La franc-maçonnerie – 101 questions sans un tabou (Dervy, 2018)

Un jeu conçu, écrit et réalisé par : Yasmine Bonhomme, François Cavaignac et Valeria Cassisa. Ce jeu est constitué de 101 cartes réparties en trois domaines auxquels est associée une couleur pour les différencier :
. rouge pour ce qui se rapporte aux valeurs, à l’institution,
. vert pour ce qui se rapporte à l’histoire,
. bleu pour ce qui se rapporte aux symboles.
Questions rouges (1, niveau débutant)
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- Où peut-on lire l’inscription “Si ta curiosité t’a conbuit ici, va-t’en !” ?
- Un membre d’extrême-droite peut être franc-maçon : vrai ou faux ?
- Qu’est-ce qu’une obédience ?
- Comment se nomme le moment où un candidat est auditionné par une Loge ?
- Qu’est-ce que la capitation ?
- Comment s’appelle le responsable d’une obédience ?
- Qu’est-ce que les agapes ?
- Comment s’appelle le travail présenté en loge par un franc-maçon ?
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Questions rouges (2, niveau intermédiaire)
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- Comment appelle-t~on les textes qui décrivent les cérémonies maçonniques ?
- Que promet de faire l’Apprenti avec “zèle, constance et régularité” ?
- De quelle couleur sont les Loges où se réunissent les Apprentis, les Compagnons et les Maîtres ?
- La franc-maçonnerie et la religion sont incompatibles : vrai ou faux ?
- Que symbolise le compas ? a. L’intégrité ; b. La précision ; c. L’esprit humain ; d. La rationalité ; e. La pureté.
- Lequel de ces termes ne se rapporte pas à l’équerre ? a. La droiture ; b. L’équilibre ; c. L’esprit humain ; d. La matière.
- Comment positionner l’équerre et le compas pour indiquer le degré auquel la Loge est ouverte ?
- En quoi consiste le “tuilage” ?
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Questions rouges (3, niveau avancé)
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- Quelles sont les Trois Grandes Lumières de la franc-maçonnerie ?
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Réponses rouges (1, niveau débutant)
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- Où peut-on lire l’inscription “Si ta curiosité t’a conbuit ici, va-t’en !” ?
C’est parmi les différentes citations qui figurent sur les murs du Cabinet de réflexion que l’on peut lire cette formule. Isolé dans la pénombre de ce petit local, le candidat est incité à descendre en lui-même, à faire le point sur son histoire personnelle et à réfléchir à ses engagements futurs, comme cela lui est demandé à travers le testament philosophique. Cette première étape de la cérémonie d’initiation est inconnue de la maçonnerie anglaise et semble avoir été introduite en France dans les années 1770, sous l’influence du mouvement occultiste. Elle fait correspondre le passage dans le Cabinet de réflexion à l’épreuve de la terre, les trois autres éléments (eau, air, feu) se retrouvant dans la cérémonie d’initiation elle-même.
Le Cabinet de réflexion est la première épreuve rituelle de purification qui engage le processus personnel de questionnement sur soi-même. - Un membre d’extrême-droite peut être franc-maçon : vrai ou faux ?
Faux ! Les valeurs humanistes de tolérance, de respect de l’autre, de solidarité, et l’attachement aux Droits de l’homme prônés par la franc-maçonnerie libérale et adogmatique suffisent à montrer l’incompatibilité entre ces deux options : un membre d’un parti politique d’extrême-droite ne peut en aucun cas être membre de la franc-maçonnerie. Devant la progression des idées populistes, le Grand Orient de France a ajouté, dans le texte du serment prêté par l’Apprenti lors de l’initiation, une disposition rappelant cette contradiction absolue. Toutefois, dans notre monde postmoderne, qui remet en cause beaucoup de certitudes, une certaine porosité est parfois constatée, notamment dans certains milieux occultistes. - Qu’est-ce qu’une obédience ?
Une obédience, c’est un regroupement de Loges qui se sont associées pour bénéficier d’une gestion matérielle commune et d’une pratique homogène des rituels. Peu à peu, les obédiences se sont structurées au point de devenir de puissantes organisations administratives et initiatiques, chacune effectuant, selon sa philosophie institutionnelle et sa dimension historique, une répartition des pouvoirs entre ces deux domaines. Les grandes obédiences, telles que le Grand Orient de France, la Grande Loge de France, la Grande Loge Nationale Française, la Grande Loge Féminine de France, disposent d’un patrimoine immobilier, de moyens d’information (revues, publications, sites internet) et d’accès aux médias. Un “Grand Orient” est une fédération de Loges souveraines pratiquant des rites différents ; une “Grande Loge” est une fédération de Loges pratiquant un même rite, les membres adhérant à l’obédience. - Comment se nomme le moment où un candidat est auditionné par une Loge ?
Dans la procédure de recrutement de la franc-maçonnerie, il s’agit du « passage sous le bandeau ». Cette occasion est particulière, car le candidat, les yeux recouverts d’un bandeau, ne peut voir aucun des membres de la Loge. Il doit répondre alors à une série de questions qui lui sont posées, mais aucune discussion ne doit s’engager entre lui et les interrogateurs. Il s’agit de mieux connaître le candidat et de mieux appréhender ses motivations. On lui demande d’être sincère, d’avoir des intentions pures et de montrer un caractère ferme. Cette étape, qui est une tradition maçonnique intangible, peut surprendre par son caractère secret. Elle permet en fait d’assurer une discrétion totale de part et d’autre : le candidat peut changer d’avis si la démarche l’inquiète et les membres de la Loge sont préservés de toute indiscrétion. Considérée comme une épreuve initiatique, elle constitue pour tout maçon un moment inoubliable et très intime. - Qu’est-ce que la capitation ?
La « capitation » est le nom maçonnique de la contribution financière que chaque membre actif d’une Loge doit verser à l’obédience afin d’assurer son fonctionnement et ses moyens d’action. Le montant en est fixé chaque année par les délégués de toutes les Loges lors de l’assemblée générale appelée Convent. Parallèlement, tout franc-maçon doit participer aux dépenses de fonctionnement courant de sa Loge, notamment les frais immobiliers – liés au statut de locataire ou de propriétaire – et les frais de gestion relatifs à tout regroupement associatif. Cette quote-part pour la Loge est plus couramment appelée
cotisation. Toutefois, dans le langage courant, les deux termes ont tendance à devenir synonymes. - Comment s’appelle le responsable d’une obédience ?
Le Grand Maître. Ce titre honorifique est courant dans de nombreux ordres (religion, chevalerie, décorations), confréries et organisations (jeu d’échecs et arts martiaux). Il est manifestement emprunté au Moyen Âge où il a été attribué pour la première fois au XIIIème siècle à l’ordre des Hospitaliers. Les francs-maçons l’ont perpétué et l’utilisent dans quantité d’obédiences à travers le monde, avec certaines variantes quant aux attributs qualificatifs. Le Grand Orient de France, soucieux de ne pas pérenniser des titres rappelant trop le passé monarchique, l’a remplacé par la formule Président du Conseil de l’Ordre à la fin du XIXème siècle , mais il a fallu le réintroduire au xxème siècle, car l’usage s’était maintenu parmi les frères. En revanche, l’interpellation protocolaire de Sérénissime Grand Maître est désormais supprimée. - Qu’est-ce que les agapes ?
C’est le repas qui suit traditionnellement toute tenue maçonnique. Avant de se séparer, les maçons aiment partager un moment de commensalité et de convivialité entre eux. En Angleterre, les premières Loges de 1717 portaient le nom de la taverne où elles se réunissaient. Dans ses Constitutions (1723), Anderson y fait allusion et recommande aux frères de conserver un comportement digne durant ces moments de détente. En France, la coutume s’est transmise, correspondant largement au tempérament national. L’opinion publique, devant la multitude de restaurants accueillant les agapes maçonniques, a longtemps pensé, aux XVIII et XIXèmes siècles, que la franc-maçonnerie était une société bachique. Ironie de l’histoire : le terme, comme plusieurs autres en franc-maçonnerie, est emprunté au vocabulaire ecclésiastique qui désignait étymologiquement le repas fraternel des premiers chrétiens. - Comment s’appelle le travail présenté en loge par un franc-maçon ?
Une planche. La réflexion spéculative ayant remplacé le travail manuel des maçons opératifs dans la maçonnerie moderne, les maçons sont amenés à s’exprimer par écrit, malgré l’attachement de certains à une forme de tradition orale. Le terme de planche s’est généralisé pour désigner tout écrit maçonnique, qu’il provienne à titre individuel d’un maçon, d’une Loge ou d’une obédience. Ainsi toute présentation en Loge d’un travail est-il une planche. Antérieurement, les formules pièce d’architecture, planche à tracer ou planche tracée étaient utilisées, mais la simplicité et la commodité de la forme planche se sont imposées. La locution morceau d’architecture, considérée comme plus proche du métier d’origine, connaît un regain d’emploi dans plusieurs courants traditionalistes.
- Où peut-on lire l’inscription “Si ta curiosité t’a conbuit ici, va-t’en !” ?
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Réponses rouges (2, niveau intermédiaire)
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- Comment appelle-t~on les textes qui décrivent les cérémonies maçonniques ?
Les rituels. Les cérémonies maçonniques obéissent à des règles qui ont été codifiées au fur et à mesure des évolutions philosophiques des obédiences. Les textes qui reprennent l’ensemble des séquences à mettre en oeuvre sont appelés des rituels. Chaque degré maçonnique a un rituel particulier correspondant aux connaissances symboliques requises par ce degré. Le terme a manifestement été emprunté à l’Église catholique pour qui le rituel est un livre décrivant la liturgie que le prêtre et les fidèles doivent suivre en fonction du calendrier. Le texte considéré comme le premier rituel maçonnique est le Manuscrit d’Édimbourg (1696) qui contient une série de questions/réponses que les frères doivent s’adresser, ainsi que le rite particulier du “mot du maçon.” Le rituel représente la formalisation textuelle du rite, évitant ainsi une déperdition qui peut accompagner souvent la transmission
orale. - Que promet de faire l’Apprenti avec “zèle, constance et régularité” ?
Il promet de travailler ainsi à l’oeuvre de la franc-maçonnerie. Cette affirmation – qui est une ferme résolution puisqu’elle fait partie du serment prêté par l’Apprenti lors de son initiation – rappelle un aspect central de la méthode maçonnique. Par principe, la franc-maçonnerie estime que le travail est l’un des devoirs essentiels de tout homme, qu’il soit manuel ou intellectuel. Ainsi, symboliquement, toute Loge est un chantier en activité et tout maçon un ouvrier. Ce travail, tant sur soi-même que pour s’intégrer dans le groupe, doit être effectué sans relâche, car il s’agit de la recherche du perfectionnement spirituel et moral de l’humanité. Une célèbre formule du rituel rappelle, à la fermeture des travaux, que “de longs et pénibles efforts seront encore nécessaires ; […] L’heure du repos n’est donc
pas arrivée.”
- De quelle couleur sont les Loges où se réunissent les Apprentis, les Compagnons et les Maîtres ?
La maçonnerie symbolique des trois premiers grades est traditionnellement désignée comme la maçonnerie bleue. On se perd en conjectures chez les historiens et symbolistes pour trouver l’origine de cette appellation. Il est d’abord noté que cette expression est essentiellement française et peu répandue dans le monde anglo-saxon, même si elle est reprise aux États-Unis. Il semble que ce soit au milieu du XVIIIème siècle que cette couleur se soit imposée sur les tabliers, empruntée peut-être à certains anciens ordres de chevalerie français et anglais. Une explication plus symbolique est également avancée : le Temple maçonnique devant représenter l’univers, il était alors évident que le bleu ciel de la voûte céleste était la couleur qui se justifiait. Par glissement métonymique, le qualificatif s’est étendu aux trois grades traditionnels.
- La franc-maçonnerie et la religion sont incompatibles : vrai/faux ?
Vrai et faux ! L’histoire montre que la franc-maçonnerie a des racines religieuses incontestables : catholicisme des bâtisseurs médiévaux protestantisme des fondateurs modernes, influence du syncrétisme chrétien issu de la Renaissance et de la tradition Juive. Les Constitutions d’Anderson (1723) demandent toutefois aux maçons de laisser chacun pratiquer librement sa religion, sans en parler en Loge. En 1877, le GODF a supprimé l’obligation de faire référence à une quelconque transcendance en érigeant le principe de la liberté absolue de conscience. L’Église, de son côté, interdit à tout fidèle, sous peine d’excommunication, d’être franc-maçon. Dans les faits, le questionnement du sens de la vie travaillé dans les Loges se rapproche des interrogations religieuses. Malgré les rappels des obédiences expliquant que la franc-maçonnerie n’est pas une religion, de nombreux francs-maçons***
- Que symbolise le compas ? a. L’intégrité ; b. La précision ; c. L’esprit humain ; d. La rationalité ; e. La pureté.
c. L’esprit humain. Systématiquement associé à l’équerre, le compas est l’instrument initial qui permet de tracer des plans complexes avec précision ; l’articulation de ses branches lui confère une souplesse et une mobilité technique sans égales. Par convention symbolique, il représente l’esprit humain et se trouve être toujours associé à l’équerre, montrant ainsi combien le franc-maçon doit être équilibré dans sa recherche. Au grade de Maître, il est entrouvert à 45 degrés, soit la moitié de l’angle droit formé par l’équerre ; lorsqu’il est ouvert à 90 degrés, on dit qu’il devient l’équerre juste.
- Lequel de ces termes ne se rapporte pas à l’équerre ? a. La droiture ; b. L’équilibre ; c. L’esprit humain ; d. La matière.
c. L’esprit humain. Outil opératif indispensable, l’équerre permet de tracer des angles droits sur les plans et de poser les pierres de façon rectiligne lors de l’édification du bâtiment. Cet instrument, avec lequel aucune construction de travers n’est autorisée, a été repris par les francs-maçons spéculatifs pour indiquer la droiture qu’ils doivent manifester dans leurs travaux. Parallèlement, par convention, l’équerre représente la matière. Progressivement, elle s’est imposée comme l’emblème de la conscience, de la rectitude et de l’équilibre, devenant alors l’un des attributs du Vénérable de la loge. Sa dimension méthodologique est attestée : le maçon à la recherche de la
Vérité doit ordonner son raisonnement sur des bases solides dont les arguments s’ajustent pleinement les uns à la suite des autres. En maçonnerie, elle est systématiquement associée au compas.
- Comment positionner l’équerre et le compas pour indiquer le degré auquel la Loge est ouverte ?
Les maçons utilisent la conjonction de l’équerre et du compas pour indiquer le grade auquel travaille la Loge.
Au grade ou degré d’Apprenti, l’équerre est placée au-dessus du compas. L’équerre recouvre les deux branches du compas > Équerre sur le compas : la matière domine l’intellect.
Au grade ou degré de Compagnon, les deux instruments sont entremêlés. Une branche du compas est placée sur l’équerre, tandis que l’autre est disposée sous celle-ci > Équerre et compas entrecroisés : le maçon a progressé, mais il est en position intermédiaire.
Au grade ou degré de Maître, le compas est placé sur l’équerre > Compas sur équerre : l’intelligence a pris le dessus surla matière.
- En quoi consiste le “tuilage” ?
Le « tuilage » consiste à vérifier qu’un frère visiteur est porteur de la qualité maçonnique. En France, les maçons ont toujours été particulièrement attentifs à la protection des tenues devant d’éventuelles intrusions malveillantes. Reprenant les postures traditionnelles de la maçonnerie, ils ont appliqué la procédure du tuilage. Il est donc demandé au frère de prouver qu’il connaît les “mots, signes et attouchements” spécifiques au grade qu’il détient (formules des questions/réponses, âge rituel, mots de passe, etc.). Ces éléments de reconnaissance sont obligatoirement communiqués lors de toute cérémonie d’initiation et d’élévation de grade à l’impétrant. C’est le frère Expert – autrefois le frère Couvreur – qui est chargé de ce contrôle. Le mot provient du terme “tuileur”, ouvrier qui, dans les métiers du bâtiment, assure la couverture du gros oeuvre et, par extension, la protection du Temple.
- Comment appelle-t~on les textes qui décrivent les cérémonies maçonniques ?
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Réponses rouges (3, niveau avancé)
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- Quelles sont les Trois Grandes Lumières de la franc-maçonnerie ?
La formulation « Trois Grandes Lumières» renvoie à l’association du livre, de l’équerre et du compas. La plupart du temps, le livre, dénommé le Volume de la Loi Sacrée, est une Bible, mais il peut s’agir aussi du Règlement général de l’obédience, d’un ouvrage profane auquel la Loge accorde une valeur prééminente ou encore d’un Livre blanc. Le livre constitue la référence que doit respecter tout maçon. l’équerre et le compas représentent les outils essentiels de la construction opérative, porteurs chacun d’une signification symbolique forte. Le regroupement de ces trois symboles manifeste toute l’étendue du travail maçonnique, autant intellectuel que matériel. Tout récipiendaire doit prêter serment sur ces trois objets réunis qui traduisent également l’idéalisation du métier comme valeur supérieure.
- Quelles sont les Trois Grandes Lumières de la franc-maçonnerie ?
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[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition et iconographie | sources : dervy-almora.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : en-tête © Le Lombard.
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