Coronavirus : 100 questions à Peter Piot, virologue

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© R.Demoulin Bernard

En mars de cette année, le belge Peter PIOT, l’un des plus célèbres virologues au monde, répondait aux questions du directeur de la Fondation Tedmed, une organisation caritative qui se consacre aux “idées qui valent la peine d’être diffusées” dans les domaines de la santé et de la médecine. […] Ce Brabançon de 71 ans est notamment connu pour avoir découvert le virus Ebola en 1976, avoir été directeur du programme Onusida de 1995 à 2008 et pour diriger aujourd’hui l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres.

En plus d’un entretien filmé, Peter Piot a répondu par écrit à 100 questions. Il y explique ce qu’est précisément le nouveau coronavirus, la facilité avec laquelle il se propage, l’efficacité des masques, l’importance de ralentir la propagation de la maladie, les traitements actuellement étudiés…


1. Commençons par l’essentiel. Qu’est-ce qu’un virus ?
Un virus est une toute petite particule d’ARN ou d’ADN, protégée par une enveloppe protéique extérieure.

2. Quelle est la fréquence des virus ?
Les virus sont partout. Il est étonnant de réaliser que si on les additionne tous, tous les virus du monde pèsent plus lourd que toute la matière vivante du monde – y compris toutes les plantes, tous les animaux et toutes les bactéries. 10 % du génome humain est dérivé de l’ADN des virus. La Terre est vraiment une “planète à virus” !

3. Pourquoi est-il si difficile d’arrêter la propagation d’un virus ?
Parce que les particules virales sont incroyablement petites, des milliards peuvent flotter sur de minuscules gouttelettes dans l’air à partir d’une seule toux.

4. Quelle est la taille exacte d’un virus ?
Minuscule. Même avec un microscope ordinaire, on ne peut pas voir un virus. 100 millions de particules virales du nouveau coronavirus peuvent tenir sur une tête d’épingle. C’est dire à quel point elles sont minuscules.

5. Que font les particules virales ?
Les particules virales tentent de s’insérer dans les cellules vivantes afin de se multiplier, d’infecter d’autres cellules et d’autres hôtes.

6. Pourquoi les virus tentent-ils de pénétrer dans les cellules vivantes ?
C’est la façon dont les virus se “reproduisent”. Les virus agissent comme des parasites. Ils prennent le contrôle des cellules vivantes afin de forcer chaque cellule à fabriquer d’autres virus. Lorsqu’une cellule est ainsi prise en otage, le virus envoie des centaines ou des milliers de copies de lui-même. Il en résulte souvent la mort de la cellule qui a été infectée.

7. Que signifie être infecté par le nouveau coronavirus, que les scientifiques ont appelé “SRAS-CoV2” ?
Cela signifie que le SRAS-CoV2 a commencé à se reproduire dans votre corps.

8. Quelle est la différence entre le SRAS-CoV2 et le COVID-19 ?
Le SRAS-CoV2 est le virus ; COVID-19 est la maladie que ce virus propage.

9. Est-il facile pour un virus de pénétrer dans une cellule vivante ?
Cela dépend en premier lieu du fait que la cellule possède le bon récepteur pour le virus en question, tout comme une clé a besoin d’un trou de serrure spécifique pour fonctionner. La plupart des virus sont bloqués par notre système immunitaire ou parce que nous n’avons pas les bons récepteurs pour que le virus puisse entrer dans la cellule. Ainsi, 99% d’entre eux sont inoffensifs pour l’homme.

10. Combien de types de virus existent, et combien d’entre eux sont nocifs pour l’homme ?
Sur les millions de types de virus, seules quelques centaines sont connues pour être nocives pour l’homme. De nouveaux virus apparaissent sans cesse. La plupart sont inoffensifs.

11. En moyenne, combien de particules du virus faut-il pour vous infecter ?
Nous ne savons pas encore vraiment pour le SRAS-CoV2. Il en faut généralement très peu.

12. A quoi cela ressemble-t-il ?
Le SRAS-CoV2 ressemble à un minuscule brin de spaghetti, enroulé en boule et emballé dans une coquille faite de protéines. La coquille a des pointes qui dépassent et font ressembler la coquille à la couronne du soleil. Les virus de cette famille ont tous un aspect similaire ; ils ressemblent tous à une couronne.

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13. Combien de coronavirus différents affectent l’homme ?
Il y a 7 coronavirus qui ont une transmission d’homme à homme. 4 génèrent un léger rhume. Mais 3 d’entre eux peuvent être mortels, y compris les virus qui causent le SRAS et le MERS, et maintenant le nouveau coronavirus, le SRAS-CoV2.

14. Pourquoi l’appelle-t-on le “nouveau” coronavirus ?
Nouveau signifie simplement qu’il est nouveau pour l’homme, ce qui signifie que ce virus spécifique est un de ceux que nous n’avons jamais vus auparavant. Notre système immunitaire évolue depuis deux millions d’années. Mais comme notre corps n’a jamais vu ce virus auparavant, l’homme n’a pas eu la possibilité de développer une immunité. Ce manque d’immunité, combiné à la capacité du virus à se propager facilement et à sa létalité relative, est la raison pour laquelle l’arrivée du SRAS-CoV2 est si inquiétante.

15. Quelle est la fréquence d’apparition d’un nouveau virus dont nous devons nous préoccuper ?
C’est rare… mais ça arrive. Citons par exemple les virus qui provoquent des maladies comme le VIH, le SRAS, le MERS et quelques autres. Cela se reproduira. L’émergence d’un nouveau virus est un très gros problème… s’il peut facilement se propager parmi les gens et s’il est nocif.

16. Avec quelle facilité le nouveau virus se propage-t-il ?
Le SRAS-CoV2 se propage assez facilement d’une personne à l’autre, par la toux et le toucher. C’est un virus “transmis par voie respiratoire”.

17. Le virus se propage-t-il d’une autre manière ?
Des rapports récents indiquent qu’il peut également se propager par contamination fécale et urinaire, mais cela doit être confirmé.

18. En quoi ce nouveau virus est-il différent des coronavirus connus précédemment qui propagent le SRAS ou le MERS ?
Le SRAS-CoV2 est différent à 4 égards essentiels :
Premièrement, de nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme pendant des jours, de sorte qu’elles peuvent infecter d’autres personnes sans le savoir, et nous ne savons pas qui isoler. C’est très inquiétant car le SRAS-CoV2 est très infectieux.
Deuxièmement, dans 80 % des cas, le COVID-19 est une maladie bénigne qui ressemble à un petit rhume ou à une petite toux, de sorte que nous ne nous isolons pas et que nous infectons les autres.
Troisièmement, les symptômes sont facilement confondus avec ceux de la grippe, si bien que de nombreuses personnes pensent qu’elles ont la grippe et n’envisagent pas d’autres possibilités.
Quatrièmement, et c’est peut-être le plus important, le virus se transmet très facilement d’homme à homme car, dans les premiers stades, il se concentre dans la partie supérieure de la gorge. La gorge est pleine de particules virales, de sorte que lorsque nous toussons ou éternuons, des milliards de ces particules peuvent être expulsées et transmises à une autre personne.

19. Il se disait que le virus provoquait une pneumonie. Comment la gorge est-elle impliquée ?
La maladie commence souvent dans la gorge (c’est pourquoi les tests font souvent un prélèvement dans la gorge), puis, à mesure qu’elle progresse, elle descend vers les poumons et devient une infection des voies respiratoires inférieures.

20. Que signifie le mot “asymptomatique” ?
Cela signifie simplement qu’il n’y a pas de symptômes.

21. Vous voulez dire qu’une personne peut être infectée par le nouveau virus sans jamais présenter de symptômes ?
Malheureusement, oui. De nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme pendant les premiers jours, puis une légère toux ou une faible fièvre apparaît. C’est le contraire du SRAS, où vous avez eu des symptômes clairs pendant quelques jours mais n’étiez contagieux que lorsque vous étiez malade.

22. Si vous ne présentez aucun symptôme, pouvez-vous quand même infecter d’autres personnes ?
Malheureusement, oui. Et cela rend beaucoup plus difficile le ralentissement de la propagation.

23. Quelle est la probabilité que les scientifiques développent un vaccin pour empêcher les gens d’être infectés ?
C’est raisonnablement probable, mais il n’y a aucune garantie que nous aurons même un vaccin. L’échec est possible. Par exemple, nous cherchons un vaccin contre le VIH depuis 35 ans et nous n’en avons toujours pas. Je suis optimiste quant à la mise au point d’un vaccin contre le SRAS-CoV2, mais nous devrons procéder à des tests approfondis d’efficacité et de sécurité, ce qui demande beaucoup de temps et de personnel.

24. En supposant qu’un vaccin contre le coronavirus soit possible et qu’il soit découvert assez rapidement, combien de temps faudra-t-il avant de disposer d’un vaccin que nous pourrons commencer à injecter à des millions de personnes ?
Nous aurons des “candidats” vaccins dans un mois ou deux. Mais en raison de la nécessité de procéder à des tests approfondis pour prouver qu’il protège et est sûr, il faudra au moins un an avant de disposer d’un vaccin que nous pourrons injecter à des personnes et qui sera approuvé par une grande agence de réglementation. En fait, 18 à 24 mois sont plus probables lorsque nous passerons à des millions de doses, ce qui est optimiste.

25. Pourquoi faut-il tant de temps pour mettre au point un vaccin s’il s’agit d’une urgence ?
Ce n’est pas nécessairement la découverte d’un vaccin qui prend autant de temps, mais les essais de vaccins. Une fois qu’un vaccin “candidat” existe en laboratoire, une série d’essais cliniques est nécessaire, d’abord sur des animaux, puis sur des groupes de personnes de plus en plus nombreux.

26. Avons-nous déjà fait des progrès ?
La bonne nouvelle est que quelques semaines seulement après la découverte et l’isolement du SRAS-CoV2, qui a eu lieu au début de janvier 2020, le développement du vaccin a commencé immédiatement. Des fonds ont été alloués par de nombreux gouvernements et de nombreuses entreprises et scientifiques du monde entier y travaillent avec une grande urgence.

27. Les scientifiques de ces pays coopèrent-ils ou sont-ils en concurrence les uns avec les autres ?
Un peu des deux, et ce n’est pas une mauvaise chose. Mais la coopération internationale a généralement été bonne. C’est encourageant.

28. Ne pouvons-nous pas développer un vaccin plus rapidement ?
Malheureusement, il n’y a pas de raccourcis. Le système immunitaire du corps humain est complexe et imprévisible. Des mutations virales peuvent se produire. Les enfants sont différents des adultes. Les femmes peuvent réagir différemment des hommes. Nous devons nous assurer que tout vaccin est sûr à 100 % pour tous ceux qui le reçoivent. Pour ce faire, nous devons tester les médicaments et les vaccins à différentes doses sur un large éventail de volontaires humains en bonne santé dans des conditions soigneusement mesurées.

29. Dans quelle mesure le nouveau virus est-il mortel ?
La plupart des scientifiques pensent qu’il tue 1 à 2 % de toutes les personnes infectées. L’OMS rapporte actuellement un chiffre plus élevé de plus de 3 %, mais cette estimation devrait baisser à mesure qu’ils trouveront comment compter les nombreux cas non déclarés ou bénins. La mortalité est nettement plus élevée chez les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies sous-jacentes.

30. Le taux de mortalité moyen est-il le chiffre sur lequel il faut se concentrer ?
Pas vraiment. On peut se noyer dans une “moyenne” de 8 cm d’eau. Une meilleure façon de comprendre les risques consiste à reconnaître qu’elle peut être mortelle pour certains groupes de personnes et beaucoup moins pour d’autres – avec des conséquences très diverses.

31. Quels sont donc les chiffres et les points de contrôle sur lesquels il faut se concentrer ?
80% du temps, c’est une maladie bénigne, mais dans 20% des cas, elle devient plus grave, les pires cas faisant état d’une forte fièvre ou d’un essoufflement. Par conséquent, certaines personnes doivent être hospitalisées, et d’autres auront besoin de soins intensifs pour survivre pendant quelques jours critiques lorsque leurs poumons sont fortement infectés.

32. Quels sont les groupes de personnes les plus menacés ?
Tout d’abord, les personnes âgées comme moi : j’ai 71 ans. Plus on est âgé, plus le risque est élevé. Sont également plus à risque les personnes souffrant de maladies sous-jacentes telles que le diabète, les maladies pulmonaires obstructives chroniques et les maladies pulmonaires ou encore les maladies cardiovasculaires ou les déficiences immunitaires.

33. Quel est le degré de danger auquel ces groupes à haut risque sont confrontés ?
Leur taux de mortalité peut atteindre 10 %, voire 15 %. Et votre risque augmente lorsque vous avez plus de problèmes de santé. Les données scientifiques sur tout cela sont régulièrement mises à jour sur le web.

34. Votre risque augmente donc considérablement si vous souffrez d’autres maladies, comme le diabète. Pourquoi ?
Parce que votre système immunitaire réagit mal à tout virus infectieux, mais particulièrement à celui-ci.

35. Il semble que, de manière générale, les enfants et les jeunes ne soient que faiblement, voire pas du tout, touchés. Est-ce vrai ?
C’est ce qu’il semble, mais comme pour tant d’autres questions sur COVID-19, cela doit être confirmé.

36. Si c’est vrai, pourquoi le SRAS-CoV2 affecterait-il beaucoup plus les personnes âgées, mais pas les jeunes et les enfants ?
En fait, nous ne le savons pas. Il va falloir un certain temps avant de le découvrir .

37. Autre chose d’inhabituel ?
Vous pouvez infecter d’autres personnes même si vous êtes totalement asymptomatique et que vous vous sentez bien. C’est inhabituel, mais cela peut aussi arriver dans le cas d’une infection par le VIH.

38. On entend souvent parler de COVID-19 par rapport à la grippe saisonnière. Quelle est la bonne façon d’encadrer cette comparaison ? Par exemple, la grippe saisonnière et le coronavirus sont-ils aussi dangereux l’un que l’autre ?
La grippe saisonnière infecte généralement jusqu’à 30 millions de personnes par an aux États-Unis, et moins d’un dixième de 1 % du groupe infecté en mourra – mais c’est quand même un chiffre important. Dans le monde, au cours d’une année moyenne, 300 000 personnes au total meurent de la grippe saisonnière. Mais, en moyenne, le nouveau coronavirus est 10 à 20 fois plus mortel et, contrairement à la grippe, nous ne pouvons pas nous protéger par la vaccination.

39. Le nouveau virus se propage-t-il aussi facilement que la grippe ?
Le nouveau virus semble se propager aussi facilement que la grippe.

40. Pour poursuivre la comparaison entre la grippe et le COVID-19, qu’en est-il des causes ? La grippe est-elle également causée par un virus ?
Oui, la grippe est également causée par un virus. La grippe est causée par le virus de la grippe. Mais le virus de la grippe et le coronavirus sont très différents. Un vaccin antigrippal ne vous aide pas avec le nouveau coronavirus, mais il réduit considérablement votre risque de grippe. Le rhume, pour lequel il n’existe ni vaccin ni remède, est souvent causé par un autre type de virus minuscule appelé rhinovirus, et parfois par un autre coronavirus.

41. Comment l’infection progresse-t-elle lorsque le nouveau coronavirus s’installe dans votre corps ?
Cela commence généralement par une toux. Puis une faible fièvre. Puis la faible fièvre se transforme en forte fièvre et vous êtes essoufflé.

42. À quel moment de bons soins médicaux font-ils la différence entre la vie et la mort ?
C’est généralement lorsque la fièvre est très élevée et que vos poumons sont endommagés, de sorte que vous êtes essoufflé ou que vous avez besoin d’aide pour respirer.

43. En quoi le nouveau virus est-il différent d’une maladie telle que la rougeole, les oreillons ou la varicelle ?
Le SRAS-CoV2 est actuellement beaucoup moins infectieux et dangereux, mais il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons. Les autres maladies sont bien connues.

44. Si le nouveau coronavirus est moins dangereux que les autres virus, pourquoi beaucoup de gens en ont-ils si peur ?
Parce que les nouvelles choses qui peuvent nous tuer ou nous rendre malades nous rendent très nerveux. Mais une connaissance précise est l’antidote à la peur, alors ici aux États-Unis, je vous invite à prêter attention au site CDC.gov. Dans d’autres pays, rendez-vous sur le site de votre ministère national de la santé ou sur celui de l’OMS.

45. À quelle fréquence faut-il consulter les sites web du CDC ou de l’OMS, ou le site web de son ministère national de la santé ?
Nous mettons continuellement à jour nos connaissances à mesure que nous en apprenons davantage sur le nouveau virus, c’est pourquoi ces sites devraient être consultés fréquemment.

46. L’humanité a-t-elle déjà complètement éliminé un virus ?
Oui, la variole, qui tuait des millions de personnes. Et nous y sommes presque pour la polio grâce à la Fondation Gates et à de nombreux gouvernements dans le monde comme celui des États-Unis.

47. Comment le nouveau virus se retrouve-t-il dans de nouveaux endroits du monde ?
Par la route, l’air et la mer. De nos jours, les virus voyagent en avion. Certains passagers peuvent être porteurs du SRAS-CoV2.

48. Ainsi, chaque aéroport international est un tapis de bienvenue pour le nouveau virus ?
La réalité est que le SRAS-CoV2 est déjà bien présent dans la plupart des pays, y compris aux États-Unis, et loin de tout grand aéroport international.

49. Depuis le début de l’épidémie en Chine, les visiteurs de ce pays représentent-ils le plus grand danger d’importation de coronavirus aux États-Unis ?
Depuis l’apparition du nouveau virus en Chine en 2019, 20 millions de personnes sont venues aux États-Unis en provenance de pays du monde entier. Les États-Unis ont arrêté la plupart des vols directs en provenance de Chine il y a quatre semaines, mais ils n’ont pas empêché l’entrée du virus. Aujourd’hui, les cas de COVID-19 en Chine sont souvent importés d’autres pays, car l’épidémie en Chine semble être en déclin pour le moment.

50. En d’autres termes, les grands aéroports sont tout ce dont vous avez besoin pour garantir que n’importe quel pays aura le virus partout en moins de 3 mois.
Oui. Je crois qu’en Amérique, on dit : “Le cheval a quitté l’écurie.” Ce n’est pas une raison pour arrêter complètement tout voyage.

51. Pourquoi un pays comme le Japon pourrait-il fermer ses écoles ?
D’autres pays comme l’Italie et la France font de même. C’est parce que les scientifiques ne savent pas dans quelle mesure la propagation est accélérée par les enfants qui sont porteurs. Le Japon fait de gros efforts pour ralentir la propagation. Les enfants transmettent généralement les virus rapidement, car ils ne se lavent pas les mains ou n’ont pas une bonne hygiène personnelle. Ils jouent un rôle important dans la propagation de la grippe, c’est pourquoi de nombreux pays ont fermé les écoles dans les zones touchées.

52. Si on est infecté, y a-t-il des médicaments qu’on peut prendre pour rendre le virus moins grave, ou pour le faire disparaître complètement ?
Aucun médicament n’a encore prouvé son efficacité en tant que traitement ou ce que les médecins appellent une “thérapie”. Un grand nombre de médicaments différents sont actuellement testés dans le cadre d’essais cliniques, et nous espérons que cela changera bientôt pour le mieux.

53. Quelle est la probabilité que nous trouvions de nouveaux médicaments thérapeutiques, et dans quel délai ?
Je suis convaincu que, dans quelques mois, il est très probable que nous trouverons des utilisations “non indiquées sur l’étiquette” des médicaments actuels qui aident à traiter une personne infectée. En d’autres termes, nous aurons une nouvelle utilisation pour les médicaments existants qui ont été utilisés à l’origine contre d’autres infections virales comme le VIH. Mais il faudra du temps et beaucoup de tests réels pour s’en assurer. De nouveaux médicaments thérapeutiques sont actuellement testés dans le cadre d’essais cliniques, notamment en Chine, mais aussi ailleurs. Cela semble prometteur.

54. Qu’en est-il des antibiotiques ? Tout le monde s’en sert toujours en cas de crise.
Il s’agit d’un nouveau virus, pas d’une bactérie. Les antibiotiques agissent contre les bactéries mais pas contre les virus. Ils peuvent être utiles à l’hôpital en cas d’infections secondaires d’origine bactérienne, mais les antibiotiques n’ont aucun effet sur le nouveau virus lui-même.

55. Qu’en est-il de toutes sortes de nouveaux remèdes, thérapies et traitements dont j’ai entendu parler sur Internet ?
Il va y avoir une infinité de fausses affirmations. Ce n’est qu’en lisant sur de nombreux sites web fiables que l’on peut être sûr qu’il s’agit d’une véritable science. Mais la plupart de ce que vous entendrez sera du vent, alors soyez très prudent et ne répandez pas de rumeurs non confirmées.

56. Et les masques ? Ces masques chirurgicaux bleus ou un masque N95 sont-ils utiles ?
Les masques ont une valeur très limitée, sauf dans certaines circonstances spécifiques. Par exemple, selon le type de masque N95, un peu moins de 50% des particules virales entrantes seront filtrées, mais elles peuvent réduire la propagation des gouttelettes en suspension dans l’air.

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57. Quels sont les avantages des masques lorsqu’ils sont utilisés correctement et qui devrait porter un masque ?
Les meilleurs masques, soigneusement ajustés et portés correctement, ralentissent la propagation des personnes malades qui toussent. Autrement dit, le masque ne sert pas à vous protéger des autres personnes, mais à protéger les autres personnes contre vous. C’est une courtoisie envers les autres de porter un masque lorsque vous avez ce que vous pensez être un rhume et que vous commencez à tousser. Les masques ont un avantage supplémentaire : ils réduisent la probabilité que vous touchiez votre bouche, et donc que le virus se propage dans votre corps si vous avez le virus sur les mains. Les masques présentent des avantages pour le personnel de santé. Si vous travaillez dans un établissement de santé ou dans le domaine des soins aux personnes âgées, le port du masque est obligatoire.

58. Y a-t-il quelque chose qu’on puisse faire pour éviter d’être infecté lors d’une pandémie mondiale ?
Se laver les mains fréquemment, ne pas se toucher le visage, tousser et éternuer dans le coude ou dans un mouchoir en papier, ne pas se serrer la main ou s’embrasser, tout cela réduit le risque. Si vous êtes malade, restez chez vous et consultez un médecin par téléphone pour savoir quoi faire ensuite, et portez un masque lorsque vous voyez d’autres personnes.

59. Que signifie “atténuation” ? On entend souvent les scientifiques utiliser ce mot.
L’atténuation signifie ralentir la propagation du virus et tenter de limiter ses effets sur les services de santé publique, la vie publique et l’économie. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, ce que nous pouvons faire, c’est le ralentir. C’est vraiment important.

60. Quels autres moyens pouvons-nous utiliser pour ralentir la propagation du virus ?
Une bonne hygiène et la simple courtoisie peuvent ralentir la propagation. En outre, des mesures de “distanciation sociale” – comme travailler à domicile, ne pas prendre l’avion, fermer les écoles et interdire les grands rassemblements – contribueront à ralentir la propagation du SRAS-CoV2.

61. Les différents virus se propagent-ils plus facilement que les autres ?
Oui. La rougeole est le pire. Vous pouvez attraper la rougeole en entrant dans une pièce vide qu’une personne infectée a quittée 2 heures plus tôt ! C’est pourquoi nous avons des épidémies de rougeole lorsque les taux de vaccination baissent. C’est une maladie très résistante. Le rhume se propage assez facilement. Le VIH est beaucoup plus difficile à répandre, et pourtant nous avons eu 32 millions de décès.

62. Que faudra-t-il pour arrêter ce virus ?
Personne ne le sait vraiment, mais la Chine a montré qu’il est possible d’arrêter la propagation de manière significative. Un vaccin pourrait être nécessaire pour éliminer complètement le SRAS-CoV2.

63. Combien de temps faudra-t-il pour que le nouveau virus se répande dans une population de la taille des États-Unis ?
Si on le laisse se propager avec des mesures normales de bonne hygiène, le SRAS-CoV2 semble doubler sa population infectée environ chaque semaine. Cela signifie qu’il passera de 50 personnes infectées à 1 million de personnes infectées en 14 semaines environ. C’est la simple arithmétique de la contagion. Bien sûr, nous pouvons faire des choses pour la ralentir.

64. Quelle est l’efficacité d’une bonne hygiène pour ralentir la propagation du coronavirus ? Le nombre de personnes infectées diminue-t-il sensiblement si les gens suivent les directives ?
Les chiffres changent en fonction de la prudence des gens, et même de petits changements sont importants pour éviter de stresser le système de santé plus qu’il n’est absolument nécessaire.

65. Quelques milliers de cas peuvent-ils être cachés parmi notre population ? Comment cela serait-il possible ?
Chaque année, il y a des millions de cas de grippe. Cette année, certains de ces cas sont en fait des COVID-19. En outre, de nombreuses personnes infectées ne présentent aucun symptôme ou des symptômes très légers, de sorte qu’elles se cachent à la vue de tous.

66. Que signifie exactement un test positif ?
Cela signifie qu’un test sensible a détecté que le virus est présent dans les fluides de cette personne.

67. Tout le monde doit-il être testé le plus rapidement possible ?
Le test COVID-19 devrait être beaucoup plus largement disponible car nous ne savons pas encore assez qui est infecté et comment le virus se propage dans la communauté. Nous avons besoin de beaucoup plus de tests pour connaître les données importantes.

68. Pourquoi la Corée du Sud a-t-elle mis en place un système de tests “drive-through” ?
La Corée du Sud a mis en place un système de dépistage au volant parce qu’elle fait tout son possible pour ralentir l’épidémie en trouvant chaque personne infectée aussi vite que possible.

69. Quel est le principal symptôme que les gens devraient rechercher ?
La toux est le premier symptôme.

70. La fièvre est-elle un bon moyen d’identifier les personnes infectées ?
Une forte fièvre peut être préoccupante et mérite d’être soignée. Mais le simple dépistage de la fièvre, dans un aéroport ou à un point de contrôle par exemple, laisse passer beaucoup de personnes infectées.

71. Quel est le pourcentage de personnes testées positives dans les hôpitaux chinois qui sont arrivées sans fièvre ?
Environ 30 % des patients chinois atteints de coronavirus n’avaient pas de fièvre à leur arrivée à l’hôpital.

72. Le nouveau virus est-il susceptible de revenir dans un pays une fois qu’il aura atteint un pic et que le nombre de nouveaux cas aura diminué ?
Il est probable que le SRAS-CoV2 nous demandera le même effort qui a permis d’éliminer la variole et qui a presque éliminé la polio.

73. Cela signifie que le seul moyen de vaincre le nouveau coronavirus à long terme est la vaccination de toute la population mondiale ?
Nous ne le savons vraiment pas. Les mesures basées sur la population peuvent fonctionner, mais un vaccin peut être nécessaire et est probablement viable tant que le virus reste stable et ne subit pas trop de mutations.

74. Le nouveau virus pourrait-il “s’épuiser” comme d’autres virus semblent l’avoir fait ?
Nous ne le savons pas, mais c’est peu probable. Le SRAS-CoV2 est déjà trop bien établi dans le monde entier. Ce n’est plus seulement un problème chinois ; il y a probablement des centaines de milliers de personnes infectées mais pas encore testées – non seulement en Chine mais dans près de 100 autres pays. Le SRAS-CoV2, tout comme le virus de la grippe saisonnière, sera probablement présent parmi nous pendant très longtemps.

75. Le nouveau virus reviendra-t-il par vagues ou par cycles, et si oui, quand ?
Là encore, nous ne le savons pas, mais c’est une question très importante. Probablement, bien qu’à ce stade précoce, rien n’est sûr. La pandémie de grippe de 1918 a fait le tour du monde en trois vagues. Le nouveau virus pourrait avoir une deuxième vague en Chine avec la réouverture des écoles et des usines. Mais tant que nous ne verrons pas ce qui se passera réellement, nous ne savons pas comment SARS-CoV2 se comportera.

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76. Si nous avons une ou deux pauses “chanceuses” dans les mois à venir, à quoi ressemble la “chance” ?
Le temps chaud pourrait ralentir la propagation, bien que nous n’ayons pas encore de preuve que ce soit le cas. Singapour, qui compte déjà 120 cas et dispose de l’un des meilleurs programmes de contrôle COVID-19 au monde, se trouve à seulement 110 km de l’équateur – donc, au moins dans ce cas, un climat chaud n’a pas empêché le virus de se propager. Il est possible que le SRAS-CoV2 se transforme progressivement en une forme moins dangereuse, de sorte que moins de personnes en meurent, comme cela s’est déjà produit avec la grippe porcine en 2009. Mais je n’y compterais pas. Trouver rapidement une thérapie médicamenteuse ou un cocktail de médicaments efficaces serait une excellente nouvelle. C’est à peu près tout pour la chance.

77. Les personnes à haut risque pour la COVID-19 ont-elles les mêmes chances de mourir partout ?
Malheureusement, le risque de décès dépend beaucoup de l’endroit où l’on se trouve dans le monde. Si vous avez besoin d’un hôpital moderne bien équipé et que vous vous faites soigner dans un tel établissement, que nous espérons accessible à un grand nombre de personnes, le taux de mortalité sera bien plus faible grâce aux respirateurs de soins intensifs et à la diminution des infections secondaires.

78. Comment puis-je savoir si je vais faire partie du groupe des patients légers ou de celui qui a besoin d’être hospitalisé ?
Vous n’en êtes pas sûr, mais avoir plus de 70 ans ou souffrir d’une maladie chronique augmente le risque de maladie grave, voire de décès. Nous ne pouvons parler qu’en termes de probabilités, car nous n’en savons pas encore assez sur la COVID-19.

79. Doit-on s’inquiéter de la contagion du COVID-19 ? A quel point êtes-vous inquiet ?
Si vous n’êtes pas à haut risque, je ne m’inquiéterais pas trop, mais je ferais tout mon possible pour éviter d’être infecté car tu ne connais pas les résultats individuels. Tout le monde va finir par courir le risque de contracter cette infection dans les prochaines années, tout comme personne n’évite le rhume ou la grippe au fil du temps. Nous devrions donc tous être prêts à rester à la maison dès les premiers signes.

80. Que voulez-vous dire par “tout le monde va courir le risque de contracter le virus” ?
Je veux dire que tous les humains passent du temps avec d’autres humains, donc nous sommes tous connectés – et la biologie est implacable. Cependant, je prendrais des précautions raisonnables et, en même temps, je ne m’inquiéterais pas de façon obsessionnelle. Cela ne m’aide pas.

81. Si tout le monde va attraper le nouveau virus, pourquoi essayer d’éviter de l’attraper ? Si j’attrape le virus immédiatement, je peux en finir avec lui et passer à autre chose.
Nous voulons ralentir l’infection, ce qui signifie ralentir le nombre de nouveaux cas et le nombre total de cas, afin que nos hôpitaux puissent prendre en charge les patients les plus touchés sans être débordés ou refuser les patients atteints d’autres types de maladies qui nécessitent une attention immédiate.

82. Il semble qu’une fois que les gens se sont remis du nouveau virus, ils peuvent encore être contagieux. Est-ce vrai ?
Nous ne le savons pas, bien qu’il semble que cela puisse être le cas pendant un certain temps après la guérison. Nous n’en sommes pas totalement sûrs. D’autres recherches sont nécessaires.

83. Une fois que vous avez contracté le virus, êtes-vous alors immunisé en permanence contre une nouvelle infection, comme la rougeole ou les oreillons ?
Là encore, nous ne connaissons pas encore la réponse à cette importante question.

84. Il est évident qu’une immunité permanente contre la COVID-19 serait importante pour les personnes qui sont passées par un épisode de la maladie. Cette immunité est-elle également importante pour la société dans son ensemble ? Pourquoi ?
Cette question est extrêmement importante pour le développement de vaccins, car les vaccins reposent sur la capacité de notre corps à monter une réponse immunitaire protectrice et sur un virus stable. Et il est évident que le nombre de personnes susceptibles d’être infectées diminuerait progressivement au fil du temps.

85. Le nouveau virus est-il saisonnier, comme la grippe ?
Nous n’avons pas été assez loin pour voir s’il y a une mutation saisonnière vers le SRAS-CoV2, ou comment les milliards de nouvelles particules virales changent lorsqu’elles passent à travers des millions de personnes.

86. Ce virus peut donc muter de lui-même en de nouvelles formes avec de nouveaux symptômes ?
Nous ne savons pas du tout. Si c’est le cas, de nouveaux vaccins pourraient être nécessaires pour empêcher la version mutée du SRAS-CoV2 de se propager.

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87. Si le virus mute naturellement, cela signifie-t-il qu’il pourrait devenir plus mortel, et d’autre part, qu’il pourrait aussi devenir moins mortel ?
Oui, l’un ou l’autre est possible. C’est un nouveau virus, donc nous n’avons aucune idée de ce que les mutations feront.

88. Si le coronavirus devient une menace qui ne disparaît pas, qu’est-ce que cela signifie pour moi et ma famille ?
Cela signifie que nous allons tous apprendre à y faire face et nous assurer que nous adoptons tous des comportements sûrs. Nous devons être particulièrement attentifs aux besoins des membres plus âgés de la famille.

89. Il se dit que le virus peut vivre 9 jours sur un comptoir. Est-ce vrai ?
Il est probable que le SRAS-CoV2 puisse rester viable sur certaines surfaces pendant un certain temps, mais nous ne savons pas pour combien de temps.

90. La plus grande pandémie des temps modernes a été la pandémie de grippe de 1918, juste à la fin de la Première Guerre mondiale. Comment le SRAS-CoV2 se compare-t-il à cette mutation ?
Le CoV2 du SRAS est tout aussi contagieux que la pandémie de grippe de 1918 et semble presque aussi mortel, mais le temps nous le dira. Souvenez-vous qu’en 1918, il n’existait aucun système médical comparable à celui des pays développés et qu’il n’y avait pas d’antibiotiques pour traiter la pneumonie bactérienne, qui était une cause majeure de décès.

91. Y a-t-il une chance que ce soit une fausse alerte géante et que nous nous retournions cet été pour dire “wow, nous avons tous paniqué pour rien” ?
Non. COVID-19 est déjà présent dans de nombreux pays et il est très contagieux. Pratiquement chaque jour, il y a de plus en plus de cas, dans plus de pays. Ce n’est pas un exercice. C’est la réalité.

92. Il est difficile de croire que soudainement un virus vraiment nouveau que l’humanité n’a jamais vu puisse infecter des millions de personnes. Quand est-ce que cela s’est produit pour la dernière fois ?
Le SRAS et le MERS étaient nouveaux – mais ils n’ont pas atteint l’échelle. Le VIH était nouveau dans le monde et a infecté 70 millions de personnes – dont 32 millions sont mortes de la pandémie de VIH.

93. Le VIH touche les pays pauvres bien plus que les pays riches. Cela sera-t-il probablement vrai pour le nouveau virus ?
Oui, absolument. Les pays riches comme les États-Unis vont avoir des taux de mortalité beaucoup plus faibles grâce à une meilleure hydratation, à des équipements respiratoires supplémentaires, à une bonne prise en charge des infections, etc. Il s’agit d’un problème potentiellement énorme pour les pays à faibles ressources qui ont des systèmes de santé médiocres. De nombreux pays d’Afrique seront confrontés à des risques énormes. Lorsqu’il atteindra les pays les plus pauvres en ressources du monde, il est très probable que ce sera catastrophique.

94. On dirait que le fond du problème est que vous n’êtes pas terriblement optimiste.
En général, je suis définitivement optimiste, mais en même temps, il y a beaucoup de raisons d’être très mal à l’aise et nerveux. Je comprends que les gens aient des craintes, surtout s’ils appartiennent à un ou plusieurs des groupes à haut risque. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, car nous constatons déjà des progrès dans la coopération mondiale, notamment dans les domaines de la science et de la médecine. Nous constatons une plus grande transparence entre les gouvernements. Le nombre de cas en Chine est actuellement en rapide diminution, mais cela pourrait changer. Et nous assistons à un développement très rapide de la thérapeutique, par exemple.

95. Vous avez également dit qu’il y a beaucoup de raisons de s’inquiéter. Quels sont vos plus grands soucis concernant le nouveau virus ?
Mal gérée, la propagation du coronavirus peut rapidement surcharger le système de santé de n’importe quel pays et bloquer les personnes qui ont vraiment besoin de toutes sortes d’accès médicaux. Une autre inquiétude est que des réactions excessives et la peur peuvent paralyser l’économie d’un pays, ce qui provoque un autre type de souffrance. Il s’agit donc d’un compromis très difficile.

96. Et à quoi devrions-nous nous préparer psychologiquement ?
Nous devrions être psychologiquement prêts à entendre parler de nombreux “nouveaux” cas signalés dans chaque ville des États-Unis qui commence à faire des tests, ainsi que d’un nombre croissant de décès, en particulier chez les personnes âgées. En réalité, il ne s’agit souvent pas de “nouveaux” cas, mais de cas existants qui sont devenus visibles pour la première fois.

97. Quelles sont les choses qui vous encouragent ?

      1. La biologie moderne évolue à une vitesse fulgurante.
      2. Outre la communauté de la santé publique dans le monde entier, y compris l’Organisation Mondiale de la Santé, les dirigeants gouvernementaux au plus haut niveau se concentrent sur cette menace.
      3. Nous avons isolé le virus en quelques jours et l’avons séquencé rapidement.
      4. Je suis convaincu que nous disposerons bientôt d’un traitement.
      5. Nous allons, espérons-le, disposer d’un vaccin.
      6. Nous sommes vraiment à l’ère de la communication moderne. Cela peut nous aider, à condition que nous démystifions les fausses nouvelles et les nouvelles dangereuses.

98. Dans quelle mesure les États-Unis sont-ils prêts pour cela ?
Les États-Unis ont eu amplement le temps de se préparer à cette pandémie, tout comme d’autres pays à revenu élevé. Nous avons tous bénéficié des quarantaines de masse sans précédent imposées par la Chine, qui ont ralenti la propagation. Les États-Unis traiteront correctement les cas graves dès le début en étant mieux préparés.

99. Qui vous inquiète le plus ?
Ce sont les pays à faibles ressources qui m’inquiètent le plus. Chaque décès est une tragédie. Quand on dit qu’en moyenne, 1 à 2 % des personnes infectées mourront du coronavirus, c’est beaucoup. Après tout, 1 % d’un million, c’est 10 000 personnes, et ce sont les personnes âgées qui m’inquiètent le plus. Mais 98% à 99% des gens ne mourront pas de cela. La grippe saisonnière tue des dizaines de milliers d’Américains chaque année et on ne panique pas – même si nous devrions en fait prendre la grippe beaucoup plus au sérieux et nous assurer que nous sommes tous vaccinés contre elle chaque année. Tout comme nous avons appris à vivre avec la grippe saisonnière, je pense que nous devrons apprendre à mener notre vie normalement, malgré la présence de COVID-19, jusqu’à ce qu’un vaccin efficace soit disponible.

100. Y a-t-il d’autres pandémies dans notre avenir ?
Oui, absolument. Cela fait partie de notre condition humaine et de la vie sur une “planète à virus”. C’est une bataille sans fin. Nous devons améliorer notre préparation. Cela signifie que nous devons nous engager à investir sérieusement dans la préparation à la pandémie et à mettre sur pied une brigade mondiale de pompiers, bien avant que la maison ne prenne feu la prochaine fois.

[Cette interview est disponible en anglais sur le site de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres ; elle a été traduite par Jacques Marlot) : pour lire l’article original sur LALIBRE.BE (2 avril 2020)…]


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Idée reçue : L’austérité est le seul remède à la crise

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Dans l’Allemagne du chancelier Brüning, le Chili du général Pinochet ou le Portugal de Salazar, partout où elle fut appliquée, l’austérité a produit l’inverse des effets annoncés : loin de relancer la croissance, elle a fragilisé les populations, déstabilisé les sociétés et affaibli les économies. Mais l’Union européenne n’en démord pas : la rigueur est le remède miracle contre la crise des finances publiques. Rien ne pourra se faire de crédible sans une coupe dans les dépenses publiques », écrivait en 2011 un éditorialiste du Figaro. Deux ans plus tard, sur Europe 1, un autre commentateur abondait dans ce sens, prônant « la baisse des dépenses de santé, le recul des crédits aux collectivités locales et, surtout, plus de réformes structurelles pour la compétitivité ». Depuis le début de la « grande récession » (lire Naissance de l’économie de spéculation), nombre de journalistes, dirigeants politiques, économistes s’emploient à présenter l’austérité – c’est-à-dire la diminution des dépenses publiques – comme la condition nécessaire du retour à la croissance. La rengaine est connue : le fardeau que la dette ferait peser sur les générations futures obligerait au sacrifice de tous et à l’effort de chacun…

Lire l’article de Allan POPELARD et Paul VANNIER sur MONDE-DIPLOMATIQUE.FR (1 novembre 2016)