tu es là, vivante à mon cœur comme l’épousée (2019)
        8. C’est la nuit, c’est le marbre (2019)
        9. Tu es ma rive (2019)
        10. Hier est loin (2019)
Traductions publiées
        1. THYS (dir.) : Le cinéma belge (FLAMMARION, Ludion, La Cinémathèque royale de Belgique, 1999)
        2. van BEURDEN, R. & SHEPARD, S., The Meaning of HACCP in Food Safety Management and the Contribution of Lumac/L’importance des systèmes HACCP dans la gestion de la sécurité alimentaire – La contribution de Lumac (Landgraaf: Perstorp Analytical Lumac, 1995)
        3. JANSSENS L., L’organisation professionnelle des Maîtres-Menuisiers de Bruxelles à travers les âges (catalogue de l’exposition, 1988)
        4. OLIVER M., Jour d’été (poème, wallonica, 2021)
        5. OLIVER M., Printemps (poème, wallonica, 2022)
        6. LEIJNSE E., Laurence Alma Tadema (1865-1940), auteure et rivale de Georgette Leblanc (monographie, FUNDP, 2022).

préparé par Patrick THONART

Illustration de l’article : DOTREMONT C., Par voie d’origine (ca. 1968)


Par où commencer ? Qui ne sait choisir laisse la main au hasard…