DEWISME, Charles-Henri, alias Henri VERNES (1918-2021)

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Charles-Henri DEWISME (dit Henri Vernes) naît à Ath, le 16 octobre 1918. Très vite, ses parents divorcent et le petit Charles Dewisme est élevé par ses grands-parents dans une maison tournaisienne située rue Duwez dans le quartier Saint-Piat. Aujourd’hui une plaque commémorative est visible sur la façade de la maison. Déjà à l’époque celui qui deviendra Henri Vernes avait un goût très prononcé pour les romans d’aventures, comme par exemple les Harry Dickson de son futur ami Jean Ray.

A 19 ans, il interrompt ses études et fait une fugue en Chine… (preuve qu’il avait déjà le goût de l’aventure en lui !) Pendant la guerre, il travaille comme espion pour les services secrets britanniques. Il connait malgré tout beaucoup de monde dans l’autre camp ce qui lui permit de sauver sa peau à quelques reprises. Il aime écrire et collabore avec plusieurs journaux. Il réutilisera certains de ses articles comme source d’inspiration pour ses Bob Morane.

Il écrit un premier livre : “Strangulation”. Il envoie le manuscrit à Stanilas-André Steeman qui dirigeait une collection de romans policiers Le Jury. Mais le roman fut refusé et perdu à jamais. Il paraitrait que Stanilas-André Steeman ne l’aurait pas accepté car le manuscrit avait été envoyé roulé et non à plat. Son second livre, lui, est et bien publié et s’intitule La porte ouverte (La renaissance du livre, 1944). A cette époque, Henri Vernes écrivait encore sous son véritable nom : Charles-Henri Dewisme ! Ce premier livre ne fut malheureusement pas très commercialisé et seulement 700 exemplaires se sont vendus !

Un troisième opus se rajoute à la liste, en 1949 : La belle nuit pour un homme mort, un roman très noir. Parallèlement, il publie des histoires policières dans les journaux. En 1994 parait Le goût du malheur, histoire écrite en 1945 mais jamais publié auparavant.

Henri Vernes & Bob Morane

C’est en 1953 que Henri Vernes crée le personnage de Bob Morane à la demande de J-J. Schellens, l’ancien directeur littéraire des éditions Marabout, qui, pour sa nouvelle collection nommée Marabout-Junior, voulait un auteur pouvant lui créer “un personnage à suite” qui serait en librairie tous les 2 mois (délai convenu entre J-J. Schellens & H. Vernes) de façon à ce que les jeunes lecteurs de cette nouvelle série Marabout puissent acheter leur livre en librairie régulièrement et à date prévue…

Tout au début, C-H. Dewisme dût écrire un livre “test” qui s’intitulait Les conquérants de l’Everest ; test qui s’avéra convaincant puisque C-H. Dewisme fût accepté pour écrire la nouvelle série !

Depuis lors, à l’instar de son héros, c’est son propre nom qui signifie également l’aventure. Il écrit à une cadence encore plus infernale que la fameuse vallée (en allusion à La vallée infernale, le premier roman des aventures de Bob Morane) des histoires d’aventures plus passionnantes les unes que les autres. Ce passionné de l’écriture a vraiment dédié sa vie à son héros qu’il a mis en action dans 215 romans, au côté de son infatigable compagnon Bill Ballantine et en inventant ainsi de nombreux ennemis occasionnels (les coupeurs de têtes, l’homme invisible…) ou réguliers (L’ombre Jaune, Orgonetz, Miss Ylang-Ylang…).

Son imagination très fertile lui a permis de créer de nouveaux pays étrangers, la lutte de Bob contre des dictateurs, des univers parallèles et surtout, surtout LE Bob Morane !

“A l’instar d’un Georges Simenon ou d’un Frédéric Dard, durant des années, Henri Vernes écrit pour Marabout Junior une aventure de Bob Morane tous les deux mois ! (Bob Morane doit son nom à un modèle d’avion de chasse et à celui du guerrier Masaï, qui a tué son premier lion). A ce rythme-là, il n’est pas étonnant d’en arriver au nombre incroyable de plus de 200 romans. Il est normal aussi que son héros soit devenu une vedette incontestée de la BD et des petits et grands écrans. Sans doute le doit-il aussi à ses qualités morales, à son humanisme profond comme à son sens de l’écologie. Mais Bob Morane se bat finalement contre la bêtise des hommes. Il le fait cependant en être responsable : il analyse la situation, ne s’engage qu’après avoir mesuré les risques. De son créateur, il a l’humour, la curiosité, le sens de l’amitié. Henri Vernes a été durant vingt ans l’ami de Jean Ray, dont il a relancé et préfacé les œuvres. Il a connu et connaît également Michel de Ghelderode et Thomas Owen. Son tout premier roman, Strangulation, il l’envoya à Stanislas-André Steeman, à l’époque où celui-ci dirigeait la collection “Le Jury”. N’oublions pas qu’un des premiers titres de Bobo Morane fut, en 1957, Les Chasseurs de dinosaures et que son auteur utilisa la science-fiction, créant La Patrouille du temps en même temps que l’Américain Poul Anderson, dans ce qui reste son thème favori : le voyage dans le temps…” [d’après DECITRE.FR]

Il y a eu un “avant Bob Morane” mais également un “pendant Bob Morane”. Au début de l’aventure moranienne, Charles-Henri Dewisme a également publié quelques titres notamment pour l’Héroïc Album ou encore le journal Tintin. Henri Vernes a ensuite écrit quelques romans pour les éditions Marabout Junior n’ayant aucun rapport avec Bob Morane. Les uns signés de son vrai nom, les autres signés Jaques Seyr. En 1957, il invente un nouvel héros Luc Dassaut qu’il met en scène dans Les rescapés de l’Eldorado et Base clandestine parus chez Hachette. Ce dernier titre deviendra par la suite Des dinosaures pour la comtesse chez Héroïc Album. Henri Vernes reste malgré tout concentré sur son personnage principal : Bob Morane. Mais entre le moment où l’auteur quitte en 1982 les bibliothèques vertes, jusqu’à ce qu’il rejoigne Fleuve Noir en 1988, aucun nouveau Bob Morane ne parait en librairie. L’auteur ne se tourne pourtant pas les pouces : il invente sous un autre pseudonyme (Jacques Colombo) une série érotique, Don. Le personnage éponyme est l’opposé absolu de Bob Morane même si les deux personnages partagent quelques traits physiques. Les valeurs communiquées par Bob Morane ne sont absolument pas celles de Don. Le simple exemple du meurtre le montre déjà : Bob Morane déteste tuer, Don le fait sans scrupule… Mais la principale différence se situe dans le sexe : alors qu’Henri Vernes évite constamment le sujet dans ses précédents romans, il est omniprésent dans Don. C’est pour cela que Charles Dewisme a inventé ce nouveau pseudo de Jacques Colombo : il ne voulait pas que ses jeunes lecteurs découvrent cette série rose écrite de sa plume. En 1986, Jacques Colombo raccroche pour redevenir Henri Vernes en 1988 avec l’excellent L’arbre de la vie. [d’après BOBMORANE.BE]

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